Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
6 octobre 2020

Travadja la moukère / Raymonde

« Travadja la moukère 
Travadja Bono
Mets ton pied dans la soupière… » (version soft).

Quel est ce charabia ? Qui est Travadja ?
Une princesse en djellaba bien dissimulée derrière son moucharabieh qui lui apporte la fraîcheur et la possibilité de voir sans être vue.
Et qu'a-t-elle vu à l'heure où le muezzin appelle à la prière ?
Elle a vu le vizir en burnous et son clebs sortir de sa casbah comme un voleur.
Mais où va-t-il ?

Incroyable !
Le voilà en compagnie de deux moukères en burqa !
Mais qui sont-ce ?
Un traître coup de sirocco découvre le visage des deux donzelles.
Stupéfaction ! Sidération !
Nadine Marono qui adore le couscous et les bricks à l'oeuf et Marine Le Paon ! C'est donc vrai qu'elle a des amis arabes ????

AEV 2021-04 Raymonde - méhari

Le vizir, sans chichis, sans manières, se met au volant de sa méhari, invite les deux donzelles à s'installer et les voilà partis.

Mince ! Travadja les perd de vue !
Vite, vite, Travadja elle aussi emprunte son méhari (mais celui-ci à quatre pattes) et tente de suivre la méhari (vous suivez ?).

Le vizir se gare devant un gourbi où les trois individus s'engouffrent bien vite.
Travadja doit se la jouer fin !
Elle en appelle au marabout :

- Marabout, Marabout ! Rends-moi invisible !

- Travadja, compte jusqu'à 3 et, bien que tu sois grasse comme un loukoum, transparente tu deviendras !

AEV 2021-04 Raymonde - RatatouilleMais le sort ne marche qu'à moitié et la voilà transformée en souris !
Elle trottine jusqu' au gourbi, y entre le plus discrètement possible
Mais Nadine pousse des cris d'orfraie.
Le vizir se méprend, croit qu'elle a mis trop d' harissa dans son couscous mais Marine s'écrie :

- Un raton ! Un raton ! Il faut l'éliminer, l'exterminer, le pulvériser !

- Reprends-toi, Marine, ce n'est qu'une souris !

Et d'un coup de babouche, il envoie notre pauvre Travadja ad pattes REM, au paradis des souris !

Moralité : La curiosité est un vilain défaut !

***

On ne connaîtra pas la fin de l'histoire mais il paraît qu'à l'heure actuelle Marine et Nadine égrènent la semoule du couscous en compagnie des femmes du village en chantant « Travadja la moukère » (version hard) en remuant du popotin !
 

Publicité
Publicité
13 octobre 2020

Discours du chef d’orchestre aux musiciens avant le concert / Marie-Thé

AEV 2021-05 Chef d'orchestre Marie-Thé

Vous êtes en train de me dire que vous avez le trac. Détendez-vous, amis chanteurs et musiciens. Avant d’entrer en scène, nous ferons juste quelques mouvements de relaxation. Voilà.

Vous êtes en train de me dire que nous aurons du mal à accorder nos violons. C’est pas faux. Moi je suis certain que nous allons nous entendre comme larrons en foire et que notre concert ne sera pas une monstrueuse cacophonie, ni du grand n’importe quoi. Choristes, n'allez pas plus vite que la musique. A chacun de trouver son point d’orgue et de donner de la voix à mon signal.

Pianiste, attention, pas de couac comme au fameux concert de la semaine dernière qui était, je dois le reconnaître, d’une totale improvisation ! Violonistes, accordez vos instruments avec une précision de métronome. Pas de fausses notes. Lorsque la musique va battre son plein, jouez en fanfare avec les choristes. C’est clair ?

Comme vous le savez, Nous serons sous haute surveillance. En effet, on vient de l’apprendre, le Maire et ses adjoints, ces jeunes loups de la politique, assisteront au concert. De plus, une foule d’anonymes n’espèrent que du bonheur de notre prestation. Nous sommes très attendus. C’est pas faux. Alors faut-il avoir peur de monter au créneau ?

AEV 2021-05 marie-Thé Chef d'orchestre 2gif

Et maintenant, je vais jouer sur votre corde sensible. Etre votre chef d’orchestre j’adore. Vraiment, j’adore. Voilà. Lorsque je vais siffler la fin de la récréation, j’ai le sentiment que nous aurons réalisé une prestation surréaliste. Juste un dernier mot, nous ne sommes pas les derniers des grands. En effet soyons prétentieux. C’est plutôt un gage de réussite. C’est clair. Du coup allons-y, montons au créneau !

10 novembre 2020

Marcel Proust. - Pas de temps à perdre ! : oeuvres complètes / Jean-Paul

PhotoFunia-1605356685

4e de couverture

Né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières (Ardennes) le poète Marcel Proust fugue et monte à Paris en 1870 en vue d’y faire publier « Pas de temps à perdre ! » un recueil de dix-sept haïkus et deux tankas remarquables.

Las, il ne trouve aucun éditeur mais il fait dans la capitale la rencontre de Céleste Albaret, une étudiante en arts ménagers, dont il s’éprend et qu’il épouse quatre ans plus tard à Commercy (Meuse) où le couple s’établit pour fabriquer et vendre des madeleines. Là-bas Proust n’écrira plus une seule ligne.

A la mort de Marcel en 1891 Céleste retrouve ce qu’il appelait « ses rinçures ». Publiés à titre posthume chez Gallimard, les dix-sept haïkus révolutionneront la poésie française du XXe siècle au point que plus personne ensuite n’osera utiliser l’alexandrin ni composer des sonnets. Il fallait être résolument moderne et visionnaire sinon voyant pour oser, par ce geste purificateur et résumant, inventer en une seule fois le concept de Twitter, de la quatrième de couverture en vingt-trois lignes et de «l’oublié aussitôt que lu» qui enchante désormais notre civilisation contemporaine.

L’édition de l’œuvre complète du poète que nous présentons ici est accompagnée d’un appareil critique établi par les professeurs Jean-Claude Walrus de l’Université de Combray-les-Bêtises 2 et Jack E. Russell de l’Université de Bouldog (Colorado). Les illustrations sont de Mme Olga Photofunia, de M. Joe Krapov et d’autres webphotographes.

L'ouvrage complet

AEV_2021_07_Jean_Paul___Pas_de_temps___perdre___par_Marcel_Proust_au_format_A5 

 

9 juin 2020

Augustin Traquenard : le récit de Mathilde Fleurville

 La dernière fois que j’ai vu Augustin Traquenard c’était ce soir étrange où il a fait si chaud. Je rentrais du travail après avoir récupéré Georges, notre bébé, à la crèche. Nous habitions alors un appartement à l’étage au n° 4 de la rue des Petits-Champs à Paris. Augustin s’apprêtait à promener notre chien, un fox-terrier bizarrement tout blanc que nous avions appelé Emile. On s’est croisés sur le palier.

- Je vais acheter des allumettes. Prépare les pinces en or, je ramènerai aussi du crabe.

Il n’est jamais revenu.

***

murmure_temps 0008 réduite

Il avait arrosé encore tout de travers la pauvre plante en pot qui ornait notre home. Il en mettait partout avec sa cruche antique, de l’eau, sauf là où il fallait. Chaque fois je l’engueulais. Il protestait :

- Hé ! Ho ! Tu ne vas pas en faire toute une affaire de ce que l’eau dégouline sur ton tournesol ?

- D’abord ce n’est pas un tournesol, c’est un azalée et c’est le pied de la plante qu’il faut arroser, pas la fleur !

- Tournesol, lotus, bleuet, orchidée , c’est pareil, espèce de maudite Mathilde ! Fleur vile ! L’azalée, c’est une valse !

Je ne lui répondais pas que la valse, justement, quand nous la dansions, il m’écrasait les pieds. Avec Augustin, il valait mieux ne pas envenimer les situations.

Le soir est tombé puis la nuit. L’angoisse montait. La clarté des étoiles semblait mystérieuse. Par la fenêtre ouverte je scrutais les mouvements de la rue, guettant son retour.

Devant le café où nous avions nos habitudes, le Pharaon, un voyou guettait un client de passage qui fumait le cigare en terrasse. La lune était pleine. Il y avait sans doute du drame dans l’air mais je n’étais pas objective. On a marché sur la moquette du palier mais ce n’était pas lui.

Les lumières de la ville se sont éteintes. J’ai fini par aller me coucher.

***

Il n’a pas donné signe de vie pendant trois jours. Le quatrième une carte postale est arrivée. La Grand’place de Bruxelles au recto. Au verso, ces quelques mots : « Ne t’inquiète pas. Je t’expliquerai. »

Pourquoi donc était-il parti ?Je subvenais à tous ses besoins, même les plus illégaux. Mes parents nous aidaient bien. J’avais toujours de la coke en stock. Je ne lui coûtais rien en bijoux, je n’aime rien tant qu’être habillée simple. Bien sûr les vagissements du bébé la nuit lui cassaient un peu les oreilles mais c’étaient les dents, ça passerait.

Oui, c’est vrai, il buvait, il était violent, m’injuriait et me battait même parfois. A part cela c’était le plus délicat et le plus délicieux des hommes en public. Une espèce de milord noir. D’âme, je parle, pas de peau. Il n’avait rien à voir avec Sydney Poitier.

***

Bruxelles. Pourquoi la Belgique plutôt que l’Amérique ou le Congo ? Est-ce qu’il y avait une autre femme derrière cet envol ?

J’ai fini par aller trouver le détective du rez-de-chaussée. Son agence s’appelait Fiat Panda.

- C’est à moitié en hommage à Léo Malet et à son agence Fiat Lux et à moitié parce que je suis rangé des voitures. Je suis un ancien des R.G.

- Les Renseignements Généraux ?

- Non, les Recherches Graveleuses. Florent Fouillemerde pour vous servir. Vous par exemple, votre compagnon est parti et vous vous demandez avec qui.

Il y avait des boules de cristal qui lui servaient de presse-papier sur son bureau. J’en ai compté sept. J’étais chez Madame Irma la voyante ou quoi ? Il devinait toutes mes pensées.

- Je les collectionne. J’en ai 714. Vous avez une photo du disparu ? Et une photo du chien ? C’est surtout lui que vous voulez retrouver, non ?

***

Cher mais efficace, le détective. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences ni au patronyme des gens. Il m’a rappelée quinze jours après.

- Le 21 au soir, après être sorti de chez vous, Monsieur Traquenard a pris l’autocar pour Bicêtre.

- L’hôpital ?

- Non, Le Kremlin-Bicêtre. Là-bas il a retrouvé un ami à lui fraîchement débarqué des Ardennes. Un nommé Archibald Rimbock, pas forcément recommandable d’après mes renseignements. C’est un type barbu qui porte un monocle, une casquette de marinier de la Meuse et n’a que l’invective à la bouche. Le lendemain matin on retrouve leurs traces à la gare du Nord où ils se sont accrochés avec un photographe de rue nommé Karjaboudjan. Rimbock l’a blessé à la main, d’un coup de couteau. Ils ont filé ensuite, le laissant tout saignant, et ils ont sauté dans le train pour Bruxelles. Là-bas ils ont vécu un temps au 26 rue du Labrador. Puis ils sont partis pour Londres.

- Filer le parfait amour ?

- Rien n’est moins sûr, madame Fleurville. C’est une affaire assez bizarre et… c’est pire encore que tout ce que vous pouvez imaginer. Ils vivent très honorablement, là-bas. Ils fréquentent les bibliothèques et ils donnent des cours de français. Et… êtes-vous prête à entendre l’insupportable ?

- Allez-y docteur ! Euh… Madame Irma. Pardon, ça m’a échappé, M. Fouillemerde.

- Je comprends que vous soyez troublée et vous allez l’être encore plus. Ces deux messieurs… Comment vous le dire ? Ils écrivent de la poésie.

***

murmure_temps 0008 détail

Augustin Traquenard ! J’ai vite fait une croix sur ce dégénéré. Je me suis mariée l’année suivante avec un industriel belge nommé Rémi Tatin.

Le plus désolant dans l’histoire a été de perdre le petit chien blanc si intelligent, Emile, dont Fouillemerde n’a pas pu me dire ce qu’il ‘était devenu. Il ne me reste de cette époque que cette photo un peu floue de lui : c’est celle que j’avais confiée au détective et qu’il m’a rendue. Je me souviens qu’on l’avait même fait agrandir et encadrer, quand nous habitions rue des Petits-champs, Augustin, Georges et moi.

C’est du passé. Rémi et moi sommes heureux. Nous habitons avenue Louise à Bruxelles, c’est dire ! Nous venons de donner une petite demi-sœur à Georges. Elle est adorable. Nous l’avons prénommée Emmylou.

Emmylou Tatin, ça sonne bien, non ?

10 novembre 2020

La Chouette aux yeux dorés. - Le Livre du confinement / Anne J.

AEV 2021-07 Livre Anne J

4EME DE COUVERTURE

AEV 2021-07 Anne - Chouette

Ce livre de « La chouette aux yeux dorés », alias Anne Jezequel, présente des photographies prises au fil des jours et des semaines et sous différents éclairages d’un même endroit, ce que l’auteure voit de sa fenêtre pendant cette période de confinement.

Quelques textes accompagnent cette vision du temps qui passe, cette contemplation des saisons et des couleurs, moment paisible pour le repos des yeux. 


PAGE 1 

AEV 2021-07 Anne - bois 2

Au printemps dernier
j'ai vu le bois mort
devenir vert tendre.

Quand revient l'automne
assise devant ma fenêtre
je vois les feuilles rousses
disparaître
et le bois gris
revenir en force

Au printemps dernier
germait l'espoir
d'un été libéré.

Quand revient l'automne
derrière la fenêtre
pointe un hiver
sans horizon.


AEV 2021-07 Anne - bois 1Au printemps dernier
on espérait le retour
des balades à la plage
et des longues baignades.

Quand revient l'automne
on se blottira
près de la cheminée
avec un bon livre
pour rêver
qu’un jour reviendra
le printemps.

Publicité
Publicité
1 décembre 2020

Portraits. 1, Mes aïeux / Eliane

AEV 2021-10 Eliane mariageDans la vieille maison, maintenant délestée de ses habitants,
Sur la commode patinée par de nombreuses couches de cire, 
Mes aïeux le jour de leur noce.
J'imagine ce cliché pris au son de la marche nuptiale.

Que vous êtes beaux,
Grand-mère Eléanore et grand père Louis !

Sur une autre photo on voit Clémence en vacances
Avec son cousin Baptiste.
Ils ont passé dans cette vieille maison de merveilleux étés.
Ils jouaient à « Balan-balançoire »
Ou encore à « Chat, c'est toi l'chat »
Clémence avait apprivoisé un escargot
L'escargot Léo. C'était leur compagnon de jeux
Qui mangeait quand même les salades de grand-père.

AEV 2021-10 Eliane amoureux 3

 

Le soir ce dernier leur lisait des histoires,
Tandis que Grand-mère chantait
Des berceuses aux petits vampires,
- Quand ils étaient tout petits,
Elle disait qu'ils lui mangeaient tout son temps -
Puis des berceuses pour un ouragan.

 

Il y avait souvent des réparations à faire
Après leur séjour à la fin de l'été.

Je ne vous ai pas connus assez longtemps,
Mes chers grands-parents.
J'aurais pourtant eu tant de choses à vous dire
Et tant de choses à vous demander.

AEV 2021-10 Eliane grands-parents

22 février 2022

M comme maquillage / Laura

cb9803

Je me souviens de la poudre de riz de sa grand-mère.

Elle prêtait son mascara à Cannelle : à l'époque

Il fallait cracher dedans pour l'appliquer sur les cils.

Cannelle se maquillait souvent les yeux chez elle

Et elle lui disait : "Avec des yeux pareils,

Les boutons de braguette vont sauter!".

Son mari aimait sa grand-mère

Qui le lui rendait bien

Jusqu'à ce qu'un beau parleur

Les embobine toutes (les femmes de la famille)

Sauf Cannelle qui mettait sa peinture

De guerre de séduction pour partir à l'assaut

De sa proie. Son mari n'aimait pas les femmes peinturlurées.

10 mai 2022

Si vous lisez la presse / Laura

2122-28 Laur - La Croix

Si vous lisez la presse, vous aurez pu lire « Soutenez les opposants biélorusses », ce qui a pu vous éclairer sur l’état de cette partie du monde avant la guerre en Ukraine.

Personnellement, j’ai devancé le conseil de « La Croix » «Prenez un cours de langue » en révisant l’anglais, le latin, l’allemand et en apprenant quelques mots d’italien, d’espagnol, de néerlandais, de turc pour mieux voyager.

Ou « Découvrez les coulisses de l’opéra Garnier à Paris » entre autres : je l’ai fait il y a peu

La presse (papier) cultive notre curiosité.

«L’improvisation » se mêle parfois à la préparation dans les visites de paysages, de musées, de villes que je pratique. « Scrutez l’époque avec Bruno Frappat » : les journalistes nous ouvrent le monde avec leurs yeux ; à nous de confronter plusieurs regards.

26 avril 2022

Vocabulaire / Anne J.

C'est une heure de contes avec les enfants de l’école de Woas Wen qui restent à la garderie, une bonne vingtaine de marmots de 7 à 10 ans de toutes couleurs, garçons et filles assis sur le tapis qui m'écoutent et essaient de comprendre mon histoire.

Mais voilà, ils n'ont dans leur musette qu’un petit nombre de mots et quand je dis « gourdin » il me faut expliquer que c'est un gros bâton et même le mot « ânesse » ne trouve pas d'écho,(j'aurais dû dire "âne", ça n'aurait rien changé à l'affaire). Quand on parle de temps des moissons, certains s’esclaffent en comprenant "saucisson" (finalement ils ont peut-être raison , pendant les moissons on devait bien saucissonner !). Ca devient compliqué car il y a un petit blond qui lève la main, à bon escient d'ailleurs, pour demander sans cesse : « Ça veut dire quoi , Madame ? ».

On est bien loin du bonheur d'écouter pendant trois heures des alexandrins impeccables écrits par monsieur Rostand pour sa pièce "Cyrano de Bergerac" ou de la belle consigne de notre animateur.

Voilà donc ce que j'aurais pu leur dire :

2022-04-16 - 285 29

Le bélître au nez camus épousseta son blason et sa soubreveste puis rabattit sa cuculle avant de pousser la porte du Café du commerce . Le comte de Castel Jaloux ne voulait pas qu'on le reconnaisse et qu'on le prenne pour un malandrin ou pour un ivrogne, mais il comptait bien se faire servir une grande Guiness dans un hanap doré et acheter de quoi pétuner en paix un moment.

C'est qu’ il attendait une belle qui se faisait désirer. Il commanda un jambon beurre et un raisiné de Cette pour patienter.

La belle Urimédonte parut, resplendissante avec sa bouffette ornée d'une ganse et toute de noir vêtue. Elle se fit servir une limonade et trois poupelins qu'elle savoura en silence puis s’adressant au chevalier déclara :

- Je ne tiendrai pas compte, monsieur, de votre placet : il est mal écrit et l'hémistiche n'y est pas au bon endroit !

- Préférez vous, Madame, que je vous joue un air sur mon galoubet ? J'en suis féru et je joue mieux que je n'écris.

- Trop tard, monsieur, dit la félonne en sortant de sa poche les ciseaux de la Parque.

Elle fendit d'un seul geste la soubreveste céladon du bélître qui se retrouva nu comme un ver avec seulement ses chaussettes puis elle disparut aussi soudainement qu'elle était apparue, non sans avoir essuyé ses ciseaux sur la nappe blanche

Alors on vit entrer une bretonne en coiffe, avec son tablier de cuisine et son rouleau à pâtisserie Elle chargea le comte dans sa brouette qui attendait dehors en le traînant par les pieds.

- Allez, on rentre, ivrogne ! Les cochons attendent et il y a les vaches à traire, le spectacle est terminé !

Et le petit blond aurait demandé :« Ça raconte quoi , madame ? ».

- L'histoire s'appelle « Retour du bistrot » petit, c'est tout !

2122-26 Anne J

24 mai 2022

Voyage alphabétique / Anne J.

 

«T'as voulu voir Vesoul, et on a vu Vesoul » !

J'aurais bien commencé mon voyage par là pour faire comme la chanson mais non : ce sera un voyage alphabétique.
C'est bizarre car ceux qui viennent chez moi savent que ni mes livres, ni mes CD ne sont classés de cette façon. Une envie d’ordre, peut être ?

En voiture ! Attention à la fermeture des portières ! Attention au départ !

A Auch, j'irais admirer une caverne avec des peintures rupestres d'aurochs. Le nom m'évoque la préhistoire, allez savoir pourquoi ?

A Aurillac, j'irais faire des sculptures de glace : c'est toujours le point le plus froid de la carte météo.

A Bordeaux, j'irais briser une bouteille sur les quais en pensant à tous les navires négriers partis de là pour récolter notre sucre et enrichir nos armateurs.

2122-30 Anne J

A Charleville-Mézières, j'irais flâner sur les traces de Rimbaud et admirer le musée des marionnettes. 

A Chaumont, j'irais grimper sur les fameuses buttes !

Dijon, Dijon 2 minutes d’arrêt. 2 minutes pour découvrir les secrets de la moutarde ? Celle qui me monte au nez bien souvent ?

De Draguignan je ne connais rien, si ce n'est les casernes militaires, un peu comme Verdun.

A Foix, je pense foie gras, troupeaux d'oies en liberté et à la chanson « Il était une fois, dans la ville de Foix »

A Mende, j'imagine des montagnes en plein soleil, des protestants attachés à leur terre et à leur foi, un monde rocailleux, sévère et des caractères bien trempés.

Marmande ou Nevers auraient eu une belle place dans ce voyage alphabétique de A à Z

Zevaco me conduit très loin en corse du Sud à moins que cette balade ne se termine à Zuytpeene devant une moules-frites !

22 janvier 2020

Consigne d'écriture 1920-16 du 21 janvier 2020 : le mot juste au musée

Le mot juste au musée

 

Chaque participant.e choisit une monographie illustrée (Regards sur la peinture) sur un peintre du XIXe ou du XXe siècle en fonction de ses goûts.

L'animateur distribue ensuite une liste d'une quinzaine de mots issus du livre de Valérie Mandera "L'Art du mot juste". Chaque mot est doté de sa traduction en langage "moins soutenu".

Il demande que soit racontée une histoire qui se passe dans un musée et dans laquelle on trouve au moins un des mots de la liste fournie.

AEV 1920-16 lot+regard+sur+la+peinture

N.B. Les listes de quinze mots, classées par ordre alphabétique, ont été collées bout à bout dans le tableau ci-dessous. Les mots sont en colonnes 1 et 3.

Avanie Affront injure Alacrité Entrain vivacité gaieté
Camus Aplati écrasé Algarade Dispute scène engueulade
Déréliction Abattement abandon Badin Enjoué espiègle gai
Dilettante Amateur connaisseur Bisbille Dispute désaccord brouille
Ebaudir Amuser réjouir Contempteur Détracteur critique
Lénifiant Apaisant calmant Dégingandé Disloqué
Morgue Arrogance fierté Elucubration Divagation extravagance
Panégyrique Apologie Embobeliner Embobiner rouler tromper
Parcimonie Avarice économie Faconde Eloquence bagou
Poncif Banalité cliché lieu commun Fourvoyer Egarer tromper
Potron-Minet (dès) A l’aube tôt Imbroglio Embrouille confusion
Procrastiner Ajourner remettre à demain Infrangible Durable, constant inaltérable
Pugnace Batailleur combatif querelleur Interlope Douteux louche suspect
Rasséréner Apaiser calmer adoucir Philippique Discours réquisitoire
Vicissitude Aléas hasard Truculent Drôle cocasse original
Anathème Blâme condamnation Baguenauder Flâner errer
Atrabilaire Colérique acariâtre grincheux Faquin Fripouille voyou racaille vaurien
Compendieux Concis succinct abrégé Faramineux Fantastique énorme
Courroux Colère emportement fureur Flagorner Flatter passer de la pommade
Débonnaire Bon généreux Fredaine Folie frasque écart
Ergoter Chipoter pinailler contester Fruste Grossier rustique
Fustiger Combattre critiquer Gabegie Gâchis gaspillage
Galimatias Charabia Ostracisme Exclusion bannissement
Hâve Blafard, livide, défait Pétulance Fougue vivacité exubérance
Impavide Calme imperturbable inébranlable Prodigue Généreux dépensier
Mansuétude Bonté indulgence Rocambolesque Extraordinaire invraisemblable extravagant
Patent Certain évident indéniable Rodomontades Fanfaronnades vantardise
Péremptoire Catégorique tranchant Sémillant Fringant enjoué
Phagocyter Cannibaliser absorber Thuriféraire Flatteur louangeur
Quintessence Concentré essentiel meilleur Zélateur Fanatique partisan
Abhorrer Détester haïr Acrimonie Hargne aigreur mauvaise humeur
Circonlocution Détour Atavisme Hérédité dispositions
Concupiscence Désir sensualité convoitise Barguigner Hésiter tergiverser
Condescendant Dédaigneux hautain Fulminer Hurler s’emporter se fâcher
Exutoire Dérivatif soupape Gémonies (vouer aux) Humilier, accabler publiquement
Galvauder Déprécier avilir dégrader Impéritie Incapacité incompétence
Grégaire Conformiste docile Ineffable Indescriptible inexprimable inracontable
Laconique Court, succinct sommaire Inexpugnable Imprenable, invincible
Pensum Corvée Invective Injure, insulte
Stipendié Corrompu soudoyé Invétéré Incorrigible incurable
Turpitude Débauche bassesse ignominie Marmoréen Impassible froid
Vernaculaire Courant local régional Obnubiler Hypnotiser obséder
Vilipender Déprécier dénigrer Opprobre Honte déshonneur
Vitupérer Critiquer protester Patibulaire Inquiétant sinistre louche
Vociférer Crier hurler gueuler Tergiverser Hésiter se tâter
Abscons Obscur incompréhensible
Agonir
Insulter injurier accabler
Antienne Refrain rengaine Béotien Lourdaud grossier inculte
Argutie Raisonnement pointilleux, pinaillage Cacochyme Maladif, souffreteux
Circonspect Prudent vigilant Evanescent Insaisissable
Délétère Nuisible malsain Falot Insignifiant terne
Exhorter Pousser inciter Goguenard Moqueur ironique
Faraud Prétentieux crâneur fanfaron Hagiographie Légende histoire
Grivois Osé, libertin Laïus Long discours
Histrion Pitre clown bouffon Lazzi Moquerie sarcasme raillerie
Kyrielle Multitude foule Parangon Modèle idéal
Magnanimité Noblesse bonté Pusillanime Lâche peureux poltron timoré
Morigéner Réprimander gronder Sagacité Intelligence finesse astuce
Rémanence Persistance survivance Salmigondis Mélange méli-mélo fatras
Scabreux Osé indécent licencieux Sardonique Moqueur sarcastique
Vaticiner Prophétiser prédire Soliloquer Monologuer
Anachorète Solitaire ermite Diaphane Translucide clair limpide
Billevesées Sornettes sottises bêtises âneries Drastique Strict sévère rigoureux
Chafouin Sournois hypocrite Ebahir Stupéfier abasourdir étonner
Frugal Sobre austère Nervi Voyou fripouille tueur
Gausser (se) Se moquer railler Primesautier Spontané impulsif
Iconoclaste Sacrilège impie non traditionnel Redondant Surabondant superflu répétitif
Maugréer Ronchonner bougonner Réminiscences Souvenir mémoire
Objurgation Reproche, réprimande Roboratif Tonifiant vivifiant
Obséquieux Servile rampant Sobriquet Surnom
Pavoiser Se pavaner Spécieux Trompeur
Péronnelle Sotte bavarde Superfétatoire Superflu inutile accessoire
Persifler Se moquer mettre en boîte Tarabuster Tourmenter harceler importuner
Sinécure Situation de tout repos Tarauder Tourmenter obséder
Targuer (se) Se vanter être fier Tohu-bohu Tapage agitation désordre
Viatique Secours soutien Velléitaire Versatile inconsistant hésitant
18 décembre 2019

Consigne d'écriture 1920-13 du 17 décembre 2019 : Histoire d'après Imagidés

Une histoire d'après Imagidés

 

Inscrivez sur une feuille une suite de sept chiffres compris entre  et 6. Par exemple : 1 2 3 4 5 6 1 ou 2 5 6 1 6 6 6.

Référez-vous ensuite au tableau ci-dessous pour obtenir

-          Un personnage
-           L’émotion qui caractérise ce personnage
-          Le lieu où vit le personnage ou dans lequel se passe votre histoire
-          L’élément principal de votre histoire
-          Ce qui concerne un voyage dans votre histoire
-          Un animal qui apparaîtra dans l’histoire
-          Un élément du quotidien qui apparaîtra également dans votre récit 

 

Personnage

Emotion

Lieu

Histoire

Voyage

Animal

Objet du quotidien

1

Dragon

Amour

Chemin

Bateau

Avion

Araignée

Argent

2

Fantôme

Colère

Forêt

Château

Mer

Chat

Balai

3

Fée

Joie

Grotte

Dinosaure

Globe

Cheval

Ballon

4

Loup

Rire

Labyrinthe

Enigme

Horloge

Chien

Fer à cheval

5

Pirate

Surprise

Maison

Loupe (= quête)

Train

Oiseau

Fleur

6

Sorcière

Tristesse

Montagne

Volcan

Voiture

Serpent

Lit

Facultatif : vous pouvez écrire avec tout cela un conte de Noël ou une histoire d’univers parallèle.

AEV 1920-13 Imagidés

N.B. Imagidés est un jeu d'invention d'histoires des éditions Gigamic.

 

20 février 2018

Le chien et le philosophe / Josiane

AEV 1718-20 chien

 

"Être ou ne pas être, voilà la question"

Disait le philosophe
À son animal de compagnie.
Celui-ci lui faisait comprendre
Que jouer lui semblait plus sage.
Pourquoi toujours s’interroger ?
Voilà bien le propre de l’homme.

Pourvu que ma gamelle soit pleine,
Que je gambade à travers champs,
Je ne me pose aucun problème,
Je ne suis pas un chien pensant.

AEV 1718-20 JupiterC’est quoi le problème
Quelle est la question?

Être ou ne pas être voilà la question.

Ce à quoi l’animal répond :

"Oui, et la poser n’est que vanité orale."

14 mai 2019

C’est vraiment par gourmandise ! / Anne-Françoise

AEV 1819-28 AF tartelette-citron-meringuee-ambiance-1-550x550

Le plat de mignardises a tourné plusieurs fois et s’est négligemment posé sur la table basse. On a successivement pris une tartelette à la fraise, une mousse passion et un petit fondant chocolat… On estime que ça fait déjà assez vu ce qu’on s’est déjà mis à l’apéro et ce qui a suivi.

Mais il y a un problème, un souci, un ennui… Ben oui, on est perturbé. Il reste dans le plat une mignonne adorable tartelette au citron. On l’ignore d’abord. On essaie de se focaliser sur la conversation. Mais ça ne suffit pas. Malgré nous, tout nous ramène au centre de cette table. Et on commence à craindre qu’un autre ose nous voler celle qui nous tend les bras… On observe la tarte d’un œil et les invités de l’autre : y en a-t-il un qui louche dessus ? On s’affole quand un autre, là, le traître, change un peu de position. Ah, non ! qu’il ne vienne pas tendre le bras ! Ouf…

Mais on n’ose pas pour autant se servir, un peu de culpabilité nous rattrape… C’est la seule pâtisserie qui reste ! Ca ferait pas poli… Et on nous lorgnerait avec un drôle d’air, nous et nos rondeurs. On est au supplice. On souffle, on transpire, la tête nous tourne… Le temps s’allonge…

Puis, avant qu’une catastrophe n’arrive, dans un soulagement infini, la voix encore étranglée par le stress, on se saisit enfin de la tartelette tant désirée. Dans une tentative à laquelle il nous faut croire, on espère encore se disculper et banaliser l’événement en tentant le plus naturellement possible : « C’est vraiment par gourmandise ! ».

4 novembre 2019

Je dirais même plus ! / Jean-Paul

Éditeur de source HTMLRetour à la ligne

1

Je dirais même plus
Chapeau melon moustache
La canne de bambou
Et les airs de bravache

Tous les olibrius
Qui nous crient « Mort aux vaches ! »
Ca met les nerfs à bout
Je dirais même plus

En un mot ça nous fâche

AEV 1920-07 Dupondt 6

2

Je dirais même plus
Objectif dans la lune
Capitaine coléreux
Reporter sans fortune

Une jeep dans les dunes
Un système pileux
Qui pousse à qui mieux mieux
Je dirais même plus

Y’a de quoi s’faire des ch’veux

AEV 1920-07 Dupondt 2

3

Je dirais même plus
Les lampions séraphinent
La cantatrice est chauve
Sauve qui peut dans l’alcôve

L’Alacazar est fermé
Suite à la générale
Le tapioca se fige
Je dirais même plus

On touche le Tryphon

AEV 1920-07 Dupondt 5

4

Je dirais même plus
Les boules de cristal
Prédisent du bazar
Quand s’enfuira Rascar

Des nuits de Moulinsart
Quand sonnera le gong
Du grand Philippulus
Je dirais même plus

Mystérieuse étoile !

AEV 1920-07 Philippulus-et-Tintin

5

Je dirais même plus
Un monde en perdition
Tremblera pour ses puces
Sur toutes ses fondations

Quand il n’y aura plus
Un gramme de coke en stock
Le monde fera tintin
Je dirais même plus

Et ce sur toute la ligne

AEV 1920-07 Dupondt 4

6

Je dirais même plus
Plus moyen d’échapper
A moins de gamberger
Aux représentations

Dues à l’ingambe Hergé
Qui nous a faits jumeaux
Ou comme nymphe Echo
Je dirai même plus

Echo Echo Echo
Echo Echo Echo

AEV 1920-07 Dupondt 3

18 septembre 2018

La Boqala / Anne-Françoise

AEV 1819-03 la-cigale-et-la-fourmi

Dansons la capucine
Y’a pas de pain chez nous
Y’en a chez la voisine
Mais ce n’est pas pour nous, You !

Ma voisine, je l’aime bien,
Mais elle est radine, gourgandine,
Sanguine, fouine, mesquine
Et elle n’a pas voulu me donner de pain !

Ma chère voisine,

Je danse la capucine
Depuis que j’ai du pain
Merci chère voisine,
De m’avoir envoyée voir le voisin…

Je ne savais pas danser la capucine
Quand je n’avais pas d’pain
Merci chère voisine,
L’voisin a un bon coup d’main…

Depuis que je danse la capucine,
J’ai du pain, du vin et du boursin
Merci chère voisine,
Ici, chaque jour, c’est un festin…

Je danserai toujours la capucine
Avec Firmin, mon voisin
Merci chère voisine,
Car on danse du soir au matin. 

Ma chère voisine,

Je vivais seule autrefois,
Sans amoureux près de moi,
Et mon cœur était froid
Hiver comme été au fond de moi

Avec Firmin, tout a changé !
Il m’a prise dans ses bras musclés,
Il m’a fait du pain et m’a cuisinée,
J’en suis toute chamboulée !

AEV 1819-03 la-cigale-et-la-fourmi BMa chère voisine,

Vous qui vivez seule sans mari,
A manger tous les jours du pain rassis
A votre table sans voisin, sans ami,
Sortez donc dehors voir si j’y suis

Vous y trouverez peut-être Charlie ou Denis
Ou d’autres encore et le démon de midi
Qui vous déclareront : « Je t’aime à la folie »
Et à eux, je dirai « merci ».

Parce que, peut-être, sait-on jamais,
Chère voisine,
Ces hommes vous feront peut-être
Devenir une plus agréable voisine
Qui, demain ou un jour plus lointain,
Et quand je lui en demanderai
Ne me refusera enfin plus de pain !

17 mars 2020

Aveux complets / Jean-Paul

200315 265 001Je soussigné KASTIC, Jules-César né le 29 février 1945 demeurant 7, rue Jean-René Xagères à 35000 Rennes avoue que j’ai déjà oublié la chronologie exacte du début de la fin du monde.

Déjà on aurait dû se douter, dès le début du mois de mars, qu’il nous arriverait des bricoles : le 13 était un vendredi ! Maintenant on a la confirmation que les superstitieux ont raison. Mais même ce jour-là on pouvait encore se balader le nez au vent avec un appareil photo, attendre les mômes pour la dernière fois à la sortie de l’école. Non, je ne distribue pas des cachous, j’attends juste les carnavals et les fêtes qui n’auront plus lieu. C’est ce soir-là ou la veille qu’on a interdit les rassemblements de plus de cent personnes.

Malgré cela, le samedi, on était aussi nombreux qu’à l’habitude à faire nos courses sur le marché des Lices. Les libraires de la place Hoche avaient encore droit de cité. Le samedi soir on est passé au stade 3 de la lutte contre l’épipandémie… mais le lendemain il n’était pas interdit d’aller voter ! C’est ce qu’on a fait, à la queue leu leu, un mètre les uns derrière les autres dans le couloir de l’école primaire. Preuve que c’était encore de la rigolade, l’adjoint au maire qui officiait a pris ma carte d’identité et ma carte d’électeur avec ses gros doigts non gantés. J’ai brûlé le tout en rentrant pour ne pas être infecté. Germaine, mon épouse, était tellement perturbée par tout ce cirque qu’elle a écrit son nom en capitales sur le registre au lieu de signer.

Après ils ont été tellement vexés d’avoir perdu les élections, d’avoir encaissé un taux d’abstention de 50% et surtout d’avoir vu les gens qui ne les écoutaient pas et allaient se promener au soleil du printemps, en groupes, dans les parcs et jardins qu’ils ont confiné tout le monde et qu’ils ont tout fermé !

A pus bistrot ! A pus restau ! Plus de ciné ! Plus de biblis ! Plus de mémés dans les sorties !

Juste aller chercher à bouffer et rentrer. C’est ce qu’on a fait le lundi matin à 9 heures. D’habitude j’y vais seul, faire les courses avec mon petit panier qui donne l’air d’un con, mais là Germaine a voulu venir avec son ® caddie. L’hypermarché habite à un kilomètre de chez nous ; on y est allés à pied sans croiser personne. Mais une fois là-dedans, tudieu, quelle cohue-bohu ! On a passé une heure dans les allées et une heure à poireauter pour payer !

Pas moyen de se frayer un passage au rayon conserves de légumes ! A côté un paquet de spaghettis, éventré, rendait glissante l’allée des bonnes pâtes. Les gens avaient dû se battre pour le dernier paquet de Panzani.

AEV 1920-22 Jean-paul 500px-RationnementQuelle ambiance, cette fin du monde ! Nous aussi on a été pris de folie et on a fait n’importe quoi ! J’ai acheté deux plaques de chocolat au lieu d’une, deux paquets de riz, un paquet de café, des tortillons Turini alors que j’avais fait le plein de ça la semaine précédente et qu’on ne mange des pâtes qu’une fois par semaine ! Il n’y avait plus de gaufres liégeoises en rayon ! Dévalisés par les Belges d’honneur du coin ! J’ai acheté des gaufres Rita au café, les seules qui restaient, alors que je n’aime pas trop ça et que je sais fabriquer moi-même les meilleures gaufres flamandes de toute l’Ille-et-Vilaine !

Germaine a racheté du papier hygiénique, que j’avais fait le plein sans même prévoir la crise il y avait huit jours. On aurait été aux Etats-Unis, on revenait avec un 22 long rifle pour se défendre pendant le couvre-feu à venir ! Bref, on a été bien heureux de sortir de là !

Et puis mardi mon beau-frère nous a avertis par mail qu’il faudrait un Ausweis pour circuler ! Une « attestation de déplacement dérogatoire » ! Fort heureusement non tamponnée par la Kommandantur ! On l’a imprimée, on a coché la case « déplacements brefs à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelles des personnes et aux besoins des animaux de compagnie » et on est allés faire un tour de vélo le long de la Vilaine.

Depuis, c’est la rég-pression totale ! On n’entend plus que des commissaires de police au « Téléphone sonne » sur Radio-Paris. On ne parle plus que d’amendes à régler si vous n’avez pas d’Ausweis, que vous rencontrez un Feldgendarm et qu’il n’accepte pas votre justificatif « Je promène Kiki mon poisson rouge dans ma bérouette : il a besoin de prendre l’air depuis que tout le monde est confiné dans son bocal ». A qua ça rium, tout ça je vous demande un peu !

En même temps, comme ils disent, ils ont bien fait d’annuler le deuxième tour des élections municipales car ils n’ont pas prévu de case pour qu’on aille voter à part cette même raison des besoins animaliers : les pauvres hommes politiques aux abois sont perdus sans nos voix !

Bon, j’ai l’air de ricaner comme ça, mais je suis un bon citoyen, j’obéis, je suis con finement et pas con Plautiste : certains rigolos font courir la défèque-niouze comme quoi ce virus nous a été envoyé par les camarades communistes chinois (et russes) pour que nous fassions l’expérience de :

- la queue dans les commerces où il n’y a pas de masques à part celui du boutiquier ;
- la police derrière chaque citoyen dès qu’il bouge ;
- les discours fleuves et récurrents de notre leader maximo ;
- l’interdiction des réunions ;
- la grande guerre patriotique ; etc.

AEV 1920-22 Macron en guerre contre le coronavirus

A leur décharge le gouvernement vient de découvrir les vertus du service public hospitalier et tous ces gens de droite envisagent même… des nationalisations !

Maintenant il me reste à avouer à Madame Brigitte Bardot et aux gens de la SPA le crime impardonnable que j’ai commis au nom de la résistance au coronavirus : pendant qu’on pédalait sur le halage avec Germaine j’ai abattu un canard qui discutait avec sa cane en descendant la Vilaine.

- Darmanin réélu à Tourcoing ! Coin coin ! ricanait-il

Je n’ai rien contre l’humour du « Clair de lune à Maubeuge » mais ils ne respectaient pas, pour se parler, la distance réglementaire d’un mètre.


P.S. Pour survivre pleinement au confinement et au virus, évitez d’écouter « Le Postillon de Longjumeau ». Il paraît que même cela vous contamine l’humeur.
 

4 avril 2017

Verbes, compléments, etc. / Eliane

- C'est à quel sujet ? demanda le complément au verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

- Complément, nous avons un problème. C'est au sujet des adjectifs, ils ne s'entendent pas du tout entre eux. Ils sont quatre, vous le savez, et chacun veut être cité en premier.

- Eh bien plaçons-les par ordre alphabétique !

- Vous ne trouvez pas que cela fait un peu scolaire ?

- Alors, on peut peut-être les ranger par ordre crescendo. Il s'agit du temps, non ? Au fait, il s'agit du temps qui passe ou de la météo?

- Je ne sais plus, il faudrait lui demander ce qu'il représente, c'est le sujet non ?

- Mais toi, le verbe, de quoi parles-tu ?

- Je suis le verbe « brûler » et franchement il s'applique dans les deux cas. On peut brûler au soleil ou brûler les étapes...

- Ou saucisse grillée, dit pensivement le complément.

- Mais voyons je peux aussi bien brûler la peau à cause du soleil ou des flammes de l'âtre.

- Oui mais on peut aussi brûler d'amour, de désir.

- Il s'agit toujours de flammes, allons voir le sujet.

AEV 1617-24 Eliane adjectif

Le sujet, le soleil, leur intima l'ordre de rester à distance, sous peine de finir carbonisés. Le complément, la peau, comprenait cette précaution, lui-même n'en finissait pas de se consumer et cela lui pesait.

- Soleil, nous aimerions à nous tous construire une phrase qui ait un sens.

- Vraiment ! Comment s'appellent vos adjectifs ?

- Voyons ! sombre, venteux, nuageux, tempétueux.

- Oui, oui je vois. Je peux faire appel à quelques copains, voyez si, de votre côté, vous pouvez rameuter vos troupes.

Le sujet temps, qui se sentait concerné, répondit à l'appel. Quelques verbes vinrent se joindre à eux et ils rassemblèrent les adjectifs. Puis ils se placèrent dans l'ordre. Ils se contemplèrent, se jugèrent et, après quelques modifications et la quête de quelques compléments, arrivèrent à ceci :

« Le soleil qui avait ardemment brûlé les peaux nues offertes sur les plages tout l'après-midi, déclinait maintenant sur l'horizon. Le ciel devint nuageux, sombre, l'air s'agita, devint venteux, c'était maintenant une petite brise venue du Nord-Est. Elle se transforma bien vite en une bourrasque tempétueuse. ».

- C'est pas mal, constata le sujet-Soleil, mais il faudrait construire la suite. Que deviennent les estivants sur les plages, obligés de ramasser serviettes et parasols en toute hâte dans cette tempête ? Nous avons besoin de beaucoup d'éléments, il va nous falloir passer une annonce sur les antennes et dans les journaux.

L'adjectif-Sombre, toujours taciturne, bougonna :

- Comment peux-t-il s'appeler Sujet-Soleil ? Ce n'était pas le sujet qui était Soleil, mais le roi si je ne m'abuse ?

Mais, bon camarade, il décida de faire preuve de bonne volonté pour construire un beau texte ; il appela à la rescousse tous ses copains adjectifs, plus quelques adverbes de sa connaissance.

30 avril 2019

Fanitude sétoise / Jean-Paul

190504 Nikon 195Voilà, je suis en route pour Sète.

Il faut croire que j’ai pris goût au périple touristique nécrophile. Après Charleville-Mézières en 2017, Sète en 2019. Après Rimbaud, Brassens. Mais qu’est-ce que j’ai à marcher sur les traces de ces anciens voyous ? Qu’est-ce que j’espère trouver à Sète ?

Une boîte à lettres au cimetière pour pouvoir écrire à Georges B. ?

Une plaque de médecin indiquant qu’on peut prendre rendez-vous avec le docteur Cléo Decinq à Sète ?

Un café qui s’appellerait « Les Copains d’abord » ? Mais on en a déjà un à Rennes tout comme on a un bistrot nommé « Le Bateau ivre ». Le Funky Munky s’appelait même « Le Rimbaud » lorsque j’ai débarqué dans cette ville d’alcooliques lettrés. Même leur club de foot rend hommage à Stendhal grâce au maillot bicolore de ses joueurs : on y trouve le rouge et le noir.

Ca se peut, ça, un sex-shop appelé « Le Pornographe » ?
Un marchand de chaussures à l’enseigne des « Sabots d’Hélène » ?
Une boucherie Cornes d’aurochs ?
Un EHPAD baptisé « Mon vieux Léon » ?
Le restaurant « Chez l’Auvergnat »
L’Institut de beauté Marquise ?
La crêperie Bécassine ?

190504 Nikon 198

190504 Nikon 176Je n’ai rien préparé pour ce voyage. Je sais juste qu’il y a un cimetière marin à Sète mais nous les Bretons, on a déjà celui de Saint-Michel en grève qui est très beau. Une plage de la Corniche sur laquelle les dauphins ont pour amis d’enfance des gamins moustachus qui fument la pipe et se grattent le ventre en chantant des chansons.

Un étang de Thau, des canaux… et du coup il me revient que cette nouvelle exploration ne sera pas forcément Brassensophile. Peut-être ne ferai-je qu’ajouter un méchant paquet de photographie à mon « Apologie des villes d’eaux » ?

Alors ? Fi des amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics » !
Basta des lettres à Rimbaud !
Peut-être ne me faudra-t-il écrire, pour en garder trace, que sept sonnets à la gloire de Sète ?

Ou soixante-dix-sept ?

7 mars 2017

L'Apéritif d'Hector / Eliane

AEV 1617-20 Renoir_-_Le_Déjeuner_au_bord_de_la_rivière

Ils étaient tous réunis en une assemblée festive, conviviale et informelle autour d'un apéritif-dinatoire.

C'était un soir d'été, il faisait doux, le vin était gouleyant à leurs palais desséchés et les propos étaient aux calembredaines.

Les rires fusaient et chacun cherchait dans sa mémoire les meilleures galéjades de son répertoire. Aucun temps mort, les blagues fusaient. Le maître des lieux avait demandé à chacun de mettre son obole dans l'escarcelle afin de payer le prix des boissons et tous avaient obtempéré de bon cœur.
Sur le buffet improvisé moult plats plus colorés et appétissants les uns que les autres étaient confectionnés par les participants eux-mêmes et ils aiguisaient l'appétit.

Le soleil déclinait doucement, l'air se faisait plus frais, beaucoup étaient allés chercher une petite laine et, subrepticement, l'alcool ralentissait les esprits. Les propos se faisaient plus graves.

Pour un dernier sourire, un esprit primesautier évoqua la belle callipyge qui servait dans la boulangerie et les regards se firent rêveurs, surtout celui du jeune Hector qui était resté muet jusque-là. Ce jeune homme pusillanime se contentait le plus souvent d'écouter sans émettre un seul commentaire, qu'il soit égrillard ou profond. Pourtant son visage n'avait rien de chafouin, bien au contraire il était ouvert, clair et respirait l'intelligence. A se demander ce qu'il faisait au milieu de cette société de bons vivants extravertis.

Mais Hector les aimait bien, ces hommes rieurs ; ils étaient gentils, ne coupaient pas les cheveux en quatre, ce n'était pas non plus des paltoquets dont il n'aurait pas supporté la présence. Ils étaient simples et reposants, leur compagnie était agréable.

Ce n'était pas comme lors de ce dîner organisé par ses parents, quand il avait dû écouter sans broncher les habituelles rodomontades de l'oncle Emile qui le mettaient au bord de la nausée.

AEV 1617-20 7f791dce1b8224f399d7dec263b217fa

Le jeune homme dévisageait en silence chacun de ses compagnons et faisait des comparaisons. Pas de doute, leur compagnie était meilleure que celle de son collègue au bureau, un pleutre toujours hésitant qui le hérissait. Un sourire de tendresse affleurait à ses lèvres en réalisant que leur cœur était pur, beaucoup plus que celui de ce gougnafier qui avait embouti l'aile arrière de sa voiture et refusait de reconnaître ses torts.

Hector se sentait bien, chacun commençait à se laisser envahir par une douce torpeur, quand soudain Edouard se leva d'un bon et au milieu de la conversation languissante déclara à brûle pourpoint : «C'est pas tout les gars, mais demain je dois me lever dès potron-minet, il est temps que je rentre».

Et chacun, prenant soudain conscience de l'heure tardive commença nonchalamment à rassembler ses affaires et prendre congé de leur hôte, non sans avoir décidé de se réunir à nouveau dans un avenir proche.

14 mars 2020

Ran-DO-fête - pirouette – cacahuètes / Dominique H.

AEV 1920-22 bis Dominique H

Eh oui ! La courbe exponentielle 
devient actuelle ! 
Cette affaire s'accélère !
Il nous faut faire les gestes-barrière 
et, pour tous, la priorité 
devient la santé.

Alors de fête la ranDO
du printemps devient ranDOmots,
une forme de balade philosophique,
de flânerie poétique.
La logistique avait-elle prévu
l'inattendu ?

Grâce à ce petit virus
Qui attaque l'homo oeconomicus
Un néo-libéral
Se découvre brutalement social,
critique la mondialisation,
vante les re-localisations,
l'Etat-providence
qui atténue les souffrances,
organise les solidarités,
rétablit les priorités !

Est-ce un virus anti-capitaliste,
écologiste ?
En ce temps d'épidémie,
Déjà le ciel de Milan s'est éclairci
et moi qui me sentais encore juvénile
me voici caractérisée de fragile !
Admettre sa vulnérabilité
tout en préservant sa santé :
une forme d' exercice mental
soutenu par l'élan vital,

opportunité d'un grand décrassage
qui pourrait nous rendre plus sages :
le temps serait venu d'hiberner,
se câliner, bouquiner
moins consommer et réfléchir
à l'avenir.

21 janvier 2020

Pom, pom , pommes / Maryvonne

AEV 1920-16 Maryvonne 2019-pom-pom-pommmes-6507

En ce moment, à l'Ecomusée du pays de Rennes, vous pouvez voir une exposition appelée « Pom, pom, pommes ».

Pendant la préparation de cette « expo », la commissaire et les médiateurs sont bien occupés, leur énergie bouffée jusqu'au trognon.

A la recherche d'illustrations, ils se rendent dans différents musées. Ah ! Il faut en arpenter des salles et des salles pour trouver la nature morte la plus vivante ! Ils en ont les pieds en compote.

C'est important il ne faut pas se fourvoyer. Certains tableaux sont trop tartes, certains ne valent pas un beignet. Il y a toujours un des acteurs qui joue le contempteur. La plus jeune, une stagiaire haute comme trois pommes mais qui prend son rôle avec une certaine alacrité tombe en arrêt, au musée d'Orsay, devant un tableau de Cézanne : « Pommes et oranges ». Il s'ensuit une algarade entre ceux qui ne veulent que des pommes et ceux qui sont plus proches de la salade de fruits.

- Sur ce tableau, dit le plus âgé, nous faisons à peine la différence entre les pommes et les oranges car l'appendice terminal de la pomme n’apparaît pas nettement.

- Ah ! dit la jeune d'un ton badin, espèce de pédant qui refuse de prononcer carrément le mot queue !

AEV 1920-16 Maryvonne 2019-pom-pom-pommmes CézanneLa bisbille fait son chemin comme le ver dans la pomme.

- Tu sais, lui conseille la jeune stagiaire, La Bintinais est dans un quartier où si tu emploies des grands mots à rallonge on fera un four. Ah ! Quoique « pomme au four »… c'est truculent !

- Ah ! Toi la gamine, arrête de tout tourner à la blague, c'est sérieux, la pomologie.

- Ben voilà que tes élucubrations intellectuelles te reprennent. C'est infrangible chez toi !

Voilà que se profile la pomme de discorde entre eux.

La commissaire prend la parole pour un discours philippique :

- Mes amis si nous voulons éviter les pépins, il va falloir s'entendre et ne pas couper les pommes en quatre. Je ne vous parle même pas de croquer la pomme d'amour ensemble mais au moins d'être constructifs.

- Pomme de reinette et pomme d'api ! chantonne la petite jeune haute comme trois pommes. Moi je le trouve très bien ce tableau si Orsay veut bien nous le prêter. Sinon, il y a bien «Nature morte aux pommes» un autre tableau de Cézanne mais il est à New York. Je ne suis pas certaine que «Rennes métropole» nous offre un aller-retour pour voir le tableau. Si nous leur en faisons la demande ils vont en tomber dans les pommes !

10 décembre 2014

Consigne d'écriture 1415-11 du 9 décembre 2014 : Sept incipits de Pascal Perrat

Sept incipits de Pascal Perrat 

 

- 191 : Dans ma famille, j'ai toujours été la plus petite. Celle qu'on oublie dans une poche ou un sac.

- 189 : Depuis que mon manuscrit s'est inscrit à un club de remise en forme, je ne le reconnais plus !
Lui qui s'empiffrait de...

- 208 : Hier soir, je devais être dans la lune, j'ai écrasé ma bonne étoile en effectuant une marche arrière dans mes pensées.

- 207 : Octobre touchait à sa fin, les arbres perdaient déjà leurs feuilles.
C'est alors qu'un étrange phénomène se produisit.
Un mimétisme végétal gagna les livres et les hommes.
Les feuilles de livres jaunirent puis se détachèrent, des oreilles aussi...

- 206 : La famille Illusion a le regret de vous faire part du décès d'un vieux rêve...

- 205 : Racontez un repas de famille vu par un poisson rouge depuis son bocal

- 183 : Ça y est, on s'est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu'on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux...

AEV 1415-11 famille-stylo

 

Cliquez sur l'image pour aller lire le blog de Pascal Perrat

14 avril 2020

Complainte d'un·e confiné·e / Raymonde

Dans le texte qui suit, je parle au nom de tous et toutes les confiné·e·s qui traversent cette période avec des hauts et des bas (de contention) !

hotel-osborne-chambre-379

- Marabout ! J’en ai marre, je suis à bout !

- Bouh ! Regarde plutôt le bout du tunnel !

- Je ne vois aucune lueur d'espoir,
Rien de bon
À l’horizon !
Que du noir !
Le monde est à genoux
Devant un invisible ;
Ce serait risible
Si ce n'était pas fou !
Quand sortirai-je de ma maison ?
À la mauvaise saison ?
C’était marrant,
Au début, le confinement !

- On peut enfin de nos enfants profiter !
On fait des crêpes pour le goûter,
De la peinture pour les amuser !
Écoutons les oiseaux chanter,
Regardons les fleurs pousser,
L’insecte butiner !

Ces piafs, ils semblent nous narguer
Ils volètent en toute liberté
En pépiant comme jamais !

Belle vengeance de les avoir ignorés,
De les avoir empoisonnés
De tous ces gaz d’échappement rejetés.

Et puis, à Emmanuel, combien les parents ont donné
Pour annoncer que l'école va recommencer ?

- Un billet ?
- Pas assez !
- Deux billets ?
- Pas suffisant !
- Trois billets pour chaque enfant ???
Vous êtes gourmand,
Monsieur le président !
Mais je suis prêt·e
À tout donner
Pour que de mes enfants vous me débarrassiez !

Et mon abruti·e de conjoint·e
À combien puis je le (la) négocier
Pour qu'il (elle) retourne à l'atelier ?

Un billet ?
- Pas assez !
- Deux billets ?
- Pas suffisant !
- Mais je vais être ruiné·e !
- C’est le prix à payer
Pour votre tranquillité
Retrouver !
- Je suis prêt·e à tout donner :
Mon compte en banque est renfloué
Mais je ne peux rien dépenser !

psychologieC’est quand que je pourrai sortir de chez moi ?
Dans un mois, deux ou six mois ?

Bout ! Marabout, je suis à bout !
J'en ai marre
Ça fout le cafard
Ça vire au cauchemar !

Ah ! Mais c'est ça !
Je suis endormi·e
Dans mon lit,
Je vais me réveiller !

 

Eh ! Bien non !
Tu as les mirettes
Bien ouvertes :
C’est la triste réalité !

21 avril 2020

La Chanson de geste(s d'Alain) Barrière / Jean-Paul

1

 

AE1920-27 JK chevaliers

L’aveugle du pont du Change
A coup de nuit assassine
S’est mué en mal étrange
Qu’un sort fatal nous destine.

Que se passe-t-il dans ma tête ?
J’entends les petits soldats :
Ils vont combattre la bête
Au son des Ave Maria

Et le soir j’ouvre grand ma fenêtre
Pour n’être rien qu’habité par la foi
Et j’applaudis du profond de mon être
Les gens qui vont sur le chemin de croix

2

AEV 1920-27 JK _1280_anonyme_heritage_image_gettyimagesLa chanson trop monotone
Des malheurs et de la guerre !
S’il fallait que sur la terre
Un vieux troubadour entonne

La complainte de l’oiseau
Pour que, sourde, elle décline,
Je prendrais ma mandoline
Pour lancer ce chant nouveau

Et si ma joie est tombée dans l’herbe
Pour que tu chantes la vie avec moi
Je trouverais les mots les plus superbes
J’écrirais la plus belle chanson qui soit

3

 

AEV 1920-27 JK _navigation

Comme un vieux morceau de bois
Sur une petite plage
Quand le vieil arbre sera
Mort d’avoir dépassé l’âge

Une autre vie recommence !
Notre monde un jour verra
Les matins bleus de l’enfance
Car toujours la mer est là.

Un peu de sang breton dans nos veines
Les mains trempées au creux de l’océan
C’est la complainte du roi et de la reine
Qui nient l’automne au profit du printemps.

4

AEV 1920-27 chanson a-boire_noel_medieval_XIIIeJe ne sais pas trop pourquoi
J’ai des petites fleurs bleues
Sur ma route, sous mes pas
Sur notre histoire, sur nos jeux.

Est-ce que tout s’en va déjà ?
Faut-il dire alors adieu ?
Est-ce que tu me reviendras,
Ronde autour d’un monde heureux ?

Il faut danser, Marie, dans les guinguettes !
Elle était si jolie notre aventure !
A nos amours, trinquons, choquons fillettes,
Ca fait aimer la vie, soyez en sûre


N.B. Peut se chanter sur l'air de "File la laine" de Jacques Douai

N.B. Ecrit d’après les gestes (barrières ?) suivants :

- Applaudir à sa fenêtre à 20 heures
- Empoigner sa guitare pour chanter des chansons
- Ecrire dans son cahier ou devant son écran
- Tremper ses mains dans l’eau (pour faire la vaisselle !)
- Remplir son verre de vin blanc (on est revenu au Sylvaner et au Riesling après une longue fréquentation du Bergerac moelleux)

Publicité
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité