Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
17 décembre 2014

Consigne d'écriture 1415-12 du 16 décembre 2014 : Monologues d’après photo

Monologues d’après photo

 

On écrit des monologues d’après des photos d’Edouard Levé et de Peter Lindbergh.

Reconstitutions - Rêves reconstitués d'Edouard Levé

Photos de célébrités par Peter Lindbergh sur  son site web

 

AEV 1415-12 Couv_Lindbergh_600_310x@2x

 AEV 1415-12 Eedouard Levé oeuvres

 

Publicité
Publicité
16 décembre 2014

Cérémonie soit qui mal y pense ! / Jean-Paul

1415-12 Edouard Levé 05

La peste soit de l’avaricelle et des avaricelleux !

Celui-ci a peut-être un langage fleuri mais ses mots - ou ses maux ? – se pressent en boutons sur ses joues et sur son front pendant que son hymne national retentit. Il garde son –leur ? - expressivité pour plus tard. Pustule simplement ne pas être contagieux !

Est-ce une pensée qui couve avant qu’il ne discoure ou une maladie qui incube ? Méfie-toi du feu sous la glace ! Avec le temps, comme tout volcan, bien souvent la rupture n’est qu’éructation, éruption, grêle de coups, coups de bâton, mots décousus de fil blanc et, de fil en aiguille, propagation de boutons qu’on enfile et qu’on se refile. Et si l’on en juge par Pavin et Chauvet, c’est seulement une fois le volcan éteint que le lac naît.

Le boutonneux que je vais récompenser vient justement du centre de la France. Je ne sais où il est allé pêcher cette chemise blanche trop grande pour lui. Personne n’a pensé à lui dire de mettre une cravate. Franchement, le comité donne ses prix à n’importe qui, cette année !

Ca y est, la musique c’est arrêtée, je vais pouvoir lâcher sa main. Je sors de la poche droite de mon veston la notice de montage Ikéa au dos de laquelle j’ai écrit mon petit discours :

- Monsieur Robert Modiano, au nom du comité, devant les caméras du monde entier, je suis heureux de vous remettre le prix Nobel de photographie de spectacles carnavalesques !

Pendant que les flashes crépitent, avant qu’il ne prononce son laïus convenu, je m’éloigne. Discrètement je regarde ce point rouge inquiétant sur le dos de ma main droite et je me lisse la moustache, intrigué.
Ce n’est pas un bouton.

C’est un confetti.

Nous remercions l'auteur pour l'emprunt de son oeuvre et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par ses ayant droit.

16 décembre 2014

La Visite à Monsieur Cinéma / Jean-Paul

AEV 2014-12 Peter Lindbergh 01

- La dernière fois que vous avez dû me voir, c’était dans ce film choral avec Claude Rich, Guy Bedos, Pierre Richard et Jane Fonda. Il y avait aussi l’acteur principale de "Goodbye Lénine".

- Goodbye Lennon ?

- Je comprends que vous ayez oublié le titre : « Et si on vivait tous ensemble ?». Sinon, oui, j’ai bien tourné dans les films de Carlos Saura que vous alliez voir dans les cinémas du Quartier latin bien avant l’an 2000. Et j’étais aussi dans « L’amour par terre » de Jacques Rivette avec Jane Birkin. Elle était il n’y a pas très longtemps en une de Télérama, la revue culturelle à tendance gérontophile-nécrophage.

- Je ne vois pas bien qui vous êtes mais vous me rappelez quelqu’un.

- C’est vrai, je ne suis pas la fille du facteur ! Je ressemble terriblement à papa. Je ne peux rien y faire, c’est comme ça. J’évite juste de marcher avec une canne et de mettre un chapeau melon. Et vous monsieur Tchernia, comment allez-vous depuis le temps ? Vous êtes bien, dans cette maison de retraite ?

***

AEV 2014-12 Peter Lindbergh 02

Après que Géraldine s’en fut allée, on redescendit Pierrot dans la salle commune. Madame Moreau approcha son fauteuil roulant près du sien et elle demanda :

- J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… mais il me semble que je la connais, Pierrot, la jolie dame qui t’a rendu visite. C’était qui ?

Et Pierrot, comme toujours un peu dans la lune, lui répondit :

- Je crois que c’est la fille de Laurel et Hardy !*

 * Anecdote racontée par Géraldine Chaplin et extraite du livre de Bruno Solo "Petites et grandes histoires du cinéma".

(Nous remercions l'auteur au passage pour l'emprunt de ses oeuvres et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par lui ou ses ayant droit).

16 décembre 2014

La pétanque, c'est divin ! / Jean-Paul

- Je suis sûr que c’est Toi qui l’as mis là intentionnellement…

- … parce qu’on était en train de gagner…

- … et perdre, Monsieur Dieu n’aime pas ça du tout !

- Alors, pour annuler la partie, Il nous sort un bon vieux tour de magie à sa façon…

- … et Monsieur Dieu dispose un trou noir sur le terrain ! Hop, toutes les boules et le cochonnet disparaissent !

- Arrêtez de me déconcentrer, je mesure ! A qui elle est la boule avec un anneau autour ?

- C’est la mienne !

- Et la grosse jaune toute brillante ?

- C’est à moi.

- Arrêtez de blasphémer, vous avez gagné. La partie est finie. C’est encore la boule bleue et verte qui marque le point.

- Ouais ! Treize à rien ! Allez Fanny, montre lui ton derrière, qu’Il l’embrasse !

1415-12 Edouard Levé 06

 

(Nous remercions l'auteur Edouard Levé au passage pour l'emprunt de son oeuvre et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par ses ayant droit).

10 décembre 2014

Consigne d'écriture 1415-11 du 9 décembre 2014 : Sept incipits de Pascal Perrat

Sept incipits de Pascal Perrat 

 

- 191 : Dans ma famille, j'ai toujours été la plus petite. Celle qu'on oublie dans une poche ou un sac.

- 189 : Depuis que mon manuscrit s'est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus !
Lui qui s'empiffrait de...

- 208 : Hier soir, je devais être dans la lune, j'ai écrasé ma bonne étoile en effectuant une marche arrière dans mes pensées.

- 207 : Octobre touchait à sa fin, les arbres perdaient déjà leurs feuilles.
C'est alors qu'un étrange phénomène se produisit.
Un mimétisme végétal gagna les livres et les hommes.
Les feuilles de livres jaunirent puis se détachèrent, des oreilles aussi...

- 206 : La famille Illusion a le regret de vous faire part du décès d'un vieux rêve...

- 205 : Racontez un repas de famille vu par un poisson rouge depuis son bocal

- 183 : Ça y est, on s'est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu'on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux...

AEV 1415-11 famille-stylo

 

Cliquez sur l'image pour aller lire le blog de Pascal Perrat

Publicité
Publicité
10 décembre 2014

De mémoire de chaussettes / Jean-Paul

Bref, ça y est, on s’est dépareillées ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux.

AEV 1415-11 chaussettes 1

Déjà, quand on est sorties de l’usine ! On nous avait tellement jugées inséparables qu’on nous avait attachées ensemble avec une étiquette. Une histoire cousue de fil blanc. On nous avait remis ce diplôme lors de la distribution des prix, juste avant qu’on se taille en direct vers la mercerie ou vers l’hyper on ne sait plus trop.

Et puis un jour on a plu à Lucie. Elle était étudiante au C.F.M.I. et elle aussi avait de grands carreaux mais c’était pour mieux nous voir, mon enfant ! Des lunettes, ça s’appelle. Comme elle n’est pas très ordonnée on se trouvait parfois à traîner l’une sans l’autre dans la chambre au milieu des partitions de musique tombées du pupitre, des classeurs de vocalises posés par terre. Là, à même la moquette, dans cette cour de récréation ou de recréation musicale, on copinait avec les vertes à pois blancs, les blanches à pois verts, les écossaises jaunes à carreaux rouge et on jouait à tartan ta gueule à la récré !
.
Heureusement, la maman de Lucie passait parfois faire le ménage et après ce nettoyage de printemps, bien lessivées, nous étions priées de nous rassembler pour pendouiller-glandouiller ensemble sur le séchoir d’où quelquefois le vent d’Ouest nous faisait choir.

Mais après un dernier repassage en revue, nous gagnions le tiroir et tout était plié. Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir pour les bas bleus de voir la vie en rose quand la mère infaillible à jouer au memory et pris son pied en assemblant les paires pour les mettre au placard. En quelque sorte nous étions victime collatéral d’un certain féminisme à l’ancienne.

Et puis il y a eu la rencontre du petit copain et nous n’avons pas tout compris mais très souvent alors nous avons été éjectés du lit où nous adorions pourtant faire la sieste. Lui il n’avait qu’un refrain à la bouche et c’était « Sois érotique ! ».

Maintenant dans le couple il y a un bébé et Lucie quelquefois l’emmène à la chorale. Le bébé est très sage et suscite sans broncher l’admiration baveuse des mamies. Pendant ce temps Lucie s’agite sur son piano, fait pousser des « Rrreu Kkkeu Tseu Kkkeu », évoque Chênehutte-les-Tuffeaux, le papet Pipépa, la flûte folle et les Triplettes de Belleville. Et puis au milieu de la répétition elle se déchausse et alors c’est nous qui devenons les vedettes du show. Tantôt une rouge avec une verte, une bleue avec une noire. A l’heure du mariage pour tous Lucie a lancé la mode des chaussettes hétéros ! C’est tellement plus pratique, tellement plus rigolo.

Bref, ça y est, on s’est dépareillées !

AEV 1415-11 chaussettes 2

10 décembre 2014

L’espion qui m’aimait dans les orties / Jean-Paul

Octobre touchait à sa fin, les arbres perdaient déjà leurs feuilles. C’est alors qu’un étrange phénomène se produisit. Un mimétisme végétal gagna les livres et les hommes. Les feuilles de livres jaunirent puis se détachèrent, des oreilles aussi.

Pendant que les hommes s’occupaient à ramasser les feuilles mortes à la pelle, les oreilles allaient traîner ici et là.

Certaines, très discrète, intégrèrent des murs pour qu’aucune information ne tombât dans l’oreille d’un sourd. Certaines qu’on appela ennemies entreprirent de devenir espionnes. Elle le firent avec la rage et le désespoir de la vieillesse.

D’autres qui décidèrent de vadrouiller par paires se glissèrent sous les oreillers mais elles en furent pour leurs frais. Les gens qui dormaient sur elle ne pipaient plus aucun mot : ils ronflaient et sciaient du bois au plus profond de leur sommeil.

Certaines oreilles, trop discrètes, s’étaient fait tailler en pointe en représailles.

AEV 1415-11 Oreilles magritte

D’autres dans les écoles entendirent tant de bêtises et de perles de cancres qu’elle se greffèrent à des bonnets d’ânes et adorèrent aller au coin pour voir les cancres qui disaient non avec la tête rêver des oiseaux porte-plumes, des grands chemins de fer en sortant de l’école et des oiseaux qui ne saluent plus le képi dans la cage.

Pendant ce temps l’hiver était arrivé. Plus un seul petit morceau de scaramouche ou de Georges Feydeau car dans les théâtres de verdure il faisait sombre sous la ramure.

Sans oreilles les gens ne se parlaient plus, ils tapaient comme des sourds sur le sol gelé pour qu’on leur rende l’ouïe, n’importe lequel des XVI ou XVII. Les grenouilles adorent demander un roi. En coassant. C’était cocasse, toute cette angoisse de gens qui coassent et réclament auprès de l’agence TASS afin qu’enfin l’hiver se casse.

Cela dura jusqu’au printemps. Gorgées de sève, de fèves, de galette, de boutades, de salades, de fadaises et de carabistouilles, les oreilles s’en revinrent vivre à la colle avec leur propriétaire.

Les miennes m’ont raconté l’histoire d’un gars qui était heureux parce que sa femme avait des amants !

- Fariboles ! leur ai-je dit. Je ne vous crois pas !

Je n’en ai pas cru mes oreilles mais mes pas m’ont mené dans le jardin. Dans le John Le Carré de légumes-légendes, là où j’avais enterré les recueils jaunis de Bernard Dimey, avait poussé une chansonnette ! 

10 décembre 2014

Come on, come on ! / Jean-Paul

AEV 1415-11 Cyranojpg

La famille Illusion a le regret de vous faire part du décès d’un vieux rêve : vous n’irez jamais vivre sur la Lune.

Ce n’est pas possible. Il y a une bonne explication à cela : si c’était possible, il y a longtemps qu’on l’aurait fait. C’est vrai, les cons osent tout, c’est à ça qu’on les reconnaît.

Je plaisante. Vous n’irez jamais vivre sur la Lune parce qu’elle est déjà habitée. Par les Sélénites.

Et les Sélénites n’aiment pas qu’on vienne les déranger. Ils vous reçoivent comme on reçoit un point noir sur le nez.

- Hè ! Ho ! disent-ils, On ne vous a pas dit « Comez donc ! ».

9 décembre 2014

Manuscrit ...Tapuscrit... Notrepuscrit / Maryvonne

Depuis que mon manuscrit s’est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus ! Lui qui s’empiffrait de…mots culinaires comme « bourdaloue, tandori, rataboudin » et autres friandises se voit mis au régime par la correction de « Word » qui ignore ses mots goûteux.

Désolé, le pauvre qui n’est plus manuscrit mais tapuscrit puisqu’il ne m’appartient plus est parti à la pêche du retour à la ligne. Les virgules comme des petits vers se tortillent au bout de l’hameçon en forme de point d’interrogation. Les points sont obligés de coller aux cuisses des phrases sinon un petit zig zag vert vient pointer la maltraitance.

Les mots qui chez moi sortent en désordre au bout de mon crayon se voient soudain alignés le petit doigt sur la couture de la feuille A4.

correction-2

Mon pauvre manuscrit, comme s'il était malade, se voit extraire un mot peu usité comme un furoncle. Et ce mot que j’ai minutieusement choisi, peut-être même tiré de l’oubli, ce mot rare qui m’est précieux, si je veux vraiment le garder alors que le correcteur sans cœur me le souligne du rouge de la honte, ce cher mot c’est d’un doigt triste que je dois cliquer sur « ignorer ». On me met la souris sous la gorge pour me faire ignorer ce que je préfère. C’est la dure loi du mauvais traitement informatique.

Après cela le tapuscrit aura l’air d’un bellâtre, bien propre sur lui, avec les points sur les i, les parenthèses à l’aise, les majuscules prétentieuses, les chapeaux dans les abîmes et dans les châteaux. Il aura respecté les pluriels singuliers, ignoré les onomatopées de mon cru, chanté la belle grammaire. Mais pour quelques pas de travers saura-t-il combien j’ai bataillé pour embrocher à la pointe de mon clic de nombreux « ignorer » ?

9 décembre 2014

Je suis troisième à vie / Maryvonne

DDS 1415-11 Trois soeurs

Dans ma famille, j’ai toujours été la plus petite. Celle qu’on oublie dans une poche ou un sac.

Pour ma part , J’avais peut-être deux ,trois ou quatre mois j’ai été oubliée sur la banquette arrière d’une voiture et un monsieur s’est assis sur moi, ça a dû faire "ouin ! ouin !" comme les petits jouets à air que l’on comprime pour amuser les bébés.

En grandissant on m’a souvent appelé du prénom de mes sœurs. L’habitude sans doute, comme une seconde nature. C’est ainsi quand on est la plus petite : on use les blouses, les vélos et les prénoms.

Mais aujourd’hui mes deux grandes sœurs ont perdu leurs centimètres. Madame ostéoporose est passée par là et je suis la plus grande des trois. Cela n’est pas important, ce qui compte c’est que je suis à vie la plus jeune, un qualificatif qui me sied à entendre : "Ah ! Oui ! C’est toi la plus jeune des filles !"

Ça me fait du bien ! Même quand j’aurai 90 ans... J’aurai profité de tout : de leur expérience, de leur sollicitude, de leur générosité, de quelques claques aussi mais tellement méritées. De leur protection surtout.

C’est important la place dans la fratrie. Je n’aurais pas aimé être l’aînée ni la cadette. Je suis bien à ma place dans ce triumvirat plaisant.

Un jour, peut-être, le plus tard possible, je mettrai ma jeunesse à leur service…..ou pas. C’est imprévisible la vie.

1415-11 Don_camillo4

On pourra mettre sur le journal, à côté de l’annonce de la conférence d’Eric Zemour (gratuite pour les ecclésiastiques) un entrefilet : « La famille Illusion a le regret de vous faire part du décès d’un vieux rêve : Ouest-France parlera toujours des curés et les trois sœurs Aubrée, militantes d’un athéisme paisible, sont mortes avant la fin des guerres de religion, même la plus jeune".

 

Publicité
Publicité
1 2 > >>
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité