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L'Atelier d'écriture de Villejean
12 septembre 2023

Eloïse (Les bâtons de marche nordique) / Marie-Thé

Eloïse vient de recevoir un cadeau pour son anniversaire. Le paquet est long et étroit. Un parapluie ? pense-t-elle. Mais Eloïse en a déjà deux.

Une affiche représentant un clown ? Elle en avait très envie il y a quelques années.

Une pompe à vélo électrique ? Pas mal !

Toute la famille la regarde. Intriguée, elle fait durer le plaisir puis découpe le papier cadeau.

Waooh ! De magnifiques bâtons de marche nordique vert fluo.

- Essaye-les ! crient les enfants.

Elle fait le tour de la pièce et se rend compte qu’ils sont à ressort. Ce sont des bâtons propulseurs. Eloïse aime la marche rapide et se voit déjà foncer sur le hâlage de la Vilaine, près de chez elle.

 

AEV 2324-01 Marie-Thé - Marche nordique

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19 septembre 2023

Raviolis gratinés / Anne J.

AEV 2324-02 Anne J

Ce n'est pas avec le cœur brisé que j'ai renoncé aux rituels du dimanche soir : l’œuf à la coque et les raviolis gratinés pour le dîner.

- Ohé, la tribu, disait ma mère, que voulez-vous manger ce soir ? 

- On ne sait pas, ce que tu voudras, ça nous est égal, répondaient sans aucun démenti le père et les cinq enfants, fatigués par les virées auxquelles chacun s'était livré.

Ce à quoi ma mère répondait : 

- Il n'y a pas de « ça m'est égal » !

- Comme d'habitude, alors ! disait le chœur familial.

A l 'unanimité, le plat vedette était voté : les raviolis au gratin. Pas besoin de consulter la revue à la mode (chez nous c'était justement « Le Petit écho de la mode »).

Si j'adorais l 'œuf à la coque avec des mouillettes de pain beurré, je nourrissais quelques griefs contre les raviolis en boîte versés dans un plat avec une couche de fromage râpé.

Quand je n'ai plus dîné le dimanche soir chez mes parents, quand j'ai pu me retirer dans ma propre maison, j'ai adopté le risotto des mamas avec beaucoup de safran et une demi-bouteille de kir à la mûre : je soupçonnais la sauce du ravioli d 'être la cause de ma pituite matinale.

Je prépare le risotto sous la hotte car je suis allergique au parmesan et je n'oublie jamais d'enfiler mon tablier pour éviter les projections. Enfin je ferme soigneusement le loquet de ma maison pour éviter que ne survienne la mafia italienne car je vous le dis : risotto ou raviolis , tout ça c'est l'Italie !

AEV 2324-02 Anne J

26 septembre 2023

Consigne d'écriture 2324-03 du 26 septembre 2023 : Les Photographes

Les Photographes

 

Les Photographes de Dubout

A moins que les dessins d'Albert Dubout ci-dessous ne vous inspirent un pamphlet antimachiste, il vous est demandé de choisir une des images et de vous en servir pour illustrer, au choix :

- Une réflexion sur l'histoire et les techniques de la photographie de sa naissance à nos jours ;

- Une réflexion ou des anecdotes sur la pratique de la photographie au sein de votre famille depuis votre enfance jusqu'à aujourd'hui ;

- Ce que vous voudrez d'autre mais qui ait un rapport quelconque avec cette pratique sociale ou artistique.

Le pamphlet antimachiste sera aussi accepté par l'éditeur de ce blog, M. Dubout étant connu pour avoir dressé des portraits assez misogynes des grosses dames de son époque voire commis bien pire encore (illustrations de San Antonio, de Sade...). Mais c'est pour ça qu'on l'aime, dans notre H.L.M. ;-)

"Les_Photographes"_de_Dubout (extrait) 

26 septembre 2023

Y comme y a qu’à sourire ! / Adrienne

Les Photographes de Dubout

9 mai 2023

Horizon bouché / Anne J.

AEV 2223-29 Anne J

Quand je suis arrivé, elle se tenait appuyée au mur et regardait la rue. C'était une jolie brune dans une robe rouge et moulante qui ressemblait beaucoup à Betty Boop. Elle attendait visiblement quelqu’un et ce n'était pas moi ! Je sortais du cimetière dont les hauts murs donnaient sur la rue et elle n'a pas eu un regard pour ce triste personnage avec son chapeau melon et sa moustache balayette. 

Quand l’autre, avec sa casquette de prolo et son sourire séducteur s'est approché d’elle, elle ne l'a pas non plus regardé, elle l'a tout simplement ignoré. Mais elle est repartie quelques minutes plus tard au bras d'un marin qui la tenait enlacée et bien serrée et qui l'avait embrassée langoureusement sur la bouche sous l’œil furieux de notre homme à casquette. Les amoureux s’éloignèrent, laissant dans leur sillage une délicieuse fragrance parfumée. 

Depuis le prolétaire séducteur est le nez collé au mur, reniflant l'odeur laissée par la belle comme un chien de chasse. Il ne voit donc pas comme il est ridicule ainsi collé contre un mur aveugle dans lequel il ne peut même pas laisser des messages ! Le mur des Lamentations sans les espaces entre les pierres pour y glisser un petit papier ! 

Moi je n'avais aucune illusion avec mon physique ingrat qui vous rappelle peut-être quelqu'un ?

Mais je garde ma dignité et j'observe les alentours.

Quant à l'homme derrière moi, on peut le dire, son horizon semble bouché !

Contempler 1

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30 mai 2023

E comme escalier / Adrienne

AEV 2223-32 Adrienne - Escalier

Il y a des jours où la seule activité « sportive » de l’Adrienne consiste à monter et descendre les quinze marches de son escalier – oui, quinze, elle les compte chaque fois pour être sûre que pas une ne manque – alors ces jours-là, soit elle est optimiste et se dit « Heureusement que je ne me suis pas acheté un appartement, avec l’escalier je fais ma ‘cardio’ quotidienne », soit elle est réaliste et se dit « le jour viendra où… »

Bref, ça lui occupe autant la tête que les jambes ;-)

19 septembre 2023

Scripta / Marie-Thé

AEV 2324-02 Marie-Thé 04Il fait très chaud ce 15 août à Villejean-Malifeu, avenue de la grande Virée.


A tous les étages, les fenêtres des appartements sont grand ouvertes sur la rue. Je les connais tous, ces gens, j’aime bien les regarder vivre.

L’homme en blanc, perché sur un escabeau, nettoie ses carreaux.

AEV 2324-02 Marie-Thé 03A l’étage du dessus, une jeune femme aux cheveux roux se prend pour une vedette et chante à tue-tête sur son balcon. Elle connaît l’homme en blanc et cherche à attirer son attention ! Parfois, elle surveille son passage pour le surprendre dans l’ascenseur.

Sous la hotte de cuisine, deux Mamas assaisonnent un risotto avec du safran. Ce soir c’est la fête au 3ème étage.

PAEV 2324-02 Marie-Thé 05lus loin une mégère pleine de griefs envers des voisins trop bruyants tape dans le plafond avec son balai. Peu leur importe, ils sont jeunes et continuent à rire très fort en sirotant un kir.

AEV 2324-02 Marie-Thé 01Au troisième, un dentiste arrache une dent à un patient qui n’en n’a déjà plus beaucoup.

AEV 2324-02 Marie-Thé 02Au dernier étage, juste au-dessus de mon appartement, un dessinateur s’extasie devant ses plans.

Toutes ces vies différentes, heureuses aujourd’hui, tristes demain peut-être, me font penser à une pièce de théâtre sans fin. Face à ce spectacle psychédélique, je prends le frais, assise sur un banc.

Vers 22 heures, je rentre chez moi sans bruit et je retrouve mon chat sur le balcon. En refermant la porte de mon appartement, je me sens bien aise d’avoir ressenti, une fois de plus, le joyeux brouhaha de la vie dans mon immeuble.

10 octobre 2023

Consigne d'écriture 2324-05 du 10 octobre 2023 : Une autre ville

Une autre ville

 

C’est une ville au bord de la mer. Il y a des choses écrites sur les coques des bateaux, les frontons des maisons, les enseignes des boutiques, les affiches. Vous trouverez bien dans cette liste de quoi raconter une histoire, évoquer un souvenir, écrire un poème, un rêve, un cauchemar... tout cela se déroulant dans une autre ville que la vôtre.

Rue de la Petite île – Sandy – Le Galéjeur – Le Brigand – rue Marius Allégret – rue Emile Zola – Bord de mer – Toto le clown – La Coquillonne – La Farandole – La Chimère – L’Espérance – La Mamma – Grain de sable – Fleur des dunes – Le Trou du diable – Souvenirs de vie - Équateur – Je marche, je roule, je reste cool – Je ne suis pas toujours chiante, parfois je dors – Vieux loup de mer – Le Chaos – Café de la plage – L’Heure des sages – La Baigneuse – Hôtel Frédéric – Chez Marion – Colette – Dune interdit – L’Instant présent – Bonne brise – La Paisible – Villa Félicité – Un ange passe – La Déferlante – Les Roses – Château Mille roses – Les Chouchous – Fruit de la passion – Hugo – Condor – Dans ma bulle – Caraco – La Maison du bonheur – Quai du port fidèle – Fée no men – La Bella vita – La Corvette – Les Jolies Françaises - Les Oiseaux voyageurs – Partir en livre – La Sirène – Je suis Gaïa – Trois sœurs – Violette et moi – Atoll – Patchouli – Péché mignon – La Belle époque - Croisière – Les Secrets de Louison – La Vie

2023-08-14 Nikon 14

2023-08-15 285 6

2023-08-15 Nikon 1

 

3 octobre 2023

D comme déc... / Adrienne

Inventaire à la Prévert 01 Réduit

*** 

Inventaire à la Prévert 02 réduit

 

 

 

 – Tu es un chou! dit la chaussure de randonnée à l’entonnoir.

30 mai 2023

Les Mots d’Anne Sylvestre / Marie-Thé

Bric-à-brac

Chaque jour Marie ajoute un objet trouvé sur son chemin dans un tiroir qu’elle appelle son bric-à-brac. On peut y voir de jolis galets, des morceaux de carrelage aux différentes couleurs, quelques bouts de bois flotté et bien d’autres trésors… "qui peuvent servir un jour", pense-t-elle.

Ce matin elle est contente. Elle a déniché un galet rond aux couleurs rouille, noir et gris qu'elle a vite glissé dans son sac. Elle court à son appartement pour que cette pierre aille rejoindre les autres merveilles de son bric-à-brac.

Samedi, c’est sûr, Marie commencera son œuvre : un dessus multicolore pour sa table de salon. Elle en rêve déjà. Ce galet rond en constituera le centre et tout autour elle collera des petits morceaux de carrelage multicolores.

AEV 2223-31 Marie-Thé - Galet

Crépuscule

Pour Marie, c’est un joli mot crépuscule !

Il est l’évocation de la tombée du jour lors des étés chauds et humides.

Pour elle, ce sont des moments privilégiés. Les fleurs délivrent leur parfum, les oiseaux piaillent, les grenouilles s’égosillent.

Dans ces moment-là, assise dans son fauteuil de toile, les pieds dans l’herbe, Marie profite au maximum de ces soirées jusqu’à la nuit tombée. Elle rêve ou bien elle bouquine.

- Crépuscule, c’est un mot qui m’évoque les soirées estivales, dit-elle à Félix.

AEV 2223-32 Marie-Thé - Crépuscule

Transhumance

- Pour ma part, répond Félix, moi, j’aime bien le mot "transhumance". Il m’évoque la fin du printemps, les vaches ou les moutons, avec leurs bergers, qui s’en vont paître dans la fraîcheur des alpages.

Un jour je les ai suivis. Il fallait voir les chiens réunir le troupeau après la pause du midi. C’était magique ! Aucun animal ne manquait à l’appel.

Le bétail montait le long du chemin, dans la poussière. Des odeurs de sueur animale, de bouses, de crottes de mouton se mélangeaient aux effluves de romarin et d’herbe humide. Les bergers étaient silencieux comme s’ils se préparaient déjà à la solitude des hauts pâturages.

Transhumance, une sonorité qui chante. Pour moi ce mot évoque la nature, la montagne, les vacances.

AEV 2223-32 Marie-Thé - Transhumance

3 octobre 2023

Inventaire à la Prévert / Marie-Thé

AEV 2324-04 Chat noir20 novembre 2020, 20 heures. La Dalle du quartier s’anime. Le samedi soir, c’est la fête.

Des enfants poursuivent un chat noir pour lui tirer la queue. La pauvre bête affolée prend ses quatre pattes à son cou et court comme un dératé.

Des femmes, vêtues de robes longues aux couleurs bigarrées et de foulards joliment noués sur leurs cheveux bouclés sortent de leur besace des pique-niques aux senteurs exotiques qu’elles disposent à même le sol ou sur des bancs.

AEV 2324-04 NarguiléPendant ce temps, un verre à la main où flottent quelques glaçons, leurs hommes, l’air sérieux, nostalgique, fument du narguilé en évoquant le bon vieux temps.

Des jeunes jouent au frisbee en riant comme des fous.

C’est alors qu’apparaît Joe, l’appareil photo en bandoulière, prêt à dégainer à la première occasion.

Mais pourquoi donc veut-il prendre une image de la Dalle ce soir-là ?

Recherche-t-il des scènes d’inspiration pour son nouveau roman qui aurait pour cadre un quartier de la ville ?

Prépare-t-il un documentaire pour la télévision ?

Désire-t-il être invité au pique-nique qui sent si bon le paprika ?

AEV 2324-04 Appareil photoPersonne ne l’a jamais su.

Il a sorti son appareil photo de l’étui, il a pris des clichés des hommes qui buvaient et fumaient le narguilé, des femmes assises en rond comme les causeuses de Camille Claudel, des enfants courant après le chat noir, revenu se faire tirer la queue.

AEV 2324-04 FrisbeePuis, il a reçu le frisbee dans la tête !

Un peu perturbé, il a fait demi-tour et s’est dirigé vers l’escalier du métro.

On ne l’a jamais revu sur la Dalle.

Seuls quelques privilégiés l’ont retrouvé la semaine suivante dans une salle du quartier appelée "Clarinette".

10 octobre 2023

Une autre ville / Marie-Thé

J’ai parcouru l’Italie, l’Espagne, la Grèce et bien d’autres pays pleins d’attraits et de lieux touristiques prestigieux.

Cette année, pas de grand voyage. C’est dans un village, au bout de la pointe sud de la Bretagne, que j’ai posé mes valises, dans une petite maison, rue de la Belle Époque, à 300 mètres de la mer.

Chaque matin, après un bain dans l’eau glacée, assise sur la plage, je vois des pêcheurs rejoindre leurs bateaux dont j’imagine les noms reliés à une histoire particulière : La Coquillone, la Farandole, la Déferlante, Violette et moi, et bien d’autres noms encore.

2023-08-12 285 22

A cette heure matinale seul le clapotis de l’eau vient troubler le silence.

Les bateaux, reliés à une ancre par une lourde chaîne, se balancent au gré des vaguelettes qui disparaissent dans le sable.

Leurs couleurs vives, jaune et noir, rouge et vert ou bien violet, se profilent sur la mer bleu azur. Ce spectacle m’enchante.

Le soleil commence à chauffer. Je me dirige vers le bourg, quai du port Fidèle, au Rendez-vous des Marins où quelques solitaires, comme moi, viennent passer un peu temps pour prendre un petit-déjeuner et lire le journal.

Assise sur la terrasse, je me sens bien, un peu seule mais l’animation du port me convient.

J’entends soudain quelqu’un m’interpeler. Un vieux loup de mer m’observe.

- J’organise une partie de pêche cet après-midi. Mon bateau c’est La Chimère, le bleu et rouge, près de la jetée. Il me reste une place, ça vous tente ?

***

J’étais ravie. Nous étions cinq touristes à embarquer. J’ai eu le mal de mer sur ce rafiot et j’ai passé la partie de pêche assise au fond du bateau. A peine si j’ai vu le Trou du Diable, ce lieu plein de légendes. Les filets se sont remplis de maquereaux et de quelques bars.

Le soir venu, au café, rue du Grain de sable, ce fut la fête. La tenancière, avec la complicité du vieux loup de mer, nous a fait déguster les poissons pêchés l’après-midi, grillés dans la cheminée.

Et pour terminer cette agréable journée, nous avons bu et chanté des airs bretons. 

12 septembre 2023

Christel (Le Pèse-personne) / Anne-Françoise

- Faut qu’j’achète une balance. J’ai trop mangé c’t’été. Oh ben non, les apéros, les barbeucs, les gâteaux, les glaces, les restos, les bouffes et les repas de ceci et de cela… Et comme c’est les vacances, ça dure en longueur, ben on occupe le temps et j’bouffe, qu’est ce que je m’en suis mis ! J’ai pris au moins je sais pas combien de kilos. Dramatique ! J’le sens bien, ça m’serre à la ceinture, aux cuisses, partout ! Non, faut qu’j’achète une balance, une balance qui marche. C’est sûr que ça va être dur quand j’vais monter d’ssus mais faut p’t’êt ça pour que ça fasse électrochoc pour arrêter d’bouffer. Bon, où c’est qu’c’est l’rayon des balances ? »

Christel s’adresse à un vendeur :

- S’il vous plaît, c’est où les balances ?

- Au rayon cuisine, madame.

Elle fait demi-tour avec son caddie et s’arrête.

- Mais dans quoi j’pense ! Il a cru que j’voulais une balance de cuisine !

Elle refait demi-tour et se retrouve dans l’allée centrale. Un homme l’aborde :

- Madame, z’avez pas vu les allumettes ?

- Ben non, et vous, z’avez pas vu les pèse-personne ?

- Ben non.

- C’est pas possible ! Y z’ont dû cacher les pèse-personne derrière les allumettes !

- Ou les allumettes derrière les pèse-personne ?

- Ou les pèse-personne derrière les allumettes derrière les barils de lessive ?

- Ben on n’est pas sortis de l’auberge ! 

AEV 2324-01 Anne-F - Pèse-personne

12 septembre 2023

Steven (Le Matos) / Anne-Françoise

AEV 2324-01 Anne F

Dimanche, ce sera la fête des confitures à La Chapelle des Fougeretz. Monique y est responsable du stand crêpes. Elle fait ses achats. Steven, son mari, l’accompagne, ce qui n’arrive pratiquement jamais tellement il a horreur des courses. Il pousse nonchalamment le caddie. Tout à coup, il s’arrête au milieu du rayon et se frappe le front. Étincelle !

- Les allumettes ! Oh, là là, j’allais oublier ! Heureusement qu’tout d’un coup j’pense aux allumettes ! Ouille, j’aurais été bien mal sans les allumettes ! Le con ! Va t’en vérifier les gaz sans les allumettes ! Passque faut qu’je voie tout l’matos. Monique, elle s’occupe des œufs, de la farine, du lait, de l’huile, des poêles, de l’alu, du Sopalin, des serviettes, des gants, des ramequins pour l’huile, des nappes en papier, des éponges… Et moi, j’allais oublier les allumettes, le con ! C’est que les gaz pour faire les crêpes, faut qu’j’les allume tous, voir si ça marche, si c’est OK pour les bouteilles, les feux… Bon, les tuyaux, j’les ai déjà changés c’t’hiver. Faut être aux normes… Bon où c’est qu’c’est qu’y z’ont mis les allumettes ? C’est pas possible, j’les trouve pas ! Sont pas dans l’rayon d’la lessive, pas avec les sacs poubelle, pas du côté du dentifrice. Aargh ! Où c’est qu’elles sont les allumettes ? C’est sûr que Monique va encore m’engueuler si j’fais pas mon boulot ! Fichues allumettes ! A moins qu’j’achète un briquet ? C’est quand même mieux, les allumettes !  

17 octobre 2023

Lou et Charles-Henri / Anne-Françoise

Lou

Lou partait au travail dès 7 h 30 du matin. Elle attendait le dernier moment pour se lever, attachait ses cheveux, enfilait une salopette, avalait son petit déjeuner debout et quittait son HLM. Elle rentrait en toute fin d’après-midi, ouvrait les persiennes et se tenait à la fenêtre d’où elle regardait les enfants jouer sur le parking. Elle se reposait là chaque soir de sa dure journée de travail après avoir retiré sa salopette maculée de peinture et enfilé une salopette propre. Elle aimait ce moment où les habitants se rencontraient et se parlaient dehors ou à leurs fenêtres.

Portrait de DiegoJacques-Henri avait des origines bourgeoises qu’il assumait mal… tout en profitant bien de ses avantages. Il préférait qu’on l’appelle Diego mais personne ne l’appelait ainsi ! Il habitait chez ses parents une maison moderne sur pilotis qui tournait avec le soleil. Ce pavillon de 1000 m2 avait une piscine au sous-sol et toute la domotique dernier cri. Un immense portail avec vidéo et reconnaissance faciale était le passage obligé pour avoir un lien avec l’extérieur. Peu de gens entraient donc chez Jacques-Henri qui avait peu d’amis. Son père était PDG d’un grand groupe financier. Il ne parlait que profits, exonération d’impôts, sociétés écran et paradis fiscaux. Sa mère tuait son ennui en faisant refaire la décoration de sa maison. Elle faisait changer ici un sol, là une tapisserie, là encore réaménager le salon au gré des saisons, des tendances ou de ses envies.

C’est ainsi que Jacques-Henri avait un jour croisé Lou. Elle marchait derrière un peintre qui portait un escabeau et avait elle-même de gros seaux de peinture au bout de chaque bras. D’autres suivaient et se dirigeaient vers la chambre d’amis du rez-de-chaussée. Celle qui comprenait une salle de bains, un dressing et un espace sport. Jacques-Henri fut intrigué par cette fille. Ne fait-elle pas un métier réservé aux hommes ? Est-ce son mari qu’elle suit ou qu’elle précède ? N’aurait-il pas dû lui proposer de porter les seaux ? A quel moment pourrait-il lui parler ? Une fille comme elle pourrait-elle l’aimer ? Car lui était déjà amoureux. Le soir, il entrait dans la chambre d’amis. Il soupesait les pots de peinture, caressait les pinceaux et rouleaux, respirait cet air qu’elle avait peut-être elle aussi respiré, posait ses mains sur les murs qu’elle avait peut-être repeints. Il décida de la suivre pour savoir où elle habitait. Il regarderait le portail, lirait le ou les noms inscrits sur la boîte aux lettres. Il irait avec son appareil photo pour garder trace de tous les détails qui pourraient lui échapper lors de sa visite.

Lou remarqua le curieux manège du jeune homme qui passait et repassait devant la chambre d’amis. Pendant un après-midi entier, il prit des photos dans le jardin, photos de la maison et surtout de cette pièce où elle travaillait. Un soir, Lou vit qu’il entrait dans sa voiture de sport rouge au moment où elle et les autres peintres rejoignaient leurs fourgons. Elle vit dans le rétroviseur qu’il les suivait. La voiture rouge fit une pause à une centaine de mètres de l’entreprise. Elle s’aperçut que le jeune homme de bonne famille prenait le même train de banlieue qu’elle, avec des lunettes noires. Elle rentra chez elle sans plus prêter attention à lui.

Le lendemain, en ouvrant ses persiennes comme d’habitude en rentrant, elle vit le jeune homme qui se cachait derrière un muret. Le jour suivant, elle monta chez sa voisine du dessus d’où elle put l’observer, posté au même endroit que la veille, l’objectif de son appareil photo dirigé vers sa fenêtre à l’étage du dessous. Il attendit là longtemps.

Roméo_et_Juliette

Le surlendemain, elle alla le trouver. Il fut pour le moins décontenancé quand il la vit s’approcher de lui. Il lui déclara son amour. Elle en fut d’abord amusée. Elle fut aussi étonnée par ses mots, ses sentiments, sa manière de s’exprimer, comme au théâtre ! Oui, elle fut surprise… et touchée. Elle lui dit : « Écoute mec, j’suis pas love et on n’est pas du même monde tous les deux. Mais si ça t’amuse, pour ce soir, j’suis OK pour être ta Juliette sur mon balcon. Toi, tu s’ras Roméo qui me prends en photo. J’posterai ça sur Instagram, ça m’fra plein de vues ! »


C’est ainsi que débuta une fabuleuse d’histoire d’amour entre Jacques-Henri et Lou.

17 octobre 2023

Le Chat / Anne J.

 

étang

Ce matin là, elle s'était levée tôt et d’humeur chagrine.
Elle avait pris le sentier qui longe l'étang ;
elle cheminait tranquille, caressée par la bruine
malgré le froid mordant.

C'était l'hiver sur la terre
et l'herbe glacée craquait sous ses pas.
Il ferait bon rentrer après l'exercice
qu'elle faisait d'un pas allègre
pour se réchauffer.

C'est une petite plainte portée par le silence
qui la fit s’arrêter
et chercher sur la berge un oiseau blessé.
Ce fut un chaton minuscule aux yeux à peine ouverts,
transi par la gelée,
seul et abandonné.

ChatElle le prit dans ses bras et délicatement
l'enroula dans son écharpe
avant de le glisser dans sa poche.
Au chaud le petit se mit a ronronner
puis réclama quelque chose à manger
par d'insistants miaulements.

Ce fut le début d'une longue histoire

Le chat grandit et prit sa place.
Observant les alentours de ses yeux d’émeraude,
trônant sur la chaise ou le lit,
patounant sur les couvertures
et grattant les fauteuils,
il occupe les lieux.

Tout propriétaire d'un chat sait bien
qu il n'est qu 'un invité
dans sa propre maison.

17 octobre 2023

T comme The Portiers / Adrienne

 

Lucas

7 novembre 2023

Devinette 3 de 4 / Anne-Françoise

AEV 2324-07 Anne-Françoise 3 bis

Est-ce un défaut anatomique ? Une jambe plus courte que l’autre ? Une scoliose ? La tête trop lourde ?

Est-ce un problème psychologique ? Une difficulté à regarder la vie bien en face ? Une volonté d’amadouer ? La confession d’un penchant inavouable ?

La dame ne repose pas bien sur ses fondations. On lui a pourtant pris des tas de clichés. Mais peut-être faut-il faire davantage d’examens encore ?

Elle a fait un tour en Italie avant de s’y établir, un pis-aller peut-être ?

Mais peut-être qu’il faut lui laisser ce charme.

La dame s’incline sans doute respectueusement devant ceux qui l’admirent ?


Qu'est-ce que c'est ? Réponse (cliquez ici, maintenez enfoncé et tirez la souris vers la droite) : La Tour de Pise

9 mai 2023

Consigne d'écriture 2223-29 du 9 mai 2023 : Contempler

Contempler


Dans le magazine hebdomadaire du journal "La Croix" on peut trouver une rubrique intitulée « Contempler ».

Sur la page de droite figure une reproduction d’une œuvre d’art, photographie, tableau, sculpture, édifice religieux...

Sur la page de gauche Pascal Dethurens, professeur de littérature comparée, exprime ce qu’il ressent ou ce qu’il connaît de l’oeuvre choisie.

A vous de le remplacer cette semaine où il est indisponible. On vous donne donc une image à contempler et on vous demande d’écrire ce qu’elle vous inspire. Malheureusement le Gaston Lagaffe de service a perdu les noms des auteurs de ces tableaux et ne peut vous fournir que le titre de votre article à retrouver dans la liste suivante

Cathédrale de forêt - Cette boue dont la lumière fait de l’or - Comme le regard d’un dieu – Dépossession – Énigme - Face à l’horizon - Heureux voyageurs - Innocence joyeuse - Jouer avec les forces - L’Écho du silence - L’Espoir d’un octogénaire - Le Monde à l’envers – Métamorphoses - Mirage de lumière - Tout est vanité - Voyeurs ?

N.B. Vous pouvez cliquer sur les images ci-dessous pour les agrandir

 Contempler 1

 Contempler 2

 Contempler 3

 Contempler 4

Contempler 11

 Contempler 6

Contempler 8

 Contempler 9

 Contempler 10

 Contempler 12

19 septembre 2023

Maison pleine de fenêtres / Maryvonne

2023-09-19 285 17 recadrée

Dans l'appartement que vous pouvez situer au rez-de-chaussée droit, la mama est en colère. Elle frappe le plafond de son manche à balai pour montrer qu'elle a quelques griefs envers ses voisins du dessus. Ohé ! Que se passe-t-il ? Pourquoi ces cris un lendemain de Noël ?

La famille Orange s'étripe à propos d'une certaine vedette que nous appellerons «  l'homme à la hotte  » qui a l'habitude de faire ses virées le soir du 24 décembre. Soit-disant que le père, pour faire une blague, avait mis à l'intention du père Noël une boisson qui n'était pas parmi les rituels. A la place du petit café ou du chocolat il avait mis un grand verre de kir bien dosé. Ça avait brisé son rythme de livraison. De plus il allait s'enfiler un petit porto au deuxième gauche, un whisky chez le dentiste et un petit rhum chez l'artiste du troisième gauche. Forcément il s'effondra sur le palier de la famille Orange, le nez dans une pituite * des plus glaireuses.

Quand la mère ouvrit le loquet le lendemain matin elle poussa les hauts cris devant le spectacle : la magie de Noël revue et corrigée par « Jojo la Frite », le clodo du square sous son bonnet de père Noël. Le hurlement réveilla la maisonnée et le père fût accusé de crime de lèse-majesté mais il opposa un démenti sévère, faisant mine de s'offusquer : « Quoi ? Saouler le père Noël ? Moi ? Jamais ! ». 

L'enfant se mit à hurler que dans cet immeuble, il y avait une bande d'enfoirés qui ne respectait même pas la magie de Noël ! Enfoirés ! Retire-moi ça tout de suite ! dit le père, les joues rouge safran. 

Quand la mère ramena sur la table le risotto au repas de midi, personne n'eût trop faim vu qu'il ressemblait à la pituite du matin. La mère retira le plat pour le remplacer par une belle bûche qui avait été votée à l’unanimité.

 Noël, c'est Noël quand même !
 

* Liquide glaireux que certains malades, notamment les alcooliques, rejettent le matin à jeun.

12 septembre 2023

Franck / Maryvonne

AEV 2324-01 Maryvonne - Franck

J'ai envie de dire que j'en ai plus qu'assez de faire les courses. Déjà, pousser un chariot n'a rien de sexy et dans ces grandes cathédrales de la consommation il y a des fidèles en masse. J'ai envie de dire : Je fais ma prière. Oh ! Pourvu que je ne rencontre pas un père d'élève avec le slip que je viens d'acheter au fond du caddy ou que je croise un ancien amoureux avec la revue qui titre « Comment liquider son ex » !

J'ai beau avoir la liste des fruits de saison sous les yeux que je recommande à tout le monde, il est certain que mon ami va remarquer les tablettes de chocolat au lait Lindt.

Il est impossible de dissimuler le papier toilette et les protections féminines qui voudraient faire croire que je suis une femme jeune. J'ai envie de dire qu'un caddy c'est trop intime parfois. Eh oui, je suis pudique et bien que je m'appelle Franck, je suis plus connue sous le nom de Franckie depuis ma dernière opération. Alors on fait comment pour la course à la dissimulation ?

26 septembre 2023

Photos de profession de foi / Anne J.

AEV 2324-03 Anne J

C'est le neuvième dessin proposée par l'animateur qui a retenu mon attention, me donnant envie d'aller fouiller dans l'étagère des albums photos de l 'époque révolue où on faisait des albums avec des petites photos dentelées en noir et blanc, collées avec des coins photos dont la colle se décompose.

Je n'ai pas trouvé de photo de moi, nue sur une peau de mouton mais quelques photos qui paraissent d'un autre âge avec mon père, ma mère et mes deux tantes célibataires sur la plage de Saint Malo souvent ou dans le jardin du Thabor. En feuilletant j y ai croisé deux photos que j'adore : une de mon père qui rit sur un vélo d'enfant taille 5 ans en faisant mine de gagner le tour de France dans le parc de Maurepas ; sans doute prise par ma mère, même si je n'ai aucun souvenir d'elle en train de prendre des photos. Et une photo parmi d'autres de nous 4 ou 5 avec des pulls identiques tricotés main quand ce n'est pas des maillots de bain - également en tricot ! - en rang d'oignon et par ordre de taille comme les portraits des Dalton. Évidemment comme c'est moi l'aînée je joue le rôle d’Averell mais il manquait Rantanplan.

AEV 2324-03 Anne JEt voilà celle que je cherchais : une photo déjà en couleurs de ma sœur Élisabeth et de moi en communiantes. Je n'ai pas remis la main sur celle, en noir et blanc, sur le même thème faite par un photographe professionnel en studio à propos de laquelle je voulais vous raconter cette anedocte.

Ma sœur et moi avons quatorze mois de différence et alors que j'étais en 5ème et elle en 6ème , il se trouve que nous avons fait notre profession de foi, dite aussi communion solennelle, ensemble . Or il se trouve que moi j'avais déjà quasiment ma taille adulte et ma sœur devait mesurer 15 voire 20 centimètres de moins que moi.

Le photographe professionnel plein de tact avait juché ma sœur sur une caisse en bois pour que nos visages soient à la même hauteur . Je pense que ma sœur avait trouvé cela un peu humiliant et moi ça m'avait aussi un peu choquée au point que plus de cinquante ans après je m'en souviens encore.

Mais sur la petite photo en couleurs sans doute prise par un tiers avec l'appareil photo tout neuf reçu en cadeau pour l'événement, pas de montage . On voit donc bien la différence et le fait que mon aube était à peine assez grande pour me couvrir les mollets .

Les Photographes de Dubout

Le rapport à la photographie a bien changé car il y a 70 ou 80 ans, on avait quelques photos de bébés nus, des photos de communion, des photos de départ à la guerre, des photos de mariage, d'anniversaires de mariages et des photos des personnes sur leur lit de mort . Rien à voir avec les milliers de selfies des amoureux ou des voyageurs devant tous les monuments du monde, aucune commune mesure avec les 900 ou 950 photos de mes cinq semaines de vacances de 2022 qui sont toujours en vrac dans mon ordinateur.

Réapprendre la sobriété photographique serait dans l'air du temps, en tout cas bienvenue pour ceux ou celles qui videront mes armoires après ma mort, à moins que, pleine de courage, je ne jette à la poubelle toutes les boites de négatifs, photos de paysages sans identité et autres horreurs sans valeur qui traînent dans mon étagère . Bonne résolution de la rentrée 2023 à l'atelier d'écriture ?

7 novembre 2023

Texte-devinette n° 1 de 3 / Anne J.

AEV 2324-07 Anne J

On dit de vous , si vous n'en avez pas l'usage, que vous avez oublié d'être intelligent ou du moins que vous n'avez pas forcement la lumière à tous les étages.
 
C'est un objet que vous pourriez utiliser pour raccommoder vos chaussettes mais qui est ici employé à un autre usage, celui de répartir en petites portions une matière jaune que mon médecin m'a déconseillé de manger, du moins en grande quantité, quelque chose de comestible et délicieux surtout quand il est salé.

L'inventeur de cet objet a sûrement remporté le concours Lépine car lui l'avait inventé !

Et si vous n'avez pas trouvé , on vous traitera de «  deux de pique » ( au Québec) et ici de lapin crétin.

***

De quoi s'agit-il ?

Réponse (cliquez ici, maintenez enfoncé et tirez la souris vers la droite) : Le fil à couper le beurre

14 novembre 2023

Trois poèmes idiots ? / Anne J.

Ciaran
Domingo
Federico

Les tempêtes sont elles
Des migrants illégaux
Sans permis de séjour ?

2023-11-03 Nikon 82

***

J'aime les raviolis,
Les petits Chinois,
Les gros Géorgiens
Et les classiques italiens.

Le monde a beaucoup à apprendre
De ces petits oreillers délicieux
Pour se reposer
Des fracas du monde.

AEV 2324-08 Anne J

***
A propos d’oreiller
Le mien est un espace partagé
Et toujours occupé

La nuit c’est moi
Le jour c’est le chat

La guerre n’a lieu
Qu’au petit matin
Et tard le soir

Pourrait-on résoudre
Les conflits du monde
De cette façon ?

AEV 2324-08 Anne J

21 novembre 2023

Le Jour suivant / Jean-Paul

AEV 2324-09 JK 01Le jour suivant Mitsumasa fut très déçu par le Grand Canal : il était tout petit ! Au pied de l'église Santa Maria della Salute il n'y avait que cinq gondoles. C'est tout juste si les gondoliers présents ne se battaient pas entre eux pour proposer une balade en amoureux au seul couple de touristes qui déambulait à proximité de l’embarcadère sur la piazzetta.

AEV 2324-09 JK 07C'est vrai qu’au prix de la course vers le Pont des Soupirs ou le Rialto il ne fallait pas aller chercher plus loin les vrais pigeons de Venise.

Mitsumasa alla s'enregistrer à la Pensione Wildner où il hérita de la chambre n°28. Ce numéro était également celui du jour où il était né. Après avoir confié son cheval à un palefrenier très bronzé il revint à pied prendre la température du lieu.

AEV 2324-09 JK 03Tout était pittoresque en diable ! Devant l'église fermée deux paysannes locales, un fichu sur la tête, semblaient se prendre en photo avec une perche à selfie. C'était d'autant plus incongru qu’un peu plus loin à droite un photographe de rue proposait ses services à un officier de marine accompagné d'une hôtesse de l'air. Son appareil ancestral, semblable à ceux dessinés par Albert Dubout dans son recueil « Les Photographes » était posé sur un trépied et devait encore fonctionner avec des plaques rigides.

AEV 2324-09 JK 05- Soit quelque chose cloche par ici, soit il y a des problèmes dans la temporalité de cet univers ou de l'Italie tout entière ! » songea Mitsumasa.

 De fait, à droite du photographe, un médecin en robe et portant un chapeau moyen-âgeux avait posé sur des tréteaux roulants trois gobelets renversés. 

AEV 2324-09 JK 09Proposait-t-il une partie de bonneteau ? Ou bien, comme il brandissait un flacon, commercialisait-il en Europe le fameux élixir du docteur Doxey fabriqué en Amérique avec des ingrédients qui devaient rester aussi secrets que la lettre de Coralie ?

Mitsumasa avait eu droit, sans en comprendre un traître mot, à toute l'histoire que Giacomo avait contée à voix forte au gendarme de Saint-Tropez en képi et ceinture blanche et qu’avait écoutée également dame Véronica en jupe rouge et pull vert.

AEV 2324-09 JK 02- Je l'ai retrouvée dans mon grenier cette lettre écrite par une certaine Coralie il y a quelques vingt ans ! D'après son contenu il paraît que j'étais chargé de la remettre alors à mon ami Giambattista. C'est une jeune fille de 19 ans qui était tombée amoureuse de lui bien qu’il fût marié depuis peu et qui lui disait son souhait de le revoir pour l'embrasser  !

- Et plus si affinités, sans doute ? demanda Veronica.

- On ne saura jamais ! Si j'ai retrouvé la lettre vingt ans après c'est que je ne l'ai pas remise !

- Mais tu es un vrai père La Morale, Giacomo Crapovio ! commenta le gendarme. Je n'aurais jamais cru cela de toi !

- Un père La Morale ? Tu parles ! Un vrai tue-l’amour, oui ! commenta Véronica.

AEV 2324-09 JK 04

A proximité, deux touristes français, un homme et une femme, s'étaient assis sur les marches de l'église avec leurs lourdes valises posées à même le sol. Sans doute repartaient-ils vers la gare. Ernest avait encore sur l'arcade sourcilière le sparadrap dont Margaret l'avait artistiquement décoré après la bagarre de la veille au Harry’s bar.

- Eh bien ! On s'en souviendra de notre voyage de noces à Venise ! rigolait-elle.

- Je savais que l'Italie avait la réputation d'être un peu tape-à-l'oeil mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi frappant ! admit Ernest.

AEV 2324-09 JK 06Un peu plus loin sur les marches trois ragazzi della cita, des ados en goguette, des zazous en sweat à capuche zonaient en zyeutant le groupe de touristes attroupé autour de Zampano qui chantait des tarentelles accompagné de Gelsomina à l'accordéon. Il y avait peut-être des poches à se faire, mieux remplies que celle qu’Ernest avait sous les yeux.

Comme on approchait de midi Mitsumasa alla s'installer en terrasse du restaurant proche. Il ne déjeuna pas vraiment tranquillement : il fut importuné alors qu'il dégustait son plat de spaghetti par une mendiante qui portait son bébé dans un sac ventral puis par une gamine qui tenait à tout prix à ce qu'il lui achetât un bouquet de fleurs pour sa « donna ».


AEV 2324-09 JK 08

 Il avait trop peu encore de vocabulaire italien pour pouvoir expliquer à la fillette qu’il avait divorcé récemment et qu'il était revenu en Italie afin de retrouver une nommé Coralie qu'il avait connue par ici une vingtaine d'années auparavant.

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