Chats de ville, chat de gouttière
A l’orée du village, deux chats perchés
sur le muret d’une maison adossée à la colline,
regardent la ville déserte à cette heure matinale
où le soleil rouge annonce une belle journée,
se cache derrière les nuages, avant d’apparaître
au-dessus des maisons endormies.
Le premier, Arnold, vieux matou gris souris,
longue queue dressée comme un cobra prêt à saisir sa proie,
les yeux mi-clos, guette les mouvements, les frémissements,
décidé à bondir sur le mulot ou l’oiseau qui oserait s’aventurer,
prochaine victime de sa cruauté.
L’autre, Lorena, jolie chatte au poil touffu angora blanc
les yeux bleus énamourés, contemple la nature qui s’éveille.
Longue queue soyeuse dressée elle aussi,
prête à titiller celle de son voisin.
Le chat Randall vient à passer,
un matou de gouttière grisâtre,
revenant d’une nuit agitée, le nez sanguinolent,
les yeux écarquillés, les restes d’un poisson accrochés à ses griffes.
Il scrute les deux autres avec dédain
« trop gros, trop gras, ennuyeux »
et passe son chemin.
Lorena, la jolie chatte angora, excitée par ce spectacle,
envie ce chat bagarreur libre, indépendant, vivant.
Comme Randall, elle est née sauvage.
Elle s’élance et se jette contre lui en ronronnant
Là où j’ai peur, j’irai… avec toi.
Arnold, le vieux matou gris souris ne bronche pas,
Lorena lui reviendra, ce n’est qu’une escapade,
Elle est trop attachée aux choses tendres que la vie aisée lui apporte.
A l’orée du village, un chat perché sur le muret,
regarde avec pitié les deux chats qui s’enfuient.