Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

L'Atelier d'écriture de Villejean

13 octobre 2016

Brexit avant l'heure / Jean-Paul

Si les Anglais avaient voté pour le Brexit en 2000 avant Jésus-Christ, ils seraient restés sagement chez eux à boire du thé sur le coup de cinq heures, à tondre leur gazon pour qu’il soit plus vert et plus impeccable que le chapeau melon de mon oncle qui est tailleur et qui est riche.

Il y a des tas de choses auxquelles nous n’aurions pas eu droit et nous nous en serions peut-être portés mieux – ou pas.

Sans la guerre de cent ans, déjà, on aurait échappé à Jeanne d’Arc. Les riverains de la place du Vieux marché à Rouen n’auraient donc pas été incommodés par une vieille odeur de cramé le 30 mai 1431. Accessoirement le 1er mai serait peut-être resté la fête des travailleurs syndiqués plutôt que celle des adorateurs de la famille et de la patrie qui se gourent de date pour commémorer la disparition de leur sainte pucelle.

Henry-VIII

Henry VIII ne serait pas venu faire le malin dans la jungle de Calais pour y poser son camp du drap d’or et jouer au bras de fer gréco-romain avec Anchois Pommier. Anchois Pommier ! Que celui qui n’a jamais péché ou pêché me jette la première pierre, l’hameçon et le trognon !

Pas de coup de Trafalgar pour Napoléon the first, l’homme à la main dans le gilet pas en tweed. Le facteur « amiral Nelson toujours deux fois » n’aurait gêné en rien les conquêtes du Corse le plus célèbre au monde après Tino Rossi.

 Mais il y a aussi des choses dont on n’aurait pas été gratifiés et ça, c’eût été bien dommage. Dans le fish and chips littéraire de l’héritage Grand-Breton, par exemple, même s’ il faut trier un peu.

Le rendez-vous au tas de sable du « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett est sans doute moins drôle que les réparties de la « Cantatrice chauve » d’Eugène Ionesco. Je n’ai jamais eu l’occasion de lire ou de voir cette pièce, même pas en attendant mon tour chez le docteur Godot.

ivanhoe

J’ai toujours confondu « Les Hauts de Hurlevent » avec les hurlements de Léo (Ferré) et je ne sais jamais laquelle des sœurs Brontë a écrit « Raison et sentiments de Beatrix Potter » et « Orgueil et préjugés de Jane Austen ».

Sans Ivanhoé et Robin des Bois transposés au cinéma en cinémascope on aurait dû se contenter de Thierry la Fronde en noir et blanc sur un écran de télé même pas plat. C’eût été un peu « cheap », non ?

Qui aurait écrit « Etre ou ne pas être, c’est là la question », « Mon royaume pour un cheval ! » « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark ». D’ailleurs, on ne sait même pas si c’est Shakespeare lui-même qui a écrit cela. Il parait qu’il utilisait beaucoup le playback. Ces paroles sont peut-être de Bernard Lavilliers, finalement ?

On aurait dû se passer du Frankenstein de Mary Shelley. Moi, ça ne me gêne pas trop : la chirurgie inesthétique n’est pas ma « cup of tea » et je n’aime pas qu’on me parle, à table, de biopsie, de pansement et de nez qui tombe avec quand on le retire. C’est ce qui est arrivé au sphinx de Gizeh, paraît-il. Mais alors, pas de « Frankenstein Junior », de Mel Brooks. Zut alors !

Monty_Python_Sacre_Graal

Pour « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll je suis plus mitigé. Autant cette histoire de voyage souterrain m’avait flanqué la trouille lors de la première lecture lorsque j’étais gamin, autant ce vieux garçon photographe semble flirter à la limite de la pédophilie, autant le coup du lapin à montre à gousset, le trempage de marmotte lors de la cérémonie du thé, Humpty Dumpty, le chapelier fou et le chat de Chester sont devenus avec le temps des copains loufoques que j’ai fait passer allègrement dans la famille Monty Python, celle où l’on voyage à pied en frappant des noix de coco pour imiter le trot du cheval dans un univers où le monstre le plus sanguinaire qui soit est justement un petit lapin blanc ! Sacré Graal, va !

Et puisqu’on va parler de cinéma bientôt, en cas de Brexit avant l’heure pas de « Merlin l’enchanteur », pas de roi Arthur parodié dans « Kaamelott », pas de patrouille des éléphants dans « Le livre de la Jungle » ! Ca commence à se faire rude-Yard Kipling !

Sherlock_Holmes

J’aurais eu beaucoup de mal aussi à me passer d’Hercule Poirot – C’est un Belge, pourtant, il aurait résisté à l’engloutissement ! – de Miss Marple, de Lestrade, le stéréoscopique Dupond-Dupont de Scotland Yard, et des adaptations d’Agatha Christie au cinéma et à la télévision.

Pareil pour les élémentaires Holmes et Watson, premiers représentants du surmoi sociétal qui met un flic en chacun de nous, comme on fait avec les cookies sur les ordinateurs. Espionner, maintenant, c’est du gâteau ! C’est vrai qu’il faut bien démêler les mystères du smog, faire taire le chien des Baskerville et arrêter Jack l’éventreur mais je l’aimais bien aussi, Arsène Lupin, à la même époque : c’étaient là mes boulimiques lectures d’élève de 5e A au Lycée-Collège Benjamin Franklin à Lille (Nord) au siècle dernier (Twentieth century, folks ?).

Je ne peux me prononcer sur J.K. Rowling et son personnage de jeune magicien à lunettes. J’espère juste qu’Harry Potter l’emportera sur Harry Potfer. C’est comme pour Terry Pratchett que mon épouse dévore depuis un an avec voracité. Ce sont là des lectures « à venir » que j’entamerai quand je serai en retraite. 

Mary Poppins

Mais surtout… Qu’aurait été notre vie sans Mary Poppins, sans ce morceau de sucre qui aide la médecine à couler, sans Supercalifragilisticexpialidocious, sans les pingouins qui dansent, sans la guimauve qui coule des notes de « Tuppence a bag », sans ce discours écolo naïf qui nous va si bien au teint : « Mieux vaut nourrir les oiseaux qu’engraisser les banquiers ». Si nous avons tous en nous quelque chose de Ken Loach, c’est à John « Give peace a Chance » Lennon et à Mary « Magic »Poppins que nous le devons !

Et alors là, côté musique, sans les Beatles, sans Kevin Ayers, sans Mike Oldfield, sans Hawkwind, sans Uriah Heep, sans Pink Floyd, sans Dire Straits, sans Genesis, sans Supertramp, que fussé-je devenu ?
Avec juste Mireille Mathieu, Desireless, Line Renaud ou Sheila pour remplacer Maggie Reilly, Maddie Prior et les toutes chanteuses irlandaises ? Avec Michel Sardou privé de lacs du Connemara pour nous faire oublier Paul McCartney ou les Pogues ?

The_Prisoner

Qu’ai-je oublié encore dans les bonnes choses que nous devons aux habitants de l’UK ? Vendredi n’aurait jamais rencontré Robinson, Roger Couderc n’aurait pas commenté le tournoi des cinq nations. Il n’y aurait pas eu « Allez France » de Robert Dhéry, James Bond pour qui aime ça, « Astérix et les Bretons » et surtout le génial « Prisonnier » du village de Portmeirion !

C’est pourquoi, finalement, et c’est tant pis pour l’idée que vous vous faisiez de mon affection pour la démocratie, je suis bien content qu’ils n’aient pas eu le droit de vote, les rosbifs, en 2000 avant Jésus-Christ !

Publicité
Publicité
13 octobre 2016

Sans l'Angleterre / Eliane

Si l'Angleterre n'avait pas existé, ou si nous ne l'avions pas connue parce que rien n'aurait filtré de cette île, qu'aurions-nous manqué ?

Nous n'avons pas été envahis par la manière de vivre des Anglais comme nous l'avons été par celle des américains. Globalement il nous aurait manqué de la littérature et de la musique, ainsi que quelques films cultes et quelques cinéastes.

Pour moi, précisément, m'aurait manqué Ivanhoé, enfin pas manqué puisque je ne l'aurais pas connu, mais enfin : quel dommage !

Ivanhoé, j'ai vu le film étant enfant et je suis immédiatement tombée amoureuse du héros. L'acteur qui l'incarnait n'avait rien d'anglais, puisque américain, je crois me souvenir que c'était Robert Taylor, mais le héros, lui, était bien anglais.

AEV 1617-05 Oscar-Wilde_938

M'auraient manqué aussi les romans des sœurs Brontë que ma maman m'a fait connaître à l'adolescence et que j'ai dévorés.

Plus tard j'aurais été bien triste de ne pas suivre les enquêtes de Sherlock Holmes et de son fidèle Dr Watson, paire hors pair pour résoudre les affaires les plus compliquées.

Je n'aurais pas connu non plus Oscar Wilde qui s'était arrangé pour ne pas vieillir en faisant vieillir son portrait.

Je n'aurais jamais vu « Les oiseaux » d'Hitchcock, tiré d'une nouvelle de Daphné du Maurier, romancière anglaise que j'avais lue et aimée.

Je n'aurais jamais vu les « James Bond ». Bon, ça à la rigueur j'aurais pu m'en passer malgré le charme de Sean Connery.

Je n'aurais jamais vu la série « Chapeau melon et bottes de cuir ».

Je n'aurais jamais entendu Pétula Clark et ses bottes dans la gadoue.

Jamais entendu non plus les quatre garçons dans le vent appelés les Beatles.

Jamais entendu Henry Purcell ni Duran-Duran, jamais non plus les Shadows ni le phénomène Hendrix. Bon je vais m'arrêter là, je ne suis pas si fan que ça de la musique anglo-saxonne, moi qui suis amoureuses des belles chansons à textes françaises.

Je n'aurais jamais admiré Julie Andrews dans « Mary Poppins » que j'ai fait découvrir à mes petites filles, qui me l'ont réclamé moult fois, si bien que je le connais par cœur.

Je n'aurais pas, très jeune, dévoré les livres de Julien Green plutôt que ceux de Graham Greene.

Nous avons partagé avec l'Angleterre de longues périodes d'histoire. Qu'aurions-nous fait si elle n'avait pas été là ? Pas de mariages arrangés pour nos rois et reines, pas de Guerre de Cent Ans, Jeanne d'Arc serait restée bien sagement à Domrémy y garder ses moutons.

AEV 1617-05 Prince CharlesNous ne saurions rien du terrible Henry VIII qui a réussi à supprimer six épouses et, pour l'une d'elles, à se fâcher avec l'Eglise Catholique, créant du même coup l'Eglise Anglicane.

Et nous ne saurions toujours rien de la famille royale britannique dont les faits et gestes remplissent des pages de nos journaux people et ça, par contre, ne serait pas un mal.

J'ai eu l'occasion de traverser la Manche deux fois. La première fois pour un très court week-end à Londres avec des copines. J'ai donc circulé dans l'un de leurs taxis noirs, emprunté leurs bus à impériale, entendu Big Ben sonner, passé devant Tower Bridge et le Horse Guard de Buckingham Palace, trainé dans les rayons du grand magasin Harod's

AEV 1617-05 Portmeirion - vue generale from GazeboLa deuxième fois j'ai passé une semaine à sillonner le Pays de Galles. Dépaysement garanti. Conduite à gauche, Bed and Breakfast, five o'clock… Simples sandwiches sans saveur le midi. Mais quand même de belles visites. Beaucoup de châteaux forts, villages aux noms interminables, troupeaux de moutons barrant la route, collines vertes, de jolis cottages ici ou là, fish and chips dans les petites villes. Mais surtout visite de ce village, entièrement fabriqué, où furent tournés les épisodes de la série « Le prisonnier ».

Etrange sensation : je n'avais pas lu de quoi il retournait avant de venir sur les lieux et j'avais simplement, en marchant dans les pas du « Numéro 6 » une impression de déjà vu, de déjà vécu. Je me posais des questions sur une éventuelle vie antérieure jusqu'à ce qu’un tilt dans mon cerveau me fasse réaliser où j'étais.

Voilà, je n'aurais pas connu tout ça si l'Angleterre n'avait jamais existé ou si, de tous temps elle était restée repliée sur elle-même.

5 octobre 2016

Consigne d'écriture 1617-04 du 4 octobre 2016 : Ernest et Bernadette vont à Lourdes

Ernest et Bernadette vont à Lourdes

160925 265 087

L'animateur montre cette photo aux participants.

Il leur demande de choisir une ville ou un village situé entre Carhaix et Lourdes.

Il résume brièvement la biographie d'Ernesto Guevara et celle de Bernadette Soubirous extraites de Wikipedia.

Puis vient la consigne : 

"Ernest Guinvarc’h en a marre de voir son image, enfin celle de son sosie, Che Guevara, affichée partout sur les sacs, les tee-shirts, les posters de tous les bobos de partout en ce début de XXIe siècle.

Sa jeune voisine, Bernadette Soubeyrou, le persuade de faire un pèlerinage à Lourdes afin de demander assistance à la Vierge Marie dont elle dit à Ernest qu’elle la connaît personnellement.

C’est l’été. Ernest et Bernadette se mettent en route. Ils voyagent à vélo avec une remorque attachée à la bicyclette d’Ernest dans laquelle il y une tente canadienne, un camping-gaz, de la bouffe et quelques affaires de rechange.

Vous racontez leur étape du soir dans une ville ou un village de votre connaissance situé entre Carhaix et Lourdes. Le caractère de Bernadette est enjoué et optimiste, celui d’Ernest est bougon et brouillon.

Votre texte commence obligatoirement par « Le énième jour, il firent étape à …. »

Cette consigne est née d'un commentaire d'Adrienne sous la photo sur le blog de Joe Krapov. 

4 octobre 2016

Ernest et Bernadette vont à Lourdes. 1, L’étape de Rohan / par Jean-Paul

Le premier soir ils firent étape à Rohan. Ils avaient pédalé toute la journée sous un très beau soleil sans rencontrer grand monde sur le chemin de halage au long du canal de Nantes à Brest, enfin de Brest à Nantes, puisqu’ils venaient de Carhaix.

Bernadette était ravie.

- Après nous, on peut tirer l’échelle ! lança-t-elle en franchissant la dernière écluse, située juste avant l’entrée dans la riante cité morbihannaise.
- Moi je tire déjà la charrette, ça me suffit ! avait protesté Ernest.
- Et la gueule aussi, on dirait, cher voisin !
- Dame ! C’est que je n’ai plus ton âge, très chère, ni ton énergie. Bernadette, ça rime avec Paulette. Ton père était facteur ? Tu avais fait en le suivant tous les chemins environnants à bicyclette ?
- C’est vrai, j’ai toujours aimé pédaler, et même parfois dans la semoule, à l’école.

Pour bien savourer la première répartie de la jeune fille il faut se souvenir que le canal de Nantes à Brest, entre Pontivy et Rohan, présente un dénivelé certain et qu’il a fallu construire 54 écluses sur 20 kilomètres pour en assurer la navigabilité. A vélo, on n’est pas exactement sur du plat. Sans être obligé de changer de braquet pour autant, il faut appuyer un peu plus sur les pédales.

Arrivés au camping du Val d’Oust ils posèrent leurs vélos contre le mur de la réception et entrèrent. Pendant que Bernadette réglait les formalités d’inscription Ernest se caressait la barbe et s’éventait le béret tout en lisant, sur le panneau de liège, la légende des photographies épinglées.

- C’est notre camping et on l’aime !
- On y vient depuis quarante ans tous les ans !

Et de fait, c’étaient toujours les mêmes têtes qu’on voyait, celles d’accortes grand-mères à cheveux violine, blanc, poivre et sel, roux, bleu ou noir d’encre : la teinture n’est pas faite pour les chiens non plus, enfin on verra plus loin que peut-être si ! Toutes ces braves dames posaient par groupes de deux ou trois devant leur caravane, leur camping-car, sous leur auvent aux motifs et couleurs fleuris et les reflets dispensés par un soleil breton pour une fois généreux donnaient à leurs peaux tannées des couleurs qui n’étaient pas sans rappeler les premiers shows psychédélique du Pink Floyd de 1967 dans le swinging London sous acide de leur préadolescence.

Toutes, absolument toutes, et c’est cela qui interpellait Ernest, avaient un caniche noir couché à leurs pieds ou fièrement assis sur leurs genoux cagneux. Pas une seule photo de mec en revanche ! Il fallait bien quand même quelqu’un, un Robert, un Roger, un Jean-Paul, un Jean-Claude pour parcourir au volant, en polluant le paysage avec une large caravane ou un camping-car de plus en plus gros au fil des ans, les quelques kilomètres qui les séparaient de ce paradis indéboulonnable. Ce n’était pas qu’elles fussent veuves, assassines ou lesbiennes. Les Pierre, Paul et Jacques existaient bien mais ils passaient leurs journées entre eux, cent mètres plus loin, hors du camping, installés le long du canal avec leurs cannes à pêches, leurs bourriches, leur amorce Dudule « pour que le poisson pullule ! », leur épuisette, leur clope au bec et leur vague à l’âme dans les mirettes.

Ils ne rentraient retrouver Denise, Josiane ou Maryvonne que le midi, pour grailler, et se dépêchaient après le café de regagner leur terrain de chasse. Car ils s’étaient, au fil du temps, les pêcheurs, habillés comme les autres porteurs de carabines : treillis kaki, casquette de militaire, bottes noires et tant pis si comme ce jour-là il faisait vraiment chaud voire orageux. On tombait la veste, on ouvrait une autre Kro et on réécrivait la France en marcel – le maillot de corps, pas Proust, bien sûr ! – ou en T-shirt lettré, orné d’un « Cerné par les cons » par exemple ou d'un autre slogan choisi parmi les milliers de possibilités vestimentaires d’un goût incertain que l’on vend ici et partout. 

AEV 1617-4 JP 107558906

 - On se pose où on veut, Ernest ! Pas d’emplacement numéroté ! J’ai commandé du pain et des croissants pour demain matin.

Ernest remit son cul endolori sur la selle en fox à poil dur de son vétété d’Ertétiste.

Ils repèrèrent les sanitaires afin de planter Céline Dion – c’était là le nom que Bernadette avait donné à sa canadienne – à bonne distance.
- C’est pas pour la vue c’est pour l’odeur ! avait-elle commenté dans un grand rire. Et puis aussi pour ménager tes oreilles sensibles. A cause des Hollandais qui passent leur vie là-dedans à claquer les portes, faire du barouf, bavasser d’une cabine à l’autre et ce même la nuit ! Tu vois comme je prends soin de tes insomnies, hein, Ernest ?

C’est vrai, Ernest avait le sommeil léger. Un rien le réveillait et le réendormissement n’était pas toujours au rendez-vous. Pour ce voyage-là, il aurait préféré séjourner à l’hôtel mais ça ne faisait pas partie du programme. Et de toute façon, à l’hôtel aussi, il s’en payait des nuits à moitié blanches.

- Ici, peut-être, ça ne serait pas mal ?
- OK. De toute façon, j’suis crevé, je rends les armes !

Ils étaient le dos au canal, sur un emplacement tout plat, tout gazonneux, genre « Le cul dans l’herbe tendre » de Michel Simon et Serge Gainsbourg.

 AEV 1617-4 pelouse Adrienne
Photo d' Adrienne

Pendant qu’ils montaient la tente, le ciel se couvrit. Lorsque la dernière sardine fut enfoncée, le dernier tendeur mis en place, ils n’eurent que le temps de se précipiter sous leur abri de toile. L’orage éclatait.

Une averse carabinée se précipita sur le camping. Ca sonnait comme des rafales de mitraillette. Ca ne s’arrêtait pas. Les belligérants au-dehors gueulaient comme des putois : « Fermez le portillon, les gars ! ».

- Quand on ferme le portillon, interrogea Ernest, il fait moins froid dehors ? Ca empêche la pluie de tomber ?
- Je crois que c’est rapport aux caniches noirs ! Tu as remarqué ? Tout le monde a un caniche noir ici ! Elles ont peur que leur cabot se fasse la belle. Qu’il aille faire du vagabondage sur le chemin du halage !
- Que leur clébard ne se barre ! Ils peuvent bien aller se noyer s’ils le veulent. Moi je n’ai jamais eu de chien. Ou alors y’a longtemps. Ou il sentait pas bon.
- « Chien mouillé » ils n’ont pas encore osé le lancer, ce parfum-là, Dior et Givenchy !
- Merde !
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- J’ai le cul mouillé. La flotte… elle rentre dans la tente.
- J’aurais dû emmener un tapis de sol.
- Elle ne rentre pas, la flotte, elle remonte. On est installés dans une flaque. Ca ne serait pas arrivé si on avait choisi l’hôtel.
- Allons, Ernest, ne sois pas aussi bougon ! Je parie que dans vingt ans, tu t’en souviendras encore du camping de Rohan. C’est ce genre de mésaventure qui fabrique les meilleurs souvenirs. Un train qui arrive à l’heure ne reçoit jamais la légion d’honneur !
- C’est peut-être vrai mais en attendant…

Dix minutes après la pluie cessa et le ciel bleu se réinstalla au-dessus d’eux. Ils s’ébrouèrent puis démontèrent le campement pour aller le replanter vingt-cinq mètres plus loin sur du terrain plus propre et plus sec.

C’est Ernest qui fit la cuisine ce soir-là. Faire la cuisine est un grand mot. Il ouvrit une boîte de cassoulet et une bouteille de vin blanc. Encore fallut-il pour cela que Bernadette aille emprunter un tire-bouchon au voisin de la caravane d’en face. Elle avait oublié cet ustensile indispensable à Carhaix. Elle revint de cette expédition complètement pliée de rire.

- Le voisin d’en face… C’est le sosie craché de Bill Clinton comme toi tu es celui de Che Guevara ! Et sa femme n’arrête pas de faire le ménage avec une petite balayette à poils bleus !

Bien qu’il fût fatigué voire esquinté par les coups de pédale et les kilomètres parcourus, Ernest eut du mal à s’endormir ce premier soir. Il découvrit que Bernadette ronflait et que quand on dort, même si on est une jeune fille bien élevée, on n’a aucune retenue. De temps en temps en effet elle lâchait des pets plus ou moins tonitruants pour accompagner ses ronflements. Le cassoulet faisait son effet. Quel charmant voyage cela allait être jusqu'à Lourdes !

AEV 1617-04 JP Che Guevara à vélo

 

4 octobre 2016

Ernest et Bernadette vont à Lourdes. 9, Road movie / Eliane

Le neuvième jour ils firent étape à Mont-de-Marsan. Ils avaient pris la route qui, à partir de leur étape de Bordeaux, traverse la forêt de pins des Landes Sur cette route il avait plu sans arrêt. La pluie rendait la forêt sombre, Ernest n'arrêtait pas de râler qu'il n'y voyait rien à travers ses lunettes et qu'il commençait à ressembler à une éponge sous son trop léger vêtement de pluie. Bernadette riait et lui demandait pourquoi il n'avait pas pris l'option « essuie-glace » au moment de l'achat de ses lunettes.

AEV 1617-04 seche-linge-tkb-640-wp

Ernest continuait de bougonner. Comment allaient-ils s'y prendre pour sécher leurs vêtements ? Auraient-ils donc oublié d'ajouter le sèche-linge dans la petite remorque qu'il tractait et qui contenait leur matériel de camping ?

Bernadette riait de plus belle et l'eau de pluie qui ruisselait de son visage lui entrait dans la bouche.

- Nous trouverons bien une laverie automatique qui, moyennant quelques euros, nous rendra nos vêtements tout secs et tout chauds ! Allons, tout ira bien, le rassurait-elle, Mont de Marsan est une petite ville mais tout de même assez grande pour offrir tous les avantages de la civilisation moderne. Allez souris, Ernesto !

Le « Ernesto » avait le don de mettre notre Breton en fureur. S'il avait entrepris ce long voyage dont la finalité lui paraissait douteuse vers cette ville de Lourdes où, affirmait-on, se produisaient des miracles, c'était bien pour oublier le Che, cette légende, ce mythe dont l'image fleurissait encore partout, que tous les jeunes et les moins jeunes encensaient.

L'eau miraculeuse ferait-elle des merveilles ? La bonne vierge comprenant son calvaire, ferait-elle disparaître de toutes les mémoires, de tous les livres, de tous les films ou documentaires l'image et le récit de la vie d'Ernesto Che Guevara ? Le portait, toujours le même, disparaîtrait-il de tous les tee-shirts, sacs à dos ou autres supports ? La chanson « Commeadante Che Guevara »serait-elle tout à fait introuvable, même chez les meilleurs disquaires vendant du vintage ?

AEV 1617-04 les arènes du Plumaçon BisErnest ruminait ces sombres pensées tout en pédalant énergiquement. Bernadette, elle, avait potassé les guides touristiques. Elle savait que dans leur prochaine ville étape, il y avait un musée dans une ancienne tour restaurée qui montrait beaucoup d'oeuvres d'un sculpteur local dont elle avait oublié le nom. Elle savait qu'il y avait des arènes et qu'il y avait toujours des corridas à l'occasion des grandes fêtes. Elle ne se souvenait pas s'il y avait des mises à mort. Elle espérait que non, et si c'était le cas elle aimerait bien voir le spectacle au moins une fois.

Elle savait qu'il y faisait bon vivre, qu'il y avait des terrasses de café, le plus souvent inondées de soleil, que chaque maison avait son jardin et dans chaque jardin une piscine. Bien sûr la couleur actuelle du ciel ne présageait pas de tels moments de bronzette. Mais elle savait aussi que la gastronomie du Sud-Ouest était réputée, au moins pourraient-ils peut-être se régaler de magrets de canard. Enfin on verrait bien. La situation géographique de Mont de Marsan est assez enviable, pas très loin de la mer pour quelques escapades d'une journée, et pas non plus très loin des Pyrénées pour de courts séjours de ski.

Elle tentait, par bribes, de vanter tous ces avantages auprès de son compagnon qui demeurait sourd à cela. Il en avait plein le dos, de ce voyage, fin de commentaires !.

Ils furent très vite rendus à destination. C'etait peut-être leur plus courte étape et ils bénéficiaient du retour du soleil. Cela rendrait-il son sourire à notre ami bougon, pas sûr, d'autant qu'ils eurent bien du mal à s'orienter dans cette ville pleine de rues assez étroites et de sens interdits, chiche en panneaux indicateurs. Ils eurent du mal à circuler. Cette petite ville n'avait rien à envier aux grandes question circulation et embouteillages. Peut-être était-ce la mauvaise heure ?

Ernest pestait de plus belle, qu'étaient-ils venus faire dans cette galère ? Ils finirent par aboutir au centre-ville, mais au Sydicat d'Initiative on les informa que les deux campings municipaux étaient complets. Ernest se demandait ce que les gens pouvaient bien venir faire dans cette ville où il n'y avait rien à faire.

AEV 1617-04 Nahuques-1Pleins de ressources, les deux amis plantèrent leur canadienne dans le Parc de Nahuques, joli parc aménagé sur les bords d'une des trois rivières qui confluaient à Mont de Marsan.

Ils mirent des vêtements secs et se mirent en quête d'une laverie automatique possédant un sèche-linge. Ils ne trouvèrent rien au centre-ville. Ils reprirent donc leurs vélos et, après quelques errements, n'étant pas équipés de GPS, arrivèrent quand même dans un centre commercial de bonne taille, où ils purent sécher leur linge et se restaurer rapidement. Oubliés, hélas, les magrets de canard.

Puis il se fit tard, ils rentrèrent bien vite, pressés de retrouver leurs duvets.

Publicité
Publicité
28 septembre 2016

Consigne d'écriture 1617-03 du 27 septembre 2016 : Le jeu des sept croix

Le jeu des sept croix de Pierre Frenkiel

Chacun écrit son prénom au verso d'une feuille blanche. Sur le recto de la feuille il positionne sept croix ou points.

On transmet la feuille au voisin ou à la voisine de droite. Il ou elle a pour mission de relier deux de ces croix ou points par une ligne droite, courbe, brisée, un dessin, un mot, une phrase... On fait ensuite tourner la feuille six fois et on la rend à son propriétaire.

On obtient donc un dessin, schéma, cadavre exquis ou gribouillis à partir duquel on écrit un texte. 

Ce jeu d’écriture est tiré de ce livre de Pierre Frenkiel, p. 84-85 :

 

AEV 1617-03 Frenkiel

 

27 septembre 2016

Les croix / Marie-France

Avec une infinie tendresse, la foule les yeux levés,
Regardait avec inquiétude et admiration,
L'enfant se balancer sur son fil, si fragile.
Les spectateurs béats et attentifs
Poussaient des Oh et des Ah
Il ne leur en fallait pas plus pour être heureux.

AEV 1617-03 20229739-B-b-seamless-de-mignonne-petite-girafe-illustration-color-e-Banque-d'images

Au sol, la girafe s'était invitée,
Perchée sur une boule,
Elle se dandinait tout autour de la piste,
Et saluait majestueusement au passage,
Les petits et les grands.
C'était assurément une girafe acrobate.
Elle donnait l'illusion de se mélanger les pattes
Mais à chaque fois se rétablissait,
Et la boule roulait, roulait…

Les papys et les mamies,
Les grands et les petits
Se reculaient au passage
De cet animal un peu sauvage.
Mais chaque fois qu'elle semblait s'en aller,
Ils en redemandaient
De ces numéros d'équilibre.
Ils se sentaient transportés
Au 7ème ciel de la félicité.

AEV 1617-03 stickers-cirque-elephant-sur-un-monocycle-R0-204289

L'espace d'une soirée
On se sentait pousser des ailes,
On aurait aimé rejoindre
L'enfant sur son fil.
Maintenant il se balançait
Sur un trapèze volant,
Et soudain retombait
Sur le dos d'un éléphant.

Un tonnerre d'applaudissements,
Et tous les animaux présents,
Sont venus nous saluer
Avant de s'en aller,
La queue en balancier.

Ils avaient été bien obéissants,
Dociles et appliqués.
J'en arrive à penser,
Comme l'a si bien écrit Henry :
« Tout animal vaut mieux que l'homme ».
N'est-ce pas petit bonhomme ?

Ecrit à partir du schéma-dessin ci-dessous.

AEV 1617-03 Marie-France - Les 7 croix

 

27 septembre 2016

Questionnaire à croix multiples / Jean-Paul

Allô ? Allô ?
Allez ! Allez !
Ali ! Ali !
Alu ! Alu !
Allah ! Allah !
Hâle ! Hâle !

AEV 1617-03 henri2_3Allô ? Allô ? Ca va, là haut ?
Allez ! Allez ! Brigitte Lahaye !
Ali ! Ali ! Ne m’réponds pas en swahili
Alu ! Alu ! Y’a Henri II dans le bahut !
Allah ! Allah ! Elle a ce je n’sais quoi, un petit tralala
Hâle ! Hâle ! Y’a du soleil et du ciel bleu

Est-ce maman qui a bobo ?
Est-ce Louison qui a Bobet ?
Est-ce Louis Armstrong qui se trouve ébaubi ?
Est-ce Macron qui est barbu ?
Est-ce qu’on peut rester cool quand on l’a dans l’baba ?
Est-ce qu’on peut taire le vent à écorner les bœufs ?

Qui a mangé tout le paquet de chamallows ?
Qui a plongé dans le baquet du Tourmalet ?
Qui a songé à lui rabattre le caquet au cruel vautour du Mali ?
Qui à Tanger s’en va récupérer des points comme ce n’est pas permis pour stopper son malus ?
Qui s’en va voir l’amiral Nelson à Montfort-sur-Meu pour lui piquer ses mandalas ?
Qui s’en va corriger les banquiers scandaleux ?

AEV 1617-03 don_quijote_baja_by_fgalve-d7a57y2

Est-ce Don Quichotte ou bien Sancho ?
Est-ce donc Cochise ou bien Sanchez ?
Espadon qui chuchote ou baleine sans chichis ?
Est-ce pas là le tapis de mousse sur lequel Tarzan chut ?
Est-ce pas le maousse de tapa que Don Quichotte pêcha et que Sancho lança ?
Est-ce pas là l’estomac dans lequel j’ai un creux ?

Qui a dit « Martyr c’est pourrir un peu » ?
Qui a dit « Marteau, c’est poireau un pneu » ?
Qui a dit « Martel c’est pareil qu’un preux s’il s’appelle Charles » ?
Qui a dit « Merlu c’est perle d’Orient qu’un pur stratagème a changé en sel » ?
Qui a dit « Mastard, c’est pouvoir un peu » ?
Qui a dit « Matheux, c’est palsambleu un peu » ?

Faut-il continuer à se battre contre des moulins à vent ?
Faut-il continuer à s’ébattre contre des nymphes en jean moulant à Provins ?
Faut-il continuer à débattre contre les provocations vermoulues de l’avant ?
Faut-il continuer à délirer ainsi jusqu’à ce que survienne au bout de l’écriture une déconvenue ?
Faut-il continuer à désirer un peu jusqu’à ce que s’en vienne au bout de l’aventure une des icônes sur lesquelles les ébats de l’Abdul dessinées en octobre au zoo font naître un petit lion dans le premier décan ?
Faut-il continuer à rester dans la queue qui n’avance pas d’un pas pour pouvoir observer la comète de Haley et son curieux halo ?

Halo ? Halo ?
Allô ? Allô ? Ca va là-haut ?
Est-ce Maman qui a bobo ?
Qui a mangé tout le paquet de chamallows ?
Est-ce Don Quichotte ou bien Sancho ?
Qui a dit « Martyr c’est pourrir un peu » ?
Faut-il continuer à se battre contre les moulins à vent ?

Ecrit à partir du schéma-dessin ci-dessous.

Jeu des sept croix - JK

23 septembre 2016

Consigne d'écriture 1617-02 du 20 septembre 2016 : Belle ou moche ?

Belle ou moche ? 

On collecte du vocabulaire : dix rimes, pas forcément riches, à l’adjectif « belle » et dix rimes «  à l’adjectif « moche ».

On met ce vocabulaire en commun. On obtient ainsi la liste ci-dessous. Il est demandé d’écrire une chanson, un poème, un texte dans lequel on fait alterner les sonorités en « elle » et les sonorités en « oche ».

Accroche - Bamboche - Bastoche - Belle-doche - Bidoche - Boche - Bouloche - Brioche - Caboche - Cantoche - Cinoche - Cloche - Coche - Effiloche - Fantoche - Fastoche - Fastoche - Festoche - Filoche - Gavroche - Galoche - Gauche - Juliette Binoche - Loches - Maréchal Foch - Mioche - Moche - Place Hoche - Poche - Proche - Ricoche - Roche - Sacoche - Taloche - Télé-poche - Totoche - Tournebroche – Valoche.

 

Aile - Annabelle - balancelle - Bébel - Bordel - Bretelle - Camel - Cannelle - Caramel - Caravelle - Carrousel - Colombelle - Cruel - Damoiselle - Demoiselle - Dentelle - Donzelle - Echelle - Escarcelle - Femelle - Ficelle - Fidèle - Gabelle - Gamelle - Gargamel - Gazelle - Glorfindel - Hirondelle - Hôtel - Isabelle - Jean de Nivelle - Label - Manivelle - Marcel - Marelle - Mère Michel - Miel - Mirabelle - Missel - Pelle - Pimprenelle - Polichinelle - Poubelle - Porte-jarretelles - Quel - Ravel - Réel - Ribambelle - Ridelle - Rimmel - Ritournelle - Saltarelle - Sauterelle - Sel - Tagliatelle - Tarentelle - Tel - Tourterelle - Vaisselle - Varicelle - Vermicelle – Violoncelle.

 Ce jeu d’écriture est inspiré de la chanson « Belle et rebelle » de Juliette Noureddine sur l'album "Nour".

 

AEV 1617-02 juliette_nour-1024x1024

23 septembre 2016

Famille Thénardier, je vous hais ! / Jean-Paul

Ils continuent de ne pas s'embêter, à l'Université de Rennes 3 ! L'équipe de chercheurs un brin farfelus formée par le Pr Isaure Chassériau et les trois frères Park (Luna, Jurassic et Central) envoie toujours dans le passé son véhicule-robot baptisé Tornado afin d'en ramener des trésors (?) non parvenus jusqu'à nous. Il en est ainsi du poème ci-dessous, un  pastiche de Victor Hugo écrit par André Gide et que l'auteur a sans doute jugé bon de déchirer un peu avant de recevoir le prix Nobel de littérature en 1947. Remercions l'Université de Rennes 3 d'avoir récupéré ce document très intéressant pour l'histoire littéraire du XXe siècle.

FAMILLE THENARDIER, JE VOUS HAIS ! (un poème retrouvé d’André Gide)

AEV 16-17-02 dubout5

Si tu veux foutre le bordel
Au nouvel an chez ta belle-doche
Tu débarques en porte-jarretelles
En brandissant un tournebroche
Garni de blanches tourterelles !

Surtout, n’fais pas dans la dentelle,
Au nouvel an chez ta belle-doche !
Vas-y déguisé en poubelle
Avec des restes de cantoche
Dans ta chevelure poivre et sel ! 

AEV 1617-02 5176981

Comme Lady Gaga l’infidèle
Tu te recouvres de bidoche,
Tu joues au vieux Polichinelle
Et tu accroches en haut de l’échelle
Les plus turbulents des mioches moches
De ta belle-sœur Isabelle.

C’est fastoche de faire un festoche
De mauvais goût un peu cruel !
Je sais d’infâmes ritournelles
Extraites des « Fiancés de Loches »

Du genr’ « Le chat d’la mère Michel
Mixé dans la pâte à brioche » !

 A la petite Pimprenelle
Tu confisques sa vieille totoche,
Tu la lui caches dans l’eau d’vaisselle
Et à sa grande sœur, la gazelle
Qui crèche rue du Maréchal Foch,
Pendant qu’elle touille son vermicelle
Tu lui roules deux ou trois galoches !

AEV 1617-02 dubout6

Si tu veux foutre le bordel
Au nouvel an chez ta belle-doche
Tu viens avec la varicelle,
Avec la peau qui s’effiloche !
J’ai un pote qui boss’ dans l’cinoche,
Il connaît toutes les ficelles
Du maquillage gore qu’on s’accroche
Pour faire trembler les jouvencelles !

 Si t’es du genre intellectuel
Tu viens avec Aldo Ripoche !
Il jouera sur son violoncelle
Le « Concerto pour la main gauche »
Du dénommé Maurice Ravel
Ou de frondeuses tarentelles
Composées par Gérard Filoche :
Y’a pas plus chiant comme saltarelle ! 

AEV 1617-02 albert-dubout-le-prince-des-humoristes-7-m

Si ta famille, par les bretelles,
T’envoie ramasser une gamelle
Sur le pavé de la place Hoche
Tu as gagné ! C’est dans la poche !
Tu ne paieras plus la gabelle
De cette sinistre bamboche :
Tu ne fais plus partie des proches !

Et l’année prochaine, à Noël
Moët et Chandon plein la valoche,
Caviar de Russie à la pelle,
Tu pourras te taper la cloche
Sans te farcir les sales caboches
De ces messieurs et demoiselles !

Tu pourras te faire un cinoche,
Mireille Darc dans « La grande sauterelle »,
Un film avec Juliette Binoche,
Un vieux polar avec Bébel
Ou rester devant ta téloche
En te gavant de caramel !

AEV 1617-02 62d7064d

Famille, je vous Gargamelle !
Vous ne méritez que taloches,
Horions et coups de manivelle !

Et je signe, sans anicroche :
Gavroche, rebelle de la Bastoche.

 

 

Les illustrations sont d'Albert Dubout et empruntées ici et là sur le web. Merci à l'artiste et aux généreux partageurs.

Publicité
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité