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L'Atelier d'écriture de Villejean

10 octobre 2023

Nostalgie-sur-mer (2) / Maryvonne

2023-08-15 Nikon 20

Dans cette ville en bord de mer, point n'est besoin de monument ultra-moderne. On se plaît à redécouvrir le côté désuet des magasins, de la poste, des cafés à l'ancienne comme chez Marion. Pour un peu on s'imaginerait en crinoline, une ombrelle à la main, coiffée d'une capeline avec des roses sur le côté. On se la joue « bella vita » jusqu'à prendre un air privilégié, un peu poseuse au café de la Plage, genre la belle époque.

Soudain apparaît la baigneuse de 11 h 05 ; elle nage jusqu'à midi. C'est bien de connaître les habitudes des résidents ou des touristes, il semble alors que l'on fait corps avec eux.

Tiens je remarque que trois sœurs se retrouvent chaque soir sur un banc face à la mer. Elles attendent le coucher de soleil et espèrent voir un jour le fameux rayon vert.

A «  l’Hôtel Frédéric », quand la patronne parle de nous avec le vieux loup de mer, qui vient s’asseoir sur le bord de la fenêtre, elle nous appelle du terme générique «  les baigneurs » qu'elle donne à ses pensionnaires. C'est une vieille habitude locale.

2023-08-14 Nikon 14Pas de séjour sans une séance de moules-frites chez la Mamma, rue de la Petite île et une choucroute de la mer à la « Coquillonne », rue Émile Zola. Il semble qu'il soit passé par là. Dans la soirée Violette et moi succombons à une glace, celle aux fruits de la passion est mon péché mignon. C'est avec un peu de culpabilité qu'une fois au moins nous achetons les chouchous à la baraque foraine. C'est en fait un camion avec un nom évocateur « Chez Mignon ». On le retrouve à Rennes à la fête foraine de décembre. On se dit alors qu'il doit y avoir encore quelques grains de sable sous le capot.

Par contre, au même stand, nous ne jouons plus à ces jeux appelés « baise-couillons » depuis longtemps, pour décourager nos enfants. Tout comme on ne se laisse plus avoir par les affiches qui nous proposent des spectacles comme « Guignol et le brigand » ou « Toto le clown ».

D'autres spectacles nous enchantent comme, quand vient la bonne brise, la danse des cerfs-volants qui croisent les oiseaux voyageurs. Tout est à observer. Chacun commente les vagues, la paisible comme la déferlante qui parfois vous arrose lors du ressac. Tout cela façonne des souvenirs de vie.

Je pense avec un pincement au cœur à tous ceux qui n'ont jamais vu la mer. A l'instant présent elle vient d'arriver salle Mandoline et recouvre ma feuille. Je suis à la pêche à la ligne avec mon crayon.

2023-08-14 Nikon 62

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10 octobre 2023

Louison et ses livres / Anne J.

Chère Colette

Nous venons d’arriver, Violette et moi, dans une ville étrange qui ressemble à celle où nous passions nos vacances quand nous étions enfants, à la belle époque où nos quatre frères Toto, Riri , Lulu et Hugo nous appelaient les Chouchous parce qu’ils prétendaient que notre mère nous gâtait trop, nous les trois sœurs .

2023-08-15 Nikon 1La Mamma aurait adoré la vieille pension où nous avons posé nos valises et qu’on a judicieusement appelé « Les Oiseaux voyageurs » : elle est sur le bord de la plage, sur le quai du port Fidèle et tout est resté comme au début des bains de mer : des grandes pièces, des lits hauts et trop petits pour nos grandes carcasses, des salles de bain avec des baignoires à pattes de lion et une robinetterie en imitation or, des vieilles armoires et un piano imposant - et faux ! - dans le salon.

Depuis mon accident de vélo, nous voyageons en triporteur et je m’installe chaque jour dans l’espèce de side-car adjacent pendant que Violette pédale comme une folle. Ma devise est « Je marche, je roule, je reste cool » que je hurle à tue-tête dans les descentes seulement car sinon Violette pique sa crise. Quand je ne hurle pas mon slogan favori, je lis pendant les trajets des romans policiers islandais ou des sagas de familles anglaises ou américaines avec d’innombrables tomes et rebondissements. J’envisageais sérieusement d’acheter une liseuse quand j’ai découvert une merveilleuse librairie dans notre ville étrange : Elle se nomme  « Partir en livre » et j’ai trouvé au moins quinze ou vingt volumes que j’ai mis dans mon gros sac à dos. Je m’en lèche les babines d’avance.

2023-08-13 Nikon 54Tu le sais, mon péché mignon ce sont les livres, j’en achète toujours trop et le drame des départs en vacances c’est le choix qu’ il faut faire : pour un week-end , en moyenne c’est deux livres (au cas où il y en aurait un qui ne me plaît pas ) ; pour une semaine cinq livres c’est un bon score mais pour deux semaines on arrive déjà à sept ou huit, alors ensuite !

J’aime le toucher, l’odeur, les caractères, les illustrations, j’adore ouvrir un livre à la première page et entrer dans un nouvel univers ; je retarde le moment de lire le dernier chapitre quelques heures si je me sens triste de devoir le quitter.

2023-08-14 285 2Alors quand je suis revenue de ma visite à « Partir en livre » avec 15 kgs de plus à mettre dans le side-car, Violette n’a pas supporté, elle m’a débarquée à la pension avec armes et bagages et tous mes bouquins, que veux-tu c’est la Vie !

Peux tu venir me chercher au plus vite, c’est rue de la Petite île, tu trouveras facilement.

Je t’offre une bière au café de la Plage et je te le promets :  je ne suis pas toujours chiante, parfois je dors.

Je t’attends, à très bientôt

Louison

10 octobre 2023

La Chimère / Jeanne

La Chimère, ce nom inscrit sur une affiche de théâtre me chantonne tout de suite un air dans la tête, celui venant de la douce voix de Jacques Higelin. Un homme qui m’émeut beaucoup, je ne saurais dire pourquoi. Avons-nous toujours besoin d’avoir une justification à l’émotion ? N’empêche que, voici le message du concerné : « Cauchemars, fantômes et squelettes, laissez flotter vos idées noires, près de la mare aux oubliettes, tenue de suaire obligatoire ».

Le terme de chimère n’appartient pas à ce bout de chanson mais c’est celui-ci qui me revient. Je me balade, seule et en joie, en joie d’être seule. Je rentre dans l’église de la ville sujette de mon errance, allume un cierge, pense gaiement et repars avec une lenteur déambulante. Je ne sais plus à quoi j'ai pensé, sincèrement, mais je sais que cela était rempli de bonnes intentions.

2023-08-15 Nikon 62

La bibliothèque qui se présente face à l’église porte une pancarte avec inscrit La Paisible ; je souris, me demandant comment, devant un tel édifice, pouvons-nous nous sentir autrement que paisibles. Je continue mon chemin, avant d’entamer la grande aventure qui m’attend, ce périple de quatre jours qui m’amènera à l’accomplissement du tour de l’Île. À un tournant de rue, amusée, je me retrouve face à trois bâtisses dont les pancartes, lues successivement, donnent : Un ange passe - Chez Marion - La Maison du bonheur. Cela donne envie, mais l’endroit "Un ange passe chez Marion, la maison du bonheur" n’existe pas réellement, il faudra pour cela passer d’abord par le café, la voisine et la bibliothèque ancienne.

Toujours l’air de « Champagne » qui continue de vivre dans ma tête, je me retrouve à chantonner moi-même ici et là, me surprenant pendant mes retours à l’instant présent. Il est temps d’y aller, je sens que c’est le moment de faire comme le premier pas vers cette longue randonnée. On m’a dit de m'arrêter chez Colette, j’y penserai à mon retour. En attendant, j’ai noté ce poème très inspirant, trouvé dans une librairie aux odeurs d’antan, en feuilletant le recueil d’un anonyme explorateur de cette île :

Nuit humide et froide.
Chaque heure, mes yeux s’ouvrent ;
Toi, tu me regardes,
Cherchant le sommeil dans chaque position,
Dans chaque recoin de mon duvet.
Disparu.
Le bruit de tes vagues me réveille,
En sursaut quelquefois mais
Ce bruit-là me rassure chaque fois.
Coquine Terre-Mère, mais,
Tu m’as offert le plus beau, le plus clair,
Des levers de soleil, celui qui,
M’a redonné l’envie, merci,
Terre-Mère.

Signé : Matin mignon, celui d’un Belle-Île-en-Mer. 

10 octobre 2023

Une autre ville / Marie-Thé

J’ai parcouru l’Italie, l’Espagne, la Grèce et bien d’autres pays pleins d’attraits et de lieux touristiques prestigieux.

Cette année, pas de grand voyage. C’est dans un village, au bout de la pointe sud de la Bretagne, que j’ai posé mes valises, dans une petite maison, rue de la Belle Époque, à 300 mètres de la mer.

Chaque matin, après un bain dans l’eau glacée, assise sur la plage, je vois des pêcheurs rejoindre leurs bateaux dont j’imagine les noms reliés à une histoire particulière : La Coquillone, la Farandole, la Déferlante, Violette et moi, et bien d’autres noms encore.

2023-08-12 285 22

A cette heure matinale seul le clapotis de l’eau vient troubler le silence.

Les bateaux, reliés à une ancre par une lourde chaîne, se balancent au gré des vaguelettes qui disparaissent dans le sable.

Leurs couleurs vives, jaune et noir, rouge et vert ou bien violet, se profilent sur la mer bleu azur. Ce spectacle m’enchante.

Le soleil commence à chauffer. Je me dirige vers le bourg, quai du port Fidèle, au Rendez-vous des Marins où quelques solitaires, comme moi, viennent passer un peu temps pour prendre un petit-déjeuner et lire le journal.

Assise sur la terrasse, je me sens bien, un peu seule mais l’animation du port me convient.

J’entends soudain quelqu’un m’interpeler. Un vieux loup de mer m’observe.

- J’organise une partie de pêche cet après-midi. Mon bateau c’est La Chimère, le bleu et rouge, près de la jetée. Il me reste une place, ça vous tente ?

***

J’étais ravie. Nous étions cinq touristes à embarquer. J’ai eu le mal de mer sur ce rafiot et j’ai passé la partie de pêche assise au fond du bateau. A peine si j’ai vu le Trou du Diable, ce lieu plein de légendes. Les filets se sont remplis de maquereaux et de quelques bars.

Le soir venu, au café, rue du Grain de sable, ce fut la fête. La tenancière, avec la complicité du vieux loup de mer, nous a fait déguster les poissons pêchés l’après-midi, grillés dans la cheminée.

Et pour terminer cette agréable journée, nous avons bu et chanté des airs bretons. 

10 octobre 2023

SGXV / Jean-Paul

2023-08-14 Nikon 5J'accuse ! J'accuse ! J'accuse la municipalité de X d'avoir donné le nom de « rue Émile Zola » à une toute petite impasse perpendiculaire à la rue Marius Allégret !

N'allez pas croire pour autant, à partir de la déferlante de mes « J’accuse » que j'ai réellement quelque chose contre X, contre SGXV en fait. C'est une ville bien agréable au contraire. On pourrait l'appeler « La Paisible » ce havre de tranquillité pour les oiseaux voyageurs, ce lieu de villégiature en bord de mer pour ceux qui ont l'espérance de vacances reposantes.

Je regrette de ne pas l'avoir plus parcourue en long, en large et en travers cet été. Si j'avais été seul j'aurais pu me constituer une jolie collection de noms de villas. Ces maisons de vacances semblent avoir été posées là au début du 20e siècle, à la belle époque, et s’y trouver pour l'éternité, enfin l'éternité moins un tsunami ou moins une montée des eaux.

2023-08-15 Nikon 66

La Villa Félicité, l'hôtel Frédéric, Fleurs des dunes… Il y a là de quoi partir en livre. Un jour je le ferai peut-être. Je reviendrai avec mon matériel d'aquarelliste et face à la villa « La Chimère » je suivrai la mienne. Je m'interrogerai : laquelle des trois sœurs Allégret avait bien pu poser dénudée, en cachette de toute la famille, pour ce sculpteur suédois prénommé Hugo ? Était-ce Gaïa Allégret ? Elle avait des formes généreuses et toujours l’air rêveur. La statue, intitulée « La Baigneuse » est toujours en place face à la mer, pas loin de la forêt, prêt du café de la Plage où j'irais, chaque après-midi, relire sur ma tablette l’œuvre de Régis Franc qui porte le même titre.


AEV 2324-05 Le-cafe-de-la-plage-1e-partie_1378

2023-08-15 Nikon 54Ou était-ce Sandy, qu’on appelait « La Sirène » ? Elle se parfumait au patchouli et m'appelait « Toto le clown » ou « le galéjeur ». C'était une garçonne au langage peu châtié. Elle jouait au tennis et faisait du vélo - on disait encore de la bicyclette à l’époque -. Souvent elle proclamait en riant « Je marche, je roule, je reste cool ! » ou provoquait, lucide sur ses extravagances et sa situation de pauvre petite fille riche : « Je ne suis pas toujours chiante : parfois je dors ! A part ça, ici, c’est la maison du bonheur : la Mamma prend soin de nous, la cuisinière est bonne, c'est la bella vita ! ».

2023-08-13 Nikon 37Les jolies françaises que c'étaient là ! J'étais plus intrigué par l'aînée, plus réservée, presque toujours silencieuse. On ne lui connaissait aucune liaison, masculine ou féminine. Sandy l'appelait « La fée no men ». Elle m'attirait énormément mais malgré quelques timides travaux d’approche, je n'ai jamais pu percer les secrets de Louison.

Les sœurs Allégret ! Quel joli roman parfumé aux fruits de la passion je prépare là !

Moi, dans ma bulle, à l'instant présent, devant les petits carreaux de mon cahier je suis toujours prêt à laisser mon imagination partir en croisière. C'est mon péché mignon. La galopeuse s'en va danser la farandole sur les vagues, elle invente des souvenirs de vie. S'il y a une bonne brise elle flanque le chaos dans les atolls des vies privées, elle fourre son grain de sable dans la discordance des temps et quand elle manque de tomber dans le trou du diable où se fait envoyer sur les roses par la réalité elle revient à l'heure des sages, comme un vieux loup de mer fatigué, sur le quai du Port fidèle ou Violette et moi nous vivons notre Vie.

2023-08-13 Nikon 35Oui j'ai mis une majuscule à "Vie" parce que j'ai découvert là-bas que c'est une rivière, la Vie. Elle se jette dans la mer à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, SGXV, et du coup c’est même un fleuve. La Vie est un fleuve tranquille et la nôtre, Dieu merci, ne tire pas trop en longueurs !

 

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10 octobre 2023

J comme Je suis Gaïa / Adrienne

Rue de la Petite île – Sandy – Le Galéjeur – Le Brigand – rue Marius Allégret – rue Émile Zola – Bord de merToto le clown – La Coquillonne – La Farandole – La Chimère – L’Espérance – La Mamma – Grain de sable – Fleur des dunes – Le Trou du diableSouvenirs de vie – Équateur – Je marche, je roule, je reste cool Je ne suis pas toujours chiante, parfois je dorsVieux loup de merLe ChaosCafé de la plage – L’Heure des sages – La Baigneuse – Hôtel Frédéric – Chez Marion – Colette – Dune interdit – L’Instant présent – Bonne brise – La Paisible – Villa Félicité – Un ange passe – La Déferlante – Les Roses – Château Mille roses – Les Chouchous – Fruit de la passion – Hugo – Condor – Dans ma bulle – Caraco – La Maison du bonheur – Quai du port fidèle – Fée no men – La Bella vita – La Corvette – Les Jolies Françaises – Les Oiseaux voyageurs – Partir en livre – La Sirène – Je suis Gaïa – Trois sœurs – Violette et moi – Atoll – Patchouli – Péché mignon – La Belle époque – Croisière – Les Secrets de Louison – La Vie

3 octobre 2023

Consigne d'écriture 2324-04 du 3 octobre 2023 : Inventaire à la Prévert

Inventaire à la Prévert

 

Il y avait autrefois, dans la revue de Rennes-métropole, « Sortir », une rubrique nommé « Inventaire à la Prévert ». Une série de six objets y symbolisaient des sorties possibles dans la ville.

On vous remet deux exemplaires de ces conseils amicaux. Vous allez choisir dedans entre quatre et six objets et vous imaginerez un conte, une histoire, une déambulation dans lesquels ces objets auront un rôle essentiel. Ne vous contentez pas de citer six ou douze de leurs noms dans votre texte. Coupez plutôt la tête de l’ogre avec une serpe, imaginez un homme qui a une tête de chou, empoisonnez Blanche-Neige avec une chips au paprika, le pré est vert et le champ est vaste !

Inventaire à la Prévert 01 Réduit

 

 

 

 

Inventaire à la Prévert 02 réduit

Inventaire à la Prévert 03 réduit

Inventaire à la Prévert 04 réduit

Inventaire à la Prévert 05 réduit

Inventaire à la Prévert 06 réduit

Inventaire à la Prévert 07 réduit

 

Inventaire à la Prévert 08 réduit

3 octobre 2023

L'Ane et l'hirondelle / Anne-Françoise

Cet âne aimait l’automne.
Cet âne aimait prendre la plume.
Et surtout, cet âne aimait l’hirondelle.

Cette hirondelle aimait l’automne.
Cette hirondelle aimait prendre soin de ses plumes.
Et surtout, cette hirondelle n’était pas amoureuse de cet âne.

C’était évidemment un drame immense pour l’âne…

Il lui avait proposé de faire un tour en deudeuche. Elle avait refusé.

Il lui avait proposé de prendre un pot et de faire sauter le bouchon. Elle avait refusé. 

Il lui avait proposé d’aller voir un match de tennis ou de basket. Elle avait refusé. 

Il était allé voir son amie Maya qui était aussi une amie de l’hirondelle. Il espérait qu’elle vole à son secours en parlant de lui et de son amour. Ça n’avait pas marché.

De sa plus belle plume d’âne pas analphabète, il lui avait écrit de tendres poèmes, de jolies histoires, d’émouvantes déclarations d’amour. Elle l’avait soigneusement ignoré, snobé, méprisé. Il était blessé. C’était un âne anéanti.

Chaque automne, les hirondelles se réunissaient sur les fils électriques en vue de leur grand voyage vers les pays chauds. Elles arrivaient peu à peu. Lorsqu’elles étaient suffisamment nombreuses, elles figuraient comme des notes sur une portée. Le vent soufflait alors une douce mélodie qui leur donnait le signal du départ.

Cette année-là, notre hirondelle arriva sur le fil dès le 1er septobre. Les jours et les semaines passèrent… Le 96 septobre, elle était toujours toute seule. L’écureuil s’était enfermé avec ses noisettes, le hérisson s’était blotti dans un amas de feuilles, l’escargot avait trouvé une pierre et s’était recroquevillé dans sa coquille, Maya l’abeille ne quittait plus sa ruche.

Seul l’âne sortait encore dehors. Il aidait la maraîchère à transporter ses citrouilles, allait de la forêt au bûcher pour emmener du bois ou des fagots, accompagnait les enfants sur le chemin de l’école…

Et chaque jour, il voyait l’hirondelle, seule sur son fil, sans aucune mélodie à venir… Un matin, il sortit son poste de radio. Il tenta plusieurs stations mais l’hirondelle ne s’envola pas. Il était inquiet pour elle. Il savait que les grands froids allaient arriver et qu’elle n’y survivrait pas.

Un matin, il la trouva inanimée sur le sol, les ailes gelées. Il la recueillit chez lui. Il fit un grand feu pour la réchauffer. Il lui donna des miettes de pain et tout ce qu’il put trouver. Elle était bien faible mais réussit à survivre ces quelques semaines. Pendant ce temps, il prit des cours de pilotage à l’aérodrome.

Il rédigea, de sa plus belle plume, une lettre au Père Noël. Ce dernier en fut si touché qu’il lui accorda le cadeau qu’il avait demandé. C’était un avion splendide. C’est ainsi que le 25 décembre, l’âne emmena l’hirondelle à bord de son avion vers le sud. Là-bas, elle retrouva toutes ses amies et se refit une santé. Quand le printemps arriva, elle accepta de rentrer en avion avec l’âne. Ils se parlèrent beaucoup au-dessus des terres, des mers et des montagnes. Dans l’infini du ciel, l’hirondelle déposa sur la joue de l’âne un magnifique bécot. Ce beau bec fut le prélude de la plus belle histoire d’amour qu’on n’ait jamais vue entre un âne et une hirondelle.

 

3 octobre 2023

Inventaire à la Prévert / Marie-Thé

AEV 2324-04 Chat noir20 novembre 2020, 20 heures. La Dalle du quartier s’anime. Le samedi soir, c’est la fête.

Des enfants poursuivent un chat noir pour lui tirer la queue. La pauvre bête affolée prend ses quatre pattes à son cou et court comme un dératé.

Des femmes, vêtues de robes longues aux couleurs bigarrées et de foulards joliment noués sur leurs cheveux bouclés sortent de leur besace des pique-niques aux senteurs exotiques qu’elles disposent à même le sol ou sur des bancs.

AEV 2324-04 NarguiléPendant ce temps, un verre à la main où flottent quelques glaçons, leurs hommes, l’air sérieux, nostalgique, fument du narguilé en évoquant le bon vieux temps.

Des jeunes jouent au frisbee en riant comme des fous.

C’est alors qu’apparaît Joe, l’appareil photo en bandoulière, prêt à dégainer à la première occasion.

Mais pourquoi donc veut-il prendre une image de la Dalle ce soir-là ?

Recherche-t-il des scènes d’inspiration pour son nouveau roman qui aurait pour cadre un quartier de la ville ?

Prépare-t-il un documentaire pour la télévision ?

Désire-t-il être invité au pique-nique qui sent si bon le paprika ?

AEV 2324-04 Appareil photoPersonne ne l’a jamais su.

Il a sorti son appareil photo de l’étui, il a pris des clichés des hommes qui buvaient et fumaient le narguilé, des femmes assises en rond comme les causeuses de Camille Claudel, des enfants courant après le chat noir, revenu se faire tirer la queue.

AEV 2324-04 FrisbeePuis, il a reçu le frisbee dans la tête !

Un peu perturbé, il a fait demi-tour et s’est dirigé vers l’escalier du métro.

On ne l’a jamais revu sur la Dalle.

Seuls quelques privilégiés l’ont retrouvé la semaine suivante dans une salle du quartier appelée "Clarinette".

3 octobre 2023

Le Dinosaure et le chat / Anne J.

AEV 2324-04 DinosaureIl était une fois un petit dinosaure qui se mourait d'ennui sur sa planète. Il faut dire qu'il n'y avait pas grand chose pour s'amuser sur la planète Terre à cette époque là . La bien-aimée du petit dinosaure était partie gagner sa vie sur une autre planète et notre héros tournait en rond sur son domaine. Personne ne voulait passer du temps avec lui car il faisait peur : 2,50 m au garrot, un long cou flexible, des écailles puissantes et acérées sur le dos et une petite tête mais aucune dent pointue, juste des grosses molaires pour mâcher des feuilles, des branches ou des pousses de bambou car le petit dinosaure était strictement végétarien.

Un soir, lors de sa promenade vespérale destinée à chasser ses insomnies, le petit dinosaure rencontra un drôle d'animal, noir, poilu, avec des grands yeux vert-jaune et de longues moustaches blanches autour de la bouche. L'animal était perché sur un grand balai et fendait les airs à une vitesse vertigineuse. Il portait des bottes et un superbe chapeau de mousquetaire avec une plume blanche immense qui lui servait de balancier. Il atterrit avec beaucoup de grâce au pied du dinosaure dont il ne semblait pas du tout avoir peur. Le dinosaure sursauta et mit en branle le peu de cervelle dont il disposait pour poser la question fatidique :

-  Qqqqui es-es-es-es-tu, toi ? (J'ai oublié de vous préciser que notre ami était bègue )

AEV 2324-04 Chat noir- Je suis le chat noir et j habite sur la planète Lune chez une abominable vieille sorcière qui ne me nourrit que de croquettes et de boîtes de thon avarié. J'ai décidé de la quitter et de m'en aller découvrir d'autres mondes et tu vois pour voyager plus vite, je lui ai piqué son balai !

- Et tu vas où ?

- Je vais en Écosse, c'est un pays magnifique, leur spécialité, ce sont les fantômes mais on m'a aussi demandé de rendre visite à un ami à toi. Je crois qu'il vit tout au Nord dans un endroit appelé le Loch Ness.

- Et il a un problème ?

- Oui, une étrange maladie de peau. Il est couvert de plaques dorées du plus bel effet mais qui le démangent et le brûlent horriblement, je crois que ça s'appelle « être riche ».

- Riche ? Je ne vois pas. Et tu as un remède pour lui ?

- Oui ma pingre de sorcière fabrique un savon magique qui guérit de la richesse, on devient pauvre et en plus invisible ; c'est à la fois mieux et pire.

- Et comment tu sais tout ca ?

AEV 2324-04 Télescope- J'ai passé beaucoup de temps à regarder les planètes et les coins perdus de la Terre avec le télescope que m'a légué mon grand-père. C'est un objet magnifique qui permet de voir très, très loin des choses très petites.

- Petites comme quoi ? Tu crois que tu pourrais voir une petite dinosaure sur une autre planète ?

- Bien sûr !

- Et je peux partir en voyage avec toi ?

- Si tu veux ! On ira voir le monstre du Loch Ness et ensuite on ira où tu veux !

Le petit dinosaure devint rouge comme une tomate et se mit a bafouiller en roulant des gros yeux.

- Tu crois qu'on pourrait retrouver ma chérie ?

- Avec le téléscope, sûrement !

AEV 2324-04 Banane- Elle adore les bananes, tu sais où on peut en trouver ?

- Beurk ! fit le chat avec une mine dégoûtée, les bananes ? Ouais , ça pousse au Sud. On cherchera avec le télescope ou on demandera en route.

Le chat jeta un œil sur le balai de la sorcière, il était petit mais robuste et le dinosaure n'avait pas l'air si gros . Il prit alors le télescope par le mauvais bout ; le dinosaure apparaissait tout petit dans la lunette, il le prit entre ses mains et l'accrocha à la plume de son chapeau.

Juste avant d'enfourcher son balai, le chat inspecta les environs : tout était bien jusqu'au moment où une banane volante se posa juste devant lui. Elle avait envoyé balader tous les régimes pour vivre sa vie. Le chat évita de justesse la collision en pestant. Décidément il n'aimait pas les bananes.

Quand ils arrivèrent en Écosse, il pleuvait bien sûr mais Nessie était au rendez vous. Quand il fut l' heure de repartir, le petit dinosaure était si bien qu il demanda à rester encore un peu au fond du Loch, ce qui le sauva de la météorite qui anéantit tous les dinosaures.

Quant au chat on n’entendit plus jamais parler de lui mais je le soupçonne de s'être établi dans une bonne maison où les croquettes sont fraîches et les caresses délicieuses. Près de Lannion peut être ?

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