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L'Atelier d'écriture de Villejean
1 février 2022

Prière / Jean-Paul

2122-18 Jean-Paul - Paysanb breton

Notre Paysan breton qui êtes aux cieux
Que votre biscuit Thé de Lu soit fête,
Que votre Rustica arrive !

Bénissez nos Amora
S’il Yoplait !

Danonez-nous aujourd’hui comme cuiller
Notre Boursin quotidien
S’il Yoplait !

Rendez-nous la clé du jardin de Jaffaden :
Cette histoire de Nesquik défendu
Ce n’était qu’un P’tit déli !
S’il Yoplait !

Depuis vous nous jugez boudez boudoir
Au Biovillage sans Plantation
Vous nous faites mauvaise réputation.

S’il Yoplait
Camembert Président,
Soyez un peu plus coulant !
Moins capricieux, les Dieux !

Notre Paysan breton,
S’il Yoplait ? 

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15 novembre 2022

Animal on est mal. 2, Le Crocodile / Jean-Paul

Rennes-Salon du vintage

Aujourd'hui on ne parle plus du passé en disant « C'est de l'antique » ou « C’est beau comme l’antique ». On n’utilise pas plus le mot brocante que le mot tocante. La brocante évoque désormais des breloques sans valeur plutôt que des reliques précieuses échappées à la course du temps. La tocante, montre à gousset, montre au poignet ? « Non merci, trop fatigant, l’heure est sur mon smartphone et je l’ai toujours à la main ». Même « Antiquité » n'a plus cours : maintenant on dit « vintage » (à prononcer "vinn-tèdje") et on le devient très vite !

Personnellement en tant que crocodile, animal à peau dure, réputé sans cœur, perfide et même cruel, je ne verserai pas une larme sur cette génération qui ne respecte plus le vocabulaire français quand elle disparaîtra. Si je les vois clamer du haut de leur suffisance de nouveaux maîtres des nouvelles technologies « Je me fous du passé » ou « N'en parlons plus, c'est du passé » je regrette surtout que cela n'évoque pas pour eux deux chansons d'Edith Piaf et de Lucienne Delyle (« C’est qui ces looseuses ? »).

Même les musées ne trouvent plus grâce aux yeux des plus sympathiques d’entre eux. Pour ces nouveaux protestataires, ce ne sont plus des lieux dans lesquels on réfléchit à partir d'éléments iconographiques certes datés sur l'histoire de l'occupation de cette planète par les humains, ce sont juste des décors de théâtre qu’ils prennent en otage pour des actes de militance provocatrice.

Malgré mon sourire jusqu'aux oreilles - façon de parler, les crocodiles n'ont pas d'oreilles, en tout cas pas aussi longues où larges que celles d’Ouvrard ou de Louis Leprince-Ringuet que tout le monde a oubliés aussi - malgré ma gueule fendue, j’avoue que cela me déprime. C'est que je rêvais d'y finir, moi, au musée en tant que

2022-11-15 - 285 1

« Porte-savon du 20e siècle fabriqué en Chine par des esclaves sous-payés. Produit en multiples exemplaires et commercialisé dans le monde entier, cet objet était déposé sur le bord de larges récipient appelés « baignoires » dans lesquelles les horribles gaspilleurs de ressources naturelles qui sévissaient à cette époque barbare se trempaient après les avoir remplies d'eau chaude. Le remplacement progressif des baignoires par des douches à l'italienne avec robot savonneur et brosse à reluire intégrée a provoqué l'extinction des crocodiles porte-savon. Ce fut une perte sans égale pour la biodiversité des accessoires domestiques. Notre musée est fier de vous présenter le dernier exemplaire, retrouvé dans les décombres d'une maison de la ville de Rennes, cité ensevelie sous les bombes russes en 2052. »

Purée ! Je déprime vraiment, moi, ici ! Faites quelque chose, s'il vous plaît ! Rendez-moi mon marigot et ma gaîté sauvage ! On peut pas me coller avec un aimant sur l’autre coin de la hotte aspirante où c’qu’y a la grenouille ?

22 novembre 2022

Coquillages et crustacés / Jean-Paul

41 05

AEV 2223-10 Eddy Constantine 18835388

Ça canonne carrément au club Mickey de Quiberon !

Corentin le coquin rouquin canarde les créneaux du château de Costaérès qu’a construit Nicolas qui conteste, plan en main, cette atteinte culottée au plan d'occupation des sols imaginé dans sa coucourde hier pendant la sieste à la colonie. Il y a de la castagne dans l'air ! Si ça continue Nicolas va cogner Corentin comme le fait Eddie Constantine quand il endosse au cinéma le rôle de Lemmy Caution.

Nous sommes en 1961. En bas à droite de l'image, un crabe un peu crapule et sans pinces d’or crapahute parmi les coquillages et les couteaux pour s'en aller pincer l'orteil du capitaine Haddock qui fait la sieste. Qu’y a-t-il dans la caméra ? Des images de la Castafiore ? Du Karaboudjan ? Qu’a donc capté le Kodak ? Les nuits de Calcutta ? La Casbah d’Alger ? La route qui cahote quand on part d'une escale à Calais pour rejoindre le Kremlin-Bicêtre en autocar ?

Ce sont les inconnues de cette image. Nous, aujourd’hui, nous connaissons le contexte : c'est l'époque où commence, à Cap Canaveral et Baïkonour la conquête du cosmos. Capitalistes et communistes sont en guerre larvée, dite « froide ». Il y a des histoires de missiles à Cuba, une baie des Cochons, plus comiquement au cinéma les calotins de Don Camillo qui se confrontent aux cocos de Peppone.

AEV 2223-10 Vive le Québec libreIl y a le commandant Cousteau avec sa Calypso et son bonnet rouge qui commande au monde de faire silence mais va-t’en faire taire, toi, les requins de la finance ! C'est encore l'époque où le Vatican est constipé, où « Qui vous savez » n’a pas encore clamé « Vive le Québec libre ! » ni échappé à l’attentat du Petit-Clamart.

On roule en quatre chevaux, en Dauphine Renault, en Simca P60, on rêve de coupés, de cabriolets, de Cadillac aux calandre chromées et de Côte d’azur tout en emplissant le coffre et la galerie sur le toit de sacs et de valises pour aller profiter de ses congés payés en plantant sa tente au camping du Halloy à Berck-Plage (Pas-de-Calais).

Sur la couverture du pique-nique, Caroline et Colin boivent du Coca-Cola tandis que Papa, par-dessus le camembert, s’abreuve de Côtes-du-Rhône, insoucieux de l’alcootest qui ne verra le jour qu’en 1965.

AEV 2223-10 La Belle AméricaineAu cinéma, Liz Taylor n’a pas encore campé Cléopâtre, le cave se rebiffe, on suit Cléo de 5 à 7, on entend tonner les Canons de Navarone, Gary Cooper casse sa pipe le 13 mai, les Branquignols triomphent dans « La Belle Américaine ».

Les Branquignols triomphent ! Quelle différence entre 1961 et 2022 ? Aucune ! Ou, sinon, 61 ou 62 ans !

Qu'avons-nous connu ? Qu'avons nous conquis ? Le droit de jouer l'été à Robinson Crusoé sous les cocotiers ? La pilule plutôt que la capote ? L'envie de contempler un football collectif sous le climat caniculaire mais climatisé du Qatar ? La courante ? La colique ? La coqueluche ? La covid 19 ?

Qui peut-on encore appeler « camarade », aujourd’hui ?

Concrètement et personnellement je me concède le droit de ne pas répondre à ces questions, de poser mon crayon et de chercher dans cette image « vintage » les quinze différences entre l'image du haut et celle du bas.

P.S.

- Pourquoi n’ai-je trouvé que 11 des 15 différences ?
- Parce que, bien que né en 1989, ton unique neurone a quand même pris une part de ces 61 années dans les dents, Joe Krapov !
- OK, la prochaine fois j’amène des coloriages. J’essaierai de ne pas dépasser !

29 mars 2022

Adrienne et Georges / Adrienne

2122-24 Adrienne - 1 La Première épouse

Je suis la première épouse.
Nous étions bien jeunes quand nous nous sommes rencontrés. Vingt ans !
Nous avions vingt ans et un petit boulot de rien du tout…

Quand l’aventure du Petit Vingtième a commencé, j’ai assisté à tout, depuis la naissance des personnages jusqu’aux terribles crises d’anxiété de leur créateur.

Oui, c’était un grand angoissé qu’il fallait rassurer, épauler, aider…
Il avait raison de ne pas vouloir d’enfant, il était mon enfant.

J’ai tout fait pour l’aider, les retouches, l’encrage, le lettrage…
Je n’aurais pas eu le temps de m’occuper de mes enfants, c’est vrai.

Mais toutes les nuits je me vois petite fille au milieu de la foule qu’il a créée et j’ai de grandes conversations avec les enfants. Uniquement avec les enfants.
Ceux qui ont reçu un nom et ceux qui n’en ont pas.

Je discute avec Coco, le petit boy et Zorrino, l’enfant quechua. Avec Lobsang, le jeune moine tibétain. Avec la petite gitane Miarka. Il m’arrive même de rire et de plaisanter avec ces deux vauriens de Laszlo Carreidas et Abdallah.

Mais le plus souvent je reste aux côtés du petit garçon à casquette. Il tient la main de sa grande sœur et me regarde si intensément.

Il m’en a fallu du temps pour comprendre que c’est moi, la grande sœur.

2122-24 Adrienne 2 - Hergé

N.B. Il est bien sûr fait référence ici à Georges Rémi, autrement dit Hergé,
l'inoubliable créateur de "Tintin et Milou".

1 mars 2022

Il est grand temps... / La Licorne


Il est grand temps...

De rallumer les étoiles, disait Apollinaire

De cultiver son jardin, disait l'ami Voltaire

De laisser la prose pour la poésie, disait le grand Molière

De te laver derrière les oreilles, disait feu ma grand-mère

 

Allez, on s'accroche !

De la télé, vite on décroche

On arrête d'avoir la pétoche

On oublie tous ces fantoches

Qui nous rendent la vie si moche

Et on se creuse la caboche

Au lieu de se répandre en reproches !

 

Allez, on s'émerveille !

Du premier rayon de soleil

Du vol de la petite abeille

De la prochaine groseille

A la jolie couleur vermeille

De Ninon en son simple appareil

Du monde qui d'un coup se réveille

 

Il est grand temps, mon vieux

Il est grand temps

C'est le printemps...

Il est grand temps...

T'as soixante ans !

Qu'est-ce que cela, soixante ans ? 

C'est la fleur de l'âge et vous entrez maintenant dans la belle saison.

Molière

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6 avril 2021

Antoine, le berger / Marie-Thé

AEV 2021-25 Marie-Thé - arbre20 novembre. Il y a un arc-en-ciel par-dessus les arbres. Poursuivant ma route, soudain, à travers des gouttes de pluie, j’aperçois Antoine.

Vêtu d’un ciré jaune, chaussé de bottes en caoutchouc, un seau à la main, il s’en va dans la montagne chercher des escargots.

Je l’accompagne un moment puis rentre chez moi. L’arc-en-ciel a disparu. Le soleil perce au travers des nuages épars dans le ciel bleu.

Près d’un vieux chêne au tronc craquelé, aux branches rebelles tournées vers la lumière, je m’arrête pour écouter le merle chanteur siffler sa mélodie. Au-dessus de moi, un épervier plane dans la lumière diaphane de cette matinée d’automne.

Arrivée chez moi, je prépare la table pour le repas, sachant qu’Antoine passera devant mon logis et qu’il apprécie les moments où nous sommes ensemble. En l’attendant, assise dans un fauteuil-relax, je somnole. Soudain j’entends sa voix :

« Heureux celui dont les pensées,
comme des alouettes vers les cieux le matin
prennent un libre essor… »

- Ouah, voilà mon troubadour !»

Il rougit un peu et me montre sa récolte. La vue des escargots qui grimpent le long du seau n’est pas très poétique.

AEV 2021-25 Marie-Thé - troupeauAntoine, épris de liberté, à l’instar de Baudelaire dont il aime déclamer les poésies, possède une petite masure près du bourg. Au printemps il prépare la transhumance puis emmène les troupeaux de chèvres et de moutons dans la montagne. Il vit seul tout l’été en compagnie de ses chiens, loge dans une bergerie au confort plus que rustique.

Je ne manque jamais le dimanche de monter vers son refuge. Nous pique-niquons alors dans un endroit paradisiaque, un fond de vallée enchâssé dans la montagne, près d’un lac où quelques linaigrettes exhibent leurs touffes blanches. Là, il me parle des loups qu’il entend la nuit, des poèmes et des livres qu’il lit pendant ses longues soirées solitaires, me raconte les visites des touristes qui passent et lui tiennent compagnie un moment.

Le soir, je redescends dans la vallée, heureuse de cette journée partagée avec Antoine, qui semble content de retrouver sa solitude.

6 avril 2021

Ma campagne / Adrienne

AEV 2021-25 Adrienne - vaches

– Ah ! Pourrais-je oublier ma campagne ? La poésie des gouttes de pluie en arc-en-ciel par-dessus les arbres ? Le charme de la lune dans la nuit de novembre ?

Oublier l’amour des oiseaux et même l’amour des vaches, des veaux, des taureaux ?

Les beaux instants vécus là-bas sont de vieux amis sur la route de la vie : jamais le rêve et la joie ne s‘achèvent.

– C’est beau tout ça, fit Charles, mais apporte les côtelettes d’agneau et la poule au pot, moi la gentille petite vache, je la mâche !


N.B. Les 83 mots de ce texte sont tous issus de la liste sans ajout d'aucune sorte. Chapeau, Madame !

6 avril 2021

La Fée marraine. 2 / Anne J.

Chapitre II

Quand ce jour-là un Charles passait par-dessus tout…  - Tout oublier, les amis, les arbres, l’arc-en-ciel, la lune, les châteaux et Louis - J’aperçois l’Amour !

AEV 2021-25 Anne J roulotte

La fée marraine s’étire voluptueusement avec un grand soupir, elle est couchée dans un grand lit qui prend tout l'espace de la roulotte. Elle voit son homme debout et de dos : son pantalon gris trop grand-tire bouchonne sur ses grands pieds nus, il porte une chemise blanche déboutonnée sur un marcel un peu effiloché et son inséparable gilet gris à boutons noirs est juste à côté sur la chaise. Il respire en contemplant le paysage, une verte campagne. Tout à côté, il y a quelques roulottes semblables à la sienne garées en rond et au loin des prés avec des chevaux.

– Bien dormi, ma chérie ? dit-il en se retournant.

AEV 2021-25 Anne J chaplin 2La fée lui rend son sourire et contemple avec amour, son visage éclairé par deux yeux noirs et brillants, sa grosse moustache sous le nez et son air toujours un peu triste et distrait. Elle attrape sa robe couleur de ciel et le rejoint. Une nouvelle journée avec son Charlie et de nouvelles aventures !
Le cirque est un monde si neuf pour elle !

Jamais la fée marraine n'avait imaginé que sa vie prendrait ce tournant ! Depuis la nuit des temps, elle se penchait sur le berceau des enfants pour veiller sur eux et empêcher les fées sorcières de faire du mal à tous ces petits qu'elle adorait. Jamais elle n'avait pensé qu'elle laisserait tout pour partir sur les routes avec un petit cirque familial et sans envergure, mais voilà une rencontre, l'amour et elle avait jeté aux orties pouvoirs et baguette magiques.

Tout avait commencé le soir où la fée Reine, celle qui distribuait le travail, lui avait demandé de se pencher sur un berceau où dormait un nouveau-né à qui il convenait d'apporter aide et protection. Certes, le plus souvent les fées marraines étaient dépêchées auprès des enfants de reines et de rois mais il arrivait aussi que certains enfants exceptionnels aient droit à ce merveilleux cadeau.

– Tu vas le trouver dans la roulotte du cirque sur la place, une grande roulotte sur laquelle il y a écrit « Rex, le roi des funambules ». L’enfant est né il y a trois semaines et même s'il est tout jeune, ses parents l’entraînent déjà sur une corde a sauter ; de plus, comme sa mère est écuyère, il a déjà un cheval de bois près de son lit. Ce qu’ils ne savent pas encore c'est que les fées sorcières veulent lui faire cadeau du vertige.

– Je ne peux rien contre cela !

– Je le sais bien mais tu vas lui faire don de l'humour et des mots, il ne sera ni funambule ni un bon cavalier mais il fera rire les foules avec ses paroles et ses mimiques, cela va compenser.

– Et avec cela, il pourra faire carrière dans un cirque ?

– Il y a déjà un précédent, le cirque a embauché il y a quelques temps, un merveilleux comique, malheureusement incapable de parler sur scène qui fait un tabac, je crois qu'il s'appelle Charlie Cha,,, Chameau, Chapeau ? Non, Chaplin, je crois. Ce sera un merveilleux professeur pour ce pauvre petit Louis qui ne monterait même pas sur un tabouret pour changer une ampoule.

***

AEV 2021-25 Anne J chaplinLa fée marraine avait pris son baluchon et s’était rendue au cirque, un soir de pluie battante. Elle pataugeait dans la boue en essayant de protéger sa robe bleue de ciel des éclaboussures quand un homme coincé dans une cage avec un lion endormi avait attiré son attention en agitant désespérément un foulard crasseux ; il semblait paniqué et il y avait de quoi : le lion agitait sa queue de gros chat et le petit homme ne pouvait pas sortir. La fée avait juste relevé le loquet permettant ainsi à l’homme de sortir, il était tombé dans ses bras, elle avait failli en tomber par terre.

Un peu plus tard, assis dans sa roulotte autour d’un thé, il lui avait raconté sa tragique histoire, son enfance pauvre et malheureuse, ses vaines recherches d’emploi, ce jour où le magicien du cirque avait eu besoin d’un accessoiriste et l’avait embauché. Il était si maladroit qu’il laissait tout tomber et que s’échappaient les lapins, les colombes, les oies, mais le public, lui, riait aux larmes de toutes ces facéties et voilà on l’avait gardé.

Il avait maintenant un toit et un emploi, mais pas encore sa place dans la grande famille du cirque. L’écuyère dont il était éperdument amoureux, lui avait préféré le funambule, alors il était triste, seul et sans amis

- Justement avait dit la fée, c’est la raison de ma visite, il faut que j’aille voir le petit Louis

Et elle lui avait expliqué sa vie à elle, les visites et les cadeaux de la fée marraine. Charlie avait pensé à son enfance misérable, aucune fée ne s’était jamais penchée sur son berceau.

Plus tard dans la soirée, alors que la pluie redoublait au moment de partir, Charlie avait osé se hisser sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue, la fée avait alors senti son cœur fondre, avait posé sa baguette magique et lui avait rendu son baiser. Et depuis ils ne s’étaient plus quittés

***

AEV 2021-25 Anne J Fée en colèreTrès loin de là, la fée Reine sort de son bureau, elle vient de lire la lettre incendiaire que les parents d’Artémise lui ont adressée et elle ne sait plus que faire : aucune nouvelle de la fée marraine depuis huit jours et aucune idée pour partir à sa recherche. Ella a tout essayé ; en dernier recours elle a même mis le chien Rantanplan sur la piste : peine perdue, le chien s’est roulé dans la robe couleur de lune qu’on lui avait donné à renifler, a bavé comme un fou dedans.

Un désastre…

Qui va venir au secours de la fée Reine ?
Vous le saurez dans le prochain épisode !

6 avril 2021

Ce jour-là / La Licorne

AV_2021_25_La_Licorne_1_pluie_sur_les_carreaux

Ce jour-là
Il y avait des orages
Les gouttes pleuraient sur les carreaux

Une atmosphère de tombeaux...
Je me casse avec l'auto...

Oublier ma vie,
Tout ce cinéma,
Qui me pompe...
Qui me pompe...

Sur la route, il y avait des arbres :
ah...c'est haut...!
Par-dessus, il y avait des oiseaux :
que c'est beau !

Dans la campagne,
Des vaches poursuivant des taureaux :
...ça, c'est chaud !
Un arc-en-ciel par-dessus le toit :
La joie...

AEV 2021-25 La Licorne 2 arc-en-ciel

Le soir, le charme de la lune...
Une nuit d'extase...

La montagne, les coteaux...
Dans ma chambre d'hôtel,
J'aperçois
Une petite phrase
De Rimbaud

C'est beau, c'est beau...

AEV 2021-25 La Licorne 3 phrase de rimbaud

Antoine qui t'invite...
A son logis.
Merci !

Le château, les bougies...

L'ami Louis et son vieux vin
La poule au pot...
Les rires et les amis rigolos

Instants vécus
Comme un cadeau.

AEV 2021-25 La Licorne - bougies-décoratives

Ce jour-là, il y avait tout...
Le doute et le rêve
Ce jour-là, il y avait tout
C'est fou !


P.S. Seules les deux premières phrases devaient être construites avec les mots donnés... mais comme j'aime bien les contraintes "fortes", j'ai un peu compliqué l'affaire et j'ai écrit un texte en utilisant exclusivement (ou presque) les mots de la chanson.

Mots "ajoutés" : "hôtel", "comme", "cadeau"... et quelques articles...ou petits mots...

30 mars 2021

Rubrique Cinéma / Jean-Paul

AEV 2021-24 JK Corinne MasieroNotre compatriote Corinne Peaudane a reçu le César du meilleur costume à la cérémonie de remise des prix d'art cinématographique présidée par Sa Majesté le roi de carreau, le Sire César en personne.

Le jury a particulièrement apprécié les taches de sang sur le costume, mises là pour protester contre les horreurs commises sur ses épouses par l’infâme Roman Barbe-bleue.

Notre compatriote Corinne Peaudane a reçu par ailleurs le prix d’interprétation féminine pour sa composition de Mme Groseille dans « Le Conte de fées n’est pas un long fleuve tranquille ».

Pour assurer ce rôle convenablement Corinne a suivi des cours de patois picard pendant un an auprès de M. Cafougnette.

Notre compatriote Corinne Peaudane continue de creuser dans la même veine charbonneuse puisqu’elle a débuté le tournage de «Bienvenue chez les ch’tis nainnains» sous la direction de la réalisatrice nordiste Blanche Neiche.

11 mai 2021

Les Mots singuliers sans pluriel / Maryvonne

 Les mots invariables au pluriel ont cela de particulier qu'ils sont tout à fait singuliers.

Pour peu que nous ayons l'esprit différent au moment où l'on cherche à les employer ils peuvent faire des sorties de route et nous entraîner sur des chemins de traverse.

Par exemple, me voilà d'humeur vacancière, le nez au vent, l'âme voyageuse, je suis attirée par : pare-brise, lève-tard, nu-pieds, Paris-Brest, Aller-retour.

Si c'est la malhonnêteté qui me tente, même si c'est casse-gueule, j'irai faire un hold-up ou un fric-frac sans oublier mon pare-balles car par ouï-dire on n'est jamais trop prudent.

Si c'est juste un petit dérapage bon-enfant du genre dessous-de-table évitons tout simplement d'en faire-part en se croyant malin.

Si vous êtes un vieux jean-foutre libidineux, chaud comme un allume-gaz, votre regard coquin se braque sur : « dessus de lit, dos d'âne, boute en train » et si vous avez trouvé le bon clic-clac un genre d'aller-retour particulier.

Si vous êtes une cuisinière, vous remarquerez de suite : le demi-sel, le compte-gouttes, l'emporte-pièce, le garde-manger, le Paris-Brest et si possible le client avale-tout.

Voyez comme les mots nous mènent par le bout des yeux, Ils sont nos porte-parole, nos véhicules à phantasme. A leur vue notre compte-tours s'emballe jusqu'à nous mener du coq-à-l'âne ou dans le « no man's land » du surréalisme. Ils sont aujourd’hui notre récréation.

AEV 2021-30 Maryvonne - magritte-lair-et-la-chanson-1962-1024x693

1 juin 2021

Consigne d'écriture 2021-33 du 1er juin 2021 : Au bord du Maroni

Au bord du Maroni

 

Nous sommes au bord d’un fleuve ou d’une rivière. Ecrivez ce que vous voyez, entendez, pensez et ce dont vous vous souvenez.

Ecrivez sur votre perception des fleuves et des rivières en évoquant (ou imaginant une fiction à partir de) vos souvenirs de résidence, voyage, balade, navigation, baignade, pêche, noyade, sauvetage au bord de l'eau courante.

Consigne tirée du livre "Le Goût des mots" d'Odile Pimet. - Matoury : Ibis rouge éditions, 2004 (P. 75)

210516 285 010

8 juin 2021

Souvenirs de l'Aube / Laura

Cannelle est née dans une clinique comme beaucoup de personnes mais sa maison, enfin la maison de ses parents (puisqu'il y a quelques années, ils lui ont interdit d'y rentrer,  elle ne sait toujours pas pourquoi) est sise dans l'Aube (du nom de la rivière qui traverse ce département) à quelques centaines de mètres du canal de la Haute-Seine.

Que ce soit pour aller faire des courses ou aller en ville, à son collège et lycée, elle traversait le canal. Par contre, elle n'a jamais mangé au bord du canal bien qu'il y ait un restaurant depuis quelques années sur le canal. De toute manière, on ne faisait pas ce genre de choses dans sa famille. Aujourd'hui où, partout, on se réapproprie les quais, il y a peut-être plus de choix et puis c'est la mode des terrasses même dans les régions comme la sienne où la météo n'est guère clémente. Cannelle est donc née dans une ville d'eau même si on dit plutôt ça pour des villes de cure.

Cannelle est d'un signe d'eau et aime l'eau : la regarder et même marcher sous et dans la pluie qui est abondante dans sa région d'origine et souvent l'Aube déborde. Les champs inondés sont un paysage courant au printemps et à l'automne dans l'Aube.

AEV 2021-34 Laura - Canal de la Haute Seine

 

14 septembre 2021

Consigne d'écriture 2122-02 du 14 septembre 2021 : Agenda du presque poète. 1

Agenda du presque poète. 1

 

Voici quatre consignes relevées dans "L'Agenda du presque poète" de Bernard Friot.
Faites en ce que vous pouvez.
La 1 et la 2 qui concernent le contenu peuvent être mélangées à la 3 et la 4
qui sont des indications de forme.

Consigne 2122-02 L'Agenda-du-presque-poete

 

1)      Agenda du presque poète (Bernard Friot) (29 avril)

Lisez ce poème de Christophe Tarkos

Trois

Le Trois est quoi
Le Trois est trois capitaines
Le Trois est roi
Les Trois est ce qui s’approche le plus
Le trois est toutes ses homophonies
Le Trois début
Le Trois toi
Le Trois est le nombre trois
Le Trois est un son pur
Le Trois est un pot
Le Trois a tout son sens
Le Trois est un pot posé
Le Trois est un don du ciel
Un Trois en l’état
Lumineux

Et pour vous, le Un, le Deux ou le Huit, le Neuf, le Vingt, c’est quoi ?

 

2)      Agenda du presque poète (Bernard Friot) (17 avril)

Créez des métaphores en rapprochant un mot de la liste A et un mot de la liste B. Vous pouvez procéder en deux étapes en créant d’abord une comparaison (comme, tel) puis en supprimant le mot de comparaison

Nuit Gémissement
Iceberg Natte
Ciel Miel
Cuvette Dessins à la craie
Fauve Rire
Chiffre Paume
Source Poème
Nœud Rumeur
Béton Parking
Logiciel Blancheur
Cuisse Obus
Horloge Plaisir
Accord Caisse

 

3)      Agenda du presque poète (Bernard Friot) (12 mai)

Préparez une bande de papier de 5 centimètres de large environ. Prenez-la dans la hauteur. Ecrivez en commençant par le bas. Oui, changez le sens habituel de l’écriture.

 

4)     Agenda du presque poète (Bernard Friot) (6 mai)

Ecrivez un texte qui s’inscrit dans ces trois carrés

2122-02 Consigne 4 Trois carrés

14 septembre 2021

Agenda de presque poète / Eliane

2122-02 Eliane - dessin-craie-fb-5f6872a4a5ce5

Un gémissement se fait entendre dans la nuit.

D'où vient-il et pourquoi ?

Sur le logiciel, un dessin à la craie,

Un accord sur le poème et il devient chanson.

Le fauve roux s'approche de la source de miel,

La blancheur du ciel ferme mes paupières.

Dans la source fraîche l'eau qui chante devient rire

Et l'iceberg, tel un obus s'approche du navire.

Une cuvette et une natte sont le seul mobilier de sa case.

Des chiffres dans une paume. Un n° de téléphone. Une promesse.

Il se tape sur les cuisse du plaisir de la revoir bientôt.

Le bruit des clefs tombant sur le béton dans le parking
Enfle tel une rumeur que l'horloge égrène.

6 octobre 2021

Consigne d'écriture 2122-05 du 5 octobre 2021 : Parler c'est vivre

Parler c'est vivre

 

Nous sommes chez le ou la psy. D’ailleurs c’est vous qui tenez le rôle du ou de la disciple du Dr Freud et allez accoucher le patient.

La personne qui est venue vous consulter est une célébrité (politique, artistique, historique, etc.) d’aujourd’hui ou d’hier, réelle ou fictive.

Voici un premier choix très subjectif mais vous pouvez choisir ailleurs que dans cette liste la personne que vous souhaitez allonger sur votre divan.

Tintin - Brigitte Macron - Luke Skywalker - Marcel Proust - Laure Manaudou - Napoléon Bonaparte - Le chevalier Ajax - Isaure Chassériau - La Vénus de Milo - Arthur Rimbaud - Blanche-Neige - Landru - La maman du Petit Poucet - Le Manneken Pis - Jésus-Christ – Athéna - Léonardo Di Caprio - Cendrillon - Dominique Strauss-Kahn - Anne Sinclair - Brigitte Bardot - Charlène de Monaco - Bouddha - Jacques Brel - Don Camillo - Le prince Charles - James Bond - La Schtroumpfette - Fabrice Luchini - Arielle Dombasle.

Et voici une liste de motifs de consultation établie en 1997 par Claude Halmos dans son livre «Parler c’est vivre».

La jalousie Les juges pour enfants
Je me trouve moche J’ai une sœur ou un frère adoptif
Mes parents divorcent, tout va bien Veuve à trente ans
Je hais mon frère ou ma soeur L’un de mes parents est homosexuel
Annoncer son homosexualité à ses parents J’ai élevé les enfants de mon mari
Mon père n’était pas mon père Je vis avec un alcoolique
L’adoption J’ai vécu une grave crise d’adolescence
Le stress de la rentrée Mon enfant ne parle pas
Je suis nul·le pour me vendre J’ai peur quand je suis seul
J’ai été souffre-douleur Ma totote, mon doudou, mon ninnin
Les têtes de turc à l’école Les rapports père-fille
La dyslexie Se marier sans l’autorisation de ses parents
Je suis la fille de mon prof Mes enfants ne se supportent pas
L’arrivée du deuxième enfant Un bébé sur le tard
J’ai mes parents à la maison J’ai vécu avec un mythomane
J’ai dû faire piquer mon animal J’en veux à ma belle-mère
Mon enfant est insomniaque J’ai été placé dans un hôpital psychiatrique
Papa malgré soi L’éducation sexuelle à l’école
Un accident a changé ma vie Les maniaques de la propreté
Mon enfant ne mange pas Les rapports père-fils
Avoir un petit dernier Je vis avec un homme plus jeune que moi
Les gauchers contrariés La paranoïa
Je n’ai pas d’amis L’hypocondrie
Les menteurs J’ai découvert mon père à l’âge adulte
Les chouchous Je hais les vacances
J’ai encore fait pipi au lit Les complexes
Elevé par ses grands-parents Je ne peux rien jeter
Les rapports mère-fils Les narcissiques

Racontez la séance sous forme de questions-réponses ou d’un monologue du consultant ou de la façon que vous voulez.

2122-05 Consigne - Parler-c-est-vivre

5 octobre 2021

Psychanalyse d’Arielle Dombasle / Dominique H.

- Voilà, je viens vous consulter pour un motif qui va vous étonner mais aussi parce que vous avez la réputation d'être silencieux... et comme moi, j'aime bien parler et que j'adore qu'on m'écoute, nous devrions bien nous entendre.

Néanmoins, si le transfert ne se fait pas - c'est bien ainsi que vous vous exprimez dans votre jargon, n'est-ce-pas ? - si le transfert ne se faisait pas, disais-je, nous nous quitterions cependant bons amis, puisque je vous aurai payé. Nous serons donc quittes quoi qu'il en soit.

2122-05 Dominique - Arielle_Dombasle_By_Era

J'en arrive à la raison qui m'amène. Avant de vous la dire, je tiens à vous préciser que j'ai reçu une éducation religieuse qui m'a formatée quelque peu. D'ailleurs, je suis toujours croyante, à ma façon.

Je me suis déjà allongée précédemment chez deux autres de vos confrères, deux hommes, car je préfère les hommes. La première cure a été très efficace puisqu'elle m'a libérée de ce poison qu'est la culpabilité si bien que maintenant je ne fais plus de péchés, je suis en état de grâce perpétuel. La deuxième cure a échoué et c'est cet échec qui m'amène à me confier à vous. Vous me permettrez de taire le nom de votre confrère afin d' éviter de parasiter le travail que nous allons faire ensemble.

Avant de commencer, j'ai une demande particulière à vous formuler. Vous m'avez invitée à m'allonger alors que vous êtes assis derrière le divan. Je ne vous vois donc pas et c'est bien ainsi, je me sens plus libre de m'exprimer. Alors, je voudrais que vous fermiez les yeux pour que vous ne soyez pas perturbé par mon aspect extérieur, que vous puissiez vous consacrer à ma seule psyché. Je sais l'effet que mon physique provoque chez l'autre, en particulier chez les hommes, et je ne voudrais pas que votre attention flottante vous amène à dériver vers je ne sais quel fantasme. Je veux seulement que vous m'écoutiez. Certes ma diction, empreinte paraît-il d'une certaine préciosité, peut aussi troubler mon interlocuteur, j'en suis consciente, mais il faut bien que j'existe, je lutte déjà tant pour que ma silhouette s'impose !

Après ces préalables nécessaires, j'en arrive à mon motif de consultation que je pourrais résumer en une phrase courte : « je suis nulle pour me vendre ! ». Pourquoi toussez-vous ?

La religion me poursuit. Mon cerveau, ou plutôt mon âme, est submergée d'injonctions contradictoires. Ainsi, durant ma petite enfance, ma mère m'enjoignait de faire minutieusement ma toilette avant de prier. Elle m'a inculqué aussi que la coquetterie était une forme de politesse envers son prochain, que c'était un devoir d'être agréable à regarder.

Voyez où cette injonction maternelle au nom de Dieu m'a conduite et je vous l’avoue avec autant d'amertume et de colère que de honte, j'en suis arrivée aux injections de collagène dans la lèvre supérieure. Quand j'étais sur le fauteuil du chirurgien plasticien qui me susurrait que j'allais retrouver la moue pulpeuse de ma jeunesse, dans mon âme, la flamme vacillante d'une petite bougie s'allumait et la voix de mon surmoi me répétait : «  Les apparences extérieures ne comptent pas pour Dieu, la valeur suprême est la sincérité ! ». Et je suis d'accord, j'adore la sincérité ! J'adore me raconter sur les plateaux de télévision ! Alors pourquoi ai-je laissé ce chirurgien me trafiquer et finalement me défigurer ? Je suis très malheureuse, j'ai perdu mon authenticité, je suis vraiment nulle pour me vendre ! 

- Je vous ai écoutée, Madame, en fermant les yeux. Je vous ai entendue et nous allons arrêter la séance sur cette phrase « je suis nulle pour me vendre». Pour votre apaisement immédiat, je vous propose de vous montrer douée pour me payer : ce sera 300 euros. » 

12 octobre 2021

Consigne d'écriture 2122-06 du 12 octobre 2021 : Cinq images pour une histoire

Cinq images pour une histoire

 

Ce jeu se joue avec deux dés. Lancez-les.

Le premier jet détermine qui sera le personnage central de votre histoire :

2 Un lutin (korrigan?) muni d’une lance 3 Un géant bien baraqué 4 Une sorcière à cheval sur son balai 5 Une fée avec sa baguette magique 6 Une paysanne à tablier bleu 7 Un jeune roi avec son sceptre 8 Une princesse 9 Un adolescent en baskets et casquette de rappeur 10 Un grand échalas tout maigre 11 Un chevalier avec son épée 12 Un écolier avec son cartable sur le dos

2e jet : Votre personnage se rend ou se trouve ici :

2 Dans un jardin 3 Dans un grenier 4 Dans une grotte 5 Dans un château fort 6 Sur une route de montagne 7 Sur une plage 8 Dans une cave 9 Dans une école 10 Dans un hôpital 11 Dans une chaumière 12 Dans une rue d’une grande ville

3e jet : Il y découvre un objet magique qui parle et est en manque de quelque chose :

2 Un casque de pompier 3 Une guitare 4 Une baguette 5 Une fleur 6 Un poisson rouge 7 Un livre
8 Une paire de bottes 9 Un parapluie 10 Un couteau 11 Une clé 12 Un crayon

4e jet : Expliquez pourquoi et comment ça oblige le personnage à prendre ensuite

2 Le bateau 3 Le train 4 Une fusée 5 Une montgolfière 6 Une moto 7 Un vélo 8 Un avion 10 Un paquebot 11 Un camion de pompiers 12 Un carrosse

5e jet° : Sachant que dans la suite de l’aventure interviendra...

2 Une baleine 3 Une chauve-souris 4 Une grenouille 5 Un dragon 6 Un perroquet 7 Un éléphant
8 Une poule qui pond 9 Un chat 10 Une araignée 11 Un cochon 12 Un pingouin

… racontez-nous une belle histoire avec tout ça !

Si votre imagination n’est pas suffisamment débridée par l’attribution de ces cinq éléments, vous avez toute liberté d’utiliser d’autres des éléments mentionnés ci-dessus pour nous concocter un joli petit conte déjanté pour les enfants petits et grands !

On vous offre même un fantôme, une sirène et un ogre en prime !

 Images pour conte MAB 01 princesse

 Images pour conte MAB 02 montagne

 Images pour conte MAB 03 livre

 Images pour conte MAB 04 avion

 Images pour conte MAB 05 crapaud

Illustrations de Maïck conteuse 

12 octobre 2021

Rayez la mention inutile ! / Jean-Paul

Images pour conte MAB 01 princesse

 Il était une fois, il y a bien longtemps, juste après ce qu’on a appelé «la fin du monde», une princesse qui avait survécu - au cataclysme - au cataplasme - à la catastrophe. *

 Elle s’appelait - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *

Images pour conte MAB 02 montagneElle habitait un pays appelé - la Suisse – le petit suisse – le Sussex * qui était resté - neutre – neutron – feutrine * pendant les hostilités mais s’était quand même pris - une bombe A– un bombyx – une bombarde * sur le coin du - museau – Musso – Placid et Muzo *.

La Suisse est un pays plein de - montagnes – de montagnettes – de montures de lunettes *.

En ces temps - post-apocalytiques – post appeau-catalytique - pause tape-eucalyptus *, il continuait de pousser, le long de ses jolies routes - des arbres à plaques de chocolat - des arbres à came – des dames aux camélias *.

La princesse était peut-être désormais - la dernière habitante du monde – la dernière abonnée du journal « Le Monde » - la dernière habitude de revenir un peu ronde - des cocktails d’ambassade – des coqueluches de temps maussade – des coquecigrues d’embrassades sur le - museau – Musso – Placid et Muzo.

 ***

 Un jour qu’elle s’en allait cueillir du chocolat, - Punkette replette – Broque et pébroque – Paulette rondelette * entendit - une voix douce – une voie d’eau – une voie royale – qui - l’interpellait – qui l’interpolait – qui l’enterre soupe au lait *.

 - Hep ! - Mademoiselle – Mademoisissure – Madame oiseuse *!

 Elle ne voyait - personne – persane – perspicace * mais la voix reprenait :

 - Hep ! - Jolie princesse – jauni pince-fesses – Johnny rince-nièce * !

 Cela venait de - dessous un buisson – de dessous le boisseau – de très soûles boit-sans-soif *.

 Images pour conte MAB 03 livreElle écarta - les feuilles – les deuils – les oeils * et découvrit un vieux - bouquin – bouquetin – bouc teint *. 

En agitant - ses pages – ses plages – ses aréopages *– il - s’énervait – s’énervurait – ses nervis raturait *.

 - Enfin, vous daignez - m’écouter brouillonne – me brailler les coudes – me brouiller l’écoute * !

 - Quelle mutation - bizarroïde – polaroïde – hémorrhoïde * est-ce donc là ? demanda-t-elle. Vous êtes un livre et vous – parlez – partez - pardonnez * ?

 - Je suis le livre du Grand Tout. - Je sais tout - je sèche tout - je sexe tout * sur la vie - secrète – secrétaire – Saint-Nectaire – nain sectaire * des écrivains.

 - Oh moi, vous savez, lui répondit - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *, - la littérature- la laitue ratée - la ruralité tue *, je lui ai toujopurs préféré une bonne série sur - Netflix – Netfisc – Netflic * !

 - C’est pourtant bien un - écrivain – écriteau – échevin * que vous devez aller trouver si vous voulez que la planète soit - repeuplée – roploplo – heureux peuplier *!

 - Il reste donc d’autres personnes que moi-même sur la - planète – panière – pas nette *?

 - Oui mais il faut vous - dépêcher – dépêtrer – Depléchin *. L’écrivain est – désespéré - désexpertisé - des esplanadé *. Il ne sait pas que vous existez et que la vie peut – recommencer – recommander - recommenter *.

 - Où est-il ? - Où perche-t-il ? - Où persil ? *

Images pour conte MAB 04 avion - Il habite dans - une île - une presqu’île - un exil *. On ne peut y aller qu’- en avion -en aviron - en amidon *.

 - Ca tombe bien, en Suisse on a l’habitude de monter des cols durs et il m’en reste un paquet à la maison.

 - De quoi donc ?

 - De l’amidon - de l’ami doux - de l’âpre mildiou*. Vous avez le GPS – incorporé - un porc goret - encore paumé * dans votre - avion – aviron – amidon *?

 Le - bouquin – bouquetin - Louboutin * se mit à tripler de - volume – volute – vol UTA -volupté * et il ressemblait maintenant à un joli tapis volant ne manquant pas de - caractère – phylactère – Natacha hôtesse de l’air *.

 - Installez-vous - dans la rainure – dans la nervure – dans la rainette *.

 ***

Jeu 69 de La Licorne cornette

En fait d’île, c’était - l’Angleterre – l’angle obtus – le triangle des Bermudes * dans lequel le temps du voyage disparaît. Le livre la déposa sous l’horloge de - Big Ben – Big brother – Bygmalion * dont il ne restait plus que la moitié.

 - Il est où, - l’écrivain – l’écrivant – l’écrivaillon * qui va me - repeupler – repalper - repieuter * le monde pour assurer - le futur – le futé – le futile *?

 Images pour conte MAB 05 crapaud- Je suis là, dit un gros crapaud vert et - pustuleux – postulant – pestilentiel * qui se mit à grossir jusqu’à avoir taille - humaine – humide – humoresque *. Embrassez-moi sur le - museau – Musso – Placid et Muzo * et je me transformerai en prince - charmant – charmille -char d’assaut *.

 - Hé ho ! protesta - Punkette replète – Broque et pébroque – Paulette Rondelette *. Je ne mange pas de ce - pain-là – tapin-là – topinambour-là *!

 - Comment ? s’offusqua le livre du Grand Tout. Vous ne voulez pas redonner apparence humaine à - Guillaume – Guilledou – Gui l’an neuf * ?

 - Non ! Et elle tourna - l’étalon – le hongre – la jument *.

 ***

 - C’est la dernière fois que j’utilise une Suissesse comme personnage d’un de mes romans ! La vie n’est décidément pas un conte de - fées – méfaits – contrefaits *, se jura l’auteur du best-seller en inscrivant le mot « Fin » au bas de son - parchemin – porcherie - percheron *. 

* Rayez la mention inutile !

12 octobre 2021

Plus d’un tour dans ses bottes ! / Maïck conteuse

Maïck - Plus d'un tour dans ses bottes

Uriell, une fée Libellule, Elfe de la forêt profonde, se déplace gracieusement d’arbre en arbre. Elle volette de-ci, delà, saluant au passage, qui, Mme écureuil, là, Mr Pivert, ou encore, ici, Mademoiselle Mulot. Elle s’arrête pour un dire petit mot à tous ceux qu’elle connaît. D’ailleurs comme elle les connaît tous, elle n’avance pas très vite.

Pourtant, il faut se dépêcher, elle doit arriver à l’heure sur l’île d’Avalon, avant le coucher du soleil. Là, débute le rassemblement annuel des fées. Elle ne doit en aucun cas arriver en retard sous peine de … Brrr ! Elle préfère ne pas y penser : certaines de ses consœurs peuvent être très imaginatives dans leur cruauté !

Enfin, elle s’élance pour traverser le lac, au travers de la brume blanche.
Alors qu’elle émerge de ce profond rideau, du coin de l’œil, elle aperçoit un canoë, sur la grève de l’île.
Bizarre, il ne devrait pas y avoir d’humain à cette heure et surtout à cet endroit-là.
Puis au pied d’un arbre, une paire de bottes.

Elle s’approche, tourne autour, se pose sur le bord mais le cuir, trop souple, s’affaisse, s’effondre sous elle et la voilà tombée au fond de la botte.
Bouh, quelle odeur ! Elle remonte vite fait et ressort en secouant ses ailes.
Elle reprend ses esprits sur une branche de l’arbre. Vite elle n’a plus le temps !

Mais en s’envolant, elle voit sortir de la botte…oh ! Une autre fée Libellule !
Bon, pas le temps, elle file comme le vent. Mais l’autre la suit !
Elle fait volte-face pour éclaircir le mystère. Elle se trouve face à sa jumelle ! Ah ça ! Elle revient aux bottes. La jumelle se pose alors sur le rebord en cuir, qui s’effondre et… Deux fées jumelles en ressortent !
Voilà que l’une d’elle s’effondre aussi et pouf deux autres fées libellules … Et il en sort encore et encore !

Uriell ne sait plus quoi faire, ses pauvres petits sortilèges sont impuissants face à ce mystère. Elle s’envole alors vers le lieu de la rencontre des fées. Mais toutes les jumelles la suivent et c’est une nuée de fées Libellule qui arrive au milieu de l’assemblée. Bientôt toutes les fées se retrouvent entourées de milliers de fées libellules qui piaillent comme des oiseaux et semblent ne pas avoir de cervelle, pas de pouvoirs féeriques !

Les fées d’Avalon essaient tous leurs sortilèges, transformant les fées clones en tout ce qui leur vient : abeilles, mouches, scarabées, chats, chien, biches, serpents, sangliers, cerfs… et bientôt c’est une véritable invasion qui s’empare de l’île. Ça n’en finit pas car il y a toujours une fée clone qui sort de la botte.

Uriel ne pense qu’à fuir cette île envahie et fuir la colère de ses consœurs.
Elle s’envole comme une fusée vers le lac. Arrivée face au canoë, elle voit arriver un jeune homme qui court comme un dératé, pieds nus, poursuivi par une horde d’animaux. Elle se cache sous le banc.

Lui saute sur le canoë, s’empare de sa rame et s’agite comme un fou pour sortir de ce cauchemar. Finalement, malgré la brume épaisse, il atteint la rive opposée. Uriell sort de sous le banc, évite de peu un coup de rame.

Ouf, elle reprend son souffle, se retourne et … stupeur ! Il n’y a plus rien !
Eh oui ! Les sortilèges prononcés sur l’île ne peuvent traverser le lac. Elle le sait pourtant.

Songeuse, Uriell s’éloigne. Que s’est-il passé ? Tout à ses pensées, elle heurte une chouette, perchée sur la branche d’un chêne, immobile, tournée vers Avalon.

- Eh bien ! Il semble bien s’amuser ! »

La fée Libellule n’en croit pas ses oreilles, qui peut bien s’amuser comme ça, aux dépens des fées ?

- Devine… Qui peut mettre des fées en échec ? Merlin bien sûr ! Il ne faut pas lui en vouloir, il s’ennuie tellement depuis qu’il est enfermé là. Et en plus, ça ne lui déplaît pas de jouer un tour à sa fée-geôlière, Morgane. Ce n’est pas bien grave, ce n’était qu’un jeu ! »

- Mais le jeune homme ?

- Où ça, un jeune homme ? Où l’avez-vous vu ?

- Mais sur le canoë, et les bottes, ce sont les siennes, il était pieds nus !

- Ah, lui, il n’existe pas, ce n’est qu’un leurre, pour semer la confusion chez les fées. »

Soudain suspicieuse, Uriell demande :

- Mais comment savez-vous tout ça, vous, la chouette ? 

La chouette ne répond pas, elle s’envole vers le lac, et, se posant sur l’île, reprend sa forme initiale… MERLIN !

16 novembre 2021

Consigne d'écriture 2122-09 du 16 novembre 2021 : Récit modianesque

Récit modianesque

 

 

Servez-vous des éléments ci-dessous, extraits du dernier roman de Patrick Modiano, "Chevreuse", pour écrire une nouvelle qui parle d’une période révolue ; vous pouvez aussi utiliser une ou plusieurs des images publiées sous ces éléments.

Incipit du roman :

Bosmans s’était souvenu qu’un mot, X, revenait dans la conversation. [X est le nom d'un lieu de votre choix]

Incipit des chapitres :

X. Ce nom attirerait peut-être à lui d’autres noms, comme un aimant.

À la sortie de X., un tournant, puis une route étroite, bordée d’arbres.

Un début d’après-midi, Bosmans décida de sonner à la porte de l’appartement.

Dans la rue, il déplia le papier qu’elle lui avait tendu. Il y était écrit : Kim 288.15.28.

Il accompagna encore deux ou trois fois Camille à ses rendez-vous de Saint-Lazare avec Michel de Gama.

Il était impossible à Bosmans, après plus de cinquante ans, d’établir la chronologie précise de ces deux événements du passé :

Camille Lucas dite « Tête de mort »
Michel de Gama – Guy Vincent – hôtel Chatham
Martine Hayward Auberge du Moulin-de-Vert-Cœur
(près de Chevreuse)
Maison de la rue du Docteur-Kurzenne
René-Marco Heriford (Appartement d’Auteuil)
AUTEUIL 15.28 (« le réseau »)
Rose-Marie Krawell

À certains moments de la journée, il en riait lui-même et dressait une liste de titres de romans qui traduisaient son état d’esprit :
 – Le Retour des fantômes
– Les Mystères de l’hôtel Chatham
– La Maison hantée de la rue du Docteur-Kurzenne
– Auteuil 15.28
– Les Rendez-vous de Saint-Lazare
– Le Bureau de Guy Vincent
– La Vie secrète de René-Marco Heriford

Dans l’agenda à la couverture de cuir vert, cet agenda dont on ne pouvait pas savoir l’année, la plupart des pages étaient blanches.

Dernière phrase :
Un avion glissait en silence dans le bleu du ciel et laissait derrière lui une traînée blanche, mais on ne savait pas s’il s’était perdu, s’il venait du passé ou bien s’il y retournait.

Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir

Agnès de Clairville - La Gacilly 2000-07-14 01

Agnès de Clairville - La Gacilly 2000-07-14 02 morriganes

Bernard Bouin

 Agnès de Clairville - Morriganes 1

 Agnès de Clairville - Morriganes 2

 Bernard Bouin - Sans titre

Berthe Morisot - Intérieur à l'île de Wight

Mathurin Méheut - A l'ombre des platanes

Sylvain Buffile - Galerie Visconti 1989-06-03

 Berthe Moriset - Intérieur à l'île de Wight

 Mathurin Méheut - A l'ombre des platanes

 Sylvain Buffile - Sans titre

Sylvain Buffile - Galerie Visconti 1994-06-03

X - la Dame aux hortensias - Rêverie

Yvon Labarre - Cérémone du souvenir 1986

 Sylvain Buffile - Sans titre

 X - La Dame aux hortensias

 Yvon Labarre - Cérémonie du souvenir

Xavier de Langlais

Christian Lebon - L'Irlande ou Les Musiques de l'âme (livre de Pierre Joanon)

Clairin - Pensées secrètes

 Xavier de Langlais - Visage pensif

 Christian Lebon - L'Irlande  ou les Musiques de l'âme (livre de Pierre Joanon)

 Clairin - pensées secrètes

Clergé - Le Clown (1991)

Renoir - Le Moulin de la galette (détail) 

Elise Rebiffé - La Gacilly 2000-07-14 01

 Clergé - Le Clown

 Renoir - Le Moulin de la Galette (détail)

 Elise Rebiffé - Les fées m'ont dit 1

Elise Rebiffé - La Gacilly 2000-07-14 03

Henri Matisse - Le Goûter (golfe de St-Tropez

Kretz - Autoportrait (1979)

 Elise Rebiffé - Les fées m'ont dit 2

 Henri Matisse - Le Goûter (Golfe de St-Tropez)

 Kretz - Autoportrait (1979)

Jean-Louis Guitard - Arbres (Galerie Visconti 1994 11 30)

Jean-Louis Guitard - Noir et blanc (Galerie Vekava 2000 04 20)

Jean-Louis Guitard - Oeuvres récentes (Galerie Visconti 1998 10 10)

 Jean-Louis Guitard - Arbres

Jean-Louis Guitard - Noir et blanc 

Jean-Louis Guitard - Sans titre 

 

5 octobre 2021

99 dragons : Exercices de style. 65, Lacanien / Jean-Paul

La psychanalyste fait entrer la cliente n° 1.

- Entrez, Votre Majesté ! Qu’est-ce qui vous amène, princesse Charlène ? Installez-vous sur le divan, je vous écoute.

- J’ai dû faire piquer mon an(im)al de compagnie !

- Ce sont là des choses qui arrivent. Il était sans doute vieux et malade ?

- Pas du tout ! Il pétait la santé et la chaîne qui le retenait attaché au mur du château. Il était plein d’appétit et c’est pour ça qu’il a fallu l’abattre, Désir.

- Désir ? Votre chien s’appelait Désir ? Ça alors ! Vous n’avez jamais songé à consulter un psychanalyste ?

- Qu’est-ce que je suis en train de faire, docteur, selon vous ? Ce n’était pas un chien. Quand Désir a brisé sa chaîne, rien ni personne n’a pu l’arrêter.

- Je prends sur moi de vous interrompre : tout cela me semble normal. Qu’a-t-il fait ensuite ?

- Il a commencé par s’envoyer quelques brebis.

- C’est un bouc ? Vous êtes une émule d’Esméralda ?

- Connais-pas. Les propriétaires n’ont pas été contents alors ils sont venus trouver mon père, le roi, en son château.

- Votre Désir était donc enragé pour qu’ils viennent quérir de l’aide au sommet de l’État ?

2021-10-01 - 285 6

- Avec le temps mon dragon était devenu haut comme une maison. Papa a voulu envoyer sa soldatesque pour le capturer ou l’occire mais mon Désir crachait du feu alors ils se sont tous dégonflés.

- Sans vouloir être triviale, se dégonfler, c’est normal aussi pour un soudard (sous-dard) ! Et alors ?

- Mon Désir était devenu fou. Voilà qu’il réclamait maintenant de la chair fraîche d’humain ou d’humaine.

- Et alors ?

- Alors on a appelé le véto !

- J’en reste interdite ! Et donc ?

- Et donc, à cause de ce Dr Saint-Georges, mon Désir est mort. D’une piqûre. Mais il fallait voir la taille de la seringue ! Carrément une lance ! Une rose a poussé dans son sang et moi, depuis, je me blesse à ses épines !

- Sans commentaire. Je ne comprends pas. Vous ne pouvez pas entreprendre un travail de deuil ?

- Ce n’est pas ça. La bête est morte, n’en parlons plus. Mais moi je suis tombée amoureuse du vétérinaire !

2021-10-01 - Nikon 19

- Eh bien ? Offrez-lui de partager votre vie, son vit, sa lie ou votre lit avec lui ! C’est si compliqué que cela pour une princesse de séduire un chevalier ? N’étiez-vous pas la récompense offerte au héros en échange de ses bons et loyaux sé(r)vices de mercenaire débarrasseur de nuisibles ?

- Non mais même si cela avait été je crains que rien n’en eût été changé : j’ai l’impression que Saint-Georges n’a pas appris l’éducation sexuelle à l’école !

- Dans l’église catholique ? Avec le nombre de prêtres pratiquant la chose en mode sous-cutané ? Ca m’étonnerait ! Il est peut-être tout simplement timide ?

- Ou homosexuel ? Beaucoup de gauchers contrariés le sont. Ils sont souvent pris comme tête de turc à l’école et après ils ont bien du mal à annoncer leur homosexualité à leurs parents, surtout s’ils détestent leur belle-mère comme Cendrillon ou Blanche-Neige !

- Ecoutez Charlène… Vous me semblez être une jeune femme intelligente, saine , bien pourvue et bien sensée, même si votre histoire de Désir avec une majuscule et de désir avec une minuscule perspective de concrétisation ou de jouissance est un peu confuse. Je pense pour ma part que ce n’est pas à vous de venir vous allonger ici pour me faire part de vos problèmes .

- Qui doit le faire, alors, docteur ?

- Saint-Georges, bien sûr ! Et je crois qu’il me faudrait plus de 99 séances pour guérir ce complexé.

- Vous ne pourrez pas l’avoir comme client : il s’est barré ! Il est reparti pour Rome il y a une heure.

- Mais vous, qu’allez-vous faire ? Que voulez-vous que je fasse pour vous aider sinon vous inciter à faire une croix sur votre Chrétien ? Un type comme ça vous aurait fait souffrir le martyre !

- Mais c’est que je l’aime !

- Alors élancez-vous à sa suite ! Rattrapez-le, mettez-le en prison, martyrisez le vous-même ! Même si je doute que ce soit là la bonne solution.

- Vous feriez quoi, alors, vous, à ma place ?

- J’écrirais le récit de mon amour impossible pour cet homme qui a embrassé la religion et plus si affinités. J’ai déjà le titre du livre : « Veuve à trente ans ! ». Avec le nom que vous portez, ça se vendrait très bien. Il y a là un best-seller potentiel !

- Mais…

- Revenez la semaine prochaine si vous voulez, la séance est terminé. C’est mille dirams. En liquide, s’il vous plaît.

***

La psychanalyste fait entrer le client n° 2.

- Allongez-vous sur le divan, jeune homme ! Dites-moi ce qui ne va pas. Comment ça ne va pas bien aujourd’hui ?

2122-05 Jean-Paul - La fille du professeur

- Je m’appelle Claude Halmos. Je suis la fille de mon prof.

- Vous voulez dire « le fils » de mon prof ?

- Non, non, je veux bien dire et répéter : « Je suis la fille de mon prof »

- Votre père est professeur ?

- Pas du tout, il est coiffeur pour dames.

- Vous avez visiblement un problème d’identité, Claude ! C’est sans doute dû au fait que vous portez un prénom épicène ?

- Epi… quoi ? Et pis quoi encore ?

- Un prénom épicène, comme Claude, Camille ou Dominique, peut-être porté par un garçon comme par une fille.

- Ca n’a rien à voir avec Eléonore, ce que vous racontez !

- Nous y voilà ! Qui est cette Eléonore ? Si vous pouviez entrer dans le vif du sujet au lieu de faire de la résistance en jouant sur les mots ou sur les maux ?

- Si je pouvais entrer dans le vif du sujet je serais le plus heureux des hommes et je n’aurais pas besoin de venir vous consulter !

- Alors cette Eléonore, qui est-ce ?

- C’est la fille de mon prof !

- ???

- Je la suis partout. Je la prends en filature, je suis l’ombre de son ombre, je suis attaché à ses pas, abonné à sa chaîne Youtube, son fil Twitter, son compte Instagram…

- Vous l’aimez ?

- Oui, follement !

- Eh bien… faites-lui des avances !

- Je ne peux pas ! Quand on suit quelqu’un partout on est toujours derrière. Elle ne nous regarde pas, ne nous voit pas, ne peut pas nous voir !

- Eh bien, cessez de la suivre ! Et prenez une autre route pour la croiser, comme ça vous lui ferez face au lieu de regarder ses fesses, effacé, et de vous affaisser davantage.

- Je ne peux pas !

- Pourquoi ?

- Je suis pressé. Je n’ai pas le temps. Je dois décrocher mon bac : quand je ne suis pas la fille de mon prof je suis les cours de son père.

- Faire cours, suivre des cours, faire la cour… Faisons court : ce sera cent euros. Et revenez... quand vous aurez le temps !

***

2122-05 Jean-Paul - L'Evangile au risque de la psychanalyseLa psychanalyste fait entrer le client n° 3 mais elle reste bouche bée, estomaquée. Le client n° 3 n’est autre que Jésus-Christ en personne, descendu de la croix avec ses stigmates et, visiblement complètement ressuscité.

D’autorité, il s’allonge sur le divan et déclare :

- Je viens de découvrir que mon père n’est pas mon père !

La psy se retient de déclarer « Je sais ce dont vous souffrez. Ça s’appelle le syndrome de Luke Skywalker » mais comme il y a des gens ici qui ne connaissent pas encore la saga de Star wars et que Jésus doit en faire partie, elle se tait et s’endort. Sur des problèmes de paternité comme celui-là, il est, de toute façon, difficile de se faire une religion.

9 novembre 2021

Dingé / Maryvonne

Si à l'aide de vos mots je vous parle de la "ville" de mon enfance, vous pouvez y ajouter "âge" pour ville-age car je suis vintage. Il y a si longtemps que s'est déroulé cet épisode de ma vie !

J'avais oublié en partant de mettre de l'antimite et des trous se sont formés dans le tissage des souvenirs.

2122-08 Maryvonne - Dingé 1 réduit

Quand je déroule le film, j'ai le sentiment que l'image a pâli. C'est une petite bourgade dont les maisons de granit sont solidement campées autour de l'église Saint-Symphorien et du monument aux morts. Aujourd'hui elle s'est un peu déniaisée et quelques bâtiments restaurés comme la mairie ont assez belle allure.

Alors que mon père était maréchal-ferrant ma mère tenait un estaminet estampillé «café rouge» en raison de ses opinions politiques tranchées. La bonté et l'efficacité de cette femme remarquable faisait l'unanimité. Elle nous a élevées sainement mais pas saintement. L'immensité de son rejet de la religion était pour nous un amusement. Dans ces petits villages les luttes intestines étaient autour des deux écoles, publique et privée. Il m'était défendu par exemple d'aller au patronage, interdiction que je n'ai pas toujours respectée.

C'est dans cet estaminet que je me suis entraînée au maniement des bouteilles, tire-bouchons et décapsuleurs. Un peu déteinte, l'ambiance reste gravée comme un vieux film dans ma tête.

Les acteurs vont du client préféré au dernier des rastaquouères, des midinettes du dimanche qui minaudent aux joueurs de belote, des chasseurs à l'équipe de foot après le match du dimanche après-midi, des clients de la forge aux cultivateurs et surtout l'inattendu, le client venu d'ailleurs qui nous faisait rêver. Ils étaient de passage, les bohémiens, les forains, les petits cirques et les acteurs de théâtre, mais ils nous apportaient la fantaisie qui nous manquait.

Par contre ceux qui avaient le vin mauvais, les indélicats m'ont immunisée contre ce genre de commerce. Vaccinée anti bistrot, j'ai eu la dose 1,2,3 et 4.

C'est une vie dans ma vie, la parenthèse dingéenne, un monde à part où des êtres humains aux identités variables se croisent autour d'une activité commune : boire un verre ou deux.

Quelle chose étrange quand on y pense et mon enfance est intimement liée à cela.

Ce soir nous voilà 5 clients, grâce à un cocktail de lettres et de mots mélangés, en train de méditer à sec sur l'ambiance d'un estaminet de campagne !

2122-08 Maryvonne - Bar des amis (réduit)

23 novembre 2021

Georges et Anna / Anne J.

2122-10 Anne JAnna Karenine descendit de la calèche et serra sur son nez le cache-nez gris foncé (carrément cafardeux comme couleur !) que lui avait tricoté sa grand-mère. Ce cataplasme de laine qui gratte était indispensable pour calfeutrer la calamité de capote empruntée à la cavalerie qui lui servait de manteau.

Elle venait de rendre visite au beau capitaine Georges Karamazov, au fond de son cachot dans la vieille caserne, et avait constaté que son casse-croûte au caviar avait réjoui son camarade. La canaille avait réclamé une bouteille de vodka et Anna avait sorti de son caftan un vieux catéchisme Il avait hurlé :

- C'est un canular !

Le caporal qui montait la garde avait dévalé l’escalier casse-cou , pointant sur les amoureux le canon de sa carabine , une ancienne kalachnikov et en dévisageant Anna et sa casaque miteuse d'un regard soupçonneux avait ajouté :

- Vous vous croyez où, mademoiselle ? Ce n'est pas carnaval , pas plus qu’ une représentation du Bolchoï ou le ballet de Casse-noisette ! Qu'est-ce que c'est que ce capharnaüm ? Et là, à califourchon sur le lavabo, je rêve ou c'est un cadavre de rat ? Allez ouste ! Dehors ! 

Pourquoi le beau Georges croupissait il au cachot ? Personne ne le savait, certains disaient qu'il avait affiché une caricature de Lénine sur l’arrière de son cabriolet , d'autres que son canasson répondait au doux nom de Potemkine, d'autres encore qu'il avait conduit une caravane dans le désert de Gobi et joué à cache-cache avec les militaires de la frontière…

Quoi qu'il en soit c'est au cabaret qu'Anna allait maintenant rejoindre Tolstoï pour inventer la suite de l’histoire avant de prendre le train pour Vladivostok.

2122-10 Anne J

 

Version avec le mot caché

Anna Kalinkarenine descendit de la Kalinkalèche et serra sur son nez le Kalinkache-nez gris foncé (Kalinkarrément Kalinkafardeux comme couleur !) que lui avait tricoté sa grand-mère. Ce Kalinkataplasme de laine qui gratte était indispensable pour Kalinkalfeutrer la Kalinkalamité de Kalinkapote empruntée à la Kalinkavalerie qui lui servait de manteau.

Elle venait de rendre visite au beau Kalinkapitaine Georges Kalinkaramazov, au fond de son Kalinkachot dans la vieille Kalinkaserne, et avait constaté que son Kalinkasse-croûte au Kalinkaviar avait réjoui son Kalinkamarade. La Kalinkanaille avait réclamé une bouteille de vodKalinka et Anna avait sorti de son Kalinkaftan un vieux Kalinkatéchisme Il avait hurlé :

- C'est un Kalinkanular !

Le Kalinkaporal qui montait la garde avait dévalé l’esKalinkalier Kalinkasse-cou , pointant sur les amoureux le Kalinkanon de sa Kalinkarabine , une ancienne Kalinkalachnikov et en dévisageant Anna et sa Kalinkasaque miteuse d'un regard soupçonneux avait ajouté :

- Vous vous croyez où, mademoiselle ? Ce n'est pas Kalinkarnaval, pas plus qu’ une représentation du Bolchoï ou le ballet de Kalinkasse-noisette ! Qu'est-ce que c'est que ce Kalinkapharnaüm ? Et là, à Kalinkalifourchon sur le lavabo, je rêve ou c'est un Kalinkadavre de rat ? Allez ouste ! Dehors ! 

Pourquoi le beau Georges croupissait il au Kalinkachot ? Personne ne le savait, certains disaient qu'il avait affiché une KalinkariKalinkature de Lénine sur l’arrière de son Kalinkabriolet, d'autres que son Kalinkanasson répondait au doux nom de Potemkine, d'autres encore qu'il avait conduit une Kalinkaravane dans le désert de Gobi et joué à Kalinkache-Kalinkache avec les militaires de la frontière…

Quoi qu'il en soit c'est au Kalinkabaret qu'Anna allait maintenant rejoindre Tolstoï pour inventer la suite de l’histoire avant de prendre le train pour Vladivostok.

30 novembre 2021

Trop tard / Anne J.

 2122-11 Anne J

 ...trop tard pour faire tout ce que vous remettez à demain !


La petite vieille montait lentement le chemin qui menait à la porte du Paradis, ses lourdes valises à la main, dans celle de droite toutes les belles actions de sa vie et dans celle de gauche toutes ses vilenies. Ça pesait, tout ça, et le sentier était raide. Arrivée devant la porte, elle sonna et c’est alors qu’elle aperçut le papier qui y était affiché. Posant à terre son fardeau, elle se mit à réfléchir à sa vie. Saint Pierre tardait à venir et il y avait toutes ces choses qu’elle aurait voulu faire …

2122-11 Anne J

apprendre le russe ou le chinois
jouer divinement du piano ou du violon
faire un spectacle avec un grand orchestre
lire tous les livres de la bibliothèque en commençant par la lettre A
faire des sculptures de glace au Japon
prendre l'Orient Express pour aller à Vladivostok
se baigner dans des sources chaudes en Islande
et monter à vélo sur l'Altiplano
devenir neurologue ou psychanalyste
écrire un roman que tout le monde aimera
faire du sport tous les jours
et passer six mois dans un monastère en silence
avoir une grande famille et une maison pleine d'enfants
cultiver un beau jardin
pour manger ses légumes
et avoir une demi douzaine de chatons roux
aller embrasser votre vieille cousine
écrire à cette amie perdue de vue
téléphoner à votre amie d'enfance
faire un mail à tous
pour leur dire que vous les aimez
rassembler tous ceux qui ont compté pour vous
et les avoir avec vous pour un très long temps...

Alors, elle tourna les talons et dévala le sentier du plus vite qu’elle pouvait : ce n’était pas encore la fin, il lui restait tant de choses à vivre.

Quand saint Pierre ouvrit enfin la porte, il ne trouva que deux valises pleines à ras bord dont il ne sut que faire ; la petite vieille avait compris le message et s’en était allée VIVRE !

2122-11 Anne J

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