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L'Atelier d'écriture de Villejean
8 décembre 2020

Chats de ville, chat de gouttière

ronaldsearle_cats15

A l’orée du village, deux chats perchés
sur le muret d’une maison adossée à la colline,
regardent la ville déserte à cette heure matinale
où le soleil rouge annonce une belle journée,
se cache derrière les nuages, avant d’apparaître
au-dessus des maisons endormies.

Le premier, Arnold, vieux matou gris souris,
longue queue dressée comme un cobra prêt à saisir sa proie,
les yeux mi-clos, guette les mouvements, les frémissements,
décidé à bondir sur le mulot ou l’oiseau qui oserait s’aventurer,
prochaine victime de sa cruauté.

L’autre, Lorena, jolie chatte au poil touffu angora blanc
les yeux bleus énamourés, contemple la nature qui s’éveille.
Longue queue soyeuse dressée elle aussi,
prête à titiller celle de son voisin.

ronaldsearle_cats13

Le chat Randall vient à passer,
un matou de gouttière grisâtre,
revenant d’une nuit agitée, le nez sanguinolent,
les yeux écarquillés, les restes d’un poisson accrochés à ses griffes.
Il scrute les deux autres avec dédain
« trop gros, trop gras, ennuyeux »
et passe son chemin.

Lorena, la jolie chatte angora, excitée par ce spectacle,
envie ce chat bagarreur libre, indépendant, vivant.
Comme Randall, elle est née sauvage.
Elle s’élance et se jette contre lui en ronronnant
Là où j’ai peur, j’irai… avec toi.

ronaldsearle_cats9

Arnold, le vieux matou gris souris ne bronche pas,
Lorena lui reviendra, ce n’est qu’une escapade,
Elle est trop attachée aux choses tendres que la vie aisée lui apporte.

A l’orée du village, un chat perché sur le muret,
regarde avec pitié les deux chats qui s’enfuient.

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17 novembre 2020

Mary Vaudage. - Le Chant du coq. Chapitre 2 / Marie-Thé

AEV 2021-08 marie-Thé chant du coq-

Résumé du chapitre 1 :

Les habitants de Tourneboule se lèvent habituellement après le chant du coq de la ferme des Neiges éternelles. Ce dimanche-là, Casanova n’a pas chanté, pas un seul cocorico pour donner le signal du réveil. Que lui est-il arrivé ?


Chapitre 2 – La vengeance de Cyprien

Contrairement aux autres jours, Cyprien a dormi comme un loir. Derrière ses persiennes, il épie la mini-société, serrée comme des sardines devant le camion du boulanger.

Il repère Sidonie qui, comme à son habitude, jacasse comme une pie. Il voit aussi Léon, fier comme un paon, venu acheter des chocolatines pour Violaine, sa femme, que Cyprien aime en secret depuis toujours.

Cyprien se demande comment discréditer ce voleur de cœurs venu d’on ne sait quel village. Léon, ce chaud lapin, malin comme un singe, a séduit Violaine, si sensible, si rêveuse. La pauvre petite est tombée dans ses filets.

Pétri de jalousie, Cyprien a trouvé un bouc émissaire. Il a bien l’intention de mettre un plan à exécution pour que Léon perde un peu de sa superbe !

***

AEV 2021-08 marie-Thé Tourneboule-Pendant ce temps, à la ferme des Neiges éternelles, Pauline et Julien pénètrent dans le poulailler, repèrent Casanova le coq, sur son perchoir, tourné vers la paroi, comme s’il battait froid à toutes les poules.

Pauline remarque qu’une poule a disparu, la plus jolie, la plus dodue, la préférée de Casanova. Mais que s’est-il passé ? Aurait-elle été volée ? Pauline aurait-elle oublié de la rentrer la veille ? Entre chien et loup, à la hâte, elle a enfermé ses volailles dans le poulailler.

Casanova s’en remettra, pense le fermier. On ne va pas s’apitoyer pour une poule qui a sans doute été dévorée par un renard, ce que d’ailleurs on découvrira plus tard en retrouvant des plumes et la carcasse de la poule rousse.

***

Le lendemain, aussi triste qu’un amoureux éconduit, Casanova est resté silencieux.

Il est temps pour Cyprien d’intervenir. Qui mieux que Sidonie, bavarde et langue de vipère, peut colporter une rumeur ? Il lui révèle qu’on aurait vu Léon sortir dans la nuit et revenir avec un grand sac qui aurait bien pu renfermer le coq !

La nouvelle fait mouche et n’a pas tardé à se répandre parmi les Tourneboulais prêts à avaler des couleuvres pour avoir quelques distractions dans ce bourg où il ne se passe jamais rien d’extraordinaire.

10 novembre 2020

Mary Vaudage. - Le Chant du coq / Marie-Thé

Marie-Thé - mary vaudage

4ème de couverture

Que s’est-il passé à Tourneboule, une bourgade de Savoie, le premier dimanche de septembre ?

Au milieu de la matinée, les rues, désertes et silencieuses, faisaient penser à un village fantôme. Les persiennes étaient closes depuis la veille à la tombée de la nuit.

Et pourtant le soleil brillait et chauffait déjà à cette heure où les abords des maisons embaument habituellement le café au lait et le chocolat chaud.

Chaque jour le cocorico, entendu dans tout le village depuis la ferme des neiges éternelles, sert à tous de réveille-matin. Mais ce dimanche-là, rien, pas un seul cocorico. Le coq aurait-il disparu ? Le père Julien et sa femme Pauline l’auraient-ils préparé pour cuisiner un coq au vin ?

Une bien étrange histoire que Mary Vaudage, l’auteure de "Krapoveries" nous conte avec humour et poésie.


Chapitre 1

Un dimanche matin du mois de septembre à Tourneboule, lorsque le boulanger entre dans le village pour installer son camion sur la place de l’église, il se demande s’il n’est pas tombé dans un village fantôme. Seuls quelques chats errent dans les rues désertes et silencieuses.

- Eh ! Ils ont de l’humour ces montagnards ! se dit-il en klaxonnant trois longs coups avant d’installer sa boutique.

Dans les maisons chacun traîne dans son lit, attendant le cocorico de Casanova, le coq de Pauline et Julien, seuls fermiers de ce village champêtre. Les bébés gazouillent pendant que leurs parents badinent. Des ados traînent paresseusement au fond de leur lit. Les plus anciens dorment encore à poings fermés.

En entendant retentir le klaxon, les habitants du village se préparent à la hâte et se retrouvent sur la seule place de la petite commune devant le camion du boulanger. Celui-ci découvre l’histoire de Casanova, le coq réveille-matin de Tourneboule. Les effluves de brioche et de pain frais mettent les clients de bonne humeur. Chacun commente l’événement. Josette, des bigoudis recouverts d’un foulard jaune, est persuadée que le coq a été volé. Les enfants, en pyjama, courent partout et lancent des cocoricos à qui mieux mieux. Des méchantes langues sont persuadées que le coq est déjà dans une marmite.

A la ferme des neiges éternelles, Pauline et Julien se lèvent précipitamment en se rendant compte qu’il est tard et que Casanova n’a pas chanté. Que lui est-il arrivé ?

3 novembre 2020

Mon oncle / Marie-Thé

AEV 2021-06 Marie Thé - Jacquot

Je me souviens de ce réjouissant jour de printemps, à l’époque où l’on ne connaissait pas encore le confinement. 

Je prenais l’air à ma fenêtre lorsque j’ai entendu mon oncle chanter à tue-tête «Elle court, elle court, la maladie d’amour… ». Perché sur son vélosolex avec Jacquot, son perroquet, enfermé dans une cage sur le porte-bagages, mon oncle zigzaguait entre les voitures et les camions.

La cage était-elle mal fermée ? Jacquot l’aurait-il ouverte avec son gros bec crochu ? Je me souviens de la stupéfaction de mon oncle lorsque l’oiseau s’est échappé en baragouinant « Amourrr… amourrr… ».

Le corps et la queue rouge vif, les ailes bleues déployées avec grâce, il volait au-dessus des toits, attirant les regards de tous les passants.

AEV 2021-06 Marie Thé - Mon oncleAhuri, mon oncle est descendu de son solex. Faisant fi de l’embouteillage qu’il provoquait, il a couru comme un dératé en criant « Jacquot ! Jacquot ! Reviens ! ».

Le bel oiseau s’est perché sur la fenêtre d’une mansarde en bredouillant « Amourr… amourr… ».

Mon oncle a grimpé les escaliers comme un dératé pour le récupérer. Le perroquet, toujours juché sur le bord de la fenêtre, témoignait sa passion à une perruche enfermée dans sa cage. Il marmonnait encore « Amourr… amourr… ».

Dix ans auparavant, j’avais fait la connaissance de cet oncle qui s’appelle Monsieur Hulot. Il rentrait d’un périple au Brésil et débarquait chez nous vêtu d’une chemise fleurie, d’un short rouge à pois et de chaussettes montantes sur des baskets jaunes. Bronzé, souriant, blagueur, il a déposé sur notre table une cage dans laquelle se trouvait un perroquet multicolore. Ma mère, mon père et moi avons éclaté de rire lorsque l’oiseau a jargouiné * : « Bonjourrrrrr, bonjourrrrrr… Je m’appelle Jacquot… ».

Les habitants de notre rue connaissent et apprécient Monsieur Hulot, considéré comme un farfelu, un extravagant dont les frasques mettent de l’ambiance dans notre quartier tranquille.

Quant à moi, j’ai une tendresse particulière pour cet oncle excentrique et déconcertant.


* Jargouiner : mélange de « jargonner » et « baragouiner » qui caractérise bien le langage de ce volatile. 

13 octobre 2020

Discours du chef d’orchestre aux musiciens avant le concert / Marie-Thé

AEV 2021-05 Chef d'orchestre Marie-Thé

Vous êtes en train de me dire que vous avez le trac. Détendez-vous, amis chanteurs et musiciens. Avant d’entrer en scène, nous ferons juste quelques mouvements de relaxation. Voilà.

Vous êtes en train de me dire que nous aurons du mal à accorder nos violons. C’est pas faux. Moi je suis certain que nous allons nous entendre comme larrons en foire et que notre concert ne sera pas une monstrueuse cacophonie, ni du grand n’importe quoi. Choristes, n'allez pas plus vite que la musique. A chacun de trouver son point d’orgue et de donner de la voix à mon signal.

Pianiste, attention, pas de couac comme au fameux concert de la semaine dernière qui était, je dois le reconnaître, d’une totale improvisation ! Violonistes, accordez vos instruments avec une précision de métronome. Pas de fausses notes. Lorsque la musique va battre son plein, jouez en fanfare avec les choristes. C’est clair ?

Comme vous le savez, Nous serons sous haute surveillance. En effet, on vient de l’apprendre, le Maire et ses adjoints, ces jeunes loups de la politique, assisteront au concert. De plus, une foule d’anonymes n’espèrent que du bonheur de notre prestation. Nous sommes très attendus. C’est pas faux. Alors faut-il avoir peur de monter au créneau ?

AEV 2021-05 marie-Thé Chef d'orchestre 2gif

Et maintenant, je vais jouer sur votre corde sensible. Etre votre chef d’orchestre j’adore. Vraiment, j’adore. Voilà. Lorsque je vais siffler la fin de la récréation, j’ai le sentiment que nous aurons réalisé une prestation surréaliste. Juste un dernier mot, nous ne sommes pas les derniers des grands. En effet soyons prétentieux. C’est plutôt un gage de réussite. C’est clair. Du coup allons-y, montons au créneau !

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6 octobre 2020

Zouave ! / Marie-Thé

AEV 2021-04 Marie-Thé - zouave 2

En rangeant mon grenier pendant le confinement, j’ai retrouvé une photo datant de 1928 sur laquelle figure mon père lors de son service militaire en Algérie. Allure fringante, barbe frisottante, culotte bouffante, chechia avec pompon. Il est vraiment beau mon père dans son habit de zouave ! Pas étonnant que ma mère ait succombé à ses charmes. Je l’ai souvent entendu dire : « Viens te reposer sur le divan, ma gazelle ! ».

Elle répondait du tac au tac qu’elle s’appelait Jeanette, qu’il n’était plus dans le désert avec ses fatmas. Elle était jalouse de ses aventures amoureuses qu’elle imaginait extraordinaires. Des algarades de ce genre, il y en avait souvent entre eux.

La vue de cette photo a fait ressurgir les souvenirs de ce qu’il racontait quand j’étais petite. Il aimait parler de ses randonnées à dos de chameau dans le Sahara, des nuits glaciales dans les dunes, des thés ou des caouas, avec un chouia d’alcool sorti on ne sait d’où, de couscous, de moussakas, de tagines, de tous ces mets exotiques aux senteurs de carvi, de cumin ou de curcuma, préparés au harem derrière les moucharabiehs.

Chaque repas de famille était l’occasion pour lui de raconter des aventures que nous, ses enfants, connaissions par cœur. Avec le temps, elles s’étaient transformées. Il était devenu un zouave sauvant un homme assoiffé perdu au milieu des sables ou bien il galopait dans le désert, au hasard, sur un alezan, pendant des heures et revenait épuisé à la caserne où les autres zouaves enviaient son audace.

Mon père a espéré toute sa vie revoir l’Algérie. Il a disparu avant de pouvoir réaliser son rêve.

29 septembre 2020

Surpris / Marie-Thé

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Surpris par un bruit insolite, Lucien, grelottant, enveloppé dans sa couette, réveille son compagnon pour lui signaler que le toit de leur l’abri s’est envolé dans la montagne.

- Regarde les aigles Jojo, ils tournoient dans le ciel comme s’ils étaient effrayés et là-bas, au-dessus du pic de la Martienne, on dirait une soucoupe volante.
Elle s’éloigne dans un halo bleuté…

Ils se sont recouchés. Au matin, tout était redevenu normal.

Jojo n’avait plus aucun souvenir mais Lucien, lui, repense souvent à ce rêve étrange et pénétrant. Il se dit qu’il a été ensorcelé par une force inconnue.

Le bon vin de la veille lui aurait-il mis la tête à l’envers ?

29 septembre 2020

Sur un arbre perché / Marie-Thé

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Sur un arbre perché, tenant dans ses mains une grosse branche, Maître Kanter se prend pour Spiderman.

Corps à l’envers, baskets aux pieds, comme tous les matins, il entreprend son exercice de méditation.

10 minutes de réflexion et le voilà en forme pour la journée.

En mangeant mon sandwich au fromage, je l’espionne.

Mais qui est-il ? Un homme courageux ? Un fou ? Un grand sage ?

Telle est la question !

29 septembre 2020

Je prends mal ma respiration / Marie-Thé

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Je prends mal ma respiration dans les villes polluées par les covids de toutes sortes.

Quelquefois mon esprit s’évade sur le pic de la Grande lune.

En haut de la tour métallique, je rêve de voler comme les oiseaux, d’aller au-dessus des montagnes, de m’imprégner de paysages idylliques et de respirer l’air pur des altitudes.

Après cette rêverie, je redescends sur terre, sur le plancher des vaches,et je respire à pleins poumons.

9 juin 2020

La lettre de Josette / Marie-Thé

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Dear Marie,


Comment aurais-je pu imaginer que je serais un jour sur les traces du célèbre reporter dont nous lisions les péripéties quand nous avions 12 ans ?

Quand le mois dernier j’ai décacheté la grande enveloppe remise par le facteur, j’étais stupéfaite ! J’avais gagné le 1er prix de la semaine commerciale : un voyage en Amérique.

Te souviens-tu combien nous avons dansé de slows sur la chanson de Joe Dassin « L’Amérique, je veux l’avoir, et je l’aurais » en rêvant dans les bras de nos copains de chevaucher dans de grands espaces derrière un cowboy fringant ?

Voilà, je suis à New-York avec les 3 autres gagnants. Une grande voiture verte nous attend à l’aéroport et l’aventure commence.

Je me sens toute petite au pied des immenses buildings. Manhattan est une véritable mosaïque de quartiers de toutes nationalités où nous choisissons de manger dans des petits restos chinois, africain, libanais… J’ai même vu une crêperie bretonne !

Au Metropolitan Museum, j’ai été émerveillée dans les immenses salles qui contiennent des peintures extraordinaires.

Hier nous étions dans une réserve d’indiens. Quelle aventure ! De vrais peaux-rouges avec des plumes, j’en ai vus. Nous avons mangé sur des tapis, assis en tailleurs, des plats tellement épicés que j’en pleurais.

Tous les 4, nous n’arrêtons pas de rire le soir au motel. J’ai un faible pour un garçon un peu plus jeune que moi. Je te raconterais la suite…

Je me surprends quelquefois à regarder les gens qui passent en essayant de retrouver des ressemblances avec des personnages des fameuses BD de notre enfance, mais ça, c’est du domaine du rêve.

See you later. I kiss you

Josette 

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