Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
26 mai 2020

La Poupée décapitée / Raymonde

Fin des années 50, au cœur de la Bourgogne, à 5 kilomètres de Chardonnay (ça vous dit quelque chose ?)  :

" Au pied d'une vigne nous naquîmes un jour
D'une mère digne de tout notre amour "

Des faux jumeaux, mon frère type méditerranéen comme ma mère et moi type " nordique " comme mon père.

Même si, à cette époque, les enfants jouissaient d'une grande liberté, les garçons avaient des jeux de garçons et les filles des poupées, des dinettes.

Nous étions relativement pauvres, habillés comme des perroquets avec des pulls tricotés, détricotés, retricotés avec des laines de toutes les couleurs ; 100/100 locavores et scolarisés à six ans, pas d'école maternelle au village.

Donc, jusqu'à six ans, la campagne environnante était notre immense terrain de jeux, parfois interdits :
- faire du feu
- fumer des branchettes d’arbustes qui dégageaient une odeur âcre et nous faisaient tousser
- goûter à tout ce qui était mangeable (comestible, moins sûr !)
- faire vivre des expériences inédites et insolites au souffre-douleur du groupe.

Il ne fallait pas se faire " choper " sinon c'était la punition ! Coups de houssine sur les mollets, vite oubliés, et prêts à tenter d'autres expériences. Ma mère avait le coup de houssine facile et le premier qui lui tombait sous la main prenait pour les deux. Comme je courais moins vite que mon frère ... J'avais alors un sentiment d'injustice.

Ma copine Nono pouvait tout faire sans jamais rien risquer. Que je l'enviais! Elle pouvait prendre les poussins dans son lit, n'était pas obligée de finir son assiette de haricots verts et avait une télévision. Un indescriptible désordre régnait chez eux, j'adorais !

Chaque Noël, nous avions un jouet chacun et, un noël en particulier, j'ai eu une poupée qui fermait les yeux quand on la secouait un peu, le mécanisme était assez aléatoire !
J'y tenais beaucoup. Ma grand-mère lui avait confectionné des vêtements ; j'en prenais grand soin.

Mon frère avait eu une panoplie d'indien, les westerns étaient à la mode. Et avec toute la bande de garçons du village, ils se sont improvisés chasseurs de tête. Ils ont décapité nos poupées et accroché les têtes sur les piquets de la clôture.

Vision d'horreur ! J'étais effarée, sidérée ! Quelle violence ! Quel manque de cœur !
Et ce qui m'a le plus marquée : pas de punition !

Ma mère a remis tant bien que mal la tête de ma poupée en place. Elle a ensuite dodeliné du chef les yeux mi-clos pendant de nombreuses années .Elle a fini à la déchetterie il y a peu de temps.

AEV 1920-32 Raymonde Plonk

Publicité
Publicité
Commentaires
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité