Ce sont deux jeunes artistes de Laval (Mayenne), plutôt dans le genre clowns musiciens. Bretelle, le garçon, joue de l’accordéon et de la trompette. Garance, la fille, écrit les textes des chansons, chante et joue du trombone à coulisse.
Voici les titres inclus dans leur deuxième CD, « Folie douce et mèche électrique » :
Quand je te – Quand tu ronfles – Gaspard – Elle voudrait – Merci – Comment ça – Dégonflons la baudruche – Etat de grâce – Son cœur est comme un écrin – L’amie – Manolita – La chouette – Porême
1. Soit vous incluez cinq de ces titres dans un texte où les deux personnages apparaissent (ou pas) ;
2. Soit vous écrivez une ou deux ou trois (ou plus) chansons ou petits poèmes ou petits textes dont le titre est obligatoirement, pour chaque texte, celui d’une des treize chansons. On peut utiliser aussi le titre du CD ou les noms des artistes comme titres.
Quand je te vois, Toi l'Amie, Ma Manolita, Sur ton lit de bois Trop petit Et sans matelas J'entends ta voix.
Ébahi Je reste pantois.
Tu chantes la joie Et ta douce folie Me met en émoi.
Mais quand tu ronfles La baudruche se dégonfle Et la mélodie s'estompe ; Je suis ton amant Bretelle, Je joue sur mon piano à bretelle Une longue ritournelle Et je t'emmène au 7ème ciel.
Je voudrais te dire merci, Toi, ma belle amie, Pour cette chouette nuit.
Je rejouerai de l'accordéon Et tu m'accompagneras au violon Pour une dernière chanson.
Mais Gaspard, ce lascar, Est arrivé là par hasard, Muni de son nez de clown.
Il en était à son dernier round.
Il a trouvé très chouette De nous trouver là en nuisette Puis discrètement il s'en est allé Sur la pointe des pieds.
A l'unisson nous lui avons envoyé Un joli pied de nez Et nous avons de nouveau sombré Dans cette nuit d'été Et de félicité.
Quand tu ronfles Faut-il que je siffle ? Faut-il que je te gifle ? Que je te file une mornifle Quand tu ronfles ?
Quand tu ronfles Faut-y t’pincer l’nez ? Faut-y t’réveiller ? Faut-y t’retourner Quand tu ronfles ?
Quand tu ronfles Tu me laisses vraiment en carafe Je reste muette comme une girafe. Y faut-y que j’te colle des baffes Quand tu ronfles ?
Quand tu ronfles Est-ce un cas de majeure force Pour que je demande le divorce ? Est-ce que tu parlerais en morse Quand tu ronfles ?
Quand tu ronfles Tu deviens un gros tunnelier, Tu nous perces une ligne B, Tu fais trembler l’quartier d’Cleunay Quand tu ronfles !
Quand tu ronfles Franchement tu me désespères ! Tu fais tomber Monsieur Richter De son échelle : il s’vautre à terre ! Quand tu ronfles
Quand tu ronfles T’arrives à réveiller Morphée ! Il m’emmène pour me consoler Visiter sa vieille canopée : Les nuages y sont canapés Quand tu ronfles.
Quand tu ronfles Je compte sept moutons, j’ monte au ciel Avec l’homme providentiel Et nous allons à l’essentiel : De son amour je fais mon miel Quand tu ronfles.
Quand tu ronfles Pendant que tu dors comme une souche Il me propose du bouche à bouche : Petit à petit je découche Et tu ne vois là rien de louche Puisque tu ronfles !
Et lorsque tu ne ronfles plus Tu te réveilles chiffonné Avec la gueule enfarinée Des cocus du p’tit déjeuner.
Et lorsque tu ne ronfles plus Il t’est poussé, pendant l’sommeil, Des cornes à nulles autres pareilles. Moi je souris à cette merveille ;-)
Et lorsque tu ne ronfles plus… Fallait pas te piquer la ruche ! C’est fou maint’nant comme t’as l’air cruche Une fois dégonflée la baudruche !
Et lorsque tu ne ronfles plus… J’attends très fort que tu r’commences ! J’aime Morphée avec démence ! Viv’ment ce soir qu’il m’ensemence !
On collecte du vocabulaire concernant le Royaume-Uni.
Chacun fournit
- Entre cinq et dix noms de personnes ou personnages emblématiques (écrivains, musiciens, acteurs, hommes ou femmes politiques, personnages de romans, etc.) ;
- Entre cinq et dix noms de lieux ou d’objets significatifs.
Avec les mots de la collecte on évoque ce que serait devenu le monde si les Britanniques avaient voté pour le Brexit en 2000 avant Jésus-Christ ou si l’Angleterre n’avait jamais existé.
La collecte donne :
Agatha Christie - Alfred Hitchcock - Charles d’Angleterre - Charles Dickens - Elizabeth 1ère - Henry VIII - Ivanhoé - Jack l’éventreur - James Bond - Jane Birkin - Jerome K . Jerome - Julie Andrews - Ken Loach - La reine Elizabeth - La reine Victoria - Le chapelier fou - Le docteur Watson - Les Beatles - Les soeurs Brontë - Mary Poppins - Mary Shelley - Petula Clark - Robin des Bois - Sherlock Holmes - Un horse guard - William Shakespeare - Winston Churchill
Big Ben - Cambridge - Chapeau melon et bottes de cuir - Edinburgh - En attendant Godot - L’Ecosse - L’île de Skye - L’Irlande - La conduit à gauche - La Cornouaille anglaise - La moquette épaisse - La Tamise - La tour de Londres - Le Christmas pudding - Le Connemara - Le fish and ships - Le five o’clock - Le kilt - Le Loch ness - Le pays de Galles - Le thé - Les bus à impériale - Les cabines téléphoniques rouges - Les cottages - Les gelées anglaises (jellies) - Les joyaux de la couronne - Les pelouses - Les taxios noirs - Picadilly circus - Portmeirion - Scotland Yard - Stonehenge - Trafalgar square - Un bobby
Si les Anglais avaient voté pour le Brexit en 2000 avant Jésus-Christ, ils seraient restés sagement chez eux à boire du thé sur le coup de cinq heures, à tondre leur gazon pour qu’il soit plus vert et plus impeccable que le chapeau melon de mon oncle qui est tailleur et qui est riche.
Il y a des tas de choses auxquelles nous n’aurions pas eu droit et nous nous en serions peut-être portés mieux – ou pas.
Sans la guerre de cent ans, déjà, on aurait échappé à Jeanne d’Arc. Les riverains de la place du Vieux marché à Rouen n’auraient donc pas été incommodés par une vieille odeur de cramé le 30 mai 1431. Accessoirement le 1er mai serait peut-être resté la fête des travailleurs syndiqués plutôt que celle des adorateurs de la famille et de la patrie qui se gourent de date pour commémorer la disparition de leur sainte pucelle.
Henry VIII ne serait pas venu faire le malin dans la jungle de Calais pour y poser son camp du drap d’or et jouer au bras de fer gréco-romain avec Anchois Pommier. Anchois Pommier ! Que celui qui n’a jamais péché ou pêché me jette la première pierre, l’hameçon et le trognon !
Pas de coup de Trafalgar pour Napoléon the first, l’homme à la main dans le gilet pas en tweed. Le facteur « amiral Nelson toujours deux fois » n’aurait gêné en rien les conquêtes du Corse le plus célèbre au monde après Tino Rossi.
Mais il y a aussi des choses dont on n’aurait pas été gratifiés et ça, c’eût été bien dommage. Dans le fish and chips littéraire de l’héritage Grand-Breton, par exemple, même s’ il faut trier un peu.
Le rendez-vous au tas de sable du « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett est sans doute moins drôle que les réparties de la « Cantatrice chauve » d’Eugène Ionesco. Je n’ai jamais eu l’occasion de lire ou de voir cette pièce, même pas en attendant mon tour chez le docteur Godot.
J’ai toujours confondu « Les Hauts de Hurlevent » avec les hurlements de Léo (Ferré) et je ne sais jamais laquelle des sœurs Brontë a écrit « Raison et sentiments de Beatrix Potter » et « Orgueil et préjugés de Jane Austen ».
Sans Ivanhoé et Robin des Bois transposés au cinéma en cinémascope on aurait dû se contenter de Thierry la Fronde en noir et blanc sur un écran de télé même pas plat. C’eût été un peu « cheap », non ?
Qui aurait écrit « Etre ou ne pas être, c’est là la question », « Mon royaume pour un cheval ! » « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark ». D’ailleurs, on ne sait même pas si c’est Shakespeare lui-même qui a écrit cela. Il parait qu’il utilisait beaucoup le playback. Ces paroles sont peut-être de Bernard Lavilliers, finalement ?
On aurait dû se passer du Frankenstein de Mary Shelley. Moi, ça ne me gêne pas trop : la chirurgie inesthétique n’est pas ma « cup of tea » et je n’aime pas qu’on me parle, à table, de biopsie, de pansement et de nez qui tombe avec quand on le retire. C’est ce qui est arrivé au sphinx de Gizeh, paraît-il. Mais alors, pas de « Frankenstein Junior », de Mel Brooks. Zut alors !
Pour « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll je suis plus mitigé. Autant cette histoire de voyage souterrain m’avait flanqué la trouille lors de la première lecture lorsque j’étais gamin, autant ce vieux garçon photographe semble flirter à la limite de la pédophilie, autant le coup du lapin à montre à gousset, le trempage de marmotte lors de la cérémonie du thé, Humpty Dumpty, le chapelier fou et le chat de Chester sont devenus avec le temps des copains loufoques que j’ai fait passer allègrement dans la famille Monty Python, celle où l’on voyage à pied en frappant des noix de coco pour imiter le trot du cheval dans un univers où le monstre le plus sanguinaire qui soit est justement un petit lapin blanc ! Sacré Graal, va !
Et puisqu’on va parler de cinéma bientôt, en cas de Brexit avant l’heure pas de « Merlin l’enchanteur », pas de roi Arthur parodié dans « Kaamelott », pas de patrouille des éléphants dans « Le livre de la Jungle » ! Ca commence à se faire rude-Yard Kipling !
J’aurais eu beaucoup de mal aussi à me passer d’Hercule Poirot – C’est un Belge, pourtant, il aurait résisté à l’engloutissement ! – de Miss Marple, de Lestrade, le stéréoscopique Dupond-Dupont de Scotland Yard, et des adaptations d’Agatha Christie au cinéma et à la télévision.
Pareil pour les élémentaires Holmes et Watson, premiers représentants du surmoi sociétal qui met un flic en chacun de nous, comme on fait avec les cookies sur les ordinateurs. Espionner, maintenant, c’est du gâteau ! C’est vrai qu’il faut bien démêler les mystères du smog, faire taire le chien des Baskerville et arrêter Jack l’éventreur mais je l’aimais bien aussi, Arsène Lupin, à la même époque : c’étaient là mes boulimiques lectures d’élève de 5e A au Lycée-Collège Benjamin Franklin à Lille (Nord) au siècle dernier (Twentieth century, folks ?).
Je ne peux me prononcer sur J.K. Rowling et son personnage de jeune magicien à lunettes. J’espère juste qu’Harry Potter l’emportera sur Harry Potfer. C’est comme pour Terry Pratchett que mon épouse dévore depuis un an avec voracité. Ce sont là des lectures « à venir » que j’entamerai quand je serai en retraite.
Mais surtout… Qu’aurait été notre vie sans Mary Poppins, sans ce morceau de sucre qui aide la médecine à couler, sans Supercalifragilisticexpialidocious, sans les pingouins qui dansent, sans la guimauve qui coule des notes de « Tuppence a bag », sans ce discours écolo naïf qui nous va si bien au teint : « Mieux vaut nourrir les oiseaux qu’engraisser les banquiers ». Si nous avons tous en nous quelque chose de Ken Loach, c’est à John « Give peace a Chance » Lennon et à Mary « Magic »Poppins que nous le devons !
Et alors là, côté musique, sans les Beatles, sans Kevin Ayers, sans Mike Oldfield, sans Hawkwind, sans Uriah Heep, sans Pink Floyd, sans Dire Straits, sans Genesis, sans Supertramp, que fussé-je devenu ? Avec juste Mireille Mathieu, Desireless, Line Renaud ou Sheila pour remplacer Maggie Reilly, Maddie Prior et les toutes chanteuses irlandaises ? Avec Michel Sardou privé de lacs du Connemara pour nous faire oublier Paul McCartney ou les Pogues ?
Qu’ai-je oublié encore dans les bonnes choses que nous devons aux habitants de l’UK ? Vendredi n’aurait jamais rencontré Robinson, Roger Couderc n’aurait pas commenté le tournoi des cinq nations. Il n’y aurait pas eu « Allez France » de Robert Dhéry, James Bond pour qui aime ça, « Astérix et les Bretons » et surtout le génial « Prisonnier » du village de Portmeirion !
C’est pourquoi, finalement, et c’est tant pis pour l’idée que vous vous faisiez de mon affection pour la démocratie, je suis bien content qu’ils n’aient pas eu le droit de vote, les rosbifs, en 2000 avant Jésus-Christ !
Si l'Angleterre n'avait pas existé, ou si nous ne l'avions pas connue parce que rien n'aurait filtré de cette île, qu'aurions-nous manqué ?
Nous n'avons pas été envahis par la manière de vivre des Anglais comme nous l'avons été par celle des américains. Globalement il nous aurait manqué de la littérature et de la musique, ainsi que quelques films cultes et quelques cinéastes.
Pour moi, précisément, m'aurait manqué Ivanhoé, enfin pas manqué puisque je ne l'aurais pas connu, mais enfin : quel dommage !
Ivanhoé, j'ai vu le film étant enfant et je suis immédiatement tombée amoureuse du héros. L'acteur qui l'incarnait n'avait rien d'anglais, puisque américain, je crois me souvenir que c'était Robert Taylor, mais le héros, lui, était bien anglais.
M'auraient manqué aussi les romans des sœurs Brontë que ma maman m'a fait connaître à l'adolescence et que j'ai dévorés.
Plus tard j'aurais été bien triste de ne pas suivre les enquêtes de Sherlock Holmes et de son fidèle Dr Watson, paire hors pair pour résoudre les affaires les plus compliquées.
Je n'aurais pas connu non plus Oscar Wilde qui s'était arrangé pour ne pas vieillir en faisant vieillir son portrait.
Je n'aurais jamais vu « Les oiseaux » d'Hitchcock, tiré d'une nouvelle de Daphné du Maurier, romancière anglaise que j'avais lue et aimée.
Je n'aurais jamais vu les « James Bond ». Bon, ça à la rigueur j'aurais pu m'en passer malgré le charme de Sean Connery.
Je n'aurais jamais vu la série « Chapeau melon et bottes de cuir ».
Je n'aurais jamais entendu Pétula Clark et ses bottes dans la gadoue.
Jamais entendu non plus les quatre garçons dans le vent appelés les Beatles.
Jamais entendu Henry Purcell ni Duran-Duran, jamais non plus les Shadows ni le phénomène Hendrix. Bon je vais m'arrêter là, je ne suis pas si fan que ça de la musique anglo-saxonne, moi qui suis amoureuses des belles chansons à textes françaises.
Je n'aurais jamais admiré Julie Andrews dans « Mary Poppins » que j'ai fait découvrir à mes petites filles, qui me l'ont réclamé moult fois, si bien que je le connais par cœur.
Je n'aurais pas, très jeune, dévoré les livres de Julien Green plutôt que ceux de Graham Greene.
Nous avons partagé avec l'Angleterre de longues périodes d'histoire. Qu'aurions-nous fait si elle n'avait pas été là ? Pas de mariages arrangés pour nos rois et reines, pas de Guerre de Cent Ans, Jeanne d'Arc serait restée bien sagement à Domrémy y garder ses moutons.
Nous ne saurions rien du terrible Henry VIII qui a réussi à supprimer six épouses et, pour l'une d'elles, à se fâcher avec l'Eglise Catholique, créant du même coup l'Eglise Anglicane.
Et nous ne saurions toujours rien de la famille royale britannique dont les faits et gestes remplissent des pages de nos journaux people et ça, par contre, ne serait pas un mal.
J'ai eu l'occasion de traverser la Manche deux fois. La première fois pour un très court week-end à Londres avec des copines. J'ai donc circulé dans l'un de leurs taxis noirs, emprunté leurs bus à impériale, entendu Big Ben sonner, passé devant Tower Bridge et le Horse Guard de Buckingham Palace, trainé dans les rayons du grand magasin Harod's
La deuxième fois j'ai passé une semaine à sillonner le Pays de Galles. Dépaysement garanti. Conduite à gauche, Bed and Breakfast, five o'clock… Simples sandwiches sans saveur le midi. Mais quand même de belles visites. Beaucoup de châteaux forts, villages aux noms interminables, troupeaux de moutons barrant la route, collines vertes, de jolis cottages ici ou là, fish and chips dans les petites villes. Mais surtout visite de ce village, entièrement fabriqué, où furent tournés les épisodes de la série « Le prisonnier ».
Etrange sensation : je n'avais pas lu de quoi il retournait avant de venir sur les lieux et j'avais simplement, en marchant dans les pas du « Numéro 6 » une impression de déjà vu, de déjà vécu. Je me posais des questions sur une éventuelle vie antérieure jusqu'à ce qu’un tilt dans mon cerveau me fasse réaliser où j'étais.
Voilà, je n'aurais pas connu tout ça si l'Angleterre n'avait jamais existé ou si, de tous temps elle était restée repliée sur elle-même.
Il leur demande de choisir une ville ou un village situé entre Carhaix et Lourdes.
Il résume brièvement la biographie d'Ernesto Guevara et celle de Bernadette Soubirous extraites de Wikipedia.
Puis vient la consigne :
"Ernest Guinvarc’h en a marre de voir son image, enfin celle de son sosie, Che Guevara, affichée partout sur les sacs, les tee-shirts, les posters de tous les bobos de partout en ce début de XXIe siècle.
Sa jeune voisine, Bernadette Soubeyrou, le persuade de faire un pèlerinage à Lourdes afin de demander assistance à la Vierge Marie dont elle dit à Ernest qu’elle la connaît personnellement.
C’est l’été. Ernest et Bernadette se mettent en route. Ils voyagent à vélo avec une remorque attachée à la bicyclette d’Ernest dans laquelle il y une tente canadienne, un camping-gaz, de la bouffe et quelques affaires de rechange.
Vous racontez leur étape du soir dans une ville ou un village de votre connaissance situé entre Carhaix et Lourdes. Le caractère de Bernadette est enjoué et optimiste, celui d’Ernest est bougon et brouillon.
Votre texte commence obligatoirement par « Le énième jour, il firent étape à …. »
Cette consigne est née d'un commentaire d'Adrienne sous la photo sur le blog de Joe Krapov.
Le premier soir ils firent étape à Rohan. Ils avaient pédalé toute la journée sous un très beau soleil sans rencontrer grand monde sur le chemin de halage au long du canal de Nantes à Brest, enfin de Brest à Nantes, puisqu’ils venaient de Carhaix.
Bernadette était ravie.
- Après nous, on peut tirer l’échelle ! lança-t-elle en franchissant la dernière écluse, située juste avant l’entrée dans la riante cité morbihannaise. - Moi je tire déjà la charrette, ça me suffit ! avait protesté Ernest. - Et la gueule aussi, on dirait, cher voisin ! - Dame ! C’est que je n’ai plus ton âge, très chère, ni ton énergie. Bernadette, ça rime avec Paulette. Ton père était facteur ? Tu avais fait en le suivant tous les chemins environnants à bicyclette ? - C’est vrai, j’ai toujours aimé pédaler, et même parfois dans la semoule, à l’école. Pour bien savourer la première répartie de la jeune fille il faut se souvenir que le canal de Nantes à Brest, entre Pontivy et Rohan, présente un dénivelé certain et qu’il a fallu construire 54 écluses sur 20 kilomètres pour en assurer la navigabilité. A vélo, on n’est pas exactement sur du plat. Sans être obligé de changer de braquet pour autant, il faut appuyer un peu plus sur les pédales.
Arrivés au camping du Val d’Oust ils posèrent leurs vélos contre le mur de la réception et entrèrent. Pendant que Bernadette réglait les formalités d’inscription Ernest se caressait la barbe et s’éventait le béret tout en lisant, sur le panneau de liège, la légende des photographies épinglées.
- C’est notre camping et on l’aime ! - On y vient depuis quarante ans tous les ans !
Et de fait, c’étaient toujours les mêmes têtes qu’on voyait, celles d’accortes grand-mères à cheveux violine, blanc, poivre et sel, roux, bleu ou noir d’encre : la teinture n’est pas faite pour les chiens non plus, enfin on verra plus loin que peut-être si ! Toutes ces braves dames posaient par groupes de deux ou trois devant leur caravane, leur camping-car, sous leur auvent aux motifs et couleurs fleuris et les reflets dispensés par un soleil breton pour une fois généreux donnaient à leurs peaux tannées des couleurs qui n’étaient pas sans rappeler les premiers shows psychédélique du Pink Floyd de 1967 dans le swinging London sous acide de leur préadolescence.
Toutes, absolument toutes, et c’est cela qui interpellait Ernest, avaient un caniche noir couché à leurs pieds ou fièrement assis sur leurs genoux cagneux. Pas une seule photo de mec en revanche ! Il fallait bien quand même quelqu’un, un Robert, un Roger, un Jean-Paul, un Jean-Claude pour parcourir au volant, en polluant le paysage avec une large caravane ou un camping-car de plus en plus gros au fil des ans, les quelques kilomètres qui les séparaient de ce paradis indéboulonnable. Ce n’était pas qu’elles fussent veuves, assassines ou lesbiennes. Les Pierre, Paul et Jacques existaient bien mais ils passaient leurs journées entre eux, cent mètres plus loin, hors du camping, installés le long du canal avec leurs cannes à pêches, leurs bourriches, leur amorce Dudule « pour que le poisson pullule ! », leur épuisette, leur clope au bec et leur vague à l’âme dans les mirettes.
Ils ne rentraient retrouver Denise, Josiane ou Maryvonne que le midi, pour grailler, et se dépêchaient après le café de regagner leur terrain de chasse. Car ils s’étaient, au fil du temps, les pêcheurs, habillés comme les autres porteurs de carabines : treillis kaki, casquette de militaire, bottes noires et tant pis si comme ce jour-là il faisait vraiment chaud voire orageux. On tombait la veste, on ouvrait une autre Kro et on réécrivait la France en marcel – le maillot de corps, pas Proust, bien sûr ! – ou en T-shirt lettré, orné d’un « Cerné par les cons » par exemple ou d'un autre slogan choisi parmi les milliers de possibilités vestimentaires d’un goût incertain que l’on vend ici et partout.
- On se pose où on veut, Ernest ! Pas d’emplacement numéroté ! J’ai commandé du pain et des croissants pour demain matin.
Ernest remit son cul endolori sur la selle en fox à poil dur de son vétété d’Ertétiste.
Ils repèrèrent les sanitaires afin de planter Céline Dion – c’était là le nom que Bernadette avait donné à sa canadienne – à bonne distance. - C’est pas pour la vue c’est pour l’odeur ! avait-elle commenté dans un grand rire. Et puis aussi pour ménager tes oreilles sensibles. A cause des Hollandais qui passent leur vie là-dedans à claquer les portes, faire du barouf, bavasser d’une cabine à l’autre et ce même la nuit ! Tu vois comme je prends soin de tes insomnies, hein, Ernest ?
C’est vrai, Ernest avait le sommeil léger. Un rien le réveillait et le réendormissement n’était pas toujours au rendez-vous. Pour ce voyage-là, il aurait préféré séjourner à l’hôtel mais ça ne faisait pas partie du programme. Et de toute façon, à l’hôtel aussi, il s’en payait des nuits à moitié blanches.
- Ici, peut-être, ça ne serait pas mal ? - OK. De toute façon, j’suis crevé, je rends les armes !
Ils étaient le dos au canal, sur un emplacement tout plat, tout gazonneux, genre « Le cul dans l’herbe tendre » de Michel Simon et Serge Gainsbourg.
Pendant qu’ils montaient la tente, le ciel se couvrit. Lorsque la dernière sardine fut enfoncée, le dernier tendeur mis en place, ils n’eurent que le temps de se précipiter sous leur abri de toile. L’orage éclatait.
Une averse carabinée se précipita sur le camping. Ca sonnait comme des rafales de mitraillette. Ca ne s’arrêtait pas. Les belligérants au-dehors gueulaient comme des putois : « Fermez le portillon, les gars ! ».
- Quand on ferme le portillon, interrogea Ernest, il fait moins froid dehors ? Ca empêche la pluie de tomber ? - Je crois que c’est rapport aux caniches noirs ! Tu as remarqué ? Tout le monde a un caniche noir ici ! Elles ont peur que leur cabot se fasse la belle. Qu’il aille faire du vagabondage sur le chemin du halage ! - Que leur clébard ne se barre ! Ils peuvent bien aller se noyer s’ils le veulent. Moi je n’ai jamais eu de chien. Ou alors y’a longtemps. Ou il sentait pas bon. - « Chien mouillé » ils n’ont pas encore osé le lancer, ce parfum-là, Dior et Givenchy ! - Merde ! - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? - J’ai le cul mouillé. La flotte… elle rentre dans la tente. - J’aurais dû emmener un tapis de sol. - Elle ne rentre pas, la flotte, elle remonte. On est installés dans une flaque. Ca ne serait pas arrivé si on avait choisi l’hôtel. - Allons, Ernest, ne sois pas aussi bougon ! Je parie que dans vingt ans, tu t’en souviendras encore du camping de Rohan. C’est ce genre de mésaventure qui fabrique les meilleurs souvenirs. Un train qui arrive à l’heure ne reçoit jamais la légion d’honneur ! - C’est peut-être vrai mais en attendant…
Dix minutes après la pluie cessa et le ciel bleu se réinstalla au-dessus d’eux. Ils s’ébrouèrent puis démontèrent le campement pour aller le replanter vingt-cinq mètres plus loin sur du terrain plus propre et plus sec.
C’est Ernest qui fit la cuisine ce soir-là. Faire la cuisine est un grand mot. Il ouvrit une boîte de cassoulet et une bouteille de vin blanc. Encore fallut-il pour cela que Bernadette aille emprunter un tire-bouchon au voisin de la caravane d’en face. Elle avait oublié cet ustensile indispensable à Carhaix. Elle revint de cette expédition complètement pliée de rire.
- Le voisin d’en face… C’est le sosie craché de Bill Clinton comme toi tu es celui de Che Guevara ! Et sa femme n’arrête pas de faire le ménage avec une petite balayette à poils bleus !
Bien qu’il fût fatigué voire esquinté par les coups de pédale et les kilomètres parcourus, Ernest eut du mal à s’endormir ce premier soir. Il découvrit que Bernadette ronflait et que quand on dort, même si on est une jeune fille bien élevée, on n’a aucune retenue. De temps en temps en effet elle lâchait des pets plus ou moins tonitruants pour accompagner ses ronflements. Le cassoulet faisait son effet. Quel charmant voyage cela allait être jusqu'à Lourdes !