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L'Atelier d'écriture de Villejean
21 avril 2020

La Chanson de geste(s d'Alain) Barrière / Jean-Paul

1

 

AE1920-27 JK chevaliers

L’aveugle du pont du Change
A coup de nuit assassine
S’est mué en mal étrange
Qu’un sort fatal nous destine.

Que se passe-t-il dans ma tête ?
J’entends les petits soldats :
Ils vont combattre la bête
Au son des Ave Maria

Et le soir j’ouvre grand ma fenêtre
Pour n’être rien qu’habité par la foi
Et j’applaudis du profond de mon être
Les gens qui vont sur le chemin de croix

2

AEV 1920-27 JK _1280_anonyme_heritage_image_gettyimagesLa chanson trop monotone
Des malheurs et de la guerre !
S’il fallait que sur la terre
Un vieux troubadour entonne

La complainte de l’oiseau
Pour que, sourde, elle décline,
Je prendrais ma mandoline
Pour lancer ce chant nouveau

Et si ma joie est tombée dans l’herbe
Pour que tu chantes la vie avec moi
Je trouverais les mots les plus superbes
J’écrirais la plus belle chanson qui soit

3

 

AEV 1920-27 JK _navigation

Comme un vieux morceau de bois
Sur une petite plage
Quand le vieil arbre sera
Mort d’avoir dépassé l’âge

Une autre vie recommence !
Notre monde un jour verra
Les matins bleus de l’enfance
Car toujours la mer est là.

Un peu de sang breton dans nos veines
Les mains trempées au creux de l’océan
C’est la complainte du roi et de la reine
Qui nient l’automne au profit du printemps.

4

AEV 1920-27 chanson a-boire_noel_medieval_XIIIeJe ne sais pas trop pourquoi
J’ai des petites fleurs bleues
Sur ma route, sous mes pas
Sur notre histoire, sur nos jeux.

Est-ce que tout s’en va déjà ?
Faut-il dire alors adieu ?
Est-ce que tu me reviendras,
Ronde autour d’un monde heureux ?

Il faut danser, Marie, dans les guinguettes !
Elle était si jolie notre aventure !
A nos amours, trinquons, choquons fillettes,
Ca fait aimer la vie, soyez en sûre


N.B. Peut se chanter sur l'air de "File la laine" de Jacques Douai

N.B. Ecrit d’après les gestes (barrières ?) suivants :

- Applaudir à sa fenêtre à 20 heures
- Empoigner sa guitare pour chanter des chansons
- Ecrire dans son cahier ou devant son écran
- Tremper ses mains dans l’eau (pour faire la vaisselle !)
- Remplir son verre de vin blanc (on est revenu au Sylvaner et au Riesling après une longue fréquentation du Bergerac moelleux)

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21 avril 2020

Un printemps / Eliane

Un printemps ! Quel drôle de printemps !

AEV_1920_27_Eliane_geste_barri_reCela avait commencé bien avant les premiers jours d'avril.
La lettre du Président était formelle :

Il fallait éviter de se frotter à ses concitoyens,
D'abord respecter une distance de sécurité,
Se laver les mains souvent, dès que nous étions sortis
Et pas d'embrassade, se saluer avec le coude.

Puis il fallut rester confiné dans sa maison
Même s'il s'agissait d'une maison vide. 

AEV 1920-27 ElianeAffiche prévention-Coronavirus

Ce que je crains, disait le président,
C'est que le virus se propage à la vitesse de la lumière,
Que les malades se multiplient,
Envahissent les urgences, les salles de réanimation,
Que les soignants soient débordés
Ne puissent plus nous soigner.

Nous étions assommés,
Nous n'avions plus aucun libre arbitre,
Nous nous sentions comme
Un morceau de bois balloté par les événements
Dans une mer d'anxiété.

Mais comme il ne faut pas partir déjà
Nous nous sommes montrés bons élèves
Et avons respecté les consignes.

Pour certains la route était devenue solitaire,
Une chanson devenue vite trop monotone :
La joie est tombée dans l'herbe.

On se disait « Que c'est long ! »
Mais nous devions nous accrocher
Sinon la terre tournerait sans nous,
L'ennemi invisible aurait gagné.

S'accrocher, et puis après, demain,
Tu retrouveras la vie ;
Notre monde un jour retrouvera ses couleurs

Dans les rues, dans les villes, dans les campagnes,
Nous croiserons à nouveau les gens qui vont,
Nous nous réveillerons dans les matins bleus,
Il y aura un autre printemps plus lumineux
Bercé par la complainte de l'oiseau
Qui, lui, n'a jamais cessé de chanter.
 

28 avril 2020

Haïku et tankas / Marie-Thé

AEV 1920-28 Marie-Thé vagueChoses qui donnent un vertige d’émerveillement

Dans la mer limpide
Frissonnant dans l’eau glacée
Elle sent son corps léger
Balancé au gré des vagues
Euphorique et apaisé.

Le tout-petit trotte
Bras en l’air, pas hésitants,
Cris, rires aux éclats,
Se précipite dans des bras
Qui le soulèvent avec joie.




Promenade du soir

Soleil bas de crépuscule
Féérie de couleurs
Aubépines immaculées
Ajoncs d’un jaune éclatant.

Pissenlits, pièces d’or
Eparpillées sur l’herbe verte,
Splendeur du printemps.

Choses agaçantes

Elle vient de s’endormir

« Bzz Bzz ! » fait le moustique
Qui la pique à la joue.
Enervée, réveillée,
D’une main rapide
Elle l’a écrabouillé.

Ce matin il pleut.
Le ciel verse des grosses larmes
Comme s’il déplorait
La fin du confinement
Auquel nous aspirons tant.

Marie court dans le vent
Qui soulève ses cheveux longs
S’infiltre sous ses jupons
Souffle dans les arbres qui plient et se relèvent
Dans un bruit assourdissant.
Elle éclate de rire, elle est heureuse, amoureuse.

 
AEV 1920-28 Marie-Thé trainChoses qui égayent le cœur

Marie s’impatiente
Sa montre s’est-elle arrêtée ?
« Tchou ! Tchou ! » Voilà le train
Le cœur de Marie bat très fort
Ses mains tremblent, elle rougit
Soudain il est là, devant elle.

Sur elle ce matin
Il a posé son regard
Il s’arrête, sourit.
Troublée, émue, elle s’enfuit,
Puis revient vers lui gaiement.





Choses peu rassurantes


Pieds collés au sol
Nulle part elle ne peut aller
Il va la saisir
Apeurée Marie crie
« Au secours », se réveille.
Ouf ! Ce n’était qu’un cauchemar.

Le rôti est cramé
Les invités sont arrivés
Marie est affolée

AEV 1920-28 Marie-Thé balade-en-corseChoses qui provoquent l’enthousiasme

Elle voulait partir à la mer
Et lui à la montagne
Ensemble ils sont allés en Corse
Mer et montagne ils ont trouvé.

Choses qui apaisent
Il a posé sa main sur son épaule
Son cœur s’est apaisé
Ses larmes ont séché
Elle a cessé de trembler

5 mai 2020

Ballets / Maryvonne

Atelier La Croix 04-24 visuelarticle6-768x508

- Tu, tu es sûre que l'on ne va pas voir nos petites culottes dans le reflet ?

- Tu, tu es sûre que dans l'histoire des ballets roses (1959) la chorégraphe s'appelait « La Comtesse Pinajeff » ? C'est qui ce Jeff ?

- Tu, tu es sûre qu’André Le Troquer, inculpé dans l'affaire des ballets roses, n'avait plus de bras droit ? Amputé de guerre mais aussi amputé de la morale, le mauvais homme ?

- Tu, tu es sûre que dans l'affaire des ballets bleus (1982, prostitution de jeunes garçons) il y avait des ecclésiastiques ? Oh ! Des cadres ? Oh ! Des enseignants ? Oh ! Et... ? Et... ? Un inspecteur de police ? NOOON !

- Je l'ai lu turlututu sur le net.

- Tu, tu es sûre que la petite danseuse d'Edgar Degas que tu vois au musée avec son tutu rose s'appelait Marie-Geneviève Goethem ? Qu'elle était d'origine belge ?

- Oui je suis certaine, même que c'était une pauvrette. L'opéra c'était juste pour survivre à sa misère. Je sais bien d'autres choses encore parce que j'ai lu « La petite danseuse de 14 ans » de Camille Laurens. Alors, sautez, dansez mais moi je me méfie de la vie en tutu rose, ça me fait froid dans le dos.

5 mai 2020

La Dernière pièce / Eliane

Atelier La Croix 02-07 visuelarticle6-768x508

Elle a hésité au moment de caser la dernière pièce du puzzle qu'elle achevait.

Elle était fière d'elle. Elle avait réussi à reconstituer l'Europe telle qu'elle se présentait aujourd'hui. Mais au moment de caser cette dernière pièce verte entourées de bleu, elle avait été saisie d'un doute .Etait-il judicieux, aujourd'hui, d'ajouter l'Angleterre a une représentation de l'Europe ? Après tout, cette nation avait jugé bon de se désolidariser avec le brexit.

Elle était là, la main en l'air, à se demander ce qu'elle allait faire.

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19 mai 2020

Une fleur m‘a souri / Madame C.

Ce matin, passant comme chaque matin devant “La belle églantine“, le fleuriste de mon quartier, je m‘attarde à la devanture. Ce n‘est pas mon habitude, je suis un homme pressé et actif, les romances florales ne sont pas pour moi. Ma secrétaire gère très bien ce chapitre quand le hasard de la vie m‘impose d‘offrir des fleurs. Je jette un oeil rapide sur diverses compositions aux couleurs pastel et je m‘éloigne rapidement.

Quelques pas plus loin, une pensée me taraude : elle m‘a souri ! Pas la fleuriste ! Non ! Une fleur m‘a souri ! Le plus étonnant est que celle qui m‘a souri l‘a fait si timidement, si discrètement, que je pense être le seul à l‘avoir senti. Je reviens en arrière pour la contempler .

AEV 1920-31 Madame CCe n‘était certes pas une aguicheuse, de celles qui, tous pétales ouverts, s‘offrent aux regards, de celles qui exhibent leurs couleurs tapageuses, de celles qui vous entêtent de leurs parfums tenaces, de ces fausses vierges drapées dans leur blancheur. C‘était celle que l‘on ne remarque pas, oubliée au milieu d‘une composition, raide, crispée, noire. La tulipe noire m‘avait souri !

Je restai un long moment à la regarder, si seule au milieu des autres. Mon coeur se mit à battre curieusement, mes jambes tremblaient. J‘entrai dans la boutique et achetai le bouquet, refusant l‘emballage que proposait la vendeuse.

En courant, j‘arrivai à mon bureau et le posai devant moi. Je pris délicatement la tulipe et lui murmurai des mots que je n‘avais jamais dits, des mots d‘amour, je crois. Je me précipitai comme un fou dans le bureau de Josette, ma secrétaire. Toujours si sobre et si sévèrement vêtue, elle me regarda et elle me sourit.

- Josette, vous êtes ma tulipe noire, je vous aime, dis je en lui tendant le bouquet.

3 janvier 2023

Amazone : Anne-Françoise

AEV 2223-14 Anne-Françoise - Amazone

A cheval sur sa tristesse
L’amazone s’en va.

A la nuit tombée,
Elle part galoper
Dans l’immensité
Pour derrière elle laisser
Les méchantes méchancetés.

Minuit est arrivé
Elle a franchi le fossé
Vers la nouvelle année.

Elle a continué, a avancé…

Quand l’aube s’est réveillée,
Son cœur était léger.

Elle est entrée dans un bois, a pris un sentier
Elle a senti les branches la caresser
Elle a écouté les pas du cheval étouffés
Elle a respiré l’humidité
Elle a vu les gouttelettes sur les toiles d’araignées.

A l’oreille, le vent lui a doucement murmuré :

- Nous voici au pays de 2023
Dont je suis le roi
Maintenant c’est à toi
D’aller chevaucher la joie.

22 novembre 2022

La Fable de Fifi le filou / Maryvonne

48 05

La fabuleuse fruiterie de la rue Ferdinand Forceps est fortement fournie. Figues, fraises, framboises et fruits frais à foison. La fruitière force la vente en offrant en face un autre étal de fruits orange et de farigoule.

La femme, bien que fine, se fait rouler dans la farine par les enfants qui filent avec le fruit de leur fraude. Fifi le fameux footeux fuit en petites foulées, fier de ses frasques.

Le môme a la frite et le flic a l’œil qui frise en voyant le fautif.

Forcément Françoise a la frisette furieuse, elle est fort fâchée, même folle de rage.

L'autre femme, Florence, se fend d'un faible sourire : elle a reconnu son petit fils Fifi mais, pas folle la guêpe, elle ferme son clapet. Au fond la Françoise ne perd pas une fortune. Si elle faisait plus fréquemment des offrandes aux petits « fanfans » ce serait
formidable. Le filou accompagné de Friquet, le fox-terrier, file vers la forêt se cacher sous les feuilles. C'est facile de se fondre derrière les fagots.

Fatalement le filou ne refera pas la même feinte chaque fois, il est trop finaud, foi de petit voyou.

Pour finir le flic qui a filé le môme et qui n'aime pas la Françoise lui frictionne la tête et fourrage dans ses cheveux faiblement en lui disant : « T'es un fameux petit fusil toi ! Fais attention quand même, ça pourrait mal finir ! ».

13 décembre 2022

La Mère Noëlle / Marie-Thé

AEV 2223-13 Marie-Thé - Betty Boop 03Elle a fière allure, Morgane, la mère Noëlle 2022.

Sa coiffure de laine polaire rouge, ornée d’un pompon blanc, laisse échapper de minces houppettes de cheveux blonds.

Lumineuse, douce, sa tunique de soie rouge attire le regard et caresse son corps au gré de la tramontane. C’est dans une boutique d’échange de vêtements qu’elle a trouvé sa robe.

Ses bottes souples, confortables, ourlées de fourrure acrylique blanche lui donnent une démarche chaloupée.

C’est qu’elle a des principes notre mère Noëlle. Pas question de porter de la vraie fourrure. Elle veille à la protection des animaux. C’est si joli une blanche hermine courant en liberté sur l’herbe verte.

Soucieuse de notre avenir sur la planète, l’écologie lui tient à cœur.

AEV 2223-13 Marie-Thé - Betty Boop 01D’ailleurs elle en a discuté avec le père Noël de l’année dernière. Malgré son grand âge, ses rhumatismes, il craint que les petits enfants à venir n’aient pas la chance de découvrir des espèces d’animaux ou d’insectes qui disparaîtraient de notre planète.

Cela ne l’intéresse plus de faire sa tournée. Il n’a plus envie de distribuer des poupées pour les filles, des voitures pour les garçons, avec lesquels ils jouent seulement quelques jours. Il ne veut pas non plus donner des engins électroniques auxquels il ne comprend rien.

Morgane a insisté, mais rien à faire ! Alors elle se devait de prendre les choses en mains. Une mère Noëlle, pourquoi pas ?

Dès le début décembre elle a commencé à chercher des idées de cadeaux. Ceux-ci devaient être faciles à transporter, écolos, originaux,et bien sûr créer de la joie, susciter des échanges, des rires et faire réfléchir.

Alors, notre mère Noëlle a eu une idée de génie. Elle a créé un atelier avec toutes ses amies. Leur intelligence collective a fonctionné pour un résultat époustouflant !

Les cadeaux ? Pour les tout-petits ce sera un petit livre d’images sur la nature. Pour les plus grands un recueil de poèmes, d’histoires ou de chansons. Les thèmes abordés susciteront une réflexion et le partage d’idées.

En partant pour sa distribution, la mère Noëlle se trouvait bien élégante dans sa tenue de soie. Peut-être allait-elle croiser un jeune père Noël distribuant ses cadeaux dans un quartier voisin ? Effectivement, en scrutant les toits à la fin de sa tournée elle tomba en pâmoison devant un jeune père Noël qui la regardait d’un air admiratif.

Au petit matin, le vieux père Noël contemplait les rues animées avec ses jumelles. Ce Noël semblait fonctionner. Il vit des enfants joyeux, des attroupements et entendit des éclats de rires.

En revanche, pas de trace de Mère Noëlle. Si le père Noël avait eu une bonne vue, il aurait aperçu dans le lointain deux chariots qui disparaissaient derrière les nuages.

AEV 2223-13 Marie-Thé - Betty Boop 0

14 février 2023

Dans le choeur des anges / Anne J.

Pif 60 couverture GF

Quand j'arriverai à la porte de Saint-Pierre, et après avoir réussi l'examen d'entrée, je serai accueillie par le maître chanteur du chœur des anges, du moins je l'espère. Et ce sévère personnage à la baguette tranchante, me dira :

- Bon, avec la voix que tu as et ton peu de mémoire musicale, je ne te vois pas dans le chœur des anges chanteurs, peut être auras tu plus de chance dans le choeur des anges musiciens ?

- Ah oui , j'adorerais !

- Mais avec quel instrument ?

Et c'est là que je me demanderai ce que j'ai fait avec la pratique de la musique et des instruments de musique dans ma longue vie. Je crois que mon premier instrument était un harmonica sans dièse gagné dans une kermesse et dont je tirais des sons stridents en soufflant et en inspirant à fond.

Je n'ai pas fait partie des cohortes d'enfant qui ont appris le solfège sur une flûte à bec, souvent bon marché et donc fausse, en classe de 6ème, cette pratique ayant à tout jamais dégoûte 90 % des enfants de pratiquer les instruments à vent : ça bavait, ça faisait un son moche et ce n'était le choix de personne.

Un peu plus tard, j'ai acheté ma première guitare, c'était l'époque Joan Baez, Bob Dylan et autre Graeme Allwright et avoir une guitare dans un groupe vous assurait un statut et une place : tout le monde savait les dix premières mesures de « Jeux interdits » et la « Ballade de Sacco et Vanzetti ».


 

Ca donnait une contenance de tenir une guitare et d'y gratter quelques arpèges.

Je n'avais pas de voix, pas d'audace et pas beaucoup de répertoire et donc je me suis essayée ensuite quelques années à la guitare classique ; ce fut un peu mieux et je m'en sortais assez bien pour présenter quelques morceaux connus mais ca n’avait pas vraiment le même coté convivial que de faire chanter les autres.

Et c'est là que j'ai découvert que je n'avais aucune mémoire musicale et que contrairement à bien d'autres il me fallait absolument la partition écrite.

Bien des années plus tard, je suis allée en voyage à Prague, à une époque où il fallait, avant de repasser la frontière, avoir dépensé l'argent que l'on avait changé à l'arrivée : il était interdit de sortir la monnaie du pays et s'il en restait on devait en faire cadeau aux douaniers. Pas question ! Pour écouler mon argent, j'ai donc acheté un violon, sur un coup de tête et parce que j’adore le son de cet instrument.

Pif 44 couverture GTEn rentrant j'ai pris des cours de violon avec trois professeurs successifs qui avaient d'ailleurs des exigences différentes : çà a été difficile car le violon c’est longtemps ingrat. En violon folk on joue le plus souvent sans partition et très vite et en violon classique, c'est beau quand tu es violon solo, ce qui était tout à fait hors de ma portée, sinon il faut jouer avec d'autres, ce que je regrette de ne pas avoir fait, ou presque pas . J’aurais aimé je crois jouer dans un ensemble parce que c'est beau des violons qui jouent ensemble

- Je vois , a fait le maître des anges , vous aimeriez intégrer le groupe des anges violonistes ?

- Euh ? Vous croyez ?

J'ai donc fait 10 ou 15 ans de violon sans faire vraiment de progrès mais avec un certain plaisir jusqu'à ce que je tombe sur une petite annonce du journal « Le Trégor » un matin de juillet : «  Stage de piano, une semaine pour découvrir en cinq matinées comment jouer du piano et se faire plaisir rapidement ; aucune connaissance préalable requise, ouvert à tous ».

J'aime ce genre de défis et je suis donc allée passer cinq matinées chez Danièle. J'ai beaucoup aimé ça et je me suis inscrite pour un cours hebdomadaire afin d'apprendre le piano.
C'est bien plus facile que le violon, beaucoup plus gratifiant et j'arrive un peu à jouer sans partition. Je continue à m'amuser beaucoup avec mon nouveau professeur à une seule condition : qu'on ne me demande pas de jouer devant un public ! J'ai passé l'age des auditions en robe de velours devant un public captif et je n'ai jamais eu celui de la demoiselle qui joue devant des vieilles dames buvant du thé ou du brandy avec un charmant jeune homme qui tourne les pages !

- On fait quoi dans le choeur des anges musiciens ?

- On chante pour la gloire de Dieu.

- Et Il vous écoute ?

- Sans doute pas car Il a bien d'autres choses à faire ! Alors le poste vous intéresse ?

- Au piano ? On peut chanter « Les copains d'abord »  ou «  Halleluiah de Leonard Cohen ? C'est un de mes morceaux préférés ou seulement « Les Anges dans nos campagnes » ?

- Faut voir !

- Et tout compte fait, j'essayerais bien la clarinette aussi ! C'est possible ? J'aurai l'éternité pour apprendre et ca, ça me va !

Anne J

7 mars 2023

Rythmer / Maryvonne

25_Im0

Si elle essaie de filer dare-dare ou plutôt de lambiner, c'est pour elle toujours un échec. La petite aiguille de l'horloge est éternellement synchrone avec son tic-tac régulier. Elle repasse deux fois par jour au même endroit. C'est son rythme.

Pourtant nous avons une autre perception du temps. Pendant un hivernage, que les heures nous semblent longues et froides ! Notre être est en attente. De même pendant les fins de nuit, à l'avant-jour, voilà notre cerveau qui devrait être au repos et qui s'agite. Il pense, il construit des rêves, il échafaude un hypothétique avenir ou déconstruit un passé douloureux. Et que ce temps est long !

Par contre dès que le pied se lève la petite aiguille semble s'agiter comme une folle, on se pendrait bien à elle pour la retenir mais, comme d'habitude, son rythme est plus-que-parfait. Tic-tac, tic-tac, comme un cœur extérieur qui bat régulièrement et voilà des années-lumière que ça dure, cette dictature de l'heure. 

Un de ses écueils est l'adverbe « déjà ». C'est déjà l'heure, c'est déjà fini, déjà vu, déjà demain, déjà cet âge, déjà ton tour, adverbe à couper le temps, à raccourcir le moment.

Et pourtant la petite aiguille s’accouple avec la grande aiguille pour dire « c'est irrémédiable ».

« Le temps, le temps et rien d'autre
Le tien, le mien, celui qu'on veut nôtre »

 

Le temps mal partagé entre les « heures bonheur » et les « heures malheur ». J'ai beau lui expliquer à la petite aiguille, elle est obtuse, elle est pointue, elle cafouille, elle n'est pas crédible. Entre le temps de voir pousser un arbre et le temps de voir couler une larme il n'y a pas de commune mesure.

Pourquoi lui en vouloir à cette aiguille, dans le sablier ou dans la clepsydre elle est absente et le temps s'écoule quand-même. Cependant elle reste la reine de la mesure, de la régularité.

Pour profiter de l'instant le créole dit : « Démen sé an Kouyon ». Mais tout couillon qu'il est demain viendra et il n'y aura pas de remise au propre. Par contre si avoir la perception d'un temps mouvant ça lui donne du volume que certains appellent « des hauts et des bas », alors prenons le temps à bras le corps pour danser, nous amuser quand c'est possible car le temps s'usera aussi à ne rien faire.

24 janvier 2023

Alea jacta est / Anne J.

ALEA JACTA EST

Ce matin là, la vieille gitane du coin de la rue que j'évitais soigneusement depuis des semaines m'attendait devant la boulangerie et je n'ai pas pu y couper ; elle m'a saisi la main et l'a tenue serrée contre elle avant de s'absorber dans ma paume pour lire mon avenir. Elle s'est éclairci la gorge avant de me murmurer :

- Je vois une courte ligne de vie : dans un an, jour pour jour, vous ne serez plus parmi les vivants, m'a t'elle dit en me donnant un jeu de l'oie et deux dés pour tracer mon chemin. Je lui ai donné quelques euros avant de tourner le coin de la rue, un peu abasourdie quand même.

Me voilà fixée ! Je savais désormais qu il me restait peu de temps à vivre, si du moins cette vieille diseuse de bonne aventure avait raison. Mais finalement, je n'ai jamais aimé l’incertitude et c'était mieux comme çà.

Je décidai donc de jeter les dés pour partir à la rencontre de mon destin sur les routes du monde. Finalement c'était un vieux fantasme, disparaître pour mes proches du jour au lendemain, sans espoir de retour et m'en aller découvrir de nouveaux horizons comme dans un ultime bouquet final de mon feu d'artifice personnel.

Avec les dés je reprenais un peu la main et je décidais de quitter le monde de moi-même avant que les autres ne s'éloignent. Marcher ? Sans doute mais vers quoi ?

Alea jacta est !

4
Découvrir enfin l'Islande ? J'en rêve depuis que encore étudiante, j'ai entendu deux amis évoquer cette destination : 1,2,3,4

8
Monter sur un volcan pour y observer la fureur de la terre et la lave en fusion. Mais peut-on faire cela sans avoir à escalader des pierres volcaniques sur lesquelles je vais dans la première heure me tordre une cheville ? Quoi qu'il en soit, je n'y monterai sûrement pas en télésiège ou bien il faudra me droguer.

2
Aller au plus grand festival de contes du monde et écouter des contes pendant des jours avec les meilleurs conteurs et conteuses de la planète jusqu'à ce que je n'en puisse plus… mais pas si, pour écouter ces histoires, il me faut franchir le ravin sur le pont suspendu de Coaticook ou aller dans une grotte étroite et glissante en m'enfonçant sous terre.

AEV 2223-17 Anne J

10
Je n'ai jamais rêvé d'aller sur la lune, trop loin, trop froid et pas très hospitalier. Seul point positif on y est sans doute très tranquille car c'est peu peuplé et la foule ça ne me fait pas rêver du tout, d'ailleurs c'est bien pour cela que je ne suis jamais allée aux « Vieilles charrues de Carhaix » et que je n'irai jamais.

1
Par contre et je ne crois pas que cela soit moins peuplé, j'adorerais aller au festival d'Avignon assister à une pièce célèbre dans la cour du Palais des Papes, peut être en tant que VIP dans une loge personnelle avec des amis.

7
La vie c'est comme un jeu de l'oie et par un maudit coup du sort et un mauvais numéro au dé, voilà que je me retrouve à la case départ:1,2,3

3
Me voir revenir au boulot ? Jamais au grand jamais ! Presque 10 ans après il m'arrive encore de fréquenter cet endroit dans mes cauchemars et de me réveiller en sueur en priant pour que ce soit faux : heureusement c'est toujours le cas !

6
Une journée de plongée sous marine ? Ah non, j'ai fait un malheureux essai de nage avec palmes et tuba un été dans les eaux de la Crète et je n'ai réussi qu'à cracher de l'eau : impossible de respirer dans ce masque qui me colle à la figure ! Non je n'irai jamais voir la vraie grotte Chauvet au fond de la mer.

5
Une réunion de mon conseil de quartier ? Misère, il n'y a que de très vieilles personnes qui parlent toutes ensemble pour défendre leurs petits intérêts particuliers et parler de crottes de chien : fuyons

12
Un peu de grand air frais : découvrir les fjords de Norvège sur le navire côtier et arriver à temps pour voir renaître le soleil de minuit, à moins que ce ne soit l'hiver et que je puisse photographier des aurores boréales : mais là j’espère que la cabine est confortable et bien chauffée.

11
Prendre l'Orient express jusqu'à Vladivostok dans un wagon confortable avec une pile de bons livres, admirer le paysage qui défile en sirotant du thé versé d'un très vieux samovar par un serviteur aux petits soins - je sais, j'ai des goûts de luxe ! -.

AEV 2223-17 Anne J

4
c'était juste le chiffre qu'il me fallait pour arriver à la dernière case, celle où m'attend la faucheuse dans sa grinçante charrette

Rien ne va plus, les jeux sont faits ! Game over !

Allez, on refait une partie ?

31 janvier 2023

Bain de Lune / Anne-Françoise

AEV 2223-18 Anne-Françoise - Bain de lune

L’année passée, le 22 mars au soir, il m’est arrivé quelque chose d’extrêmement singulier.

Devinez de quel jour il s’agissait le 22 mars 2022 ? C’était un mardi. Et devinez où j’étais ce mardi 22 mars 2022 de 18 h 30 à 20 h 30 ? A l’atelier d’écriture !

Je trouve extrêmement singulier qu’un animateur d’atelier d’écriture se demande ce qu’il a donné comme consigne dix mois avant alors que lui-même consigne ses consignes sur son blog… Bref !

J’avais écrit ce soir-là un texte avec une farandole de situations irrationnelles avec de drôles d’hurluberlus. Je suis donc rentrée chez moi ensuite. J’ai dû prendre mon repas, passer un ou deux coups de fil et me préparer à aller me coucher.

J’ai ouvert la porte de ma chambre. Eh ben surprise : y’avait plus de chambre ! La porte s’ouvrait sur l’extérieur ! Oh ben zut alors ! Où qu’c’est qu’il est mon lit ? Et mon polochon ? Et ma couette ? Comment que j’vais faire pour dormir ?

J’ai cherché un peu dehors pour voir si ma chambre ne s’était pas déplacée un peu plus loin mais je ne l’ai pas retrouvée. Je me suis demandé si ce n’était pas un coup des habitants de mes rêves qui n’auraient plus voulu de moi comme colocataire. J’ai questionné l’ogre, le vampire, le nomade, les princesses, les crapauds, les vers de terre, les sept nains, le tapis volant et l’élixir de la lampe magique. Ils m’ont assuré qu’ils ne m’avaient pas subtilisé ma chambre et, que de leur côté, ils trouvaient ça pas mal d’être dehors.

Je me suis résignée. Comme il faisait nuit, je me suis dit que j’irais à la recherche de ma chambre le lendemain, quand le jour serait levé. Je suis allée prendre un fauteuil dans mon garage qui, lui, se trouvait toujours à l’endroit habituel et je me suis allongée. J’ai râlé : c’était pas confortable, j’avais pas mon polochon, j’aurais sûrement un torticolis le lendemain ; j’avais pas ma couette : j’aurais un rhume ; je pouvais pas lire vu qu’il n’y avait plus de livre sur ma table de chevet et que c’était une nuit d’encre. J’ai rangé mon fauteuil dans le garage.

AEV 2223-18 Anne-Françoise - Baignoire de Snoopy

Quand je suis ressortie, une pleine lune brillait et éclairait une magnifique baignoire opaline avec des pieds en forme d’œufs dorés. Ce sont les lapins qui ont été étonnés, et moi encore plus qui n’avais jamais vu de lapins dans mon jardin, des lapins réunis en colloque autour de la baignoire et regrettant qu’il n’y ait pas de carottes à l’intérieur ! Moi, ça m’arrangeait plutôt qu’elle soit vide et j’y suis donc entrée. La lune a alors envoyé un rayon avec une eau parfumée à l’illusion avec une mousse qui a débordé et dans laquelle les lapins ont nagé et joué à saute-mouton tandis que les étoiles faisaient des galipettes dans le ciel. Je me suis rappelé que j’avais écrit quelques heures plus tôt à l’atelier d’écriture : « La nuit, je dors sur mon balcon : ça s’appelle des bains de lune ». Vous avouerez que c’est extrêmement singulier au vu de l’aventure que j’étais en train de vivre dans ma baignoire. Les lapins riaient aux éclats et poussaient des « Youpi ! Youpi ! » en plongeant dans la mousse qui donnait un spectacle enneigé et flottant au jardin.

J’ai passé une nuit magnifique, une belle nuit à la belle étoile, une nuit dont je n’ai pas vu la fin.

Le matin a été plus difficile : je me suis retrouvée dans ma chambre, dans mon lit, la tête posée sur mon oreiller et avec ma couette qui me recouvrait. Le radio-réveil m’envoyait de sombres informations du monde où il était question de baston, de manifestations et de baratin chez les zoulous : un flot de méchant galimatias qui me ramenait cruellement à une drôle de réalité !

Ma chambre n’a plus jamais disparu. Je n’ai plus jamais revu les lapins. J’ai semé des graines de carottes qui n’ont jamais voulu pousser. Mais j’ai retenu la leçon de cette nuit-là : j’écris toujours n’importe quoi à l’atelier d’écriture !

7 février 2023

L’Elfe et la sardine / Anne-Françoise

 

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Elfe 2

Il y avait une immense forêt.

Dans cette forêt, une futaie de hêtres.

Dans cette futaie, un ruisseau.

Au bord du ruisseau, une taupinière.

Sur la taupinière, un champignon.

C’était là le magnifique palais de l’elfe Gontran 1er.

Un beau jour d’été, il décida de découvrir ce qu’il y avait au-delà de la forêt. Il fit appel à un pigeon voyagiste. Gontran 1er embarqua donc sur les ailes de l’oiseau. Le décollage s’effectua sur un petit pont qui franchissait le ruisseau.

Après quelques heures de vol, le pigeon atterrit sur un rocher d’une petite île au milieu de l’océan. C’était une toute petite île qui ne figurait sur aucune carte vu qu’elle n’avait pas encore été découverte. C’était une île déserte.

Gontran 1er commença par se reposer sur la plage, profitant du soleil qu’il ne goûtait que rarement sous son champignon. Il sortit ensuite sa pelle, son râteau et son seau pour se bâtir un palais : il n’avait malheureusement repéré aucune taupinière ni aucun champignon où il pourrait loger. Le soir, pour se délasser, il alla se baigner. Il apprécia la chaleur de l’eau : celle de son ruisseau était plus fraîche mais meilleure au goût lorsqu’il voulut s’en abreuver. Il nagea la brasse, le crawl et le papillon.

Il fit la planche et ressentit alors de drôles de mouvements dans l’eau. Il y avait là une sardine, aux hanches qui ondulaient langoureusement. Elle avait de longs cils noirs (elle lui apprit plus tard qu’elle avait un mascara waterproof qui était top). Ce fut un coup de foudre pour Gontran 1er. Elle s’appelait Aline. Ils parlèrent longtemps ensemble. Il la regardait avec des yeux de merlan frit, il était séduit par ses yeux de biche.

De retour sur la plage, il traça dans le sable un cœur transpercé d’une flèche. Il y inscrivit les initiales de leurs deux prénoms : Gontran Aline.

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Aline 2

Il chercha au fond de son sac et sortit son xylophone rose. Il interpréta un adagio joué piano puis « la Truite » de Schubert qui firent bondir de bonheur le cœur d’Aline. Elle l’invita à finir la soirée avec lui : « Je connais une petite boîte très bien. On y retrouvera toutes mes copines. On risque d’y être un peu serrés mais le patron est aux petits oignons pour nous… ». Gontran 1er et Aline dansèrent toute la nuit. Gontran voulut aller plus loin mais Aline lui dit « Arrête, arrête ! ». Ils passèrent une semaine formidable. Aline lui fit découvrir les beautés de l’île et de l’océan. Gontran 1er, qui rêvait de lui passer la bague au doigt, lui offrit un collier de nacre et coquillages qu’il fabriqua lors des nuits d’insomnie où elle se refusait à lui.

Ils se quittèrent, sans serments ni promesses. Lui avait le mal du pays ; elle voulait rester dans l’océan. Le pigeon voyagiste vint le récupérer. Il retrouva son champignon et ses amis de la forêt.

De temps en temps, il se rappelle Aline, ce bel amour de vacances. Quand il a le cœur trop lourd, il trace sur le sable de la berge du ruisseau son doux visage qui lui souriait et il crie « Aline ! » pour qu’elle revienne.

Mais Aline n’est jamais revenue.

7 février 2023

Paysages de mots / Laura

 AEV 2223-19 Laura - La Montagne

 
Que la montagne est belle
Pour y vivre ou pour les vacances !
En hiver, on y glisse
Mais je n'ai pas besoin d'elle pour chuter.
Par tous les temps, on y grimpe
Mais je monte déjà assez chaque jour.

De la chaleur avant toute chose
Et pour cela, je préfère la plage ;
Non pour m'y prélasser car ça m'ennuie
Mais pour y regarder la mer,
Les vagues, l'océan, l'horizon
Qui paraît infini ; marcher aussi
Et selon la saison et mon courage,
M'y baigner ; lacs, rivières
Et autres eaux conviennent
Au Cancer que je suis.
Le temps coule et j'y surnage.

 
AEV 2223-19 Laura - Crabe

 AEV 2223-19 Laura - Une-chambre-a-soi-de-Virginia-Woolf

 J'ai une chambre à moi en ville
Dans un appartement qui se range
Et se dérange comme les mots
D'un poème ; mon bureau-
Bibliothèque me tient lieu
De maison où chaque lieu
De mon paysage a son étage.
Paris a Baudelaire pour voisin
Et l'Orient réveille Nerval.

AEV 2223-19 Laura - Château de KarlsruheNous avons vu ensemble
Châteaux et autres merveilles
Qui sont un bout de mon paysage
Mais chaque jour, de belles surprises
Me guettent dans le quotidien
Et parfois même, je trouve des trésors
Qui nous avaient échappé.


Je ne désespère pas de visiter

De nouveaux pays ; même l'Ermitage russe
Après l'Hermitage d'Amsterdam
Pourquoi pas l'Australie
Si mon genou le veut… ?

AEV 2223-19 Laura - visiter-saint-petersbourg-ermitage

 AEV 2223-19 Laura - Hermitage Amsterdam

 

 

 

21 mars 2023

La Pomme d'Adam / Anne J.

A monsieur le grand forestier et créateur du monde

Ce matin là, les arbres, chose inhabituelle, se taisaient.
Ils étaient encore sous le choc de la condamnation du grand pommier d'or,
cet arbre magnifique qui trônait au milieu du jardin d’Eden.

Est ce vraiment juste de condamner le pommier
à ne porter désormais que des pommes ordinaires,
celles dont on fait les tartes et les compotes,
lui qui depuis la nuit de temps portait de splendides pommes en or ?

L'avocat avait pourtant bien plaidé
tromperie et manœuvres de bas étage.

En vain, il avait passé des nuits blanches sur le dossier
pour des prunes !

Etait-il donc responsable, coupable ou bien complice,
ce pauvre pommier,
de la désobéissance et de la tentative de coup d'état
d’Adam pour prendre la place de Dieu ?

AEV 2223-24 Anne J

Que nenni !

C'était bien Adam le coupable,
une bonne poire ce gars là ,
un peu naïf quand même !

Et la fourbe Eve
Ne doit elle pas être aussi condamnée ?

Personne ne regrettera le serpent
condamné pour le reste de sa vie à ramper sur le ventre.

Le maître du jardin convoqua une commission
et fit venir les meilleurs de chaque congrégation,
les franciscains, les jésuites, les oratoriens, les assomptionnistes
et même des dominicains.

Il les invita autour de la table ;
on discuta, on débattit,
on sortit enfin le 49.3,
Deux dominicains à table votèrent pour la grève
On gracia le pommier
Et Dieu reprit du melon.

AEV 2223-24 Anne J

4 avril 2023

Les 3 M. / Walrus

Bon, la réputation des mousquetaires est très surfaite, ils se contentent en réalité de tirer leur coup (de mousquet) vite fait !

Mais papa, Monsieur de Batz de Castelmore, voulait que j'en sois (pas de la jaquette hein, les mousquetaires portent la casaque palsambleu !).

Alors, j'y suis allé ; qu'est-ce qu'on s'est marrés avec les potes et les filles de La Rochelle !

Et je ne me suis arrêté qu'à Maestricht où j'ai ramassé un boulet (d'Edam), la galère !

AEV 2223-26 Walrus - Edam

4 avril 2023

Scène de ménage / Marie-Thé

AEV 2223-26 Marie-Thé - John_William_Waterhouse_-_I_am_half-sick_of_shadows_said_the_lady_of_shalott

- Bon, je m’en vais découvrir le monde ! dit Ulysse. Mon île, j’en ai fait le tour pendant des jours et des jours, je veux des aventures, gagner des batailles, devenir célèbre pour des siècles et des siècles. Ithaque et ses petites histoires aussi farfelues les unes que les autres, j’en ai assez !

- Mais moi, Ulysse, qu’est-ce que je deviens ? C’est toujours toi qui te balades ! Je n’ai plus envie de tricoter, de tisser, ni de faire la cuisine. Tu ne t’occupes jamais de Télémaque. Je suis levée toutes les nuits pour les biberons. Nous pourrions partir tous les trois. J’aimerais voir Vierzon, Hambourg, Venise, Paris, et pourquoi pas un détour par Vezoul pour voir ma mère ? Les femmes ne sont plus des bobonnes qu’on laisse à la maison !

- Alors ça, c’est la meilleure ! T’es devenue féministe ? Pauvre Pénélope, tu es née quelques siècles trop tôt ! Ton destin c’est de tisser la nuit en m’attendant et de gérer le château dans la journée. Attention à toi, pas question de céder à tous les freluquets qui ne manqueront pas de t’enjôler en mon absence. Moi, je n’irai pas voir ta mère mais ta soeur, elle est plus séduisante. Puis je partirais pour Troie. Je clamerai : Oyez ! Oyez ! Les Troyens ! Je vous apporte un cadeau. Un cheval gigantesque rentrera sur la place principale. Cachés à l’intérieur, mes guerriers et moi sortirons tous ensemble pour conquérir la ville.

Et puis, si j’arrive à résister aux sirènes, je reviendrai à Ithaque pour retrouver mon royaume et te retrouver toi ma Pénélope.

Furieuse, elle claque la porte et monte dans sa chambre en traitant Ulysse de macho. 

23 mai 2023

Aurélien et Bérénice / Marie-Thé

AEV 2223-31 Marie-Thé - Aurélien 1

 Aurélien,

Vous marchiez dans les allées du jardin des plantes, près des marronniers en fleurs, lorsque je vous ai croisé la semaine dernière.

Vêtu d’une veste écossaise, d’un pantalon clair et de chaussures noires, vous portiez un sac de sport rouge contrastant avec une tenue de ville.

L’air hautain et morose, vous ne regardiez personne. Le soleil rasant, filtré entre les feuilles des arbres, éclairait votre visage. Avec vos cheveux noir et votre teint basané, vous aviez un air exotique, hors de tout orgueil.

Séduite, je vous ai suivi discrètement jusqu’au club de fitness où je pensais que vous alliez. Mais non. Vous vous rendiez aux terrains de tennis de la rue de la Palestine.

Vous regarder jouer fut pour moi un véritable plaisir. Vous vous déplaciez avec aisance sur l’asphalte rouge avec des baskets blanches faisant ressortir vos mollets bronzés. A la fin de la partie, la poignée de mains et le sourire à votre adversaire m’ont perturbée.

D’une nature plutôt romantique, je rêvais de vous rencontrer vraiment. Alors je vous ai suivi jusque chez vous pour découvrir votre adresse.

Peut-être aurons-nous l’occasion de nous revoir, le hasard fait parfois si bien les choses !

Acceptez mon audace. Vous écrire cette lettre est pour moi un pur plaisir.

Cordiale poignée de mains.

Bérénice

Quelques jours plus tard :


AEV 2223-31 Marie-Thé - Aurélien 2Bonsoir Bérénice,

Le portrait que vous faites de ma personne est celui de l’homme idéal, du prince charmant que vous rêvez de rencontrer.

Je vous ai vue près des terrains de tennis et j’ai pensé que vous attendiez votre partenaire.

Je ne suis pas celui que vous croyez. En réalité, je suis un solitaire égoïste, un peu ours ! Je fuis les gens que je ne connais pas.

Votre message m’a surpris et touché !

Peut-être nous reverrons-nous un autre jour dans les allées du jardin des plantes ?

Surtout ne vous faites pas d’illusions sur mon compte, je suis intolérant et impossible à vivre !

Amicalement.

Aurélien.

12 septembre 2023

Denise (Le bus de 15h) / Marie-Thé

Tous les jours, Denise monte dans le bus de 15h pour se rendre à son travail.

Tous les jours, Oscar s’assoit sur le siège, face à elle et lit « Ouest-France » l’air de rien en jetant subrepticement un œil vers Denise au-dessus de la page du journal.

Ils ne se sont jamais parlé. « Combien de temps, combien de temps encore durera ce cinéma ? »pense Denise.

Ils sont aussi timides l’un que l’autre et rêvent chacun de leur côté d’un événement un peu exceptionnel qui les rapprocherait.

Un jour Denise en a eu assez. Elle a changé de place et lui, un peu perturbé, l’a attendu à la sortie du car et invitée à prendre un verre place de la Gare. Depuis ce jour, ils s’assoient l’un à côté de l’autre !

AEV 2324-01 Marie-Thé - Gare

5 janvier 2021

F comme far breton / Adrienne

Dans l'herbe tendre 1 

 - C’est même pas vrai ! a crié Madeleine en se retournant. Mais moi je l’avais bien vu, qu’elle dépeçait sa quatrième pâquerette dans l’espoir d’arriver à « il m’aime à la folie » au lieu du « pas du tout » qu’elle obtenait chaque fois.

Dans l'herbe tendre 2

Bien sûr, les autres ça les faisait drôlement rigoler, surtout Charlotte qui avait un jules depuis trois semaines et rêvait déjà des prénoms de ses futurs bébés.

– Tu veux que je te montre comment tenir le cerf-volant? a demandé son jules.

Dans l'herbe tendre 3

Mais Madeleine ne lui en a pas laissé l’occasion et faisait de grands gestes des bras et des mains pour qu’on comprenne qu’elle était la championne interceltique du cerf-volant. Nous, on ne regardait que le jules, qu’on trouvait beau comme un acteur de cinéma, avec ses lunettes de soleil.

– On va se baigner ? j’ai proposé.

Parce que j’aurais aimé savoir s’il était aussi beau en slip de bain qu’en costume croisé.

Baignade 2 Détail

12 janvier 2021

Flèche de tout bois / Jean-Paul

AEV 2021-14 JK - cupidon01cou

Eros ou Cupidon
L’ange au petit bedon

Le jour où il s’en fout
S’amuse comme un fou !

A son arc fatidique
Il colle un élastique

Il tire à l’aveuglette
Ou au petit bonheur
Sa flèche d’opérette
Qui ne touche pas le cœur :

Tu la reçois dans l’estomac
Et tu deviens Gargantua

Tu la reçois dans le derrière
Et on t’appelle Pervers Pépère

Tu la reçois dans l’bigoudi
Tu deviens Rocco Siffredi

Tu la chopes au métatarsien
Et te voilà marathonien !

Les Bidochon, Rimbaud, Verlaine,
Proust que délaisse Madeleine,
Mal assortis, scènes de ménages,
Landru qui s’occupe du chauffage
A l’hôtel du Retourne-cul
Là où je t’aime moi non plus,
Tous les couples à la Dubout
Qui ne sauront jamais Capoue
Parce qu’un sinistre angelot
Carnavalle avec ses grelots,
Le régiment des mal-aimés,
Ces jours-là, ne fait qu’essaimer !

Brassens qu’en a pris plein la pomme
L’a nommé « Sale petit bonhomme ! »

Et ceux qui lui gardent rancœur
L’appellent « Le poison du cœur ».

 

13 janvier 2021

Consigne d'écriture 2021-14 du 12 janvier 2021 : Anagrammes dans le boudoir

Anagrammes dans le boudoir

 

AEV 2021-14 Consigne

Jacques Perry-Salkow a encore sévi, pour notre plus grand bien (ou mal) ! Ce spécialiste des anagrammes a mélangé les lettres des formules de gauche du tableau ci-dessous pour obtenir une autre formule inscrite juste en face dans la colonne de droite.

Comme dans les précédentes versions de ce jeu déjà pratiqué ici (voir des exemples), il vous est demandé d’écrire une histoire, un poème, un texte assez court qui commence obligatoirement par la formule de gauche et se termine par la formule de droite correspondante.

Vous pouvez bien entendu répéter l’exercice plusieurs fois.

Si cela vous semble trop compliqué l’animateur vous permet d’écrire un texte d’une forme différente mais dans lequel vous devrez insérer vingt formules piochées dans le tableau.

N.B. Pour ne pas causer de désagrément aux auteurs, le tableau a été retiré de ce blog à l'issue du jeu. Une raison de plus de faire marcher votre curiosité et vous enquérir de cet ouvrage auprès de votre libraire préféré·e.


 

   

 

12 janvier 2021

Finir en queue de poisson / Jean-Paul

AEV 2021-14 JK - kiraz

Les Parisiennes vont 
A Saint-Trop’ en été
Oublier qu’elles ont
Confiné au printemps
Dans un gîte en Bretagne.

Elles y font voir leur beau derrière
Sans respect des gestes barrières
Et connaissent des jours meilleurs
En s’envoyant l’maître-baigneur.

Rentrées, elles rêvaient de montagne
Chamonix, Megève ou La Plagne.

Les Parisiennes l’ont mauvaise
De remettre ça à l’hiver,
De faire une croix sur l’Alpe-d’Huez :
Plus de plaisir et plus de braise
Pour cause d’arrêt des tire-fesses,
D’absence de lieux ou boire un verre,
De couvre-feu trop sanitaire !

AEV 2021-14 JK - toile-sur-chassis-skieuse-vintageLes moniteurs de La Clusaz
Pour eux non plus c’n’est pas la joie :
Ils vont draguer à la piscine
Les copines de leurs cousines
Celles qui traînent toujours en fuseau
Et qui sont raides comme des poteaux
Les trop connues sirènes alpines.

12 janvier 2021

Si… / Laura

AEV 2021-14 Laura - Faites l'amour 2Faites l’amour, pas la guerre :

Si tu avais été encore sur terre,
Mon amour, lors de cette guerre
Déclarée contre un virus, guère
Favorable aux rencontres des chairs,
Je t’aurais confiné comme un pépère
Mais conquis comme une guerrière.

Sabre au clair,
Tu m’aurais vaincue dans notre sanctuaire.

Comme une victime volontaire,
J’aurais cédé mes terres,
Mes rivières,
Mon éther,
Mon enfer
Pour refaire l’amour à la guerre
Avec toi, mon cher
Amour, ami, amant, fils, père
Et la guerre à l’amour amer
De ceux qui ne font guère
Autre chose que la guerre
Contre le sexe qui libère,
La guerre
A ceux qui s’ennuient et s’enferrent :
L’orgasme apaisera le futur.

AEV 2021-14 Laura - Faites l'amour 1 

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