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L'Atelier d'écriture de Villejean

9 septembre 2015

Consigne d'écriture 1516-01 du 9 septembre 2015 Voyage sur la carte

Voyage sur la carte

L'animateur distribue des cartes routières ou topographiques.
Il est demandé de raconter un voyage, une randonnée, une balade à partir des noms trouvés sur la carte

pays-de-dinan

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9 septembre 2015

En pays de Loire ? / par Hélène

Perdue au milieu d’une carte, je n’avais plus de repères. Il me semblait être dans les Pays de la Loire mais à en croire les noms de certaines villes, je m’étais rendue en Champagne !!

280px-Clocher_église_St_Ouen_en_Ch

A gauche, Cossé-en-Champagne, à droite, St-Ouen-en-Champagne, devant, Virée-en-Champagne, derrière, Mareuil-en-Champagne !!
De chaque côté de la route…… des vignes ! A cette saison, le raisin commençait à mûrir. Il allait lui falloir du soleil pour faire rougir de plaisir les vignerons puis les amateurs de bon vin !
Mais alors, vin de Loire ou Champagne ??
Peu m’importait, je continuai ma route.

Devant moi, Le Fourneau, un petit village perdu au milieu de nulle part ! Sur la place trônait un restaurant dont le slogan vous mettait l’eau à la bouche : « Venez tous au Fourneau et mettez-vous les pieds sous la table, vous verrez, c’est un vrai régal ! ».
Mais pour moi, pas de temps à perdre, mon pique-nique m’attendait sagement dans la glacière. Il me fallait arriver à destination avant la tombée de la nuit.
Je me décidai à faire demi-tour. A quelques mètres du Fourneau était indiquée La Romerie.
Rêvé-je ou dors-je éveillé ? Cette rhumerie me fit voyager de plus belle : Martinique, Guadeloupe… Les vacances, les flots bleus, le soleil... Je m’arrêtai et profitai pleinement de ce moment merveilleux.

bandea14

Nos vacances en famille me revenaient en mémoire. La Baignoire de Joséphine, un verre de rhum à la main dans cette eau limpide où s’entremêlent les rires et chahuts de chacun. Et nous deux, prêts à sauter le Grand Pas !
J’aurais pu, si j’avais choisi de tourner à droite choisir la direction du Petit Pas mais mon choix était des plus sincères : j’étais prête pour le grand pas !
Soudain, ouvrant les yeux, mon regard fut attiré par un panneau au nom bien étrange : L’Hôpitau. De quel patois pouvait venir cet hôpital si singulier au pluriel ? Je n’avais pas la réponse et personne en vue pour répondre à ma question. Il commençait à se faire tard ! Il me faudrait vérifier une fois rentrée à la maison.

Puis, interpellée, je me demandai si je ne tournais pas en rond : pour la 4ème fois, je venais d’apercevoir une pancarte indiquant "la Maison Neuve".
Je me décidai à reprendre ma carte. Il me fallait me repérer à tout prix pour arriver à destination.
Mais très vite, je la refermai. La pénombre m’empêchait de voir distinctement les chemins de traverse.
Et ce voyage des moins communs me permettait de m’enfuir outre mesure. Peu importe la région, peu importe le chemin. Ce voyage m’avait permis de m’évader !

8 septembre 2015

Conte de fée / Jean-Paul

 

150520 020 recUne bonne fée s’est penchée sur mon berceau. Elle a dit à Maman et Papa que je serais un être chétif, contemplatif et maladif. Maman et Papa ont commencé à faire la gueule et à regarder la bonne fée d’un sale œil. Ils se sont demandé ce qu’elle fichait là, cette non-invitée à mon non-baptême qui, plutôt qu’à une sorcière en robe rose et chapeau pointu avec une baguette ridicule, ressemblait à l’Amélie Nothomb qui du reste n’était même pas encore née.

La bonne fée s’est empressée d’ajouter « …Mais que… ». Donc, « que je serais un être maladif, contemplatif et maladif mais que, étant natif du cancer et ayant l’ascendant en scorpion, j’étais assimilable à un saturnien et que donc je me réaliserais très tard.

- Qu’est-ce que ça veut dire, en clair ?, a demandé Papa.
- Ca veut dire qu’il va chercher, toute sa vie durant, une maison abandonnée dans laquelle il y a un trésor.

Papa et Maman ont oublié de me raconter cette scène ou ils me l’ont racontée autrement mais dès qu’ils ont su que je serais un jour propriétaire d’un trésor, ils se sont un peu plus intéressés à moi. Et moi, je n’aime pas trop qu’on me regarde comme ça.

Pour la première partie du diagnostic, la bonne fée a eu raison tout de suite ! Je ne sais si c’est d’avoir atterri là entre Papa et Maman, je ne sais si c’est parce que je suis un saturnien sans les anneaux mais pratiquement dès ma venue au monde j’ai asthma-tiqué.

jpi jpa au bassin de la bourboule

Du coup on a passé toutes nos vacances à La Bourboule. La Bourboule, en Auvergne, bien des citoyens n’en ont cure mais moi si. Tous les matins. Bains de vapeur, inhalations, et pour finir tu bois un grand verre d’eau chaude et dégueulasse, on te met une écharpe autour du nez alors qu’il fait 32° dehors, tu remontes dans la voiture surchauffée et tu es balloté pendant vingt kilomètres sur la route en virages pour rejoindre toute la famille qui fait du camping sauvage dans une prairie à vaches.

Après la sieste obligatoire, on fait des excursions en noir et blanc, la tournée des lacs en noir et blanc, on se photographie devant la maison abandonnée en noir et blanc… Oui, parce qu’à cette époque-là, mes enfants, au siècle dernier, la vie était encore en noir et blanc. La tour Eiffel en noir et blanc, le château de Val en noir et blanc…

Je ne sais pas où est passée la photo de la vieille maison auvergnate à l’abandon. Y avait-il un trésor dedans ? 

Bon, je ne suis pas là pour vous raconter ma vie. Mais c’est vrai que plus j’avance en âge et plus j’ai l’impression de me réaliser. J’ai été guéri de mon asthme assez vite et je suis monté à Paris où j’ai commencé à chercher le trésor promis par la fée.

jojo mémé jpa jpi et vieille maison

Au début, comme j’étais un peu niais, j’ai cru que je l’avais trouvé. C’est vrai, quoi ! J’avais un boulot, je n’avais plus Papa et Maman sur le dos, je gagnais un peu d’argent et j’habitais à Paris où il y avait plein de cinémas, de salles de spectacle, de librairies et de disquaires. Alors, comme être riche se dit parfois « avoir de la galette », j’ai commencé à les collectionner. A l’époque les galettes étaient des objets ronds et noirs, d’un diamètre de trente centimètres, percés d’un trou en leur milieu, garnis d’une étiquette, emballés dans une enveloppe de papier blanc ou de cellophane et mis dans une pochette en carton illustrée de photos ou de dessins plus ou moins psychédéliques. Pour jouir de ces trésors-là il fallait disposer d’un tourne-disque ou d’une chaîne hi-fi.

DDS 367 vivaldi-risi-bisi-finediningloversComme l’obsolescence programmée n’avait pas encore été inventée, je possède toujours cette chaîne hi-fi d’il y a un siècle et comme je suis un saturnien soigneux et conservateur, j’ai gardé aussi en très bon état tous mes disques vinyles et mes nombreux livres. Par contre j’ai perdu tous les amis auxquels j’ai fait appel pour m’aider à déménager. Je ne sais pas si vous avez déjà eu à porter les œuvres complètes de certains écrivains ou l’intégrale de Vivaldi mais je peux vous dire que quatre saisons et quatre cent concertos, même si c’est toujours le même, comme disait Stravinsky, ça pèse.

Le problème dans ma vie, c’est que je n’ai pas déménagé qu’une fois.

J’ai eu le bonheur d’épouser une femme-bélier. C’est très bien une femme-bélier. La femme-bélier est à elle toute seule un trésor incommensurable, incomMarsurable, même. L’ennui, c’est que ça bouge tout le temps et que ça a toujours une longueur d’avance dans le calendrier, une femme-bélier. Quand vous n’avez pas de téléphone portable, elle vous appelle sur le téléphone de votre copine pendant que vous êtes à l’atelier d’écriture pour vous faire dire que vous avez oublié ce soir d’aller au Conseil d’administration de l’association R. et C. alors que celui-ci n’a lieu que la semaine suivante.

La femme-bélier décroche aussi des armoires du mur pour accrocher une nouvelle armoire plus grande et plus lourde et elle vous demande de la décrocher le lendemain parce qu’elle a l’impression que c’est mal accroché et en fait on s’aperçoit que c’est inaccrochable et donc on raccroche les anciennes armoires et on revend la nouvelle sur le Bon Coin.
Bref, si vous comptez épouser une femme-bélier ces jours-ci, sachez qu’elle changera la plce de la poubelle tous les mois et qu’elle vous fera déménager tous les cinq ans.

Heureusement, un jour, j’ai fait preuve d’autorité. Oui, je sais, un jour dans toute une vie, ce n’est pas beaucoup. J’ai dit : «OK. T’as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul, tu as voulu qu’on vive à Rennes et on y est. Mais maintenant qu’on est tombés sur la case «appartement au deuxième étage avec jardin et garage qu’on n’a même pas besoin de monter la voiture dans l’escalier » alors maintenant, ça suffit, on ne bouge plus !».

J’ai obtenu gain de cause. En partie.


Jacques Brel - Vesoul par Wazoo

 Parce que ma femme-bélier est toujours partie par monts et par vaux et parce que tous les étés, pour les vacances, c’est transhumance. Je me demande même si Maman ne lui a pas raconté l’histoire du trésor dans la maison abandonnée, à ma Dulcinée à cornes ! Peut-être qu’elle la cherche sans me le dire et que c’est pour ça qu’on bat la campagne ? C’est bien simple, on a six boîtes pleines de cartes d’état-major et des topo-guides à ne plus savoir qu’en faire.

150807 N 011

Cet été on a marché du lac de Guéry à la Banne d’Ordanche, d’Annoville-sur-Mer à Hauteville-sur-Mer-Plage, de Saint-Martin de Bréhal à Granville, on a fait le grand tour du lac Pavin, celui du lac Chauvet, on a longé les cascades de Chiloza, on a pris le bateau pour aller aux îles Chausey, on a longé le lac de Paladru, on a visité le château de Chantilly et son parc immense, on a tourné dans Chambéry, Vendôme, Rouen, Lille et Rennes et j’en oublie et j’en oublie. On est passés à Foupoule, à Village Chou, à Bogros-les-Chiens, à Besse-Saint-Anastaise, à Domessin, à Pont-de-Beauvoisin, à Aiguebelette…

 

 

 

150723 B 004Moi j’ai ramassé des coquillages et pris des photos de tous ces endroits. C’est ma chasse au trésor qui continue. Je suis très heureux comme ça. Pas besoin de plus. Je ne cherche plus vraiment pour ma part la maison abandonnée.

Mais cette nuit, peut-être parce que c’est dur de reprendre un boulot sédentaire après des vacances aussi mouvementées, peut-être parce que je me couche trop tard le soir, j’ai fait un drôle de rêve. Il y avait une maison abandonnée et pour une fois j’entrais dedans. Au milieu des gravats, il y avait une vieille femme dans un fauteuil roulant. Je l’ai reconnue tout de suite. C’était la bonne fée qui s’était penchée sur mon berceau mais elle avait beaucoup vieilli. Elle aussi m’a reconnu. Elle m’a dit :

- Alors, lou ravi de la crèche ? As-tu trouvé ton trésor, finalement ?
- Je pense que oui, Madame, mais je ne sais pas ce que c’est.
- J’ai trois réponses à te donner. Laquelle veux-tu entendre ?
- Les trois ?
- Va pour les trois ! La maison abandonnée, c’est celle de tes parents et le trésor, c’est ton enfance. La maison abandonnée, c’est le monde, et le trésor, ce sont tes jambes. La maison abandonnée, c’est ton cerveau à la capacité limitée et le trésor, c’est ton seul et unique neurone.

Ca m’a bien plu, ce rêve, alors du coup, je me suis réveillé et pour une fois, je suis allé travailler gaiement !

Publié sur le Défi du samedi n° 367 d'après cette consigne

6 juin 2015

Consigne d'écriture 1415-31 du 5 juin 2015 : Conte avec les sons inc, anc et onc

Conte avec les sons anc, inc et onc

 

On collecte du vocabulaire contenant les sons inc, onc et anc. On l’insère d’ans un conte composé avec les ingrédients suivants : deux personnages, deux aspects, un objet, un lieu, un événement piochés dans le jeu de cartes «Il était une fois».

Ont été récoltés :

Richard Virenque - Inconvenant - Cinq sur cinq - Inca - Ornithorinque - Trinquette - Vainqueur - Zinc - Vaincre - Trinquer - Instinctif - Inquiet – Quinquennat.

Saltimbanque - Branquignol - Pétanque - A la manque - Ancolie - Mélancolie - Banque - Banquet - Manque - Ancre - Tank - Encre - Planque – Calanque.

Jonque - Tonkinoise - Pétoncle - Conque - Ponctuel - Malencontreux - Tronqué - Jonquille - Oncle - Oncologie - Quelconque - Quiconque – Donc.

AEV 1415-31 Il était une fois 2

5 juin 2015

Un conte gastronomique breton / Jean-Paul

AEV 1415-31 01 cuisinier

Il était une fois un petit cuisinier qui était laid, mais laid ! Alors là, non, jamais vous ne pourriez imaginer à quel point il était laid ! C’est bien simple, il était tellement laid qu’en l’apercevant le lait tournait, les poulets se carapataient, les carottes s’écriaient « On est cuites !», les haricots se lamentaient « C’est la fin, Jane », les betteraves partaient piailler dans les pumas et même les œufs se cassaient. Malgré tout cela, en dépit de cette laideur et de ces incidents, il était le plus brave des garçons du royaume et surtout c’était le meilleur des cuisiniers que la Terre jamais ne porta. Il s’appelait Ferdinand.

Il venait justement, ce jour-là, d’être engagé pour travailler au château dans les cuisines du roi. Il avait donné toute satisfaction lors de son entretien d’embauche.

Le roi et la reine de ce pays-là étaient heureux, mais heureux ! Alors là, non, jamais vous ne pourriez imaginer à quel point ils étaient heureux ! C’est bien simple, même le plus imbécile parmi les pauvres en esprit n’était pas aussi heureux qu’eux. Même le Dieu Rakatsaka qui est le dieu des imbéciles chinois qui regardent la lune en se mettant le doigt dans l’œil n’était pas aussi heureux que Lao-Tseu ni qu’eux.

AEV 1415-31 02 laid

C’est que le roi et la reine avaient une fille unique. C’était leur trésor, la prunelle de leurs yeux et ceux de la princesse étaient plus bleus encore que les eaux de la Méditerranée dans les calanques près de Marseille. Elle était belle, mais belle cette princesse ! Alors là non, jamais vous ne pourriez imaginer comme elle était belle. L’ennui, c’est qu’elle avait un QI de pétoncle.

Le roi et la reine éprouvaient certaines nuits de grands moments de mélancolie. Ils songeaient que tous les prétendants à la main de leur fille se rendaient vite compte, aux réponses inconvenantes qu’elle faisait à leurs discours, qu’elle avait un cerveau d’ornithorynque du Tonkin auquel auraient manqué le bec de canard, les pattes palmées et même le manche du couteau sans lame de M. Lichtenberg. Malgré la beauté physique de la demoiselle, tous se détournaient très vite du projet de l’épouser. Comme disait le proverbe branquignol très en vogue dans ce royaume-là : « Il n’y a pas que le sexe dans la vie, il y a aussi les chiffres et les lettres ».

AEV 1415-31 03 mendiant

Un beau jour donc – il était beau ce jour mais beau ! Alors là non, jamais vous ne pourriez imaginer à quel point c’était un beau jour de chez beau jour ! Un beau jour donc, un mendiant vint frapper à la porte du château. A l’époque on disait plutôt « heurter à l’huis ». Cela fit Plonk, Plonk, Plonk et Replonk. On amena le saltimbanque auprès de leurs majestés. Car le roi aimait à se divertir de la variété de ses sujets. Le couple royal recevait tout un chacun à demeure. A la table du banquet, ils laissaient toujours une place pour le pauvre de passage. Car voyez-vous les philistins adorent les oiseux de passage : leurs lamentations ponctuelles et perpétuelles sur leur sort et le bout du zinc ajoutaient au bonheur des royales personnes.

AEV 1415-31 04 effrayéMais le mendiant qui était entré ce jour-là ne se plaignit pas. Il avala sa pitance en silence, trinqua avec les dignitaires de cette haute assemblée. Qu’elle était haute, mais haute, cette assemblée ! Alors là non, jamais vous ne pourriez-vous imaginer à quel point elle culminait ! A la fin du repas, en vue de prendre congé et la direction de la sortie, le mendiant s’approcha du roi et de la reine. Ceux-ci, quelques peu inquiets d’un tel culot, effrayés même de cette initiative à la manque eurent un mouvement de recul instinctif mais ils furent tout ouïe dès que le drôle de bonhomme leur eut dit :


AEV 1415-31 05 anneau- Je sais quel est votre souci, vos altesses. Il vous faut marier votre fille et tout le monde se rend compte qu’elle est un peu quiche alors même qu’on n’a pas encore inventé la Lorraine. Je vous conseille juste de faire monter les enchères. Promettez aux chevaliers, seigneurs, nobliaux, hobereaux, parvenus, prétendus et prétendants de tout poil que vous donnerez en dot à votre fille l’Anneau papal et la ville d’Avignon. Il faudra pour cela quérir la réponse à cette énigme.".

Il sortit de sa besace un rouleau de parchemin qu’il remit au roi, il fit une révérence et il s’en alla.

 

AEV 1415-31 06 nuitLe roi et la reine réfléchirent cette nuit-là. L’anneau papal et la ville d’Avignon, ce n’était pas rien ! En même temps, le pont sur lequel les habitants dansaient était cassé en son milieu et la religion, ni le roi Richard ni la reine Séréna ne s’y étaient jamais vraiment intéressés, pour dire. C’était juste un pouvoir concurrent qui inquisitionnait bien un petit peu par-ci par-là, qui faisait ses petites affaires avec ses petits habits sacerdotaux, qui aimait bien avoir l’air, qui conquistadorait ramener des trésors du pays Inca mais grosso modo, bon an mal an, on vivait en bonne entente avec cette secte qui n’avait pas encore réussi.

Justement, le dernier pape était mort et un nouveau pape était appelé à régner.

 

AEV 1415-31 07 poursuite

Alors, le lendemain, tous les hérauts du royaume allèrent proclamer ici et là que celui qui trouverait la réponse à la devinette suivante épouserait la princesse et deviendrait pape :

« Monsieur et Madame Saint-Malo-Alanage-C’estcoton ont un fils. Comment s’appelle-t-il ?

Tous les preux du royaume se mirent en quête de la réponse. Certains partirent sur d’improbables jonques, traversèrent les mers, utilisèrent tous les moyens, y compris le prototype du vélo de Richard Virenque pour partir à la poursuite de la réponse. Ils allèrent partout, auprès du mage Carambar, de Maître Jacques de Vannes qui en sortait de bonnes, de la bonne à la Pythie de Delphes. Il faut dire qu’à cette époque, ni Victor Hugo, ni le calembour, la fiente de l’esprit qui vole, n’avaient encore été inventés. Il fallait consulter un spécialiste pour ce genre d’énigmes.  

AEV 1415-31 08 en merLe temps passa sans que personne ne revînt avec la bonne réponse. La vie heureuse reprit son cours. La reine avec mélancolie refit pousser ses ancolies. Le roi se désola que toutes ces andouilles fussent rentrées bredouilles.

Le temps passa sur les mémoires, on oublia l’événement. Un beau jour, cependant, le roi vint aux cuisines et annonça qu’il y aurait festin le lendemain car c’était le jour anniversaire de la naissance de la princesse.

C’est ici que nous retrouvons notre petit cuisinier, vous vous souvenez, le laid du début ?
Il avait tellement fait ses preuves dans la cuisine qu’il y était devenu maître pâtissier. On l’appelait Taupe Chiffe à cause de ses yeux de myope et de sa mollesse apparente mais son savoir-faire en matière de génoises, de savarins et de décorum laissait tout le monde baba. Ce fut lui, tout naturellement, qui prépara le gâteau d’anniversaire.

AEV 1415-31 09 épilogue

Il était bon, mais bon ce gâteau ! Alors là, non jamais vous ne pourriez imaginer à quel point il était bon ! C’est bien simple : quand la princesse en eut mangé, elle exigea qu’on lui présente l’auteur d’un tel prodige de gourmandise. On alla donc chercher notre héros dans la cuisine et on amena devant la famille royale le cuisinier boutonneux. La princesse sembla ne pas s’apercevoir de sa laideur.

- Comment t’appelles-tu, beau jeune homme et divin maître-queux ?

Et le pâtissier de répondre :

- Ferdinand !

- Bravo ! hurla le roi ! C’est la bonne réponse ! Monsieur et Madame Saint-Malo-Alanage-C’estcoton ont un fils. Comment s’appelle-t-il ? La bonne réponse est « Ferdinand » ! Je te donne la main de ma fille, l’anneau papal et la ville d’Avignon ! »

Alors l’énigme fut finalement résolue et c’est ainsi que Ferdinand devint pape. S’il s’était appelé Libellule ou Papillon, je n’aurais jamais pu écrire cette histoire-là !

 

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31 mai 2015

Consigne d'écriture 1415-29 du 30 mai 2015 : Le temps qui passe en Tunisie

Le temps qui passe en Tunisie (consigne de Dominique)

 

On écrit sur le thème du temps qui passe à partir de photos ramenées de Tunisie par l’animatrice.

AEV 1415-29 Tunis 2

30 mai 2015

Ganimède alors : un récit de Camille Cinq-Sens / Jean-Paul

La dernière fois qu’Isaure Chassériau a rendu visite à son oncle Camille Cinq-Sens, elle a eu droit à un règlement de conte en bonne et due forme. A force de fréquenter des artistes dans son café du Vieux Saint-Etienne, rue de Dinan, à Rennes, voilà que l’oncle Camille s’est mis en tête de devenir « conteur énervé » :

- Pour commencer ils ont supprimé l'option apprentissage du latin et du grec dans les collèges. Certains d'entre eux ont justifié la mesure en disant que c'était là un refuge pour les élites. Ils ont condamné l'entre-soi mais ne vivent-ils pas tous entre eux ? Les ministres n'épousent-ils pas des journalistes, les footballeurs des mannequins, les philosophes des actrices ?

Et puis après la destruction de Palmyre, ils n'ont pas voulu être en reste. Ils en ont remis une couche sur la sécurité : ils ont interdit les religions polythéistes. Ca n'avait absolument rien à voir avec le sujet mais c'est quand même comme ça qu'on s'est retrouvé tous au bloc, Hermès, Zeus, Héphaïstos, Vénus, Athéna et les autres.

Je ne sais pas comment on s'est fait piéger ni ce qu'on trafiquait dans la bibliothèque de l'Université de Rennes 2 mais quand l'alarme incendie s'est déclenchée tous les étudiants sont sortis et nous pas. Les pompiers qui sont entrés n'étaient pas de vrais pompiers. On n'y a vu que du feu. Ils ont lancé des fumigènes, se sont couvert le nez de masques, ont fait éclater des capsules spéciales. C'est incroyable comme ça gaze à l'Université de Haute-Bretagne depuis qu'ils ont refusé la fusion avec leur voisine de Rennes 1 ! Ils doivent avoir une UFR d'Info-com’ particulièrement soporifique parce que pour être endormis on a été bien endormis, enfumés, enchaînés puis enchristés.

150523 069

Car depuis on croupit à la prison Jacques Cartier. Personne n'en sait rien parce que ça fait plus de deux ans que la prison est vide. Ils ne savent pas ce qu'ils vont faire du bâtiment. Moi je peux vous dire à quoi il sert en attendant : c'est devenu le Guantanamo des dieux en voie d'oubli ! La prison Jacques Cartier de Haute Sécurité !

- Comprenez-moi, les gars, les filles, a dit le directeur de la taule. Les mômes d'aujourd'hui n'ont plus rien dans le citron. Avec ce qu'ils gurgitent sur Ternette ils ne savent plus aligner un sujet, un verbe et un complément. Alors du coup ils alignent les profs dès qu'ils leur causent histoire des religions ou éducation civique. Ils le traitent de raciste comme font le jazz et la java dans la chanson de Nougaro.
Vous, messieurs-dames, vous avez fait votre temps ! Ca fait plus de 2000 ans que vous enquiquinez le monde avec vos coucheries, vos fâcheries, vos numéros de magie, vos oripeaux fripés, votre mythologie et vos mites au logis.
En plus, comme dirait Janus, vous nous compliquez l'existence avec vos prénoms bilangues même pas classes : Vulcain-Héphaïstos, Zeus-Jupiter, Junon-Héra, Kama-Soutra, Mercure O'Chrome... Comment voulez-vous que les mômes s'y retrouvent là-dedans. Ils y perdent leur latin dans vos « monsieur et madame ont un fils » !
Et puis des dieux qui se transforment en taureau, en cygne ou en pluie d'or pour séduire des gonzesses, ça fait quand même un peu grosse tache à l'heure du mariage pour tous, non ? Pas un seul d'entre vous qui aille se faire voir chez les Grecs alors que vous en venez de chez la belle Hellène, c'est pas un drachme mais avouez que c'est limite homophobe, votre discours religieux, non ?

150508 125
Alors je suis sympa. Je laisse les portes des cellules ouvertes, vous vous baladez comme vous voulez dans la prison, mais pas de tentative d'évasion s'il vous plaît, OK ? De toute façon tout est hyper sécurisé ici."

On n'a rien entravé à son charabia.

Là-dessus le temps a passé. Supers-pouvoirs ou pas, Dieux de l'Olympe ou pas, il faut reconnaître que les mecs sont balèzes. Plus rien ne marche pour nous : Zeus ne commande plus à la foudre, l'enclume de Vulcain pèse juste le poids d'un édredon, Héra périclite et Vénus ne monte plus.

AEV 1415-29 -mosaic-of-neptune-bardo-museum-tunis

Il n'y a plus que Neptune qui nous fait rire encore un peu de temps en temps. A la dernière visite médicale la doctoresse, Madame Trépas, lui a trouvé un profil d'étape des Pyrénées dans le tour de France au niveau de ses gamma-globules Marilyne ou de ses lipides amniotiques, on ne comprend rien ni à leur vocabulaire ni à leur écriture à ces Esculapes de seconde zone !

- Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse, Madame le Major ? qu'il a répondu. Vous ne croyez tout de même pas qu'on a le même sang de navet que vous autres les humains, Palsambleu ? On n’est pas de la même veine !

150508 116

Eh bien, colère ou pas, il a quand même eu droit à une deuxième prise de sang de contrôle qui n'a absolument rien donné par rapport aux critères des hominidés qui n’ont pas idée de ce que nous sommes ! Et là, gag : toute sa chimie est plus que normale, dans la fourchette prévue, pile-poil au milieu même !
C’est quand même bien bizarre, je vous l’accorde, qu’un sous l’eau comme ça ne développe même pas le début d’un embryon de cirrhose de la foi. Sans compter qu'avec sa fourche il se goinfre comme pas deux de choucroute de la mer et mange plutôt comme quatre. C'est normal : quand nous on a la dent, lui il a le trident ! La toubibe était drôlement vexée. Du coup elle lui a prescrit une analyse d’urine.

- Ah non, pas Wagner ! L'analyse du Ring, Wotan en emporte le vent ! Autant relire « Les Chevaliers de Königsfeld » et tourner en rond sur le circuit du Nürbürgring avec Michel Vaillant !
- Je ne vous parle pas d'analyse du Ring, je vous dis que nous allons analyser-vos urines de 24 heures.
- Dûment ?
- Je vous fais une ordonnance. Vous retournerez à l'infirmerie voir Mme Lapis-Couse.

150523 001

Le temps a passé. Neptune s'est occupé de sa quatre-chevaux dans l'écurie de la prison, à côté de l'endroit où Héphaïstos chantait avec Orphée la chanson des « Filles des forges », un tube local en acier.
Et puis le doute s'est insinué dans son peu de cervelle. A force de vivre sous la flotte, ses neurones prennent l'eau et le doute s'insinue parfois sous son crâne.

Il s’est dit qu’il n'avait jamais fait d'analyse d'urine de sa vie et qu’il aimerait bien savoir finalement comment ça marchait ce truc la, si ça ne débouchait pas sur une séance de touche-pipi avec Mme Lapis-Couse qui lui avait semblé jeune, jolie et désirable. Dans le « Dictionnaire des histoires drôles » d'Hervé Nègre qu'il avait dégoté à la Bibliothèque de la prison il avait lu des histoires de banque du sperme qui l’avaient bien fait marrer. Pourquoi ne pas se prêter au jeu de la médecine humaine ? Cela pouvait s'avérer drôle finalement, comme expérience !

Alors le mois suivant, parce que du temps avait passé et que les dieux ont tout le leur, il a poussé la porte de l'infirmerie. Mme Lapis-Couse était au téléphone. Il a attendu patiemment, regardant la décoration murale le à base de toiles mi Picassiettesques, mi Pop-Artistiques mi Andywarholiennes.
A un moment donné, Mme Lapis à raccroché le bigophone.

- Bonjour. Vous aviez rendez-vous ?
- Je ne crois pas. C'est le docteur Trépas qui me renvoie vers vous pour une spécialité maison.
- Donnez-moi votre ordonnance et votre carte Vitale.
- L'ordonnance je l'ai, mais la carte Vitale, nous autres, dieux immortels, on en a pas besoin.
- Vous avez votre flacon?
- Un flacon ? C’est un peu amphore de café, le docteur ne m’a pas parlé de ça ?
- Je vois, a fait Madame Lapis-Couse visiblement excédée. L'objectif est de collecter vos urines pendant 24 heures. Je vous donne ce bidon de deux litres cinq. Un jour où vous restez chez vous…
- On ne peut pas sortir d'ici, Madame, c’est une prison. On est comme les verres de Saint-Etienne ou de Saint-Gobain, on est consignés.
- …Vous allez faire pipi dedans. Les urines du matin au réveil du premier jour ne comptent pas, vous les jetez. Les suivantes vous les lovez là-dedans.
- Ah oui ! Pisse and love, je connais, c’est mon trident mais à l’envers dans un rond.

150509 188
- Je ne comprends rien à ce que vous dites. Si le bidon ne suffit pas vous mettrez le surplus dans une bouteille en plastique.
- Formidable, a dit Neptune. Je commence demain et je reviens vous voir quand le bidon est plein.

Poséidon - c'était là son pseudo quand il coinçait la bulle entre deux vagues à l’âme et surfait sur le net - rentra chez lui et posa le bidon à côté de sa gamelle.

Il laissa passer un autre mois. Ca n'était pas aussi excitant que cela, finalement. Et puis quand même un jour il se dit que c'était peut-être au moment de l'analyse qu'il se passerait des choses avec la jolie infirmière.
Alors ce dimanche-là, précautionneusement, il pissa dans le bidon comme si c'était dans un violon, avec âme. Bien qu'il eût bu du café et quantité de vin au banquet du midi il ne remplit guère qu'un petit demi-litre.

141529 vase

Quand il se présenta à l'infirmerie le lendemain à 8h00 il eut peur de paraître ridicule, genre le mec qui joue petit bras ou qui a la prébende un peu plus que molletière.
Mme Lapis-Couse lui fit juste remarquer qu'il n'avait pas rempli… les données nominatives sur l'étiquette du bidon.
Il le fit, mettant juste des croix là où l'on demandait la date de naissance.

- Vous avez commencé à uriner à quelle heure ?
- Je ne sais pas… A neuf heures ?
- Alors je ne peux pas les prendre. Il faudra compléter et revenir me les donner à 9h00.
- Mais attendez ! C’est que je vais au boulot, moi, et puis j'ai plus envie !
- On vous avait dit les urines de 24 heures ! 24 heures c’est 24 heures ! Je vais devoir noter que les conditions du test n'ont pas été remplies convenablement !
- Si vous voulez ! Je m'en fiche un peu du reste : je ne sais pas ce qu'elle cherche la médecine-woman ! Moi ce que je sais c’est que je ne suis jamais malade. On a tous une santé du tonnerre de Zeus et on a en permanence une forme olympique.
- Les résultats… vous passerez les prendre ou on vous les envoie ?
- Je passerai les prendre. J’adore avoir rendez-vous avec vous !
- Ils seront prêts demain soir. Tenez voilà le ticket pour venir les retirer.

Il le mit dans la poche intérieure de sa toge. Il attendit la suite mais rien d'autre ne vint.

- C'est bon vous pouvez partir. Vous attendez quoi ?
- Vous ne regardez pas mon pipi ?
- Non, on va l'envoyer au labo.
- C'est tout alors ?
- Oui c'est tout. Bonne journée !

Neptune est sorti un chouïa déçu et frustré.
Le temps a encore passé.
Il n'est jamais allé chercher les résultats.

V’là l’boute, ma chère Isaure. »

Isaure Chassériau a regardé son oncle Camille Cinq-Sens avec des yeux en billes de loto.
Quand il racontait ce genre d'histoire mi-iatrophobe mi-y’a trop bu elle se demandait toujours si c'était du lard ou bien du cochon.

20 mai 2015

Consigne d'écriture 1415-28 du 19 mai 2015 : La Perspective Nevsky

La Perspective Nevsky

 

Les mots des premières phrases du livre Nikolaï Gogol, La Perspective Nevsky, ont été reclassés dans l'ordre alphabétique.

En n'utilisant que les mots de cette liste, vous devez reconstituer deux phrases cohérentes qui seront le début de votre texte. Ensuite vous poursuivrez de manière tout à fait libre l'histoire ainsi commencée.

à - à - à - admirable - admirerez - admirerez - agréable, - airs - airs, - aussi - autant - autour - auxquels - avec - avec - avez - baisser - ballons, - bouche - bouteille, - briser - brusquement - brutal, - capable - capables - caractères - cavalier - ce - ce - champagne. - chapeaux, - cœur - col - comme - complètement - concerts - coude - coupe - courberont - crainte - croiserez - d’art, - d’autres, - d’éblouir - d’élégance - d’un - d’un - d’une - d’une - d’une - dame – dame - pourrait - dames - dans - dans - dans - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - de - déliées, - demeurent - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - des - deux - Dieu, - dignité. - dont - dresser - du - du - écarterez - effet, - elle - Elles - en - en - est - est - et - et - et - Et - et - et - et - et - et - et - et - étonnants - étranges. - étroites - exquise, - extraordinaire - facile - fait, - feront - feront - fichus, - fidèles - finesse - flèche - fort - fort. - foule - frôler - front - gens - grand - haut - ici - Ici, - Ici, - Ici, - il - jamais - jours - jusqu’à - l’Amirauté. - l’art. - l’on - La - la - la - la - la - la - la - la - la - le - le - les - les - les - les - leur - lorsqu’on - maintenue - manches - manches - même - minces, - multitude - n’en - n’était - nature - ne - Nevsky - Nevsky. - Nevsky. - noblesse - noblesse - noirs - nuée - Nulle - œuvres - on - on - originaux - papillons - par - parfois - parfois - parfois, - parlent - part, - pas - pensée - personnages - perspective - perspective - perspective - plus - plus - porter - pour - produit - propre - qu’à - qu’il - qu’il - que - que - que - que - que - que - que - quelles - quelles - qui - qui - qui - qui - ravir - rencontre - rencontre, - rencontrerez - respectueusement - ressemblent - rêvé, - robes - s’élève - s’élever - s’imagine - sa - salue - scarabées - se - se - se - Seigneur - semble - sentiment - serrant - sexe - si - soit - son - souffle - soulever - sourires - sourires – sourires - exquis, - suffirait - suite - sur - tailles - tailles - tailles - temps - terre - terre - terreur - tête - ton - toute - très - types - un - un - une - une - une - uniques, - véritables - verrez - verrez - volette - votre - Vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous - vous 

La multitude des chapeaux, des fichus, des robes – auxquels les dames demeurent fidèles parfois même deux jours de suite – est capable d’éblouir qui que ce soit : il semble que toute une nuée de papillons s’élève de terre et volette autour de la foule des noirs scarabées du sexe fort. Vous admirerez ici des tailles d’une finesse exquise, comme vous n’en avez jamais rêvé, des tailles minces, déliées, des tailles plus étroites que le col d’une bouteille, et dont vous vous écarterez respectueusement dans la crainte de les frôler d’un coude brutal, votre cœur se serrant de terreur à la pensée qu’il suffirait d’un souffle pour briser ce produit admirable de la nature et de l’art.

Et quelles manches vous verrez perspective Nevsky ! Dieu, quelles manches ! Elles ressemblent fort à des ballons, et l’on s’imagine parfois que la dame
pourrait brusquement s’élever dans les airs, si elle n’était pas maintenue par son cavalier ; soulever une dame dans les airs est aussi facile et agréable, en effet, que de porter à sa bouche une coupe de champagne.

Nulle part, lorsqu’on se rencontre, on ne se salue avec autant d’élégance et de noblesse qu’à la perspective Nevsky. Ici, vous admirerez des sourires
exquis, des sourires uniques, véritables œuvres d’art, des sourires capables de vous ravir complètement ; vous en verrez qui vous courberont et vous feront baisser la tête jusqu’à terre ; d’autres, parfois, qui vous feront dresser le front plus haut que la flèche de l’Amirauté. Ici, vous croiserez des gens qui parlent des concerts et du temps qu’il fait, sur un ton d’une noblesse extraordinaire et avec un grand sentiment de leur propre dignité. Ici, vous  rencontrerez des types étonnants et des caractères très étranges. Seigneur ! que de personnages originaux on rencontre perspective Nevsky.

 

AEV 1415-28 Nevsky

19 mai 2015

L'enthousiasme / Marie-France

 

L’Enthousiasme

 

Des personnages étonnants, autant qu’exquis

Vous croiserez

Sur la perspective Nevsky.

Ici les dames que vous rencontrerez

Vous feront d’étranges sourires

Et courberont la tête.

Vous admirerez leurs étonnants chapeaux

Symbole d’élégance.

Parfois on s’imagine

Une multitude de papillons juchés sur l’un d’eux.

Puis un souffle d’air s’élève,

Tous ils s’envolent dans un véritable balai

Tout en finesse.

En d’autre temps vous vous écarterez

Au passage de l’Amirauté et de sa suite

Vous les gratifierez de votre respectueux salut

Fidèles aux traditions.

Il suffirait pourtant

Qu’un cavalier surgisse du bout de l’Avenue

Qu’il lance une flèche sur ce haut personnage

Et que tous les sourires de la foule en liesse

Se transforment en terreur

Pour tous ces admirateurs.

19 mai 2015

Moment d'enthousiasme / Jean-Paul

AEV 1415-28 orchestre 2

Quelle foule ici ! Vous y admirerez des dames aux chapeaux étranges, aux tailles si minces, si étroites, aux airs si originaux, si étonnants de dignité que vous verrez en elles les grands papillons de la noblesse. La perspective de leurs sourires est un souffle extraordinaire qui s'élève dans les nuées jusqu'à l'amirauté et qui dresse sur le toit de l'opéra les personnages d'une mythologie unique, propre à briser le coeur du plus brutal des cavaliers.

Toutes les muses assemblées autour d'Apollon écoutent respectueusement des airs d'une musique-Champagne. Le seul Can Can de l'"Orphée aux Enfers" d'Offenbach serait capable à lui seul de faire danser la multitude, manches retroussées, robes tournantes, à la volette, jambes déliées, déjetées bien haut en vue d'éblouir d'élégance les représentants du sexe opposé.

Mais non, je rêve, les gens de Rennes demeurent comme toujours un peu "manches". Et pourtant, Seigneur Dieu, j’ai pour ma part le sentiment que les deux orchestres de Hollande, descendus des polders, et l'Orchestre de vents d'Orgères produisent deux heures durant un hommage de taille à des morceaux classiques de France. Quelle belle rencontre ! Les variations sur "Au clair de la lune" sont à ravir et font naître des sourires, l'interprétation de "La vie en rose" est exquise. Avec "C'est si bon" l'orchestre d'harmonie prend les caractères d'un jazz-band américain. Même la chanson "Les feuilles mortes"- c'était ta perforée je crois quand tu poinçonnais aux Lilas qu’elle est de Prévert et Cosma - chasse tous les scarabées et cafards nés du début de mai sous la pluie.

Je salue pour ma part les choix originaux opérés parmi les oeuvres de ce siècle où j'ai grandi. "Une belle histoire" nous porte de là-haut dans le brouillard jusque dans le Midi mais aujourd'hui il est ici le Midi, sur la place de la Mairie de Rennes. Le Mistral fait flotter les trois raies rouge-blanc-bleu du drapeau néerlandais aux côtés de celles du drapeau français. Les cigales se sont tues pour écouter les vents. Extrait des lettres du MOULIN l'INOUI nous emmène LOIN. Clarinette devient le nom de la chèvre de M. Bassonguin. Il y a de hauts bois au coeur de la ville et s'il semble - ô terreur - que le sexe est aphone c'est que le sax était faune et que le sous-préfet fait la sieste dans la niche où l'on expose plus de statues de peur qu'elles n'explosent. Car elles ne sont pas minces non plus, les Pagnolades par ici.

Brusquement, sur la fin, ma discrétion jusque-là maintenue serrée au plus près part en flèche et je m'en vais photographier sans honte, dans le pavillon du tuba, cet opéra brisé qui ne touche plus terre, cette grue en col de bouteille, ce lampadaire torsadé qui illumine d'une perspective d'été précoce ce coin si agréable de la place de la Mairie où trois orchestres d'harmonie ont fait résonner ce soir les trompettes de mon enthousiasme.

AEV 1415-28 orchestre 1

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