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L'Atelier d'écriture de Villejean
17 janvier 2023

Tas de plumes / Anne-Françoise

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10 janvier 2023

Ami crapaud / Anne-Françoise

Je t’aime, crapaud,
Amour de batracien
Qui me visites chaque soir dans mon jardin.
J’attends ta venue, impatiente,
Curieuse de chaque bruit, chaque son
Qui se manifeste dans l’herbe, discrètement.

AEV 2223-15Anne-Françoise - princesse-crapaud 01 rose

J’aime t’écouter
Approcher dans l’ombre,
Distinguer ta présence et ton attention.
Crapaud, ma préférence,
Chante ce soir à la lune
La complainte de la mélancolie des cœurs !

Rappelle les aventures et les amours
Dramatiques de Roméo et Juliette,
Ces amants des clans en guerre !
Rappelle l’amour impossible
De Cyrano pour Roxane
A cause de cette disgrâce qui le handicape tant !

AEV 2223-15Anne-Françoise - princesse-crapaud 01 vert

Car tu sais crapaud
Ce que les obstacles font souffrir,
Toi qui subis ta laideur depuis toujours.
Ce que Carmen, Yseult, Quasimodo et tous les amoureux
Traversent dans de difficiles épreuves,
Tu ressens, tu comprends.

A l’innocent ange Cupidon
Retourne la flèche, retourne l’inconséquence,
La blessure qui inflige des douleurs ,
Martyrise le cœur ;
Personne ne soigne ce mal,
Ni ne peut y apporter de guérison.

AEV 2223-15Anne-Françoise - princesse-crapaud 03

Crapaud chéri de mon cœur
Viens encore ce soir !
Mon cœur en souffrance attend que doucement
Tu le consoles, lui, triste,
Lui, affreusement malheureux, effroyablement
En perdition, en errance… Il se réchaufferait
A ton amitié toujours, chaque soir, chaque nuit…
Je suis à toi, fidèlement.

AEV 2223-15Anne-Françoise - princesse-crapaud 02

3 janvier 2023

Amazone : Anne-Françoise

AEV 2223-14 Anne-Françoise - Amazone

A cheval sur sa tristesse
L’amazone s’en va.

A la nuit tombée,
Elle part galoper
Dans l’immensité
Pour derrière elle laisser
Les méchantes méchancetés.

Minuit est arrivé
Elle a franchi le fossé
Vers la nouvelle année.

Elle a continué, a avancé…

Quand l’aube s’est réveillée,
Son cœur était léger.

Elle est entrée dans un bois, a pris un sentier
Elle a senti les branches la caresser
Elle a écouté les pas du cheval étouffés
Elle a respiré l’humidité
Elle a vu les gouttelettes sur les toiles d’araignées.

A l’oreille, le vent lui a doucement murmuré :

- Nous voici au pays de 2023
Dont je suis le roi
Maintenant c’est à toi
D’aller chevaucher la joie.

6 décembre 2022

Royal ! / Anne-Françoise

Groupe d'enfants redonnais à Noël

J'ai eu l'honneur d'être dans la même classe que Charles, longtemps prince Charles et désormais roi.

AEV 2223-12 Anne-Françoise - Charles

On le reconnaît aisément, tout à droite sur la photo, visage allongé, oreilles décollées, sourire princier, tout en discrétion, pantalon de velours côtelé et pull uni. Evidemment il y a le nœud papillon qui le distingue de ses camarades de classe. Les autres garçons sont assis par terre dans des positions qui manquent de distinction. Un a une épaule relevée et tire sur sa manche, un autre lorgne ses voisins en remontant ses genoux, un autre avance un bras et fait le dos rond, un autre encore a l'air plus intéressé par ce qui se passe ailleurs.

Charles debout derrière au bout de la rangée pose sobrement les deux bras le long du corps et fixe dignement, quoiqu'un peu tristement, l'objectif. Il faut dire que Charles va peu avec les garçons qui jouent au foot, demandent un camion de pompier à Noël et vont à la pêche aux grenouilles l’été. Charles vit autre chose à l'intérieur du palais quand il n'est pas en pension. Il est si seul, il suffirait juste d'un ami. Il s'adapte tant bien que mal et finit par disparaître quand on appelle les garçons de la classe. Il préfère la compagnie des filles tout en restant distant.

Moi, la princesse Ann, ai aussi sagement les deux bras le long du corps dans ma belle robe blanche. J'arbore un très discret sourire princier quand deux de mes voisines montrent malencontreusement leurs dents. Ma cousine, duchesse Charlotte, en veste Chanel et jupe plissée bleu marine, se tient comme il se doit, légèrement en retrait par rapport à moi, les deux mains dans le dos.

Mon petit cousin, baron William, tient simplement son rang derrière une petite fille qui semble fumer un mégot ou tirer la langue. Notre mère la reine et mon père ainsi que mon oncle et ma tante respectivement duc et princesse nous ont envoyés en France durant une année pour nous familiariser avec les mœurs de la population locale, des bourges et des ouvriers ou habitants des campagnes avoisinantes. Nous y sommes donc allés incognito. Ça a été une expérience enrichissante pour nous. Aujourd'hui nous n'avons plus rien en commun avec eux sinon peut-être un peu de nostalgie en évoquant la photo de classe devant le sapin et un pauvre Père Noël.

A quoi pensait Charles au moment cette photo ? A sa petite voisine qui racontait souvent des fariboles ? A son couronnement en l'an 2000 ? A ceux qui regarderaient plus tard cette photo en disant « Il a vraiment une gueule de bon élève ! » ?

29 novembre 2022

Eulalie ou l'Art de flatter les bizarreries. 8 / Anne-Françoise

Eulalie 2022-07-10 - Nikon 4

Eulalie avait fait de longues études, surtout pratiques, qu'elle avait achevées par une thèse sur les vieilles filles acariâtres. Elle avait un fabuleux sujet d'étude en la personne de Léonie.

Cette dernière était fort soucieuse de sa santé. Elle observait précisément ses moindres mots, analysant ses symptômes, en recherchant les causes et les moyens de guérir. Elle méprisait tous ceux qui n'avaient pas sa science et son expertise en médicaments et, de fait, avait fort peu de compagnie. Elle appréciait donc les visites dominicales d’Eulalie, elle-même célibataire endurcie qui avait la patience de l'écouter, le don de la rassurer sur son avenir et la capacité à la distraire.

Eulalie avait beaucoup de qualités mais pas celle d'être ponctuelle. Léonie s'impatientait douloureusement au fur et à mesure que la vieille horloge égrenait les minutes et sonnait les heures des longs dimanches qui s'assombrissaient.

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29 novembre 2022

En attendant Eulalie. 5 / Anne-Françoise

Maison_de_Tante_Léonie_à_Illiers-Combray_(1)

Une maison bourgeoise,un dimanche après-midi. Léonie échange avec Françoise, la bonne qui a l'air bien bonne d'écouter la précieuse tante Léonie.

Léonie attend Eulalie à l'heure des vêpres. Elle s'inquiète de la pluie qui menace à la fois ceux qui sont dehors mais aussi pour son intérieur à elle vu qu'elle a des soucis de digestion qu'elle pense être liés à la météo. Elle prend un médicament tout en ouvrant son niveau de messe. Elle lit les textes sans les comprendre vu qu'elle se préoccupe d'abord de l'efficacité de ses gouttes... et les gouttes de pluie se font entendre sur les carreaux.

Léonie entend aussi le grelot de la porte du jardin. « C'est la grand-mère qui sort ! » l'informe la bonne qui ajouté en langage politiquement correct que la grand-mère est « piquée », félée, fada.

La tante Léonie pense que la météo aura empêché Eulalie. Elle attribue ce mauvais temps au Bon Dieu qui se venge du manque de foi du monde. En bref, le texte évoque des soucis digestifs, météorologiques et religieux. Le ciel est tombé sur la tête de la tante Léonie !

22 novembre 2022

Simone et Séraphin / Anne-Françoise

40 05

Samedi, c’est la fin de la semaine ! Super, super, super !

Simone est une sage secrétaire sténo-dactylo pendant la semaine. Ce samedi, elle fait les sacs en sifflotant : shorts, sandales, lunettes de soleil, sudokus et scrabble dans l’un ; sardines en boîte, saucisson, salami, salade et Saint-Nectaire pour faire des sandwichs dans un autre, savon, shampooing, serviette et sèche-cheveux dans un troisième. De son côté, Séraphin a laissé sa salopette sale de serrurier (et ses soucis !), souhaitant souffler pendant ce séjour en Saône et Loire.

En voiture, Simone ! Ils ont quitté la Sarthe sous la pluie ce matin sans stress, après une bonne nuit de sommeil. Il était 7 h 66 mn et soixante-sept secondes. Ils sont dans un doux songe en écoutant une sonate de Schumann.

Après quelques heures de route dans le silence, Séraphin stationne après un bois de sapins. Plus loin, un scout fait de l’auto stop. Ils sortent de la voiture sous le soleil et s’étirent. Séraphin souffle et s’allonge dans l’herbe. Il se laisse submerger par la nature sauvage. Il sent le parfum de la sauge, de la sarriette et du serpolet. Simone cueille des soucis, sursaute quand une salamandre se glisse entre ses cuisses et qu’une sauterelle s’ébroue dans sa chevelure avant de sauter sur les cèpes.

Séraphin est séduisant, Simone est splendide ! Elle regarde sérieusement Séraphin, il la trouve si sexy… Un sentiment de sérénité et de sensualité les saisit et les submerge… C’est sublime !

Ils vont s’allonger sous un saule pleureur. Ils se susurrent des mots sucrés. Ils savourent, en retirant leurs strings, un moment d’amour qui n’est pas que spirituel ! On entend des soupirs de satisfaction, des sons surprenants. Soudain, un sanglier surgit et stoppe la scène. Ils se séparent, surpris de cette envie saugrenue, un peu sonnés.

Aujourd’hui, Séraphin a soixante-dix-sept ans et Simone soixante-seize. Ils se souviennent en souriant de cet instant sur une nationale 7 bien sympathique ! 

8 novembre 2022

Le Chiffre des choses / Anne-Françoise

Ce texte sur le chiffre des choses commence avec ce constat : il manque des lettres, des lettres pour des noms et des prénoms. Sinon, comment expliquer que le Petit Poucet n’ait qu’un surnom ? Peut-être à l’époque n’existait-il que des chiffres pour exprimer les choses ?

Laissons le père de Poucet nous raconter le début de l’histoire :

AEV 2223-08 Anne-Françoise le-petit-poucet 2

- Charles, mon aîné, est issu de mon premier lit, Pierre, mon fils, est issu de mon second lit, Eva de mon divan, Sébastien de mon pouf, Jules de mon canapé, Auguste de mon fauteuil et Poucet de la table de la cuisine. Eva était bien un garçon mais comme ma femme voulait une fille, on a pris un prénom féminin pour lui. Poucet n’avait pas de prénom, on n’a pas pris la peine d’en chercher, ce sont ses frères qui l’ont surnommé ainsi…


Quelques années plus tard, avec toutes ces bouches à nourrir, on a revendu le premier lit, le divan, le pouf, le canapé, le fauteuil et même la table de la cuisine vu qu’on n’avait plus rien à manger…

Poucet était un drôle d’enfant. Il ramassait tous les cailloux qu’il trouvait et les numérotait. Le soir, à la place du repas, il nous racontait des histoires avec ses cailloux. Je me souviens d’une qui disait : « J’ai pris le 4 pour Sète, on est passés par Troyes, on a mangé un œuf… ». D’autres fois, il chantait : « 7 un fameux 3 mâts… 7 à boire à boire à boire… ». Ça nous évitait de penser à nos ventres qui criaient famine. Pour nous qui n’avions rien, une seule chose était nécessaire : tout et tout manquait.

Avec ma femme, nous avons décidé d’abandonner nos enfants dans la forêt mais nous n’avons pas vu que Poucet déposait ses cailloux numérotés tout au long du chemin. Et le soir même, tous les enfants sont rentrés à la maison alors que ma femme et moi mangions du pain dur… Pour dissimuler le malaise, Poucet a inventé une histoire de 7 de table, de 7 de tennis, de 7 nains et nous nous sommes tous couchés…

Le jour suivant, nous sommes allés dans un autre coin de la forêt et vous connaissez la suite de l’histoire : les miettes de pain mangées par les oiseaux, l’ogre et Poucet avec les bottes de 7 lieues…

Aujourd’hui, ma femme et moi sommes à l’EHPAD du Bois joli, mes fils sont boucher, pâtissier, éleveur de brebis, maraîcher, apiculteur et céréalier…

Comme vous pouvez le voir sur la photo, Poucet a bien vieilli mais pas beaucoup grandi. Il fait toujours la collection de cailloux qu’il continue à numéroter, il les emmagasine dans son château et il écrit des chansons : « 7 un beau roman, 7 une belle histoire… 7ait un p’tit bonheur que j’avais ramassé… 7 une maison bleue… Y’a qu’un ch’veu sur la tête à Mathieu… »

Et il s’est choisi un prénom ! Il s’appelle Justin.

11 octobre 2022

Pénélope câline / Anne-Françoise

2022-07-10 - Nikon 7

Pénélope câline le réveil matin. Elle prend l’objet froid qui l’a tirée de ses rêves et le glisse avec elle sous la couette. Elle pense à la journée qui s’ouvre. Que sera-t-elle ? Lumineuse ? Monstrueuse ? Amicale ? Difficile ? Rigolote ? Tristounette ? Surprenante ? Il est l’heure de se lever. Elle entend une cavalcade dans l’escalier. Ses filles sont déjà réveillées. Elle fait une toilette rapide, met un peu de maquillage, s’habille : pantalon, chemisier et descend au rez-de-chaussée.

Pénélope câline Violette et Rose qui, postées devant la télé, gloutonnent avidement des dessins animés. Elle prépare le petit déjeuner : céréales, chocolat, confiture de mirabelles, jus de pamplemousse. Elle va réveiller Blanche et lui donne son biberon. Plus tard, elle dépose Violette et Rose à la garderie de l’école et donne un dernier baiser à Blanche en la remettant dans les bras de l’assistante maternelle. Elle part travailler.

Elle est infirmière stagiaire au service des urgences de l’hôpital, un drôle de microcosme qui donne un aperçu de la réalité de la société… Pénélope câline un enfant qui pleure. Elle lui retire son pull-over. Le médecin diagnostique une appendicite. Pénélope téléphone pour que l’enfant soit transféré et opéré. Plus tard, elle accompagne un ado qui a fait une mauvaise réception après un saut. Le métatarse est fracturé. Puis c’est un homme arrivé par l’ambulance des pompiers qu’il faut prendre en charge : suspicion d’infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral. Toute la journée se déroule à un rythme effréné : SDF qu’on a retrouvé divaguant, trompettiste délirant, adolescent alcoolique, tentative de suicide, hématomes, saignements, migraineux, douloureux, chirurgie, abdomen, désespoir, perfusion, inconscient, bistouri, euphoriques, examen, abattus, pansements… Pénélope encourage, soigne, console, tente d’apporter du réconfort, sait aussi se montrer autoritaire si besoin… En fin de journée, Pénélope câline un vieil homme agité. Elle lui chantonne de vieilles ritournelles qui le bercent et finissent par déclencher l’esquisse d’un sourire. Elle est épuisée.

2223-05 Anne-Françoise - La Hulpe Fondation Folon_1_

Le soir est venu. Son mari a récupéré ses enfants. Pénélope rentre chez elle et se fait câliner par Frédéric, son chéri. Quand la maisonnée est endormie, elle reste dans le canapé avec une infusion de camomille. Elle regarde le ciel étoilé, avec l’envie de s’envoler, histoire de se libérer des émotions et de la fatigue de la journée. Elle écoute un peu de musique, n’importe quoi pourvu que ça la fasse voyager : une sérénade, un opéra, un concerto, des percussions africaines… L’âme apaisée, elle va se réfugier dans son lit, accepte les ronflements réguliers de son mari. Elle rêve d’océans, de libellule, de crépuscules orangés, de vol au vent, de mots en liberté s’échappant d’un dictionnaire sous un alizé sucré qui l’emmène dans une atmosphère douce et légère dans laquelle elle se love puis se déploie en liberté…

4 octobre 2022

Le Facteur / Anne-Françoise

2223-04 Facteur colorisé devant graff oiseau

Y’a d’la rumba dans l’air, la casquette de travers
L’instantané spontané, être là en simplicité

Factures et formulaires, sacoche en bandoulière
Et un petit courrier qui donn’ bien des idées

En baie d’Somme un séjour, une aventure, un amour
L’esprit du préposé s’met à vite galoper

Il s’imagine au grand air avec au loin la mer
Tenir la main d’une belle, l’enlacer au naturel

Vivre un amour passionné, voir la magie opérer
Tout c’qu’il a pu rêver, oui, va se concrétiser

Il plane, il s’envoie en l’air, le joyeux fonctionnaire
Un sourire à l’idée de c’bonheur profiter

La rue d’la liberté, l’ami des PTT
Au milieu d’sa tournée, s’est bien loin envolé !

***

2223-04 Consigne Facteur filigrane kaléidoscopeA Paris, l’insulaire ne pense à rien. Il distribue le courrier dans le brouhaha de la ville. Il trouve une petite enveloppe parfumée qui lui fait battre le cœur. Il imagine des mots, des regards, de la passion… Il se sent amoureux. Il imagine encore, ferme ses oreilles, voit des paysages, de vastes étendues de sable, de mer, de ciel et une belle demoiselle. Dans sa tête, c’est la fête, son cœur s’emballe dans une fanfare qui le fait chavirer de bonheur…

Il rouvre les yeux, la magie s’est volatilisée. Il est seul, sur le trottoir noir. Ce courrier, il faut le distribuer. Une boîte aux lettres cannibale avale les désirs et espoirs du préposé qui remet le nez dans sa sacoche pour poursuivre sa tournée. Il est triste. Son amour est victime d’un cruel sabotage ! Il veut oublier… Il se dit, pour se venger et se consoler : « Cette enveloppe, c’était sûrement une salope ! ».

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