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L'Atelier d'écriture de Villejean

24 mars 2020

Recette pour un confinement zen / Brigitte

Après deux semaines dans leur petit pavillon au bord de la Vilaine, Rose, 81 ans encore bien alerte avec toute sa tête et Pierre, 82 ans, bien vif, toujours le mot pour rire. Tous les deux adorent voyager, rencontrer des amis - ils en ont beaucoup ! - et surtout, depuis 20 ans, ils pratiquent le yoga.

AEV 1920-23 Brigitte 51GrmBaYapL

Rose :
Pour vous lever en pleine forme,
Réveillez-vous doucement.

Attendez le petit déjeuner patiemment.
Dans le lit, faites quelques mouvements
En respirant calmement :
Etirez-vous en bâillant bruyamment,
Faites bouger les pieds,
Tournez les chevilles,
Pliez les genoux l’un après l’autre,
Basculez sur le côté.

Le corps est réveillé
Vous pouvez vous lever.

Pierre

Pas le temps de lézarder,
il faut vite préparer le déjeuner :
Graines mixées et fruits savamment épluché.s
Et hop ! C’est parti, Madame attend son thé.
Echauffer la machine,
Cinq mouvements pour mettre le corps en chauffe,
Rituel tibétain efficace à répéter 21 fois.
Après 10 minutes prêt pour la journée !

 

AEV 1920-23 Brigitte Le_Rosier_de_Madame_Husson

Rose :
Ajoutez aux cinq tibétains matinaux
Quelques étirements et abdominaux ;
Mangez léger mais laissez-vous tenter !
A notre âge il est permis de succomber :
Quelques carrés de chocolat,
Un petit apéro avec foie gras,
Juste le week-end pour ponctuer la semaine.

Surtout, pensez à vous occuper dans des lieux différents !
Pierre dans le grenier à trier,
Rose dans le jardin à jardiner.

Chaque soir étalez votre tapis de yoga,
Quelques salutations au soleil,
Méditation et relaxation…

Respirez…Votre corps et votre esprit relâchés…

 
Pierre :
Deux semaines de confinement encore ?!

Ce n’est pas la fin des haricots mais ça commence à me peler l’oignon toutes ses salutations, méditations, relaxations ! Trier les photos, ranger le grenier… Moi je rêve de tailler une bavette avec les copains, refaire le monde devant une bonne raclette avec plein de charcuterie que je n’ai jamais le droit de manger... et que Rose me lâche les baskets ! Elle a inventé un nouveau truc : un mantra à répéter toute la journée : « Quel beau couple nous formons ! Merci, merci, merci ! » 

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24 mars 2020

Douceur chocolat... antidote corona ! / Anne-Marie

Elle ferma les volets, la nuit commençait à tomber, encore une journée de passée !

La petite radio posée sur la table de la cuisine diffusait une émission qu’elle adorait suivre chaque soir, lorsqu’il partait pour la semaine en déplacement. Le temps de leur séparation lui paraissait ainsi un peu moins long.

Elle finit rapidement la vaisselle. Quand elles dînaient toutes les deux, la petite dernière et elle, il y avait peu à laver.

Elle préparait des menus simples et pas onéreux, elle gérait avec un souci constant le budget du ménage. Son homme avait un métier difficile mais un petit salaire, alors elle devait faire attention.

AEV 1920 23 Anne-Marie SuchardIl était parti avec «ses gars» finir un chantier au bord de la voie ferrée et elle était restée là dans le petit appartement avec leur fille de 7 ans. Sa place était évidemment en ces lieux mais comme le temps était long sans lui!

La fillette lisait tranquillement sur son lit. L’ émission se termina, elle quitta la cuisine et passa un peu de temps avec l’enfant, venant lui offrir un tendre bisou pour une nuit paisible.

Elles se sentaient un peu seules sans sa présence, ses rires, ses blagues et toutes les histoires qu’il leur rapportait dans sa musette au retour du travail. Alors pour ces soirées un peu tristounettes, pour leurs soirées «en filles», elle achetait dès le lundi matin au petit magasin SPAR deux tablettes de chocolat en carrés gourmands, douceur sans culpabilité d’un instant de bonheur fondant sous la langue.

Leur luxe à elles : une tablette de chocolat au lait et l’autre au chocolat blanc à la noix de coco, toujours de la marque Suchard, «la meilleure marque», qualité et goût assurés !

C’est l’enfant qui, à chaque fois, décidait laquelle des deux tablettes allait être croquée en premier ; choix difficile car les deux étaient délicieuses.

Elles avaient calculé combien de carreaux elles mangeraient chaque soir pour que vendredi, quand il rentrerait, fatigué de sa semaine, elles puissent lui offrir, comme un trésor mis de côté pour lui, deux carreaux de chacune des tablettes !

Comme toujours il les taquinerait, se moquerait de leur gourmandise, prendrait un carreau et partagerait le reste avec elles deux ! Mais au final, ils le savaient tous les trois, c’est la fillette qui en mangerait le plus. Qu’importe, c’était leur rituel, leur jeu, le bonheur d’être réunis et de s’aimer. Ce chocolat avait le goût de la tendresse et du bonheur retrouvés.

Elle était très vieille lorsqu’un jour de février elle s’était décidée à rejoindre son aimé sous la terre du petit cimetière. Il l’y attendait depuis tant d’années.

La petite fille a grandi, bien grandi, et même vieilli, ils l’avaient laissée à sa vie. Le papier de l’emballage des tablettes avait changé, la marque moins mise en avant dans les rayons des magasins mais le goût du bonheur, des souvenirs d’enfance, de la douceur, de la tendresse qu’ils avaient partagés étaient restés ! Le chocolat a toujours gardé ses vertus magiques !

AEV 1920-23 Anne-Marie 45841098_1481657401970814_1720991136354402304_nChez la grande -petite fille, il y a toujours une mais plus souvent deux tablettes de chocolat dans le haut du réfrigérateur.

Petit carré du midi avec le café, petit carré du soir devant la télévision ou en lisant un bon livre ! Douceur partagée avec son tendre amoureux, compagnon de vie depuis nombre d’années. Cette vie qui coulait si vite… Maintenant elle fait même des «saucissons au chocolat» pour ses petits enfants !

La fée Cabosse, certainement penchée au-dessus de son berceau, a versé sur sa vie un goût de douceur gourmande, de délicieux bonheur à déguster et surtout à partager avec ceux qu’elle aime !

Le chocolat est un virus dont elle ne guérit toujours pas, ne souhaite pas guérir. Elle a su généreusement et affectueusement contaminer son entourage d’adorables «becs à sucre» !

24 mars 2020

Recettes confinées / Dominique H.

Après quelques jours de séparation contrainte par le confinement, Béatrice se languit de Félix mais ne veut pas le lui dire franchement. Alors elle entreprend par un biais culinaire de lui envoyer un message subliminal, espérant que Félix comprenne qu'elle avait le désir de confiner à deux. De bon matin, elle lui envoie ce mail avec en pièce jointe un texte de recettes confinées : 

Mon cher Félix, j'ai rêvé cette nuit que nous nous confinions ensemble et que nous partagions les plaisirs de la table. J'ai transcrit mon rêve ce matin et je te l'envoie sans plus attendre (tu es Chéri et Amour c'est moi). Bon appétit. Baisers confinés. 

Béatrice, ta vieille amoureuse.

Deuxième semaine de confinement !

C'est pas si  marrant  finalement,
même si confiner rime avec câliner,
bouquiner et surtout  cuisiner.
La bouffe devient une obsession,
avec une addiction à Marmiton.

- Dis, mon ange,
qu'est-ce qu'on mange ? »

- Je ne sais pas, mon amour,
cette semaine c'est ton tour !
Moi je m'occupe du vin
et je sors acheter le pain,
Ce n'est pas pour te déplaire,
mais j'ai besoin d'air !».
 
AEV 1920 23 Dominique crêpage de chignonLa vie à deux peut tourner à la patate
chaude, pas très délicate.
Comment casser la croûte
sans se crêper la choucroute
ou le chignon ?
 
Une idée serait de cuisiner aux  petits oignons.
Dans le journal ils disent bien  de faire attention
à ne pas hausser le ton
et, pour éviter de se prendre un gnon,
de rester  calme et mignon,
comme le filet,
pour continuer à boire du petit lait,
d'abandonner les injures  de  « poisson pourri »
pour retrouver  « bien sûr Mon Chéri »,
« comme tu voudras mon Amour ».
 
Nous avons abandonné nos prénoms
et c'est ainsi que nous nous nommons.
Nous évitons aussi la vache enragée,
pas recommandée aux encagés.
C'est déjà difficile  de se ravitailler
alors mieux vaut éviter de se chamailler. 

AEV 1920 23 Dominique vouvrayEt pour adoucir les meurs,
je propose à Chéri  un peu de liqueur,
cependant sans  abuser des nectars
pour qu'il ne tombe pas  dans le coltard
ni  finisse beurré comme un petit Lu
parce qu'alors rien n'irait  plus. 

Cette semaine, je m'occupe de l'accord vins-mets

ça me va bien, je m'y connais.
 
Déjà à l'apéro deux doigts de Vouvray
évidemment bien frais.
Après selon l'inspiration
de Chéri, le chef, j'ajusterai le flacon.
 
AEV 1920 23 Dominique sancerre_blanc-1485182913Ce soir c'est hareng – pomme de terre
alors ce sera du Sancerre.
Dimanche c'est gigot -haricot.
je servirai un Bordeaux.
Lundi Chéri annonce quiche loraine
alors Amour (c'est moi) proposera  un rouge léger de Touraine, 
dommage que cette semaine
pas de marché et donc pas de belle romaine
mais heureusement
en nous promenant  dans les champs
tout en respectant strictement
les règles du confinement
en nous limitant au périmètre
de un kilomètre
nous avons cueilli
du tendre pissenlit.
 
Chéri est très content
du confinement ;
Il me dit «  Ca roule,
ma poule »
notre organisation
est aux petits oignons,
nous parvenons à rester cool
et de concert on roucoule.
Nous découvrons un nouvel art de vivre
il nous faut bien survivre.
Alors continuons !
Mardi ce sera  filet mignon
et je sortirai  un Fronton.
Attention quand même : dans les bouteilles
c'est pas du jus de groseille
alors je modère la dose
pour éviter l'overdose ;
il ne faudrait pas qu'au lit
Chéri s'endorme sur le rôti,
ce seraient alors les carottes cuites, 
je veux dire «  trop cuites »  et  pas « cuite ».
 
Chéri me dit que je dérape
ok, Amour va lâcher la grappe,
surtout qu'à la radio ils disent de faire attention
aux diverses addictions...
 
AEV 1920 23 Dominique pomerol-clos-rene (1)L'alcool, c'en est une, est anxiolytique
mais il ne faudrait pas devenir alcoolique.
Donc nous sommes passés  à l'eau ferrugineuse
vertueuse, précieuse et finalement goûteuse.
C'est un bon accord avec le  gratin de nouilles
agrémenté de râpé de  fenouil.
Chéri varie les plaisirs , il est créatif
et vraiment imaginatif,
ainsi il associe  andouille
à la purée de citrouille.

Vraiment, de mon fauteuil,  je me gondole
à regarder  Chéri  qui rigole,
qui joue avec ses queues de casseroles
pour préparer ses ravioles.  
La semaine se termine
mais comme, toujours,  on confine,
nous allons changer de rôle :
pour moi, Amour, c'est moins drôle,
je vais  passer aux casseroles
pendant que Chéri choisira le  Pomerol.

24 mars 2020

Recette de quiétude / Eliane

CORONA ÉCOLE À LA MAISON

Ma maman disait toujours qu'il faut faire du mieux que l'on peut avec les éléments sur lesquels on n'a aucune prise. C'est une recette de quiétude morale.

Comment puis-je appliquer cette philosophie de vieux sage à la situation dans laquelle nous nous trouvons ?

Etat des lieux avec lesquels je dois m'efforcer de composer au mieux :

Voilà un peu plus d'une semaine que chacun est confiné chez soi afin de limiter le plus possible la propagation du virus. Avant que ne survienne la fin des haricots.

Il s'agit de rester vigilant, de ne pas s'endormir sur le rôti. Les contacts ne sont pas recommandés. Heureusement dans notre isolement nous avons le téléphone et les réseaux sociaux pour garder le lien avec nos proches, famille et amis. Mais en dehors c'est un peu le désert du point de vue relationnel.

Et c'est un peu un événement quand, au hasard de quelques pas dehors pour aller porter sa poubelle, on rencontre un ou deux voisins avec lesquels tailler une bavette. Petite, la bavette, portion congrue. Chacun des protagonistes reste à bonne distance. La conversation est brève et tourne toujours autour du même sujet : épidémie et confinement.

Bouffée d'oxygène que cet atelier d'écriture en ligne qui permet de solliciter nos neurones. Même si parfois on a l'impression de pédaler dans la choucroute pour tenter de pondre un texte qui se tienne. Cela aussi permet de garder du lien. Et c'est si agréable de lire ce que les ami·e·s ont écrit.

Que faire de ces longues heures qui s'étirent devant nous ? Bien sûr il y a la lecture. Mais au Secours ! J'ai épuisé mon stock de bouquins et la médiathèque est fermée. Je l'ai dans le baba, et j'en ai gros sur la patate.

Il y a aussi la télévision, qui permet de chercher le coupable avec les policiers des séries, de chercher à répondre aux questions des jeux ou de se replonger dans un vieux film.

Mais on n'échappe pas aux infos, et en ce moment elles sont plutôt anxiogènes. Car cette épidémie ne se contente pas de nous isoler, elle nous fait peur. Surtout aux personnes qui, comme moi, sont, parait-il les plus à risque car plus âgées. Jamais comme ces jours-ci je n'avais autant pris conscience de mon âge.

Ce virus commence sérieusement à me courir sur le haricot. D'ailleurs… il ne pourrait pas aller jouer ailleurs ? Comme par exemple sur l'Antarctique où les individus sont beaucoup trop rares pour lui permettre de se développer ?

CORONA À LA MAISONMais à bien y réfléchir c'est quand même ce qui risque de lui arriver. Il y aura un moment où il n'y aura plus personne de libre au sein desquels faire des petits. Il ne pourra plus. Ce sera sa ménopause. Et qu'il ne compte pas sur nous pour le laisser bénéficier d'une procréation assistée. On serait plutôt pour une stérilisation massive.

Allez, pas de pessimisme, les carottes ne sont pas encore cuites. Cela aura forcément une fin et ce sera bien avant que je sucre les fraises.

Alors j'écoute ma maman et je fais du mieux que je peux.

24 mars 2020

Le régime "Comme j'aime" / Raymonde

Message de Monsieur Arnaquetti de COMME J'AIME (les prendre pour des cons ......finement !)


Chers amis ,
En cette période difficile, déprimante, laissez vous porter, guider, accompagner, chouchouter !
Aie confiance, sois tranquille, je suis là : Ksss ! Ksss !

OFFRE EXCEPTIONNELLE !

Première semaine gratuite et pour vous remonter le moral nous avons fait appel à nos chefs régionaux :
Notre chef breton Kergavotte
Notre chef bourguignon Cocovain
Notre chef alsacien Flamecruche
Notre chef du Sud Cagolette
Et bien d'autres ...

Chaque jour une entrée, un plat, fromages et dessert, midi et soir.

Exemples de menus équilibrés :

Jour 1

Entrée : rillettes et sa tartine de saindoux (possibilité 2 tartines) 
Plat : gras double
Fromages
Dessert : kouign Amann

Le soir (plus léger) :
Velouté de châtaignes noix et patates avec sa touche de crème fraîche ;
Tranches de lard et ses pommes frites ;
Mille feuilles chantilly crème au beurre.


Jour 2

Tarte au maroilles
Cassoulet
Fromages
Gâteau basque

Possibilité de prendre un fruit au goûter


Soupe au lard
Flammeküche aux 3, non 4, fromages
Crêpes fourrées à la crème de marron (4 par personne)
Tisane en option


Jour 3


Assortiment de charcuterie avec tartine(s) de beurre ;
Coq au vin avec beaucoup de vin ;
Fromages ;
Brioche fourrée à la pâte d amande et aux fruits confits.


Chaque jour vous découvrirez avec ravissement votre coffret repas !
On vous offre une plaquette de beurre de 500 g. en sus et j'allais omettre de préciser une bouteille de rouge, une bouteille de blanc par personne.

Au terme de cette semaine, si vous constatez une prise de poids (hypothétique), vous trouverez le 7ème jour un formulaire d'abonnement de deux mois minimum que vous devrez régler d'avance.

 
Notre souci permanent est de préserver votre santé et votre moral

Bien à vous

 

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24 mars 2020

Recluse / Marie-Thé

Dans la maison imprégnée de silence,
je regarde par la fenêtre
ce matin de printemps,
le prunier, le cognassier, le poirier,
fleuris,
véritable décor à ciel ouvert,
imaginant les fruits juteux
mûris dans quelques semaines,
les confitures colorées
qui décoreront mes étagères.

AEV 1920-23 marie-Thé confitures


Confinée,
C’est quand même pas la fin des haricots !
S’occuper, cuisiner, se régaler,
Respirer des effluves de rôti aux petits oignons,
J’en ai l’eau à la bouche !
A midi pile les carottes sont cuites,
Je sucre les fraises.

Petite sieste :
Rêver de s’enfuir à la mer, à la montagne,
Qu’importe, s’échapper…

Je me réveille,
refrène mes envies d’évasion,
remplis une attestation
et sors de chez moi.

Par-dessus la clôture
Je taille une bavette avec le voisin
et je m’en vais… autour du pâté de maison.

Soirée :
Informations - Coronavirus – Confinement –
Fragilité de la vie
Combien de temps ?
Combien de temps encore avant de gagner la guerre ?

La nuit s’installe :
Je repense à cette journée de recluse,
Aux jours passés et à venir :
Tous pareils ?

Non, demain je cuisinerais un baba au rhum !
Je commence déjà à rêver. 

24 mars 2020

La Mousse au chocolat / Marie-France

Hier c'était « Spaghettis bolognaise ». Quand je dis hier, c'était il y a bien longtemps, du temps où nous étions 9 à table, matin, midi et soir.

A l'époque où, le matin, on se dépêchait pour aller à l'école, au bureau, aux activités. Le jeudi, jour de repos des enfants, c'était leur repas préféré, concocté aux petits oignons et englouti en deux temps, trois mouvements.

Hier 24 mars 2020, je taillais une bavette avec ma voisine de balcon et nous parlions popote. Avec ce virus minus qui nous fait pédaler dans la choucroute à défaut d'un bon tour de vélo sur le canal, on ne sait trop quoi cuisiner. On opte ce jour-là pour une bonne mousse au chocolat. Ce sera sans œuf car je n'en ai plus et sans beurre pour garder la ligne. Je ne vais toute de même pas remplir une attestation pour un œuf ? Je serais bien tentée cependant, mais soyons raisonnables !

Cette recette je la tiens de Cyril Lignac, samedi soir en direct à la télé, je l'ai regardé faire, j'ai noté et je me décide à l'exécuter :

- Tout d'abord réunir tous les ingrédients : 140 grs de chocolat noir, 40 grs de chocolat au lait, 150 grs de lait, 290 grs de crème fraîche, 75 grs de cacahuètes (eau et sucre pour le caramel + 1 peu de vanille).

- 1ère étape : couper le chocolat en petits morceaux, ajouter le lait chaud, bien émulsionner et mettre au frais ;

- 2ème étape : après avoir fait refroidir la crème dans un récipient, la fouetter en chantilly, puis la mettre au froid de nouveau ;

- 3ème étape : faire un caramel avec l'eau le sucre, la vanille et une pointe de fleur de sel ; quand le caramel est bien pris y ajouter les cacahuètes, bien les enrober et laisser refroidir à température ambiante ;

- 4ème étape : mélanger le chocolat et la crème en soulevant délicatement les deux appareils.

Mettre dans un joli plat et de nouveau au froid.

Au moment de servir il suffira de décorer avec les cacahuètes.

AEV 1920-23 Marie-France mousse-au-chocolat

Deux heures plus tard je dévorais des yeux ma réalisation.

Seulement voilà, je ne vais pas vous raconter des salades : ma mousse au chocolat était « ratée », elle n'avait pas pris.

Je l'avais dans le baba, je venais de faire chou blanc ! C'est quand même fort de café, rater une recette aussi simple. Mais je ne vais pas me laisser abattre et faire la fine bouche.

A la guerre, comme à la guerre !

24 mars 2020

W comme wafel ! / Adrienne

AEV 1920-23 Adrienne gaufresDans la grande famille du grand-père maternel, celle où grand-mère Adrienne est entrée par son mariage - elle qui était fille unique - il n'y avait qu'une seule bonne recette de gaufres, détenue par une seule personne: la Mater Familias, Marie-Angélie.

Seules deux de ses belles-filles ont réussi à devenir les dépositaires de la fameuse recette - et vous imaginez avec quelles papilles critiques leurs gaufres étaient goûtées et évaluées à l'échelle de celles de la Mamma, jamais égalées, évidemment, toujours approchant, toujours manquant ce petit je ne sais quoi...

Gaufre, en néerlandais wafel, dans le dialecte de grand-mère Adrienne, woefo.

Mais quand elle disait "kgoe a ne woefo geiven!" ("je vais te donner une gaufre", c'est-à-dire une baffe) il fallait se tenir à carreaux.

Même si elle ne mettait jamais sa menace à exécution - elle était bonne comme le bon pain - le menacé savait qu'il ne devait pas lui courir sur le haricot, que la coupe était pleine.

 

 

24 mars 2020

Le Hareng à la japonaise / Jean-Paul

Léon le pêcheur 01 réduit

A la maison, en ce temps-là, il n’y avait que le grand-père pour manger du poisson.

C’est peut-être parce qu’il était lui-même un grand pêcheur devant l’éternel. A revoir les albums et les boîtes de photos que j’ai récupérés récemment on pourrait croire qu’il a passé sa vie à accrocher des vers au bout de son hameçon, à monter des lignes avec des petits plombs, à amorcer, à surveiller son bouchon, à se faire photographier avec de jolies prises.

C’est peut-être cela, le secret du bonheur : être pêcheur au bord de l’eau.

Tout ça pour dire que Maman, qui faisait les courses des deux familles, s’arrêtait parfois « au Saumon d’or », chez Jules Turbiez, le poissonnier de la grand’rue, et qu’elle ramenait des rollmops ou des harengs saurs qu’on appelait des saurets. Je n’ai pas souvenir qu’elle ou grand-mère aient jamais cuisiné du cabillaud, du thon, du lieu ou du sabre comme je le fais très souvent maintenant. 

Poissonnerie Jules Turbiez 
Photo d'un "mariach' à sabots" extraite du calendrier 2017 de la ville de L.

Alors vous pensez bien, le hareng à la japonaise, ça a été un grand moment de drôlerie dans notre histoire commune !

C’était en 1980, à Cracovie, je crois. Il nous avait emmenés, ma grand-mère, mon frère et moi, passer des vacances en Pologne et en Tchécoslovaquie où il avait des connaissances et des points de chute pour le logement.

Vous-ai-je déjà dit qu'il était un espion du KGB ? Oui, je l'ai dit et ceci explique cela.

Ce jour-là, on était entrés, tous les quatre, sans accompagnateur autochtone, dans un restaurant.

On a regardé la liste des plats sur le menu mais tout était écrit en polonais et uniquement en polonais. Pour demander des explications en allemand ou en russe, les deux langues dans lesquelles, avant même d’être devenu Breton, je pouvais baragouiner quelque peu, c’était compliqué : les Polonais, pour des raisons d’envahissements intempestifs de leur territoire que l’on sait, détestent entendre le sabir de leurs voisins de droite comme de gauche. Tout ce qu’on savait c’est que les knedliky, ces boulettes de farine qu’on vous servait trempées dans une espèce de soupe, c’était pas top.

Alors on s’est lancés au hasard et moi, comme entrée, j’ai pris « Śledź po japońsku ». C’était d’autant plus gonflé qu’à l’époque on avait encore moins idée de ce que pouvait être la cuisine japonaise mais on ne se faisait pas de sushi pour si peu. On verrait bien !

Eh bien figurez-vous que c’est très bon, « Śledź po japońsku » ! C’est du hareng fumé mélangé avec des pommes, des cornichons et de la crème fraîche !J’ai fait goûter le plat à mon grand-père. Tout le restant de sa vie il a regretté de ne pas avoir fait le même choix que moi !

Finalement, la cuisine, c’est comme le jeu d’échecs ! Ce n’est pas vous qui gagnez, c’est l’autre qui fait le premier une erreur dans son choix !

En voici la recette qui est devenu un plat traditionnel de la maison Krapov :

Vous prenez un paquet de filets de harengs fumés doux. Vous les passez sous le robinet histoire de les dessaler un peu, même si, en argot, le hareng est toujours dessalé.
Vous coupez les filets en morceaux d’un centimètres.
Vous les mettez dans un grand saladier.
Vous épluchez un oignon et le coupez en fines lamelles.
Vous ajoutez trois ou quatre petits cornichons coupés en tronçons.
Puis deux cuillères à café de câpres.
Un piment de Cayenne séché que vous découpez très (con)finement.
Puis trois pommes fruit que vous pelez, épépinez et coupez en demi-quartiers.
Vous versez là-dessus deux cuillères à café de jus de citron, une cuillère d’huile d'olive, du poivre et un pot de dix centilitres de crème fraîche.
Vous mélangez et servez frais.

Bon appétit !

Pardon : Smacznego !

24 mars 2020

Camarades ! / Maryvonne

               Mes chers camarades de l'atelier de Villejean,

Là où l'on cuisine les mots à la sauce sourire, ce soir j'en ai gros sur la patate car nous voilà bons comme la romaine pour enfiler plusieurs semaines de confinement. Je suis triste comme un jour sans pain de ne plus échanger avec vous tous. C'est la raison pour laquelle (expression que les politiques nous servent à toutes les sauces) je viens tailler une bavette avec vous. Elle ne sera sans doute pas aux petits oignons car votre présence autour de la table est l’ingrédient qui fait monter la mayonnaise chaque mardi soir. C'est donc seule que je me jette à l'eau du court bouillon.

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Même si ça commence à nous courir sur le haricot il faut faire avec cette situation dramatique. Chacun réagit avec son tempérament mais aussi avec son estomac. Chez nous ne parlons pas de jeûne s'il vous plaît, c'est un mot que l'on a glissé sous la planche à découper depuis longtemps. Au contraire, avec tout le temps qui m'est imparti, j'ai sorti mon cul de poule et je joue les maîtres-queux pour ne pas déprimer. J'vous raconte pas mais je raconte quand même les petits plats qui mijotent ici. En plus on se fait des apéros « wattsapp » avec nos copains ». Mon mari, ce grand dépendeur d'andouille, accepte de manger à chaque repas à mon restaurant. C'est une victime, le pauvre chou.

Il en découle des sacrifices : ça exige, entre autres, une discipline de fer côté sport. Je suis devenue experte de la montée et descente de l'escalier un certain nombre de fois à la suite. Il faut cependant ne pas être beurré comme un petit lu. La première fois j'ai raté la deuxième marche, la tuile ! Ca risquait de ruiner ma carrière de sportive de haut niveau. J'ai bien failli l'avoir dans le baba ! Je compte bien à la fin du confinement être sur la première marche du podium et brandir les lauriers en plus de la médaille en nougatine. Je fais aussi des mouvements pour garder de la souplesse. Lever de coude, saut de carpe, abdominaux pour garder mes tablettes de chocolat (fondues).

Avec tout ça, si le «coro» m'attrape je vais mourir en bonne santé. Il paraît que Dieu a dit : "A la Pentecôte, compte tenu de la situation cette année l'esprit saint ne descendra pas c'est vous qui monterez». Je pense que c'est une «fake news». De tout façon je ne comptais pas répondre à son invitation.

Maintenant que nous vivons comme des coqs en pâte on ne va pas lâcher l'affaire et, cerise sur le gâteau, nous allons faire des économies pour vivre longtemps et chez nous.

Je conçois que cette brochette de termes culinaires est un peu indigeste et que vous en restez comme deux ronds de flan, l'estomac au bord de la nausée. C'est la faute à la consigne et ce serait fort de café de le reprocher aux simples écrivaillons qui ne font qu'obéir à un animateur original.

Pour faire passer la pilule j'ai ajouté du sel de la conversation et une pointe d'humour, je sais que beaucoup en sont friands.

AEV 1920-23 Maryvonne Claude Reynier productions 06-absenteisme
Copyright Claude Reynier productions

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