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L'Atelier d'écriture de Villejean
5 octobre 2021

Psychanalyse d’Arielle Dombasle / Dominique H.

- Voilà, je viens vous consulter pour un motif qui va vous étonner mais aussi parce que vous avez la réputation d'être silencieux... et comme moi, j'aime bien parler et que j'adore qu'on m'écoute, nous devrions bien nous entendre.

Néanmoins, si le transfert ne se fait pas - c'est bien ainsi que vous vous exprimez dans votre jargon, n'est-ce-pas ? - si le transfert ne se faisait pas, disais-je, nous nous quitterions cependant bons amis, puisque je vous aurai payé. Nous serons donc quittes quoi qu'il en soit.

2122-05 Dominique - Arielle_Dombasle_By_Era

J'en arrive à la raison qui m'amène. Avant de vous la dire, je tiens à vous préciser que j'ai reçu une éducation religieuse qui m'a formatée quelque peu. D'ailleurs, je suis toujours croyante, à ma façon.

Je me suis déjà allongée précédemment chez deux autres de vos confrères, deux hommes, car je préfère les hommes. La première cure a été très efficace puisqu'elle m'a libérée de ce poison qu'est la culpabilité si bien que maintenant je ne fais plus de péchés, je suis en état de grâce perpétuel. La deuxième cure a échoué et c'est cet échec qui m'amène à me confier à vous. Vous me permettrez de taire le nom de votre confrère afin d' éviter de parasiter le travail que nous allons faire ensemble.

Avant de commencer, j'ai une demande particulière à vous formuler. Vous m'avez invitée à m'allonger alors que vous êtes assis derrière le divan. Je ne vous vois donc pas et c'est bien ainsi, je me sens plus libre de m'exprimer. Alors, je voudrais que vous fermiez les yeux pour que vous ne soyez pas perturbé par mon aspect extérieur, que vous puissiez vous consacrer à ma seule psyché. Je sais l'effet que mon physique provoque chez l'autre, en particulier chez les hommes, et je ne voudrais pas que votre attention flottante vous amène à dériver vers je ne sais quel fantasme. Je veux seulement que vous m'écoutiez. Certes ma diction, empreinte paraît-il d'une certaine préciosité, peut aussi troubler mon interlocuteur, j'en suis consciente, mais il faut bien que j'existe, je lutte déjà tant pour que ma silhouette s'impose !

Après ces préalables nécessaires, j'en arrive à mon motif de consultation que je pourrais résumer en une phrase courte : « je suis nulle pour me vendre ! ». Pourquoi toussez-vous ?

La religion me poursuit. Mon cerveau, ou plutôt mon âme, est submergée d'injonctions contradictoires. Ainsi, durant ma petite enfance, ma mère m'enjoignait de faire minutieusement ma toilette avant de prier. Elle m'a inculqué aussi que la coquetterie était une forme de politesse envers son prochain, que c'était un devoir d'être agréable à regarder.

Voyez où cette injonction maternelle au nom de Dieu m'a conduite et je vous l’avoue avec autant d'amertume et de colère que de honte, j'en suis arrivée aux injections de collagène dans la lèvre supérieure. Quand j'étais sur le fauteuil du chirurgien plasticien qui me susurrait que j'allais retrouver la moue pulpeuse de ma jeunesse, dans mon âme, la flamme vacillante d'une petite bougie s'allumait et la voix de mon surmoi me répétait : «  Les apparences extérieures ne comptent pas pour Dieu, la valeur suprême est la sincérité ! ». Et je suis d'accord, j'adore la sincérité ! J'adore me raconter sur les plateaux de télévision ! Alors pourquoi ai-je laissé ce chirurgien me trafiquer et finalement me défigurer ? Je suis très malheureuse, j'ai perdu mon authenticité, je suis vraiment nulle pour me vendre ! 

- Je vous ai écoutée, Madame, en fermant les yeux. Je vous ai entendue et nous allons arrêter la séance sur cette phrase « je suis nulle pour me vendre». Pour votre apaisement immédiat, je vous propose de vous montrer douée pour me payer : ce sera 300 euros. » 

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