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L'Atelier d'écriture de Villejean

29 mars 2022

Est-ce que ce Seurat mieux demain ? / Jean-Paul

2122-24 Jean-Paul - Le Chahut

Pon Pon Pon Pon-Pon-Pon-Pon…

Pourquoi ai-je choisi cet instrument, la contrebasse, plutôt que la flûte piccolo ou le violon alto ? Déjà, pour le transport, c’est d’un pratique ! Et d’un lourd ! Et pour les transports amoureux, si vous saviez comme ça peut vous casser vos effets, cette bête-là !

Si j’arrive à amener chez moi une de mes rares conquêtes aussitôt c’est l’instrument qui attire l’attention et l’emporte sur moi.

- Waooh ! Une contrebasse ! Et vous savez en jouer ?

- Non, c’est juste décoratif, elle est en porcelaine de saxe à l’intérieur de l’étui. Bien sûr que j’en joue, c’est même mon métier. Je suis musicien d’orchestre.

- Ô ben soyez sympa, Monsieur Gaston, jouez-en moi rien que pour moi, pour voir !

- Pour entendre, surtout, non ?

Pon Pon Pon Pon-Pon-Pon-Pon…

C’est à ces moments-là qu’on regrette de ne pas avoir fait piano première langue ou pas choisi l’option harmonica diatonique à la deuxième partie du baccalauréat. Parce que Pon Pon Pon Pon-Pon-Pon-Pon, ça va bien cinq minutes. Quand il y a un orchestre autour, des danseuses qui lèvent la jambe pour le chahut, c’est bien : on donne le rythme, on marque les temps fort, on se fond dans les harmonies. Mais quand on joue tout seul, comme casse-coups, il n’y a pas mieux que la contrebasse.

Après quelques notes la petite jette un œil à la décoration passe-partout de votre logement et puis bien vite elle vous fait entendre qu’elle ne va pas s’éterniser chez vous parce que sa maman est bien malade, elle a chopé de drôles de symptômes d'un virus inconnu, il faut qu’elle passe à la pharmacie lui prendre des médicaments et à l’épicerie pour acheter une galette et un petit pot de beurre. Elle a vu qu'il y avait un loup ou quoi ?

Si je pouvais la planquer à la cave seulement, la contrebasse, mais non. J’habite au cinquième étage et je n’ai ni cave ni grenier.

***

Est-ce que ça peut me consoler d’avoir trouvé un travail dans un milieu festif, de passer mes soirées en bénéficiant d’une vue contre-plongeante sur les dessous de Mademoiselle Claudette et des autres « girls » du Moulin Rouge ?

C’est une chouette fille, bien gentille, bien gironde, la Claudette,  mais tout le monde ici lui tourne autour avec l’idée de lui rentrer dedans. Il y a d’abord le chef d’orchestre qui est encore mieux placé que moi pour faire le voyeur, pour s’imaginer, sous le pantalon blanc garni de dentelle, l’entrée cachée du Paradis ! Et puis ce gandin prétentieux de François, le danseur à moustaches en guidon de vélo chromé du fond de la cour. Je crois d’ailleurs qu’elle en pince un peu plus pour lui.

***

2122-24 Jean-Paul - La Grande jatte

Heureusement pour moi, il y a ce rêve que je fais toutes les nuits. C’est un dimanche ensoleillé. Il n’y a plus de Pon Pon Pon Pon-Pon-Pon-Pon…, de chahut, de cancan, de bruits de verres, d’atmosphère enfumée. On est au grand air. Je suis assis au bord d’une rivière avec ma canne entre les mains et mon chapeau haut de forme sur le crâne. Il y a des tas de gens qui s’adonnent à l’indolence autour de moi, des jeunes filles assises par paires qui papotent sous des ombrelles, de braves bourgeoises qui promènent leur mari, des maris qui se prennent pour Dieu fumeur de havane ou pour des jockeys fumeurs de longues pipes… On voit un singe en laisse, des chapeaux fleuris, des militaires immobiles, des canoteurs à canotiers, des voiliers sur l’eau, une femme qui pêche.

Il ne se passe rien dans ce rêve, tout y est paisible. Mes nuits sont tout sauf agitées. Je les passe à écouter les bribes de conversations de tous ces gens calmes et sereins, endimanchés, pas inquiets pour deux sous et qui pourtant, dans leurs bavardages, évoquent tant de problèmes auxquels je n’entends rien. La nuit dernière, chez eux, il y aurait eu un début de guerre en Ukraine, des négociateurs empoisonnés, des élections dévalorisées par l’absence de débat, des millions versés à des donneurs de conseils, un type bien embêté parce qu’il doit rédiger une thèse sur la zythologie – c’est l’étude de la bière -, trente-cinq voitures aux vitres brisées...

***

J’ai parlé à Mademoiselle Claudette de ces rêves récurrents.Elle m’a suggéré de partir à la recherche de ce lieu idyllique. Mais est-ce la Seine ? Est-ce la Marne ? Comment procéder ?

- Si vous voulez, je vous accompagne, m’a-t-elle proposé.

Chaque dimanche nous explorons. Nous connaissons toutes les guinguettes, tous les lieux de baignade en amont et en aval de Paris. « A Joinville le Pont Pon pon » tous deux nous y allons.

Et il se passe une chose étrange. Claudette aussi désormais fait le même rêve toutes les nuits. Elle voit les deux jeunes femmes qui prennent soin d’une petite filles à cheveux longs, elle voit les trois cabots qui courent entre les groupes, elle entend parler d’abstention record, de réchauffement climatique, de station, orbitale qui menace de tomber sur la planète où la banquise fond et où l’on enfouit là où l’on peut des « déchets nucléaires ».

Elle qui souffrait d’insomnie et de cauchemars, elle est si heureuse de faire ces rêves apaisants qu’elle m’a ouvert les portes de son paradis.

Nous avons convolé en justes noces et maintenant c’est dans le même lit que nous rêvons de concert - quoi de plus normal pour un musicien et une danseuse ? -.

2122-24 Jean-Paul - La Grande jatte 2Le dimanche, nous continuons de chercher dans la réalité si ce lieu magique existe réellement. Qu’arrivera-t-il si nous le découvrons un jour ? Si c’est sur le quai Saint-Cyr à Rennes ? Ou sur la plage de Petit-Fort-Philippe dans le Nord de la France ?

Est-ce que nous ferons un bond dans une autre époque ? Est-ce que nous déménagerons pour habiter dans ce lieu ? Est-ce que nous en rêverons encore ?

Et surtout… Pourquoi Claudette a-t-elle acheté ce singe ridicule qu’il faut promener en laisse ? Et pourquoi ai-je pris de l’embonpoint et me suis-je mis à fumer le cigare, moi qui en détestais tant l’odeur autrefois ?

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22 mars 2022

Consigne d'écriture 2122-23 du 22 mars 2022 : Événements détournés

Événements détournés

 

C'est une consigne adaptée du livre « 1001 conseils pour l’écrivain en herbe » de Myriam Mallié et Pascal Lemaître – Casterman, 2004.

2122-23 Consigne gentil-loup

Sur une feuille volante 21 x  29,7 cm, tracez un trait vertical en son milieu. Ecrivez dans la colonne de gauche le nom de
- 2 personnages de contes ;
- 2 fêtes de quelque chose ;
- 3 situations ;
- 2 phrases que l’on prononce parfois ;
- 2 choses de la vie connues, habituelles et évidentes.

Passez la feuille à votre voisin·e de droite.  Il ou elle écrit dans la colonne de droite l’inverse de chacune des idées contenues dans la première colonne, un détournement de ces idées susceptible de faire naître un récit forcément plus décalé qu'à l'habitude.

Rendez la feuille à son expéditeur-trice qui aura à charge d'utiliser vos propositions pour les intégrer dans son récit.

On peut aussi - pour qui écrit en ligne - mettre en commun la totalité des propositions, y compris celles du livre, et piocher dans tout le corpus ci-dessous.

Exemples tirés du livre :

La Fête de la musique La Fête du silence
La Fête des mères La Fête des chauve-souris
Blanche-Neige et les sept nains Noire-Tempête et les sept géants
Superman Catastrophewoman
Le soir il faut se brosser les dents avant d’aller dormir Le soir il faut se peindre les dents avant d’aller dormir
L’école est obligatoire jusqu’à 18 ans Faire pousser les fleurs est obligatoire jusqu’à dix-huit ans
La nuit on dort La nuit on chante (on va sur la Lune, on se transforme en arbre, on passe à travers les murs, on parle le langage des animaux)
Les oiseaux, ça vole Les oiseaux, ça fait la vaisselle mieux que n’importe qui

 Listes collectées  

1

Le Petit Poucet Le grand doigt d’honneur
Cendrillon Miss Bûche en feu
La Foire aux livres de Brive-la-Gaillarde Le festival de Cannes
Le réveillon de la saint-Sylvestre La fête de saint-Nicolas
J’attends mon bus Je prends mon vélo
Je plonge dans la piscine Je fais la planche sur la pelouse
Je m’abrite sous un parapluie Je prends une douche sous l’orage
Je descends chercher du pain Reste-t-il des biscottes ?
Je vais au pain, je reviens Je sors acheter des allumettes et je me tire ailleurs
En 1492 Christophe Colomb découvre l’Amérique En 1492 Christophe Colomb se trompe de chemin et fait naufrage
Fumer tue La cigarette mentholée vous allonge la vie

 2

Cendrillon Etincelon
Gepetto Le bébé de Pinocchio
Le 14 juillet Le 7 janvier
La Saint-Innocent La Fête des coupables
Je vais à la piscine Je rentre de la plage
Je monte dans le métro Je descends de la fusée
Je consulte l’heure Je date au carbone 14
Quel temps fait-il Sablier, clepsydre et coucou
As-tu pris ton parapluie ? J’ai pris un coup de soleil sur les pieds
En avril ne te découvre pas d’un fil En mai, fais ce qu’il te plaît
L’étét on part en vacances L’hiver on hiberne

 3

Un sultan Un eunuque
Un loup Un agneau
Le 14 juillet L’Épiphanie
Sainte-Barbe ou Sainte-Cécile Le diable
Etre coincé·e dans l’ascenseur Etre enfermé·e dehors
Faire une balade à cheval en forêt Marcher sur le sentier côtier
Faire sa valise Défaire sa valise
Qu’est-ce qu’on mange ce midi ? Qu’est-ce qu’on boit, ce soir ?
Il fait beau, je mets le linge à sécher dehors Il pleut, je sors mes plantes vertes
On doit traverser sur les passages piétons On doit traverser en dehors des clous
On prend un parapluie quand il pleut On prend sa casquette quand il fait soleil

 4

Le Petit Poucet Le Bon gros géant
Blanche-Neige Noir-Désir
Mardi gras Vendredi maigre
Le 14 juillet La Fête des morts
Mange une glace ! Regarde cette belle grillade brûlante !
Joue de la guitare ! Et si on cassait les cordes de la guitare ?
Saute à la corde ! Passe sous le fil à linge !
Comment vas-tu ? Va au diable !
Quel dessert as-tu pris ? Tu n’aimes pas le sucré, toi ?
Nous allons chez le médecin Mange de la salade, tu ne seras jamais malade
Tu achètes le pain N’oublie pas les violons
22 mars 2022

X c'est l'inconnu / Adrienne

2122-23 Adrienne - jardin

C’était un 14 juillet mais ce jour-là serait son épiphanie.

Au moment de partir, il ne le savait pas encore.
Il ne savait pas non plus combien de fadaises il sortirait en la charmante, l’ensorcelante compagnie de Cécile.
Lui qui d’habitude valait Shéhérazade et vous servait des histoires à n’en pas finir, avec ou sans sultan et eunuques… ce jour-là, rien.

Ce jour-là, il en était réduit à meubler les premiers silences de la promenade par des « il fait si beau, Louison aura mis le linge à sécher dehors, j’aime ce parfum-là, pas vous? » ou « vous savez que quand il pleut elle sort les plantes vertes ? »

Bref, des choses aussi intéressantes que savoir ce qu’on mangera le midi ou boira le soir, qu’on prend un parapluie quand il pleut ou son chapeau de soleil et l’ombrelle s’il fait un temps comme ce jour-là, où il valait mieux être enfermé dehors que coincé dans un ascenseur.

Car oui, il était même allé jusqu’à lui raconter cette histoire qui lui était arrivée dans son immeuble parisien, doté depuis peu de cette magnifique machinerie qui faisait si peur à Louison qu’elle avait menacé de faire sa valise et d’aller porter ses services de cuisinière-lingère-bonne à tout faire dans l’immeuble voisin qui n’était pas encore doté de cette invention du diable.

Ils auraient pu faire une balade à cheval en forêt – Cécile était bonne cavalière – ou marcher sur le sentier côtier, comme c’était à la mode depuis peu, mais ils avaient préféré faire le tour du jardin, lentement, très lentement, et il était difficile de savoir vraiment lequel des deux était le loup, et lequel l’agneau.

Lequel, le premier, avait réduit la distance polie entre eux deux.
Lequel, le premier, avait été pris de cette fièvre qui donne soudain envie de se rouler dans le foin avec le soleil pour témoin.
 

22 mars 2022

Je vais au pain, je reviens ! / Jean-Paul

2122-23 Jean-Paul - Saint-Nicolas

Il y a des jours comme ça où tout va mal. C’est peut-être aussi parce que l’année s’est mal terminée.

Au réveillon de la Saint-Sylvestre les amis que j’ai invités ont rejoué la Saint-Nicolas « comme dins ch’Nord !». Ils ont tous amené des pains d’épices recouverts de sucre glace et accompagnés d’une image du grand Saint sous cellophane. Pas de saumon, de caviar ni de Champagne. De la bière, du chahut, du chambard. Ils avaient aussi des kilos de farine avec lesquels tout le monde s’est bombardé dans l’appartement.

Ce matin le sol en est encore couvert. C’est comme s’il avait neigé dans notre intérieur.

Pas la peine de lancer à ma compagne le rituel « Je vais au pain, je reviens ! ». Elle dort encore profondément. Une petite voix méchante me répond à sa place dans mon crâne où cognent encore les coups de boutoir de l’excès de Jeanlain ambrée :

- Sors acheter des allumettes et tire-toi ailleurs ! Ne sème pas de petits cailloux blancs derrière toi comme a fait le Petit Poucet. Sois le grand doigt d’honneur, casse-toi sans regarder derrière toi ! Il est temps de laisser Cendrillon dans son foyer et de partir à la conquête de Miss Bûche-en-Feu. Tu as assez dragué de lectrices entre les stands de la Foire du livre de Brive-la Gaillarde ! Maintenant il faut jeter ton dévolu sur les stars du Festival de Cannes !

Il est fou, lui ou quoi ? J’essaie vaguement de discuter avec mon mauvais génie.

- En 1492 Christophe Colomb, cherchant les Indes, galantes ou pas, n’a pas découvert l’Amérique . Il s’est trompé de chemin et la Santa Maria, sa caravelle, a fait naufrage.

- Allons, bonhomme, tu déconnes ! Ton uchronie, c’est de la connerie ! Fumer tue mais la cigarette mentholée allonge la vie !

Je ne réponds rien. Quand je descends chercher le pain, je ne parle avec personne. Je prends bien soin de traverser au carrefour quand le petit bonhomme du feu est devenu vert.

Je ne sais pas d’où il est sorti le petit bonhomme rouge qui clignote comme une noire tempête dans ce qui me reste de cerveau. Je repose mon masque sur mon nez et j’entre dans la boulangerie.

- Vous reste-t-il des biscottes ? me demande la tenancière de la boutique.

- Non, je n’en consomme pas. Je suis plutôt brioche et croissant au beurre. Vous n’en avez pas aujourd’hui ?

- Non Monsieur. Pas avant le 21 janvier, jour de fête nationale chez les Jivaros.

- Les Jivaros connaissent l’histoire de France et la date du raccourcissement de Louis XVI ?

- Oui Monsieur. Il ne faut pas prendre ces bons vieux réducteurs de têtes pour des connards sauvages. Ils sont très savants. Vous n’avez entendu parler du Docteur Jivaro ?

- Dans mon souvenir, c’était plutôt Jivago mais je ne suis pas en état de vous contredire. Et un pain, un simple pain, vous en auriez ?

- Vous voulez que j’appelle mon mari pour qu’il vous en colle un ?

- Non, merci, ça ira !

Je ressors. Je pourrais aller à la boulangerie de Villejean mais maintenant je crains fort d’attendre le bus. A tous les coups un type va arriver à vélo et me proposera de monter sur son porte-bagages pour m’y emmener. Une fois que nous serons arrivés en haut de la rue Louis Guilloux il se mettra sans doute à pleuvoir et au lieu de nous abriter sous un parapluie une escadre d’amazones érogènes de Kelly services nous obligera à nous déshabiller et à danser sous la pluie en chantant. 

Je préfère remonter à l’appartement les mains vides. Je retourne dans la chambre, je me déshabille – au moins je suis resté sec ! - et je replonge dans la piscine du sommeil. Très vite je fais la planche sur la pelouse du rendormissement.

***

Il y a des jours comme ça où tout va très, très bien. Quand je me réveille, plus de petite voix intérieure, plus de farine par terre ni de souk dans l’appartement. Nous somme le mardi 22 mars et il me reste trois tartines et des cracottes. Tout ça n’était qu’un cauchemar !

Enfin… je verrai bien ce que me dira la boulangère demain. C’est le samedi et le mercredi que je vais au pain et que je reviens !

15 mars 2022

Consigne d'écriture 2122-22 du 15 mars 2022 : Récit de voyage

Récit de voyage

 

Les voyages les plus beaux sont peut-être ceux que l’on s’invente. Votre récit comprendra 4 parties :

 1) J’ai quitté
Qu’avez-vous quitté ? Nommez simplement un lieu ou une personne.

 2) Avec
Dites avec quoi vous êtes parti·e : quel objet avez-vous emmené ?

 3) J’ai traversé
Dites en une phrase ce que vous avez traversé en partant.

 4) J’ai vu
De l’autre côté, qu’avez-vous vu ? Là, donnez toute la gomme ! Décrivez ce que vous découvrez et ce qui vous arrive dans ce lieu nouveau. Il n’est pas indispensable d’en revenir.

 Consigne extraite de « 1001 conseils pour l’écrivain en herbe » de Myriam Mallié et Pascal Lemaître – Casterman, 2004

Vous pouvez également utiliser les aquarelles de Venise et Burano peintes par l'animateur pour vous inventer un voyage dans cette ville et dans cette île si vous le souhaitez.

1024 Aquarelles de Venise 01 paline bleue devant san Giorgio

1024 Aquarelles de Venise 02 paline jaune au grand canal (sans bords)

1024 Aquarelles de Venise 03 paline rouge au grand canal (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 04 barque immatriculée avec reflets

 1024 Aquarelles de Venise 05 Gondole avec ruban rouge (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 06 barque devant un pont (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 07 cheval devant gondole (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 08 Deux barques avec reflets (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 09 Alignement de barques avec reflets (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 11 Canot à moteur sur le grand canal (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 16 Trois barques amarrées (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 17 Barque Davide (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 24 Cimetière San Michele (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 23 Maison d'angle à Burano (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 25 Un canal à Burano (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 10 Palais Dario (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 12 Palais sur le grand canal (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 13 Palais sur le grand canal (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 14 Gondole fleurie (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 15 Barque bleue devant pont de Santa Lucia (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 18 Maison violette à Burano (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 19 Maison rouge avec balai à Burano (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 21 Barques et pont à Burano (sans bords)

 1024 Aquarelles de Venise 22 Bateau Valter à Burano (sans bords)

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15 mars 2022

Renaissance / La Licorne

  

Cela fait longtemps que j'ai quitté le pays des évidences. 
Le pays où j'étais née et qui avait bercé mon enfance.
Je l'ai quitté d'un coup, presque sur un coup de chance.
Avec pour tout bagage mes désirs et mes doléances
J'ai traversé les grands champs de l'indifférence
Enjambé les ruisseaux  du doute et de la méfiance
Contourné les collines de la bienséance
Délaissé  les rivages de la prudence...

J'ai marché, marché avec endurance
J'ai gravi la montagne de l'exigence
Et osé la désobéissance...

J'ai vu les coups fourrés, les manigances
L'orgueil et l'arrogance,
Les mille excès de la régence
Et toutes leurs conséquences...
J'ai vu les actes de démence
De la Haute Finance
J'ai vu la vanité et la grandiloquence
La jalousie et la vengeance

La soif d'une illusoire puissance
Et les déchaînements de violence...
J'ai vu les manques de nuance, 
Les  insolences, les médisances
Et de la haine la résurgence

Mais j'ai vu aussi dans le silence
Des petits villages de France
Le début de la renaissance
Le déploiement de l'intelligence
Et les trésors du bon sens.

J'ai vu la foi et le courage immense
Qui chaque jour contre-balancent
La peine et la souffrance 

J'ai vu l'irrévérence
Teintée de bienveillance

J'ai vu les graines de l'espérance
Germer dans les consciences
J'ai vu la tolérance
Qui transcende les différences

J'ai vu sous les défaillances
Les incohérences et les errances...
Sous le chaos de la décadence
La beauté d'un monde qui commence...

15 mars 2022

T comme têtard / Adrienne

2122-23 Adrienne - arbre

J’ai quitté ma chambre au premier étage côté rue.
J’ai fait bien attention de ne pas glisser sur les marches de marbre rose, trop bien cirées.
Je n’ai rien emporté : pas une tartine pour la faim qui viendrait, pas un peu d’eau pour la soif, pas de petite laine, pas de montre.

– Je vais jusqu’à mon arbre, ai-je dit à ma mère qui n’a pas levé les yeux de son magazine.
Mais elle m’a entendue parce qu’elle a fait « oui, oui » et il y avait quelque chose dans sa voix entre lassitude et résignation.
Tous les travaux du jour avaient été faits, les poussières et les mauvaises herbes, les vaisselles et les rangements.
On attendait le soir et le père qui rentre du travail.

J’ai traversé le champ d’en face en courant, aveuglée par le soleil déclinant et comme le blé avait juste été moissonné, je me suis tailladé la peau des chevilles à chaque pas.
Il était trop tard pour revenir en arrière.
Le sang coulait, de toute façon, et j’ai poursuivi ma course.

Au coin de la prairie, près du bosquet de la colline, un grand arbre avait été épargné, sans doute parce qu’il marquait le territoire âprement disputé entre Hector, Oscar et Louis, qui ne se parlaient plus depuis deux générations.

C’était un frêne qui avait si souvent été étêté que si on y grimpait, on disposait de toute la place pour s’installer et on pouvait voir sans être vu.
D’ailleurs personne ne savait que c’était celui-là, « mon » arbre.

J’ai vu un couple de merles, une volée de moineaux.
J’ai entendu le pinson et le coucou. Des tourterelles. Le chien d’Hector. Le bêlement d’une de ses brebis. Une voiture au loin qui n’était pas celle de mon père.

Ça sentait bon l’herbe, le vent, la paille et la fin de l’été, la fin du jour.

Quand le soleil a disparu derrière la colline, j’ai eu un peu froid. Je me suis rendu compte que j’avais mal aux fesses et pour la énième fois j’ai pensé que « mon » arbre serait plus confortable avec un coussin et une couverture.

Je me suis dit que de l’autre côté de ce petit bois, à la fois très proche et très lointaine, il y avait la maison de ma grand-mère, et que c’est là que j’aurais voulu rentrer.

15 mars 2022

Départ / Anne J.

J'ai quitté mon fauteuil
Avec mes nouvelles chaussures.

J'ai traversé la rue
Et j'ai pris le chemin qui mène à ma librairie favorite,
Un chemin de terre qui longe un petit bois
Entre deux hauts murs de propriétés.

2122-22 Anne J

J'ai respiré la terre mouillée,
Senti le vent refroidir mes joues,
Goûté les rayons du soleil ,
Empli mes yeux du spectacle des arbres
Où commencent à pointer des petites feuilles vertes.
J'ai acheté des places de théâtre pour moi et mes amis
en me réjouissant de ce moment à venir.

Et j'ai vu comme il est bon de marcher de nouveau
Après dix jours d'immobilité forcée.

15 mars 2022

Vivre / Anne J.

J'ai quitté Rennes
avec le camion de déménagement
un jour neigeux d'avril
pour une nouvelle ville
dont je ne savais rien.

J'ai traversé des semaines de travail trop remplies,
des haies de personnes hostiles.
J'ai subi des réglementations absurdes,
des procédures tatillonnes.
J'ai croisé
des qualiticiens bornés,
des financiers agressifs,
des collègues trompeurs et malveillants.

2122-22 Anne J

J'ai aimé les couchers de soleil
en bord de mer
et les longues balades solitaires.
J'ai adoré marcher sur la plage
et apprendre à danser la gavotte.
J'ai appris à connaître des amis précieux,
vu naître des filleuls merveilleux,
croisé des amis irremplaçables.
J'ai apprivoisé la solitude et la liberté,
j'ai goûté à cette vie que j'ai construite
pas à pas
comme un laboureur.

Et j'ai vu comme il était fragile et délicieux
d'être seulement VIVANT.

15 mars 2022

Écrire / Anne J.

J'ai quitté le silence de mon enfance
Avec les mots des autres
Glanés dans les livres.

Je les ai trimballés longtemps
Enfermés au fond de moi.

J’ai traversé les romans de la bibliothèque,
Les livres de contes,
Les petits manuels de savoir-être,
Et les gros albums d’histoire.

 

2122-22 Anne J - Livres

J’ai passé des heures à lire
Les mots des autres
A la maison, dans mon lit, à la plage,
Aux toilettes, en mangeant, en tricotant,
Le matin, le midi, le soir
Et même la nuit sous les draps.

Un jour on nous a interdit
Bibliothèques et librairies
Et j’ai commencé à écrire
Pour d’improbables amis virtuels
Que je voyais parfois en visio
Ou pas.

Mes mots ont surgi de leur prison
Comme des plumes colorées ;
Ils ont commencé
A embellir mes jours
Et à porter mes rêves

Et j’ai vu mes mots
Rejoindre ceux des autres
Dans une farandole
Et j’ai su que j’aimais aussi
Écrire.

2122-22 Anne J - Ecrire

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