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L'Atelier d'écriture de Villejean
11 avril 2023

Tous à vos sonnettes ! / Maryvonne

Depuis 1977 nous habitons La Bellangerais, un quartier bien dessiné avec moult petits chemins, si bien que nous avons choisi, mon mari et moi-même, de travailler sur place et de circuler à pied et à vélo. Trente ans de coulée verte pour le mari sans couper aucune route. Pour les courses plus lointaines nous avions les berges du canal.

Un bonheur, même si les cyclistes gênent les piétons et les piétons gênent les cyclistes et même si les racines des arbres nous chahutaient un peu. Les premières pistes cyclables à cheval sur la rue et le trottoir (Boulevard de Metz par exemple) n'étaient pas idéales dans la mesure où souvent les voitures se garaient sur celles-ci, nous obligeant à déboîter.

Enfin est arrivée la superbe piste protégée du boulevard de Chézy. carrément l'autoroute : une merveille. Des aménagements partout, les quais, le mail etc... qui deviennent par là-même très fréquentés.

Pendant ce temps l'âge m'a rattrapée et je sens bien que mon équilibre n'est plus au top ; mes oreilles, bien qu'appareillées, ne captent pas tous les bruits. Mes mollets ne sont plus aussi performants. Donc on me croise, on me double, on me frôle. Les vélos cargos et les vélos poussettes me font peur.

Et surtout souvent derrière une cycliste un peu lente nombreux sont ceux qui oublient le petit coup de sonnette qui dit : « Attends la vieille !  Je vais te doubler ! ». Ça m'éviterait de sursauter.

Au fond je m'en fiche parce que maintenant j'ai la ligne B du métro. Alléluia !

Ai-je bien répondu à votre question : « Vous hésitez à prendre le vélo pour vos trajets ? » ?

Texte libre - Maryvonne - A vos sonnettes !a987d27e

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7 février 2023

Suite de "La Belle au Bois dormant" / Marie-Thé

AEV 2223-19 Marie-Thé - Petits rosés

Réveillée depuis de nombreuses années, la Belle au Bois Dormant vivait heureuse dans le château de son prince charmant.

Celui-ci aimait les plaisirs de la table, en particulier les petits rosés, ces champignons hallucinogènes au goût à la fois sauvage et épicé.

La veille de sa mort elle lui avait préparé une bouillabaisse, cette fameuse soupe de poissons qu’ils avaient dégustée lors d’un de leurs voyages à Marseille. Il l’a avalée avec gourmandise et a dévoré ensuite un saladier des petits rosés qu’il aimait tant.

Avant de se coucher le soir, elle lui a joué sur son piano blanc la petite musique de nuit de Mozart dont il appréciait la mélodie.

Puis ils se sont couchés, se sont caressés et elle s’est endormie.

Lui se tenait le ventre, incommodé par la grande quantité de champignons qu’il avait absorbée.

Lorsqu’elle s’est réveillée, il souriait comme un bienheureux dans son trip. Mais il était froid : il était mort ! Elle s’abandonna quelques semaines à son chagrin.

Neuf mois plus tard, la Belle au Bois dormant mit au monde un petit prince qu’elle appela Ivanhoé, comme son père.

Elle transmit à son fils la passion de son prince pour les pigeons. Ensemble, ils expédiaient et recevaient des messages fixés sur les pattes des oiseaux.

Le pigeonnier prospérait. Les fientes étaient vendues comme engrais ou bien répandues dans leur jardin. De beaux légumes y poussaient en grandes quantités.

Quand elle devint très vieille, à son grand désespoir, Ivanhoé s’amouracha d’une jouvencelle. Il abandonna les pigeons et s’acheta un téléphone portable pour envoyer ses messages.

Quelques mois plus tard, désespérée, la Belle au Bois Dormant s’en alla rejoindre son prince charmant dans la crypte du château.

7 février 2023

Göttingen / Anne J.

Quand il m'a dit « Nous partons »
j'ai pensé Göttingen et Barbara
plutôt que Toulouse et Vierzon
ville et piano
avec ou sans
Brel et Nougaro

AEV 2223-19 Anne J

Quand il m'a invitée
j'ai dit que j'aimais
le sucre chaud et doré
les crêpes au caramel
et les bonbons Werthers
à Göttingen

Quand la serveuse s'est approchée
avec son plateau doré
j'ai admiré ses longs doigts
et les bagues scintillantes
qui nous posaient les assiettes
de petits choux au caramel
dégoulinants

A Göttingen
pas de montagne, pas de rapides
ni grands ni petits,
pas la moindre chute d'eau
pour les kayaks intrépides ,
pas de descente à skis
et donc pas de fractures
pour aucun de mes os
Juste la nostalgie d'une voix
et du piano de Barbara. 

2 mai 2023

Consigne d'écriture 2223-28 du 2 mai 2023 : Une Ville étrange

Une Ville étrange

 

Vous avez vécu, vous vivez ou vous vous retrouvez à devoir vivre dans cette ville étrange.

Voici les noms de quelques unes de ses rues, les noms de certains lieux emblématiques et ceux de certains de ses habitants.

Racontez tout ce que vous savez sur eux ou elles ou imaginez quelque chose à partir de cela.

Rue des Écrevées - Rue de la Grosse écritoire – Rue de Tambour – Rue du Marc – Rue Pluche – Place du Forum - Hautes promenades – Basses promenades – Rue de la Grue – Rue Pol Neveux – Rue de Venise – Rue Marlot – Rue Brûlée – Boulevard Dieu Lumière – Boulevard Lundy – Rue Tournebonneau – Rue de l’Arquebuse – Rue de la Renfermerie – Rue des Trois raisinets – Rue du Pistolet – Place des Loges Coquault - Rue Tacot – Rue du Clou dans le fer

Café Pétrouchka - Villa Demoiselle – Le Cellier – Le Boulingrin – L’Église Saint-Jacques – La Cathédrale – Le Cirque – William disques – Rêve poudré – La statue de Jeanne d’Arc – La statue de Colbert – Amour sauvage – Les Paulettes – The Glue pot – La Piscine Talleyrand – Le manège vénitien – Le parc de la Patte d’oie – La Fontaine Subé – Le Cinéma Opéra – La Grande Georgette – Mon souk – Le Bocal – Le Cochon à plumes

Georges Clavel – Bernard Baudry – Louis Cheze – Cedric Diebolt Vallois – Remy Leroy – Pierre Tarlant – Nicolas Amiel - Agnès Pacquet – Françoise Carillon-Ramonet – Mélanie Tarlant – Clothilde Davenne – Eliane de Heidsick – Antoinette Paillard – Dominique d’Aupilhac – Claire Clavel – François Villard – Hugues Krafft – Nicolas Le Vergeur – Just Fontaine – Marine Biniou – Paul Douce – Le Comte G. Chandon

2023-04-17 - Nikon 7

17 janvier 2023

Diane, Léo, Marguerite et Anne-Françoise / Maryvonne

Dillon 12 colorée

Dans une école, Marguerite, une toute petite bonne femme aux pommettes rouges, était la directrice d'Anne-Françoise, une institutrice aux méthodes surannées. La preuve elle racontait encore aux enfants des histoires de grenouilles qu'il fallait embrasser sur la bouche. « Beurk ! » disaient les bambins. Et aussi des histoires de prince charmant. « Même pas en rêve !» clamaient les petites filles. Et encore des contes de chevaliers. « N'importe quoi ! » s’esclaffaient les petits garçons. Vous remarquerez que dans cette école démodée tout était genré, très genré.

Un beau jour la maîtresse demande aux enfants de faire une ronde et de chanter en mimant la célébrissime chanson : « Savez-vous planter les choux A la mode, à la mode de chez nous ? ».

Il s'en suivait différents mimes. On les plante avec le doigt, avec le pied, avec l'oreille ainsi de suite. Les enfants qui n'avaient vu les choux qu'à l'étal du super marché étaient perplexes ; d'ailleurs ils n'en mangeaient jamais ou alors de temps en temps, à la cantine, des choux de Bruxelles, et encore en se pinçant le nez.

Une délégation alla se plaindre à Marguerite en disant :

- Nous les enfants nous n'aimons que les patates et nous en avons assez de planter des choux ! ».

La directrice leur conseilla de faire une bonne blague à Anne-Françoise et de changer le légume.

- De plus, dit la directrice, comme votre maîtresse adore les vers de terre, les limaces, les escargots, mettez-en dans vos paroles !

Voilà un excellent exercice de création et de concertation. Quand Anne- Françoise proposa de nouveau la plantation de choux, les enfants entonnèrent leur version :

- Savez-vous planter des patates, à la mode, à la mode ? Savez-vous planter les patates à la mode d'Anne-Françoise ? On les plante avec les limaces, à la mode, à la mode On les plante avec les limaces, à la mode d'Anne-Françoise.

S'ensuivaient des couplets avec des escargots, avec des vers de terre, des lézards et des scolopendres.

Anne-Françoise était un peu vexée mais ravie de voir sa classe frondeuse et inventive.

Elle ne reparla jamais des choux mais un matin quand elle attaqua « A la pêche aux moules, moules, moules ». Les enfants dirent :

-Non, Maîtresse ! Ça existe des chansons plus modernes ! Et si on écrivait du rap ? Rappe les choux, rappe les patates, rappe le poisson !

- Ou alors écrivons des recettes de cuisine ! proposa la maîtresse qui sentait que la situation lui échappait et ne voulait pas perdre la face.

Il faut bien que chacun sorte la tête haute de ce conflit des générations. 

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2 mai 2023

Souvenirs de Mémé Paulette / Anne J.

2023-04-19 - Nikon 112

- Tu vois, ma petite Mélanie, ce café là-bas sur la place qui s'appelle « La Grande Georgette », eh bien de mon temps il s'appelait « Les Paulettes » et on y servait les meilleures paupiettes de toute la ville.

- Ah oui, comme dans la chanson ?

- Exactement « Paulette, tu es la reine des paupiettes, des paupiettes de veau ! »

- Et c'est quoi, mamie, des paupiettes ?

- Un truc que tu n'aimerais pas avec ton régime végétarien, une escalope et de la chair à saucisse, souvent servie avec une sauce aux oignons et des pâtes.

- Beurk ! Et la statue de Colbert devant la Cathédrale, elle existait déjà de ton temps ?

- Bien sûr, c'est là qu’ on s'est mariés avec ton grand père et on a même fait une photo devant. La photo s'appelle « Amour Sauvage ». Ensuite on est allée faire d'autres photos au parc de la Patte d’Oie, on est même montés sur le manège vénitien et on a fini au café « Le Cochon à plumes » pour manger un cochon grillé avec de la choucroute, le tout arrosé au champagne, du champagne Tarlant bien sûr !
 
- C'est eux qui l'ont offert ?

- Mais oui, nous on n'avait pas les moyens , Pierre et Mélanie Tarlant nous l'ont offert pour cette occasion et tu vois , on t'a même donné son nom à Mélanie !

- Mélanie , c'est pas mal, mieux que Moët et Chandon quand même !

- Ensuite on a habité rue Brûlée avant de déménager boulevard Dieu Lumière à la naissance de ton père.

- En somme vous êtes passés des feux de l'enfer dans la rue Brûlée au paradis de la rue Dieu Lumière ?

- Le boulevard Dieu Lumière ! Ça fait plus chic et puis en guise de paradis c'était près des étoiles ! Un 6eme étage sans ascenseur ! Il y avait 3 pièces et au rez-de-chaussée le café Pétrouchka , un café chic où on jouait de la musique tzigane et où des hommes avec un drôle d'accent jetaient les verres au sol après avoir sifflé leurs vodkas.

- Et après tu as déménagé ici ?

- Oui, ma bichette, rue du Clou dans le Fer, parce que le 6eme étage sans ascenseur à mon âge ! Mais ici, c’est grand, propre, la cuisine est neuve et il y a plein d’instruments modernes dont je ne sais pas me servir , je regrette un peu ma cuisinière à charbon mais bon , on appelle cela l’ascenseur social.

- Et tu sais pourquoi ça s’appelle rue du Clou dans le Fer ?

AEV 2223-28 Anne J- C’est à cause de la légende de Saint Dustan. 

- Raconte, mamie ?

- Un jour, le Diable s'est approché de lui déguisé et lui a demandé de refaire le fer de son cheval. Mais Dunstan a vu clair dans le déguisement et a cloué un fer à cheval au sabot fendu du diable, lui causant une douleur énorme. Il ne l'a enlevé qu'une fois que le Diable eût accepté de ne jamais entrer dans une maison avec un fer à cheval sur la porte ; et c’est pour cela que toutes les maisons ont un fer à cheval porte-bonheur au dessus de leurs portes et que la rue s’appelle le clou dans le fer.

- Parce que c’était dans cette rue ?

- Peut-être, qui sait ?

- Allez, ressers moi une petite goutte !

7 mars 2023

Consigne d'écriture 2223-22 du 7 mars 2023 : Dis-moi dix mots 2023

Dis-moi dix mots 2023

 

 

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Choisissez une des dix images proposées. Puis sélectionnez un mot parmi les dix de la liste suivante :

Année-lumière – Avant-jour – Dare-dare – Déjà-vu – Hivernage –
Lambiner – Plus-que-parfait – Rythmer - Synchrone - Tic-tac

Le mot choisi fera partie du titre de votre texte. L’image sera son illustration. Vous pouvez également vous servir des neuf autres mots proposés et de ce qu’on trouve dans les définitions ou mises en situation de ces dix mots ci-dessous :

Année-lumière :
Unité astronomique de mesure de longueur (al), correspondant à la distance parcourue par la lumière dans le vide en une année, soit env. 9,461.10* mètres, ou 0,307 parsec. L’étoile la plus proche se situe à 4,22 années-lumière de la Terre (Le Petit Robert de la Langue française).La réalité est à des années-lumière de ses illusions (Le Petit Robert de la Langue française).

Avant-jour :
(Vieilli) Période du jour qui précède le lever du soleil (source Dictionnaire des francophones). Syn. : aube.

Dare-dare :
FAM. Promptement, en toute hâte, précipitamment, vite.
Exemple : « Si vous aviez à me proposer un meilleur sujet tout prêt pour cette semaine, je le prendrais dare-dare » (Sainte-Beuve).

Déjà vu :
Perçu par le regard. « Choses vues », souvenirs de Hugo. Locution adv.
• C’est du déjà vu : ce n’est pas une nouveauté. 
• Une impression de déjà-vu. ➙ paramnésie.
Exemple : « C’est donc dire que ce tandem présentait un petit air de déjà-vu qui ne déplaisait pas à Danseret » ( A. Truand, Une douzaine de beignes pour le sergent, Québec Amérique) / OQLF

Hivernage :
1. MARINE Temps de la mauvaise saison que les navires passent en relâche. Hivernage d’une expédition polaire. Par extension : Port où les navires relâchent.
 2. GÉOGRAPHIE (courant en français d’Afrique) Saison des pluies, dans les régions tropicales. « Que viendra la moisson après l’hivernage pénible » (Senghor).
 3 . AGRICULTURE Labour qui précède l’hiver. Séjour du bétail à l’étable pendant l’hiver (opposé à estivage). Fourrage destiné à la consommation d’hiver.

Lambiner :
Agir avec une lenteur, une mollesse excessive, perdre son temps à des riens. ➙ lanterner, traîner ; FAM. traînasser.
Ne lambinez pas en chemin. ➙ s’attarder.
Exemple : «Marcelle devait lambiner merveilleusement et ne se défaire que peu à peu de ce précieux linge qui touchait son corps» (Jules Supervielle, «Le voleur d’enfants», Gallimard, 1926, collection Folio, page 122).

Plus-que-parfait :
GRAMMAIRE
◆ Plus-que-parfait de l’indicatif : temps corrélatif de l’imparfait (auxiliaire à l’imparfait et participe passé) exprimant généralement une action accomplie et antérieure à une autre action passée (ex. quand il avait dîné, il nous quittait ; si j’avais pu, je vous aurais aidé).

◆ Plus-que-parfait du subjonctif : temps employé surtout dans la langue littéraire (auxiliaire à l’imparfait du subj. et participe passé), exprimant, en subordonnée, l’antériorité par rapport à un fait passé ou une corrélation avec le conditionnel (ex. Il fallait, il faudrait qu’il eût accepté, que nous eussions accepté ; nous ne le laissâmes pas partir avant qu’il eût avoué).

Rythmer :
Donner du rythme à (une phrase), cadencer. « Il avait médité sa phrase, il l’avait arrondie, polie, rythmée » (Flaubert).

Synchrone :
◆ DIDACTIQUE Qui se produit dans le même temps ou à des intervalles de temps égaux ; qui a la même période, la même vitesse. ➙ simultané, synchronique. Mouvements, oscillations synchrones.
« Un souffle lent, qui n'était pas synchrone avec les battements du cœur » (Aragon). Les rues « résonnaient sous leurs pas synchrones » (Perec).

Tic-tac :
Bruit sec et uniformément répété d’un mécanisme, surtout d’un mécanisme d’horlogerie. Faire tic-tac. Le tic-tac d’une montre. 
Exemple : « Le tic-tac des horloges, on dirait des souris qui grignotent le temps » (Alphonse Allais, Les Pensées.)

 

Le livret complet avec des jeux et des textes d’auteurs se trouve ici :

https://dismoidixmots.culture.gouv.fr/content/download/153229/file/Livret%20site.pdf

14 mars 2023

Le Boucher / Dominique H.

Bernard, le boucher du village d'à coté, bien que célibataire, est très affable. Mais voici que des rumeurs commencent à courir à son sujet. En particulier, il serait déconseillé de consommer son plat du jour le mardi, un « lapin chasseur » pourtant labellisé «  bio et sans additifs », délicieux de surcroît et digne d'un restaurant étoilé.

Yann, le pharmacien, qui va souvent aux champignons pour des raisons professionnelles, déclare avoir aperçu le boucher en forêt, déguisé en diable cornu, ganté de noir et armé d'un grand coutelas. Ce jour-là, plus intrigué qu'effrayé, Yann se mit à l'affût pour observer l' hurluberlu. D'après Yann, le boucher tendrait des collets et égorgerait les lapins piégés selon un rituel sadique. Ainsi il trancherait d'abord la gorge de l'animal puis tout ce qui dépasse, en commençant par les pattes et la queue, pour finir par les oreilles. Il fourrerait ensuite la bête amputée et ensanglantée dans un sac à dos étanche.

Mais le massacre ne s'arrêterait pas là. Lui succéderait une autre cérémonie satanique. Le boucher se saisirait alors à pleine main de la tête du feu-lapin, introduirait délicatement la pointe d'un bistouri successivement dans chaque orbite pour en retirer, selon un geste circulaire et chirurgical, les deux globes oculaires qu'il déposerait précautionneusement dans un bocal de verre contenant un liquide transparent. Il revisserait soigneusement le bocal avant de le ranger sous un torchon dans un panier en osier. Yann raconte aussi que dans l'arrière boutique du boucher, sur une étagère, il y aurait une rangée de bocaux des plus étranges . Il seraient remplis d'une solution de formol, colorée de fluorescéine que Yann aurait vendue au boucher.

Dans ce liquide fluorescent brilleraient, bien conservées, des dizaines d'yeux de lapin au regard fixe. Toujours d'après Yann, Bernard serait fétichiste des yeux de lapin. 

AEV 2223-23 Dominique - Yeux de lapins

Image empruntée ici où l'on apprend à satisfaire Bernard sans tuer d'animaux !

21 mars 2023

Lettre à un vieil escalier / Anne J.

Si le monde n'est que muraille
cette muraille a des lézardes
et la vie est une drôle de pagaille
dans une humanité trop bavarde

J'ai monté pas à pas l'escalier de ma vie
et ses marches inégales

Aujourd hui je redescends petit à petit

AEV 2223-24 Anne J

Après le sommet de la jeunesse
vient le temps
où l'on perd l'équilibre
au moindre souffle de vent

J'aimais m’asseoir dans le vieil escalier de bois
j'admirais la spirale du colimaçon
sur l'escalier de pierre
je contemplais le jardin
et sur l’échelle du grenier
comme un chat
je matais le monde
des matous

Devant moi le mur
ses fissures
ses fêlures
ses brisures
ses échancrures
ses ruptures
ses embouchures
autant de prises pour me hisser
à la hune de ma vie
dans le vent de mes soupirs
au grand mât de mes désirs
vers l'inconnu de mon plaisir

Quand l'escalier se fait trop raide
quand les vieux os craquent
ou que l'envie de voyage s'amenuise
il nous reste les mots
les siens et ceux des autres
les contes et les histoires
et la poésie de Bobin
mais Christian ne viendra pas ce soir
il rêve

AEV 2223-24 Anne J

30 mai 2023

Consigne d'écriture 2223-32 du 30 mai 2023 : Les Mots d'Anne Sylvestre

Les Mots d’Anne Sylvestre

 

On a demandé à Anne Sylvestre de dresser la liste des mots qu’elle aime. La voici :

Acacia – Agate – Aiguillée – Alsace – Améthyste – Ampélopsis – Angine – Anniversaire – Arachnéenne – Automobile – Baldaquin - Baliverne et billevesée – Barboteuse - Bois flotté - Bric-à-brac – Brunante – Cahier – Calanque – Candidat – Capodastre – Cigarette – Commode - Compostelle - Coquelicot – Coulisses – Débarouler – Eau – Écluse – Édredon – Encre – Escalier - Escogriffe – Espérance - Fanfreluche et falbala – Frangipane – Grenouille – Horions – Hormis – Huile – Humus - Île et lac – Jardinier – Labyrinthe – Larousse – Lavandière – Libellule – Livre - Mais bon – Marelle - Mémoire (si j’ai bonne…) - Mensonge – Mer – Mot – Myosotis – Nin-nin - Œuf – Ours – Paletot – Parfum - Patarou (en grand…) - Pavane - Petits mots – Pluie – Pourtant – Rafistoler – Réaupol-Sébastomur – Reposoir – Ricochets – Rutabaga – S’esclaffer – Sœurs – Soupe – Soupes – Taciturne – Tomate- Tomber d’énue – Tramway – Transhumance – Vaches – Vague - Verger

Elle a ensuite écrit pour chacun d’eux un souvenir, une sensation, un poème en prose, une description qui n’excède pas une quinzaine de phrases ou une page d’un livre de poche.

Saurez-vous pratiquer ce même exercice à partir de ses mots ou à partir de vos mots préférés ?

AEV 2223-32 Consigne - Anne Sylvestre

6 juin 2023

Consigne d'écriture 2223-33 du 6 juin 2023 : Jeu de l'oie

Jeu de l'oie

 

A partir des photos de ce jeu de l’oie géant vous pouvez :

- imaginer le parcours effectué par un personnage (ou par vous-même) au fil des lancers de dés, les rencontres qu’il fait, les lieux qu’il traverse et son arrivée triomphale au sommet du Puy-de-Dôme (63) ;

- écrire de courts poèmes à propos des nombreux animaux représentés sur ce jeu ;

- écrire à partir des associations de chiffres et d’images (n°s de départements, d’étages d’un immeuble, d’habitations d’une même rue, etc.) ;

- écrire ce que vous voulez.

vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir

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30 mai 2023

Réaupol Sébastomur / Jean-Paul

Ils en ont de la chance les Parisiens avec leurs vieilles lignes de métro dont les stations sont très connues ! Ils peuvent jouer au jeu des contrepèteries. La Motte-Piquet devient la pote Mickey ; Montparnasse-Bienvenüe Montparnue bienvenasse. Nous à Rennes avec Via Silva ça ne marche pas. Via Silva ? Via Silva !

Avec quoi jouer alors sans plan de la ville sous la main ? Avec des titres de romans de Balzac ? « La Cousette bine » ? « Splendeur et tisane des court-misère » ? « Le lait dans la valise » ?

Ou alors avec Jules Verne ? « Vingt mille lierres sous l’émeu » ? Ou « De la thune à lalère » ?

N.B. Anne-Françoise a fichu tout mon texte par terre : avec « Via Silva » on peut faire « Va, Sylvia » !

AEV 2223-33 JK - Viasilva

4 avril 2023

Question du jour / Anne J.

AEV 2223-26 Anne JBon il faut que le fric rentre dans les caisses
mais sans que les riches participent
alors faisons travailler plus longtemps ceux qui ont un boulot
et rendons les riches encore plus riches !

Bon, les français n'en veulent pas de ta réforme
mais tu t'obstines
alors ils sont dans la rue
et tu sors le 49.3.

Bon le pays est sens dessus dessous
mais tu t'obstines encore
alors comment sortir de cette impasse
et reprendre la main ?

QUI A UNE IDÉE  ?

11 avril 2023

Interview de la reine Consort Camilla / Maryvonne

 

AEV 2223-27 Maryvonne Camilla

- Majesté, puis-je avoir l'honneur de vous poser quelques questions ? Au préalable je me suis plongée dans quelques-uns de vos idiomatiques. Je suis certaine que mon journal se vendra comme des gâteaux chauds ! Depuis longtemps tout le monde savait que vous et Charles aviez eu un vrai coup de foudre. Est-ce réel ?

- Oui, et chez nous, nous appelons cela ressentir de l'amour au premier regard. Nous nous sommes toujours vu d’œil à œil !

-Vous voulez dire « être sur la même longueur d'onde » ?

- Oui comme vous disiez à Radio-Londres : « Les Français parlent aux Français » sur la même longueur d'onde.

- A l'époque avez-vous mis la charrue avant les bœufs ?

- Je ne vous le dirai pas mais notre expression est plus chic : nous mettons la charrue avant le cheval, très « english » isnt'it ? 

- Vous vous êtes donc mariée avec un autre homme ?

- Oui mais je ne me sentais pas toujours sous la météo, j'étais un peu assise sur la clôture. Cependant quand je voyais le nid de vipères où logeait la famille royale, j'avais bien envie de prendre mes talons !

- Et puis un jour vint le malheur. Pour ma part, chère Camilla, je déteste l’expression française « A quelque chose malheur est bon ». Il y a vraiment des malheurs qui ne sont bons à rien. Chez vous c'est plus élégant «  Chaque nuage a un côté argenté ». Qu'en pensez-vous Majesté ?

- Oui, en tout cas l’expression convient bien à la beauté et à la brillance de Lady Diana. Nous sommes un pays de poètes. Je connais certains de vos idiomatiques, quand vous dites « Après la pluie viendra le beau temps » nous disons «  Les pluies d'avril amènent les fleurs de mai ». C'est plus classieux.

- Avec Charles, peut-on dire que vous avez pris le train en marche ?

- Oui j'ai carrément sauté sur le train, cette fois il ne fallait pas rater le bateau. La mamie baissait la garde et un oiseau dans la main en vaut deux dans le buisson.

-Majesté ! Quelle audace ! De quel oiseau parlez-vous ?

- Ah ! Les français, vous êtes toujours prêts à parler de la gaudriole ! Comment dites-vous quand vous ne voulez pas rater une affaire ?

- Nous disons « Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ».

- Oui c'est moins imagé. Vous êtes le pays de Voltaire et nous celui de William Wordsworth.

- Majesté quelle est votre vie maintenant ?

- J'ai emmené mes habitudes ailleurs et je pense que j'apporte du grain au moulin de quelqu'un. Chaque jour il faut que je sois habillée jusqu'au neuf. Si je me suis jetée dans le repaire du lion on ne traîne plus mon nom dans la boue.

- Merci, Majesté, j'ai l'immense honneur d'être née la même année que vous.

Signé M.E., journaliste de pacotille

6 juin 2023

Billy joue au jeu de l’oie / Jeanne

AEV 2223-33 Jeanne - Case 01Je m’appelle Billy la fourmi. Je me promène entre les canyons que les humains appellent simplement pavés. J'ai perdu de vue mes compagnons de route et m’efforce de les retrouver ; c’est rude et j'ai terriblement chaud.

Au loin, j'aperçois un arc-en-ciel de rocher, je pense délirer à cause de la chaleur, les pierres sont grises habituellement ou beiges pour les plus belles que l’on peut trouver. Je m’approche, et que vois-je ? Une cour où s’étalent de nombreux chevaliers, tous revêtus d’une armure, elle-même décorée d’un blason bleu électrique ; une voix grave annonce :

« Vous vous trouvez à la case numéro un. Pour poursuivre votre chemin, lancez les dés !».

Une ombre m’apporte deux minuscules dés que je peux à peine soulever de mes six pattes ; j’ai l’impression d’être tombé dans une rêverie comme Alice en atterrissant au Pays des Merveilles. Peureux de nature lorsque je me trouve seul, je lance les dés sans savoir à quoi m’attendre réellement.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 03Deux gros yeux noirs et ronds apparaissent, les dés me présentent chacun un un, ce qui veut dire que je n'ai obtenu qu’un petit deux : la route s’annonce longue, mais je ne recule pas devant la peur, une curiosité nouvelle me pousse d’instinct vers la case numéro trois.

Je n'ai jamais vu vignoble si grand ! A l’entrée des grandes allées de vert et de violet alléchant une pancarte m’invite à goûter, boire et surtout savourer tous les bienfaits de ce fruit qu’est le raisin. Je m’avance alors, pris de gourmandise, et jure sur l’honneur que ce qui arrive n’est pas volontaire : après peut-être onze secondes d’enchaînement du jeu de mes six pattes, je tombe tête la première dans une cuve à vin, et évidemment, je bois la tasse.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 07Les prochains dés paraissent plus lourds, plus gros et surtout plus ronds, ils sont durs à lancer, tellement que j’obtiens le faible chiffre quatre, le double de la misérable somme obtenue précédemment. Un quatre qui me fait arriver, difficilement et hoquetant, à la case sept.

Une abeille pleure. Tentant d’être limpide, je lui demande la raison de son sanglot, del’empathie me serrant le cœur. La pauvre bête jaune se lamente de n’avoir que sept bandes noires la recouvrant, alors que ses compagnons butineurs en ont tous au moins dix. Tout de suite, je tente de la réconforter : j’en compte quatorze, moi, des bandes ! Mais elle continue de pleurer tout en me contredisant, m’affirmant qu’elle n’en a que sept ; je pars alors fâché et frustré avant de me rendre compte qu’effectivement, depuis la case trois, je vois double...et de travers.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 9Les dés reprennent une forme à peu près carrée et je les lance à peu près facilement. Les mondes s’enchaînent à travers les diverses cases que je visite et je fais toutes sortes d’expérience : case numéro neuf, une tablée festive me propose du champagne, que je refuse après le trouble du vin.

 


AEV 2223-33 Jeanne - Case 16Cela leur déplaît malheureusement alors une des énergumènes me loge dans une bulle qui m’emporte dangereusement à la case seize où j'atterris sur la tête d’une oie furieuse qui me prend pour un pou.
 


 

AEV 2223-33 Jeanne - Case 22
Je lance tant bien que mal les nouveaux dés le long de son cou blanc et me voilà transporté à la case vingt-deux où je fais la rencontre d’un porc qui, ému d’avoir une si petite compagnie, prend une inspiration de joie qui me fait voyager dans sa grosse narine gauche. Tout gigotant de peur que je suis, je lui fais l’effet d’une chatouille alors il m'éjecte d’un éternuement si puissant que j'atterris à la case quarante-sept, au pied d’un grand chêne. Je suis alors pris d’une pulsion due au mélange explosif de frayeur et d’adrénaline, je hurle de joie, je sautille tel une puce et cours en zigzagant autour de l’arbre.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 47À ce moment-là je fais une nouvelle rencontre qui me restera à jamais gravée en mémoire : un pelage roux comme le sucre caramélisé, de petites pattes agitées, frêles et habiles, des yeux à ma taille dans lesquels je me perds instantanément, d’une couleur aussi noire que ma coque. C’est un écureuil avec qui je me lie d’amitié et d’amour. Je lui raconte tout mon périple sans savoir s’il comprend mon langage, tentant simultanément de m'agripper comme je peux à ses longs poils d’oreille.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 56Passant les cases mon ami et amour nous arrête à la case numéro cinquante-six et, sans me demander mon avis, il me jette dans une flaque d’un orange vif dans laquelle je me noie partiellement. En cette case loge une palette d’artiste composée de bleu, de vert, de jaune et d’autres couleurs. Mon agile compagnon me sauve à temps de la noyade et me contemple de haut en ba et d’un air interrogateur à travers ses deux billes noires ; je comprends alors que je suis enfin à son goût, revêtu d’un orange citrouille.

Mon aventure continue sur le dos de mon roux fougueux qui, m’évitant maintes et maintes difficultés, me dépose gaiement mais tristement à la case finale, la case soixante-trois. Les adieux sont difficiles mais je peux m’en aller en gardant autour de ma taille l’un de ses longs poils d’oreilles, aussi doux que doré.

Rentrant et retrouvant ma troupe, je raconte l’entièreté de mon voyage mais personne ne me croit. Mais je suis fier et me sens différent, j'ai rencontré de distingués personnages, embrassé de nombreuses sensations et ressentit de puissants et nouveaux sentiments ; j'ai même à présent la plus belle ceinture rousse jamais vue dans le monde des fourmis.

AEV 2223-33 Jeanne - Case 63

 

13 juin 2023

Consigne d'écriture 2223-34 du 13 juin 2023 : La Phrase fatiguée

La Phrase fatiguée

 

 

AEV 2223-34 Consigne Jeanne

Aujourd'hui je vous propose d'écrire autour de la phrase "Je t'aime" en vous inspirant de l'univers magique des mots du roman "La Grammaire est une chanson douce" d'Erik Orsenna. A partir du passage qui raconte le voyage de Jeanne et Monsieur Henri à l'hôpital des mots (pages 95 à 99) où ils rencontrent la fameuse phrase "Je t'aime", voici quelques trajectoires d'écriture que vous pouvez suivre comme bon vous semble.

- Soit vous écrivez à propos d'une phrase fanée que vous avez connue - cela peut être un "je t'aime" ou une autre phrase ou un autre mot - en nous racontant son histoire, en nous disant ce qu'il ou elle représente pour vous. Vous pouvez faire parler cette phrase/ce mot ou vous exprimer à la première personne.

Soit vous partez de cette phrase ou de ce mot choisi et écrivez un poème, une comptine ou un acrostiche par exemple. Vous pouvez évidemment choisir plusieurs phrases et réaliser plusieurs textes.

[consigne donnée par Jeanne]

«Les mots dormaient. 

Ils s’étaient posés sur les branches des arbres et ne bougeaient plus. Nous marchions doucement sur le sable pour ne pas les réveiller. Bêtement, je tendais l’oreille : j’aurai tant voulu surprendre leurs rêves. J’aimerais tellement savoir ce qu’il se passe dans la tête des mots. Bien sûr, je n’entendais rien. Rien que le grondement sourd du ressac, là-bas, derrière la colline. Et un vent léger. Peut-être seulement le souffle de la planète Terre avançant dans la nuit. Nous approchions d’un bâtiment qu’éclairait mal une croix rouge tremblotante.

– Voici l’hôpital, murmura Monsieur Henri.

Je frissonnai. L’hôpital ? Un hôpital pour les mots ? Je n’arrivais pas à y croire. La honte m’envahit. Quelque chose me disait que, leurs souffrances nous en étions, nous les humains, responsables. Vous savez, comme ces Indiens d’Amérique morts de maladies apportées par les conquérants européens.

Il n’y a pas d’accueil ni d’infirmiers dans un hôpital de mots. Les couloirs étaient vides. Seules nous guidaient les lueurs bleues des veilleuses. Malgré nos précautions, nos semelles couinaient sur le sol. Comme en réponse, un bruit très faible se fit entendre. Par deux fois. Un gémissement très doux. Il passait sous l’une des portes, telle une lettre qu’on glisse discrètement, pour ne pas déranger. Monsieur Henri me jeta un bref regard et décida d’entrer.


Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : 
Je – t’ – aime

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Trois mots reliés chacun par un tuyau de plastique à un bocal plein de liquide. Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase. Il me sembla qu’elle nous parlait :

– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.

– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. quelques jours de repos et tu seras sur pied.

Il la berça longtemps de tous ces mensonges qu’on raconte aux malades. Sur le front de Je t’aime, il posa un gant de toilette humecté d’eau fraîche.


– C’est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.


« Un peu fatiguée », « un peu dur », Je t’aime ne se plaignait qu’à moitié, elle ajoutait des « un peu » à toutes ses phrases.


– Ne parle plus. Repose-toi, tu nous a tant donné, reprends des forces, nous avons trop besoin de toi. Et il chantonna à son oreille le plus câlin des refrains.

La petite biche est aux abois
Dans le bois se cache le loup
Ouh, ouh, ouh, ouh

Mais le brave chevalier passa
Il prit la biche dans ses bras
La, la, la, la


– Viens Jeanne, maintenant. Elle dort. Nous reviendrons demain.

***

– Pauvre Je t’aime. Parviendront-ils à la sauver ?

Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi. Des larmes me montaient à la gorge. Elles n’arrivaient pas à monter jusqu’à mes yeux. Nous portons en nous des larmes trop lourdes. Celles-là, nous ne pourrons jamais les pleurer.

-… Je t’aime. Tout le monde dit et répète « je t’aime ». Tu te souviens du marché ? Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.»

Texte récupéré ici.

13 juin 2023

Ramassis de mots / Maryvonne

 Les mots sont incroyables ! Savez-vous qu'ils se déguisent pour vous tromper ? Par exemple « géant » est plus petit que « minuscule ». Il me revient cette comptine qui laisse perplexe :

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Beau papillon de soie
Mon avion de joie
Léger, pimpant, qui vole sur quatre ailes
Beau papillon
Lorsque j'écris ton nom
Tu n'as plus que deux L

Merveilleux mutilé
Pourras-tu t'envoler ? 1

Alors, deux ou quatre ailes ?

Les mots sont des galopins. Ils se bagarrent entre eux jusqu'à se retrouver occis après cette lutte fraternelle, occis, oxymore bien entendu après cette douce violence. Ils se plaisent dans cette obscure clarté de certaines définitions.

- C'est quoi un bibliobus ? demande un enfant. Un autre lui répond « C'est un bus qui ne passe pas toutes les dix minutes ! ».

Les mots se décomposent et se recomposent.

- Je t'interdis de dire des grossièretés !
- Mais non je n'ai dit que des petites ièretés !

Les mots nous jouent des farces :

- Mais pourquoi, quand tu parles des moulins à vent, tu ne parles pas des moulins arrières ?

Les mots font des confusions :

- J'ai descendu dans mon bateau pour y cueillir du gros marin.
- Si toi tu as des omoplates, moi j'ai des filloplates.

Les mots se mangent : les mokas, les morilles, tous les mollusques et j'en passe et des meilleurs.

AEV 2223-34 Maryvonne - Princesse qui crache crapauds

Ne les croyez pas tous jolis ! C'est comme dans les contes de fées où certaines princesses crachent des crapauds quand elles parlent. Tu hésites, mais quand ils franchissent tes lèvres ils te collent des boutons sur la langue : concupiscence, pédophilie, féminicide, infanticide… Beurk !

« Jalousie » cache sa laideur sous une belle enveloppe.

Ne faites pas toujours confiance aux mots ! « Lapsus » vous met parfois dans une situation délicate, méfiez-vous de lui !

Les mots sont comme des petits wagons qui traversent votre cerveau, certains s’arrêtent et se garent, d'autres filent à toute allure et disparaissent. On ne les reverra plus. Ce sont des intermittents du spectacle. Ils font les beaux, ravissent l'assemblée et soudain quand on en a besoin ils jouent les filles de l'air. Envolés les mots chéris que l'on a nourris, choyés. Quelle ingratitude !

Maudits mots ! Un jour je vous capturerai et je vous mettrai en ligne, main dans la main pour que vous ne puissiez plus m'échapper. Parce que, mots, je vous aime !


1 Armand Got - Bestival

12 septembre 2023

Adeline Duval (Mon p'tit chat) / Anne-Françoise

AEV 2324-01 Anne-F - Ryan Gosling aux yeux de chat

J’ai un p’tit chat. Il est beau ! Sublime ! Magnifique ! Extraordinaire ! J’pensais pas qu’on pouvait aimer son chat autant qu’ça. Je l’ai appelé Ryan Gosling.

Passque j’adooooore Ryan Gosling mais je pourrai jamais le lui dire, ni le voir, ni le toucher, ni l’embrasser, rien. Alors comme maintenant, Ryan Gosling c’est mon p’tit chat, ben j’peux lui donner un peu de lait, le cajoler, le prendre dans mes bras, le caresser. Alors que l’autre, à part dans mes rêves, c’est compliqué. Et je ne sais même pas qui a les yeux les plus beaux : mon chat Ryan Gosling ou mon idole Ryan Gosling ? Si j’ai un enfant un jour, il aura un prénom composé, il s’appellera Ryan-Gosling, Ryan-Gosling Duval.

Quand même, avoir un p’tit chat, c’est très bien mais avoir un p’tit chat qui s’appelle Ryan Gosling, c’est quand même le comble du bonheur !

Bon, c’est où le rayon des croquettes pour chat ? 

12 septembre 2023

Michel (Kinder) / Anne-Françoise

- De mon temps, y’avait pas d’Kinder. Pas de barre chocolatée Kinder, pas d’œufs Kinder, pas d’bonbons Kinder, pas d’gâteaux Kinder, pas d’Kinder ! J’sais pas si les gosses d’aujourd’hui y z’y gagnent avec les Kinder passque c’était quand même quelque chose que la tartine beurrée avec 2 carrés de chocolat dessus ! Et quand c’était Mémère qui nous donnait not’ goûter, elle nous mettait pas les carrés, non, elle râpait le chocolat avec son couteau ! Ah ! Les pauv’ gosses d’aujourd’hui, y z’ont pas cette chance-là ! Kinder ? Il est où le progrès là-dedans ?

AEV 2324-01 Anne-F - Tartine contre Kinder

2 mai 2023

Une ville étrange / Marie-Thé

L’idée a surgi lors d’une soirée bien arrosée entre amis. Le Comte de Chandon avait lu dans une revue qu’il existait une ville étrange, au bord de la mer, pas encore découverte par les touristes. « C’est là qu’il faut aller en vacances ! » avait dit la Comtesse de Chandon.

C’est ainsi que le 1er juillet nous sommes partis de bon matin avec le Comte et la Comtesse, qui n’ont plus d’aristo que le nom.

Avec son short, ses chaussettes, ses chaussures bien cirées et sa casquette blanche, on comprenait tout de suite que cet homme très classe avait revêtu sa tenue de vacances.

Quant à elle, habillée d’une combinaison verte et de chaussures jaunes, elle ne passait pas inaperçue.

Nous, avec nos shorts, tee-shirts et baskets, nous nous sentions un peu classiques.

Qu’importe, on les aimait bien, nos copains, nous passions de bons moments ensemble. Ils nous faisaient rire. Nous nous réjouissions par avance de découvrir avec eux l’étrange ville de Trifouillis-les-Bains.

Les voitures sont interdites dans la ville. C’est donc sac sur le dos et appareil photo en bandoulière que nous pénétrons dans ce domaine surprenant.
La seule entrée de la petite ville s’effectue par un passage entre deux statues gigantesques, à droite Jeanne d’Arc et à gauche Colbert. Nous nous demandons ce qu’ils ont à voir l’un avec l’autre !

2023-04-17 - Nikon 54

Sur le boulevard Dieu Lumière, la façade du café Pétrouchka nous séduit par son style slave. Un arrêt dans ce cabaret est de rigueur. La tenancière, appelée « la grande Georgette » nous propose sa spécialité. Elle pose sur la table un bocal rempli d’un liquide rouge dans lequel flottent quelques morceaux de fruits. C’est délicieux et rafraîchissant.

Avec un accent russe très prononcé, Georgette nous suggère pour le repas la dégustation du fameux cochon à plumes, une spécialité dont s’enorgueillit la ville. On peut visiter l’élevage au Parc de la patte d’oie.

« Pour dormir, allez donc à la villa Demoiselle, c’est dans la rue du Pistolet.  L’origine du nom de la rue vient du jour où la fameuse Demoiselle a tiré sur un client qui lui avait touché les fesses en passant près d’elle ! Outrée, tremblante, elle a raté son tir mais la ville lui a confisqué son pistolet ! »
La grande Georgette ne manque pas d’humour. Nous étions écroulés de rire.

Elle se sentait bien dans cette étrange ville où des personnages glorieux tels Georges Clavel, Cédric Diebolt-Vallois et même Françoise Carillon-Ramonet avaient vécu. Elle connaissait des anecdotes truculentes sur chacun d’eux. Nous avons passé un moment inoubliable.

Avant de nous diriger vers la villa Demoiselle, nous sommes sortis du café Pétrouchka en passant par la rue du Clou dans le fer dont les maisons aux façades pleines de couleurs et de décorations baroques, ne manquent pas d’originalité et de charme.

Nos vacances s’annoncent réjouissantes !

12 septembre 2023

Géraldine (Le Pèse-personne) / Anne J.

Le Pèse-personne de Géraldine

 

 

AEV 2324-01 Anne-J

- Il faut que j’en achète un ! Le mien est hystérique et inconstant, impossible de faire confiance à ce qu’il dit. La moindre des choses pour un pèse-personne c’est d’être fidèle, c’est-à-dire de produire des mesures répétitives, identiques à quelques grammes près ; vous vous pesez et si vous faites 100 kilos , la balance dit 100 kilos toutes les cinq minutes pendant une heure : je sais, c’est stupide comme exercice mais c’est la définition de la fidélité et le calcul de la moyenne est vite fait : 100 kgs.

Mon pèse-personne est tout sauf fidèle ; première mesure : 65 kilos. Cinq minutes après, en sortant de la douche, il dit : 60 kilos. J’ai quand même pas 5 kilos de crasse? Et après le séchage mais toujours nue, il va dire 63 kilos ou 69 kilos selon son humeur.

AEV 2324-01 Anne-J

Donc je le quitte et l’envoie à la recyclerie avec la tonne de piles que j’ai achetée en croyant que c’était un problème de piles. »

Voilà ce que se disait Geraldine sur la route de la pharmacie en espérant ne rencontrer personne de sa connaissance, ni dans le magasin, ni sur la route du retour. Acheter un pèse-personne c’est gênant, c’est un objet intime qui est caché sous l’étagère de la salle de bains et qu’on n’expose pas à la vue de tous ses copains.

- Ils vont penser que je fais régime, que je me trouve grosse ou moche, que je suis malade ou bien que je veux plaire, que je veux devenir mannequin ou attraction dans une foire ? Peut être est-ce qu’ il y en a au supermarché ? Je le prends, je me glisse à la caisse automatique et je le planque dans mon sac à dos et comme ça, pas besoin d’affronter le regard narquois du pharmacien, tiens donc , elle a enfin décidé de surveiller sa ligne, cette grosse là !

Ou bien, je le commande sur internet ?  Ou je dis que c’est pour ma mère, ma sœur ou je ne sais qui ?

Et puis non , je n’ai pas le courage, je fais demi-tour et je passerai chez le vétérinaire avec mon chat : je dois surveiller son poids et je monterai sur la balance avec lui , comme ca on n’y verra que du feu ! 3 kilos 500 de chat et moi.

Parfait le stratagème !

AEV 2324-01 Anne-J

9 mai 2023

Heureux voyageurs ! / Jean-Paul

Contempler 7

Les voyageurs sont bien heureux de nos jours. Ils ne partent plus à l'aventure. Ils ne craignent ni les coupe-gorge, ni les éboulis, ni les chutes dans le ravin. Le monde est civilisé, le chemin est balisé et, l'univers étant blasé, il n'y a plus grand chose pour les scandaliser.

Entre nature et culture on marche, on avance, on se tape des kilomètres et de la gastronomie à l'étape.

Mais ici dans la montagne point de relais et châteaux, aucun « N'oubliez pas le guide ! » fût-il du Routard, pas de « Finis les selfies, on remonte dans le car, faut qu'on soit à deux heures à la fabrique de génépi, préparez vos carnets de chèques ! ».

De toute façon on entre pas au monastère, surtout si l'on n'est pas du genre communautaire. Ici c'est le Royaume de l'oxymore : on glorifie la religion - relier les hommes, quelle déraison ! - en vivant retiré du monde. En ce lieu prévalent la prière, le sévère, le solitaire, le pole austère, le respect d'une vie régulière, l'égalité demain-hier et le refus des primevères et des humeurs primesautières qui font valser les jarretières.

Et pourtant tout autour est vert, ensoleillé, ébouriffant, spectaculaire. Le chemin serpente entre les pitons rocheux, on a du plaisir à croquer la pomme, à boire à la gourde l'eau encore fraîche. On a du jambon de Parme pour faire pique-nique et la nique au pâtre Stendhal . Car la joie au cœur du petit randonneur vaut bien toutes les liqueurs verdâtres de la pourtant très belle Grande Chartreuse.

Heureux les voyageurs ! Il n’est point de misère en Isère tant qu’on y est libre d’aimer les livres et les chemins qui vous enivrent !

23 mai 2023

Consigne d'écriture 2223-31 du 23 mai 2023 : Double portrait

Double portrait

 

1) Une personne qui vous aime veut dresser votre portrait en insistant sur vos qualités. Prêtez-lui votre plume.

Une autre personne qui vous aime moins veut dresser votre portrait en insistant sur vos défauts. Prêtez-lui votre plume également.

2) Si vous n’avez pas envie de parler de vous, faites le même exercice avec les trios suivants :

Le Dr Watson et Mme Hudson font le portrait contradictoire de Sherlock Holmes ;
Dupont et Dupond parlent de Milou ;
Tintin et le Capitaine Haddock parlent de Bianca Castafiore ;
Don José et Escamillo parlent de Carmen ;
Adam et Eve parlent de Dieu ;
Joe Dalton et Jolly Jumper font le portrait de Lucky Luke.

Ou établissez ce double portrait à partir d’un autre rassemblement de trois personnes réelles ou fictives.

Consigne 1 empruntée au livre « Libérez votre plume » d’Anna Briac et adaptée sous 2 par votre animateur préféré.

AEV 2223-31 Consigne - Anna Briac

12 septembre 2023

Jade (Chagrin d’amour) / Marie-Thé

Le samedi, Jade aime faire du lèche-vitrine. Ce jour-là, elle se promène dans le centre commercial, s’arrête de temps en temps et regarde les devantures des différentes boutiques. Rien ne lui plaît vraiment.

En passant devant La Brioche dorée, elle décide de faire une pause et de déguster un coca et une torsade au chocolat en regardant les badauds passer.

Tout à coup, elle aperçoit Rudy, son amoureux, marchant main dans la main avec Océane, sa meilleure amie. Effondrée, elle rentre chez elle triste comme un bonnet de nuit.

En arrivant, elle dépose sur le palier toutes les affaires de Rudy et s’enferme à double tour.

AEV 2324-01 Marie-Thé - Rupture

12 septembre 2023

Eloïse (Les bâtons de marche nordique) / Marie-Thé

Eloïse vient de recevoir un cadeau pour son anniversaire. Le paquet est long et étroit. Un parapluie ? pense-t-elle. Mais Eloïse en a déjà deux.

Une affiche représentant un clown ? Elle en avait très envie il y a quelques années.

Une pompe à vélo électrique ? Pas mal !

Toute la famille la regarde. Intriguée, elle fait durer le plaisir puis découpe le papier cadeau.

Waooh ! De magnifiques bâtons de marche nordique vert fluo.

- Essaye-les ! crient les enfants.

Elle fait le tour de la pièce et se rend compte qu’ils sont à ressort. Ce sont des bâtons propulseurs. Eloïse aime la marche rapide et se voit déjà foncer sur le hâlage de la Vilaine, près de chez elle.

 

AEV 2324-01 Marie-Thé - Marche nordique

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