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L'Atelier d'écriture de Villejean
3 décembre 2014

Consigne d'écriture 1415-10 du 2 décembre 2014 : Ma grand-mère avait les mêmes (Philipe Delerm)

 Ma grand-mère avait les mêmes (Philipe Delerm)

1415-10 consigne DELERM 2

Philippe Delerm évoque dans des textes courts les circonstances banales dans lesquelles on utilise ces petites phrases toutes faites. Il en tire une morale, une philosophie. Vous l’imiterez ou pasticherez son style particulier qui consiste à :

- Ecrire au présent
- Faire des phrases courtes
- Utiliser abondamment « On »

Ma grand-mère avait les mêmes
Il a refait sa vie
Y’a un peu plus, je le laisse
N’oubliez pas d’éteindre vos portables
Moi j’ai bien aimé
C’est le soir que c’est difficile
Je voulais voir ce que c’était
D’abord, merci de prendre ma question
On ne vous fait pas fuir au moins
Je préfère Trouville à Deauville
C’est pas vrai !
Ca va refroidir
Voilà, tu la connais l’histoire
Faut arrêter !
Y a pas d’souci
Il faut le voir sur scène
Ca devrait toujours rester comme ça
J’ai horreur de cette phrase
Chez nous, c’est comme ça !

1415-10 consigne DELERM

Du côté de mon mari
Je vais prendre les matches un par un
Ca a été ?
J’ai une contrainte
C’est maintenant qu’il faut en profiter
On était écroulées
Qui lit encore Duhamel ?
Qu’est-ce que vous allez faire aujourd’hui ?
Il pourrait bien neiger
Par contre je veux bien un stylo
On peut le changer
Quel est votre plus gros défaut ?

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3 décembre 2014

N’oubliez pas d’éteindre vos portables ! / Jean-Paul

141129 035

N’oubliez pas d’éteindre vos portables !

Ah tiens, cela fait deux fois de suite que Pierre a oublié de dire la phrase rituelle ! Le silence s’est fait dans la salle, il a écarté le rideau, a dit bonjour. De sa voix posée d’ancien petit garçon sage il a récité le laïus sur la compagnie, remercié les sponsors, dit deux mots du spectacle. Puis il a retraversé le miroir, enfin, le rideau, pour rejoindre la troupe de babas-cools qui (s’im-)patiente derrière.
- On a de la route à faire ! a-t-il dit en oubliant de parler des téléphones portables.

 C’est effectivement « Le voyage dans la Lune ». On est confortablement installé tout seul au premier rang à l’auditorium de l’Assomption. On a deux appareils photos dont la courroie est enfilée sur le poignet droit. Il faudra parfois les démêler au fur et à mesure que le spectacle avance car on passe du 220 qui enregistre des vidéos au 255 qui capte des visages.

141130 084Cet opéra féerique d’Offenbach, légèrement postérieur aux deux romans de Jules Verne sur le même thème, n’en constitue-t-il pas le contrepied exact ? De la science qui va permettre tous les progrès bienfaisant du XXe siècle dont deux exterminations mondiales et des dommages collatéraux, de toutes ces machines à fabriquer des trente glorieuses et des décérébreuses à images nous ne verrons rien. Le roi Vlan arrive à pied avec sa couronne redorée. Le prince Caprice, en short et casque colonial, arrive lui aussi pedibus cum gambis avec son sac à dos. A l’observatoire, point de lunette géante pour mater les dés-astres à venir. Les astronomes, le nez en l’air, ont l’œil rivé à des télescopes de carton qui deviendront bien vite des petits tabourets pour s’assoir et tenir conseil.  

141129 162

Dans la forge, une seule enclume. Les artilleurs, petits et grands, ne portent qu’un casque de chantier. Le roi, le prince et Microscope le savant partiront dans la Lune dans un canon que le spectateur est prié d’imaginer car la metteuse en scène a remplacé la capsule des Apollons de l’Apollo par une valise remplie de pommes.

141130 167

La fusée, puisque par canon on entend obus, est bricolée avec trois pans du combi Volkswagen de Jean-Marc Ayrault. Sur la Lune, les horizons et les cœurs s’ouvriront grâce aux pommes qu’on croque et au cidre qu’on boit ! 

 

 141129 422141130 254Alors oui dans cette mise en scène ironique autant qu’onirique, dans cet opéra post-soixante-huitard, les portables sont bien éteints. Et d’ailleurs le seul qu’on voit est sur la scène. C’est celui, archaïque, du savant Microscope. Quand sa maîtresse Cascadine le joint – faites tourner ! – avec l’engin, c’est pour lui réclamer du pognon ! Société de con-sans-sommations ! On peut bien alors entamer la ronde des pommes ! Avec le temps, va, tout volcan !

Une chose est sûre : si le portable est éteint, Offenbach et Vocaline sont bien allumés !

 

3 décembre 2014

Mangez, ça va refroidir ! / Jean-Paul

141109 003Déjà, on a attendu l’accordéoniste. Ce n’est pas par timidité qu’il arrive le dernier. Certes il vient de plus loin mais dès qu’il a pigé le sujet de la conversation en cours, il se plonge dedans avec de grands éclats de rire qui font pétiller ses yeux bleus.

C’est un groupe de cinq personnes. Elles se rendent régulièrement les invitations à déjeuner. Elles ont même instauré un ordre pour ce qu’elles appellent les répétitions. Suivant qu’on est chez l’une ou chez l’autre de ces musiciens et chanteuses, l’apéro dure plus ou moins longtemps. Plutôt plus que moins. L’apéro lui ne refroidit pas. Ici on trempe des gressins dans la sauce bourguignonne. Là on déguste des verrines. Chez le couple, c’est plutôt tomates cerises, fruits exotiques et tuiles au paprika. Chez celui qui habite à la campagne c’est noix de cajou au milieu des chats et des plantes. Ca papote très vite comme chez la reine Popotte du « Voyage dans la Lune ». Alors le Champagne se réchauffe. Les esprits s’échauffent. Le guitariste sort des vannes qui tombent très vite à plat car les deux natives de signes de feu n’échangent plus qu’entre elles.

A un moment donné, le cuisinier ou la cuisinière s’absente. Pour que cela refroidisse, il faut d’abord veiller à ce que ça soit chaud et, pour bien faire, pas brûlé.

A un autre moment on passe à table. Pour un peu, chacun chacune aurait sa place attitrée. Dès les entrées, une fois les verres remplis de vin rouge ou de vin rosé, les conversations se recroisent. On attend le moment immanquable où l’accordéoniste et la néo-retraitée écologiste vont parler de ce qu’elle a lu dans « Que choisir ? », de ce qu’il a retenu de ses études de pharmacie. Ils vont s’engueuler à propos de médicaments, de nourriture industrielle, de médecine.

C’est à ce moment-là qu’on amène le plat de résistance et qu’on dit : « Mangez plutôt, ça va refroidir ! ». Ce n’est pas vraiment pour leur couper la parole. C’est plutôt qu’on veut juger par soi-même et faire juger par les autres ce qu’a donné tout ce travail du matin. Car on a découpé la viande, épluché les légumes, préparé un gâteau. Après un court temps de silence la conversation repart car on est sur des rails de TGV (Très Grande Volubilité).

Bientôt on sait qu’on ne commencera à faire ce pour quoi on est venu, à savoir jouer de la musique que vers seize heures et plus. Repus et pas encore taris. A chaque fois la répétition est de plus en plus courte. Mais ce groupe de plus de quatre personnes, ce pluriel que Brassens appelle « bande de cons »… si vous saviez comme on y tient et comme on n’a pas du tout envie que cette relation-là refroidisse !

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3 décembre 2014

C'est le soir que c'est difficile / Jean-Paul

C’est le soir que c’est difficile pour le gars de la hotline.

Surtout le vendredi soir. On est presque obligé, parfois, de se servir une vodka. On la boit pure. C’est pour se remettre des tensions de la semaine. Combien de fois chaque jour n’est-on pas obligé de s’exclamer « Mais c’est pas vrai ! » ? Combien de fois pense-t-on : « Faut arrêter, là ! » ?

C’est le soir que c’est difficile. Arrêter, ce serait facile. Y’a pas de souci. Il suffit juste de ne pas revenir au boulot le lundi matin. D’ailleurs, ça devrait toujours rester comme ça, le dimanche soir ! Mais voilà, j’ai une contrainte. Si je veux toucher de l’argent à la fin du mois, il faut que j’aille dépanner tous ces gens qui ont le chic.

Le chic pour inventer des pannes, le chic pour déceler les bogues. Allez dites-moi, qu’est-ce que vous allez faire aujourd’hui, braves gens ? Effacer systématiquement vos historiques de navigation ? Faire disparaître du coup le cookie qui vous permet d'accéder à la ressource informatique à distance ? Un cookie ! Faut arrêter de mettre des miettes dans le clavier de l’ordi ! Faut arrêter de mettre des gâteaux secs dans le disque dur !

AEV 1415-10 Error 404

Il pourrait bien neiger des massages d'erreur 404 aujourd’hui ! Eh bien non, monsieur le professeur, chez nous c’est comme ça, ça marche ! Mais pourquoi ne cliquez-vous pas sur le bon lien plutôt ? Et pourquoi ne pas me confier une copie d’écran pour que je comprenne mieux ?

Bonjour, c’est Nathalie C. On ne vous fait pas fuir, au moins ? Non, Non, simplement Jérémy Ménerlach !

Un jour il y aura une dernière année. Alors je vais prendre les matches un par un. J’archive tous les messages, tous les appels à l’aide. J’en imprimerai un florilège et j’y mettrai le feu. Non, je déconne. L’homme on peut le changer. Le cimetière est plein de gens indispensables. Bonne chance à mon successeur !

Un jour je partirai. Je rêve de ce moment où on me demandera peut-être :

- Alors, ça a été ? Quarante-deux ans, ce n’est pas si long que ça quand même !

- C’est surtout sur la fin que ça a été comme l’éternité !

Mais bon comme tout hypocrite en cette circonstance je dirai « Moi j‘ai bien aimé. S’il y en avait eu un peu plus je ne l’aurais pas laissé ». C’est vrai, j’ai bien aimé mes collègues. Mais les clients je serai bienheureux d’éteindre leurs portables et de refaire ma vie.

En attendant, c’est le soir que c’est difficile. Entre les vidéos de Youtube qui mettent des plombes à charger, les parties d’échecs à rallonge, les photos qui ne s’affichent pas sur Canalblog et les mots de passe de messagerie que je commence à perdre, j’ai de plus en plus de mal à éteindre mon ordinateur. Même plus la force d’appeler la Hotline ! Je devrais prendre du sommeil mais je procrastine, même si je ne sais pas ce que veut dire ce verbe.

J’irai voir sur Wikipédia… un jour où j’aurai plus de temps !

2 décembre 2014

On ne vous fait pas fuir, au moins ? / Dominique

On ne vous fait pas fuir au moins ?

On a mis nos affaires là, juste en attendant.
Mais finalement la place est pas mal.
D'ailleurs, vous vous étalez beaucoup : avec votre petite voiture et votre petite tente, vous n'avez pas besoin de tout l'emplacement.
Pour nous, c'est mieux, là.
On est plus près des toilettes.
Regardez là-bas, ça devrait vous suffire.
Notre chien se plait bien ici.
Il vous fait pas peur au moins?
Il aboie la nuit.

On ne vous fait pas fuir au moins ?

1415-10 on ne vous fait pas fuir Dominique

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2 décembre 2014

Il a refait sa vie ! / Dominique

Il a refait sa vie !

Que voulez-vous, c'est trop dur pour un homme seul.

Il ne pouvait pas rester comme ça.

1415-10 Dominique 2

On voyait bien que ça ne pouvait pas marcher.

Ils avaient l'air malheureux tous les deux.

Vous croyez que ce sera mieux ? Vous croyez qu'il a changé ?

En tout cas, il a l'air mieux.

Et elle, comment ça va ?

Comme ci, comme ça !

2 décembre 2014

Moi, j'ai bien aimé ! / Dominique

1415-10 Dominique 3 j'ai bien aimé

Moi, j'ai bien aimé !

Libé a dit que c'était nul,

le Monde a déconseillé,

Moi, j'ai bien aimé.

D'accord, c'est un peu long,

Y en a qui se sont ennuyés,

mais moi, j'ai bien aimé,

Y a pas beaucoup d'action,

c'est plutôt de l'introspection,

j'ai pas tout compris,

mais j'ai bien aimé.

Les acteurs sont inconnus,

y en a un qui articule mal,

peut-être que c'est fait exprès,

moi, j'ai bien aimé.

Ma copine aussi,

on est les deux seules à être restées

jusqu'à la fin.

Je crois que ça ne repasse plus.

Moi, j'ai bien aimé !

2 décembre 2014

A la manière de Philippe Delerm / Maryvonne

Y’a un peu plus je le laisse ? 

1415-10 96463921 Maryvonne 01

Sous le couteau alerte du boucher, le rôti de porc est parti en biais.Hier c’était le pâté de lapin qui avait les pattes allongées comme un lièvre. L’artisan qui biaise beaucoup incline gentiment la tête et lance sa phrase en forme de petit bénéfice : « Y’a un peu plus je le laisse ? »
Le ton n’est pas vraiment interrogatif, il est rapide, quasi affirmatif et nous on dit : « oui ».
De toute façon que ferait-il du petit bout supplémentaire ? Et puis on ne veut pas passer pour un radin. Il est sympa le boucher et dans ce oui les rôles sont inversés. On dirait que ce n’est pas le boucher qui a peur de perdre une cliente mais la cliente qui a peur de contrarier son boucher.
Chez le marchand de fruits c’est pareil voilà que la dernière poire fait largement pencher la balance. « Y’ a un peu plus je le laisse ? » Ben oui, banane, si je ramène ma fraise je vais avoir l’air d’une pomme et on ne va pas couper la poire en deux !!!
Alors je me prends à rêver qu’un jour mon banquier me pose cette question : « Y’a un peu plus, je le laisse ? » Et là aussi je dirai oui !

N’oubliez pas d’éteindre vos portables !

1415-10 schtroumpf maryvonne 02

En entrant dans la salle de spectacle on peut voir une mosaïque de petites lucarnes bleues. Un présentateur ou une voix off annonce : « N’oubliez pas d’éteindre vos portables !». J’enrage de ne pas me souvenir de ceux qui cherchent une formule plus originale. La seule dont je me souvienne est : «N’oubliez pas de rallumer vos portables en sortant ! ». De toute façon personne n’obéit plus, il n’y a plus dans les salles qu’une bande d’anarchistes qui mettent leur appareil en vibreur et qui regardent en douce les messages qui s’affichent. Ils pensent être incognito mais les acteurs voient bien le visage du schtroumpf désobéissant s’allumer en bleu.

C’est moins grave que celui qui a carrément oublié d’éteindre la sonnerie. C’est insup…portable.
A l’enterrement de notre cousine Jeannine, mes deux sœurs et moi sommes au deuxième rang à l’église. En plein milieu de la cérémonie la sonnerie du portable de ma sœur aînée retentit d’un vibrant air de biniou. Le temps de trouver l’objet du délit au fond du sac on avait le temps de danser une «avant deux» ou une «gavotte». Notre voisine de rang nous fusille du regard.

Quand le prêtre annonce « La famille peut s’avancer » la même voisine soupire : « Et en plus vous faites partie de la famille !!! »
Ben voilà aussi : le curé, après avoir dit « Vous pouvez vous assire (sic) » n’avait pas dit, sur son ton chantant : « N’oubliez pas d’éteindre vos portables ! Amen ! »

« Ça a été ? »

1415-10 fausse limace Maryvonne 03

Ou alors : « Ça s’est bien passé ? » La serveuse est accorte, diligente et souriante mais probablement aveugle car régulièrement la question est posée à un convive qui a devant lui une assiette vide. Visiblement on ne peut faire mieux. Il n’est pas obligatoire de répondre, en fait ça veut juste dire je vais enlever vos assiettes et vos couverts. De toute façon si il y avait une couille dans le potage on appellerait le cuisinier pour savoir si il nous chante «Rigoletto » façon castrat.

Si il y avait une limace dans la salade on féliciterait le patron de servir du « bio ». Je les soupçonne même de rajouter des bestioles au dernier moment.

Si ça avait été mauvais on l’aurait laissé dans l’assiette. Donc normalement ça a été avec des plus et des moins. Comme on ne veut pas passer pour un râleur c’est en sortant dans la rue que s’exprime le « Ca n’a pas été » : c’était cher pour ce qu’il y avait dans l’assiette, le pain était sec, c’était froid à mon goût. J’ai le souvenir d’huîtres laiteuses, de beurre à l’ail pas décongelé, de glace sur une assiette chaude et je vous en passe. Mais je retournerai au restaurant et ça ira, ça ira, ça ira ! Pourtant une fois encore je ne ferai pas la révolution.

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