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L'Atelier d'écriture de Villejean
3 octobre 2023

L'Ane et l'hirondelle / Anne-Françoise

Cet âne aimait l’automne.
Cet âne aimait prendre la plume.
Et surtout, cet âne aimait l’hirondelle.

Cette hirondelle aimait l’automne.
Cette hirondelle aimait prendre soin de ses plumes.
Et surtout, cette hirondelle n’était pas amoureuse de cet âne.

C’était évidemment un drame immense pour l’âne…

Il lui avait proposé de faire un tour en deudeuche. Elle avait refusé.

Il lui avait proposé de prendre un pot et de faire sauter le bouchon. Elle avait refusé. 

Il lui avait proposé d’aller voir un match de tennis ou de basket. Elle avait refusé. 

Il était allé voir son amie Maya qui était aussi une amie de l’hirondelle. Il espérait qu’elle vole à son secours en parlant de lui et de son amour. Ça n’avait pas marché.

De sa plus belle plume d’âne pas analphabète, il lui avait écrit de tendres poèmes, de jolies histoires, d’émouvantes déclarations d’amour. Elle l’avait soigneusement ignoré, snobé, méprisé. Il était blessé. C’était un âne anéanti.

Chaque automne, les hirondelles se réunissaient sur les fils électriques en vue de leur grand voyage vers les pays chauds. Elles arrivaient peu à peu. Lorsqu’elles étaient suffisamment nombreuses, elles figuraient comme des notes sur une portée. Le vent soufflait alors une douce mélodie qui leur donnait le signal du départ.

Cette année-là, notre hirondelle arriva sur le fil dès le 1er septobre. Les jours et les semaines passèrent… Le 96 septobre, elle était toujours toute seule. L’écureuil s’était enfermé avec ses noisettes, le hérisson s’était blotti dans un amas de feuilles, l’escargot avait trouvé une pierre et s’était recroquevillé dans sa coquille, Maya l’abeille ne quittait plus sa ruche.

Seul l’âne sortait encore dehors. Il aidait la maraîchère à transporter ses citrouilles, allait de la forêt au bûcher pour emmener du bois ou des fagots, accompagnait les enfants sur le chemin de l’école…

Et chaque jour, il voyait l’hirondelle, seule sur son fil, sans aucune mélodie à venir… Un matin, il sortit son poste de radio. Il tenta plusieurs stations mais l’hirondelle ne s’envola pas. Il était inquiet pour elle. Il savait que les grands froids allaient arriver et qu’elle n’y survivrait pas.

Un matin, il la trouva inanimée sur le sol, les ailes gelées. Il la recueillit chez lui. Il fit un grand feu pour la réchauffer. Il lui donna des miettes de pain et tout ce qu’il put trouver. Elle était bien faible mais réussit à survivre ces quelques semaines. Pendant ce temps, il prit des cours de pilotage à l’aérodrome.

Il rédigea, de sa plus belle plume, une lettre au Père Noël. Ce dernier en fut si touché qu’il lui accorda le cadeau qu’il avait demandé. C’était un avion splendide. C’est ainsi que le 25 décembre, l’âne emmena l’hirondelle à bord de son avion vers le sud. Là-bas, elle retrouva toutes ses amies et se refit une santé. Quand le printemps arriva, elle accepta de rentrer en avion avec l’âne. Ils se parlèrent beaucoup au-dessus des terres, des mers et des montagnes. Dans l’infini du ciel, l’hirondelle déposa sur la joue de l’âne un magnifique bécot. Ce beau bec fut le prélude de la plus belle histoire d’amour qu’on n’ait jamais vue entre un âne et une hirondelle.

 

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