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L'Atelier d'écriture de Villejean

11 janvier 2022

Meilleurs voeux / La Licorne

Meilleurs voeux 

(Se chante sur un air de Geo)

 
Les gens qui pensent de travers pensent que les bons voeux qu'on lance début janvier
Sont faits pour les cons mielleux ou pour les petits vieux
Mais c'est une absurdité car à la vérité, ils sont là c'est prouvé
Pour faire fleurir dans le temps un monde plus heureux
 
 

 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 

Ils inventent des colombes, un monde plus léger et des cieux bleu d'azur
 
 
 
 
 Laissant les fourmis cupides à leurs combats constants
 
 
 
  
Ils se voient déjà grimpant les marches du futur, d'un avenir si pur
 
 
 
 
Que même les coquelicots en deviendraient tout blancs
 
 
 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
 
 
Quand les apprentis sorciers leur promettent la lune...ils n'en ont rien à faire
Ils ont déjà leurs voyages dans les pays du coeur
Pas besoin de petites fioles, de médocs, ni de coke, ni de mauvais dealer,
Quand ils ont pour s'envoler les grands champs du mystère
 
 
 
 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
 
 
Quand les mois auront passé, que l'année sera vieille, que l'hiver reviendra
Même s'il reste encore quelques nuages lourds
Ils s'apercevront émus que leur petite chanson comme un joli mantra
Leur avait donné les clés d'une année d'troubadour...
 
 

 
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
En s'foutant pas mal du regard cynique
Des casse-noisettes
Les voeux sincères se donnent sur des airs de musique
De musique, de musique
Et ceux qui osent des rêves chimériques
Rendent le monde plus sympathique
 
 
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11 janvier 2022

Pour ne pas perdre le Nord (1) / Laura

1_Im1

Pour ne pas perdre le Nord, je monte… mes quatre collines.

Il y a celle de chez moi - Saint Etienne, ma ville d’adoption en compte sept, comme Rome - que je descends allégrement le matin vers la gare.

Je préfère la remonter en bus le soir mais je la grimpe souvent à pied après le marché (donc chargée), le cinéma etc., lorsqu’il n’y pas de bus (après 19h30 et le dimanche) ou que l’attente excède le temps de la grimpette.

Des personnes qui font attention à moi m’ont dit, alors qu’elles l’ont montée en voiture, que ça montait bien, que ça faisait une trotte jusqu’aux commerces.

Le mercredi, je descends ma colline pour la piscine mais la pente, après deux kilomètres dans l’eau, est raide (plus que celle des autres jours), encore plus après la nage. Ensuite, il faut monter les deux étages.

Il y a la colline de mon premier travail, les lundis et vendredis, en collège et lycée général, à dix minutes en train de chez moi. En sortant de la gare, je monte jusqu’à mon établissement puis je prends l’ascenseur (ouf !) pour mon CDI au premier.

Pour accéder à mon deuxième établissement, j’ai deux collines : celle du lycée professionnel lui-même et celle de la gare que je monte le soir. C’est le seul CDI en sous-sol que j’ai connu donc il y a des marches pour en sortir puis pour aller en salle des professeurs.

http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/09/19/j-ai-deux-amours.html

Le midi, je sors prendre l’air car ma discopathie sévère réclame du mouvement et le soir je fais des courses ou vais en bibliothèque. Je marche chaque jour entre 4,5 et 7 kilomètres en moyenne.

1_Im3Pour ne pas perdre le Nord alors que j’ai mal, plus ou moins intensément, du matin au soir (et inversement, je nage (cf. ci-dessus) et je fais de la gym entre vingt minutes pour le cardio et une demi-heure pour les abdos, la muscu, le vélo, etc.) je danse car mon arthrose réclame du mouvement.

Pour ne pas perdre le Nord alors que la douleur m’empêche de dormir et que la fatigue rend moins supportables les douleurs, j’écris. Depuis quinze ans, des pages de douleur physique qui font mal à l’âme s’envolent vers ceux qui ne comprennent pas.


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Pour ne pas perdre le Nord, je lis la presse pour comprendre, de l’art (revues, essais et catalogues) pour contempler et des polars pour comprendre aussi par la psychologie des personnages.

 

11 janvier 2022

Pour ne pas perdre le Nord (2) / Laura

 Moi je t'offrirai la Belgique, ce plat pays, frontalier du mien, où je faisais encore du vélo dehors, - j’ai maintenant un pédalier d’intérieur -, où les mémés (celles de Toulouse et de Nougaro aiment la castagne) boivent de la bière.

2122-15 Laura -Toulouse-photo-31

Pour ne pas perdre le Nord je bois de ma Champagne natale des bulles non champenoises. Peu importe la provenance, pourvu qu’on ait les bulles.

Source des illustrations : 

http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2017/09/03/ne-me-quitte-pas-5976456.html

http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/31/pont-neuf.html

11 janvier 2022

L'Ogre / Adrienne

5_Im4

Il me vient une idée !

– Monsieur l’ogre, pourriez-vous vous occuper de la maison des voisins ? Merci.

Et c’est ainsi que la musique s’est arrêtée. 2122-15 Adrienne - Smiley

11 janvier 2022

Quatre poèmes d'après Dixit / Jean-Paul

LE CHAT NOIR 

 Il y a grand monde au cabaret
Pour présenter ses meilleurs vœux
Aux jeunes mariés très heureux.

C’est ici qu’on cherche fortune
Lorsque la lune est plus sereine ;
Aristide a trouvé la sienne !

Elle est jolie, s’appelle Blanche
Et la semaine et le dimanche
Elle rend la vie plus amène.

De ce bouge un peu dégueulasse3_Im1
La gamine a fait un palace
Et l’enrichit de ses chansons.

On n’reconnaît plus l’Aristide :
Le Bruant devenu timide
Est tout aux soins de sa poupée.

Elle a fleuri d’amour en cage
«Le Chat noir» et tous ses parages :
Les fleurs embaument le quartier.

Le chat, sur l’enseigne, est inquiet :
Voilà le petit canari
Qui parle de quitter Paris !

Se pourrait-il que d’aventure
On transborde en sous-préfecture
Son populaire paradis ?

Il sait qu’il y mourrait d’ennui
Alors, patiemment, il attend
Que dans la nuit noire monte un chant

Du genre, forcément alléchant
Pour son museau, :
« Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux... ».

 

LA PRINCESSE JAUNE

3_Im2- Il me vient une idée »
A dit la princesse jaune.

« Mon tout petit pays
Entouré de royaumes ennemis

Peut faire à tout moment
L’objet d’une invasion.

Réunissons les rois,
Carreau, Coeur, Pique et Trèfle.

Enseignons-leur le goût
De lutter pour des nèfles.

Promettons-leur
Que je serai le prix
Que je serai la proie
De choix
Du vainqueur
D’un tournoi. »

Ils sont venus, ils sont tous là.
Elle leur a expliqué toutes les règles.
Elle a donné toutes les cartes
Elle a servi le vin de Sarthe
Et depuis, jour et nuit, ils jouent à la belote
En descendant Jasnières et Coteau-du-Layon.

Elle vient le matin
Dans la chambre de chacun
Voir si dans leur culotte
Traîne encore un dragon,
Histoire de redonner
A ce carré de rois
La force de rêver,
En clamant « Dix de der !»,
Qu’ils l’auront à jamais
Pour soi seul.

Elle se fend la gueule :
Pendant ce temps qu’ils jouent
Et descendent des verres,
Ils ne font pas la guerre !

 

ZODIAQUE7_Im1

- On a coupé la montre en douze
quartiers égaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

On a coupé le ciel en douze
signes zodiacaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

On se souvient d’Hercule
Et de ses douze travaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

- On a mis douze mois dans l’année
ça vaut ce que ça vaut.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !
Mais si tu fais tourner à rebrousse-temps la montre
On arrivera au temps de notre non-rencontre
Et tout repartira dans le même non-sens
Alors, sois gentille :
Rends-moi les aiguilles,
Retourne le cadran,
Allons de l’avant !

 

 

5_Im1

 

UN SOIR UN TRAIN

Moi je t’offrirai la Belgique,
Une île de fantaisie
Dans une pluie de perles !

Des gens qui restent-là
Quand passent les Teutons !

Des sages qui font tout
Pour ne pas perdre le Nord !

Des Flamandes qui dansent
En silence !

Même quand le train a déraillé
Et que la musique s’est arrêtée !

 

 



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5 janvier 2022

Simone et Séraphin

40 05

Samedi, c’est la fin de la semaine ! Super, super, super !

Simone est une sage secrétaire sténo-dactylo pendant la semaine. Ce samedi, elle fait les sacs en sifflotant : shorts, sandales, lunettes de soleil, sudokus et scrabble dans l’un ; sardines en boîte, saucisson, salami, salade et Saint-Nectaire pour faire des sandwichs dans un autre, savon, shampooing, serviette et sèche-cheveux dans un troisième. De son côté, Séraphin a laissé sa salopette sale de serrurier (et ses soucis !), souhaitant souffler pendant ce séjour en Saône et Loire.

En voiture, Simone ! Ils ont quitté la Sarthe sous la pluie ce matin sans stress, après une bonne nuit de sommeil. Il était 7 h 66 mn et soixante-sept secondes. Ils sont dans un doux songe en écoutant une sonate de Schumann.

Après quelques heures de route dans le silence, Séraphin stationne après un bois de sapins. Plus loin, un scout fait de l’auto stop. Ils sortent de la voiture sous le soleil et s’étirent. Séraphin souffle et s’allonge dans l’herbe. Il se laisse submerger par la nature sauvage. Il sent le parfum de la sauge, de la sarriette et du serpolet. Simone cueille des soucis, sursaute quand une salamandre se glisse entre ses cuisses et qu’une sauterelle s’ébroue dans sa chevelure avant de sauter sur les cèpes.

Séraphin est séduisant, Simone est splendide ! Elle regarde sérieusement Séraphin, il la trouve si sexy… Un sentiment de sérénité et de sensualité les saisit et les submerge… C’est sublime !

Ils vont s’allonger sous un saule pleureur. Ils se susurrent des mots sucrés. Ils savourent, en retirant leurs strings, un moment d’amour qui n’est pas que spirituel ! On entend des soupirs de satisfaction, des sons surprenants. Soudain, un sanglier surgit et stoppe la scène. Ils se séparent, surpris de cette envie saugrenue, un peu sonnés.

Aujourd’hui, Séraphin a soixante-dix-sept ans et Simone soixante-seize. Ils se souviennent en souriant de cet instant sur une nationale 7 bien sympathique ! 

4 janvier 2022

Consigne d'écriture 2122-14 du 4 janvier 2022 : Apocopes

 Apocopes  



2122-14 ApocopeUne apocope, du grec apokoptein/ἀποκόπτειν («retrancher»), est une modification phonétique, parfois utilisée comme figure de style, qui se caractérise par l'abréviation du mot complet, en gardant uniquement son ou ses premiers phonèmes ou syllabes, par exemple « auto » pour « automobile. (Wikipédia)

Insérez un maximum des abréviations ainsi obtenues dans un texte dont l’action ne se situe pas de nos jours (récit historique, conte poème ou légende).  

accu pour accumulateur actu pour actualité ado pour adolescent agglo pour agglomération ou agglomérés
alu pour aluminium amphi pour amphithéatre ampli pour amplificateur anar pour anarchiste apéro pour apéritif appart pour appartement appli pour application astro pour astronomie, astrophysique archi pour architecte ou architecture asso pour association auto pour automobile bac pour baccalauréat basket pour basket-ball bi pour bisexuel
bio pour biologique, bob pour bobsleigh
cap pour capable cardio pour cardiologue cata pour catastrophe catho pour catholique chimio pour chimiothérapie ciné pour cinéma chrono pour chronomètre claustro pour claustrophobe clim pour climatisation coco pour communiste collab pour collaboration collabo pour collaborateur colo pour colonie de vacances coloc pour colocation ou colocataire colon pour colonel commu pour communauté conf pour conférence
conso pour consommation covoit pour covoiturage ou covoitureur
croco pour crocodile dactylo pour dactylographe
deg pour dégouté
dégueu pour dégueulasse démo pour démonstration dermato pour dermatologue diapo pour diapositive dico pour dictionnaire diff pour différence dirlo pour directeur dispo pour disponible ou disponibilité
doc pour docteur ou document ou documentaire dupli pour duplication éco pour économie ou écologie 
écolo pour écologiste
exo pour exercice écrit expo pour exposition extra pour extraordinaire
fac pour faculté (éducation)
fan pour fanatique flag pour flagrant délit fluo pour fluorescent
folk pour folklorique musical
folklo pour folklorique, dans le sens excentrique foot pour football frigo pour frigorifique gastro pour gastro-entérite gaucho pour gauchiste géo pour géographie gym pour gymnastique
hallu pour hallucination
hand pour hand-ball
haltéro pour haltérophilie hebdo pour hebdomadaire hélico pour hélicoptère hétéro pour hétérosexuel homo pour homosexuel
indé pour indépendant imper pour imperméable (vêtement) info pour information ou informatique
intello pour intellectuel
kart pour karting
kilo pour kilogramme
kiné pour kinésithérapeute
Libé pour Libération
loco pour locomotive
lino pour linoleum magnéto pour magnétophone ou magnétoscope maso pour masochiste maths pour mathématiques mayo pour mayonnaise mecano pour mécanicien
mégalo pour mégalomane météo pour météorologie métro pour métropolitain micro pour microphone ou micro-ordinateur mono pour moniteur enseignant ou son monophonique
moto pour motocyclette muscu pour musculation
nimp pour n'importe quoi nympho pour nymphomane ophtalmo pour ophtalmologue ordi pour ordinateur
ostéo pour ostéopathe
para pour parachutiste
pédé pour pédéraste
perm pour permission ou permanence philo pour philosophie phono pour phonographe photo pour photographie pola pour polaroid polio pour poliomyélite poly pour polycopie porno pour pornographie pneu pour pneumatique pro pour professionnel prod pour production promo pour promotion prof pour professeur prolo pour prolétaire provoc pour provocation pub pour publicité radio pour radiographie ou radiophonie réac pour réactionnaire récré pour récréation scolaire
redif pour rediffusion d'émission audiovisuelle
ref pour référence réglo pour réglementaire repro pour reprographie restau ou resto pour restaurant récup pour récupération d'objet rhino pour rhinocéros ou rhinopharyngite saxo pour saxophone scan pour scannérisation sécu pour sécurité sociale simu pour simulation sous-off pour sous-officier spéléo pour spéléologie sténo pour sténographie
stéréo pour son stéréophonique stup pour stupéfiant stylo pour stylographe surgé pour surveillant général sympa pour sympathique synthé pour synthétiseur taxi pour taximètre télé pour télévision ou téléobjectif3 tram pour tramway trans pour transsexuel ou transgenre transat pour transatlantique transfo pour transformateur vélo pour vélocipède vidéo pour vidéophonie volley pour volley-ball yougo pour yougoslave  
4 janvier 2022

Josette / Marie-Thé

2122-14 Marie-Thé - Boulevard du crime

Comme chaque dimanche, Josette s’est mise sur son trente-et-un pour aller au ciné du patro. Fière du sac en croco qu’elle vient d’acheter avec son premier salaire de dactylo, elle l’ouvre, le referme et le pose sur ses genoux.

Jules, ancien para un peu folklo, se glisse près d’elle pendant les actus. Il lui murmure qu’elle est jolie et qu’après le film il l’emmènerait bien faire un tour de moto. Ils iront au resto et il la reconduira chez elle.

Josette, solitaire un peu naïve, se dit qu’elle pourrait passer une bonne soirée avec ce gars si sympa.

Le film est émouvant. Lorsque des larmes coulent le long de ses joues, Jules lui tend un mouchoir.

Ils sortent du ciné et se dirigent vers la moto. Josette est tout émoustillée lorsque Jules lui dit : « Mets ton sac dans la sacoche et monte », puis « attend, redescend une minute, j’ai un pneu dégonflé ». Surprise elle s’exécute. Rapido-presto, Jules démarre et file, emportant le sac et le portefeuille tout neuf de Josette.

Adieu le resto, la belle soirée, le beau sac en croco !

C’est sûr, elle le retrouvera cet anar, elle le cherchera avec son vélo et crèvera les pneus de sa moto !

4 janvier 2022

Sécheresse / Eliane

2122-14 Eliane - Peut-être 02

En ce siècle dit des Lumières, Clémence étouffait dans la diligence qui la ramenait vers la ferme de ses parents. Elle pestait, la clim était une nouvelle fois en panne.

Le soleil tapait dur en cette fin d'après midi. La météo n'avait pourtant pas prévu cette vague de chaleur qui asséchait tout.

C'était d'ailleurs cette cata qui ramenait Clémence vers le lieu qui avait bercé son enfance. Les récoltes avaient brûlé, il allait falloir trouver une solution pour ne pas mourir de faim.

Elle avait donc quitté la riche Maison dans laquelle dans laquelle elle était servante depuis quelques années. Dans cette Maison les domestiques étaient logés dans un appart à part. Loin des pièces de vie des maître et loin des pièces de réception. Dans cet appart Clémence avait pour colocs l'autre servante Mado avec qui elle s'entendait bien et la vieille cuisinière qui prétendait tout régenter. Elle ne lui ferait certainement pas de pub à cette vieille chipie.

Elle n'était pas non plus fan des patrons. L'épouse un peu folklo qui ne s'habillait qu'en fluo et le maître féru d'haltéro pour la pratique duquel il avait fait aménager une salle spéciale. Il avait aussi fréquemment des hallu qui le faisaient errer l'air hagard le long des couloirs. Le fils aîné qui recherchait la mâle compagnie et qui pourtant lui faisait la cour. Homo ou bi ? Clémence n'avait pas encore tranché. Le fils cadet, anar, rêvait de renverser la royauté, sans bien réaliser que pour lui et sa famille cela signifierait la ruine. Mais catho comme le reste de ce petit monde.

Arrivée à destination, Clémence se rendit avec ses parents dans la salle paroissiale où le bourgmestre avait branché l'ampli et les micros pour que chacun puisse entendre sans peine la conf sur la façon de gérer la crise au mieux. Le bourgmestre savait compter sur les écolos pour animer les débats.

Clémence avec son sens pratique avait déjà sa petite idée sur la marche à suivre : puisque tout était sec il était judicieux de ramasser assez de fourrage pour nourrir le bétail. On pouvait en ramasser des kilos et des kilos. Il faudrait aussi se procurer de l'eau. En étudiant les maths on apprenait qu'il suffisait de creuser des puits, il y avait de l'eau en profondeur. Bon, mais où creuser ? Certains intellos prétendaient savoir. A défaut d'autre chose on allait se fier à eux.

Les jeunes gens et les ados furent réquisitionnés pour manier la pelle et la pioche. On instaura un roulement hebdo.

Tout cela c'était bien beau et si cela permettrait peut-être de ne pas mourir de soif, cela n'allait pas arroser les champs. On n'avait pas de solution. On ne voyait que la prière. Une redif de la conférence fut programmée, à la suite de laquelle un gigantesque apéro fut servi. Il fallait remonter le moral des troupes, profiter des bonnes choses tant qu'on en avait. Tout le monde riait et chantait. Une vraie récré !

Clémence rentra à la ferme sous une chaleur que le soir n'avait pas dissipée. Elle rêvait d'enfiler un imper sous une pluie battante. Mais ce n'était qu'un rêve.

Il arrive que les rêves se réalisent. Le lendemain ce fut une sorte de miracle. Des hélicos traversèrent le ciel, déversant sur les champs des litres d'eau puisés dans le grand étang à quelques dizaines de kms.

Et, contre toute attente, quelques semaines plus tard on vit apparaître les premières pousses d'une future récolte. Clémence s'empara de son appareil pour quelques photos souvenir.

On remercia dans une même ferveur le ciel et les mécanos des hélicos. On fit une grande fête retransmise à la télé en mondiovision.

2122-14 Eliane - Peut-être 01

Images empruntées au film "Peut-être" de Cedric Klapisch (1999).

4 janvier 2022

L'Ogre de la forêt / Anne J.

- Accusé, levez vous ! Vos noms, prénoms et qualité ?

- Mon nom officiel est Aristide Apocope mais tout le monde m'appelle l'ogre de la forêt, je gagne ma vie en coupant du bois dans la forêt et en le vendant au village d'à coté .

- Racontez-nous un peu votre parcours !

- Je suis né dans ce village il y a environ 37 ans, mes parents étaient des prolos sans histoire, plutôt réglos, tendance cathos de gauche, mangeant bio, franchement écolos et végans ; j'ai donc commencé à me démarquer quand je suis devenu ado.

- Ah oui ? Détaillez-nous un peu cette période !

- Je n'ai jamais aimé ce que les autres enfants du village adoraient, le foot, le basket, le volley, le hand, la spéleo ; ce n'était pas pour moi, pas plus que le vélo, la moto ou l'auto, non j'étais fan de muscu et d'haltéro et comme je mangeais 2 steaks de 500g par jour, je suis vite devenu impressionnant. J’oubliais, ce que je préfère à l’apéro c'est les frites à la mayo.

2122-14 Anne J - Ogre

- En effet ! Et quand il vous a fallu choisir un métier, quel choix avez vous fait ?

- Mes parents voulaient que je fasse médecine ou que je devienne cardio, gastro, ostéo, opthalmo, oto-rhino, kiné, ou radio ou à défaut sténo ou dactylo ou même mécano mais c'était bien trop intello pour moi. J'aurais bien aimé faire archi mais il m'aurait fallu mon bac. J'ai choisi de reprendre le métier de mon grand père et de devenir bûcheron, ça contentait mon coté anar.

- Votre coté anar ?

- Oui, je n'ai jamais eu de goût pour les assos, je ne suis jamais parti en colo, je n'ai jamais voulu être mono, le coté socio, ça m'ennuie vraiment : jeune homme j'ai toujours habité seul dans un gourbi plutôt que de vivre en coloc, je n'ai pas la fibre pour vivre en commu mais je ne suis pas folklo non plus.

- Et avec les femmes ?

- Vous voulez savoir si je regarde des films porno ? Eh bien c'est non ; je suis normal, hétéro mais je n'ai rien contre les homos, les pédés, les bi, les nymphos et les trans, chacun ses goûts, j'ai donc épousé Marie, la plus belle fille du village, ses parents sont yougos et elle joue du saxo et elle m'a fait sept filles.

- Les sept filles que vous avez mangées !

- Monsieur le juge, je vous jure que c'était une erreur ! C'est le gamin qui m'a trompé, il a coiffé mes sept filles des bonnets que portaient ses frères ! J’ai eu des hallus quand j'ai vu ce que j'avais fait, d'habitude je suis réglo mais là j'avais trop bu avec les copains et surtout j'avais faim car le ragoût de l'auberge était dégueu, à la limite de la gastro, soyez indulgent ! Est ce plus grave que le trafic de stups ?

- Je le pense ! Je le pense ! Accusé, le jury vous condamne a 20 ans de prison avec une perm par an pour faire d'autres filles à votre pauvre femme… et encore je suis sympa ! Et tant pis pour vous si vous êtes claustro ! Et puis tiens, c'est mon jour de bonté, je vous abonne pour 20 ans à Libé, ça vous fera de la lecture !

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