Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
17 octobre 2023

Consigne d'écriture 2324-06 du 17 octobre 2023 : Sub/objectif n° 1

Sub/objectif n° 1

 

Sub/objectif est une revue de photographie de l'Université de Rennes dans laquelle on publie des photos argentiques, essentiellement en noir et blanc. Nous avons ôté les agrafes centrales de ce portfolio. Pour les besoins de l'édition les photos se sont trouvées associées deux par deux sur une feuille 21 x 29,7 cm au format paysage. Le hasard fait donc voisiner "Haut le coeur" et "Les douanières", Lucile T. et Jeanne B.

Le hasard ? Un simple voisinage ? Peut-être, mais vous qui êtes le "Deus ex machina" ou une écrivante imaginative ce jour ("Dea ex machina ?"), vous allez nous raconter le lien qui existe entre des deux photos, ce qui se passe entre les deux. Rédigez un récit qui sera inspiré et illustré par ces deux photos. 

Cliquez sur les images pour les agrandir

Sub-objectif n° 1 03 réduit

Sub-objectif n° 1 04 réduit

Sub-objectif n° 1 05 réduit

Sub-objectif n° 1 06 réduit

Sub-objectif n° 1 07 réduit

Sub-objectif n° 1 08 réduit

Sub-objectif n° 1 09 réduit

Sub-objectif n° 1 10 réduit

Sub-objectif n° 1 11 réduit

Sub-objectif n° 1 12 réduit

Sub-objectif n° 1 13 réduit

Sub-objectif n° 1 14 réduit

Sub-objectif n° 1 17 réduit

Sub-objectif n° 1 15 réduit

Sub-objectif n° 1 16 réduit

Sub-objectif n° 1 19 réduit

Sub-objectif n° 1 23 réduit

Sub-objectif n° 1 22 réduit

Sub-objectif n° 1 21 réduit

Sub-objectif n° 1 20 réduit

Sub-objectif n° 1 18 réduit

 

Publicité
Publicité
17 octobre 2023

Visite originale / Maryvonne

 vélo

 voiture

Après avoir accroché son vélo aux ganivelles du chemin de plaisance, Claude Jouanne a rendez-vous avec Nicolas Xéres pour aller visiter le cimetière du nord à Rennes. Nicolas commence par lui montrer sa nouvelle voiture, selon lui un joujou extra qui fait « crac boum hue ! ». Il dit que c'est quand même ballot de rouler à 30 à l'heure avec une telle « machina ». Claude avec son vieux biclou ne semble pas épaté mais bon en route ! A pied cette fois pour la visite.

Nicolas a promis des lieux étonnants . Suivons leurs pas. 

AEV 2324-06 Maryvonne - Cimetière du Nord 3A l'entrée, sous le porche de la coupole, deux militaires endormis là depuis on ne sait plus quelle guerre ont les honneurs. C'est écrit, gloire aux vieux débris de la guerre. Ça donne déjà le ton. A gauche dans la partie la plus ancienne, une vieille pierre tombale est décorée de bouchons de liège. On ne sait plus qui est là mais avec ciboire et calice en relief il pourrait bien s'agir d' un religieux. La légende veut que venir y déposer un bouchon peut aider à vous guérir de l'alcoolisme ! Modernité oblige on y trouve parfois des capsules de bière. Il paraît mais moi j'dis ça, j'dis rien, que les employés du cimetière ne seraient pas étrangers à ce rite.

Un peu plus loin la section devient chic, une sorte de Père-Lachaise rennais. On y croise des anciens maires, des architectes, des évêques.

Discrètement derrière un if, Maître Odorico repose sous une mosaïque délicate dans les tons violets et parme qui représente un pavot. Une jardinière modeste faite de petites tesselles complète l'harmonie.

AEV 2324-06 Maryvonne - Cimetière du Nord 2De cet endroit on aperçoit la tombe toute en verdure de la Sainte aux pochons. Entièrement recouverte de lierre, elle abrite le corps de Madame de Coëtlogon réputée être morte en odeur de sainteté et est l'objet d'un rituel. Les malades viennent prélever de la terre au pied de sa sépulture pour l'emporter durant neuf jours dans un pochon. Au retour de celui-ci au cimetière la sainte intercédera en leur faveur pour obtenir une guérison.

En chemin vous croiserez un oxymore : Joseph Turmel, prêtre et membre de la libre pensée.

Dans un virage voilà deux tombes d'une même famille, comme des lits jumeaux qui se côtoient mais dans des croyances différentes. Un ange veille et prie sur les uns tandis que pour les autres un macaron révèle qu'ils ont légué toute leur fortune aux œuvres sociales et laïques. Ce dernier, Joseph Beaugeard avait à Rennes un grand magasin d'ameublement : « Au vieux chêne ». On se dit que ces deux frères ont bien dû se prendre la tête aux repas de famille.

Plus loin encore, voilà la somptueuse sculpture, enfin une copie, d'un sculpteur rennais à la triste histoire. Léofanti. ayant présenté son œuvre au prix de Rome, ne fût pas primé. Son Christ avait, semble-t-il, un déhanché pas trop catholique. En revenant de cette humiliation il se suicida en se jetant du train.

Et puis tout au fond vous arrivez chez les gens du voyage, les forains et les gitans. Sans doute las de leurs incessants voyages, ils souhaitent se construire une imposante villa pour le reste de leur séjour sur terre. Certains monuments valent le prix d'un appartement. Catholiques, évangélistes ou pentecôtistes, leurs grandes tombes sont ornées de gravures et de versets religieux.

AEV 2324-06 Maryvonne - Cimetière du Nord 1

Si un jour les deux garçons veulent trouver une autre histoire de Rennes, au cimetière de l'Est ils trouveront les soldats français, mais aussi ceux du Commonwealth, les victimes des bombardements, le monument pour ceux qui donnent leurs corps à la science, des carrés musulmans ou asiatiques. Il y a aussi le discret petit cimetière Saint Laurent.

17 octobre 2023

T comme The Portiers / Adrienne

 

Lucas

17 octobre 2023

Le Chat / Anne J.

 

étang

Ce matin là, elle s'était levée tôt et d’humeur chagrine.
Elle avait pris le sentier qui longe l'étang ;
elle cheminait tranquille, caressée par la bruine
malgré le froid mordant.

C'était l'hiver sur la terre
et l'herbe glacée craquait sous ses pas.
Il ferait bon rentrer après l'exercice
qu'elle faisait d'un pas allègre
pour se réchauffer.

C'est une petite plainte portée par le silence
qui la fit s’arrêter
et chercher sur la berge un oiseau blessé.
Ce fut un chaton minuscule aux yeux à peine ouverts,
transi par la gelée,
seul et abandonné.

ChatElle le prit dans ses bras et délicatement
l'enroula dans son écharpe
avant de le glisser dans sa poche.
Au chaud le petit se mit a ronronner
puis réclama quelque chose à manger
par d'insistants miaulements.

Ce fut le début d'une longue histoire

Le chat grandit et prit sa place.
Observant les alentours de ses yeux d’émeraude,
trônant sur la chaise ou le lit,
patounant sur les couvertures
et grattant les fauteuils,
il occupe les lieux.

Tout propriétaire d'un chat sait bien
qu il n'est qu 'un invité
dans sa propre maison.

17 octobre 2023

Ou on va / Jean-Paul

« Ou on va
Ou va-t-on ?
Vers où s’en va-t-on ?
Vers un cercueil en carton ?
Vers la canonisation ?
Quel joli mort deviendra-t-on ?
Quelle jolie morte sera-t-on ?
Deviendra-t-on sainte aux pochons ? 1
Finira-t-on en vieux ronchon
Quand nos petits-enfants colleront
Sur notre dernière demeure
Des Pikachu, des Bob l’éponge, des petits coeurs,
Des graffs, des tags ou des pochoirs
Pour nous faire passer l’goût du noir
Et nous dire adieu en couleurs ? »

barque

 Lucile a posé son crayon.
Elle n’a pas l’âge, pas l’accordage – cordes en nylon -
De composer cette chanson,
De poser ces vers de vieux con.

C’est juste une divagation,
Un fruit de l’imagination.

Elle n’a aucune préoccupation
Concernant la fin du voyage.

Vingt ou vingt-cinq ans ? Un ponton,
Une coque, des cordages,
Une cabine, un bastingage,
Elle vient juste de prendre la mer,
Toute tranquille depuis l’aber.
Elle a l’âge des bavardages,
Des randonnées le long des plages,
De marcher sur les coquillages,
De se reposer au mouillage
Ou de revoir son maquillage.

Son œil se pose sur les roses,
Sur les lumières en osmose,
Sur la Toussaint des ouvertures
Et sur les chemins d’aventures.

Elle a toutes ses facultés
Et tous les univers cités
Dans la grande encyclopédie
Sont de potentiels points d’envol
Sans point de chute défini.

Tous les printemps sont d’hirondelle
Tous les hivers sont des pays,
Rien ne compte, on ne compte rien
Et surtout pas le temps qui passe
Ni ces gens là-bas qui trépassent.

C’est une espèce d’allégresse
Qui a pour nom, je crois, jeunesse.
C’est la vie ! C’est l’âge tout glisse,
C’est lâge du buzz,
C’est l’âge du Blizz, 2
C’est l’âge de la chasse au grizzly
Et tous les étudiants justement sont barbus,
Baraqués, poilus, chevelus.

Patins

Ils se retrouvent le jeudi
Pour deux heures à la patinoire.

Pourquoi se demanderaient-ils
Où ils vont,
Bulles de savons,
Puisqu’ils sont à l’âge de l’éclate,
A l’âge qu’« un rien nous épate »
Où c’que l’alcool vous scie les pattes,
Où c’que les patins tiennent salon
Dans l’couloir d’entrée d’la maison
Épaule contre épaule dans un tendre abandon,
L’âge des discours sans oraison
Ou des discours sans horizon
Que le grand bonheur d’« A jeudi
Pour le plaisir,
Main dans la main,
De tourner en rond sur la glace ! ».

Ils ont raison
Lucile, Youssouf, Jeanne, Yannis,
Anita, Noémie, Diego...

« Ou on va »
N’est pas une question.

« Ou on va » n’est pas une question
S’il y manque la mise au point,
S’il n’y a point d’interrogation,
Pas de point d’interrogation
Ni d’accent grave sur le ù !

1  La sainte aux pochons est une tombe particulière dans le cimetière du Nord à Rennes

2  Le Blizz est le nom de la patinoire de Rennes

Publicité
Publicité
17 octobre 2023

Lou et Charles-Henri / Anne-Françoise

Lou

Lou partait au travail dès 7 h 30 du matin. Elle attendait le dernier moment pour se lever, attachait ses cheveux, enfilait une salopette, avalait son petit déjeuner debout et quittait son HLM. Elle rentrait en toute fin d’après-midi, ouvrait les persiennes et se tenait à la fenêtre d’où elle regardait les enfants jouer sur le parking. Elle se reposait là chaque soir de sa dure journée de travail après avoir retiré sa salopette maculée de peinture et enfilé une salopette propre. Elle aimait ce moment où les habitants se rencontraient et se parlaient dehors ou à leurs fenêtres.

Portrait de DiegoJacques-Henri avait des origines bourgeoises qu’il assumait mal… tout en profitant bien de ses avantages. Il préférait qu’on l’appelle Diego mais personne ne l’appelait ainsi ! Il habitait chez ses parents une maison moderne sur pilotis qui tournait avec le soleil. Ce pavillon de 1000 m2 avait une piscine au sous-sol et toute la domotique dernier cri. Un immense portail avec vidéo et reconnaissance faciale était le passage obligé pour avoir un lien avec l’extérieur. Peu de gens entraient donc chez Jacques-Henri qui avait peu d’amis. Son père était PDG d’un grand groupe financier. Il ne parlait que profits, exonération d’impôts, sociétés écran et paradis fiscaux. Sa mère tuait son ennui en faisant refaire la décoration de sa maison. Elle faisait changer ici un sol, là une tapisserie, là encore réaménager le salon au gré des saisons, des tendances ou de ses envies.

C’est ainsi que Jacques-Henri avait un jour croisé Lou. Elle marchait derrière un peintre qui portait un escabeau et avait elle-même de gros seaux de peinture au bout de chaque bras. D’autres suivaient et se dirigeaient vers la chambre d’amis du rez-de-chaussée. Celle qui comprenait une salle de bains, un dressing et un espace sport. Jacques-Henri fut intrigué par cette fille. Ne fait-elle pas un métier réservé aux hommes ? Est-ce son mari qu’elle suit ou qu’elle précède ? N’aurait-il pas dû lui proposer de porter les seaux ? A quel moment pourrait-il lui parler ? Une fille comme elle pourrait-elle l’aimer ? Car lui était déjà amoureux. Le soir, il entrait dans la chambre d’amis. Il soupesait les pots de peinture, caressait les pinceaux et rouleaux, respirait cet air qu’elle avait peut-être elle aussi respiré, posait ses mains sur les murs qu’elle avait peut-être repeints. Il décida de la suivre pour savoir où elle habitait. Il regarderait le portail, lirait le ou les noms inscrits sur la boîte aux lettres. Il irait avec son appareil photo pour garder trace de tous les détails qui pourraient lui échapper lors de sa visite.

Lou remarqua le curieux manège du jeune homme qui passait et repassait devant la chambre d’amis. Pendant un après-midi entier, il prit des photos dans le jardin, photos de la maison et surtout de cette pièce où elle travaillait. Un soir, Lou vit qu’il entrait dans sa voiture de sport rouge au moment où elle et les autres peintres rejoignaient leurs fourgons. Elle vit dans le rétroviseur qu’il les suivait. La voiture rouge fit une pause à une centaine de mètres de l’entreprise. Elle s’aperçut que le jeune homme de bonne famille prenait le même train de banlieue qu’elle, avec des lunettes noires. Elle rentra chez elle sans plus prêter attention à lui.

Le lendemain, en ouvrant ses persiennes comme d’habitude en rentrant, elle vit le jeune homme qui se cachait derrière un muret. Le jour suivant, elle monta chez sa voisine du dessus d’où elle put l’observer, posté au même endroit que la veille, l’objectif de son appareil photo dirigé vers sa fenêtre à l’étage du dessous. Il attendit là longtemps.

Roméo_et_Juliette

Le surlendemain, elle alla le trouver. Il fut pour le moins décontenancé quand il la vit s’approcher de lui. Il lui déclara son amour. Elle en fut d’abord amusée. Elle fut aussi étonnée par ses mots, ses sentiments, sa manière de s’exprimer, comme au théâtre ! Oui, elle fut surprise… et touchée. Elle lui dit : « Écoute mec, j’suis pas love et on n’est pas du même monde tous les deux. Mais si ça t’amuse, pour ce soir, j’suis OK pour être ta Juliette sur mon balcon. Toi, tu s’ras Roméo qui me prends en photo. J’posterai ça sur Instagram, ça m’fra plein de vues ! »


C’est ainsi que débuta une fabuleuse d’histoire d’amour entre Jacques-Henri et Lou.

10 octobre 2023

Consigne d'écriture 2324-05 du 10 octobre 2023 : Une autre ville

Une autre ville

 

C’est une ville au bord de la mer. Il y a des choses écrites sur les coques des bateaux, les frontons des maisons, les enseignes des boutiques, les affiches. Vous trouverez bien dans cette liste de quoi raconter une histoire, évoquer un souvenir, écrire un poème, un rêve, un cauchemar... tout cela se déroulant dans une autre ville que la vôtre.

Rue de la Petite île – Sandy – Le Galéjeur – Le Brigand – rue Marius Allégret – rue Emile Zola – Bord de mer – Toto le clown – La Coquillonne – La Farandole – La Chimère – L’Espérance – La Mamma – Grain de sable – Fleur des dunes – Le Trou du diable – Souvenirs de vie - Équateur – Je marche, je roule, je reste cool – Je ne suis pas toujours chiante, parfois je dors – Vieux loup de mer – Le Chaos – Café de la plage – L’Heure des sages – La Baigneuse – Hôtel Frédéric – Chez Marion – Colette – Dune interdit – L’Instant présent – Bonne brise – La Paisible – Villa Félicité – Un ange passe – La Déferlante – Les Roses – Château Mille roses – Les Chouchous – Fruit de la passion – Hugo – Condor – Dans ma bulle – Caraco – La Maison du bonheur – Quai du port fidèle – Fée no men – La Bella vita – La Corvette – Les Jolies Françaises - Les Oiseaux voyageurs – Partir en livre – La Sirène – Je suis Gaïa – Trois sœurs – Violette et moi – Atoll – Patchouli – Péché mignon – La Belle époque - Croisière – Les Secrets de Louison – La Vie

2023-08-14 Nikon 14

2023-08-15 285 6

2023-08-15 Nikon 1

 

10 octobre 2023

Nostalgie-sur-mer (2) / Maryvonne

2023-08-15 Nikon 20

Dans cette ville en bord de mer, point n'est besoin de monument ultra-moderne. On se plaît à redécouvrir le côté désuet des magasins, de la poste, des cafés à l'ancienne comme chez Marion. Pour un peu on s'imaginerait en crinoline, une ombrelle à la main, coiffée d'une capeline avec des roses sur le côté. On se la joue « bella vita » jusqu'à prendre un air privilégié, un peu poseuse au café de la Plage, genre la belle époque.

Soudain apparaît la baigneuse de 11 h 05 ; elle nage jusqu'à midi. C'est bien de connaître les habitudes des résidents ou des touristes, il semble alors que l'on fait corps avec eux.

Tiens je remarque que trois sœurs se retrouvent chaque soir sur un banc face à la mer. Elles attendent le coucher de soleil et espèrent voir un jour le fameux rayon vert.

A «  l’Hôtel Frédéric », quand la patronne parle de nous avec le vieux loup de mer, qui vient s’asseoir sur le bord de la fenêtre, elle nous appelle du terme générique «  les baigneurs » qu'elle donne à ses pensionnaires. C'est une vieille habitude locale.

2023-08-14 Nikon 14Pas de séjour sans une séance de moules-frites chez la Mamma, rue de la Petite île et une choucroute de la mer à la « Coquillonne », rue Émile Zola. Il semble qu'il soit passé par là. Dans la soirée Violette et moi succombons à une glace, celle aux fruits de la passion est mon péché mignon. C'est avec un peu de culpabilité qu'une fois au moins nous achetons les chouchous à la baraque foraine. C'est en fait un camion avec un nom évocateur « Chez Mignon ». On le retrouve à Rennes à la fête foraine de décembre. On se dit alors qu'il doit y avoir encore quelques grains de sable sous le capot.

Par contre, au même stand, nous ne jouons plus à ces jeux appelés « baise-couillons » depuis longtemps, pour décourager nos enfants. Tout comme on ne se laisse plus avoir par les affiches qui nous proposent des spectacles comme « Guignol et le brigand » ou « Toto le clown ».

D'autres spectacles nous enchantent comme, quand vient la bonne brise, la danse des cerfs-volants qui croisent les oiseaux voyageurs. Tout est à observer. Chacun commente les vagues, la paisible comme la déferlante qui parfois vous arrose lors du ressac. Tout cela façonne des souvenirs de vie.

Je pense avec un pincement au cœur à tous ceux qui n'ont jamais vu la mer. A l'instant présent elle vient d'arriver salle Mandoline et recouvre ma feuille. Je suis à la pêche à la ligne avec mon crayon.

2023-08-14 Nikon 62

10 octobre 2023

Louison et ses livres / Anne J.

Chère Colette

Nous venons d’arriver, Violette et moi, dans une ville étrange qui ressemble à celle où nous passions nos vacances quand nous étions enfants, à la belle époque où nos quatre frères Toto, Riri , Lulu et Hugo nous appelaient les Chouchous parce qu’ils prétendaient que notre mère nous gâtait trop, nous les trois sœurs .

2023-08-15 Nikon 1La Mamma aurait adoré la vieille pension où nous avons posé nos valises et qu’on a judicieusement appelé « Les Oiseaux voyageurs » : elle est sur le bord de la plage, sur le quai du port Fidèle et tout est resté comme au début des bains de mer : des grandes pièces, des lits hauts et trop petits pour nos grandes carcasses, des salles de bain avec des baignoires à pattes de lion et une robinetterie en imitation or, des vieilles armoires et un piano imposant - et faux ! - dans le salon.

Depuis mon accident de vélo, nous voyageons en triporteur et je m’installe chaque jour dans l’espèce de side-car adjacent pendant que Violette pédale comme une folle. Ma devise est « Je marche, je roule, je reste cool » que je hurle à tue-tête dans les descentes seulement car sinon Violette pique sa crise. Quand je ne hurle pas mon slogan favori, je lis pendant les trajets des romans policiers islandais ou des sagas de familles anglaises ou américaines avec d’innombrables tomes et rebondissements. J’envisageais sérieusement d’acheter une liseuse quand j’ai découvert une merveilleuse librairie dans notre ville étrange : Elle se nomme  « Partir en livre » et j’ai trouvé au moins quinze ou vingt volumes que j’ai mis dans mon gros sac à dos. Je m’en lèche les babines d’avance.

2023-08-13 Nikon 54Tu le sais, mon péché mignon ce sont les livres, j’en achète toujours trop et le drame des départs en vacances c’est le choix qu’ il faut faire : pour un week-end , en moyenne c’est deux livres (au cas où il y en aurait un qui ne me plaît pas ) ; pour une semaine cinq livres c’est un bon score mais pour deux semaines on arrive déjà à sept ou huit, alors ensuite !

J’aime le toucher, l’odeur, les caractères, les illustrations, j’adore ouvrir un livre à la première page et entrer dans un nouvel univers ; je retarde le moment de lire le dernier chapitre quelques heures si je me sens triste de devoir le quitter.

2023-08-14 285 2Alors quand je suis revenue de ma visite à « Partir en livre » avec 15 kgs de plus à mettre dans le side-car, Violette n’a pas supporté, elle m’a débarquée à la pension avec armes et bagages et tous mes bouquins, que veux-tu c’est la Vie !

Peux tu venir me chercher au plus vite, c’est rue de la Petite île, tu trouveras facilement.

Je t’offre une bière au café de la Plage et je te le promets :  je ne suis pas toujours chiante, parfois je dors.

Je t’attends, à très bientôt

Louison

10 octobre 2023

La Chimère / Jeanne

La Chimère, ce nom inscrit sur une affiche de théâtre me chantonne tout de suite un air dans la tête, celui venant de la douce voix de Jacques Higelin. Un homme qui m’émeut beaucoup, je ne saurais dire pourquoi. Avons-nous toujours besoin d’avoir une justification à l’émotion ? N’empêche que, voici le message du concerné : « Cauchemars, fantômes et squelettes, laissez flotter vos idées noires, près de la mare aux oubliettes, tenue de suaire obligatoire ».

Le terme de chimère n’appartient pas à ce bout de chanson mais c’est celui-ci qui me revient. Je me balade, seule et en joie, en joie d’être seule. Je rentre dans l’église de la ville sujette de mon errance, allume un cierge, pense gaiement et repars avec une lenteur déambulante. Je ne sais plus à quoi j'ai pensé, sincèrement, mais je sais que cela était rempli de bonnes intentions.

2023-08-15 Nikon 62

La bibliothèque qui se présente face à l’église porte une pancarte avec inscrit La Paisible ; je souris, me demandant comment, devant un tel édifice, pouvons-nous nous sentir autrement que paisibles. Je continue mon chemin, avant d’entamer la grande aventure qui m’attend, ce périple de quatre jours qui m’amènera à l’accomplissement du tour de l’Île. À un tournant de rue, amusée, je me retrouve face à trois bâtisses dont les pancartes, lues successivement, donnent : Un ange passe - Chez Marion - La Maison du bonheur. Cela donne envie, mais l’endroit "Un ange passe chez Marion, la maison du bonheur" n’existe pas réellement, il faudra pour cela passer d’abord par le café, la voisine et la bibliothèque ancienne.

Toujours l’air de « Champagne » qui continue de vivre dans ma tête, je me retrouve à chantonner moi-même ici et là, me surprenant pendant mes retours à l’instant présent. Il est temps d’y aller, je sens que c’est le moment de faire comme le premier pas vers cette longue randonnée. On m’a dit de m'arrêter chez Colette, j’y penserai à mon retour. En attendant, j’ai noté ce poème très inspirant, trouvé dans une librairie aux odeurs d’antan, en feuilletant le recueil d’un anonyme explorateur de cette île :

Nuit humide et froide.
Chaque heure, mes yeux s’ouvrent ;
Toi, tu me regardes,
Cherchant le sommeil dans chaque position,
Dans chaque recoin de mon duvet.
Disparu.
Le bruit de tes vagues me réveille,
En sursaut quelquefois mais
Ce bruit-là me rassure chaque fois.
Coquine Terre-Mère, mais,
Tu m’as offert le plus beau, le plus clair,
Des levers de soleil, celui qui,
M’a redonné l’envie, merci,
Terre-Mère.

Signé : Matin mignon, celui d’un Belle-Île-en-Mer. 

Publicité
Publicité
1 2 3 > >>
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité