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L'Atelier d'écriture de Villejean

5 décembre 2023

Consigne d'écriture 2324-11 du 5 décembre 2023 : La Lettre de Coralie

La Lettre de Coralie

 

Mais qu’est-ce qui lui a pris à Paolo d’aller fouiller dans cette valise, pleine de cahiers et de lettres, qu’il avait presque oubliée dans son grenier ? Voilà qu’il y a trouvé une lettre adressée à Giambattista, son meilleur ami de ses années de jeunesse, par une certaine Coralie dont il ne se souvient absolument plus. Il est dit dans ce courrier que Paolo devait transmettre la lettre où elle déclare son amour à Giambattista à l'intéressé et, visiblement, il ne l’a pas fait.

Quarante-trois ans après Paolo ne voit plus Giambattista, Giambattista et Marianna ont divorcé et on ne sait rien de plus de Coralie qui, d’après la signature ambiguë, se prénommait peut-être Caroline.

Faites parler un ou une de ces quatre personnages à propos de cette lettre, de cette époque, de son statut actuel de sexygénaire ou de la gestion de ses archives personnelles.

Ou racontez une histoire similaire de lettre retrouvée ou perdue.

AEV 2324-11 Coralie ou Caroline - signature

***

Mardi 15 avril 1980

Giambattista

Pourquoi ne pas écrire « cher » ou « très cher Giambattista » ? me diras-tu ? Je m’explique : ce genre d’expression me paraît débile et trop conforme aux lettres que l’on envoie à une personne que l’on a connue et que l’on flatte en pensant du plus profond de soi-même « Il faut être amical, elle ou il peut toujours être utile !!! » C’est une forme d’hypocrisie dissimulée qui me sort particulièrement par les yeux. Evidemment ce n’est pas général puisque je l’utilise fréquemment lorsque j’écris à des parents. Je ne suis pas pour autant hypocrite !!

Le terme est différent quand j’écris à des amies : « Mon Hélène chérie » « Ma Sylvia adorée », des filles que je connais depuis longtemps et que j’aime profondément. Je ne me vois pas t’appeler « Giambattista chéri » (c’est plutôt commun et … comique) mais c’est un avis comme un autre ; au fait, Marianna t’appelle-t-elle CHÉRI » ?

Aussi t’appellerai-je Giambattista, c’est tout con mais ça me plaît. Peut-être trouveras-tu cette lettre différente de la première qui était un peu débile (rien qu’un peu !!) et quelque peu gamine !!! Mais il paraît que c’est agréable de rester gamine, même quand on a 19 ans, et même quand on passe son bac dans quelques mois… Je dois dire que j’appréhende ce foutu examen qui de plus est décisif pour moi et mon avenir ; j’ai tellement fait la conne que maintenant je m’en mords les doigts, tu comprends, cela signifie tellement de choses pour moi, entre autre, la liberté… La liberté de dire merde à tout le monde et d’envisager mon avenir comme je l’entends…

Si je l’ai j’aurai quartier libre pendant toutes les vacances et je pourrai même venir te voir… Ça, ça serait le PIED, si du moins nous communiquons (critique du téléphone because : on ne se voit pas...) toujours!

En fait c’est la première fois que je sors avec un homme marié (quoique très très libre) et je dois avouer que ce n’est pas si terrible… Il y a quelques années je l’aurais très mal pris, je me serais accusée, peut-être à tort ; les principes, ce sont les gens qui nous les inculquent, c’est pourquoi maintenant tout ceci me passe au-dessus, je dois avoir mûri mais je dois dire que je me fous complètement de ce que les gens peuvent penser de moi et des relations que j’entretiens ; je ne suis pas insensible, au contraire, mais j’estime être réaliste et droite (pourquoi chercher le mal, je suis bien, ainsi).

Tu croiras peut-être que je me confie et sur un certain point tu auras raison car j’avais envie de te l’écrire et si tu veux nous en parlerons. Cela doit t’énerver que j’écrive toujours « peut-être » mais il y a quand même 222 kms qui nous séparent et les impondérables ne sont pas exclus….

Ce qui est certain c’est que j’ai envie de te revoir ; je ne sais pas comment te l’expliquer car je n’ai pas envie de faire de sous-entendus, si sous-entendus il y a… En fait on cherche toujours des complications alors que les choses peuvent se dire si facilement… Voilà ! Je le dis et le répète : j’ai hâte de te voir et tu me manques ».

Je ne sais quand cette lettre t’arrivera, cela dépendra de Paolo.

Moi aussi, j’ai envie de t’embrasser

Coralie

***

L'auteur de cette consigne demande à Caroline-Coralie de bien vouloir excuser l'extrême goujaterie dont il fait preuve. Nous savons tous que ça ne se fait pas de publier du courrier privé sur Internet. Même s'il y a peut-être prescription au bout de quarante trois années ! ;-)

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5 décembre 2023

Le Mystère de la lettre retrouvée / Marie-Thé

Bonjour Coralie,

Que s’est-il passé dans ma tête en avril 1980 pour que je ne remette pas à Giambattista, mon meilleur ami, une lettre que vous lui aviez écrite ?

Cette lettre, je la retrouve aujourd’hui avec stupéfaction, en mettant de l’ordre dans ma correspondance. J’hésite à l’ouvrir, je la mets de côté.

Dans la nuit, cette lettre m’obsède et m’empêche de dormir. Alors, n’y tenant plus, je me lève. La curiosité l’emporte et j’ouvre l’enveloppe.

C’est alors que ce que j’ai enfoui au fin fond de ma mémoire pendant plus de quarante ans m’est revenu comme un boomerang. J’en rougis encore.

AEV 2324-11 Marie-Thé - jupe arc-en-ciel

Chère Coralie, vous étiez belle. Cet été-là, vous portiez une jupe longue aux couleurs arc-en-ciel qui s’ouvrait lorsque vous marchiez et découvrait vos jolies jambes. Lorsque, discrètement, je jetais un œil dans le décolleté de votre tee-shirt rouge moulant, je ressentais un émoi. Bref, j’étais amoureux de vous mais la timidité m’empêchait de vous aborder. Le monde appartient aux beaux parleurs. Hélas, je n’en faisais pas partie.

Lorsque vous m’avez confié cette lettre pour Giambattista que je devais revoir la semaine suivante, j’étais désespéré. J’ai déposé la missive dans une valise avec d’autres courriers puis je l’ai oubliée.

C’est à moi qu’elle aurait dû être envoyée, surtout pas à Giambattista, qui déjà était marié et peut-être bientôt père de famille !

Aujourd’hui, je me pose des questions :

Est-ce que j’ai sauvé le mariage  de Giambattista ?
Est-ce que je vous ai privée d’un grand bonheur ?

Désolé, chère Coralie, la jalousie m’a fait perdre la tête.

Je vous renvoie cette lettre. Vous pourrez la détruire et l’oublier. Ou bien ranimera-t-elle la flamme, comme le chantait si bien Jacques Brel :


« On a vu parfois,
Rejaillir le feu,
D’un ancien volcan,
Qu’on croyait trop vieux » 

5 décembre 2023

Chère ou très chère inconnue / Maryvonne

Il est bien dommage que sur cette lettre tu ne laisses pas d'indices pour que nous puissions te retrouver et dénoncer le traître qui a retenue prisonnière cette missive dans une valise. Ceci-dit j'aimerais voir la tronche de la valise, sa geôle pendant tant d'années, poussiéreuse à souhait je pense. Si au moins la lettre avait été avec quelques autres assemblée et nouée par un joli ruban bleu ou rose que l'on appelle une faveur !

Faveur ? Désolée tu n'en as eu aucune de la part de cet individu qui déclare ne pas avoir de mémoire, l'enfoiré ! Ceci n'est pas dû à sa mauvaise foi, vu qu'il n'a pas non plus de bonne foi pour agir de la sorte.

AEV 2324-11 Maryvonne - Aldo Macione

 J'ai une théorie : je pense qu'il y a de la part de Paolo à un acte manqué. Il se dit : « Déjà que Giambattista est marié et qu'une petite peste de 19 ans s'intéresse à lui, c'est beaucoup pour un seul homme !». Paolo, lui, est célibataire et il se dit qu'il n'y a pas de justice et retient la lettre dans l'espoir d'annexer pour lui-même cette jeune Caroline.

Ça lui tourne un peu la tête et après avoir tergiversé, il se retrouve un peu honteux, parce qu'au fond c'est un brave garçon et aujourd'hui il habille sa honte en oubli. Le mot « chéri » dans cette lettre agit comme un mantra qui lui fait tourner les sangs.

Il apprend par cette missive que son copain est très libre. Le con ? Et bien son subconscient lui envoie : très libre ? Alors il ne fera pas longtemps avant d'en trouver une autre. Pourtant ce qui le fait enrager c'est « Qu'est-ce qu'il a de plus, ce rital, qu'un mec comme moi ? ».


AEV 2324-11 Maryvonne - RitalMais ta phrase qui le tue c'est « Je ne sais quand cette lettre t'arrivera, cela dépend de Paolo ». Eh bien jamais ! Paolo décide la censure, ainsi cet amour illicite ne sera pas.

Ce n'est pas qu'il se joue en père « La morale » mais simplement en jaloux et la jalousie peut pousser à de mauvaises actions.

Aujourd'hui le temps à passé, il a un peu honte en pensant qu'il a peut-être fait couler des larmes et qu'une belle histoire a sombré par sa faute.

Il essaie de se racheter en partageant avec nous cet échec mais il aura beau faire et beau dire : cette missive restera une lettre morte.

5 décembre 2023

La Lettre / La Licorne

 

 "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"...disait Arthur. 

C'est vrai. C'est l'âge des premières amours, de celles qui vous fendent le coeur en deux, en quatre, en huit...et qu'on n'oublie jamais. 

C'est l'âge où les filles tracent des lettres aussi rondes que leurs joues d'adolescentes, l'âge où elles font aussi des bulles sur les i, parce que c'est plus joli...l'âge où elles sont romantiques et encore innocentes, souvent.

C'est l'âge où les garçons veulent avoir du succès, l'âge où ils veulent montrer aux copains qu'eux aussi, ils ont des flirts, des conquêtes, l'âge où ils collectionnent les filles comme ils collectionnaient les billes...il n'y a pas si longtemps.

Alors, quand, à la sortie du lycée, la voisine de Paolo a glissé une enveloppe dans sa main en lui disant tout doucement : "Donne-la à Giambattista, s'il te plaît...c'est important", Paolo n'a pas trop écouté ce qu'elle disait...il a surtout vu ses yeux de biche et son sourire de miel, son cerveau s'est brouillé et il est rentré chez lui en serrant la lettre très fort.

Dans sa chambre, il a déchiré l'enveloppe et il a lu les mots. Dès le début, il s'est rendu compte de son erreur. "Cher Giambattista ! ". Bien sûr...ce n'était pas pour lui...c'était toujours pour le beau JB que leur coeur battait. C'était toujours lui dont la boîte à lettres s'emplissait de mots doux, tandis que la sienne restait désespérément vide.

Cette fille, il la connaissait à peine. Il l'avait croisée plusieurs fois dans les couloirs, mais il aurait été incapable de dire comment elle s'appelait. D'après la signature, c'était Coralie. Bizarre, cette signature, d'ailleurs. Elle finissait en "sac de noeuds"...sûrement une fille à problèmes.

Le message était d'une mièvrerie confondante. "Je te regarde pendant les cours et chaque jour, je t'aime davantage. Maryline m'a dit que tu lui avais dit que tu trouvais que j'avais de jolies lèvres. De celles qu'on a envie d'embrasser. Moi aussi, j'ai envie de t'embrasser."

Ah, les filles ! Toutes plus "nunuches" les unes que les autres. Mais quand même, il a de la chance, JB. Moi, avec mon acné et mes lunettes, je ne fais rêver personne. Si ce n'était pas mon meilleur pote, je la jetterais à la poubelle, cette lettre pleine de sentiments sucrés. Mais, bon, je ne peux pas lui faire ça. Je vais l'appeler :

"Allô , Mme Facchini ? Oui, vous pouvez me passer Giambattista, s'il vous plaît ? Merci à vous ! Bonne soirée, Madame. Allô, JB ? C'est Paolo. Dis, y'a une fille qui m'a donné un mot pour toi, à la sortie de la classe. Une brune, avec les cheveux longs. Son nom ? Coralie. Tu ne connais pas de Coralie ? T'es sûr ? Pourtant, c'est ce qui est écrit sur l'enveloppe : "De la part de Coralie", avec un coeur sur le "i".. Que je jette la lettre ? Tu as assez d'admiratrices en ce moment ? Tu ne veux pas t'encombrer d'une greluche de plus ? Bon, ben...écoute, c'est comme tu veux. On se voit demain, au foot, OK ? Oui, j'apporte le ballon. A bientôt, JB !"

Paolo avait jeté la lettre sur son bureau, au milieu d'un tas d'autres papiers. Et puis, le lendemain, la vie avait repris. Le foot, les amis, il avait fourré les papiers dans un tiroir et puis il avait oublié. 

43 ans plus tard, alors qu'il vient de prendre sa retraite, il se dit que c'est le moment de trier la valise dans laquelle il avait entassé, pêle-mêle, ses cahiers et ses notes de lycée. Entre deux pages de philo, il tombe sur une enveloppe jaunie...et en parcourant les lignes, les souvenirs enfouis remontent soudain. La fille...JB...le coup de fil.

Il regarde la signature. Et quelque chose lui saute aux yeux. Caroline ! Le prénom de la fille , c'était Caroline ! Pas Coralie.

Caroline ? Nom d'un p'tit bonhomme ! Mais il connaît une Caroline...qui était au lycée en même temps que lui.

"Dis, chérie...ta soeur, qui est en maison de repos...Caroline oui...tu m'as dit qu'elle avait toujours été dépressive. Mais en fait, elle a commencé quand exactement ... sa dépression ? Ah.....l'année du bac ? Un chagrin d'amour ? Dont elle ne s'est jamais remise ? Pourquoi je te demande ça ? Oh, comme ça. Je me demandais..."

(Remarque : Je n'ai pas tenu compte du contenu intégral de la lettre, un peu trop explicite à mon goût. J'ai préféré imaginer autre chose,  juste à partir de la photo,  ça laissait plus de place à l'imagination...)

5 décembre 2023

Incognito-incognita / Jean-Paul

AEV 2324-11 JK - Very bad tripPaolo a raconté l'histoire de la lettre retrouvée à son épouse, Dame Sophia. Elle a bien ri, elle aussi.

Parce que Paolo est du genre hypermnésique, à se souvenir des noms des rues de Rome, des numéros des chambres d'hôtels où ils ont séjourné, des noms des personnages de romans, toutes ces données bien inutiles dont elle-même ne s'embarrasse absolument pas.

Or voilà que pour une fois Paolo est pris en flagrant délit d'oubli total ! Elle espère juste que ça ne va pas tourner au « Very bad trip 1, 2, 3 ou 4 » parce que tous les gens auxquels il raconte cette histoire se font un malin plaisir de l'accuser de tous les maux ou, tout simplement, de lui poser des questions qui l’enfoncent dans sa culpabilité.

- Est-ce qu'il y avait une enveloppe ? Peut-être y a-t-elle inscrit au dos son nom et son adresse ? a demandé Anna-Francesca.

- Et alors, si c'était le cas, je lui renvoie la lettre quarante-trois ans après, à la fille, en lui demandant de m'excuser parce que je ne l'ai pas transmise ? Et aussi une copie à Giambattista avec l'expression de ma penauditude - ça existe ? - devant ce forfait incompréhensible et pourtant peut-être décisif ?

***

AEV 2324-11 JK - Passe ton bacMais d'abord résumons les faits : Coralie, 19 ans, va passer son bac. Si elle le réussit elle aura le champ libre pendant les vacances et ira rejoindre Giambattista, « homme marié mais très, très libre » qu'elle a envie d'embrasser. Sauf qu'il y a 222 kms qui les séparent et « des impondérables ». Le plus embêtant des impondérables est ce Paolo qu’elle a chargé de faire passer sa lettre à Giambattista.

Quarante trois ans après Paolo retrouve la lettre au fond d'une valise et découvre qu'il n'a plus aucun souvenir de cette Coralie !

***

De la même manière que Marcel Proust est devenu le « maître-étalon » de la littérature bourgeoise contemporaine - mais de nos jours toute littérature est bourgeoise, l’autre terme de l’alternative étant le rap ou la chanson française écrite en anglais - le mètre étalon de la sagesse, pour Paolo, c'est Sophia.

Ce qui l'a rassuré c'est qu'elle a décrété, à l'emporte-pièce comme bien souvent, « Le passé, c'est le passé ! On ne revient plus dessus ! »

C'est vrai que Sophia n'a pas entreposé de valise de vieux papiers dans le grenier commun. A part des cours de psychologie et des bouquins du même domaine il n'y a rien de son passé à elle là-haut hormis trois disques de Joan Baez.

Quelquefois quand elle va chez son père, elle trouve des vieilles photos d'elle et ça ne lui fait rien, si elles ne lui plaisent pas, de les déchirer.

Mais Paolo n'est pas ici pour raconter sa vie ni celle de son épouse. A part cette histoire de lettre retrouvée et cette lubie de conserver des tas de photos, d'enregistrements sonores et cette valise d'avant le déluge, son existence à lui est trop simple, trop linéaire pour qu’on en tire de la littérature.

AEV 2324-11 JK - Gloria Lasso- Giambattista, a demandé madame Éliane, combien de divorces ?

- Moins que Gloria Lasso !

Madame Maryvonne, elle aussi, a gardé des lettres et quelquefois elle renvoie le paquet entier à son expéditeur ou expéditrice. Elle aussi farfouille dans son grenier et a retrouvé récemment un discours de départ en retraite qu'elle a écrit mais n'a pas prononcé. Alors, quinze ans après, elle l’a envoyé au récipiendaire qui lui a répondu dans le même style sincère mais amusant. Tous ces profs ont des lettres et sont très sympathiques !

Paolo est tellement noyé dans son mystère qu'il devrait envoyer cette lettre non au récipiendaire mais au récipient de flotte en lui disant qu'il ne comprend goutte ! Mais finalement il a écouté Sofia. Il s'est allongé sur le divan des filles à l'atelier psy. Il a raconté l'histoire, elles se sont bien moquées de lui et la semaine prochaine on parlera d'autre chose.

De toute façon avec la cassette numéro 4 de son frère il a trouvé encore mieux comme mystère. Mais c'est quoi cette musique de clavier funèbre ? Ça ressemble furieusement, si on peut dire, à un concert de musique planante comme « Cyborg » de Klaus Schulze et ça semble jouer du violoncelle ! C'est le magnéto qui déconne ou quoi ? La bande qui tourne à l'envers ? Même en accélérant grâce à Audacity la vitesse de l’enregistrement numérisé, ça ne ressemble en rien à ce qu'ils jouaient ensemble autrefois.

L’idéal - et c'est ce dont rêve Sophia - ce serait de le vider sans regarder ce qu’il contient, ce grenier. Parce que c'est terriblement mort ou mortifère, tout ça. Même sur les photos de classe, même dans la liste des gens avec qui on a fait de la musique, si on va interroger Internet avec leur nom, on s'aperçoit que certains d'entre eux sont déjà passés de vie à trépas, dont un à l'âge de 55 ans. Ça a un petit côté vraiment attristant, tout ça.

C'est pour cela que lors d'un prochain voyage de Sophia Paolo ira remettre la lettre de Coralie dans la valise. Par vice, il cherchera son enveloppe éventuelle et il priera. Il priera pour que la jeune fille ait eu son bac, qu’elle ait est rencontré un autre homme, marié ou pas, qui l'aura rendu heureuse et pour qu'elle soit maintenant une sexygénaire épanouie. Il priera pour qu’elle ait oublié ces deux jeunes crétins de Giambattista et Paolo. Ça devrait être d'autant plus facile à faire qu’elle n’a plus de lettres ni de l’un ni de l'autre dans son propre grenier !

AEV 2324-11 JK Eglise-San-Giovanni-e-Paolo-et-la-place (1)
 L'église San Giovanni e Paolo à Venise

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28 novembre 2023

Consigne d'écriture 2324-10 du 28 novembre 2023 : Soixante-quatre cases

Soixante-quatre cases

 

Cette ville nouvelle été construite à l’image de certains quartiers de la ville de New-York. Neuf avenues rectilignes s’y croisent à angle droit, délimitant ainsi soixante quatre blocs d’habitation ayant la forme d’un carré parfait.

Utilisez les noms des quartiers et des personnages qui suivent pour raconter une tranche de vie à l’intérieur de cette ville.

La partie française - La partie anglaise - La rue du Fianchetto - Le Boulevard Traxler - Le quartier letton - La Tour blanche – La Découverte - La rue de Steenwijk - Restaurant de la Fourchette royale – Café de la Régence - Le square Tartacover - La statue du grand Turc automate - Le Pré catalan - L’Avenue de la Volga - La place de Budapest - Le Grand roc - L’Immeuble Gambit-Roi - La Casa Rossolimo - L’Orang-outan, café associatif – La piscine de l’Hippopotame – La M.J.C. Diagonale.

La Sicilienne - La Scandinave - La Hollandaise - Monsieur Nimzovitch - Madame Philidor - Monsieur Larsen - Monsieur Tarrasch - Madame Staunton - Monsieur Bird - L’évêque noir - Le cavalier Pieuvre - Emilie Paulsen - Sabine Maroczy - Miguel Najdorf - Robert Fischer - Gaby Marshall - Caro(line) Kann – Sophie Alekhine - Mlle Frauke Grünfeld - Olga Tchigorine - Marc Taïmanov, pion empoisonnant - Le docteur Hérisson.

Vous pouvez nous parler par exemple de Coralie qui se prépare à passer son bachot et est amoureuse d’un homme marié, de Mitsumasa, peintre japonais de passage, de Laure Manaudou venue disputer une compétition à la piscine Bogolioubov, du café « Le Diapason » où l’on joue aux échecs au son des concerts de rock ou de tout ce que vous voudrez bien imaginer dans ce cadre.

litterature

Illustration de Jonathan Wolstenholme

28 novembre 2023

La Vie cachée de Caroline Kann / Anne J.

Elle consulta son planning pour la journée et poussa un gros soupir. Ça allait être une grosse journée, comme bien souvent. Caroline Kann tenait depuis quelques années avec son ex-mari Robert un central de taxis et même dans une petite ville comme Tolérance, c’était beaucoup de travail. Mais Caroline aimait ce travail qui lui faisait rencontrer toutes sortes de personnes et fréquenter tellement de lieux emblématiques dans sa ville adorée. Pour rien au monde elle n’aurait habité ailleurs ou fait un autre métier.

Bon à 9h, il fallait récupérer Madame Philidor à la piscine de l’Hippopotame, comme tous les lundis et jeudis matin. C’était le moment réservé aux personnes corpulentes, voire plus, et la plupart d’entre elles y allaient sur prescription de leur médecin. Caroline sourit en pensant à la grosse madame Philidor en maillot probablement trop petit pour contenir sa masse. Allongée sur le dos elle devait faire penser à une baleine ; heureusement qu’elle ne s’appelle pas Madame Phildefer, pensa-t-elle en pouffant mais quelle chance que la piscine soit aussi possible pour ces personnes là.

AEV 2324-10 Anne J

A 10h, elle passerait devant la statue du grand Turc et fredonnerait inévitablement la marche turque de Mozart, un de ses morceaux préférés ; ça la mettait toujours de bonne humeur et c’était absolument nécessaire avant de retrouver Madame Staunton et Mr Bird à la MJC Diagonale . Ils étaient drôles ces deux-là : ils faisaient mines d’être juste de bons amis mais tout le village savait que Mr Bird quittait sa maison la nuit tombée pour rejoindre la petite maison de madame Staunton d’où il repartait le matin en faisant mine de lui avoir emprunté le journal. Ils s’étaient rencontrés au cours de gym douce de la MJC où ils soignaient tous deux des troubles de l’équilibre et de la marche liés à un début de maladie de Parkinson. Ma grand-mère aurait dit qu’ils sucraient les fraises ! Mais Dieu qu’il fallait de la patience pour attendre qu’ils montent dans la voiture et s’installent. En plus ils se faisaient des politesses style « Après vous, chère amie » « Mais non passez le premier je vous en prie » etc.

Avec tout ça il serait déjà presque midi, Caroline prendrait alors la rue du Fianchetto , celle où elle avait rencontré Robert qui titubait après une soirée arrosée à 1h du matin et qui avait alors vomi dans son taxi comme un malpropre. Le lendemain il était venu s’excuser avec un bouquet de 50 roses et un sourire tellement charmeur qu’elle avait succombé. Robert était un homme charmant quand il n’avait pas bu mais hélas il buvait assez souvent et Caroline avait fini par le mettre dehors.

AEV 2324-10 Anne J

La rue du Fianchetto conduisait à la Casa Rossolino tenue par le clan des Siciliens et une mamma sicilienne qui faisait des pizzas à damner tous les saints de Sicile ; Caroline les adorait mais ne s’en autorisait qu’une par semaine, sinon c’est sûr on finirait par la retrouver le lundi à la piscine de l’Hippopotame

Puis ce serait le moment d’une petite sieste bienfaisante avant de rejoindre l’école scandinave et les 3 petits Nimzovitch, 2 filles et un garçon qui habitaient en dehors du village et que leurs parents avaient inscrits dans cette école révolutionnaire où on faisait cours dehors par tous les temps et où il n’y avait pas d’autre salle de classe que les bois et les champs alentour.

Les petits Nimzovitch rentrés chez eux, Caroline s’accorderait une pause avenue de la Volga où se réunissait sa chorale préférée qui ne chantait que des chants russes transposés à l’octave supérieure car il n’y avait que des femmes pour chanter ces hymnes au grand Staline malheureusement écrits pour les basses profonds des cosaques.

AEV 2324-10 Anne J

A 20h, elle rejoindrait ses copines Gaby, Olga et Sophie au restaurant de la Fourchette Royale Elles y finiraient la soirée en compagnie du cavalier Pieuvre, de l’évêque noir, et du docteur Hérisson à raconter des ragots sur les habitants de Tolérance , à jouer au « 6 qui prend » et à siroter de la vodka géorgienne de contrebande.

On avait écrit « les malheurs de Sophie » mais qu’il était bon d’écrire « les bonheurs de Caroline » à moins que ce ne soit «  La vie cachée d’un chauffeur de taxi à Tolerance » !  

28 novembre 2023

Une Ville atypique / Marie-Thé

Une ville détruite par des bombardements a été reconstruite à l’image de certains quartiers de la ville de New-York. Les rues sont rectilignes et les immeubles d’habitation ont la forme d’un carré parfait.

Chacun de ces blocs possède une singularité marquée par ses habitants ou bien par ceux qui y ont séjourné. On peut découvrir la partie française, la partie anglaise, le square Tartacover et bien d’autres quartiers encore.

AEV 2324-10 Marie-Thé - Foujita

C’est dans cette ville atypique que Mitsumasa a choisi de venir en résidence pendant une année. L’architecture droite et sans fioritures semble convenir à ce peintre japonais.

Dans le quartier Letton, au 2e étage de la 9ème rue, vit Coralie, dans un studio d’étudiant. Elle est amoureuse, fume du shit et a bien du mal à se concentrer sur le programme du bachot qu’elle doit passer dans quelques mois.

Elle se rend chaque semaine à la piscine de l’Hippopotame. C’est là qu’elle rencontre Mitsumasa et qu’il lui demande de devenir son modèle.
Ils se retrouvent chaque semaine dans la piscine après une séance de pose. Ensuite, Mitsumasa emmène Coralie dîner au restaurant de la Fourchette Royale avant d’aller dans son appartement pour faire ce que font tous les amoureux, c’est-à-dire dormir ensemble.

C’est la belle vie pour Coralie qui, de ce fait, ne travaille pas beaucoup et vit sur un petit nuage. « Je partirai avec Mitsumasa au Japon à la fin de l’année, c’est sûr ».

AEV 2324-10 Marie-Thé

Un jour qu’elle passe devant le café Diapason en revenant de ses cours, elle le voit attablé face à un Asiatique, le Docteur Hérisson, bien connu dans la ville pour sa médecine basée sur l’acupuncture. Ils font une partie d’échecs au son d’un concert de rock. Mitsumasa lui sourit lorsqu’elle entre et s’assoit à côté de lui.

A la fin de la partie, ils discutent de choses et d’autres, en particulier de l’art de vivre du Japon et le Dr Hérisson demande à Mitsumasa si sa femme n’aurait pas eu envie de l’accompagner dans son voyage.

Coralie se décompose. Elle ne savait pas que Mitsumasa avait une famille !

Blessée, elle renverse le jeu d’échecs, crie à tue-tête « Tu es un traître !». La musique s’arrête. Les clients se taisent et regardent Coralie. Pour ne pas montrer ses larmes, elle quitte le café Diapason en claquant la porte comme dans un film tragique.

Il a fallu à Coralie quelques semaines de repos pour digérer cet affront et sa déception.

Et puis, aidée par ses amies de la fac, elle a retrouvé une vie normale et s’est remise à préparer sérieusement son bachot.

28 novembre 2023

Ville nouvelle / Maryvonne

Dans cette ville nouvelle, nous pourrions penser que les habitants sont froids et distants, venus ici pour être parfaitement des inconnus les uns pour les autres.

Au contraire, l'instinct grégaire boosté par ce nouvel environnement a été amplifié. Chacun a voulu explorer les nouveaux lieux de chaque quartier. C'est ainsi que l'évêque noir a voulu faire un prêche depuis la tour blanche. Il s'est exprimé en termes hauts en couleur et a ravi l'assemblée très colorée. Personne n'a ri jaune même à ses propos un peu verts.

Au restaurant de la Fourchette royale Olga Tchigorine, la Scandinave, a voulu goûter la sauce hollandaise et est tombée en même temps sous le charme du grand Turc. Ils sont partis bras dessus-bras dessous vers la piscine de l'Hippopotame où ils ont eu la surprise d'y trouver Laure Manaudou à l’entraînement. Forcément à quartier moderne piscine moderne, elle est venue essayer.

Dans la partie française, au café associatif, Monsieur Larsen est venu écouter de la musique. Il a rencontré Gaby Marshall, une soprano colorature qui connaît bien l'évêque noir et évidement ça tisse des liens.

- Mais alors vous connaissez aussi Monsieur Bird qui chante comme un rossignol ?

- Mais oui nous avons fréquenté ensemble le Diapason, un cours de chant, en arrivant dans cette ville nouvelle.

Dans l'entrefait le docteur Hérisson est est arrivé ; il a voulu saluer Gaby Marshall qui est une de ses patientes, mais celle-ci l'a snobé, tout affairée à faire connaissance avec Monsieur Larsen.

AEV 2324-10 Maryvonne - paella

Du coup ça a mis Hérisson en boule et il est parti en disant « Puisque c'est ça je vais retrouver Margaret Staunton dans la partie anglaise. Ça fait longtemps que j'ai envie de l'inviter à La Casa Rossolimo pour une bonne paella au riz noir, vous savez avec de l'encre de seiche et des toutes petites pieuvres bien grillées. Nous allons nous régaler et tant pis pour Gaby, cette Castafiore de pacotille. Si elle en pince pour Larsen, très bien ! Cette histoire me rebat les oreilles.

Après s'être bien régalés en sortant du restaurant, ils ont croisé Olga et le grand Turc qui sortaient de la piscine. Le Docteur Hérisson, bien allumé par le bon vin qu'il a bu avec la paella a reconnu Olga qui est aussi une de ses patientes. Le voilà qui entonne
la chanson, les bras grand ouverts :
« Olga , ma p'tite bonne femme mon radada !
mais t'es revenue du Nebraska, Youpie !

Le grand Turc n'a pas aimé mais Olga a éclaté de rire et c'est à quatre qu'ils sont partis au café de la Régence boire une dernière coupe de champagne, dans la partie Française forcément ! 

28 novembre 2023

Adrienne s'amuse / Adrienne

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