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L'Atelier d'écriture de Villejean
28 mars 2023

Consigne d'écriture 2223-25 du 28 mars 2023 : Mots avec ff

Mots contenant la graphie « ff »

 

Voici une liste de 100 mots contenant le son « f » et, assez souvent, la graphie « ff ».

Insérez un maximum d’entre eux dans votre texte pour raconter, au choix :

1 Une journée ordinaire ;
2 Une bataille rangée à bord d’un bateau ;
3 Un souvenir relatif à Paris ;
4 Ce que vous voulez

à donf - affable - affaire – affaler - affamé - affiche – afflux - affolant - affreux - affront – affronter - affûté - baffe - bat’d’Af – beffroi - bluff - bouffardes - bouffe - bouffer - bouffi - bouffon - bourre-pif - boursouflé - buffet - chauffe - chiffonnier - coffre - coiffe - défonce – diffamer – diffus - effacer - effarés – effaroucher - efféminé - effervescence – effet – effigie - effilocher - effleurer – effluve - effréné - effroi - effronté - enchifrené - engouffrer - étoffe - étouffe - famine  - Félix - fieffés - filer - fontaine - gaffe - Gaffiot - infliger - joufflu - kiffer - loufiat - maffieux - mafflu - maroufle - mataf - Mouffetard - moufle - moufter - mufti - nef - offensés – offert - office - officier - offrande - orthographe - Paf  - paraffine – piaffer - pouffe - Raffarinade - raffiot - raffut - ratafia - rebiffer - rebuffade - riflard - ruffian - soif – soiffard - souffle - souffleter - soufflets - souffre-douleur - souffreteux - staff - suffisance - suffoque - Surcouf - taffe - tafia - tifs - touffe – touffue – truffe

AEV 2223-25 Consigne - Le Bouffon

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28 mars 2023

Journée ordinaire ? Foutaises ! / Anne J.

Fichtre ! Notre affable animateur nous propose une drôle d'affaire : raconter une journée ordinaire. Je vais devoir réunir mon staff, soit un chat effarouché et moi-même pour en délibérer, à moins que je n'ouvre mon coffre pour y consulter mon Gaffiot entre deux bouffées de ma bouffarde préférée ! Non c'est du bluff, je n'ai jamais fumé !

Serait-ce faire preuve de suffisance que de suggérer qu'aucune journée n'est ordinaire ? Ce n'est pas que je vive ma vie à donf ou que je fasse beaucoup d'affaires mais j'aime a penser qu'aucune journée n'est ordinaire puisque chaque jour qui passe ne reviendra pas.

Hier, par exemple, quand je me suis levée, mon estomac criait famine. On pourrait dire que je me suis levée affamée ; alors j’ai sorti de mon buffet quelques tranches de pain que j'ai tartinées de confiture de fraise, parce que c'est meilleur que la paraffine. Comme j'avais aussi soif, j'ai bu non pas du ratafia mais du thé tout simplement ! Ordinaire sans doute !

Il était presque l'heure d'aller travailler des contes à l'atelier de la Maison de quartier. En passant dans le couloir j'ai vu une affiche : il y avait du théâtre ce soir, une troupe locale bien nommée les éServelés. Je kiffe, je piaffe, je frétille et je m'engouffre dans cette opportunité.

En attendant il me faut encore travailler mon piano et affronter ma nouvelle partition, avec ou sans effroi. Je file m'asseoir sur mon tabouret sans moufter et j 'offre une aubade à Felix, le chat qui se lamente : « C’est quoi, ce raffut ?! ».

Pour souffler un peu, je lui propose une séance de brossage car il a le poil touffu mais il faut faire gaffe car il a la griffe leste, le fieffé loufiat !

***

La pièce de théâtre était très drôle et on a beaucoup ri : une histoire de retrouvailles de vieux de 50 ans, anciens amis de lycée qui se sont perdus de vue et vont à un anniversaire avec son lot de surprises, de bluff, de bonne bouffe. L’un d'eux est devenu gay et a un look effémine, l'autre est un ecclésiastique heureusement pas trop effarouché ni perturbé par les effluves des compagnes, le troisième a une tenue d'officier qui fait se pâmer les filles et suffoquer les pouffes. Il y a aussi une fille dont tous les copains présents pourraient être le père !

AEV 2223-25 Anne J

C'est sans me rebiffer que j'ai rejoint mon lit vers 23 h 30, l’heure a sonné au beffroi. Pour sombrer, pas besoin de tafia !

Une journée extraordinaire comme toutes mes journées, ffalsambleu !

28 mars 2023

Une Journée ordinaire / Josiane

Un matin comme tant d’autres. Dur, dur de s’extraire de la chaleur du lit. Le réveil a déjà sonné deux fois. Félix est sous la douche, il tousse, depuis hier il est un peu enchifrené et ça le rend particulièrement chafouin. Je n’ai pas intérêt à moufter, faisons-nous toute petite et filons à la cuisine préparer le café.

J’aime le bruit du café qui chuchote et cette odeur effleurant mes narines. Et hop! Les tartines dans le grille-pain et ce moment de pur plaisir, les mains autour du bol fumant. J’aimerais que cet instant se prolonge indéfiniment.

 

AEV 2223-25 Josiane - Journée ordinaire 3

Mais, le lion affamé sort de la salle de bain, on dirait un vieux maffieux tant il est de mauvaise humeur.

Stop ! Arrêt sur image, que le temps s’arrête !

Il a les tifs ébouriffés, une touffe de poil s’échappe de son peignoir mal fermé. Je pouffe. Il a l’air d’un gorille avec son torse pileux et sa carrure d’athlète.

AEV 2223-25 Josiane - Journée ordinaire 2Je n’ai pas vu venir la première baffe, déjà la deuxième est en route. Ne pas moufter, laisser la colère s’effilocher, regarder par la fenêtre le beffroi qui se dessine derrière les carreaux. Le coup suivant me fait suffoquer, surtout ne pas broncher, bluffer.

Même pas mal, ces trois mots, comme une litanie dans ma tête. Ne pas le regarder, baisser les yeux. Je sens son souffle haletant et je devine sa colère. Son coup de poing me terrasse, je ne suis plus que souffrance, en attente du prochain coup. Je me laisse glisser sur le sol.

Mon café doit être froid, le beffroi égraine ses coups, je les compte. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept.

Il est sept heures, la journée vient seulement de commencer.

28 mars 2023

Un Sentiment diffus / Jean-Paul

M’appartient-il de jouer les vierges effarouchées ? Dois-je faire gaffe à mon vocabulaire autant qu'à mon orthographe, éviter de diffamer le mufti et ses affidés ? Enfiler des moufles pour évoquer les boursouflés du beffroi qui nous gouvernent ?

Il me semble que cette liste de mots dans lesquels figure la graphie « ff » offre une occasion sans pareille d'aller affronter un certain nombre de fieffés ruffians, de tailler dans la plus belle étoffe du vocabulaire un costard à des loufiats du capital, d'infliger un affront à des officiers d'un État peu civil dont la suffisance est coincée sur le curseur « à donf ».

AEV 2223-25 JK - Zidane

Or moi je suis quelqu'un dans le genre de La Fontaine : je suis un homme affable. S'il faut se défoncer sur un ring, aller au bourre-pif sur un terrain de foot ou, pire encore, aller tuer tous les affreux, ça ne me fait rien du tout d'être traité de tafiole, de dégonflé, d’efféminé ou de souffreteux du moment que je peux décliner l'offre de castagne !

Les batailles de chiffonniers, les échanges de coups de riflards avec des anciens des bat’d’Af, la distribution de baffes aux bouffis, aux joufflus, aux mafflus et aux maroufles, très peu pour moi ! Pas envie de jouer les Battling Joe en haut de l'affiche ! S'il faut se rebiffer contre les caves du Vatican, s'il faut faire leur affaire aux mafieux, s'il faut foutre des coups sur la truffe des gardiens de la paix qui préparent la guerre en raison du proverbe « Si Vis Parker para bel homme » comme on disait autrefois chez Maxime Le Forestier à futaies affûté et dans les pages roses du dictionnaire latin de Félix Gaffiot, alors dites-vous que je n'ai rien dans le coffre et que je suis trop enchifrené pour prendre quelqu’un ne serait-ce qu'en grippe.

C'est affolant d'ailleurs comme en matière de testostérone ma structure crie famine ! Pour tout vous avouer, je suffoque à la simple idée d'un soufflet qui ne soit pas au fromage, je m’effiloche quand le bourreau fait son office et chauffe le bûcher dans lequel étouffera Jeanne d'Arc, je m'affale sur le sol quand on brandit une effigie de pendu ou de guillotiné.

Quand ça effraie, que ça piaffe, que ça souffle dans les bronches, soufflète dans les tronches, quand ça se bouffe le nez, quand ça effervesce, que ça tourne à l’effréné, au raffut, à l'effroi, quand le rafiot prend l'eau ou lorsque la nef est en feu, par Notre-Dame, je m'efface, je file, je pars en fumée !

C'est bien simple : l'étendue de mes rebuffades devant toute violence est si touffue qu'il y a des jours où, carrément, je me donnerais des baffes !

Par contre pouffer de rire devant l'afflux de bouffonneries qui me viennent sous la plume le mardi soir en salle Mandoline, ce n'est pas du bluff mais ça, je kiffe !

21 mars 2023

Consigne d'écriture 2223-24 du 21 mars 2023 : Christian Bobin

Christian Bobin

 

Dans son livre « Un bruit de balançoire » le poète Christian Bobin organise ses "chapitres" sous forme de vingt lettres. 

Dans le tableau ci-dessous, nous avons relevé le destinataire, l’incipit et la dernière phrase de douze de ces lettres. A vous de les conserver tels quels et d’écrire, dans le style d’un poème en prose, ce qui se trouve entre les deux. Vous pouvez écrire une longue lettre ou plusieurs lettres courtes. 

Destinataire   Première phrase Dernière phrase
Chère inconnue L’été est incohérent Le coeur, cette défaite prodigieuse.  
Frère nuage La vie de mon père a commencé de se défaire comme toi Aucun chef-d’oeuvre ne m’a donné autant de paix à part toi, petit nuage , à part toi.  
Marina Je suis resté des années à ta porte, je n’osais pas entrer J’aimerais offrir à la poétesse la robe rose dont elle a rêvé toute sa vie.  
Monsieur le forestier Les arbres, chose inhabituelle, se taisaient. Deux dominicains à table. Dieu reprend du melon.  
Mère Comment as-tu formé ma tête dans le secret de tes entrailles ? D’ailleurs je n’ai guère d’autre titre à l’existence.  
Monsieur le coucou Il y a du jaune dans ton chant J’accepte de tout perdre et que, dans le temps passager de cette perte, le nid d’hirondelle que j’ai dans la poitrine soit vide, vide, vide, féeriquement vide et appelant.  
Cher ami Mais pour mériter ce nom de cher ami il vous faudra aller au bout de cette lettre Et qui sait, peut-être nous verra-t-on un jour ensemble dans les rues de cette ville, incroyablement souriants.  
Jeunes gens de Lodz La lune brille entre les branches d’un arbre comme un ballon d’enfant lancé trop fort Le grincement d’une balançoire vide résonne jusqu’à la fin du monde.  
Nadejda Viens t’asseoir à côté de moi me parler de ton homme Toi et tes sœurs éternelles, je te salue, Nadejda.  
Vieil escalier Si ce monde n’est que muraille, cette muraille a des lézardes…   Christian ne viendra pas, ce soir. Il rêve.  
Madame Vous m’avez demandé ce que c’était que les anges Les rails rouillés du ciel et le tramway d’un songe qui me traverse, avec personne à bord.  
Cher fantôme Depuis combien de temps sommes-nous ensemble ? Nous sommes des petites gouttes de pluie qui prennent le train sans billet jusqu’à l’éternel qui est ceci, ici, maintenant.


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21 mars 2023

La Pomme d'Adam / Anne J.

A monsieur le grand forestier et créateur du monde

Ce matin là, les arbres, chose inhabituelle, se taisaient.
Ils étaient encore sous le choc de la condamnation du grand pommier d'or,
cet arbre magnifique qui trônait au milieu du jardin d’Eden.

Est ce vraiment juste de condamner le pommier
à ne porter désormais que des pommes ordinaires,
celles dont on fait les tartes et les compotes,
lui qui depuis la nuit de temps portait de splendides pommes en or ?

L'avocat avait pourtant bien plaidé
tromperie et manœuvres de bas étage.

En vain, il avait passé des nuits blanches sur le dossier
pour des prunes !

Etait-il donc responsable, coupable ou bien complice,
ce pauvre pommier,
de la désobéissance et de la tentative de coup d'état
d’Adam pour prendre la place de Dieu ?

AEV 2223-24 Anne J

Que nenni !

C'était bien Adam le coupable,
une bonne poire ce gars là ,
un peu naïf quand même !

Et la fourbe Eve
Ne doit elle pas être aussi condamnée ?

Personne ne regrettera le serpent
condamné pour le reste de sa vie à ramper sur le ventre.

Le maître du jardin convoqua une commission
et fit venir les meilleurs de chaque congrégation,
les franciscains, les jésuites, les oratoriens, les assomptionnistes
et même des dominicains.

Il les invita autour de la table ;
on discuta, on débattit,
on sortit enfin le 49.3,
Deux dominicains à table votèrent pour la grève
On gracia le pommier
Et Dieu reprit du melon.

AEV 2223-24 Anne J

21 mars 2023

Lettre à un vieil escalier / Anne J.

Si le monde n'est que muraille
cette muraille a des lézardes
et la vie est une drôle de pagaille
dans une humanité trop bavarde

J'ai monté pas à pas l'escalier de ma vie
et ses marches inégales

Aujourd hui je redescends petit à petit

AEV 2223-24 Anne J

Après le sommet de la jeunesse
vient le temps
où l'on perd l'équilibre
au moindre souffle de vent

J'aimais m’asseoir dans le vieil escalier de bois
j'admirais la spirale du colimaçon
sur l'escalier de pierre
je contemplais le jardin
et sur l’échelle du grenier
comme un chat
je matais le monde
des matous

Devant moi le mur
ses fissures
ses fêlures
ses brisures
ses échancrures
ses ruptures
ses embouchures
autant de prises pour me hisser
à la hune de ma vie
dans le vent de mes soupirs
au grand mât de mes désirs
vers l'inconnu de mon plaisir

Quand l'escalier se fait trop raide
quand les vieux os craquent
ou que l'envie de voyage s'amenuise
il nous reste les mots
les siens et ceux des autres
les contes et les histoires
et la poésie de Bobin
mais Christian ne viendra pas ce soir
il rêve

AEV 2223-24 Anne J

21 mars 2023

Monsieur le coucou... / Maryvonne

Monsieur le coucou, 

Il y a du jaune dans ton chant et je prends jaune au titre de traître, car tu m'as trahie.

Comme dirait notre cher La Fontaine, nous allons le démontrer tout à l'heure.

Tu le sais peut-être, dans les années 50 j'ai moi aussi changé de nid, pas tout à fait pour mon confort, j'ai atterri dans un lycée rennais à 35 km de mes branches d'origine, ce qui représente environ 27 kilomètres à vol d'oiseau.

AEV 2223-24 Maryvonne - Lycée Jean Macé

Mon école ne s'appelait pas « Les oiseaux » comme un certain établissement de prestige mais « Jean Macé », qui était plutôt un rassemblement de pioupious, en grande partie d'origine modeste. Je me suis retrouvée bel et bien en cage et pour communiquer avec mes parents il n'y avait que le courrier.

Il se trouve que j'ai toujours été un drôle d'oiseau qui aime se servir de sa plume. Chaque semaine, j'écrivais donc à mes parents en leur racontant avec moult détails ma vie d'interne et aussi ma vie scolaire. Comme un paon je faisais la roue quand j'avais de bonnes notes et dans le cas contraire j'enfouissais ma tête sous mon aile comme un enfant qui se croit bien caché quand il ferme les yeux. Pour le reste roucoulements d'amitié et prises de bec étaient l'ordinaire de la vie recluse.

Tous les quinze jours, ou tous les mois si j'avais été punie, je rentrais dans le nid douillet : les bras de ma mère.

Lors de l'un de mes retours, mon père au beau plumage mais au ramage ombrageux, m'appela d'un pépiement peu amène qui ne présageait rien de bon.

Il déplia une de mes lettres, la posa sur le bureau, me tendit une plume et m'intima l'ordre de signer au bas de cette lettre : « Le coucou ».

 Avec lui il était obligatoire d'obéir, ce que je fis en tournant à la ronde un regard interrogateur.

 - Tu vois, ajouta-t-il, tu es comme le coucou : tu ne parles que de toi !

J'aurais voulu m'enfuir à tire d'aile pour un ailleurs mais la stupéfaction me clouait au sol. La semaine prochaine la petite hirondelle ne livrera pas de courrier dans son bec.

J'accepte de tout perdre et que, dans le temps passager de cette perte, le nid d'hirondelle que j'ai dans la poitrine soit vide, vide, vide, féeriquement vide et appelant.

AEV 2223-24 Maryvonne - Hirondelle recadrée

21 mars 2023

Madame... / Maryvonne

Madame 

Vous m'avez demandé ce que c'était que les anges et j'ai bien des difficultés à vous répondre. Quand ils passent ils ne se manifestent que par le silence. Je n'en ai vus qu'en pierre, les ailes collées au corps. 

Le plus souvent ils étaient dans les cimetières sur les tombes des petits enfants. Comment sont-ils arrivés là ?

 Par les rails rouillés du ciel et le tramway d'un songe qui me traverse, avec personne à bord.

AEV 2223-24 Maryvonne - Anges

21 mars 2023

Lettre à un fantôme / Jean-Paul

Cher fantôme,

Depuis combien de temps sommes-nous ensemble ? Ensemble sur la même planète, absents-présents au monde qui nous entoure et, de plus en plus, au fur et à mesure qu'arrivent d'autres créateurs, d'autres bavards du net et des réseaux sociaux, plongés dans l'anonymat et l'oubli ?

Moi, d'être devenu un fantôme pour le monde du travail, ça me va ! La réalité d'un individu libre, en bonne santé, à qui il est permis d'écouter son cœur-enfant et de se balader dans les musiques, les livres, les lieux de spectacle et de relations sociales de sa ville, ça me convient tout à fait.

Mais toi, fantôme de papier, comment peux-tu survivre et ne pas sombrer dans les oubliettes à l'heure du manga dominant, du jeu vidéo d'après blockbusters, de métavers, de smartphones et d'influenceurs·ses ?

AEV 2223-24 Jean-Paul - Lettre au fantôme

Et puis d'abord si tu es « LE fantôme du Bengale » pourquoi indique-t-on sur la couverture de tes fascicules « aventures américaines » ?

Je me souviens que je t'ai découvert chez mon arrière-grand-mère sur une page ou une demi-page de ses magazines féminins, « Nous deux » ou « Intimité du foyer » et on pouvait lire quelque part la formule « Copyright Opera mundi » ou quelque chose comme ça. Il y avait aussi « Arthur et Zoé » ; j'ai découvert récemment que dans la version originale Zoé s'appelait Nancy ! Nan ? Si ! Mais rien à voir avec la place Stanislas !

C'est fou, l'imagination ! L'imagination des Américains encore plus que la nôtre, même s'ils ne sont que des Européens mal descendus du bateau Emigration et que le mal de mer de la traversée les a chanstiqués à jamais ! Il y a donc eu un type dans les années 30 ou 40 du siècle dernier, un nommé Lee Falk, qui t’a imaginé et un autre qui t’a dessiné avec un costume moulant rouge, un slip noir par-dessus, un revolver à la ceinture et un loup noir façon Zorro ou carnaval sur les yeux. A l’origine ta combinaison d’homme grenouille était violette mais pour des raison de difficulté d’encrage elle est devenue rouge dans l’adaptation française.

Est-ce que c’est là la tenue la plus pratique pour survivre dans la jungle ? Faudra qu’on demande à Tarzan et à son slip léopard ! On ne comprend pas bien pourquoi ton compagnon noir nommé Lothar est vêtu lui aussi d'une peau de bête alors qu’on trouve tout à la Samaritaine ! Est-ce du racisme à la mode d’Hollywood ? L’acteur noir qui joue le rôle n'a pas accès aux mêmes magasins de costumes que le grand blanc athlétique à mâchoire carrée ?

[Gasp ! J’ai confondu ! Lothar, c’est chez Mandrake le magicien !]

Si je t'écris ce jour, cher fantôme, c'est pour que tu m'aides à résoudre un mystère. Je ne sais pas comment ma mère s'y est prise pour former ma tête dans le secret de ses entrailles mais elle y a mis pas mal de curiosité, beaucoup de goût pour les images et là-dessus s’est greffée une propension certaine à amasser du vieux papier dans mon grenier ! Il s'y trouve, là-haut, une collection du magazine « Robinson » que mon beau-père m'a confiée, des numéros de « Charlie mensuel », de « Pilote, mâtin quel journal ! » et maintenant un carton plein de tes aventures américaines.

Cher fantôme du Bengale, sont-elles intéressantes au moins ? Est-ce que l'on peut fantasmer sur les formes de ta compagne Diana ou est-ce que c'est « Chasse gardée, pas touche !» ? Devrai-je attendre d'être malade, immobilisé, impotent pour ouvrir ne serait-ce qu'un seul de tes fascicules et savoir ce que tu as à nous raconter ? Car je n'ai encore jamais lu une seule de tes aventures !

C'est que notre vie est bien occupée, agitée, saccadée ! N’en déplaise au pauvre Georges Wolinski, on n’a plus le temps de s'allonger deux heures d'affilée pour lire sur un lit ou dans un canapé en mangeant des chocolats !

Pour ma part je cours d'une répétition de musique à un atelier d'écriture, d'une balade photographique à un cours d'illustration, je découvre grâce aux dévédés le cinéma américain des années 50, je fais tout pour tout connaître des ouvertures échiquéennes et de la pensée macronienne... Enfin non, pas vraiment pour ce dernier point, j’ai des défauts mais pas celui-là !

Tout roule très bien pour nous, les déjà retraités, mais sans doute un peu trop vite : nous sommes des petites gouttes de pluie qui prennent le train sans billet jusqu'à l'éternel qui est ceci, ici, maintenant. 

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