Chagrin / Eliane
La Reine prostrée devant les lettres de son amant, éparses à ses pieds, pleure son amour enfui.
Elle remonte dans ses souvenirs au fil du temps perdu.
Elle avait aimé avec le cœur ardent. Elle avait écrit et elle avait lu des mots démodés qui lui avaient chaviré le cœur.
Elle parcourait à nouveau les chemins oubliés. Se revoyait courant au bout du monde, fuyant en catimini dans ce coin de rue sombre, retrouver les bras qu'elle aimait au clair de la lune.
Elle voulait juste dîner avec un ami.
Ils avaient filé à Venise, blottis dans un coin dans ce bateau d'amour, au son des barcaroles.
Il lui disait des mots à l'oreille :
- Chantez mon cœur. Nous irons jusque devant la mer dans un voyage sans fin, pendant que chante le vent dans l'âme des poètes.
Elle évoluait alors comme dans un rêve qui faisait naître en elle un bouquet de joie.
Mais le diable était au village et ce n'était qu'un cauchemar.
Chacun son rêve. Le sien était certainement trop beau. Le bonheur ne passe qu'une fois et maintenant elle a le cœur absent.
Adieu les beaux rivages. Et la voilà en quête du dernier troubadour qui pourrait être l'ami des lendemains.