Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
28 septembre 2016

Consigne d'écriture 1617-03 du 27 septembre 2016 : Le jeu des sept croix

Le jeu des sept croix de Pierre Frenkiel

Chacun écrit son prénom au verso d'une feuille blanche. Sur le recto de la feuille il positionne sept croix ou points.

On transmet la feuille au voisin ou à la voisine de droite. Il ou elle a pour mission de relier deux de ces croix ou points par une ligne droite, courbe, brisée, un dessin, un mot, une phrase... On fait ensuite tourner la feuille six fois et on la rend à son propriétaire.

On obtient donc un dessin, schéma, cadavre exquis ou gribouillis à partir duquel on écrit un texte. 

Ce jeu d’écriture est tiré de ce livre de Pierre Frenkiel, p. 84-85 :

 

AEV 1617-03 Frenkiel

 

Publicité
Publicité
27 septembre 2016

Les croix / Marie-France

Avec une infinie tendresse, la foule les yeux levés,
Regardait avec inquiétude et admiration,
L'enfant se balancer sur son fil, si fragile.
Les spectateurs béats et attentifs
Poussaient des Oh et des Ah
Il ne leur en fallait pas plus pour être heureux.

AEV 1617-03 20229739-B-b-seamless-de-mignonne-petite-girafe-illustration-color-e-Banque-d'images

Au sol, la girafe s'était invitée,
Perchée sur une boule,
Elle se dandinait tout autour de la piste,
Et saluait majestueusement au passage,
Les petits et les grands.
C'était assurément une girafe acrobate.
Elle donnait l'illusion de se mélanger les pattes
Mais à chaque fois se rétablissait,
Et la boule roulait, roulait…

Les papys et les mamies,
Les grands et les petits
Se reculaient au passage
De cet animal un peu sauvage.
Mais chaque fois qu'elle semblait s'en aller,
Ils en redemandaient
De ces numéros d'équilibre.
Ils se sentaient transportés
Au 7ème ciel de la félicité.

AEV 1617-03 stickers-cirque-elephant-sur-un-monocycle-R0-204289

L'espace d'une soirée
On se sentait pousser des ailes,
On aurait aimé rejoindre
L'enfant sur son fil.
Maintenant il se balançait
Sur un trapèze volant,
Et soudain retombait
Sur le dos d'un éléphant.

Un tonnerre d'applaudissements,
Et tous les animaux présents,
Sont venus nous saluer
Avant de s'en aller,
La queue en balancier.

Ils avaient été bien obéissants,
Dociles et appliqués.
J'en arrive à penser,
Comme l'a si bien écrit Henry :
« Tout animal vaut mieux que l'homme ».
N'est-ce pas petit bonhomme ?

Ecrit à partir du schéma-dessin ci-dessous.

AEV 1617-03 Marie-France - Les 7 croix

 

27 septembre 2016

Questionnaire à croix multiples / Jean-Paul

Allô ? Allô ?
Allez ! Allez !
Ali ! Ali !
Alu ! Alu !
Allah ! Allah !
Hâle ! Hâle !

AEV 1617-03 henri2_3Allô ? Allô ? Ca va, là haut ?
Allez ! Allez ! Brigitte Lahaye !
Ali ! Ali ! Ne m’réponds pas en swahili
Alu ! Alu ! Y’a Henri II dans le bahut !
Allah ! Allah ! Elle a ce je n’sais quoi, un petit tralala
Hâle ! Hâle ! Y’a du soleil et du ciel bleu

Est-ce maman qui a bobo ?
Est-ce Louison qui a Bobet ?
Est-ce Louis Armstrong qui se trouve ébaubi ?
Est-ce Macron qui est barbu ?
Est-ce qu’on peut rester cool quand on l’a dans l’baba ?
Est-ce qu’on peut taire le vent à écorner les bœufs ?

Qui a mangé tout le paquet de chamallows ?
Qui a plongé dans le baquet du Tourmalet ?
Qui a songé à lui rabattre le caquet au cruel vautour du Mali ?
Qui à Tanger s’en va récupérer des points comme ce n’est pas permis pour stopper son malus ?
Qui s’en va voir l’amiral Nelson à Montfort-sur-Meu pour lui piquer ses mandalas ?
Qui s’en va corriger les banquiers scandaleux ?

AEV 1617-03 don_quijote_baja_by_fgalve-d7a57y2

Est-ce Don Quichotte ou bien Sancho ?
Est-ce donc Cochise ou bien Sanchez ?
Espadon qui chuchote ou baleine sans chichis ?
Est-ce pas là le tapis de mousse sur lequel Tarzan chut ?
Est-ce pas le maousse de tapa que Don Quichotte pêcha et que Sancho lança ?
Est-ce pas là l’estomac dans lequel j’ai un creux ?

Qui a dit « Martyr c’est pourrir un peu » ?
Qui a dit « Marteau, c’est poireau un pneu » ?
Qui a dit « Martel c’est pareil qu’un preux s’il s’appelle Charles » ?
Qui a dit « Merlu c’est perle d’Orient qu’un pur stratagème a changé en sel » ?
Qui a dit « Mastard, c’est pouvoir un peu » ?
Qui a dit « Matheux, c’est palsambleu un peu » ?

Faut-il continuer à se battre contre des moulins à vent ?
Faut-il continuer à s’ébattre contre des nymphes en jean moulant à Provins ?
Faut-il continuer à débattre contre les provocations vermoulues de l’avant ?
Faut-il continuer à délirer ainsi jusqu’à ce que survienne au bout de l’écriture une déconvenue ?
Faut-il continuer à désirer un peu jusqu’à ce que s’en vienne au bout de l’aventure une des icônes sur lesquelles les ébats de l’Abdul dessinées en octobre au zoo font naître un petit lion dans le premier décan ?
Faut-il continuer à rester dans la queue qui n’avance pas d’un pas pour pouvoir observer la comète de Haley et son curieux halo ?

Halo ? Halo ?
Allô ? Allô ? Ca va là-haut ?
Est-ce Maman qui a bobo ?
Qui a mangé tout le paquet de chamallows ?
Est-ce Don Quichotte ou bien Sancho ?
Qui a dit « Martyr c’est pourrir un peu » ?
Faut-il continuer à se battre contre les moulins à vent ?

Ecrit à partir du schéma-dessin ci-dessous.

Jeu des sept croix - JK

23 septembre 2016

Consigne d'écriture 1617-02 du 20 septembre 2016 : Belle ou moche ?

Belle ou moche ? 

On collecte du vocabulaire : dix rimes, pas forcément riches, à l’adjectif « belle » et dix rimes «  à l’adjectif « moche ».

On met ce vocabulaire en commun. On obtient ainsi la liste ci-dessous. Il est demandé d’écrire une chanson, un poème, un texte dans lequel on fait alterner les sonorités en « elle » et les sonorités en « oche ».

Accroche - Bamboche - Bastoche - Belle-doche - Bidoche - Boche - Bouloche - Brioche - Caboche - Cantoche - Cinoche - Cloche - Coche - Effiloche - Fantoche - Fastoche - Fastoche - Festoche - Filoche - Gavroche - Galoche - Gauche - Juliette Binoche - Loches - Maréchal Foch - Mioche - Moche - Place Hoche - Poche - Proche - Ricoche - Roche - Sacoche - Taloche - Télé-poche - Totoche - Tournebroche – Valoche.

 

Aile - Annabelle - balancelle - Bébel - Bordel - Bretelle - Camel - Cannelle - Caramel - Caravelle - Carrousel - Colombelle - Cruel - Damoiselle - Demoiselle - Dentelle - Donzelle - Echelle - Escarcelle - Femelle - Ficelle - Fidèle - Gabelle - Gamelle - Gargamel - Gazelle - Glorfindel - Hirondelle - Hôtel - Isabelle - Jean de Nivelle - Label - Manivelle - Marcel - Marelle - Mère Michel - Miel - Mirabelle - Missel - Pelle - Pimprenelle - Polichinelle - Poubelle - Porte-jarretelles - Quel - Ravel - Réel - Ribambelle - Ridelle - Rimmel - Ritournelle - Saltarelle - Sauterelle - Sel - Tagliatelle - Tarentelle - Tel - Tourterelle - Vaisselle - Varicelle - Vermicelle – Violoncelle.

 Ce jeu d’écriture est inspiré de la chanson « Belle et rebelle » de Juliette Noureddine sur l'album "Nour".

 

AEV 1617-02 juliette_nour-1024x1024

23 septembre 2016

Famille Thénardier, je vous hais ! / Jean-Paul

Ils continuent de ne pas s'embêter, à l'Université de Rennes 3 ! L'équipe de chercheurs un brin farfelus formée par le Pr Isaure Chassériau et les trois frères Park (Luna, Jurassic et Central) envoie toujours dans le passé son véhicule-robot baptisé Tornado afin d'en ramener des trésors (?) non parvenus jusqu'à nous. Il en est ainsi du poème ci-dessous, un  pastiche de Victor Hugo écrit par André Gide et que l'auteur a sans doute jugé bon de déchirer un peu avant de recevoir le prix Nobel de littérature en 1947. Remercions l'Université de Rennes 3 d'avoir récupéré ce document très intéressant pour l'histoire littéraire du XXe siècle.

FAMILLE THENARDIER, JE VOUS HAIS ! (un poème retrouvé d’André Gide)

AEV 16-17-02 dubout5

Si tu veux foutre le bordel
Au nouvel an chez ta belle-doche
Tu débarques en porte-jarretelles
En brandissant un tournebroche
Garni de blanches tourterelles !

Surtout, n’fais pas dans la dentelle,
Au nouvel an chez ta belle-doche !
Vas-y déguisé en poubelle
Avec des restes de cantoche
Dans ta chevelure poivre et sel ! 

AEV 1617-02 5176981

Comme Lady Gaga l’infidèle
Tu te recouvres de bidoche,
Tu joues au vieux Polichinelle
Et tu accroches en haut de l’échelle
Les plus turbulents des mioches moches
De ta belle-sœur Isabelle.

C’est fastoche de faire un festoche
De mauvais goût un peu cruel !
Je sais d’infâmes ritournelles
Extraites des « Fiancés de Loches »

Du genr’ « Le chat d’la mère Michel
Mixé dans la pâte à brioche » !

 A la petite Pimprenelle
Tu confisques sa vieille totoche,
Tu la lui caches dans l’eau d’vaisselle
Et à sa grande sœur, la gazelle
Qui crèche rue du Maréchal Foch,
Pendant qu’elle touille son vermicelle
Tu lui roules deux ou trois galoches !

AEV 1617-02 dubout6

Si tu veux foutre le bordel
Au nouvel an chez ta belle-doche
Tu viens avec la varicelle,
Avec la peau qui s’effiloche !
J’ai un pote qui boss’ dans l’cinoche,
Il connaît toutes les ficelles
Du maquillage gore qu’on s’accroche
Pour faire trembler les jouvencelles !

 Si t’es du genre intellectuel
Tu viens avec Aldo Ripoche !
Il jouera sur son violoncelle
Le « Concerto pour la main gauche »
Du dénommé Maurice Ravel
Ou de frondeuses tarentelles
Composées par Gérard Filoche :
Y’a pas plus chiant comme saltarelle ! 

AEV 1617-02 albert-dubout-le-prince-des-humoristes-7-m

Si ta famille, par les bretelles,
T’envoie ramasser une gamelle
Sur le pavé de la place Hoche
Tu as gagné ! C’est dans la poche !
Tu ne paieras plus la gabelle
De cette sinistre bamboche :
Tu ne fais plus partie des proches !

Et l’année prochaine, à Noël
Moët et Chandon plein la valoche,
Caviar de Russie à la pelle,
Tu pourras te taper la cloche
Sans te farcir les sales caboches
De ces messieurs et demoiselles !

Tu pourras te faire un cinoche,
Mireille Darc dans « La grande sauterelle »,
Un film avec Juliette Binoche,
Un vieux polar avec Bébel
Ou rester devant ta téloche
En te gavant de caramel !

AEV 1617-02 62d7064d

Famille, je vous Gargamelle !
Vous ne méritez que taloches,
Horions et coups de manivelle !

Et je signe, sans anicroche :
Gavroche, rebelle de la Bastoche.

 

 

Les illustrations sont d'Albert Dubout et empruntées ici et là sur le web. Merci à l'artiste et aux généreux partageurs.

Publicité
Publicité
19 septembre 2016

Consigne d'écriture 1617-01 du 13 septembre 2016 : Peanuts

Peanuts

L'animateur distribue à chacun(e) 4 pages de l'album de bandes dessinées "Snopy se fait mousser",

Il est proposé

- soit de raconter un strip - une bande horizontale - rien qu'avec des mots, sous forme d'histoire sans images, comme si on s'adressait à un non-voyant (ou à un aveugle) ;
- soit de parler de ces gamins et de ce chien comme s'ils étaient de réels habitants de votre quartier ;
- soit d'utiliser le texte de cinq bulles de la BD pour raconter ce que l'on veut.

DDS 420 snoopy26_21022002

13 septembre 2016

Faits d'été, faits divers / Maryvonnne

Fin juin, dernière séance d'écriture à Villejean, je pose mon crayon raide comme un bout de bois dans ma trousse, il bat des cils, ferme les yeux, il a grise mine, sa bouche a la forme d'une virgule couchée elle aussi. Les mots se lovent sous ma gomme. Je tire la fermeture éclair . Déprime !

Pourtant il suffirait de décider que cette fois je m'attelle à mon livre. Ce n'est pas la première fois que j'y pense mais, comme tout grand écrivain, j'ai connu la souffrance, surtout de ne pas savoir par où commencer. J'avais bien commis quelques nouvelles mais les éditeurs envoyaient des lettres de refus.

Cette fois il me fallait être plus ambitieuse. Puisque les vacances étaient là, pourquoi ne pas trouver l'inspiration dans la vie estivale ? Juste une idée comme ça !

J'allais justement sur la côte des « côtes d'Armor », dans une station dont le nom s'égrène comme du sable fin : E...R...Q...U...Y.... Avec mon balcon sur la mer j'allais bien être spectatrice de quelques faits importants, de scènes de vie cocasse, de roucoulades au clair de lune, de prises de becs entre automobilistes ou entre goélands, de rencontres secrètes dans le petit chemin de la rue des Forges.

Avec des noms comme la rue du Paradis, la rue de l'Enfer il y avait de quoi planter le décor. Mais non, le beau temps apaisait les touristes et les commerçants : tout le monde était joyeux et content, pas de quoi en faire un roman.

Assise sur le sable je me dis : « Ma fille tu n'as pas vraiment de but dans ta vie ! ».

Même pas capable de démarrer un livre. J'avais pourtant déjà le titre : « J'suis moche mais ça me va bien », réflexion humoristique que m'avait faite ma copine Jojo un jour d'adolescence où je pestais contre mon acné.

Les yeux dans la vague, les pieds dans le sable, je suis à marée basse sous mon crâne. Soudain j'entends deux enfants babiller derrière moi ; ils ont construit un super château de sable. La petite fille très enthousiaste, toute à son ouvrage monumental s'écrie : « Et dans mille ans, on contemplera avec satisfaction ce qu'on a construit aujourd'hui ! ».

Le petit garçon plus dubitatif se retourne et voit un gros nuage prometteur d'orage.

Il anticipe la catastrophe.

Il a le regard qui s'écroule comme un château de sable sous la pluie.

Puis il se retourne vers moi et me demande : « Et un jour, nous aussi, on n'existera plus ? ».

- Oui, un jour, mais dans longtemps, nous n'existerons plus. ». J'ai beau moduler ma voix la plus douce, un gros chagrin s'abat sur lui, plus violent que l'orage.

- Je ne veux pas ne plus exister un jour ! Je ne veux pas ne plus exister un jour ! » pleure-t-il à gros sanglots.

Soudain j'avais un but dans ma vie : j'avais un petit garçon à consoler mais ce ne fut pas une mince affaire.

En me quittant il me dit : « Tu rentres chez toi ? Alors, profite parce qu'un jour tu n'existeras plus ! » . C'est fou ce qu'un rien peut vous remonter le moral.

Peanuts 07 R

 

13 septembre 2016

Tout ça, c'est peanuts ! / Jean-Paul

Affalé

Dans la famille, dans chaque famille, il y a toujours un affalé. Il est vautré dans le fauteuil, allongé sur le canapé, les bras mous, les paupières tombantes, le temps de cerveau plutôt éteint, surtout s’il regarde TF1. Mais ça marche aussi avec des documentaires sur Arte.

Chez nous il y a eu l’oncle Désiré qui traînait en pyjama une bonne partie de la matinée. Il avait d’ailleurs toujours fait ça. Quand il était jeune, ses copains venaient le chercher le dimanche à midi. Il dormait encore et ne se levait pas pour les voir. Charmante famille !

Pour devenir affalé, pas besoin de suivre des cours. Il suffit que la télé soit la télé et que le siège soit confortable. Chez nous, quand j’étais adulescent, on a possédé pendant un certain temps un objet hyper-vintage : un fauteuil à billes ! J’ai regardé, affalé dedans, en noir et blanc, tard le soir, le ciné-club de Claude-Jean Philippe qui vient de nous quitter pour le paradis des cinéphiles.

Quand j’ai quitté la maison pour aller vivre ma vie de jeune adulte à Paris on n’avait pas de magnétoscope. Aussi n’ai-je jamais enregistré de documentaire animalier… pour mon chien !

D’ailleurs, comme le chante très bien Jacques Brel, « J’ai jamais eu de chien » ni d’autre animal domestique chez moi. Ce qui ne m’interdit pas de vivre, sans fauteuil à billes et sans télévision, mais très heureusement, avec une femme bélier !

Peanuts 02 A R


Pluie de notes

Aujourd’hui, il pleut des notes.

Ce n’est pas qu’on soit fatigué des hallebardes, des cordes ou de la simple pluie bretonne. Ce n’est pas que l’institutrice restitue les copies de la composition d’histoire ou la dictée corrigée. C’est que le petit garçon au maillot rayé jaune et noir est encore en train de balancer des barcaroles over Beethoven sur son piano-jouet. Il joue cela magnifiquement.

Comment fait-il, du haut de ses sept ans, pour s’y retrouver parmi les bémols à la clé, les triolets, les doubles croches, les bécarres, les demi-soupirs, la clé de fa, la clé de sol ?

Comment fait-il pour rester concentré dans ce monde où tout le monde jacasse, crie, s’agite et où finalement, au bout de la portée restée ouverte, ses notes se fracassent ?

Même le chien du voisin qui n’est pourtant pas le dernier à l’écouter et à le soutenir en brandissant la pancarte « C’est, aujourd’hui 16 septembre, l’anniversaire de Beethoven » s’est protégé de cette cataracte, de cette chute de scansion, de cette pluie de notes avec un parapluie rouge.

Et Schroeder – c’est le nom du gamin – continue de jouer, imperturbable, comme si lui aussi, tel son idole, était sourd à tous les aléas de son environnement.

J’envie sa foi en la musique, j’admire sa ténacité, je le remercie d’exister.

Peanuts 01 A Schroeder R


Lire

Je ne considère plus la littérature que pour m’en amuser. Hier, en partant à ma répétition de musique, j’ai aperçu, depuis la fenêtre du bus, au niveau de la place de la République, une publicité grand format pour une rencontre-dédicace d’Amélie Nothomb. Cette dame belge vient de réécrire Riquet à la Houppe. Est-ce réellement amusant ? Y aura-t-il du monde à lire cela, à vouloir se le faire dédicacer ? La vraie question est plutôt ailleurs que dans le livre : ai-je vraiment envie de voir et de photographier le chapeau le plus célèbre de Belgique ? Le « people » ne prend-il pas définitivement le pas sur l’écrivain ? Tout le monde désormais, y compris les hommes politiques et les gens de télévision écrit sur tout et n’importe quoi. Faut-il vraiment lire ses contemporains ?

Plutôt que de m’absorber à l’occasion – entre deux pluies de notes, entre deux affalements ! – dans la relecture des romans policiers de Raymond Chandler, ne ferais-je pas mieux de me plonger dans ces auteurs dont je connais les noms et les titres de leurs œuvres depuis toujours et que je n’ai jamais lus ? « La dame de pique » de Pouchkine, « Guerre et paix » et « Anna Karénine » de Léon Tolstoï, « Le Don paisible » de Mikhail Cholokhov, « Le docteur Jivago » de Boris Pasternak, « Crime et Châtiment » de Fedor Dostoïevski, « Les frères Karamazov », du même.

Au lieu de faire cela, il ne me vient qu’une idée stupide : proposer aux ami(e)s de l’Atelier d’écriture de réinventer l’histoire des Frères Karamazov. Si vous ne la connaissez pas, improvisez ! Pour les autres, faites une fiche de lecture, sur ce livre-là ou sur un autre que vous n’avez pas pu terminer !

Et d’ailleurs… Elle meurt, à la fin du livre, madame Bovary ? Mangée par le phoque de la roulotte de Rennes. Quoi ? Vous ne connaissez pas la roulotte du phoque ? C’est là le seul intérêt que Gustave Flaubert et Maxime Du Camp ont trouvé à notre riante cité lors de leur voyage « Par les champs et les grèves ».

Peanuts 06 R


Crêpe

Spike est un chien du désert. Cela fait des années qu’il vit ici, échoué sur le sable, coiffé de son chapeau miteux, entouré de cactus et de buissons baladeurs. De quoi vit-il ? Comment survit-il ? Pourquoi est-il et reste-t-il là ? Ce sont là des questions qu’il ne faut pas poser. Les réponses seraient toutes plus absurdes les unes que les autres et vous êtes terriblement cartésien(ne) je le vois bien. Je vais quand même répondre à celle-ci : Que mange-t-il ? ». la réponse est : « des crêpes ! ».

A-t-il été scout Baden Powellien ou Hamster Jovialien avec son frère Snoopy, celui qui emmène en camp d’été à Woodstock des piafs du genre baba-cool ?

Sans doute que oui ? Il sait allumer un feu de bois. Possède-t-il une cuisine intégrée ? En plein désert ? Vous voulez rire ! C’est déjà du bol qu’il en ait un, de bol, et un pilon ou une cuillère pour mélanger la pâte.

Il possède aussi une poêle à frire et ne manque jamais de faire sauter la crêpe au moment de la faire dorer sur sa deuxième face.

J’entends d’ici votre question : la crêpe ne tombe-t-elle pas alors par terre ? La réponse est négative : la crêpe va s’accrocher aux épines du cactus qui est le seul compagnon de Spike. Et le chien-philosophe ne manque jamais de conclure que tout est dans le coup de main. Enfin, presque tout.

J’adore Spike !

Peanuts 05 R

Quelle connerie, la guerre !

Les canons grondent au loin. Les vitres du Café de France tremblent encore. Et dans ce décor banal à pleurer Marie C essuie les verres au fond du café. En finira-t-on jamais avec cette guerre de tranchées ou plus personne n’avance, plus personne ne gagne du terrain ? Quelle gloire tirer de cette génération foutue, de ce cimetière de tombes à ciel ouvert ?

Ce soir le café est désert. Les avions sont rentrés à la base tout à l’heure mais les gars doivent être trop épuisés pour venir jusqu’ici. Il tombe une pluie drue à transpercer les os.

Mari C., s’il faut faire son portrait, est une petite jeune femme rondelette, brune, dont la principale caractéristique physique et la myopie. Ses lunette à verres épais lui mangent le visage et lui donnent l’air d’une petite taupe. Bien que la mode des garçonnes n’ait pas encore été lancée en cette année 1917 elle a les cheveux relativement courts. De son caractère on dira qu’il est plein de bon sens, naïf, gentil mais sans doute aussi soupe au lait. Elle s’énerve souvent des comportements aberrants de Patricia de Pétronille, son aristocratique mais déchue voisine.

Plus personne ne viendra ce soir, songe-t-elle en rangeant le dernier verre propre et sec sur l’étagère. Elle s’apprête à aller poser les volets, fermer le café et monter à l’étage où l’attend un vieux livre quand quelqu’un pousse la porte, laissant entrer violemment vent et pluie dans le bistrot.

C’est un aviateur américain. Elle le reconnaît à son écharpe jaune, à son gros nez, à son casque et ses lunettes de vol qu’il garde en permanence quand il vient ici. A son mutisme, aussi, dû sans doute au fait qu’il ne connaît pas un mot de français, excepté « limonade ». Encore cela se prononce-t-il de façon presque identique en anglais : « Please, baby, lemonade » dit une chanson de l’époque.

Marie C. l’appelle « L’amnésique ». Un jour du mois précédent elle lui a demandé son nom. Il a répondu : J’ai oublié ! Je bois pour oublier, la guerre, la stupidité de tout ça. Et ça marche ! J’oublie tout !».

Ce soir, c’est visible, il est encore plus déprimé, plus seul, plus cafardeux que les autres soirs. Et vrai, quel sens cela peut-il avoir de monter dans un « Sopwith Camel », de partir en chasse dans les cieux afin de rivaliser avec le terrible « Baron rouge » ? Si même un jour, par chance, il abattait le pilote allemand, cela changerait-il au rapport de force entre les puissances belligérantes ?

N’a-t-il pas, de l’autre côté de l’océan, une fiancée, des amis, des parents auxquels il manque terriblement ? Des êtres qui vivent dans l’angoisse en lisant les nouvelle du conflit mondial dans le journal ?

Quand elle arrive près de lui avec le plateau portant le verre de limonade, le militaire a un geste inattendu. Il avance la main vers elle en la faisant glisser sur la table, les paumes sur la nape, comme s’il attendait qu’elle pose la sienne dessus en une apaisante caresse. Mais Marie est emportée par la routine. Gardant le plateau dans la main gauche, elle a saisi le verre dans la main droite et , comme elle est vraiment myope, elle a posé la limonade sur le dos de la main de l’amnésique.

-Désolée, Monsieur ! Je ne voulais pas poser ce verre de limonade sur votre main.

L’aviateur a un sourire gêné. La serveuse a oublié de mettre une paille dans le verre.

Marie retourne s’installer derrière le comptoir. Elle n’a pas rêvé. Elle est myope mais pas complètement miraude. Ce n’était pas une main d’homme, c’était une patte de chien. Et ce quelle prenait pour un gros nez, c’est une truffe au bout d’un museau poilu.

Les mutations génétiques ont commencé.

Peanuts 03 A R

Peanuts 03 B R

 

Publicité
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité