Souvenirs, souvenirs... / Marie-Thé
Marie n’a pas oublié sa presqu’aventure avec le beau brun du 5e étage. Elle est continuellement enflammée, rêvant la nuit d’inconnus qui la conduisent au bord de l’extase. Félix est de plus en plus attentionné mais il devient si jaloux qu’elle ne peut plus le supporter.
C’est en repensant à son enfance perturbée par des parents volages qu’elle s’est ressaisie. La garde partagée ne sera pas pour leurs enfants. D’ailleurs, ils n’en ont pas encore.
Elle se souvient de ses retours les dimanches soirs où elle devait cacher sa joie d’avoir passé son week-end à la mer avec son père. Sa mère avait quitté celui-ci après avoir perdu la tête pour un étranger qui l’avait abandonnée un an plus tard.
Elle réalise que Félix pourrait bien se fatiguer d’elle et la quitter pour une femme plus sage.
Pourtant, comment oublier sa rencontre avec lui, dix ans auparavant, dans les Vosges où elle randonnait avec sa copine Josette. Elles l’ont aperçu au sommet d’un col, pédalant dans la semoule, aussi vite qu’Armand Sueur, six fois vainqueur du Tour du Rhin.
Elles l’ont retrouvé le soir par hasard. Il campait seul près de la tente de Marie et ne s’est pas fait prier lorsque les deux filles lui ont offert de partager leur repas.
Ils ont beaucoup ri ce soir soir-là. Félix racontait des histoires à dormir debout. Son grand-père, qui avait connu le général Dourakine, célèbre personnage de la Comtesse de Ségur, avait vécu la fameuse épidémie de moustache en 1890. Félix avait raconté bien d’autres blagues encore. Il avait du bagou.
Marie était fascinée par ce garçon tellement drôle. Elle n’a pas été surprise lorsqu’il l’a rejointe dans sa tente au milieu de la nuit en lui disant au creux de l’oreille qu’il voulait jouer à des jeux interdits.
Josette n’a jamais su ce qui s’était passé dans la nuit, mais au matin Félix et Marie ont échangé leurs adresses.
On dit dans les contes « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».
Marie et Félix ne se sont jamais mariés et n’ont jamais eu d’enfants.