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L'Atelier d'écriture de Villejean
30 janvier 2019

Consigne d'écriture 1819-17 du 29 janvier 2019 : Pensées entre deux anagrammes

AEV 1617-26 Anagrammes-pour-lire-dans-les-pensees

Pensées entre deux anagrammes

Dans le livre « Anagrammes pour lire dans les pensées », Jacques Perry-Salkow a relevé des phrases philosophiques dont les lettres mélangées peuvent reformer d’autres mots et donc d’autres phrases.

 Il a demandé à Raphaël Enthoven d’écrire un texte qui mène d’une formule à son anagramme. A titre d’exemple ce texte nous explique pourquoi « Critique de la raison pure » devient « paradis onirique et cruel » ou divague plus ou moins logiquement entre les deux formules.

 Il est demandé d’écrire plusieurs textes d’une quinzaine de lignes pour aller d’une anagramme à l’autre. Tous les styles sont admis.

 

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29 janvier 2019

6 anagrammes pour lire dans les pensées / Jean-Paul

2019 01 31 ob_035681_baruch-spinoza-1

Polisseur de lentilles,
Gendarmeur de haricots,
Dresseur de carottes,
Tuteur de salades,
Bourreau des cœurs de céleri-rave,
Echec et mateur de betteraves,
Correcteur d’artichauts,
Tortionnaire de bonzaïs,

Tu n’obtiendras jamais
Les aveux des iris,
La force de l’épinard
(Spinach en Angleterre)
Que Spinoza cultive
Dans son jardin secret
Avec les fleurs du rêve,
Les bijoux du secret,
Les colliers d’hypothèse,
Les bagues de silence
Et les perles d’illusion.

 

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« RÉPUBLIQUE FRANÇAISE »

On avait apposé ces deux mots incongrus
A l’entrée d’une case qui servait de mairie,
A l’entrée d’un enclos construit artistiquement
Autour d’un baobab.

Nul n’y palabrait plus
Et l’instituteur blanc
Apprenait aux enfants à peau noire
Qu’ils avaient des ancêtres
Gaulois et réfractaires.

Il avait grandi là,
Mamadou Banania
Et rêvé de la France
Et voulu voir la neige

2019 01 31 banania-y-a-bon

Il y était allé,
Sortant du Sénégal
Pour voir en tirailleur
Les obus de Verdun
Et la boue des tranchées.

Il aurait bien voulu
Mourir et devenir
Le soldat inconnu
Sous son arc de triomphe

Il avait survécu
Et trouvé du boulot
Dans la publicité

Buvant leur chocolat
Quelques années plus tard
Les petites filles de France
Admiraient sa bobine
Et rêvaient, malicieuses
Et frondeuses
- Ou vicieuses
Comme on disait alors
Chez les vieux Pétainistes – :

« Quel Africain superbe ! »

 

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190129 265 018 D (Saint-Malo)

Une brève de comptoir
Comporte de l’outrance, mais pas trop :

- Vous êtes deux à vouloir jouer au bridge ? Passez une annonce pour trouver un troisième ! Pour le mort je me fais fort de vous en dégoter un : y’en a plein au cimetière de l’Est !

Une brève de comptoir
Doit être graveleuse, mais pas trop :

- Ne passez pas une petite annonce pour monter un club de strip-poker ! Il n’y aura que des mecs pour répondre présent et ça c’est décevant !

Une brève de comptoir
Doit frôler la bêtise, mais pas trop :

- Vous allez chanter avec nous le refrain qui dit « Oh la la la ! C’est magnifique ! ». Et nous avons décidé ce matin de chanter cette chanson de Luis Mariano en roulant les « r » ! On va faire un essai : chantez donc « Oh la la la ! C’est magnifique ! » en roulant les « r » pour voir ?

Le Saint-Chinian aidant les langues se dénouent et des projets se montent : « Aller chanter à la maison du Ronceray » ; « Aller passer une journée à l’île Bailleron dans le golfe du Morbihan » « Participer à la Ballade avec Brassens de Saint-Quai Portrieux en septembre ».

Une brève de comptoir
Comporte bien du rêve !

 

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2019 01 31 Madeleine-Lemaire---Five-o-clock-dans-le-salon-des-dame

Salon de Madame Verdurin, salon de Madame Guyet-Desfontaines, maman d’Isaure Chassériau, ou salon du duc de Chaulnes à Paris.

Il est tout à fait possible qu’en ces lieux très feutrés, un jeune comte un peu fou, fringant, plein d’avenir, soit tombé amoureux d’une jolie princesse russe qu’on a épousée pauvre à seize ans et demie et qu’on a enfermée dans un rôle de mère en un château sarthois où elle subit la coupe d’une duchesse austère, la mère de son mari, proche de religieux de l’abbaye voisine et papesse en puissance.

Il se peut que la jeune femme, native du signe du scorpion, ne soit pas restée insensible à l’entregent de ce jeune homme. J’entends d’ici monsieur Aurélien Scholl, journaliste railleur jouer avec les mots et parler d’entrejambe plutôt que d’entregent.

Il se peut que plus tard le jeune comte de D. lui casse un peu la gueule pour s’être ainsi moqué et, quatre années plus tard, pour cause de récidive, le reblesse en duel.

Nous n’en sommes pas là dans ce joli salon. Et pas rendus non plus dans la ville de Florence où l’officier italien offrira à la jeune princesse un poème recopié qui servira de preuve à ce que n’imaginent pas les parvenus de province : aucune loi d’interdit de draguer au salon, de proposer la botte, de soûl sôul soupirer sous le balcon con con comme Roméo ou comme Christian dans Cyrano, bref de marivauder dans le monde !

 


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2019 01 31 divers_le_dormeur_du_val_61X466_-acrylique-

La vraie vie est ailleurs.

« La ville où je suis né est idiote entre toutes les villes » dit Rimbaud. Il s’en va vers Paris. C’est encore la guerre et bientôt la Commune.

La vieillesse est un naufrage : la main à plume du jeune homme qui vaut bien la main à charrue a déjà écrit les plus beaux poèmes de la langue française et elle trouve la vigne austère sans la feuille. « Devenons vite le roi des poètes ou faisons autre chose ! »

La vraie vie est ailleurs mais la terre est une charogne cosmique et la religion qui ne console de rien n’est que cet os sacré que ronge l’être humain.

La vraie vie est ailleurs. Rimbaud marche. Sa vieillesse sera un naufrage. Sa jambe deviendra « La charogne cosmique » et très comiquement sera mise en musique un bon siècle plus tard ! Merci Hubert-Félix !

Pour l’heure voici Rimbaud devant un corps gisant. C’est celui d’un soldat dans un trou de verdure. Rimbaud, médecin-légiste d’un quart d’heure, note qu’il a deux trous rouges au côté droit.

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.
Ô saisons ! Ô Châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?
Désolés, les enfants ! La vague sans fin modifiée emmène nos jeux de sable !

Rimbaud reprend sa marche. La voix de l’Inconnu et celles des Inconnus lui disent : « C’est ton des-tin ! ». Une voix chante : « Chacun sa route, chacun son chemin ». La rivière suit la vallée.

 

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2019 01 31 kingkong_f

L’allégorie de la caverne, Platon, on nous en a fait tout un plat mais ça n’est jamais que la description d’une salle de cinéma ! On le sait bien que la salle est obscure, que c’est le projecteur qui est dans notre dos. Mais pourquoi est-ce qu’on irait chatouiller le mammouth quand on a payé sa place pour une heure trente de bonheur, sans compter la demi-heure de publicités et les pop-corns ?

Taquiner le brontosaure, faire des rentes aux actionnaires, les prolétaires sont là pour ça non ? Ils ont accepté contre un maigre salaire, certes, les risques du métier de chasseur-coupeur de biftecks. Pendant ce temps nous nous emplissons de rêve et contemplons King-Kong qui s’élève dans les hauteurs. Ce que nous voyons là, c’est l’art dans sa plénitude et le réel vacant le long de la paroi.

 

23 janvier 2019

Consigne d'écriture 1819-16 du 22 janvier 2019 : Le jeu du post-it

LE JEU DU POST-IT

DDS 543 jeu-du-post-it

On devrait plutôt l'appeler le jeu du chevalet. L'animateur en a préparé treize - ça tombe bien, on était douze, ce jour-là ! - il en distribue un à chaque participant.e sans que celui-ci ou celle-ci ne voie ce qui est écrit dessus, qui sera son identité  tout au long de la séance. Tout le monde par contre voit qui est qui parmi les autres.

A tour de rôle chacun pose des questions - dix en tout - pour essayer de deviner qui il ou elle est. Tous les autres répondent. Questions et réponses sont notées sur sa feuille par celui (celle) qui cherche son identité.

On écrit ensuite un petit texte pour expliquer comment il se fait qu'on ait réussi à  s'identifier ou pas.

DDS 542 jeu du post-it 2

22 janvier 2019

Le jeu du post-it / Jean-Paul

Aux différents protagonistes rassemblés autour de cette table, j’ai posé les questions suivantes :

- Suis-je un personnage de fiction ou un être réel ?
Un personnage de fiction.

Est-ce que je marche sur deux pattes ?
Oui.

Suis-je un homme ou une femme ?
Un homme.

Suis-je un personnage de roman ?
Non.

Un personnage de bande dessinée ?
Oui.

Mes aventures se déroulent-elles en France ?
Non.

Exercé-je mes talents aux Etats-Unis ?
Oui.

Ai-je de grandes oreilles et une petite queue ?
Non.

Suis-je un personnage de bande dessinée comique ou réaliste ?
Comique.

Est-ce que je tire plus vite que mon ombre ?
Non.

Comment ai-je fait pour ne pas me reconnaître dans ce portrait ? C’est quand même moi qui, toutes les semaines, achète à Dame Martine, sur le marché des Lices, une livre d’épinards !

C’est quand même moi, quelque part, qui suis le roi de la mise en boîte dans cet atelier d'écriture où, pour une fois, je suis plus maso que sado !

Qui d’autre que moi, dopé aux légumes verts, peut inventer ces consignes de fier-à-bras qui ont pour effet de transformer la salle Mandoline en réunion de célébrités positionnées dans un voisinage tel que Marilyn Monroe jouxte Jolly Jumper qui est assis à côté de la Joconde et on trouve ensuite, en allant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, Rantanplan, la Castafiore, Jean-Claude Van Damme, le Petit Poucet, Mary Poppins, Arthur Rimbaud, Louis de Funès et Agatha Christie.

DDS 542 jeu du post-it 4

J’ai juste oublié de demander à ces protagonistes du jeu du post-it où je me situais sur l’échelle du temps !

Sûr que je suis une vieille gloire désormais, tout juste bonne à se trouver, place Hoche où se tient à Rennes le marché des libraires, dans un vieux numéro de Charlie Mensuel ou dans un fascicule de «bédé des gars de la rue» comme on disait jadis.

Mais c’est de ma faute aussi. Je n’ai pas posé de question sur mon environnement familial, Olive, Mimosa, Wimpy…

Je tâcherai de faire mieux la prochaine fois qu’on jouera à cette variante à douze joueurs du jeu du post-it. Sauf que ce sera difficile : il n’y a, paraît-il, pas plus de fer dans les épinards que dans les noix de cajou, amandes, noisettes et surtout dans le ti-punch martiniquais (et toujours pas revenu) que nous avons bu avant de monter et qui m’a bien troublé l’esprit !

DDS 543 popeye

22 janvier 2019

Le Petit Poucet / Anne-Françoise

Quoi ?! Comment ?! Moi qui devais porter une belle robe de bal, des pantoufles de vair, un joli capuchon rouge ou un maillot de bain, moi qui devais dévorer des cochons ou manger une galette avec un petit pot de beurre, je me retrouve va-nu-pieds, le ventre vide avec à peine un crouton de pain sec ?!

Je ne passe pas mon temps à dormir dans un beau lit à baldaquin ! Je n’ai pas le loisir de faire des longueurs dans une piscine, de faire de la pâtisserie, de chanter «Un jour mon prince viendra» ou de courir après des cochons, des chevreaux ou des moutons !

Evidemment que ça a mis un peu de temps à venir !

Mais j’ai des cailloux dans les poches et ça, ça a été définitif !

AEV 1819-16 Petit poucet

 

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16 janvier 2019

Consigne d'écriture 1819-15 du 15 janvier 2019 : Dialogue de Gilles et John

Dialogue de Gilles et John

 

L'animateur utilise les cartes du jeu "C'est à moi que tu causes ?"
de Robert Ebguy 
qu'il a acheté récemment.

AEV 1819-15 C'est à mpoi que tu causes

Il distribue à chacun.e trois cartes "question" et sept cartes "affirmation".

Il est demandé d'inclure les formules qui sont inscrites sur les cartes
dans un dialogue entre deux personnages qui s'appellent Gilles et John.

Et ce dans l'ordre où on les a reçues.

Exemple de tirage pour le texte ci-dessus :

Ca vous dirait de vivre dans le luxe ?

Vous êtes mon premier émoi de la journée

Avez-vous déjà pensé à tuer quelqu'un ?

Le futur c'est le vide-grenier de tes rêves

Ca vous dirait un dîner de con ?

Vas-y Frankie, c'est bon !

Je ne vais pas vous raconter ma vie

Je me demande comment vous avez survécu jusqu'à aujourd'hui

J'ai des idées mais elles ont du mal à sortir

C'est toujours la victime que l'on blâme

15 janvier 2019

Gilles et John, acte IV, scène 1 / Jean-Paul

AEV 1819-15 Cabane

La scène se passe dans une cabane au bord d’un rond-point en décembre 2018. Gilles et John, en gilet jaune par-dessus leur tenue d’hiver, se réchauffent près du brasero en attendant que le kyrie et midi sonnent.

GILLES – Ca vous dirait de vivre dans le luxe, Monsieur John ?

JOHN – C’est à moi que vous demandez ça, Monsieur Gilles ? J’en suis touché jusques au fond du cœur ! Vous êtes mon premier émoi de la journée. D’habitude personne ne fait attention à moi sur ce rond-point. Pourtant je suis sur la scène depuis le premier acte. Remarquez, j’ai l’habitude.

GILLES – Ce doit être à cause de votre physique d’acteur shakespearien. Vous devez faire peur aux gens. Avez-vous déjà songé à tuer quelqu’un ?

JOHN – Vous trouvez que j’ai une tête à jouer Brutus dans « Jules César » ? Ou Ravaillac dans « Heni IV » ?

GILLES – Ce personnage-là n’existe pas dans cette pièce-là, Monsieur John. C’est pas notre Henri IV à nous. Ça vous dirait de vivre dans le luxe, Monsieur John ?

JOHN – Peut-être que ma définition du luxe ce serait déjà d’avoir de quoi me payer le train pour aller voir une poule à Pau le dimanche !

GILLES – Une Paloise ? Vous avez des vues sur quelqu’un là-bas ? Palsambleu ! Vous rêvez de mettre la paluche sur une Paloise ? Et si on se tutoyait Monsieur John ?

JOHN – Si tu veux, Monsieur Gilles. Tu avais autre chose à proposer ? Le calme et la volupté en supplément du luxe ?

GILLES – J’aurai peut-être ça un jour. Je l’amènerai sur le rond-point. Enfin, sur le théâtre du rond-point.

JOHN – J’ai l’impression que pour toi le futur est le vide-grenier de tes rêves. Enfin si t’es riche, que t’as RIT ou quoi, je te donne un RIB ou sinon tu peux me faire un chèque. J’accepte aussi le liquide.


Entre Frankie, le pompier de service, qui lance à la cantonade :

FRANKIE – Eh, les gars ! Ça vous dirait un dîner de con ?

GILLES - Vas-y Frankie, c’est bon, c’est bon !

FRANKIE – Alors voilà j’ai concombre en hors d’œuvre, conserve de cassoulet en plat principal et biscuit concassé sur le crumble en dessert.

JOHN – C’est consistant, ça va nous remonter le moral, cher compatriote compatissant !

FRANKIE – De quoi est-ce que vous causiez, citoyens ?

GILLES – Je questionnais Monsieur John sur son désir de luxe.

JOHN – Je suis content qu’on s’intéresse à moi. En même temps, je ne vais pas vous raconter ma vie. Ce n’est pas mon genre et elle est un peu tristounette. Je suis chanteur remplaçant dans des chœurs d’opéra. Autant dire figurant intérimaire sur des tournages de téléfilms de France 3.

FRANKIE – Je me demande comment vous avez survécu jusqu’à aujourd’hui !

JOHN – C’est grâce à l’astrologie. Je suis de type saturnien et mon astrologue m’a prédit que je me réaliserais très tard. Alors j’attends. J’attends mon heure. Tout le monde dit que j’ai la lenteur dans le sang. Ce n’est pas de la lenteur, c’est de la patience.

FRANKIE – Moi ce n’est pas pareil. J’ai des idées mais elles ont du mal à sortir. Sauf la nuit, dans mes rêves. Hier, par exemple, j’ai rêvé que j’accrochais un hareng saur en haut de ma grande échelle !

GILLES – Un hareng saur ? Mais ça pue, le poisson !

FRANKIE – Pas dans les rêves.

JOHN – Vous voyez ? C’est toujours pareil. C’est toujours les victimes qu’on blâme ! Il n’y peut rien le poisson s’il est né fin février et qu’on est en décembre !

FRANKIE – Puisque je vous dis qu’il ne sentait rien !

GILLES – Un poisson sent toujours le poisson !

FRANKIE – Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre !

JOHN – Ah non ! On est sur un rond-point non violent !

FRANKIE – Moi je dis ça, je dis rien.

JOHN – Alors ferme-là ! Il n’y a qu’un bélier pour dire ça ! 

GILLES – A part ça, ça vous dirait de vivre dans le luxe, Monsieur John ?

JOHN – Je ne peux pas l’envisager. Déjà que je gagne pas lourd, en plus j’ai eu un redressement fiscal. Ca fait mal. Très mal !

GILLES – Votre voix doit être bonne pour le gémissement ! Alors ce luxe, c’est non ?

JOHN – Mais pourquoi vous me demandez ça à la fin ?

GILLES – En fait c’est parce que j’ai amené des entrées. Je peux reformuler ça autrement si vous préférez : avec ou sans mayo ?

JOHN – Sans ! Parce qu’en plus j’ai du cholestérol !

GILLES – Ça tombe bien ! Mon entrée c’est des œufs durs et j’ai oublié le pot de mayonnaise à la maison !

RIDEAU

N.B. La photographie est empruntée à  France Bleu

15 janvier 2019

Gil et John / Anne-Françoise

AEV 1819-15 serpent-humour_3

- Ah, dis-donc, mon vieux, je sors de chez le médecin et voilà qu’il m’a dit que j’avais du cholestérol !

- Non !

- Si ! Et alors, adieu fromage, charcuterie, gâteaux, viande… T’imagines ! Qu’est-ce que je vais manger ?


- Fais comme moi ! Pas la moindre miette de cholestérol depuis que je suis devenu reptivore !


- Reptivore ?


- Je mange des serpents.


- Ça alors ! A tous les repas ?


- Oui !


- Et tu avales combien de couleuvres par jour ?


- Chez nous, les reptivores, on calcule en mètres. Pour être en bonne santé, on dit qu’il faut manger au moins 5 mètres de reptiles par jour.


- Et des fruits et légumes, t’en manges ?


- Oui.


- Ben ils disent partout 5 fruits et légumes par jour.


- Mais moi, je donne un nom de fruit ou de légume à chaque reptile que je mange : le matin, orange ou banane ; à midi, brocoli ou haricot et le soir, fraise, pomme ou courgette. Pour être plus clair, je crois que je suis un imposteur et ça ne me dérange pas.


- Au fond de toi, es-tu marginal ?


- Non ! On est nombreux, adeptes du régime reptivore et je me moque pas mal de ceux que ça offusque. Je ne suis pas fait pour les relations calmes.


AEV 1819-15 serpent et souris
- C’est bon pour la santé, le régime reptivore ?


- Excellent, mon vieux. Pauvre en graisse et en sucre, riche en oméga et vitamine ABCDEFGH, oligo-éléments et tutti frutti. Le seul inconvénient, c’est que ça peut être piquant, euh, il peut y avoir quelques piqûres, des rougeurs.


- Et toi, tu rougis facilement ?


- Ça m’arrive, mais qu’aux bras, quand je manque d’attention et j’en suis tout python. Dans ces cas, je boas un grand verre de jus de crapaud qui nagea là une nuit pour ne pas la vie perdre.


- Eh ben moi, ce n’est pas un régime qui me fait envie !


- Mais si, ose l’avouer, rien de tel qu’un anaconda bien gouleyant dans le gosier !


- Ah, non ! Ça ne doit pas être bon pour le foie.


- Mais si ! J’aime ta mauvaise foi, c’est ce qu’il y a de mieux en toi.


- Dis-moi, où t’approvisionnes-tu ?


- Y’a pas mal de serpents en montagne. Je vais dans les Alpes ou les Pyrénées… Et puis, tu sais, je suis un peu aventurier, il m’arrive de changer de chaîne, parfois.


- D’où tous tes voyages…


AEV 1819-15 serpent et mollets
- Ben oui, ça m’envoie partout dans le monde. C’est chouette, non ? Bon, y’en a d’autres qui n’ont pas la chance de voyager comme ça, ils élèvent leurs reptiles dans leur appart, tu vois.


- Ça vaut pas les reptiles en liberté.


- Ça, c’est vrai. Ça n’est pas aussi goûtu… Mais bon…


- Et le bien-être animal, t’en fais quoi, du bien-être animal ?


- Oh, tu cherches tous les prétextes pour ne pas t’y mettre, c’est fou ! Accuser, c’est mentir un peu ! Au fond, tu es tenté !


- Non, pas du tout ! Mais je vois, tu as une langue bien acérée.


- Oui, depuis que je suis reptivore, j’ai la langue bien pendue. Ça m’a donné confiance en moi. Je sais mieux me défendre, me faufiler, mordre quand il le faut. Ça me donne des ailes ! Je me sens invincible, invisible, tu vois, comme le monstre du Loch Ness, je suis constrictor, le super héros du siècle !


- Et avec un peu de chance, tu l’auras, ton étoile, sur Hollywood…


- Mais bien sûr !

9 janvier 2019

Consigne d'écriture 1819-14 du 8 janvier 2019 : Comment j'ai adopté un dragon

Comment j'ai adopté un dragon

 

1718-06 adopte un dragon IMG_0408

1718-06 adopte un dragon IMG_0408Il s'agit d'un jeu de cartes et de dés d'Yves Hirschfeld et Fabien Bleuze édité par "Le Droit de perdre".

Chaque écrivant lance les deux dés verts. Prenons un exemple : s'il obtient un et quatre, on convient qu'il peut avec ces chiffres écrire les nombres quatorze et quarante-et-un.

L'animateur regarde sur une des quatre cartes du jeu ce qui correspond à ces nombres :

14 Moi aussi, j'ai marché sur la Lune

41 Je crois qu'on m'a jeté un sort

L'écrivant choisit un de ces ces deux incipits/thèmes de l'histoire et entreprend de la relater.

1718-06 adopte un dragon IMG_0408 3Toutes les sept minutes l'animateur lance un dé. On doit alors inclure dans son histoire les petits mots qui sont apparus.

Pour cette séance les mots à inclure ont été : 

Quand j'étais petit
Et croyez-moi
Quand soudain
Mais ce n'est pas si grave
Et comme par magie

 

8 janvier 2019

J'ai des dons de guérisseur / Jean-Paul

 

160823 Nikon 081

J’ai des dons de guérisseur. C’est normal : dans une vie antérieure j’ai été herbe médicinale. Je me souviens très bien, c’était dans un monastère médiéval. Je menais alors une vie bien plus simple qu’aujourd’hui. Tout était bien plus carré que maintenant autour de moi et nous étions bien plus solidaires que dans nos sociétés de plus en plus inégalitaires.

Un beau jour, j’ai été utilisée pour fabriquer une potion magique. On m’a découpée en morceaux, j’ai subi des tirs de mortier, j’ai même été proprement pilonné et puis on m’a jeté dans le grand bain de la thérapeutique. En l’occurrence, on l’appelle la marmite, on ne sait où elle habite mais quand on te plonge dans sa réalité, ça chauffe pour ton matricule. C’est un peu normal quelque part qu’on jette les verts dans le chaudron de Saint-Etienne ! Et d’ailleurs, une fois rendue à mon heure dernière, et, croyez-moi, c’était l’heure dernière et pas l’heur dernier je me suis demandé si c’était vraiment Saint-Etienne puisqu’on dit « les Stéphanois ». Plutôt Saint-Stéphane, alors, non ? Ou Sainte Epiphanie aime les sucettes et les dragées laxatives ? Sait-on où vont toutes nos questions quand nos organes se liquéfient, qu’ils déliquescent de savon noir et que nous quittons cette vallée de larmes pour renaître dans un autre corps, une autre substance, un nouveau véhicule inconnu ?

J’ai des dons de guérisseur mais pour que vous en soyez assuré(e), pour que vous puissiez en bénéficier, il vous faut croire en la métempsychose, c’est-à-dire au passage d’une âme unique dans des enveloppes aussi successives que diverses. Ces corps ont leur durée de vie aléatoire mais l’âme est immortelle. Et là, couic, ça coince ! Je les entends déjà les sceptiques parmi vous qui vont me balancer leur question fatidique :

- Tu peux le prouver ? ». 

190109 vacances-helvetus

Au diable, vils suppôts de la rationalité, du matérialisme, de la panurgitude scientifique ! Pas de bol pour vous, je ne suis pas du genre à fréquenter Aplusbégalix, à vous cogner sur le casque pour vous faire entendre déraison, à monter en chaire et en noces pour marier les arguties de poids et les légères suspicions de chemin de vérité. Si vous mettez en doute l’origine de mes talents de guérisseur, c’est certainement parce que vous-même avez été astrologue pour avions au début du XXe siècle ! D’ailleurs des recherches poussées dans la bibliothèque de Plonk et Replonk, nos deux coucous suisses préférés, m’ont permis de retrouver, comme par hasard, vos élucubrations de cette période-là :

Verseau : les biplans de ce signe auront le vent en poupe, surtout ceux du troisième décan. Pensez cependant à voyager léger quand le ciel est chargé de nuages.

Bélier : aujourd’hui vous avez un grain de folie en lieu et place d’hélice. Tout va tourner de traviole et votre jovialité naturelle s’envolera quand vous rencontrerez ce gros zeppelin de soupe en travers de votre chemin.

Gémeaux : les Sopwith Camel natifs de ce signe sont invités à ne pas s’énerver les nerfs en sortant de chez eux. Le célèbre baron rouge, M. Von Richthofen, est encore de sortie. Vous risquez d’en faire les frais.

Moralité : tout est logique, tout est dans tout et réciproquement. La preuve de mes talents de guérisseur vous a été assénée sans que vous ayez eu à souffrir de ma médication magique. La simple lecture de ce texte a suffi : je vous ai vu sourire et entendu rire plusieurs fois. Pour moi, vous êtes guéri.e !

Evitez simplement, dans votre vie future, de vous réincarner en épinard : il paraît que Popeye, très énervé, très affamé, rodera dans la contrée avec un gilet jaune sur le dos !

Il me fallait traiter le sujet "J'ai des dons de guérisseur" et introduire, toutes les cinq minutes une formule tirée avec les dés :

Un beau jour - Et croyez-moi - Et là, couic ! - Tu peux le prouver ? - Pas de bol - Comme par hasard - Moralité

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