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L'Atelier d'écriture de Villejean
3 octobre 2023

Inventaire à la Prévert / Marie-Thé

AEV 2324-04 Chat noir20 novembre 2020, 20 heures. La Dalle du quartier s’anime. Le samedi soir, c’est la fête.

Des enfants poursuivent un chat noir pour lui tirer la queue. La pauvre bête affolée prend ses quatre pattes à son cou et court comme un dératé.

Des femmes, vêtues de robes longues aux couleurs bigarrées et de foulards joliment noués sur leurs cheveux bouclés sortent de leur besace des pique-niques aux senteurs exotiques qu’elles disposent à même le sol ou sur des bancs.

AEV 2324-04 NarguiléPendant ce temps, un verre à la main où flottent quelques glaçons, leurs hommes, l’air sérieux, nostalgique, fument du narguilé en évoquant le bon vieux temps.

Des jeunes jouent au frisbee en riant comme des fous.

C’est alors qu’apparaît Joe, l’appareil photo en bandoulière, prêt à dégainer à la première occasion.

Mais pourquoi donc veut-il prendre une image de la Dalle ce soir-là ?

Recherche-t-il des scènes d’inspiration pour son nouveau roman qui aurait pour cadre un quartier de la ville ?

Prépare-t-il un documentaire pour la télévision ?

Désire-t-il être invité au pique-nique qui sent si bon le paprika ?

AEV 2324-04 Appareil photoPersonne ne l’a jamais su.

Il a sorti son appareil photo de l’étui, il a pris des clichés des hommes qui buvaient et fumaient le narguilé, des femmes assises en rond comme les causeuses de Camille Claudel, des enfants courant après le chat noir, revenu se faire tirer la queue.

AEV 2324-04 FrisbeePuis, il a reçu le frisbee dans la tête !

Un peu perturbé, il a fait demi-tour et s’est dirigé vers l’escalier du métro.

On ne l’a jamais revu sur la Dalle.

Seuls quelques privilégiés l’ont retrouvé la semaine suivante dans une salle du quartier appelée "Clarinette".

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19 septembre 2023

Scripta / Marie-Thé

AEV 2324-02 Marie-Thé 04Il fait très chaud ce 15 août à Villejean-Malifeu, avenue de la grande Virée.


A tous les étages, les fenêtres des appartements sont grand ouvertes sur la rue. Je les connais tous, ces gens, j’aime bien les regarder vivre.

L’homme en blanc, perché sur un escabeau, nettoie ses carreaux.

AEV 2324-02 Marie-Thé 03A l’étage du dessus, une jeune femme aux cheveux roux se prend pour une vedette et chante à tue-tête sur son balcon. Elle connaît l’homme en blanc et cherche à attirer son attention ! Parfois, elle surveille son passage pour le surprendre dans l’ascenseur.

Sous la hotte de cuisine, deux Mamas assaisonnent un risotto avec du safran. Ce soir c’est la fête au 3ème étage.

PAEV 2324-02 Marie-Thé 05lus loin une mégère pleine de griefs envers des voisins trop bruyants tape dans le plafond avec son balai. Peu leur importe, ils sont jeunes et continuent à rire très fort en sirotant un kir.

AEV 2324-02 Marie-Thé 01Au troisième, un dentiste arrache une dent à un patient qui n’en n’a déjà plus beaucoup.

AEV 2324-02 Marie-Thé 02Au dernier étage, juste au-dessus de mon appartement, un dessinateur s’extasie devant ses plans.

Toutes ces vies différentes, heureuses aujourd’hui, tristes demain peut-être, me font penser à une pièce de théâtre sans fin. Face à ce spectacle psychédélique, je prends le frais, assise sur un banc.

Vers 22 heures, je rentre chez moi sans bruit et je retrouve mon chat sur le balcon. En refermant la porte de mon appartement, je me sens bien aise d’avoir ressenti, une fois de plus, le joyeux brouhaha de la vie dans mon immeuble.

12 septembre 2023

Eloïse (Les bâtons de marche nordique) / Marie-Thé

Eloïse vient de recevoir un cadeau pour son anniversaire. Le paquet est long et étroit. Un parapluie ? pense-t-elle. Mais Eloïse en a déjà deux.

Une affiche représentant un clown ? Elle en avait très envie il y a quelques années.

Une pompe à vélo électrique ? Pas mal !

Toute la famille la regarde. Intriguée, elle fait durer le plaisir puis découpe le papier cadeau.

Waooh ! De magnifiques bâtons de marche nordique vert fluo.

- Essaye-les ! crient les enfants.

Elle fait le tour de la pièce et se rend compte qu’ils sont à ressort. Ce sont des bâtons propulseurs. Eloïse aime la marche rapide et se voit déjà foncer sur le hâlage de la Vilaine, près de chez elle.

 

AEV 2324-01 Marie-Thé - Marche nordique

12 septembre 2023

Jade (Chagrin d’amour) / Marie-Thé

Le samedi, Jade aime faire du lèche-vitrine. Ce jour-là, elle se promène dans le centre commercial, s’arrête de temps en temps et regarde les devantures des différentes boutiques. Rien ne lui plaît vraiment.

En passant devant La Brioche dorée, elle décide de faire une pause et de déguster un coca et une torsade au chocolat en regardant les badauds passer.

Tout à coup, elle aperçoit Rudy, son amoureux, marchant main dans la main avec Océane, sa meilleure amie. Effondrée, elle rentre chez elle triste comme un bonnet de nuit.

En arrivant, elle dépose sur le palier toutes les affaires de Rudy et s’enferme à double tour.

AEV 2324-01 Marie-Thé - Rupture

12 septembre 2023

Coralie (Le décolleté) / Marie-Thé

AEV 2324-01 Marie-Thé - Mucha 2Coralie se sent des ailes.

 


Sa nouvelle robe met en valeur sa poitrine avantageuse.




Ce soir elle va danser et espère rencontrer celui qui appréciera ses formes.

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12 septembre 2023

Denise (Le bus de 15h) / Marie-Thé

Tous les jours, Denise monte dans le bus de 15h pour se rendre à son travail.

Tous les jours, Oscar s’assoit sur le siège, face à elle et lit « Ouest-France » l’air de rien en jetant subrepticement un œil vers Denise au-dessus de la page du journal.

Ils ne se sont jamais parlé. « Combien de temps, combien de temps encore durera ce cinéma ? »pense Denise.

Ils sont aussi timides l’un que l’autre et rêvent chacun de leur côté d’un événement un peu exceptionnel qui les rapprocherait.

Un jour Denise en a eu assez. Elle a changé de place et lui, un peu perturbé, l’a attendu à la sortie du car et invitée à prendre un verre place de la Gare. Depuis ce jour, ils s’assoient l’un à côté de l’autre !

AEV 2324-01 Marie-Thé - Gare

30 mai 2023

Les Mots d’Anne Sylvestre / Marie-Thé

Bric-à-brac

Chaque jour Marie ajoute un objet trouvé sur son chemin dans un tiroir qu’elle appelle son bric-à-brac. On peut y voir de jolis galets, des morceaux de carrelage aux différentes couleurs, quelques bouts de bois flotté et bien d’autres trésors… "qui peuvent servir un jour", pense-t-elle.

Ce matin elle est contente. Elle a déniché un galet rond aux couleurs rouille, noir et gris qu'elle a vite glissé dans son sac. Elle court à son appartement pour que cette pierre aille rejoindre les autres merveilles de son bric-à-brac.

Samedi, c’est sûr, Marie commencera son œuvre : un dessus multicolore pour sa table de salon. Elle en rêve déjà. Ce galet rond en constituera le centre et tout autour elle collera des petits morceaux de carrelage multicolores.

AEV 2223-31 Marie-Thé - Galet

Crépuscule

Pour Marie, c’est un joli mot crépuscule !

Il est l’évocation de la tombée du jour lors des étés chauds et humides.

Pour elle, ce sont des moments privilégiés. Les fleurs délivrent leur parfum, les oiseaux piaillent, les grenouilles s’égosillent.

Dans ces moment-là, assise dans son fauteuil de toile, les pieds dans l’herbe, Marie profite au maximum de ces soirées jusqu’à la nuit tombée. Elle rêve ou bien elle bouquine.

- Crépuscule, c’est un mot qui m’évoque les soirées estivales, dit-elle à Félix.

AEV 2223-32 Marie-Thé - Crépuscule

Transhumance

- Pour ma part, répond Félix, moi, j’aime bien le mot "transhumance". Il m’évoque la fin du printemps, les vaches ou les moutons, avec leurs bergers, qui s’en vont paître dans la fraîcheur des alpages.

Un jour je les ai suivis. Il fallait voir les chiens réunir le troupeau après la pause du midi. C’était magique ! Aucun animal ne manquait à l’appel.

Le bétail montait le long du chemin, dans la poussière. Des odeurs de sueur animale, de bouses, de crottes de mouton se mélangeaient aux effluves de romarin et d’herbe humide. Les bergers étaient silencieux comme s’ils se préparaient déjà à la solitude des hauts pâturages.

Transhumance, une sonorité qui chante. Pour moi ce mot évoque la nature, la montagne, les vacances.

AEV 2223-32 Marie-Thé - Transhumance

23 mai 2023

Aurélien et Bérénice / Marie-Thé

AEV 2223-31 Marie-Thé - Aurélien 1

 Aurélien,

Vous marchiez dans les allées du jardin des plantes, près des marronniers en fleurs, lorsque je vous ai croisé la semaine dernière.

Vêtu d’une veste écossaise, d’un pantalon clair et de chaussures noires, vous portiez un sac de sport rouge contrastant avec une tenue de ville.

L’air hautain et morose, vous ne regardiez personne. Le soleil rasant, filtré entre les feuilles des arbres, éclairait votre visage. Avec vos cheveux noir et votre teint basané, vous aviez un air exotique, hors de tout orgueil.

Séduite, je vous ai suivi discrètement jusqu’au club de fitness où je pensais que vous alliez. Mais non. Vous vous rendiez aux terrains de tennis de la rue de la Palestine.

Vous regarder jouer fut pour moi un véritable plaisir. Vous vous déplaciez avec aisance sur l’asphalte rouge avec des baskets blanches faisant ressortir vos mollets bronzés. A la fin de la partie, la poignée de mains et le sourire à votre adversaire m’ont perturbée.

D’une nature plutôt romantique, je rêvais de vous rencontrer vraiment. Alors je vous ai suivi jusque chez vous pour découvrir votre adresse.

Peut-être aurons-nous l’occasion de nous revoir, le hasard fait parfois si bien les choses !

Acceptez mon audace. Vous écrire cette lettre est pour moi un pur plaisir.

Cordiale poignée de mains.

Bérénice

Quelques jours plus tard :


AEV 2223-31 Marie-Thé - Aurélien 2Bonsoir Bérénice,

Le portrait que vous faites de ma personne est celui de l’homme idéal, du prince charmant que vous rêvez de rencontrer.

Je vous ai vue près des terrains de tennis et j’ai pensé que vous attendiez votre partenaire.

Je ne suis pas celui que vous croyez. En réalité, je suis un solitaire égoïste, un peu ours ! Je fuis les gens que je ne connais pas.

Votre message m’a surpris et touché !

Peut-être nous reverrons-nous un autre jour dans les allées du jardin des plantes ?

Surtout ne vous faites pas d’illusions sur mon compte, je suis intolérant et impossible à vivre !

Amicalement.

Aurélien.

2 mai 2023

Une ville étrange / Marie-Thé

L’idée a surgi lors d’une soirée bien arrosée entre amis. Le Comte de Chandon avait lu dans une revue qu’il existait une ville étrange, au bord de la mer, pas encore découverte par les touristes. « C’est là qu’il faut aller en vacances ! » avait dit la Comtesse de Chandon.

C’est ainsi que le 1er juillet nous sommes partis de bon matin avec le Comte et la Comtesse, qui n’ont plus d’aristo que le nom.

Avec son short, ses chaussettes, ses chaussures bien cirées et sa casquette blanche, on comprenait tout de suite que cet homme très classe avait revêtu sa tenue de vacances.

Quant à elle, habillée d’une combinaison verte et de chaussures jaunes, elle ne passait pas inaperçue.

Nous, avec nos shorts, tee-shirts et baskets, nous nous sentions un peu classiques.

Qu’importe, on les aimait bien, nos copains, nous passions de bons moments ensemble. Ils nous faisaient rire. Nous nous réjouissions par avance de découvrir avec eux l’étrange ville de Trifouillis-les-Bains.

Les voitures sont interdites dans la ville. C’est donc sac sur le dos et appareil photo en bandoulière que nous pénétrons dans ce domaine surprenant.
La seule entrée de la petite ville s’effectue par un passage entre deux statues gigantesques, à droite Jeanne d’Arc et à gauche Colbert. Nous nous demandons ce qu’ils ont à voir l’un avec l’autre !

2023-04-17 - Nikon 54

Sur le boulevard Dieu Lumière, la façade du café Pétrouchka nous séduit par son style slave. Un arrêt dans ce cabaret est de rigueur. La tenancière, appelée « la grande Georgette » nous propose sa spécialité. Elle pose sur la table un bocal rempli d’un liquide rouge dans lequel flottent quelques morceaux de fruits. C’est délicieux et rafraîchissant.

Avec un accent russe très prononcé, Georgette nous suggère pour le repas la dégustation du fameux cochon à plumes, une spécialité dont s’enorgueillit la ville. On peut visiter l’élevage au Parc de la patte d’oie.

« Pour dormir, allez donc à la villa Demoiselle, c’est dans la rue du Pistolet.  L’origine du nom de la rue vient du jour où la fameuse Demoiselle a tiré sur un client qui lui avait touché les fesses en passant près d’elle ! Outrée, tremblante, elle a raté son tir mais la ville lui a confisqué son pistolet ! »
La grande Georgette ne manque pas d’humour. Nous étions écroulés de rire.

Elle se sentait bien dans cette étrange ville où des personnages glorieux tels Georges Clavel, Cédric Diebolt-Vallois et même Françoise Carillon-Ramonet avaient vécu. Elle connaissait des anecdotes truculentes sur chacun d’eux. Nous avons passé un moment inoubliable.

Avant de nous diriger vers la villa Demoiselle, nous sommes sortis du café Pétrouchka en passant par la rue du Clou dans le fer dont les maisons aux façades pleines de couleurs et de décorations baroques, ne manquent pas d’originalité et de charme.

Nos vacances s’annoncent réjouissantes !

4 avril 2023

Scène de ménage / Marie-Thé

AEV 2223-26 Marie-Thé - John_William_Waterhouse_-_I_am_half-sick_of_shadows_said_the_lady_of_shalott

- Bon, je m’en vais découvrir le monde ! dit Ulysse. Mon île, j’en ai fait le tour pendant des jours et des jours, je veux des aventures, gagner des batailles, devenir célèbre pour des siècles et des siècles. Ithaque et ses petites histoires aussi farfelues les unes que les autres, j’en ai assez !

- Mais moi, Ulysse, qu’est-ce que je deviens ? C’est toujours toi qui te balades ! Je n’ai plus envie de tricoter, de tisser, ni de faire la cuisine. Tu ne t’occupes jamais de Télémaque. Je suis levée toutes les nuits pour les biberons. Nous pourrions partir tous les trois. J’aimerais voir Vierzon, Hambourg, Venise, Paris, et pourquoi pas un détour par Vezoul pour voir ma mère ? Les femmes ne sont plus des bobonnes qu’on laisse à la maison !

- Alors ça, c’est la meilleure ! T’es devenue féministe ? Pauvre Pénélope, tu es née quelques siècles trop tôt ! Ton destin c’est de tisser la nuit en m’attendant et de gérer le château dans la journée. Attention à toi, pas question de céder à tous les freluquets qui ne manqueront pas de t’enjôler en mon absence. Moi, je n’irai pas voir ta mère mais ta soeur, elle est plus séduisante. Puis je partirais pour Troie. Je clamerai : Oyez ! Oyez ! Les Troyens ! Je vous apporte un cadeau. Un cheval gigantesque rentrera sur la place principale. Cachés à l’intérieur, mes guerriers et moi sortirons tous ensemble pour conquérir la ville.

Et puis, si j’arrive à résister aux sirènes, je reviendrai à Ithaque pour retrouver mon royaume et te retrouver toi ma Pénélope.

Furieuse, elle claque la porte et monte dans sa chambre en traitant Ulysse de macho. 

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