Elle avait proposé à ses sœurs, à ses amis et à quelques amis de ceux-ci de partir quelques semaines dans la maison de leur grand-mère. Etaient également conviés leurs enfants et leurs amis. Toute cette jeunesse égaierait la vieille maison. Elle avait entendu renâcler. La maison n'était pas proche de la mer. Qu'allaient-ils pouvoir faire en pleine campagne ?
Marie ne manquait pas d'arguments à leur opposer. Dans la cave de la maison il y avait des bicyclettes et plusieurs jolies balades à faire à vélo le long des chemins. Tout près, à quelques centaines de mètres il y avait un grand étang aménagé en base de loisir. Ils pourraient donc nager (n'oubliez pas vos maillots de bain), plonger, faire du pédalo ou se promener en barque.
Marie avait aussi précisé « La maison est grande, il y a de nombreuses chambres. On ne se marchera pas sur les pieds et chacun pourra conserver son indépendance. Je vous informe aussi que parmi les occupantes il y a de très bonnes cuisinières qui pourront vous confectionner, au choix, des tiramisus, des babas au rhum, des chocolatines ou des Paris-Brest. Sans compter qu'au sous-sol, en plus des vélos, des bottes et autres cirés, il y a une très bonne cave avec encore pas mal de bonnes bouteilles ».
Elle avait ajouté, avec un grand sourire : « Et je vous rappelle que pour toutes ces prestations le séjour est gratuit. »
Finalement convaincus, tous les invités ont dit oui. Restaient à fixer les modalités d'organisation pour amener tout le monde à destination. Covoiturage, ou bonnes volontés pour aller chercher les arrivants à la gare à une vingtaine de kilomètres. Ce fut fait.
***
Maintenant c'est l'automne. Et par ce triste jour de pluie en ville, Marie contemple les photos prises pendant l'été ; c'est beaucoup de bons souvenirs même si, parfois, il y a eu d'inévitables frictions.
Là, sur le ponton de l'étang, une grappe de jeunes gens, en maillots, rieurs, accompagnés de quelques chefs de famille non moins rieurs.
Un peu plus loin, simplement assises sur l'herbe pour profiter du soleil, Marie elle-même, accompagnée de ses amies.
Marie prend une nouvelle photo ; elle représente deux jeunes gens sur un pédalo. Marie sourit, c'était un couple en formation. Elle se souvient qu'elle avait repéré qu'il se passait quelque chose entre eux.
Il y avait aussi quelques photos de personnes rencontrées au café sur la place du village. Des étrangers d'abord, ils étaient assez vite devenus des amis. Comme ce Léon, nonchalant, les deux coudes sur la table. Ou Sidonie avec sa petite dernière, Léa, attablée en terrasse.
La grande soeur Margot avait profité des animaux de la ferme voisine et s'était prise d'affection pour le petit cheval de labour « Mascotte » qu'elle avait essayé de monter.
Sur cet autre cliché, Hélène, la sœur de Marie sourit largement, tandis que son époux joue les indifférents, regarde ailleurs.
Enfin il y a ce portrait posé sur le bahut de la salle à manger. La grand-mère Simone, impeccablement coiffée, le cou bien au chaud dans ce col de renard qu'elle mettait pour les grandes occasions.
Encore une dernière. Quelqu'un avait immortalisé le quai avant le départ du train.
Marie referme la boite à chaussures qui contient toutes ces merveilles. Un brin nostalgique, elle pense qu'elle proposerait bien de louer quelques chalets pour se retrouver de nouveau tous ensemble dans une station de ski.