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L'Atelier d'écriture de Villejean

23 mars 2021

L’agent de l’amour / Liliane B.

Quel est l’agent de l’amour ? De l’amourette même ? Un ange peut-être ? Un seul ? Non. Il est possible que les anges voyagent incognito dans des autocars, qu’ils aillent au bal ou envahissent les bars.

Vous trouvez ça bizarre ? Vous auriez préféré qu’ils se trouvent dans les bois, là où fleurit la bruyère ? Vous ne les imaginez pas s’invitant à un buffet mondain ou sur les terrasses des buildings ? Vous êtes de pauvres petits canards qui pleurent de chagrin à l’écoute d’une chanson réaliste et chouette ! Eh bien non, les anges sont dans la cité, chers clients de la presse du cœur qui, vous le savez, n’est qu’un commerce pour vous vendre une couchette sans distinction de douceur ni d’émotion.

Une fille flirte sur le gazon tout en donnant du grain aux grenouilles et du gruyère au hasard à quelques hommes qui passent. Elle vient dans ce jardin chaque jour, il est le lieu où l’on voit le mieux la clarté de la lune, le soir venu.

Dans le silence on peut entendre un air de luth. C’est le maire de la ville qui a de bien curieuses manières. Ce Monsieur joue des morceaux la nuit pour les oiseaux à qui il donne du pain sur son passage. C’est un poète qui cueille des primevères quand il est en promenade le samedi juste devant le logement du sous-préfet où il y a des statues visitées par les touristes. Il valse au milieu de cette verdure, dans sa ville. Il n’en croit pas ses yeux.

Quel est l’agent de l’amour ? Saurons-nous jamais ?

AEV 2021-23 Liliane - Rousseau-La-Charmeuse-de-Serpent

 

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23 mars 2021

Jogging / Eliane

AEV 2021-23 Eliane - sportifsu

En cette fin d'après-midi de samedi,
Dans le grand jardin public
Plusieurs hommes, tout comme lui
Faisaient leur jogging.

Beaucoup d'entre eux avaient des écouteurs
Et couraient au rythme de leurs chansons favorites.

Lui, Paul, préférait laisser libre cours à son imagination
Ecouter les grenouilles faire leur cour,
Observer les canards évoluer sur les plans d'eau.

Autour du jardin, les buildings les observaient avec bienveillance.
Sous le kiosque un musicien jouait du luth.
Sur les gazons des adolescents flirtaient
Ecrasant au passage quelques primevères.
Simple amourettes d'un jour
Ou prémices d'un amour plus durable ?
Paul courait, savourant ce havre de verdure
Cette oasis dans la grande ville.

AEV 2021-23 Eliane - cérémonieLe matin même des autocars
Avaient déversé leurs flots de touristes.

C'est vrai que le maire, aidé du préfet,
Avait fait les choses en grand.

La ville offrait de nombreuses curiosités
Et quelques événements étaient prévus
Notamment un grand buffet le long des quais.



AEV 2021-23 Eliane - femme dans un parc-rousseauPaul s'arrêta un moment pour souffler.
Il observa la manière de se comporter des touristes.

Un ange blond attira son attention.
Cette jeune fille évoluait avec distinction,
Appareil photo en bandoulière.

Elle mitraillait les statues sous tous les angles.
Cette belle inconnue éveilla en lui une émotion inédite.
Il se sentait l'âme d'un poète
Pour elle il ébauchait déjà une chanson.

Il allait la suivre tout le jour
Guettant l'occasion de l'accoster
Peut-être l'inviter à danser une valse
Au son de l'accordéon
Ou bien lui offrir un verre de ce délicieux vin de pays.

23 mars 2021

Sur le port / Anne J.

Je l’ai vu arriver à petits pas précautionneux et s’asseoir sur le banc au bout du port, un petit grand-père qui avait encore une allure d’amiral, une veste caban bleu-marine, un pantalon de gros velours trop large et un bonnet de laine rond vissé sur son front (je suis sûre qu’il ne n’enlevait que pour dormir) Il a regardé la mer en plissant les yeux, a tourné la tête à droite et à gauche et a allumé un vieux mégot jaune tout mâchouillé au coin de ses lèvres

A quoi pouvait-il bien penser ? Immobile, les yeux dans le vague, des yeux bleus délavés par le soleil. A ses anciennes aventures, à de mémorables tempêtes ? A ces combats contre la mer, dans les nuits où les vents se déchainent ? Au jour où il avait failli perdre la vie en évitant de justesse un cargo qui ne l’avait pas vu ?

Mais peut être préférait il penser aux départs des petits matins, quand la terre et le ciel émergent des lueurs de rose ? Ou aux reflets argentés des bancs de poissons ?

AEV 2021-23 Anne J

A moins qu’il ne songe à son bateau, celui qui portait le nom de ma grand-mère, cette brune aux yeux sombres qui l’attendait le soir au bout de la jetée ?

Il avait perdu le son de sa voix mais il voyait encore son sourire et ce soir, comme tous les soirs, il passerait par le cimetière.

Un autre vieil homme s’approchait, courbé sur sa canne et s’assit.

- Salut Jean !

- Salut Louis !

Point de mots pour ne rien dire, pas de bavardage, les deux hommes regardent au loin, en silence, immobiles comme dans un tableau

Et moi je m’éloigne sur la pointe des pieds.

23 mars 2021

Touchant tableau / Jean-Paul

1

Derrière ses lunettes à gros carreaux
Avec son allure d’intello
Grand père était un sacré rigolo

Il nous racontait ses aventures
Du temps où il avait vingt ans :
« Corsaire sur la Côte d’Azur »
« Tempêtes en mer » avé l’accent !

Qu’ils étaient beau ses abordages
Et ses attaques de cargos !
Comme il avait avec courage
Conquis les îles Galapagos !

Quel prix pour nous ses pt’its enfants
Pouvaient avoir ces bavardages !
Les yeux grand ouverts, tout tremblants
Nous l’exhortions au grand courage :

- Grand père ! Grand père !
Tu t’es trompé dans ton vestiaire
Les pirates n’ont pas comme chapeau
Cette espèce de sombrero !

Grand-père ! Grand-père !
Tu vas t’’casser la gueule par terre :
Tu n’es pas monté sur un ch’val
Mais sur un tigre du Bengale !

Douanier rousseau 1Si tu pars chasser
Les gros zanimals
Ou le loup de Sibérie

Fais gaffe ! Ton fusil
N’pourra pas tirer :
C’est rien qu’un ukulélé !

Grand-père Grand père
Un vieux mégot a mis le feu
Aux mèches de ton imaginaire
Tes phrases ont des bottes de sept lieues !


2

La chose est connue des poètes
L’avenir de l’homme c’est la dame
Elle assure le gîte et la litière

Grand-mère préparait le potage
Pour que l’amiral de bateau-lavoir
Pût toujours à son avantage
A grand’ voix tenir le crachoir

Elle achetait le pain pour la faim
Tenaît la boîte sans faire grand bruit
Raccommodait les trous des vestes
Et veillait aussi sur nos nuits

Tandis qu’il combattait sur le pré
Gardes du cardinal et sbires
Elle astiquait son huit-reflets
Et toujours gardait le sourire

Grand-père, grand mère
Le jockey tombe sur la pelouse
Parfois on gagne parfois on perd
Et votre absence nous désespère

Grand-père, grand-mère
Lorsque le pur-sang a trop mal
C’est un tableau par trop amer
Il faut abattre l’animal 

AEV 2021-23 JK - Boules de neige

Ainsi va la vie
Ainsi va la mort
Un ticket tour de manège

Collection de timbres
Souvenirs d’enfance
De batailles de boules de neige

Grand-père grand-mère
Vos photos posées sur la table
Reflet d’un bonheur éphémère
Reflets de vos vies respectables

23 mars 2021

V comme valse / Adrienne

 L’agent 212 était frappé du mal d’amour. Non pas d’une simple amourette : c’est un ange qu’il avait vu descendre de l’autocar, un ange qu’il aurait bien emmené au bal s’il était prince, ou au bar manger des frites chez Eugène.

C’était un sentiment neuf et bizarre qui lui donnait des idées de balades dans les bois à cueillir la bruyère. Des envies de maison en briques roses, avec un vieux buffet patiné et du canard aux navets qui mijote au coin du feu.

Pas un de ces buildings chagrins des chansons de Renaud, comme celui où il vivait… chouette chanson, triste cité.

AEV 2021-23 Adrienne - Agent 212

Jamais l’agent 212 n’avait été client dans ce genre de commerce et c’est le cœur battant d’émotion qu’il y pénétra.

La fille derrière le comptoir était de celles à qui on propose un flirt dans un train couchette entre Nice et Paris ou des galipettes sur la douceur du gazon.

L’agent 212, qui ne savait pas faire la distinction entre une fleur de serre et celle des champs, se sentait comme une grenouille sur du gruyère au moment de dire ce qu’il était venu acheter.

Des roses rouges, fit-il au hasard, et la jeune fille leva les yeux au ciel – Ah ! Les hommes ! Quel manque d’imagination !

AEV 2021-23 Adrienne - Agent 212 B

Je crois que l’agent 212 a un grain, avait dit Laverdure. En tout cas, il n’est pas dans ses manières habituelles !

En effet, le même jour et au même lieu du passage de l’autocar que la dernière fois, au coin du Jardin Botanique, parmi les touristes en promenade dans la ville et les mémés jetant des morceaux de pain aux oiseaux, chaque samedi donc on pouvait voir l’agent 212 habillé en costume trois pièces comme monsieur le sous-préfet à une distribution de prix, entre la statue d’un poète avec son luth et le buste du maire précédent.

Et sous les yeux ébahis de Laverdure, au moment où la nuit tombait et une belle pleine lune éclairait la scène, il esquissa une valse parmi les primevères.

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23 mars 2021

Ekphrasis 3 / Laura

C'est un amour de paysage
Bien loin des amourettes
Comme si un ange y veillait

Un bal de flamants se jouait
Une chorégraphie bizarre
Qui en fait l'art

On ne peut rester de bois
Devant un tel buffet de beautés

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On en oublierait son chagrin
En pensant à un refrain de chanson
Chouette cité par des clients des bars
De bon coeur lorsque vient le printemps

L'eau est miroir
Le ciel est couchette pour nos rêves
Toute en distinction
Les flamants éveillent l'imagination

Peindre sans connaître
Comme le Douanier
Rousseau : douceur et émotion
D'un paysage exotique de fiction

16 mars 2021

Consigne d'écriture 2021-22 du 16 mars 2021 : Edmund Dulac et Charles Trénet

Edmund Dulac et Charles Trénet

 

Ces deux créateurs n’ont pas grand-chose en commun. On vous demande pourtant de vous inspirer d’une ou deux images du premier et d’écrire un texte dans lequel figureront cinq titres de chansons du second. 

 N.B. Si les titres sélectionnés ne vous conviennent pas, vous pouvez  aller en chercher d’autres ici : http://www.charles-trenet.net/chansons/index1.html -

 Vous pouvez cliquer sur chaque image pour l'agrandir

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A ciel ouvert - Adieu mes beaux rivages-  A la brocante - Ame des poètes (l') - A mi-chemin - Ami des lendemains (l') - Amis comme avant - Anges sont partis (les) - Au bal de la nuit - Au clair de la lune - Au fil du temps perdu - Autour du monde - Avec toi on vivrait - Barcelone - Bateau d'amour - Blottis dans un coin  - Blues du corsaire (le) - Bonheur ne passe qu'une fois (le) - Bonne planète (la) - Bouquet de joie - Bout du monde (le) - Cauchemar (le) - C'est le Rhône qui ronronne - Ce soir je viens chez toi - Chacun son rêve - Chante le vent - Chantez mon coeur - Chemins oubliés (les) - Chinois (le) -Cinq ans de marine - Coeur absent - Coeur de Paris (le) - Coin de rue - Colin-Maillard - Conte à rebours - De la fenêtre d'en haut - Demain c'est la fin du monde - Dernier troubadour (le) -Des mots démodés - Deux mots à l'oreille - Devant la mer - Diable au village (le) - Dimanche prochain - Dîner avec un ami.

16 mars 2021

T comme Trénet / Adrienne

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C’est épouvantable !
Cette passion qu’il a pour les vieux trucs !
Le temps qu’il passe à la brocante !
Où qu’il soit autour du monde !
Le cauchemar de vivre avec un tel homme !

Je n’ose imaginer ce qu’il va encore me rapporter de Barcelone dimanche prochain…

Un quinzième édredon ?

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Et le voilà, l’air satisfait, sur son bateau à ciel ouvert, à mi-chemin de chez lui, se balançant au clair de la lune, l’enfant et lui blottis au fond de la barque pleine de trésors…

Il rêve au moment où il les déballera devant les yeux émerveillés de sa femme…

Qui est celui qui a dit que le bonheur ne passe qu’une fois ?

16 mars 2021

Le Dernier troubadour / Jean-Paul

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Bien sûr je suis l’ami des lendemains qui chantent !

Mais il faut bien aussi, au fil du temps perdu,
A la brocante des aujourd’huis qui déconnent,
Mener son bateau d’amour,
Composer son bouquet de joie,
Admirer son coin de rue
Même si c’est… blottis dans un coin !

- Ce soir je viens chez toi !, nous a dit le Chinois
Et depuis, tout autour du monde,
C’est le cauchemar qui nous confine et nous ramène
Les chemins oubliés d’une occupation moche :
- Le masque sur le nez, l’Ausweis dans la poche !
A mi-chemin d’Apocalypse et d’Infortune,
Nous avons le diable au village !».

De la fenêtre d’en haut,
Du pays de ces gens dans le cœur de Paris qui ont le cœur absent,
Tombent les mots girouette du roi Colin Maillard :
- Demain, c’est la fin du monde
Si vous ne vous vaccinez pas !
Il se peut même que chante le vent :
« Adieu mes beaux rivages,
Les anges sont partis,
Nous ne sommes pas nés sur la bonne planète ! ».

Il se peut.

90478df93fcdc57cc77efe9679dde89fMais nous pourrions aussi braver les interdits,
Avoir l’âme des poètes,
L’esprit indépendant de ceux de Barcelone,
Nous donner rendez-vous un dimanche prochain
Pour chanter au clair de la lune
Le blues du corsaire insolent,
Le tango de l’amour à ciel ouvert
Ou la joie de dîner avec un ami !

A chacun son rêve !

Nous pouvons aussi nous émerveiller
Comme le dernier troubadour
De ce que le bonheur ne passe qu’une fois
Et que rien n’est si bon qu’être devant la mer
Amants comme autrefois ou amis comme avant.

Et je ne lis pas le conte à rebours !
Au bal de la nuit n’est-ce pas
La pantoufle de vair perdue
Qui fait chanter les lendemains ?

16 mars 2021

Chagrin / Eliane

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La Reine prostrée devant les lettres de son amant, éparses à ses pieds, pleure son amour enfui.

Elle remonte dans ses souvenirs au fil du temps perdu.

Elle avait aimé avec le cœur ardent. Elle avait écrit et elle avait lu des mots démodés qui lui avaient chaviré le cœur.

 

 

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Elle parcourait à nouveau les chemins oubliés. Se revoyait courant au bout du monde, fuyant en catimini dans ce coin de rue sombre, retrouver les bras qu'elle aimait au clair de la lune.

Elle voulait juste dîner avec un ami.

Ils avaient filé à Venise, blottis dans un coin dans ce bateau d'amour, au son des barcaroles.

Il lui disait des mots à l'oreille :

- Chantez mon cœur. Nous irons jusque devant la mer dans un voyage sans fin, pendant que chante le vent dans l'âme des poètes.

 

f689a030863a212e61287cd92e3b1827Elle évoluait alors comme dans un rêve qui faisait naître en elle un bouquet de joie.

Mais le diable était au village et ce n'était qu'un cauchemar.

Chacun son rêve. Le sien était certainement trop beau. Le bonheur ne passe qu'une fois et maintenant elle a le cœur absent.

Adieu les beaux rivages. Et la voilà en quête du dernier troubadour qui pourrait être l'ami des lendemains.

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