Joseph / Anne J.

Bien chère Emilie

J’ai trouvé ta dernière lettre à mon retour d’Islande et je t’en remercie. Je te trouve très jolie dans ta tenue de parisienne mais j’ai préféré n’en rien dire à ma mère, elle désapprouverait surement !

La vie sur les bancs de Terre Neuve est très difficile et je suis bien chanceux d’être rentré vivant de cet enfer. Le petit Paul, le petit cousin de mon oncle Jules, n’a pas eu cette chance. Aussi ai-je décidé de ne pas repartir à la prochaine saison mais j’ai trouvé du travail sur un bateau de pêche ici et je vais travailler dur pour économiser l’argent de notre mariage.

Je joins à cette lettre une photo prise par un copain lors de ton départ en train sur le Paris-Rennes-Quimper ainsi qu’une photo de moi pour que tu ne m’oublies pas ; c’est le capitaine qui l’a prise sur le morutier, un des rares jours où il faisait beau

 

Et j’ajoute cette photo du journal de cette semaine ; tu vois que tu n’es pas seule à gagner ton pain en terre étrangère ! J’avoue que j’ai cherché en vain ton joli visage sur cette photo. Tu l’aurais sans doute un peu égayée !!

Comme tu le vois, on porte aussi la coiffe et le costume à Paris.
J’espère de tes nouvelles prochainement et t’embrasse très tendrement.

Joseph