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L'Atelier d'écriture de Villejean
7 février 2023

L’Elfe et la sardine / Anne-Françoise

 

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Elfe 2

Il y avait une immense forêt.

Dans cette forêt, une futaie de hêtres.

Dans cette futaie, un ruisseau.

Au bord du ruisseau, une taupinière.

Sur la taupinière, un champignon.

C’était là le magnifique palais de l’elfe Gontran 1er.

Un beau jour d’été, il décida de découvrir ce qu’il y avait au-delà de la forêt. Il fit appel à un pigeon voyagiste. Gontran 1er embarqua donc sur les ailes de l’oiseau. Le décollage s’effectua sur un petit pont qui franchissait le ruisseau.

Après quelques heures de vol, le pigeon atterrit sur un rocher d’une petite île au milieu de l’océan. C’était une toute petite île qui ne figurait sur aucune carte vu qu’elle n’avait pas encore été découverte. C’était une île déserte.

Gontran 1er commença par se reposer sur la plage, profitant du soleil qu’il ne goûtait que rarement sous son champignon. Il sortit ensuite sa pelle, son râteau et son seau pour se bâtir un palais : il n’avait malheureusement repéré aucune taupinière ni aucun champignon où il pourrait loger. Le soir, pour se délasser, il alla se baigner. Il apprécia la chaleur de l’eau : celle de son ruisseau était plus fraîche mais meilleure au goût lorsqu’il voulut s’en abreuver. Il nagea la brasse, le crawl et le papillon.

Il fit la planche et ressentit alors de drôles de mouvements dans l’eau. Il y avait là une sardine, aux hanches qui ondulaient langoureusement. Elle avait de longs cils noirs (elle lui apprit plus tard qu’elle avait un mascara waterproof qui était top). Ce fut un coup de foudre pour Gontran 1er. Elle s’appelait Aline. Ils parlèrent longtemps ensemble. Il la regardait avec des yeux de merlan frit, il était séduit par ses yeux de biche.

De retour sur la plage, il traça dans le sable un cœur transpercé d’une flèche. Il y inscrivit les initiales de leurs deux prénoms : Gontran Aline.

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Aline 2

Il chercha au fond de son sac et sortit son xylophone rose. Il interpréta un adagio joué piano puis « la Truite » de Schubert qui firent bondir de bonheur le cœur d’Aline. Elle l’invita à finir la soirée avec lui : « Je connais une petite boîte très bien. On y retrouvera toutes mes copines. On risque d’y être un peu serrés mais le patron est aux petits oignons pour nous… ». Gontran 1er et Aline dansèrent toute la nuit. Gontran voulut aller plus loin mais Aline lui dit « Arrête, arrête ! ». Ils passèrent une semaine formidable. Aline lui fit découvrir les beautés de l’île et de l’océan. Gontran 1er, qui rêvait de lui passer la bague au doigt, lui offrit un collier de nacre et coquillages qu’il fabriqua lors des nuits d’insomnie où elle se refusait à lui.

Ils se quittèrent, sans serments ni promesses. Lui avait le mal du pays ; elle voulait rester dans l’océan. Le pigeon voyagiste vint le récupérer. Il retrouva son champignon et ses amis de la forêt.

De temps en temps, il se rappelle Aline, ce bel amour de vacances. Quand il a le cœur trop lourd, il trace sur le sable de la berge du ruisseau son doux visage qui lui souriait et il crie « Aline ! » pour qu’elle revienne.

Mais Aline n’est jamais revenue.

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