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L'Atelier d'écriture de Villejean

26 mai 2020

Changements de métiers / Anne J.

AEV 1920-32 Anne J

J’ai longtemps exercé le métier de peigneuse de girafes dans un laboratoire. Tous les matins, une bonne dizaine de girafes m’attendaient dans la salle d’attente et, chacune leur tour, je les invitais à passer dans la salle de prélèvement. Pendant de longues minutes, grimpée sur mon escabeau, je passais mon grand peigne à dents très fines sur leur peau douce et leur court pelage tacheté. Je ramassais des quantités de poux de girafes que j’enfermais dans des boites pour ensuite les observer, les disséquer, les découper, les débiter en tranches et les jeter dans la poubelle. Travail parfaitement insipide et inutile sauf peut-être pour le bien-être des girafes à qui j’évitais ainsi les interminables shampooings à la Marie Rose.

Pour moi, chaque jour ressemblait au précédent et se terminait par une poubelle remplie de poux et des ampoules aux mains. Une girafe en chassait une autre, j’étais payée au kilo de poux. Et puis un jour, j’ai claqué la porte …

De nouveaux horizons s’ouvraient devant moi.

AEV 1920-32 Anne J Le filage des vieilles barbes 2Fileuse de vieilles barbes ? Moi qui aurais adoré devenir costumière dans un théâtre et qui aime coudre, tricoter, broder et bricoler…

Avec l’arrêt des coiffeurs et des barbiers depuis 2 mois, les clients présentent désormais une matière première appréciable. Sans doute je pourrais encore y chercher des poux mais je rêve plutôt de caresser ces longues barbes blanches, de les couper et de les transformer en grosses pelotes duveteuses, prêtes à être tricotées pour l’hiver.

AEV 1920-32 Anne J Les naufrageurs de touristes 2Moins casanier, plus aventureux, plus guerrier ? Naufrageuse de touristes me plairait assez : sans doute le souvenir génétique de mes ancêtres bretons, naufrageurs des mers et pilleurs d’épaves.
Quand les Parisiens viennent envahir nos plages, pique-niquer, qu’ils laissent des barquettes de frites, des verres en plastique et des papiers gras, je me sens une âme de tueuse : noyer le touriste dans une flaque laissée par la marée, appuyer sur sa tête et collectionner les chapeaux comme l’Indien collectionne les scalps puis rendre la plage à son silence

Et quand j’en aurais fini, je deviendrais dresseuse d’étoiles pour qu’elles brillent toujours à la même place, faciles à reconnaitre sans se tordre le cou et faciles à décrocher pour en mettre une au sommet de l’arbre un soir de Noël.

AEV 1920-32 Anne J La dresseuse d'étoiles

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26 mai 2020

Plombe et Replombe / Maryvonne

AEV 1920-32 Maryvonne Plonk et Replonk 122446321Voilà, je vais être honnête, j'ai bien cherché la corrélation entre les cartes de Plonk et Replonk et la liste de mots déclencheurs de souvenirs d'enfance. Les cartes des frères Froidevaux sont la vitrine de l'humour, de l'inventivité et surtout du propos décalé. Je n'ai pas vraiment trouvé le lien. Moi mes souvenirs c'est plutôt « Plombe et Replombe ». Par exemple mes hontes, ce sentiment bien poisseux qui vous piétine votre EGO menu menu. Vous voulez savoir ?

Non ! Vous n'aurez pas mes hontes, ce serait la double peine : les vivre et les raconter.

Comment mélanger ces monuments de drôlerie que sont les cartes postales des gars du Jura suisse et la soupe de mon enfance ? Déjà, je le sais, vous n'avez aucune envie, et vous avez raison, de connaître la soupe de chez moi en Ille-et-Vilaine. Quel intérêt de savoir que d'une part nous épluchions les légumes et les faisions cuire dans l'eau qui deviendrait le bouillon. Que d'autre part nous découpions des tailles de pain assez fines, disposées ensuite en couches bien ordonnées dans la soupière. Quand les légumes étaient cuits nous écrasions à la fourchette 2 pommes de terre et un navet sans laisser aucun grumeau. Cette purée était étalée sur les tailles de pain et servait de filtre au bouillon puis donnait de l’épaisseur à cette soupe de pain journalière. « Alors, heureux ? » comme disent les jeunes mariés. Vous en voulez de ma soupe ? Mon père y tenait : c'était la soupe que faisait sa mère.

En tout cas moi elle me plombait bien l'estomac et je lui faisais un peu la soupe à la grimace, lui préférant la soupe passée avec les légumes écrasés au moulin. Celle-là je lui trouvais un côté chic et raffiné. C'était l'image de la soupe des villes contre la soupe des champs.

Les voyages sont restés en rade. Nous allions à la mer une fois par an dans une ambiance affreuse, mon père n'aimait que son clocher de son petit bourg dans les terres.

AEV 1920-32 Maryvonne Plonk et Replonk balançoire

Mais Dieu, ça je peux vous en parler ! Il était « persona non grata » chez nous. J'ai essayé de le contacter une fois avec une copine mais il n'a pas répondu à mon appel. Paradoxalement j'ai souhaité faire ma communion contre l'avis de mes parents pour avoir une robe longue et participer à la pompe de l'église. Je trouvais ça théâtral en diable. Je savais que je faisais un gros mensonge et un acte hypocrite. Si Dieu avait été sympa il m'aurait fait un signe ou laissé un message. Mais rien.

Nous avions si peu de distractions. Mais je ne vais pas non plus vous pomper l'air avec ce souvenir largement raconté dans un vieux texte intitulé : « Sainte-Nitouche » disponible sur demande.

Comme Raymonde, j'étais un peu dissipée et en plus paresseuse. Mon institutrice me donna un mot à remettre en mains propres à mes parents et à rendre signé de mon père. Aïe ! Compte tenu des informations qui s'y trouvaient, ma mère et mes sœurs, par crainte d'une grosse colère de mon géniteur décidèrent de faire un faux. C'est ma grande sœur qui n'avait pas froid aux yeux qui s'y colla. Ma maîtresse n'y vit que du feu sauf que, pas très maline, quand ma copine me demanda « Tu t'es fait gronder ? » fièrement je répondis - « Même pas, c'est Simone qui a signé ». Cette petite oie alla rapporter l'affaire à la directrice qui était sa marraine. Un deuxième mot prit cette fois la direction de mon père en mains plus propres que propres cette fois. Bizarrement je ne me souviens pas de la punition, juste de la trahison et de la leçon. Ne pas se vanter de ses bêtises.

Plus tard j'ai fait une soupe dans mes bols de dînette avec l'eau du caniveau. J'ai obligé petit Pierre, un voisin plus jeune, à la boire. Le lendemain il était très malade mais là « motus et bouche cousue ».

De toute façon petit Pierre s'est empoisonné tout seul. Il est mort alcoolique.

Mensonge et trahison, voilà le monde cruel de l'enfance.

26 mai 2020

Mon amie / Eliane

Ce n'était pas vraiment mon amie. Nous ne nous faisions pas de confidences. Je dirais plutôt que c'était une copine, une camarade de jeux. C'était la copine de mes années d'enfance.

De 6 à 13 ans, j'habitais dans un village entièrement construit pour la population blanche, de diverses sociétés, venues travailler au Sénégal. Terme-Sud, 14 kms de Dakar, proche de l'aéroport, pas très loin de la mer.

Ces habitations récentes, bien alignées, étaient des bâtiments tout en longueur, constitués de 4 appartements de plain pied. Ma copine et moi, filles uniques à l'époque, habitions à chaque extrémité de l'un de ces bâtiments.

Nous fréquentions toutes deux l'école du village, dans la même classe puisque nous avions le même âge.

Nous étions très différentes. Elle avait des difficultés en classe, alors que j'y brillais, sans tellement de mérite car nous étions assez peu nombreux. Mais ma copine avait des doigts de fée. Elle cousait, brodait, crochetait ou tricotait comme personne.

Nous passions énormément de temps ensemble, souvent dans le jardin de l'une ou de l'autre. Nous nous inventions des amoureux avec des troncs d'arbres.
Parfois elle me prêtait sa maison de poupées dont j'étais très friande. Je me serais régalée si les Barbies avaient existé à cette époque.

Ensemble nous faisions aussi de la bicyclette, Sillonnant allégrement les allées entre les habitations. Ou encore nous faisions du patin à roulettes (4 roues en ce temps-là), sur l'unique route goudronnée devant chez nous.

Nous aimions aussi sauter entre trois cordes quand une autre petite fille se joignait à nous.

AEV 1920-32 Eliane championne de balançoire

26 mai 2020

Ma soeur / Eliane

Lorsque j'avais 8 ans ½, ma mère tomba enceinte. Grossesse désirée. Ce qu'il y a de plus surprenant c'est que la mère de ma copine se retrouva également enceinte à peu près à la même période. Curieuse coïncidence qui allait encore nous rapprocher.

Notre bébé devait arriver en juillet. Mais en mai, alors que mon père était à Paris pour sa société, ma mère fut prise de contractions. Elle souffrait visiblement et je ne savais que faire. Complètement démunie face à cet événement.

Les voisines vinrent à la rescousse et ma mère accoucha, à l'hôpital de Dakar, D'une petite fille pas plus grosse qu'un oisillon. Mon père arriva bien vite.

Les conditions étaient détestables. Il n'y avait pas de couveuse et le personnel, nonchalant, oubliait fréquemment de brancher l'oxygène.

Le jour de la fête des mères, alors que j'arrivais toute fière avec mon petit napperon brodé à la main, nous avons trouvé ma mère en pleurs. Elle avait trouvé son bébé tout bleu. Le tuyau d'oxygène s'était débranché, et personne ne s'en était soucié. Ma mère ne pouvait pas dormir.

Après cet épisode éprouvant, mes parents réussirent à faire admettre ma petite sœur dans le bâtiment des enfants malades, attenant à l'hôpital. Cette section était tenue par des sœurs tout de blanc vêtues. Femmes sérieuses et compétentes. Ma petite sœur vécut.

La petite sœur de ma copine était née, à terme, un mois plus tôt.
Nous nous transformâmes vite en petites mamans accomplies, sachant donner le biberon et changer les couches.

Il existe encore un film super 8, transformé en DVD, où l'on me voit jouant à la maîtresse devant une petite puce qui lève son ardoise le plus haut qu'elle peut d'un air réjoui.

AEV 1920-32 Eliane classe d'hyperactifs

26 mai 2020

Ma dernière poupée / Eliane

Les parents de mon amie lui avaient offert une nouvelle poupée. Elle ne s'en séparait plus. Cette poupée faisait désormais partie de nos jeux. Je me sentais un peu défavorisée.

Cette poupée était classiquement blonde aux yeux bleus. Mon amie avait un style hispanique, brune, les yeux bruns, le teint mat.

Je désirais une nouvelle poupée pour équilibrer la relation. Et bien sûr, moi qui était blonde aux yeux bleus, je la voulais brune aux yeux marrons.

Mon père, qui repartait une nouvelle fois en France, proposa de m'en rapporter une. J'étais toute contente.

Quand mon père revint avec le précieux cadeau il me confia qu'il avait eu beaucoup de mal à la trouver. Les poupées brunes ne courent pas les rayons des magasins de jouets. Mais dès qu'il l'avait vue il en était tombé fou amoureux. En disant cela son œil riait.

Et je le compris très vite. Elle était d'une beauté à couper le souffle. Esméralda en modèle réduit.

A partir de ce moment-là, avec nos « filles » respectives, nous primes l'habitude de leur confectionner toute une garde-robe à l'aide de chutes de tissus que nous donnait ma mère qui cousait beaucoup.

Ma copine et moi avions chacune une petite machine à coudre, qui fonctionnait vraiment. Je me demande si nos parents se concertaient pour savoir quels cadeaux nous faire.

Aujourd'hui la petite machine à coudre est chez ma fille. Je ne sais pas ce qu'est devenue la poupée, pourtant ramenée en France dans les bagages. Je le regrette, j'aurais aimé la garder.

AEV 1920-32 Eliane manque d'R

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26 mai 2020

L'univers, les étoiles / Jean-Paul

Comme je m’interdis de parler de mon frère (Comment s’appelait-il déjà ? Jack ? William ? Averell ?) je vais parler de mon cousin Alan, de généalogie, du monde et des étoiles.

Dans la famille, nous sommes au moins trois à être partis habiter ailleurs que dans notre lieu de naissance (C’est quoi, le pluriel de « social-traître » ?). Mon frère qui, comme tout le reste de la famille, était resté vivre là où il était né, disait du cousin Alan qu’il me ressemblait. Chez lui ça voulait dire « un mec sérieux, équilibré, avec une vie affective stable, une vie sociale riche, des intérêts prononcés pour telle ou telle discipline et de la discipline pour dégager du temps afin de s’y adonner avec intérêt».

Alan, l’un de ses dadas, c’est la généalogie. C’est fou de voir jusqu’où il est remonté dans l’arbre familial ! 1629 !

01 Sommet de l'arbre généalogique Krapov

C’est grâce à ce travail-là d’exploration des archives que j’ai découvert, très récemment, la raison d'être réelle de mon sentiment de belgitude.

En 1629 la famille Krapov est établie à Hasnon, un village du département du Nord situé entre Douai et Valenciennes. Elle y demeure jusqu’en 1779. A cette date mon ancêtre Pierre-Antoine Krapov épouse dame Anne-Joseph L. native de Ville-Pommeroeul dans la province du Hainaut en Belgique. D’après M. Google-Maps 31 km 300 les séparaient avant qu’ils ne fusionnent dans la même rivière d’un lit à deux places (Ne confondons pas la rivière du lit et le lit de la rivière : c’est moins facile de faire des cochonneries dans le deuxième sauf si on est pollueur professionnel).

Leur union est féconde puisqu’ils ont sept enfants tous nés à Ville-Pommeroeul. L’une des filles, Jeanne-Agnès-Joseph donnera naissance en 1816 à François-Joseph Krapov né de père inconnu. La dame était servante, vous pouvez imaginer tous les scénarii que vous voulez sur ce Belge de passage. On avait bien dit qu’on écrivait sur un univers d’étoiles filantes, aujourd’hui, hein ?


02 Milieur de l'arbre généalogique Krapov

Ce François-Joseph est né à Beloeil (où tous les natifs de sexe masculin sont surnommés « Coco »). Il épouse en 1839 une dénommée Catherine Q. née à Sirault (Existe-t-il aussi outre-Quiévrain une ville qui s’appellerait Suppausitoire ? (question de M. Joe Krapov, quatre étoiles au guide Michelin de la vulgarité (et troisième prix du concours international d’ouverture de parenthèses))).

Eux aussi ont sept enfants mais en 1854, lorsque naît Jules Krapov, la famille a déménagé à Elouges, un peu plus au Sud. Ce fils-là devient mineur de charbon. Il épouse Joséphine-Catherine M. de Wasmuel en 1880. Le mariage a lieu à Réty (Pas-de-Calais donc France). Ils ont trois enfants : François né à Réty, Jules né à Mazingarbe et Jean-Baptiste né à Liévin. Celui-là est mon arrière-grand-père du côté paternel. La famille Krapov est redevenue française.

03 Bas de l'arbre généalogique Krapov

Voilà. Magnifique, le travail, hein ? Merci, cousin Alan !

Nous sommes sept milliards d’êtres vivants dans l’univers, sans compter les petits hommes verts de la planète Mars, et il aura fallu toutes les vies et les souffrances de ces gens-là, dans les quelques kilomètres carrés de ce plat pays, belge ou français, pour que l’on aboutisse ce jour à l’évocation de cette dichotomie fraternelle.

Moi je leur dis merci à tous ces gens de ma famille. Ils m’ont porté, ils m’ont soutenu, ils m’ont poussé, ils m’ont aimé et ça m’a bien aidé dans la vie (même si, comparativement aux astronautes de la mission « Space X crew dragon » je ne suis pas allé bien loin !). Mon frère, lui, reprochait à mon grand-père « de lui avoir laissé trop croire que la vie était facile ». Comment, qu’est-ce que tu dis  ? Le père Noël est une ordure ?

Ben non, fallait pas croire ! Et même, il ne faut pas croire, écrire un texte comme celui-ci, c’est du boulot aussi !

Mais comme disait Rimbaud : « Faut jamais s’arrêter sinon on meurt ! ».

AEV 1920-32 Joe K Plonk Père Noël

26 mai 2020

La Soupe / Adrienne

AEV 1920-32 Consigne

Panneau indiquant le léger virage à effectuer vers la gauche pour porter la cuillère dans l’assiette de soupe. 

Pour cela il faut évidemment tenir la cuillère à soupe dans la main droite.

D’où l’utilité d’un policeman.

CQFD 

26 mai 2020

La Poupée décapitée / Raymonde

Fin des années 50, au cœur de la Bourgogne, à 5 kilomètres de Chardonnay (ça vous dit quelque chose ?)  :

" Au pied d'une vigne nous naquîmes un jour
D'une mère digne de tout notre amour "

Des faux jumeaux, mon frère type méditerranéen comme ma mère et moi type " nordique " comme mon père.

Même si, à cette époque, les enfants jouissaient d'une grande liberté, les garçons avaient des jeux de garçons et les filles des poupées, des dinettes.

Nous étions relativement pauvres, habillés comme des perroquets avec des pulls tricotés, détricotés, retricotés avec des laines de toutes les couleurs ; 100/100 locavores et scolarisés à six ans, pas d'école maternelle au village.

Donc, jusqu'à six ans, la campagne environnante était notre immense terrain de jeux, parfois interdits :
- faire du feu
- fumer des branchettes d’arbustes qui dégageaient une odeur âcre et nous faisaient tousser
- goûter à tout ce qui était mangeable (comestible, moins sûr !)
- faire vivre des expériences inédites et insolites au souffre-douleur du groupe.

Il ne fallait pas se faire " choper " sinon c'était la punition ! Coups de houssine sur les mollets, vite oubliés, et prêts à tenter d'autres expériences. Ma mère avait le coup de houssine facile et le premier qui lui tombait sous la main prenait pour les deux. Comme je courais moins vite que mon frère ... J'avais alors un sentiment d'injustice.

Ma copine Nono pouvait tout faire sans jamais rien risquer. Que je l'enviais! Elle pouvait prendre les poussins dans son lit, n'était pas obligée de finir son assiette de haricots verts et avait une télévision. Un indescriptible désordre régnait chez eux, j'adorais !

Chaque Noël, nous avions un jouet chacun et, un noël en particulier, j'ai eu une poupée qui fermait les yeux quand on la secouait un peu, le mécanisme était assez aléatoire !
J'y tenais beaucoup. Ma grand-mère lui avait confectionné des vêtements ; j'en prenais grand soin.

Mon frère avait eu une panoplie d'indien, les westerns étaient à la mode. Et avec toute la bande de garçons du village, ils se sont improvisés chasseurs de tête. Ils ont décapité nos poupées et accroché les têtes sur les piquets de la clôture.

Vision d'horreur ! J'étais effarée, sidérée ! Quelle violence ! Quel manque de cœur !
Et ce qui m'a le plus marquée : pas de punition !

Ma mère a remis tant bien que mal la tête de ma poupée en place. Elle a ensuite dodeliné du chef les yeux mi-clos pendant de nombreuses années .Elle a fini à la déchetterie il y a peu de temps.

AEV 1920-32 Raymonde Plonk

26 mai 2020

La Cave / Raymonde

Nous avions notre souffre-douleur, Jojo, petit dodu qui avait un épi sur le devant de la tête et que nous avions surnommé Riquet-à-la-houppe. 

Il tombait beaucoup plus souvent que la moyenne dans les orties, allez savoir pourquoi !

J'avais décidé de lui cacher son cartable, aucune raison rationnelle, aucun compte à régler, juste un défi ! Je lui subtilisai sur le chemin du retour de l'école, quand nous nous arrêtâmes pour jouer. Et je le jetai par le premier soupirail de cave venu, chez Gégène.
Ni vu, ni connu ! 

Fin des jeux. Chacun reprend son cartable et, mystère, il en manque un ! Je cherche activement comme tout le monde. Le cartable reste introuvable !
Le coupable doit se dénoncer sinon ! Sinon quoi ?  Les garnements sont les premiers suspectés mais pas les filles ! Une fille ne ferait pas ça ! Et moins encore moi. Pensez donc, une petite fille si sage qui travaille bien à l'école, même pas un soupçon de soupçon !

Le comble est que Jojo a pris un sacré savon par ses parents :

- Tu pourrais faire attention à tes affaires !
- Tu crois qu'on a les moyens de... !
- T’as rien dans le ciboulot !

J'avais à la fois un peu honte et un sentiment de fierté de mobiliser quasi tout le village à la recherche de ce cartable. Je n'ai pas menti : on ne m' a rien demandé ! Le cartable a été retrouvé bien longtemps après quand Gégène a fait un peu de rangement dans sa cave. L'affaire n'a toujours pas été élucidée ! Cold case ! Je compte sur votre discrétion.

Je croise chaque été Jojo quand nous allons en vacances dans mon village natal.

AEV 1920-32 Raymonde B Plonk Bottetrain

20 mai 2020

Consigne d'écriture 1920-31 du 19 mai 2020 : 5 consignes de Pascal Perrat

5 consignes de Pascal Perrat

AEV 1920-31 Entre2lettres-e1539749742913-130x107

Nous allons au moins une fois par an emprunter des consignes au blog-atelier d'écriture "Entre2lettres" de Pascal Perrat.

C'est le cas cette semaine. Vous avez le choix entre écrire plusieurs petits textes courts ou un long en partant de ces cinq propositions. Vous avez aussi le droit de tout mixer !

493 Cure de jouvence

La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas,dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là…

Inventez la suite, sachant qu’il peut s’agir de quelqu’un : homme, femme ou tout autre chose.


492 La forêt domaniale

C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.


491 Le sourire de la fleur

Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement…


490 Salut Vélin !

– Salut Vélin ! Comment vas-tu depuis que t’es recyclé ?
– Un peu chiffon, parfois, et toi ?

Continuez le dialogue.


488 Lettre à mon « ostéopote »

Cher ami, toi qui est « ostéopote », quel est ton avis ? Depuis que le printemps est là j’ai comme un pré dans le cerveau. Dès l’aurore, j’entends tintinnabuler les clochettes d’un troupeau broutant dans ma tête.

Rédigez la réponse de l’ostéopote.

AEV 1920-31famille-stylo-e1584461511776

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