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L'Atelier d'écriture de Villejean
4 octobre 2016

Ernest et Bernadette vont à Lourdes. 9, Road movie / Eliane

Le neuvième jour ils firent étape à Mont-de-Marsan. Ils avaient pris la route qui, à partir de leur étape de Bordeaux, traverse la forêt de pins des Landes Sur cette route il avait plu sans arrêt. La pluie rendait la forêt sombre, Ernest n'arrêtait pas de râler qu'il n'y voyait rien à travers ses lunettes et qu'il commençait à ressembler à une éponge sous son trop léger vêtement de pluie. Bernadette riait et lui demandait pourquoi il n'avait pas pris l'option « essuie-glace » au moment de l'achat de ses lunettes.

AEV 1617-04 seche-linge-tkb-640-wp

Ernest continuait de bougonner. Comment allaient-ils s'y prendre pour sécher leurs vêtements ? Auraient-ils donc oublié d'ajouter le sèche-linge dans la petite remorque qu'il tractait et qui contenait leur matériel de camping ?

Bernadette riait de plus belle et l'eau de pluie qui ruisselait de son visage lui entrait dans la bouche.

- Nous trouverons bien une laverie automatique qui, moyennant quelques euros, nous rendra nos vêtements tout secs et tout chauds ! Allons, tout ira bien, le rassurait-elle, Mont de Marsan est une petite ville mais tout de même assez grande pour offrir tous les avantages de la civilisation moderne. Allez souris, Ernesto !

Le « Ernesto » avait le don de mettre notre Breton en fureur. S'il avait entrepris ce long voyage dont la finalité lui paraissait douteuse vers cette ville de Lourdes où, affirmait-on, se produisaient des miracles, c'était bien pour oublier le Che, cette légende, ce mythe dont l'image fleurissait encore partout, que tous les jeunes et les moins jeunes encensaient.

L'eau miraculeuse ferait-elle des merveilles ? La bonne vierge comprenant son calvaire, ferait-elle disparaître de toutes les mémoires, de tous les livres, de tous les films ou documentaires l'image et le récit de la vie d'Ernesto Che Guevara ? Le portait, toujours le même, disparaîtrait-il de tous les tee-shirts, sacs à dos ou autres supports ? La chanson « Commeadante Che Guevara »serait-elle tout à fait introuvable, même chez les meilleurs disquaires vendant du vintage ?

AEV 1617-04 les arènes du Plumaçon BisErnest ruminait ces sombres pensées tout en pédalant énergiquement. Bernadette, elle, avait potassé les guides touristiques. Elle savait que dans leur prochaine ville étape, il y avait un musée dans une ancienne tour restaurée qui montrait beaucoup d'oeuvres d'un sculpteur local dont elle avait oublié le nom. Elle savait qu'il y avait des arènes et qu'il y avait toujours des corridas à l'occasion des grandes fêtes. Elle ne se souvenait pas s'il y avait des mises à mort. Elle espérait que non, et si c'était le cas elle aimerait bien voir le spectacle au moins une fois.

Elle savait qu'il y faisait bon vivre, qu'il y avait des terrasses de café, le plus souvent inondées de soleil, que chaque maison avait son jardin et dans chaque jardin une piscine. Bien sûr la couleur actuelle du ciel ne présageait pas de tels moments de bronzette. Mais elle savait aussi que la gastronomie du Sud-Ouest était réputée, au moins pourraient-ils peut-être se régaler de magrets de canard. Enfin on verrait bien. La situation géographique de Mont de Marsan est assez enviable, pas très loin de la mer pour quelques escapades d'une journée, et pas non plus très loin des Pyrénées pour de courts séjours de ski.

Elle tentait, par bribes, de vanter tous ces avantages auprès de son compagnon qui demeurait sourd à cela. Il en avait plein le dos, de ce voyage, fin de commentaires !.

Ils furent très vite rendus à destination. C'etait peut-être leur plus courte étape et ils bénéficiaient du retour du soleil. Cela rendrait-il son sourire à notre ami bougon, pas sûr, d'autant qu'ils eurent bien du mal à s'orienter dans cette ville pleine de rues assez étroites et de sens interdits, chiche en panneaux indicateurs. Ils eurent du mal à circuler. Cette petite ville n'avait rien à envier aux grandes question circulation et embouteillages. Peut-être était-ce la mauvaise heure ?

Ernest pestait de plus belle, qu'étaient-ils venus faire dans cette galère ? Ils finirent par aboutir au centre-ville, mais au Sydicat d'Initiative on les informa que les deux campings municipaux étaient complets. Ernest se demandait ce que les gens pouvaient bien venir faire dans cette ville où il n'y avait rien à faire.

AEV 1617-04 Nahuques-1Pleins de ressources, les deux amis plantèrent leur canadienne dans le Parc de Nahuques, joli parc aménagé sur les bords d'une des trois rivières qui confluaient à Mont de Marsan.

Ils mirent des vêtements secs et se mirent en quête d'une laverie automatique possédant un sèche-linge. Ils ne trouvèrent rien au centre-ville. Ils reprirent donc leurs vélos et, après quelques errements, n'étant pas équipés de GPS, arrivèrent quand même dans un centre commercial de bonne taille, où ils purent sécher leur linge et se restaurer rapidement. Oubliés, hélas, les magrets de canard.

Puis il se fit tard, ils rentrèrent bien vite, pressés de retrouver leurs duvets.

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