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L'Atelier d'écriture de Villejean
19 octobre 2021

Un P’tit coin d’paradis / Marie-Thé

En ce matin d’automne,
bien au chaud sous la couette,
je regarde par la fenêtre
la grisaille du ciel breton
et je rêve.

Je repense à ce dernier été à la montagne.

Après une longue randonnée
dans la vallée du Paradis, au cœur des Pyrénées,
j’ai planté ma tente près d’un lac,
à l’orée d’une clairière,
un trou de verdure aurait dit Arthur Rimbaud.

2122-07 Marie-Thé - lac

A l’aube,
réveillée par le chant d’un oiseau espagnol,
j’ai entrouvert ma tente,
posé mes pieds nus sur la mousse
douce, fraîche
et suis entrée dans l’eau claire
glaciale, régénérante.

2122-07 Marie-Thé - moineau espagnol

Au milieu du lac, émerveillée,
j’ai admiré les arbres, la végétation
colorée, dense.

Au-dessus de la montagne
majestueuse, grandiose,
pointait le soleil au travers d’une légère brume.

Au sortir de l’eau le soleil m’a réchauffée.
Ma tente pliée, mon sac à dos bouclé,
détendue, joyeuse,
j’ai repris le chemin de randonnée.

En ce matin d’automne,
bien au chaud sous la couette,
je rêve,
je rêve de revoir ce trou de verdure
qui porte si bien le nom de « Paradis ».

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7 septembre 2021

Le Sel de la vie / Marie-Thé

Capture

Partage

Lorsqu’il pose la main sur mon épaule,
ne serait-ce qu’un instant,
le temps s’arrête ;
coule alors en moi un désir d’éternité.

Douche

De bon matin,
l’eau froide ruisselle le long de mon corps nu,
le savon embaume,
glisse, caresse ma peau qui frissonne ;
mon esprit s’éveille, mon sang bouillonne,
le jour se lève.
Surgit en moi de l’appétence pour cette journée qui démarre.

Lecture

Sur l’Ile de Cuba je tremble pour Horacio emprisonné sans raison.
En Caroline du Nord, je suis bien avec Kia la fille des marais et Tate, le garçon qui l’a sauvée de sa condition.
Quelque part en Angleterre, j’ai de la compassion pour Eleanor qui cherche à découvrir le secret de sa mère emprisonnée.
Au Japon, je comprends la fille de la supérette, heureuse, dont la seule ambition est de présenter ses marchandises harmonieusement.
Voyager, trembler, pleurer, rire, rêver.
Découvrir d’autres vies que la mienne, parler, partager.
Pendant la lecture arrivent en moi des émotions qui me submergent, enflamment mon imaginaire.

hulot

Avant les vacances

Le bonheur se profile à l’horizon ;
du temps pour soi, de la beauté à découvrir, des bains, des randonnées,
du farniente, des barbecues, de la vie au grand air,
des images du bien-être parfait me galvanisent.

Pendant les vacances

Passer les embouteillages,
trouver le bon endroit, s’installer, s’énerver (un peu)
puis enfiler son maillot,
fendre les vagues, se laisser balloter par les remous
et enfin s’étendre au soleil sur la plage.
Elle est pas belle la vie ?

Après les vacances

Profiter encore et encore de quelques beaux week-ends pour s’évader,
voir et revoir les photos des corps bronzés sur la plage,
d’un petit village perché très haut dans la montagne,
d’un pique-nique dans un cadre idyllique, près d’un lac,
là où le sandwich était aussi délicieux que dans un restau 3 étoiles.

Françoise Héritier, dans son roman, évoque le sel qui donne du goût à la vie ;
j’ajoute le poivre pour le piquant et l’excitation que celui-ci provoque.

4 mai 2021

Giboulées / Marie-Thé

John Salminen8

Il pleuvait fort sur la grande ville.
Elle cheminait seule sous son parapluie,
Aveuglée par les reflets des phares sur la chaussée ruisselante,
Indifférente aux vitrines éclatantes de lumière,
Insensible à la beauté de cet instant flamboyant
Dans cette soirée d’hiver pluvieuse et glaciale.

Les baskets trempées, elle a froid,
Le bas de son pantalon dégouline,
Impossible de courir sur la chaussée encombrée.
Elle est trop en retard, trop loin de son rendez-vous,
Il ne l’attendra plus.
Elle cheminera seule sous son parapluie.

20 avril 2021

Le Pissenlit / Marie-Thé

image003 (19)

Puisque l’aérienne sphère blanche s’est détachée
Un petit souffle de vent en douceur l’a l’embarquée.
Avec son parachute de soie, dans un champ elle s’est posée
Puisque le vent a cessé de souffler

Puisque la pluie est tombée et que la terre l’a absorbée
Dans le pré l’aérienne sphère s’est enracinée
Des feuilles dentées délicieuses à déguster ont poussé
Puisque le printemps est arrivé

Puisque le soleil s’est mis à briller
Des fleurs jaune d’or se sont développées
Qu’il faut bien vite admirer
Puisqu’elles vont se métamorphoser

Puisque les fleurs vont se transformer
Il convient rapidement de les cuisiner
Avec du sucre préparer une gelée
Puisque c’est bon pour la santé

Puisque des fleurs sur le pré sont restées
De nouvelles sphères blanches ont ressurgi
Qui dans le vent se sont envolées
Puisque des enfants d’un souffle les ont propulsées

6 avril 2021

Antoine, le berger / Marie-Thé

AEV 2021-25 Marie-Thé - arbre20 novembre. Il y a un arc-en-ciel par-dessus les arbres. Poursuivant ma route, soudain, à travers des gouttes de pluie, j’aperçois Antoine.

Vêtu d’un ciré jaune, chaussé de bottes en caoutchouc, un seau à la main, il s’en va dans la montagne chercher des escargots.

Je l’accompagne un moment puis rentre chez moi. L’arc-en-ciel a disparu. Le soleil perce au travers des nuages épars dans le ciel bleu.

Près d’un vieux chêne au tronc craquelé, aux branches rebelles tournées vers la lumière, je m’arrête pour écouter le merle chanteur siffler sa mélodie. Au-dessus de moi, un épervier plane dans la lumière diaphane de cette matinée d’automne.

Arrivée chez moi, je prépare la table pour le repas, sachant qu’Antoine passera devant mon logis et qu’il apprécie les moments où nous sommes ensemble. En l’attendant, assise dans un fauteuil-relax, je somnole. Soudain j’entends sa voix :

« Heureux celui dont les pensées,
comme des alouettes vers les cieux le matin
prennent un libre essor… »

- Ouah, voilà mon troubadour !»

Il rougit un peu et me montre sa récolte. La vue des escargots qui grimpent le long du seau n’est pas très poétique.

AEV 2021-25 Marie-Thé - troupeauAntoine, épris de liberté, à l’instar de Baudelaire dont il aime déclamer les poésies, possède une petite masure près du bourg. Au printemps il prépare la transhumance puis emmène les troupeaux de chèvres et de moutons dans la montagne. Il vit seul tout l’été en compagnie de ses chiens, loge dans une bergerie au confort plus que rustique.

Je ne manque jamais le dimanche de monter vers son refuge. Nous pique-niquons alors dans un endroit paradisiaque, un fond de vallée enchâssé dans la montagne, près d’un lac où quelques linaigrettes exhibent leurs touffes blanches. Là, il me parle des loups qu’il entend la nuit, des poèmes et des livres qu’il lit pendant ses longues soirées solitaires, me raconte les visites des touristes qui passent et lui tiennent compagnie un moment.

Le soir, je redescends dans la vallée, heureuse de cette journée partagée avec Antoine, qui semble content de retrouver sa solitude.

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23 mars 2021

Rencontre / Marie-Thé

Dans le jardin du Luxembourg un samedi matin
sous le soleil éclatant du premier jour de printemps
un écureuil couleur châtaigne galope d’arbre en arbre
sans se soucier des touristes qui cherchent à l’apercevoir.

AEV 2021-23 Marie-Thé - Rousseau Luxemboug

Au détour d’une allée,
devant la statue de Marie de Médicis
ou d’une autre Reine de France,
je ne me souviens plus très bien,
dans ce lieu paradisiaque où des femmes illustres ont été sculptées par différents artistes,
un monsieur plein de distinction, un poète peut-être,
parlait du pépiement des oiseaux, des rouges-gorges, des mésanges,
de la grive musicienne dont le chant est annonciateur de la pluie,
de la chouette qui circule et ulule pendant la nuit,
du rossignol dont la mélodie arrachait des larmes à l’empereur de Chine dans un conte d’Andersen.

Il évoquait aussi les odeurs merveilleuses qui s’élèvent de la verdure et des fleurs.

J’étais très jeune alors mais je n’ai rien oublié de ma rencontre avec cet homme
qui transmettait à qui voulait l’entendre son savoir et son amour de la nature.

Aujourd’hui encore, à chaque printemps, je vais faire un tour dans le jardin du Luxembourg.

Je regarde, j’écoute et je ressens à nouveau l’émotion qui m’avait submergée plusieurs dizaines d’années auparavant.

16 mars 2021

Miranda, ma grand’mère / Marie-Thé

Au bal de la nuit, il lui a chuchoté deux mots à l’oreille : « A dimanche prochain ».

Mranda pour Marie-Thé (Edmund Dulac)

Fébrile, le cœur battant la chamade, dans la lumière du crépuscule, assise sur un muret devant la mer, Miranda, ma grand’mère, attend celui qui occupe toutes ses pensées.

De ce moment d’attente, il ne reste qu’un tableau, peint par son amant, Edmund Dulac.

J’ai toujours vu cette peinture dans la chambre de mes parents. Lorsque ceux-ci sont partis pour leur grand voyage, c’est le seul objet qui a échappé à la brocante.

L’artiste possédait une maison au Val-André, près de celle de ma grand’mère. Il venait régulièrement pour peindre et se reposer dans ce petit port de Bretagne.

Lorsqu’il a proposé à Miranda de faire son portrait, celle-ci ne pensait pas qu’en acceptant de poser pour lui, sa vie serait bouleversée. Avec son accent toulousain, sa langue bien pendue, il n’en fallait pas plus pour séduire ma grand’mère rêveuse et romantique. Elle est tombée sous le charme de cet homme à l’air un peu mystérieux.

Miranda était insouciante et lorsqu’elle a attendu ma mère, il ne l’a pas abandonnée complètement. Il était déjà marié à Toulouse mais chaque année il revenait seul dans sa maison du bord de mer pour peindre et revoir Miranda. A son arrivée, elle oubliait la monotonie de sa vie et ne pensait qu’au bonheur de leurs retrouvailles.

Toute sa vie, elle est restée fidèle à Edmund, mon grand-père qui ne lui a jamais promis autre chose que sa présence de temps en temps.

« Le bonheur ne passe qu’une fois » chantait Charles Trenet. Ma grand’mère n’a jamais eu d’autre homme dans sa vie que son bel amant toulousain.

 

9 mars 2021

Du pain et des jeux / Marie-Thé

AEV 2021-21 Marie-Thé - chevaliersDu pain et des jeux, voilà les ingrédients nécessaires pour satisfaire le peuple ! pensaient les empereurs romains.

Lorsque la consigne d’écriture sur les jeux de notre ami Joe Krapov est arrivée mardi dernier, j’ai repensé à ce dicton romain que mon père, féru d’histoire, se plaisait à évoquer pendant nos vacances à Paimpont. En effet, durant ce temps privilégié, manger et jouer suffisait à notre bonheur d’enfant.

Mes parents possédaient une longère à l’orée de la forêt de Brocéliande dans laquelle nous séjournions tout l’été.

Ils aimaient tant l’histoire du Roi Arthur et des chevaliers de la table ronde qu’ils avaient choisi pour nous des prénoms en rapport avec des personnages de la légende :

Lancelot c’était mon frère aîné ;

Morgane c’était moi (par chance, j’avais échappé au prénom de Guenièvre) ;

Hector était le nom attribué à mon jeune frère.

Notre maison regorgeait de livres et de revues sur l’histoire des chevaliers de la table ronde. Nous aurions pu réciter par cœur certains passages.

Je me souviens des jours où, avec nos parents, nous partions en expédition à la recherche de l’épée Excalibur que nous imaginions tout en or.

Des tranches fines de pain, du chocolat, des noix dans la musette, une fiole de menthe Ricqlès dans la poche de ma mère, nous marchions jusqu’au lac où la fée Viviane était apparue au roi Arthur.

Nous avions découvert un rocher avec un trou dans lequel nous imaginions Excalibur. Nous en faisions religieusement le tour avant de nous asseoir en rond, comme les chevaliers, pour pique-niquer.

AEV 2021-21 Marie-Thé - Excalibur

L’après-midi nous jouions à chat perché, à colin-maillard ou bien nous nous battions avec des bois taillés en forme d’épées, comme de vrais chevaliers. Le combat se terminait souvent en pugilat et, dépenaillés, nous rentrions à la maison. Les parents rétablissaient l’ordre en nous enfermant chacun dans une pièce.

La journée avait commencé avec des jeux, elle se terminait avec une tranche de pain sec en guise de punition.

23 février 2021

A.D. / Marie-Thé

Qui suis-je ?

On dit de moi que je suis un Artiste Débonnaire, un Acteur Dramatique au charme archaïque, un vieux beau, comme disait ma grand-mère.

J’avoue que j’ai encore un certain succès auprès d’un nombre incalculable de femmes qui m’écrivent que je suis dans le secret de leur cœur leur Amoureux Discret. Elles se sentent envoûtées par ma voix profonde et par mon sourire enjôleur. Sans que j’en ressente un orgueil démesuré, à mon âge, j’accepte toute flatterie dite avec sincérité.

Très tôt je suscite les rires en faisant le pitre sur la scène de l’école. Je deviendrai acteur, j’ai trouvé ma voie.

Tout au long de ma carrière, j’ai joué les diplomates à l’Air Doctoral, les Amoureux transis, Discrets, rougissants, dans les théâtres. C’est au cinéma, je le dis sans vanité, que j’ai eu des rôles prestigieux qui ont fait ma renommée.

Des Molières pour mes prestations théâtrales, des Césars pour de bonnes interprétations au cinéma, j’en ai eu beaucoup. Je ne les compte plus.

Aujourd’hui, je joue de moins en moins la comédie. De temps en temps, un réalisateur m’appelle pour interpréter un rôle de vieil homme sympathique. De jeunes premiers talentueux occupent la place qui leur revient.

Si je reste dans la mémoire de personnes de mon âge, la génération actuelle ne me connaît pas. Et pourtant certains films dont je suis la vedette passent à la télé, par exemple ce soir, un de mes préférés «Un Cœur en hiver». C’est alors que je repense avec bonheur à ce temps si vite passé où j’étais adulé des femmes de ma vie et de mon public.

Je suis un Acteur Démodé. Je suis André Dussollier.

AEV 2021-20 Marie-Thé - André Dussollier

16 février 2021

Dans la forêt / Marie-Thé

AEV 2021-19 Marie-Thé 1

La famille de mon père possède une bâtisse près de la forêt de Vendôme. C’est là que nous passons toutes nos vacances. Même celles de Pâques et de la Pentecôte.

Durant ces séjours mes parents bêchent le jardin, coupent des bûches qu’ils rangent sur le côté de la maison. D’autres jours, ils flânent tous les deux et vont jusqu’à un étang, au cœur de la forêt, où mon père pêche pendant que ma mère bouquine ou se repose. A la fin du mois d’août elle cueille des mûres pour faire des confitures.

Nous les enfants, vêtus de vieux survêtements, menons une vie de bohême. Un casse-croûte dans la musette, un bâton à la main, mon frère Pacôme, mes cousins Côme, Benoît et moi, partons explorer la forêt. Dans des affûts nous tentons d’apercevoir des animaux sauvages. Sous les chênes, nous trouvons souvent des têtes-de-nègre que notre mère cuisine pour le dîner.

AEV 2021-19 Marie-Thé 2Un jour nous avons vu un cerf mais on a fait du bruit et il est parti. Nous courûmes si loin et si longtemps pour essayer de l’apercevoir à nouveau que nous nous perdîmes.

- Pas de panique ! dit Pacôme. Bien sûr, je ne suis pas le petit Poucet et je n’ai pas semé des cailloux blancs, mais je connais la forêt ; continuons ce chemin.

Pour chasser nos peurs nous marchâmes crânement comme des boys-scouts en chantant à tue-tête. Les heures s’écoulaient. On ne savait plus où nous étions.

AEV 2021-19 Marie-Thé 3Nous sommes arrivés jusqu’à un cloître en ruine qui semblait dater du moyen-âge. Les murs à moitié écroulés recouverts de mousse verte faisaient penser à un château hanté. J’imaginais déjà un fantôme sortant des décombres et je me mis à pleurer. Les garçons n’étaient pas fiers non plus quand nous décidâmes de partir dans une autre direction.

Il faisait presque nuit lorsque, en traversant une hêtraie, nous entendîmes des cris. Un chien se mit à aboyer et nous reconnûmes nos parents venus à notre recherche avec des lampes électriques.

Notre mère nous a fait plein de câlins mais notre père était en colère. Pas question le soir d’avoir la suite de l’histoire de la marâtre acariâtre !

Nous avons été privés de dîner et nous sommes montés nous coucher dans la mansarde sans chahuter, tout penauds.

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