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L'Atelier d'écriture de Villejean
5 janvier 2021

Marie la Bayadère / Marie-Thé

Le cheval mal cadré 3

J’avais 10 ans et j’étais à a peine haute comme trois pommes que déjà, le jeudi, je sortais la jument de l’écurie afin que mon père puisse l’atteler à la carriole. La photo ne date pas d’hier. Je me souviens que c’est ma copine Maryvonne qui l’a prise avec un appareil photo qu’elle avait chipé à sa grande sœur. 

Mon frère Alain l’aimait bien, ma copine Maryvonne. Il l’appelait "la blonde aux yeux bleus". A l’école, elle avait toujours des bonnes notes en Français. Lorsque la maîtresse lui demandait de lire sa rédaction, elle faisait rire toute la classe avec des histoires abracadabrantes.

AEV 2021-13 Maryvonne - Maryvonne

Maryvonne me parlait souvent de sa tante, une ancienne danseuse qu’elle surnommait Marie la bayadère Quelquefois, le dimanche après-midi elle m’invitait à l’accompagner. J’étais subjuguée. Habillée d’étoffes en soies et de froufrous multicolores, elle ressemblait à une princesse hindoue.

Elle nous servait des mille-feuilles. Aujourd’hui encore, je ne peux manger ce gâteau sans penser à mes visites chez la bayadère. Tout l’après-midi elle nous racontait les histoires de sa vie tumultueuse et nous enseignait quelques rudiments du yoga qu’elle avait pratiqué à New Delhi.

Marie G

Elle était partie en Inde sur un coup de tête à 20 ans et avait vécu avec un vieux prince Maharajah. Là-bas, au printemps, elle dansait lors de la fête des couleurs. Quand son prince est mort dix années plus tard elle est rentrée au pays. Elle a créé une école zen et enseigné la méditation et le yoga.

Restée fidèle à son Maharajah, elle ne s’est jamais mariée. Lorsqu’elle est partie pour son ultime voyage, dans notre petite ville les langues se sont déliées. Il s’est dit que des hommes la visitaient en catimini. C’est la raison pour laquelle elle vivait richement alors que son école zen n’a jamais eu beaucoup d’élèves.

Ma copine a dit que c’était des ragots de personnes frustrées et jalouses. Et puis après tout, si Marie la bayadère a bien profité de la vie, tant mieux pour elle.

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