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L'Atelier d'écriture de Villejean

3 novembre 2020

Mon oncle / Marie-Thé

AEV 2021-06 Marie Thé - Jacquot

Je me souviens de ce réjouissant jour de printemps, à l’époque où l’on ne connaissait pas encore le confinement. 

Je prenais l’air à ma fenêtre lorsque j’ai entendu mon oncle chanter à tue-tête «Elle court, elle court, la maladie d’amour… ». Perché sur son vélosolex avec Jacquot, son perroquet, enfermé dans une cage sur le porte-bagages, mon oncle zigzaguait entre les voitures et les camions.

La cage était-elle mal fermée ? Jacquot l’aurait-il ouverte avec son gros bec crochu ? Je me souviens de la stupéfaction de mon oncle lorsque l’oiseau s’est échappé en baragouinant « Amourrr… amourrr… ».

Le corps et la queue rouge vif, les ailes bleues déployées avec grâce, il volait au-dessus des toits, attirant les regards de tous les passants.

AEV 2021-06 Marie Thé - Mon oncleAhuri, mon oncle est descendu de son solex. Faisant fi de l’embouteillage qu’il provoquait, il a couru comme un dératé en criant « Jacquot ! Jacquot ! Reviens ! ».

Le bel oiseau s’est perché sur la fenêtre d’une mansarde en bredouillant « Amourr… amourr… ».

Mon oncle a grimpé les escaliers comme un dératé pour le récupérer. Le perroquet, toujours juché sur le bord de la fenêtre, témoignait sa passion à une perruche enfermée dans sa cage. Il marmonnait encore « Amourr… amourr… ».

Dix ans auparavant, j’avais fait la connaissance de cet oncle qui s’appelle Monsieur Hulot. Il rentrait d’un périple au Brésil et débarquait chez nous vêtu d’une chemise fleurie, d’un short rouge à pois et de chaussettes montantes sur des baskets jaunes. Bronzé, souriant, blagueur, il a déposé sur notre table une cage dans laquelle se trouvait un perroquet multicolore. Ma mère, mon père et moi avons éclaté de rire lorsque l’oiseau a jargouiné * : « Bonjourrrrrr, bonjourrrrrr… Je m’appelle Jacquot… ».

Les habitants de notre rue connaissent et apprécient Monsieur Hulot, considéré comme un farfelu, un extravagant dont les frasques mettent de l’ambiance dans notre quartier tranquille.

Quant à moi, j’ai une tendresse particulière pour cet oncle excentrique et déconcertant.


* Jargouiner : mélange de « jargonner » et « baragouiner » qui caractérise bien le langage de ce volatile. 

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3 novembre 2020

Mon oncle / Maryvonne

AEV 2021-06 Maryvonne Tonton Jean 01

Vous savez bien que je n'invente pas mes histoires. Vous voulez que je parle de mon oncle ? J'ai ça sous la dent du pignon de mon solex.

Mon oncle ne s'appelait pas Tati même s’il aimait faire le Jacques et amuser ses neveux et nièces.

Mon oncle c'était tonton Jean avec pour patronyme Lanriec, un nom qui claque comme le drapeau breton sous la bourrasque. C'était un nom de hasard donné à son grand-père déposé et trouvé sur de la mauvaise paille devant l'hospice de Dinan. Est-ce cela être né sous de bons auspices ?

Qu'importe, tonton Jean avait un peu de Monsieur Hulot, grand et mince, la pipe à la bouche et quand il était de sortie le même petit chapeau.

Il avait le jeu de mot facile, adapté à notre niveau. Mais ses blagues à deux balles nous ravissaient et quand nous le rencontrions c'était « jour de fête ». Au restaurant il commandait des « cruautés avariées » et attendait la réponse du serveur avec gourmandise. « Le commerce faisait des innovations » nous racontait-il. Désormais le mode d'emploi pour ouvrir une boite de conserve serait à l'intérieur. Bien entendu il avait son bac (celui qui recueillait l'eau sous la gouttière). Ne maîtrisant pas l'anglais « Holiday on ice » était devenu pour lui« On y est on glisse ». Un de ses neveux épousa une jeune fille nommée De Sèze, il salua la famille en disant qu'il était lui aussi de 16 (1916).

Tonton Jean était un fou de la mécanique, voire même un artiste. Petit garçon il se mettait à quatre pattes derrière les voitures pour respirer les gaz d'échappement. A 6 ans, avec ma mère ils ont emprunté la voiture du père pour faire un petit bout de route. Il aurait adoré rouler avec sa moto sur un fil et terminer sa course sur un manège pour les enfants, lui qui n'en avait pas. Son seul but était de nous amuser avec ses blagounettes qui n'étaient jamais vulgaires.

Professionnellement il a toute sa vie entretenu et réparé les motos de la police mais pour ses loisirs il a été comme le dit un article « Un mécanicien-Joaillier ».

AEV 2021-06 Maryvonne Tonton Jean 02


AEV 2021-06 Maryvonne Tonton Jean 03Pensez donc : il a acheté une vieille « Simca 6 » de 1949 pleine de boue, l'a entièrement démontée et chaque pièce a été repeinte avant le remontage. Ce n'est pas sans faire penser à la photo de Doisneau montrant Jacques Tati devant ses pièces de vélo étalées devant lui.

Aujourd'hui cette petite merveille doit être au musée des voitures anciennes à Lohéac.

Il a choisi ma première voiture, une 2 chevaux d'occasion qui tournait comme une horloge en chantant « tatitati tatitata tontonton tontonton tontaine ».

Un jour c'est son moteur à lui qui a eu des ratés. Ce fut sa dernière farce.

 

3 novembre 2020

Mon oncle / Anne-Françoise

Hulot et son jacquot 02 C la Maison de mon oncle partie gaucheMon oncle habite un beau quartier où vivent aussi de belles voitures joliment colorées et bruyantes. Il y a souvent des embouteillages tintamarresques quand le caviste du quartier débouche ses bouteilles de cidre bouché.

Il a un solex qui s’appelle Alex et qui exerce quotidiennement les réflexes de mon oncle. Avec lui, il va partout même au bout de ses rêves les plus fous… Ils ont déjà voyagé en Gastéropodie du sud, au Crapaugreyou oriental et vers les îles de l’archipel d’Olombomopépé. Que c’était beau !

Il a ses quartiers dans un bel immeuble de plusieurs étages, sans ascenseur, avec des escaliers qui ne font pas mal aux pieds surtout depuis qu’il a décidé de les monter avec son solex. Il n’oublie jamais de l’encourager : « Allez, Alex, allez, monte-moi ces trois volées de marches ! En haut, je t’offre à boire un café au lait, tu ne l’auras pas volé, olé ! ».

Au pied de chez lui, il y a Lulu, un gentil lampadaire qui aime faire la causette avec Annabelle la belle poubelle et avec tous les toutous tatoués du quartier qui viennent près de lui se soulager quand ils en ressentent le besoin… C’est beau, l’amitié !

Mon oncle vit seul, sans ma tante qu’il n’a jamais croisée à la croisée des chemins vu qu’il habite en ville et ne prend jamais de vacances 1. Ce qui explique qu’aucune tente ne le tente. Il préfère l’hôtel mais n’aime pas celui près de chez lui, mal fréquenté par des banquiers qui ont l’air de voleurs (à moins que ce ne soit l’inverse).

Mon oncle n’est pas très causant, sauf avec Alex, Lulu et Annabelle. Souvent, aux réflexions qu’on lui fait, il ne pipe mot et fume sa pipe ou joue Rameau au pipeau. Le pipeau, c’est plus pratique que le piano pour jouer de la musique sur un solex. Mon oncle est résolument pratique.

AEV 2021-06 Anne-Françoise Hulot et son solex

Mon oncle remplit chaque jour son attestation dérogatoire de déplacement (ou attestation de déplacement dérogatoire ou déplacement d’attestation dérogatoire ou dérogation d’attestement de déplaçatoire), ah, que c’est compliqué ! Mon oncle est pratique mais a tendance à inverser les choses. Le docteur a dit qu’il était dysalexique  2 , du coup, c’est Alex qui fait les papiers : il ne pédale pas dans la semoule quand il faut avoir le permis de sortir, Alex. A cette occasion, je précise qu’il n’y a pas besoin de permis pour conduire un solex. Curieusement, mon oncle ne se trompe pas de sens pour s’assoir sur son solex (sauf une fois où il a pris un sens interdit !).

Mon oncle fait sa lessive tous les lundis. En plus du pipeau, il joue du tambour de sa machine à laver. C’est assez bruyant mais le résultat est satisfaisant (ou l’inverse). Mon oncle est un musicien pratique. Mon oncle n’a pas de sèche-linge. Il préfère faire comme l’archiduchesse, celle qui avait beaucoup de chaussettes. Il met son linge à sécher à l’air. Mon oncle a l’air d’être écologique dans ses pratiques.

Hulot et son jacquot 02 D la Maison de mon oncle partie droite de la page 1

Mon oncle a suspendu son fil à linge au-dessus de la rue. Le lundi, il suspend ses chaussettes et des parapluies pour éviter que les passants goûtent les chaussettes qui gouttent (le jus de chaussettes de mon oncle persiste au lavage). L’ennui, c’est que mon oncle suspend les parapluies à l’envers… Le mardi, c’est pour le reste de son linge. Le mercredi, il met des lampions qui s’allument la nuit venue et qu’il enlève le jeudi. Le vendredi, il accroche des banderoles des commerçants du quartier qui font leurs réclames : « Pieds de cochons aux goûts tout mignons chez votre boucher préféré », « Des babas aux prix les plus bas à la pâtisserie Dupain », banderoles qu’il retire après le marché du samedi. Le dimanche, il accroche des cloches, clochettes, grelots qui tintent au moindre coup de vent et donnent un air de fête à la rue qui accueille un concert de klaxons le reste de la semaine…

C’est ce même fil à linge qui lui permet d’effectuer sa sortie quotidienne. Pas besoin d’utiliser 3 ou 4 étages plus bas le passage pour piétons pour se rendre au parc des Buttes de Froidmont. Avant de traverser avec Alex, il vérifie juste en regardant bien à droite puis à gauche (ou l’inverse) qu’il n’y ait ni avion ni hélico à passer et, tel un funambule fumant du pipeau sur son fil à linge, file vers les hauteurs du parc dans un petit nuage de fumée s’échappant du tuyau d’Alex tout heureux de s’échapper…
 

Hulot et son jacquot 02 E la Maison de mon oncle partie droite de la page 2

1 Ses magnifiques voyages étaient des voyages professionnels : voyages d’étude onirique pour lui et, pour ce qui concerne Alex, voyages pour l’essence ciel.

2 Un comble pour lui qui est si pratique et plein de bon sens !

14 octobre 2020

Consigne d'écriture 2021-05 du 13 octobre 2020 : Mots en toc et formules en tic

Mots en toc et formules en tic

 

AEV 2021-05 Consigne Frédéric Pommier

"Mots en toc et formules en tic" est un livre de Frédéric Pommier consacré à des tics de langage ou expressions toutes faites qu'on entend beaucoup ces derniers temps. La liste des entrées de ce "dictionnaire médical" figure ci-dessous.

Utilisez un maximum des mots ou expressions, sinon tous, et répétez les plusieurs fois s’il le faut, dans un texte qui pourra prendre la forme d’un discours officiel ou d’une interview radio-télévisée.

N.B Il est interdit d’utiliser les mots « coronavirus » ou « covid-19 » dans votre texte (mais pas d’en parler !).


Une foule d’anonymes - Sous haute surveillance - Bras de fer - Monter au créneau - C’est clair - Comme vous le savez - Revoir sa copie - Un couac - Décalé - Au chevet - Du coup - Dans l’entourage - Fameux - Faut-il avoir peur - C’est frais - ADN - Du grand n’importe quoi - Grogne - J’hallucine - Que du bonheur - Improbable - Incontournable - Juste - Jeune femme - J’ai envie de rebondir - A la maison - Reprendre la main - Perdre la vie - Le dernier des grands - C’est énorme - Ou pas - Ne bougez pas - Vous êtes en train de me dire - Plutôt - Le Quotidien - Revisiter - J’ai le sentiment - Et en même temps - Surréaliste - J’ai envie de vous demander - En effet - Tout à fait - C’est pas faux - Très attendu - Merci infiniment - On vient de l’apprendre - J’adore - Vrai - Voilà - Jeune loup - Cocher toutes les cases.

Vous pouvez utiliser aussi les métaphores musicales suivantes :

Pianissimo - Crescendo - Battre son plein - Trouver son point d’orgue - Un jeu de chaises musicales - Un concert de protestations - Une précision de métronome - Jouer du pipeau - Jouer sur la corde sensible - Donner de la voix - Donner le la - Accorder nos violons - Pisser dans un violon - Fausses notes - Tirer la sonnette d’alarme - En fanfare - Un autre son de cloche - S’entendre comme larrons en foire - Siffler la fin de la récréation - Une monstrueuse cacophonie - Etre le chef d’orchestre de - Jouer sa partition - Une totale improvisation - Un ténor - Mettre un bémol - Aller plus vite que la musique.

13 octobre 2020

A vos masques, prêt, partez ! / Adrienne

AEV 2021-05 Adrienne carnival-fasnet-swabian-alemannic-wooden-mask-339352

Photo de Pixabay sur Pexels.com

Une foule d’anonymes avait protesté sur les réseaux sociaux, menaçant de descendre dans les rues, même sous haute surveillance.

Pour éviter ce bras de fer, l’échevin des festivités était monté au créneau.

C’est clair, a-t-il affirmé, que le bourgmestre devra revoir sa copie. Cependant, comme vous le savez, un couac n’est pas permis. Du coup, dans l’entourage de l’échevinat, on s’est penchés sur la question. Faut-il avoir peur ou est-ce du grand n’importe quoi? Non! Ces festivités sont inscrites dans notre ADN et nous prenons votre grogne très au sérieux!

- J’hallucine! a réagi l’un.

- Que du bonheur! a fait l’autre.

Alors, entre improbable et incontournable, il fallait trouver le juste milieu.

Non, le carnaval n’aurait pas lieu, mais le char avec le roi et la reine des fous ferait le tour de la ville.

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13 octobre 2020

Faut-il avoir peur d'écrire ? / Dominique

AEV 2021-05 Dominique crayon

C'est clair que vos écrits peuvent être sous haute surveillance. Comme vous le savez, à partir du moment où vous lâchez un texte dans la nature, une foule d'anonymes risque d'émettre un concert de protestations et vous vous exposez alors à une monstrueuse cacophonie et autres fausses notes.

D'autres vous diront qu'écrire n'est que du bonheur. C'est pas faux. Ecrire est en quelque sorte jouer sa partition ou encore donner le la de la voix, mettre un bémol, jouer sur la corde sensible. Voilà, écrire c'est s'exprimer : j'adore, c'est énorme !

Evidemment, quelquefois, il faut revoir sa copie, c'est le risque du métier. Mais on ne risque pas de perdre la vie à faire de la poésie. Tout au plus, on peut avoir l'impression parfois de pisser dans un violon ou de jouer du pipeau. Mais quel plaisir quand, à l'atelier d'écriture, nous avons le sentiment de nous entendre comme larrons en foire, surtout quand, en partant d'une totale improvisation, nous nous retrouvons autour de textes décalés, voire surréalistes. Comme si nous avions accordé nos violons.

En même temps, il arrive que je grogne quand notre chef d'orchestre énonce une consigne improbable, du grand n'importe quoi. Alors j'hallucine, intérieurement je rechigne, je trépigne. Mon agacement va crescendo. Mais il faut bien monter au créneau. De rage, j'écris une première phrase, un couac, que je rature aussitôt. La deuxième sonne encore un peu faux mais elle en déclenche une troisième et alors la magie de l'atelier se révèle une fois de plus.

AEV 2021-05 Dominique Ubu

Ce huis clos avec unité de lieu, la salle Mandoline, unité de temps, le mardi soir, et unité d'action, écrire, opère de nouveau. Un texte naît, à mon plus grand étonnement, et m'amène en un lieu inconnu de moi une heure auparavant, un lieu étrange mais qui me ressemble cependant puisque j'y décèle mon ADN.


Quand notre metteur en scène siffle la fin de la récréation, j'émerge de mon rêve merveilleux. Au fil du temps, depuis plus de cinq ans maintenant, la salle Mandoline m'est devenue un lieu incontournable bien que peu fréquentable pour la bonne société puisque nous copinons souvent avec Ubu et autres pataphysiciens... Encore une fois, que du bonheur ! Merci infiniment !

13 octobre 2020

A l'antenne / Eliane

AEV 2021-05 Eliane Daumier

- Maître Dupond-Durand, vous êtes l'avocat de ce criminel interné à Fleury-Mérogis sous haute surveillance. Vous n'avez aucun état d'âme à défendre un individu de cet acabit ?

- Comme vous le savez dans notre démocratie chacun a le droit d'être défendu. Du coup ce Buffalo-Débile a le droit d'être représenté comme n'importe quel autre péquin.

- Le procureur est, comme vous, un homme de grande envergure. Vous pouvez vous attendre à un bras de fer qui pourra rester dans les annales puisque chacun de vous va monter au créneau.

- C'est clair. Les faits sont complexes et les victimes très nombreuses qui ont perdu la vie dans d'atroces circonstances.

- Espérez-vous un verdict en faveur de l'accusé ?

- C'est hautement improbable.

- J'ai le sentiment que vous partez perdant.

- Du grand n'importe quoi ! Je ne suis pas dans cet état d'esprit.

- Donc vous allez monter au créneau dès les premières séances ?

- Certainement. Il faut que ce procès ait un grand retentissement. Il faut que ce criminel soit le dernier de son espèce.

- Vous vous attendez donc à ce que ce Buffalo-Débile soit condamné à la peine capitale. Vous le souhaitez même. Pourtant vous avancez des arguments en sa faveur. N'est-ce pas contradictoire ? Voire même surréaliste ?

- C'est pas faux. Mais comme je vous l'ai dit chacun a le droit d'être défendu. Et dans l'entourage de l'accusé on attend beaucoup de moi. On attend justement que la peine soit allégée. Il me faudra beaucoup jouer sur la corde sensible des jurés, parler de l'enfance de Buffalo par exemple. Je vais simplement jouer ma partition avec une précision de métronome.

- Dans le public, la foule des anonymes, c'est un concert de protestations, une énorme grogne contre votre personne.

- Oui c'est vrai, il va falloir y mettre un bémol.

- Je vous remercie M° Dupond-Durand d'avoir répondu à mes questions.

13 octobre 2020

La Fibre partout / Anne J.

AEV 2021-05 Anne J - la Fibre 3

- Nous sommes heureux d'accueillir Madame XXX pour nous parler de son expérience concernant la mise en place de la fibre dans son habitation, un incontournable de notre quotidien aujourd’hui. J'ai le sentiment, chère madame, que ça a été du grand n'importe quoi, surréaliste donc !

- Tout à fait ! J'avais en fait demandé à être prévenue de son installation dans mon quartier pour obtenir un meilleur service à la maison. En effet, j'ai déjà été privée de toute liaison téléphonique pendant trois semaines suite à un couac : un opérateur qui bricolait dans la boîte en haut de la rue avait débranché mon fil et ça lui avait pris trois semaines pour l'admettre, improbable non?

- C'est énorme !

- C'est clair, j'ai donc souhaité reprendre la main.

- En effet et la promesse était : « La fibre, que du bonheur ! »

- Ce n'est pas faux. Cette nouveauté était très attendue, une foule d'anonymes, dans mon entourage, me l'avait chaudement recommandée.

- Racontez-nous ce fameux jour.

AEV 2021-05 Anne J - la Fibre 1- J'ai tout d'abord été démarchée au téléphone puis un commercial s'est invité chez moi, comme vous le savez, sans prévenir, mais faut-il avoir peur des changements ? J'ai donc donné mon accord pour une installation prochaine sur rendez-vous, l'affaire allait crescendo, j'avais à priori coché toutes les cases puisque la fibre arrivait au poteau devant chez moi, il semblait simple de relier la maison à cette fameuse invention.

- Et alors ?

- Pianissimo! Ils sont arrivés à deux le jour convenu, ils sont entrés dans la maison, ont regardé partout pour savoir par où ils allaient faire passer le fil avec un air sceptique.

- Vous êtes en train de me dire que la première personne n'avait pas étudié le problème avant de vous faire signer ? Ils auraient pu accorder leurs violons !

- Improbable, n'est-ce pas ? Du coup ils ont déclaré qu’il était hors de question de faire passer le fil par le trou où passe l'actuel fil de téléphone qui arrive dans le grenier. Il ne leur restait donc plus qu'à revoir leur copie et à trouer la maison pour passer leur fil dans un coin près du poteau. Ce qu'ils ont entamé avec entrain mais, fausse note, ils sont tombés sur l'armature en métal qui soutient l'isolation par l'extérieur et ont mis un bémol à leurs efforts en déclarant : « Cela dépasse nos compétences, on arrête tout ». J'ai alors essayé de donner de la voix, tout cela me semblait une totale improvisation. Rien à faire ! Malgré mon concert de protestations j'ai appris qu'il me faudrait faire venir un électricien pour faire un fourreau et passer le fil par le trou actuel. Eux, ils remballaient leur matériel. J'ai eu beau protester, c'était pisser dans un violon.

- Vrai ? J'adore !

- Et le pire, c'est qu’ils avaient l'intention de repartir en me laissant le trou sans le reboucher ! Déjà qu'il y avait des débris partout !

- J'hallucine !

AEV 2021-05 Anne J - la Fibre 2- Eh non ! Une monstrueuse cacophonie ! J'ai sifflé la fin de la récréation et sorti mon aspirateur. Voilà ce que c'est que de vouloir aller plus vite que la musique !

- Et maintenant ?

- Je tire la sonnette d'alarme ! La fibre c'est sûrement très bien mais pour cela vous devrez démolir la moitié de votre maison et gérer des gros tracas, je vous le dis !

- Je vois : un homme averti en vaut deux. Merci infiniment, chère madame, pour ce précieux témoignage.

DERNIERE MINUTE : On vient de l’apprendre, Orange lance une grande offensive : « Tout Lannion sera passé à la fibre en 2021 » !

13 octobre 2020

L'Atelier d'écriture de Villejean / Anne-Françoise

Mes bien chers scribouilleurs, mes bien chères scribouilleuses de Villejean, de Rennes, de France et de Navarre et d’au-delà,

Je prends la parole devant vous ce soir pour vous inviter à nous rejoindre, nous, les scribouilleurs et scribouilleuses de la salle Mandoline de la Maison de Quartier de Villejean tous les mardis soir de 18 h 30 à 20 h 30.

Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire tout de suite : parce que c’est que du bonheur ! C’est clair !
Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire : parce que j’adore, c’est clair !
Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire : parce que c’est clair… 

Jean-Paul the Boss

Bon, je vais vous expliquer comment ça se passe. D’abord, Jean-Paul, notre chef d’orchestre, nous donne le la : la consigne qui parfois génère des soupirs ou un concert de protestations voire une monstrueuse cacophonie entre ceux qui demandent des explications sur cette consigne, ceux qui estiment qu’elle est trop contraignante et ceux qui pensent qu’elle ne l’est pas assez ! Et Jean-Paul doit donner de la voix pour qu’il n’y ait pas de couac. L’animation bat donc son plein un petit temps, pour la forme, puisque chacun joue ensuite sa partition, silencieusement ou presque, avec son crayon, pour une totale improvisation.

Après environ une heure, Jean-Paul siffle la fin de la création. On passe alors au temps où chacun lit son texte. Et là, scribouilleurs, scribouilleuses, c’est énorme ! J’adore, c’est clair ! C’est juste énorme ! A partir d’une même consigne, on aboutit à des textes très différents.

Parfois, c’est frais, c’est adorable. C’est un quotidien revisité tout en poésie. On savoure, on écoute, on se délecte…

Parfois, c’est décalé, complètement décalé ! Du coup, on sourit. Ce peut être surréaliste et même plus. J’ai envie de demander à mes co-scribouilleurs et co-scribouilleuses de la salle Mandoline comment ils ont pu penser à ça. La fantaisie bat son plein. J’adore !

AEV 2021-05 200929 285 010

D’autres fois encore des textes jouent sur la corde sensible, souvent délicatement, discrètement. C’est l’ADN qui est là, pianissimo, les émotions qui reprennent la main.

D’autres fois, c’est un son de cloches plus revendicatif, une critique sociale, une grogne liée à des événements ou à nos politiques, jeunes loups ou pas, qui nous jouent du pipeau ! Du coup, le rire est plus moqueur.

D’autres fois, j’hallucine ! C’est du grand n’importe quoi ! c’est énorme : jeux de mots, idées folles, situations improbables, tout y passe et même plus, c’est clair ! De quoi placer les scribouilleurs, scribouilleuses de ces textes sous haute surveillance tellement c’est déjanté. Et là, c’est clair, franche rigolade !

Et vers 20 h 30, Jean-Paul siffle la fin de la récréation. Faut-il avoir peur de l’atelier d’écriture de la MQV ? Non ! C’est clair. C’est l’atelier incontournable pour tout scribouilleur, scribouilleuse qui se respecte ou pas. Tout à fait. C’est clair.

Anne-Françoise (2)Après le temps de lecture, il n’y a pas de critique : il ne s’agit pas d’un atelier de travail pour améliorer son écriture en revoyant sa copie. Le but est d’abord de s’amuser, non de viser des progrès dans la rédaction pour un projet particulier. C’est un atelier où on ne risque jamais de fausses notes.
Et comme vous le savez sûrement, tellement les rires dans la salle Mandoline doivent résonner dans les couloirs de la MQV, dans Rennes et bien au-delà, il y a une joyeuse ambiance, les scribouilleurs-scribouilleuses s’entendant comme des larrons en foire. C’est ce qui me donne l’occasion de dire « Merci infiniment » à tous pour ces bons moments.

Alors, scribouilleurs, scribouilleuses de Rennes, de France, de Navarre et au-delà, j’ai envie de dire « Rejoignez-nous »… quand le gngngngnminus aura disparu, pour qu’on puisse dépasser la jauge de 8 !

 

N.B. La jauge est effectivement limitée à huit personnes ces temps-ci à cause du gngngngnminus. 
N.B. Les photomontages sont de Maryvonne. 

13 octobre 2020

Mots en toc et formules en tic / Raymonde

« En fait » et « Du coup » sont dans une galère. Ils n’en peuvent plus d’être utilisés à tout bout de champ. Ils sont usés, au bout du rouleau.

En fait se jette à l’eau. C’est qui qui reste ? Du coup, c’est Du coup, Ducon ! C’est juste du grand n’importe quoi ! C’est clair, Marie-Claire !

Cela vaut il le coup de perdre la vie (moins trash que mourir, trépasser, passer l’arme à gauche, rendre l’âme ?) par trop de succès ? En fait a disparu, il ne reste que Du coup. La charge est lourde et en même temps il savoure son succès, il est le seul, il tient le haut du pavé !

Mais voilà qu’insidieusement apparaît "Et en même temps" ! Celui-là commence à prendre beaucoup de place, surtout depuis que notre Président (Manu, pas le camembert !) l’a remis sur le devant de la scène !

AEV 2021-05 Raymonde - En me^me temps Macron Sanaga

- Faut-il avoir peur de l’invisible ennemi ? Je dis non et non et en même temps si et si !
- Je dis qu’il y a des masques pour tout le monde et en même temps... heu...
- Je vais vous dire toute la vérité et en même temps...euh...

Il ne sait plus sur quel pied danser. Jean petit qui danse, Jean petit qui danse, sur un pied il danse... Sur un pied ? Mais on perd vite l’équilibre ! Hé, Manu, tu descends (dans les sondages ) ? Du coup le danseur sur un pied se retrouve dans la galère lui aussi et ils sont nombreux à le rejoindre.

Rame, rameurs, ramez ! Qui sera le prochain à se jeter à l'eau ? Se jeter à l’eau, ce n’est que du bonheur si elle est chaude et turquoise sous les tropiques mais si c’est dans l’eau d’un puits sans fond ? On ne remonte jamais ! Ça fait froid dans le dos !

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