Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
30 mai 2017

Une jeune fille aux yeux pers / Eliane

AEV 1617-28 serveuse

Elle avait les yeux pers, il avait les yeux vairons.

Elle portait une robe incarnat sur sa peau d'albâtre.

Il la contemplait, admiratif, mais elle ne le regardait pas. Elle était au bout du rouleau, elle avait servi des cafés, des cafés au lait, des cacaos toute la journée mais bien sûr il ne le savait pas. Il ne savait pas qu'elle avait dû sourire à des clients acariâtres, éviter les mains baladeuses de quelques abrutis ou réparer les dégâts de quelques « absents » qui avaient renversé leur tasse.

Il ne voyait rien de tout cela, animé du désir de lui être agréable. Il avait envie de lui offrir du champagne, des roses rouges et même, et surtout, de l'emmener au septième ciel.

Alarmé, il vit un homme s'approcher d'elle. Un grand mec à la chevelure d'ébène et à l'air altier. Ouh, la, la ! La compétition allait être rude ! Mais la belle tourna la tête et regarda par la fenêtre. Sauvé pour cette fois-ci, mais il avait eu la frousse.

Brusquement, tous les hommes lui paraissaient être des ennemis, des dangers. Par exemple celui-là qui fumait un havane dans le fauteuil Club, ou cet autre, véritable statue de bronze, accoudé au bar.
Même celui-là qui ne payait pas de mine avec sa tignasse couleur carotte.

Bon, assez, il lui fallait être dans l'action. Quelle stratégie adopter ? Il ne fallait pas se planter, se faire rembarrer sous peine d'avoir le cœur lourd et de se traîner des tonnes de cafard. Tout cela le rendait anxieux.

Il en était là de ses ruminations quand brusquement elle se leva, prit son sac et sortit.

Il décida de la suivre.

Elle semblait d'humeur insouciante, un léger sourire grenat sur ses dents de porcelaine. Elle marchait d'un pas alerte, dansant, dans cette ville de pierres grises et d'ardoises brillantes de pluie.

Elle était comme délestée du poids qui, un instant avant, ployait ses épaules.

Curieux il la suivait, inquiet de sa destination mais charmé par cette ballerine qui évoluait devant lui.

Elle s'arrêta devant un grand porche marron, sonna, le porche s'ouvrit et se referma derrière elle.

Arrivé à son tour devant ce portail, il constata qu'il ne portait aucune indication, aucun nom, seulement une sonnette couleur argent.

Il sonna, on lui demanda qui il désirait voir. Il ne connaissait pas le nom de la belle. A tout hasard il dit : « Isabelle ». « Il n'y a aucune Isabelle ici. » Il resta coi, dégrisé, dépité.

Puis il sonna à nouveau : « Excusez-moi, mais il y a une jeune femme qui vient d'entrer, elle a perdu une barrette, une belle barrette incrustée de saphirs. Je voudrais la lui rendre. On lui demanda d'attendre puis on l'informa que non, nulle barrette de ce genre n'avait été perdue.

Contrarié, déboussolé, il ne savait que faire. Il tenait tellement à l'aborder, à lui adresser la parole, à tenter sa chance.

Il décida d'attendre, elle finirait bien par sortir, même si ce n'était que le lendemain.

Il alla s'asseoir sur un banc et resserra sa veste autour de lui. L'espoir était incrusté en lui.

Mais il avait froid et il avait faim. Il grelottait. Un passant compatissant lui demanda s'il avait besoin d'aide. Il lui lança un regard noir, haineux, en déclarant qu'il n'avait rien demandé. Le passant effaré passa son chemin.

AEV 1617-28 coralie

Le temps passait et, à la longue, il eut vraiment trop froid et trop faim. La mort dans l'âme, il se décida à entrer dans ce café, un peu plus loin, qui éclairait le trottoir d'un rectangle jaune.
Il se sentait amer, commanda un chocolat chaud. Il voulait bien aussi les quelques groseilles qui traînaient sur le bar.

Derrière celui-ci deux serveuses ronchonnaient. « Vraiment elle exagère, elle a maintenant une demi-heure de retard. » Le patron intervint : « Finalement Coralie ne viendra pas ce soir, mais il n'y aura plus beaucoup de clients maintenant, Solange, tu peux partir. »

Il leva les yeux : « Coralie, cette jeune femme aux yeux pers, à la peau laiteuse qui aujourd'hui portait une robe rouge ? ».

Les serveuses acquiescèrent et il se sentit soudain envahi d'un doux bien-être. Voilà ! Elle travaillait ici, désormais il saurait où la trouver.

Publicité
Publicité
30 mai 2017

Un léger sentiment d'Eugène / Jean-Paul

IL 170529 Amaury-Duval par DevériaEugène Amaury-Duval (1808-1885), dont un site anglo-saxon prétendait jadis, à tort, qu’il écrivait sous le pseudonyme d’Isaure Chassériau, n’a jamais vu aucun de ses manuscrits littéraires édité. Si j’en crois les perles que j’ai relevées dans son roman « La Couleur des sentiments », il y a quand même de bonnes raisons pour que les éditeurs aient laissé cela à l’état de relique dans mon grenier déjà trop plein de vieilleries :

« Quand l’heure du crime sonne, le roi s’empourpre. C’est qu’il est indigné quand l’un dit « go » et que l’autre se désape. »

« Bien souvent, quand on est mis K.O., on va au tapis. Le tapis n’est pas vert mais par contre, parfois, l’œil est au beurre noir. Comme la raie du combat signifiée par l’arbistre. »

« Heureux celui qui voit la vie en rose s’il a fait faire la paix aux rouges qui affrontaient les blancs. »

« Il n’est jamais totalement hilare, celui qui rit jaune, sauf si c’est un Bouddha au restaurant chinois. »

IL 170529 Amaury-Duval autoportrait 1

« Difficile de rester impavide si tu commandes du rosé et que tu vois le barman mélanger du rouge et du blanc. »

« Par-delà la beauté de leurs pelages fauves, de leurs robes alezanes, leurs crinières tourdilles, si un cheval bai vient à déposer son crottin, on peut très bien être incommodé par cette odeur. Aucun parfumeur jamais ne baptisa un de ses produits « Écurie » ou « Fumier ». Ça se saurait ! »

« On peut rester interdit devant ce panneau : un trait rouge horizontal sur un fond circulaire blanc. Est-ce bien sensé, tout cela ? »

« La moutarde monte au nez de l’irascible dont la maison aux murs moutarde fut ornée cette nuit d’un tag noir anthracite. Pour un peu il en broierait. »

« Lorsque la rose est réséda, le croyant, incrédule, ne sait plus à quel saint se vouer. L’incroyant non plus ! »

« Les enfants joyeux s’élancent dans une danse capucine. »

« Libérée de l’obscurité elle met le nez dehors et voit le soleil se lever.
Libérée de l’obscurité elle met le nez dehors et voit le soleil se lever.
Libérée de l’obscurité elle met le nez dehors et voit le soleil se lever.
Libérée de l’obscurité elle met le nez dehors et voit le soleil se lever.
A la quatrième taupe, il était six heures du matin. »

IL 170529 Amaury-Duval Hyppolite Bayard et Bertall, coll« Quelquefois, on est à la noce. Et ce n’est pas forcément une mariée en blanc qui vous emmène au septième ciel. Cela vaut mieux, d’ailleurs, pour tout le monde : il n’y a plus que les homosexuel(le)s qui se marient aujourd’hui. Ça limite les occasions d’être à la noce. »

« Parfois Tartuffe battait sa coulpe : il lui serrait la haire chair avec une discipline aubergine. »

« De voir toutes ces vieilles photos, ça peut vous foutre le bourdon. Surtout si vous avez vécu à l’époque où la vie était en noir et blanc et si vous avez des souvenirs sépia. »

« On peut avoir le cœur au bord des lèvres et conclure par le dépôt d’une gerbe au monument aux ors mais il faut avoir sacrément forcé sur le curaçao pour que le vomi soit turquoise. »

« Elle était attendrie par mes côtés fleur bleue : lui offrir un bouquet de violettes la faisait fondre. Quand elle n’était plus qu’une flaque j’avais les nerfs en pelote. Je l’ai quittée, ce glaçon. »

« Bienheureux les pauvres en esprit ! Ils peuvent désormais se façonner un savoir dans l’argile écru de Wikipedia et se fabriquer une culture incolore en regardant Youtube dans le blanc des yeux ! »

IL 170529 Amaury-Duval photo« Les gars qu’on asticote, ils prennent la mouche, ils en font tout un fromage. C’était juste une blague, même pas amarante, certes, mais qui ne justifie pas ces expressions de douleur soufre, d’orgueil enflammé, d’ascension de grands alezans. »

« On peut errer comme une âme en peine dans un purgatoire blafard ou glauque, surtout si c’est un labyrinthe zinzolin. Rappelons-le : le zinzolin s’obtient à partir de la graine de sésame. »

« Cette jolie jeune fille en robe champagne, sa seule contemplation l’avait mis d’humeur pétillante. Il avait même réussi à troquer sa mine de papier mâché contre une teinte assez bulle. »

« Monsieur le curé était décontenancé par la couleur du vélo que ses paroissiens venaient de lui offrir : cyclamen ! »

IL 170529 Amaury-Duval naissance de Vénus« Quand le FC Nantes perd 5 à 0 contre les Rouge et Noir (Rennes) le canari est d’une humeur massacrante. Et pourtant c’est lui, le massacré ! »

« Si vous êtes débordé, déprimé, que le travail vous rend chèvre, mettez-vous au vert. Allez en élever dans le Larzac ! »

« Quand elle est d’humeur folâtre, elle s’habille en rose saumon ; quand elle est d’humeur saumâtre, elle s’habille en bleu Folon. »

« J’étais désorienté : elle avait des yeux verts en amande, des petites fesses grosses comme des noisettes et elle était partie d’un fou-rire gigantesque lorsque, me voyant nu comme un ver elle avait trouvé mes noix acajou. Alors qu’elles n’étaient qu’auburn. Est-ce que je me mêlais des couleurs de son abricot, moi ? »

24 mai 2017

Consigne d'écriture 1617-27 du 23 mai 2017 A la va comme je te pousse (rimes en p*sse et m*sse)

A la va comme je te pousse (rimes en p*sse et m*sse)

 

Vous écrivez sur le thème «  A la va comme je te pousse » en essayant d’inclure les mots de cette liste, si possible en alternant les finales en « p » et les finales en « m » Exemple : « A la va comme je te pousse on s’étendait sur la mousse à la sortie de la messe par là où les vaches paissent ». 

Impasse
Masse
Grimace
hommasse
limace
ramasse
masse
contumace
carapace
dépasse
rapace

émousse
pamplemousse
pouce
mousse
pousse
repousse
trémousse

 

miss
immisce
prémisses
précipice
auspice
que je misse
pisse
épice

 

Epaisse
messe
Promesse
Kermesse
Hermès
Herpès
papesse

 

Mince
Pince

 

Puce
Que je pusse
Que je m’émusse
Humus
Nostradamus
Habeas corpus

 

Démence
Pense
Immense
Clémence
Commence
Compense
Dépense
Ensemence
Panse

 

23 mai 2017

Limericks à la va comme je te pousse / Jean-Paul

A la va comme je te pousse
J’ai planté du pamplemousse.
Qu’eût-il fallu que je misse
Pour ne pas qu’ici s’immisce
Une endive sur la mousse ?

190417 01 endive

 

La bestiole à carapace
La voilà ! Elle dépasse
Cet imbécile d’Hermès,
Le lièvre à bêtise épaisse !
Sûr, il va faire la grimace !

190417 lièvre

 

Eût-il fallu que je m’émusse
Des prédictions Nostradamus ?
De son incroyable promesse
Que l’on aurait une passe ?
Eussé-je dû les revendre aux puces ?

190417 3 trump-nostradamus-3

Ton jardin, tu l’ensemences
Et par infinie clémence
Tu verses pour la limace
De la bière dans une tasse
De la mort par contumace

190417 4 222222

 

A la va comme je te pousse
Elles arrivent les vacances !
On va pouvoir crier « pouce ! ».
Ca commence ! On décompense…
Zut ! Septembre ! On recommence.

190417 5 et-voici-le-calendrier-des-vacances-scolaires-2017-2018_1

Au restaurant, des épices…
La nuit qui fait des promesses…
Elle acquiesce la petite miss…
Et à l’issue de la messe
Te refile une chaude-pisse
Ou un herpès !

190417 6 photo0jpg

C’est vrai : à la Sainte-Luce
Les jours font un saut de puce.
Un dompteur un peu rapace
Les assomme, les ramasse,
Les revend au cirque Grüss.

190417 7 vz-3DF8DF63-B4BA-4D00-8342-119891CFF9DA

 

Mince !
J’en pince
Pour Clémence !

C’est vraiment de la démence
Tout l’argent que je dépense
Pour que cet amour immense
Nous mène jusqu’à la transe :

J’habite Lens
Elle Saint-Gaudens

190417 8 DSCF036000

Une tortue un peu hommasse
Habitait dans une impasse
Une étrange carapace :
Un vieux lit super maousse,
Un doux matelas de mousse

 

190417 11 happy_birthday_liz_part_l_by_silvervulpine-d6voeb2

Les jours de kermesse
Dans sa panse épaisse
Qu’ingurgite
Brigitte ?
Des tonnes de frites !

Quand la lune est rousse
Le bal se trémousse
A quoi pense Hortense
Dans les Hauts-de-France ?

A vampiriser
Les Champs-Elysées

190417 10 Les-festivites-du-Nouvel-an-maintenues-sur-les-Champs-Elysees-malgre-les-gilets-jaunes

LA RÉVOLTE DU COMMISSAIRE

Au fond d’une impasse
V’la qu’je me ramasse !
J’ai bu trop de mousses,
L’estomac crie pouce :
Je vomis sur ma limace.

A même l’humus
Parmi quelques détritus
Le cadavre d’une gonzesse !
Etranglée vraiment nénesse
Avec son carré Hermès !

Zut ! Voilà qu’ça recommence !
C’est la panique des sens !
Faut qu’je calte à Caracas
Hors de ce roman salace
Où m’a collé Fred Vargas !

Cette romancière à la masse
Me condamne par contumace
A des tas d’extravagances !
Fi du délirium tremens !
Adamsberg veut des vacances ! 

23 mai 2017

Jour de kermesse / Eliane

C 'était un beau dimanche ensoleillé,
D'une journée festive et amicale la promesse.
C'était, au village, le jour de la kermesse.
Les filles s'en réjouissaient depuis la veille.

Aujourd'hui, dans leurs sacs,
Juste de quoi assurer leurs dépenses,
Bonbons en vrac,
Pour un plaisir immense.

Un clown grimace,
Ramasse une limace
Puis la jette, la repousse ;
Elle atterrit dans la mousse.
Pauvre limace
Sans carapace !
Les filles font la grimace.

AEV 1617-27 Eliane Peter_Paul_Rubens_014

Plus loin, juste devant le précipice,
Un homme dresse un rapace,
L'envoie jusqu'au piton qui dépasse.
La foule s'agglutine
Pour, d'un beau spectacle, les prémisses.

Indifférente, une abeille butine
Et la foule s'éparpille.

Les filles sucent des glaces à la myrtille
Quelques danseuses se trémoussent
Devant un bambin suçant son pouce.
La maman, une jolie rousse
Portant un tailleur,
Regarde ailleurs.
Les danseuses assoiffées crient « Pouce ! ».

Plus loin encore, dans l'impasse,
Un magicien fait un tour de passe-passe.
La foule de nouveau fait masse.
Les filles s'immiscent,
Espérant que les éblouir il puisse.
Le tour est raté.
Le magicien implore la clémence
Ravageant leur désir immense.
Leur attention est déconnectée ;
Leurs achats elles ramassent
Et pendant qu'un attelage passe-passe
Vers la sortie elles se poussent.

Une vieille dame propose des pamplemousses :
Elle déclinent, elles ont un herpès,
Disent devoir aller à la messe
Ou alors faire la moisson.
Sur le paillasson
La vieille rigole,
Les filles se gondolent.

AEV 1617-27 Eliane kermesse

 

 

Publicité
Publicité
7 mai 2017

Le Débat des bas bleus / Maryvonne

Dans ce même exercice, «inclure des noms de danses», il y a quelque temps, j'avais raconté ma vie passée. Aujourd'hui je me tourne vers ma vie future. 

Le 3 mai 2017, au cours d'un débat entre deux candidats à la présidence de la République se jouait mon avenir. Le bal à deux entre les candidats n'avait rien d'un slow joue à joue. Il y avait un peu de bastringue, de la java et du swing sur le plateau.

AEV 1617-24 Maryvonne danse

La belle blonde sous son cotillon bleu voudrait nous faire marcher au pas de l'oie à l'Allemande  et fermer nos frontières. Alors plus de sirtaki, de séguedille, de capoeira, de cracovienne et autres danses étrangères. Ce sera bourrée auvergnate pour tout le monde. Le beau cavalier aux yeux bleus tango n'a pas joué la dérobée, il a assuré la contredanse face à un certain nombres de cancans qui lui sont tombés dessus pour essayer de le pilé menu.

D'un côté comme de l'autre les chiffres ont valsé pour nous étourdir. Des millions d'euros en plus ou en moins ils en avaient plein leur musette. Il y avait même la dame qui faisait la pavane avec des vrais et faux euros  ou des faux et des vrais francs.

J'en étais toute retournée comme une toupie. Ce ne sera pas facile pour notre vie courante si la monnaie joue la polka piquée, piquée dans notre porte monnaie bien sur.

Je me suis demandé (ou pas) si la vérité n'a pas joué l'arlésienne de temps en temps dans le débat.

Si tout cela tourne vraiment mal nous aurons plusieurs options : soit descendre dans la rue pour danser la carmagnole ou la gigue révolutionnaire, soit aller se dérider dans nos festou-noz à coup de gavottes ou de ronds de Saint-Vincent à passe-pied que veux-tu. 

De toute façon je pense que nous serons tous «en marche». Mais je constate que cette bonne vieille danse n’apparaît pas dans la liste au profit sans doute du paso-doble. C'était pourtant la danse qui entamait le bal et qui était la base du fameux : « Changez de cavalière ». Ah ! La brave marche que tout le monde savait danser ! Évidemment les initiales  EM pour En Marche allaient mieux à Emmanuel Macron. Celles du paso-doble auraient fait PD. Mais j'ai l'esprit tordu. 

3 mai 2017

Consigne d'écriture 1617-26 du 2 mai 2017 : Pensées entre deux anagrammes

AEV 1617-26 Anagrammes-pour-lire-dans-les-pensees

Pensées entre deux anagrammes

Dans le livre « Anagrammes pour lire dans les pensées », Jacques Perry-Salkow a relevé des phrases philosophiques dont les lettres mélangées peuvent reformer d’autres mots et donc d’autres phrases.

 Il a demandé à Raphaël Enthoven d’écrire un texte qui mène d’une formule à son anagramme. A titre d’exemple ce texte nous explique pourquoi « Critique de la raison pure » devient « paradis onirique et cruel » ou divague plus ou moins logiquement entre les deux formules.

 Il est demandé d’écrire plusieurs textes d’une quinzaine de lignes pour aller d’une anagramme à l’autre. Tous les styles sont admis.

Voici la liste des anagrammes proposées dans lesquelles chacun(e) pouvait choisir :

 

Empruntons la route et rions Et la mort n’est rien pour nous
Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre L’écriture signe le questionnement
On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve la vague sans fin modifiée emmène nos jeux de sable
Le travail, la famille, la patrie La villa, le mari parfait, la télé
Mouvement des Femen Vénus, femme et démon
La crise de l’autorité Le droit à la sécurité
Liberté égalité fraternité ébriété, flirt et galanterie
Intouchable chant oublié
De la démocratie art de la comédie
Monseigneur Bossuet, l’aigle de Meaux Diable ! les goûteux sermons ! Une magie !
Et si le ciel était vide ? Ta vie, elle est dite ici !
Monsieur Tout le monde Tu es le mouton endormi
La révolution d’octobre robinet d’alcool ouvert
La fonction crée l’organe Le forgeron connaît cela
L’ancien régime et la révolution Le roi guillotiné creva net. Amen
La propriété, source de l’égalité origine de la prospérité actuelle
Dieu est mort Remis de tout
Le journal d’un séducteur jeu cruel d’un sale tordu
La beauté est dans l’œil de celui qui regarde et Dieu créa la laideur dans le geste oblique
Le misanthrope l’atmosphérien
On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux Saint-Exupéry veut, noble visée, que l’être conçoive bien les illusions
On se suicide toujours trop tard Discutera-t-on toujours d’espoir ?
Le paradis terrestre plâtre de terrassier
La vieillesse est un naufrage vigne austère sans la feuille
Le rêve américain La vie mercenaire
Qu’est-ce que le moi c’est quelque émoi
L’inconscient est un lac obscur blanc inconnu sous clé stricte
Entre la solitude et la vulgarité une voile leste, l’attrait du large
La grande muraille de Chine Le daim regarde la chenille
La vraie vie est ailleurs La rivière suit sa vallée
Le nombril du monde l’immonde rond bleu
La morale a toujours le dernier mot Alors l’amour rend Juliette à Roméo
La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix Le gueux radine, l’étendard palpite, le ciel bouge
Perdre sa vie à la gagner aspire à la grande grève
La révolution industrielle nourrit la solitude en ville
Question sans réponse enquêtons sans espoir
La fin du monde est pour demain arôme fou d’un matin splendide
De l’entremangerie universelle Nulle règle. Rester en vie demain
Cueille le jour sans te soucier du lendemain au seuil du jardin : une école, cent mille roses…
Penser contre soi-même comme serpenter en soi
Autres temps, autres mœurs Tout passe et sera murmures
Salon de Madame Verdurin Marivauder dans le monde
Le baiser du soir libido rassurée
Le sens de la vie L’éveil des ânes
L’épreuve de philo du bac l’approche bleue du vide
L’amour un instant de bave un diamant bouleversant

 

2 mai 2017

La Beauté / Eliane

La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde. La beauté ne serait donc que subjective, ne concernerait que le sujet observant, sans tenir compte de l'aspect physique répondant, ou non, aux canons de beauté reconnus par tous du sujet observé ? Alors la question se pose, qu'est-ce qu'un être, un paysage, un objet beau ? 

AEV 1617-26 Eliane beauté

Les canons de beauté seraient-ils une question d'équilibre, d'harmonie flattant la représentation interne que le sujet observant se fait du sujet observé ?

L'affirmation de la phrase « La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde » semble dire que chacun a sa propre idée des proportions harmonieuses, de l'équilibre des lignes. Pourtant nous sommes unanimes à reconnaître que tel site naturel est beau, agréable à contempler. Alors pourquoi n'est-ce pas forcément le cas pour la beauté d'un être humain ?

Il est vrai que pour ces derniers beaucoup d'éléments entrent en jeu : le charme, le sourire, l'oeil qui pétille, la conversation, la façon de se mouvoir, la grâce.

 Bien sûr il en faut pour tous les goûts, c'est sans doute pourquoi la nature (Dieu pour certains) nous a  faits tous différents. D'abord cela permet de se différencier, de se reconnaître pour que chacun trouve ce qui le séduit en l'autre.

Pour apprécier la beauté il fallait un élément de comparaison, son opposé, des traits disgracieux, des personnages repoussants, c'est pourquoi Dieu créa la laideur dans un geste oblique.

2 mai 2017

Le Séducteur / Eliane

AEV 1617-26 Eliane Casanova

Le journal d'un séducteur est un large panorama de conquêtes féminines. Casanova, en voyant une belle femme, une femme qui l'attire, n'a de cesse de la séduire, de la conquérir et, pour tout dire, de la mettre dans son lit.

Ce but, durant le temps que dure l'opération, mobilise toute son énergie, occupe toutes ses pensées. C'est un aveu, il lui faut cette femme.

Pendant le temps que dure la conquête il ne voit pas les autres beautés qui passent à proximité. Elles ne l'intéressent pas, il lui faut simplement être victorieux de la résistance opposée. Comme il a une grande pratique, beaucoup d'opiniâtreté, il arrive toujours à ses fins.

Une fois le but atteint la dame ne l'intéresse plus, il n'est pas amoureux, il n'est pas conquis. Alors les autres femmes prennent corps et, parmi elles, la plus pure, celle qui ne se laissera pas facilement faire, celle-ci retient toute son attention, et la lutte commence tandis que pleure la conquête précédente.

Il s'agit simplement du jeu cruel d'un sale tordu.

2 mai 2017

L'Inconscient / Eliane

AEV 1617-26 Eliane Freud

L'inconscient est un lac obscur. Par définition même, nous ne sommes pas concients de la composition des remous de ce lac.

Pourtant, au moins pour Freud et quelques autres, ce serait ce lac qui guide nos pulsions, qui est le réalisateur de nos rêves nocturnes.

On pourrait se demander ce qui l'a formé et de quoi il est composé : souvenirs d'enfance enfouis ? Séquelles d'éducation ? Incomplétude, manque d'amour ? Désir de se faire une place ? C'est bien compliqué, bien mouvant, bien refoulé.

Nous n'aurions donc pas notre libre arbitre, notre pouvoir de décision, de choix de chemins. Nous serions dirigés, poussés, malmenés par cet inconscient. Il nous ferait agir contre notre volonté, responsables de nos actes manqués et autres. 

Nous n'avons pas le mode d'emploi pour le déverrouiller nous-mêmes, pour le mettre au grand jour et ainsi pouvoir, peut-être, agir en opposition à ce que ce puissant inconscient veut  nous imposer.

Alors on peut conclure que celui-ci n'est finalement qu'un blanc inconnu sous clé stricte.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité