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L'Atelier d'écriture de Villejean
14 mai 2024

Consigne d'écriture AEV 2324-28 du 14 mai 2024 : Dictées

 

Dictées (Pivot, Rollin, Mérimée)

 

 

 

 

On vous demande de remplacer au pied levé M. Bernard Pivot qui, victime d’un empêchement soudain, ne peut assurer cette semaine la dictée traditionnelle. A vous de la rédiger. Vous procéderez de la façon suivante :

 

1) Listez deux listes de dix mots français qui vous semblent présenter des difficultés orthographiques.

 

Une fois cela fait, prenez la première de vos listes et insérez tous les mots dans un seul texte qui pourra être aussi farfelu qu’une dictée loufoque de François Rollin (cf infra). Ajoutez toutes les difficultés que vous voudrez (assonances, homonymes, rimes, subjonctifs, accords de participes passés, mots de plus de quatre syllabes, etc.). Vous avez une demi-heure pour écrire cette dictée.

 

2) Puis confiez la deuxième liste à votre voisin·e de droite, recevez donc une deuxième liste de mots et composez une deuxième dictée sur le même principe avec les mots de votre voisin·e.

 

***

 

Si vous êtes en panne de mots compliqués, vous pouvez piocher dans la célèbre dictée de Prosper Mérimée ci-dessous :

 

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l’amphitryon, fut un vrai guêpier.

 


Quelles que soient, et quelque exiguës qu’aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d’en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis, et de leur infliger une raclée, alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

 

Quoi qu’il en soit, c’est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s’est laissé entraîner à prendre un râteau et qu’elle s’est crue obligée de frapper l’exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés ; une dysenterie se déclara suivie d’une phtisie, et l’imbécillité du malheureux s’accrut.
— Par saint Martin ! quelle hémorragie ! s’écria ce bélître.
À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l’église tout entière. »

 

***

 

Dictée 35 Pas facile à dire / François Rollin

 

« L’abbé de Lattaignant avait raison : le mot est parfois pire que la chose. Ainsi, il est moins grave d’agir contrairement aux règles constitutionnelles que d’agir anticonstitutionnellement. Il est moins effrayant d’avoir peur de la constipation que d’être atteint d’apopathodiaphulatophobie. On peut vivre tranquillement avec la peur du nombre 666, mais pas avec l’hexakosioihexekontahexaphobie. Rien n’est perdu lorsque les spermatozoïdes sont un peu fatigués, mais tout est à craindre l’oligoasthénotératospermie, contre laquelle la vitamine B2 n’est d’aucune aide, même sous son nom de chlorure d’aminométhylpyrimidinylhydroxyéthylméthythiazolium. Un petit jet de gaz lacrymogène me fait pas peur, mais il en va autrement de l’orthochlorobenzalmalononitrile. Je n’aurais jamais utilisé de DDT si j’avais su qu’il s’agissait de dichlorodiphényltrichloroéthane. Bref. »

 

Dictée 21 Dictée pour les bébés / François Rollin

 

Montés sur leurs chevaux bais, l’abbé de Naples et le bey de Tunis restaient bouches bées devant la baie, de Tunis elle aussi.  Nimbés dans leurs trabées, inhibés tels des macchabées burkinabés, , ils hésitaient à appliquer leur plan B.

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14 mai 2024

Moscou ? Moscou pas ? / Jean-Paul

 

 

 

Il se susurre un peu partout désormais qu’il convient de séparer l’homme de l’oeuvre. Et même la femme de l’oeuvre comme l’a prétendu, l’autre jour et au feutre rouge, la performeuse qui a tagué le tableau « L’Origine du monde » de ce bon Gustave « Courbet tout sauf l’échine ! ».

 

Oui, certes, mais comment faire pour dénoncer le conchyliculteur grossier qui œuvre sous pseudonyme ?

 

Quelque plaisir qu’on ait – ou qu’on eut – à lire Maupassant, nous ne sommes pas obligés de connaître les turpitudes infâmes de Monsieur Joseph Prunier dont la concupiscence avait le débit du Mississippi  - par chez nous le Désir n’est pas nommé Tramway mais Fleuve -.

 

Monsieur Prunier avait pour le sexe faible et surtout pour sa chair fraîche l’appétit strauss-kahnien d’un anthropophage en butte au rût et en proie – si l’on peut s’exprimer ainsi en cette occurrence – à la fringale de belles de nuit et ce même le jour. Aucun anesthésique n’endigua jamais les élans printaniers de cet étalon fou dont la jeunesse débuta par des calembredaines et des coquecigrues et dont la vit – quel plaisant lapsus linguae, quelle jolie faute de frappe ! - la vie, devais-je écrire, finit chez les apothicaires.

 

C’est ainsi : avec le temps le queutard prométhéen prend de l’embonpoint et si le feu au pantalon – pour rester poli – brûle encore ce n’est plus des lueurs flamboyantes des Champs-Elysées à la nuit : il lui faut hypothéquer la rue de la Paix et venir en cure à la Chaux-de-Fond en Suisse, tout près du précipice, guérir la syphilis qui fait qu’on se morfond loin des chaudes propices.

 

Qu’on s’appelle Joseph Prunier ou Guy de Maupassant ne change plus rien à l’affaire, surtout si c’est le même homme qui morfle, surtout si c’est la même andouille qui douille.

 

Messieurs, un peu de sérieux ! Calmez vos spaghettis ! Surveillez donc l’endroit où vous posez vos nouilles ! 

14 mai 2024

99 dragons : exercices de style. 80, Logorallye de mots pour dictée provençale

 

A cette époque-là les moutons – les moutonsses ! - et brebis que nous avions nourris, soignés et engraissés (nourri·e·s, soigné·e·s et engraissé·e·s ?) dans nos verts pâturages parurent si florissants et si appétissants à une espèce de phacochère géant, saltimbanque dégingandé mais gras du bide, du genre cracheur de flammes à écailles, que Sa Bedonnance – ainsi le surnommâmes-nous – s’en vint pour bouffer au moins cent-vingt de nos ovins et ce sans vin car la bête obscène et malsaine s’était tant abreuvée d’absinthe qu’elle avait la langue et la peau toutes vertes et ne buvait plus rien d’autre. Un bâfreur fin de siècle, voilà bien ce qui nous manquait !

 

 

 

Économiquement parlant, nous sombrâmes dans l’abîme, coulâmes dans les abysses et, à contempler la courbe qui dégringolait vers le niveau zéro de l’abscisse, il ne fallait pas être un grand crack pour voir se profiler le krach de notre petite entreprise.

 

Plus rapides que des coléoptères fuyant un incendie, nous traçâmes de belles arabesques dans le labyrinthe de l’administration et nous quérîmes – pardon, ça ne se conjugue pas ! - nous nous en fûmes quérir l’attention,la sollicitude et l’assistance de notre autorité compétente – en un seul mot, s’il vous plaît, « compétente » !-.

 

Quoique nous eussions toujours payé nos impôts avec une régularité métronomique nous fûmes estomaqués d’apprendre que Sa Ventripotence – ainsi surnommait-on Naq Oun Solflèch, notre monarque – ne pouvait lever contre l’envahissant dragon une armée valable.

 

- Quoi que j’ordonne, nous expliqua-t-il, et malgré mon désir d’envoyer des troupes sur le terrain, ma soldatesque ne veut plus que procéder au réarmement démographique du pays. Ils sont tous au garde-à-vous, à la queue leu leu et réclament, tout nus dans leur serviette, un bordel de campagne ! Des brêles, toujours à faire le Jacques ! Des Gaulois réfractaires !

 

Tout alla donc de mal en pis et nous faillîmes tous devenir chèvres. Après avoir boulotté tous les troupeaux de la contrée Sa Bedonnance réclama des jouvenceaux et des sylphides. Pas pour faire comme Joseph Prunier ou Harvey Weinstein, non. Pour les bouffer.

 

Heureusement pour nous un militaire romain aguerri passa par-là et nous guérit de ce malade. Qu’il fût chrétien, déserteur et voué à devenir martyr nous importa peu. Un certain palimpseste bien gratté, bien tapé et bien épais, écrit par un bibliothécaire resté anonyme, raconte de quatre-vingt-dix-neuf façons différentes que le soldat se fit fort, en échange d’une statuette en onyx représentant Taylor Swift, son idole, de nous débarrasser du monstre. Une tâche dont il s’acquitta avec maestria lors d’un combat épique dont les observateurs disent que ce fut un maelstrom d’une rare violence.

 

image aimablement communiquée par Dame Adrienne

 

Il se rapporte aussi que dans le sang de la bête disloquée une fleur poussa que les savants botanistes appelèrent « asphodèle » mais que nous baptisâmes du surnom de « Sa printanière ».

 

Mais j’arrête de vous embêter avec mes histoires. Nous vivons dans la paix et la prospérité, l’eau coule à nouveau dans les collines, la femme du boulanger est revenue au domicile conjugal, Pomponette aussi et plus personne ne fend le coeur à personne. Il faut juste, maintenant, que j’aille rentrer mes moutons.

 

Mes moutonsses, bordel ! Vous le faites èqueuseuprès ou quoi ?

7 mai 2024

Consigne d'écriture AEV 2324-27 du 7 mai 2024 : Exotisme breton

 

Exotisme breton

 

Vous visitez une ville inconnue. Que vous dit-elle d’elle-même ou du monde ? Que pouvez-vous inventer à partir des mots de la langue française – ou franglaise ! - qui y sont affichés ?

 

Insérez entre cinq et dix de ces formules dans un texte relatif à une déambulation, une visite, une aventure dans une ville autre que celle où vous résidez.

 

Le Michelet – Ni Dieu ni maître – Aucun lien ne se tisse avec la crainte de faire des nœuds – Auprès de mon arbre – Passage Georges Brassens – Le piano bleu – Just do paint – Quand avez-vous fait contrôler votre audition pour la dernière fois ? – Impasse du Ha ha – Mademoiselle Bloom – Les Délices – Les Apprêtés – Au chat botté – La Belle époque – Légèrement sucré – Alchimie – En aparté – Parce que c’est toi – Piment – Le P’tit creux – Paul et Emilie – La Tête noire – Le Gendre idéal – Les Dessous d’Agathe – Un moment unique, hors du temps – Les cocottes papotent – Bazar – Rue de la Croix au lait – Rue de la Tour aux chouettes – Eglantine – La Çédille [sic] – Au Chat jaune – Rue du Grand boulevard – Rue du Père Ange Le Proust – Chemin des Palefreniers – Le Cool – Dr Fred Le Voyeur – Villedeneuneu – La Fée des crêpes – Chez Camille et Margaux – Noir sur la ville – Ne pas lire tue – Au coeur de la rencontre – L’Ere de l’homme – Le Petit écuyer – Madame Prunier – Le jardin secret – La Flûte enchantée – Connemara queen – Chastronaute cherche chatellite – Chez Simonne – La pire des princesses – De minuit à quatorze heures - Mademoiselle Piplette – Tadam ! - Jolies trouvailles – Bretonne – Ça pue d’épier ! - Le Pain des rêves – Au chat noir – A l’ondée – Le Chapitre – Soleil couchant – Le Cri de l’ormeau – Je ne brise pas que les coeurs – Sortie non salée – Marguerite – Quenotte – Mi-figue mi-raisin – Qui écoute trop la météo reste au bistrot – Zen – Si tu as envie de rêver, vas-y, exagère ! - Il fait un temps à s’aimer – Diaspora – Au bonheur des dames – Le sans soucis – Le sang d’encre – Brut – Ty Gavroche – Le Farfadet – L’Enfance est un paradis – L’Air du temps

 

 

7 mai 2024

                   22, v'là des p'tites villes ! / Maryvonne

                               

Au cours de mes pérégrinations dans notre belle contrée j'aime tomber sur l'entrée d'une petite ville qui s'annonce « Petite cité de caractère ». Vous pourriez penser à « Ni Dieu ni maître » mais c'est plus subtil  que ça. C'est : « Vous allez voir de l'originalité, de l'humour, de l'authentique aussi, loin des classiques noms d'hommes politiques ou de poètes oubliés ».

 

Dès notre arrivée il y avait une odeur de crêpe qui flottait dans l'air, c'est que la fée des crêpes y avait élu domicile. Nous étions bien en Bretagne.

 

Pour l'odorat j'allais vite déchanter car, le nez en l'air, je mis malencontreusement le pied dans le crottin. Étant fille de maréchal-ferrant, l'identification de l'odeur ne pouvait m'échapper . « Ça pue d'épier » dit mon mari qui avait remarqué mon œil fureteur. Car qui dit crottin dit cheval. En trouvant plus loin « Le chemin des palefreniers », « Le petit écuyer » et l'impasse des Haha, je tirai la conclusion qu'il devait y avoir ici-même un haras ou alors c'était bien imité. 

 

 

Dans le jardin secret de madame Prunier la cuisine s'appelait « Le pain des rêves » et son secret était peut-être en rapport avec Louis Guilloux, l'écrivain costarmoricain. Une rencontre ? Une idylle ? Un moment unique hors du temps ? 

 

Il est vrai que Louis Guilloux aimait sortir dans la rue pour parler. Il se rendait souvent autour du lycée de garçons « Anatole Le Braz » pour discuter avec les élèves. 

 

Chacun d'eux serait peut-être le gendre idéal. C'est alors que me revint le souvenir d'avoir photographié une enseigne de magasin de prêt-à-porter pour homme du même nom. Photo que j'avais d'ailleurs envoyée à mon gendre du moment.

 

 

Étrange non, les coïncidences quand on furète le nez en l'air ? Au cœur de cette ville je vois un panneau «  Le cri de l'ormeau ». Mais c'est bien sûr ! C'est le nom du petit fascicule  qui relate les bonnes idées de sorties dans les Côtes d'Armor. 

 

L'air du temps est doux et dans le passage Georges Brassens on se surprend à fredonner « Auprès de mon arbre ». C'est comme dans la promenade du même nom à Rennes. Info ou intox ? Les deux villes auraient-elles eu la même idée d'organiser un festival Brassens en ces lieux ?

 

De toute façon, au soleil couchant, les villes bretonnes ont toutes  cette lumière qui redessine les monuments en les entourant finement d'un liseré doré, créant un moment unique hors du temps. 
 

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7 mai 2024

Voyages et rêves / Anne J.

 

Auprès de mon arbre, qui est un érable, je vivais heureux, à gauche du passage Georges Brassens, mais le démon du voyage rôdait pas très loin et me glissait à l'oreille :  « Si tu as envie de rêver, vas-y, exagère ! ».

 

Depuis mes 20 ans et c'était il y a longtemps j'ai toujours eu envie d'aller à Reykjavík. C'est comme un lieu magique mais à l'époque où l'on peut visiter les villes juste avec une souris sur internet je pourrais tuer la magie ! Et non, je m'interdis de voir à quoi ça ressemble vraiment !

 

Mr Google ne brise pas que les cœurs, il tue aussi les rêves.

 

 

Alors rêvons de cette ville où la boulangerie se nommerait « Le Pain des rêves », où le bistrot afficherait clairement « Il fait un temps à s'aimer » car il pleut beaucoup en Islande mais le proverbe le dit bien et ça vaut aussi pour la Bretagne « Qui écoute trop la météo, reste au bistrot ».

 

Samedi soir c'était le concours de l'Eurovision et France 2 a eu la bonne idée de nous faire visiter Malmö en compagnie de Stéphane Bern et ça m'a bien plu. Voilà peut-être ma prochaine destination. Une vieille ville avec des boutiques de fringues dont les enseignes en danois disent peut être «  Les Dessous d'Agathe » ou « Les cocottes papotent », qui sait , je ne parle pas un mot de danois.

 

Un château médiéval sur une île qui rassemble des magnifiques musées et des galeries de peintres, des fabriques de sabots en tout genre et des boulangeries servant une pâtisserie beurre sucre cannelle absolument appétissante, au nom exotique de Kanelbullar, une variante bretonne de « la fée des crêpes » sans doute à déguster  après avoir pris un bain dans une eau à 7 degrés, dans un bassin aménagé pour et où tout le monde se baigne nu comme un ver ! Et comme ne pas lire tue, je me réfugierai ensuite dans un café surchauffé pour y lire le dernier Camilla Lacksberg. Le café se nomme « Le P'tit creux » et la librairie juste à côté où l'on achète les livres d'occasion «  Un moment unique, hors du temps » et comme c'est la même chose à Lannion avec « Le Flambard » et la librairie qui jouxte ce café, je me croirais revenue à la maison.

 

Je suggère à nos amis de l'atelier d'écriture que l'impasse du Ha Ha intriguerait d'aller faire un tour au bord d'un délicieux petit lac québécois qui porte ce nom, et qui est alimenté par une rivière bien réelle du même nom. Mais peut être le nom de cette impasse n'a t-il pas à voir avec ce bel endroit ?


J'ai cherché. S’agissait-il là d'une onomatopée imitant la moquerie ou le faux rire ?

 

Je trouve l'explication militaire bien plus appropriée : « Il est généralement reconnu par les historiens qu'il s'agit plutôt d'une dénomination descriptive. Ce mot spécifique dériverait du mot français haha signifiant «un obstacle inattendu sur un chemin ». Ce terme identifie un fossé au bout d'une allée qui barre un passage.

 

Mais ce terme de Ha Ha peut aussi venir du mot mot  Háhattey, signifiant « chemin, voie ou adresse » en langue huronne. Rien que le nom de l'impasse et on est déjà parti dans un autre univers.

 

 

A vous de choisir votre prochaine destination : Reykjavík ? Malmö ou le lac du Ha Ha ?

 

Personnellement je profite d'un moment unique, hors du temps... dans mon jardin !

7 mai 2024

K comme kouign amann / Adrienne

 

Aucun lien ne se tisse avec la crainte de faire des nœuds, dit le proverbe, et si je reste auprès de mon arbre à attendre les premières figues, ou devant mon piano bleu de froid, je ne ferai ni rencontres, ni découvertes.

 

Alors je suis allée au jardin des délices de Stockholm, c’était légèrement sucré, avec un peu de piment, un moment unique, hors du temps.

 

Derrière une façade de la Belle Époque se cachait un minuscule restaurant de maximum 20 places, et dans ce jardin secret, Tadam ! après les harengs de la Baltique, le sandre polaire, les produits de la ferme d’Onsberga et les légumes de Skilleby, on t’apporte en dessert…

 

… une spécialité bretonne !

 

Ne manquait plus que la fée des crêpes !☺

 

***

 

Photo du kouign amann reçu en dessert à Stockholm. Comme on peut le voir, il avait la taille d’une bouchée ☺

7 mai 2024

Exagère ! / Jean-Paul

 

Si tu as envie de rêver, vas-y, exagère ! Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe dans un terrier après s’être lancé à la poursuite d’un lapin blanc porteur d’une montre à gousset et d’un phylactère au-dessus de sa tête annonçant « Je suis en retard ! ».

 

Ne pas lire tue et toi tu ne risques pas de mourir parce que tu as très vite compris qu’il s’agit ici du jardin secret de monsieur Lewis Carroll. Mais de te retrouver là ça te fait un effet mi-figue mi-raisin. Dans le pain des rêves de l’enfance ce récit des aventures d’Alice est certes un moment unique, hors du temps, mais avec son humour noir sur la ville, la jelly anglaise qui recouvre le pays des merveilles ne rend pas vraiment zen le petit lecteur.

 

Maintenant qui sait si, dans la nouvelle version en réalité virtuelle qui t’est proposée sous forme d’"escape game" ou de séance de cinéma en 3D, tu ne vas pas rencontrer de bien pires créatures encore que Twiddledum et Twiddledee, la duchesse au bébé qui pleure et la reine rouge qui veut couper des têtes ?

 

Est-ce que tu vas rire seulement dans l’impasse du Haha ? Sachant que ce n’est pas « Ah Ah » mais « haha » et que ça change tout. Un haha est un rempart d’un mètre de hauteur destiné à arrêter l’élan des chevaux ennemis à l’assaut du château.

 

Si l’enfance est un paradis, peut-on s’y promener sans soucis si l’univers est imaginé par des adultes dont on ne sait rien?Il faut distinguer l’homme de l’oeuvre mais si l’on suspecte le prof de maths photographe d’être à ses heures pédophile, n’y a-t-il pas lieu de se faire un sang d’encre ?

 

Au chat jaune de Chester – ou du Cheshire – quel animal à tête noire va se substituer ? Qui t’attend dans la rue de la Tour aux chouettes? Il paraît qu’au soleil couchant, là où habite, au 15, la pire des princesses, on entend le cri de l’ormeau et que ça fait claquer des quenottes.

 

 

Tadam ! Shazam ! Tatatsin ! Dans la mythologie bretonne le farfadet qu’on appelle aussi korrigan va peut-être t’obliger à jouer de la musique toute la nuit. Quant à comprendre pourquoi celui qui t’alpague te prend pour un Italien…

 

- Fais-nous danser, Signore Gavroche ! Plaque des accords sur le piano bleu !

 

- Mais… je ne suis que guitariste ! Je vais forcément faire des fausses notes !

 

- Mais non, tu vas voir, c’est magique par ici. N’aie aucune crainte, Signore, on ne tisse pas des liens avec la peur de faire des nœuds ! Joue nous « Auprès de mon arbre » de Georges Brassens !

 

Et tu constates que c’est vrai. Sur l’ébène et l’ivoire tes doigts imprévisibles font des miracles, ils ont des jolies trouvailles pour orner de contre-chants « La petite marguerite » et toutes ces chansons de la belle époque (1950-1980)  du poète sétois.

 

Au bout de la nuit finissent les délices de la danse. Les korrigans te récompensent. Ils t’envoient rue du Grand boulevard. 

 

- Ça s’appelle « Chez Simonne », Signore, mais ça n’a rien à voir avec Yves Montand puisque c’est écrit avec deux « n ». D’ailleurs, son vrai nom c’est Ivo Livi !

 

- Tu diras que tu viens de notre part et qu’il fait un temps à s’aimer. Parce que c’est toi, parce que tu as la tête du gendre idéal, tu auras peut-être le droit d’accéder aux dessous d’Agathe, de goûter aux baisers légèrement sucrés de Mademoiselle Bloom ou au grand jeu de « Moscou-Moscou pas » de Madame Prunier.

 

En aparté, tu doutes. Et de fait, une fois rendu à l’adresse indiquée, aucune Églantine ne t’attend, aucun piment au rendez-vous. Tu ne trouves qu’une plaque de médecin : Fred Le Voyeur.

 

Un plaisantin a apposé dessous un autocollant sur lequel on peut lire « Ça pue d’épier ».

 

***

 

Etc. Etc. On peut alimenter le récit de ce rêve avec ce que l’on voit sur les murs peints de Saint-Brieuc : cette fille rouge la tête à l’envers, ces animaux qui essaient de décrocher une étoile, ce porteur de champignons, ce caméléon gigantesque…

 

***

 

Reste à y coller le mot « fin » sous forme d’une chute dans le Gouëdic depuis le viaduc prévenant, brut de pomme : « Sortie non salée ». Mais bon ça ne plaira pas aux acrophobes ! Est-ce en empruntant le chemin des palefreniers que tu retrouveras, de manière plus douce, ton écurie ou ton paddock. Paddock ?

 

Oui, c’est là qu’elle est la sortie, dans le passage Georges Brassens. Si tu as envie de te réveiller, exagère ! Convoque les fantômes de Georges !

 

« Mais,  foin des délices de Capoue,
C'était mon père criant : "Debout,
Vains dieux, tu vas manquer la messe !". 

 

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