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L'Atelier d'écriture de Villejean
7 novembre 2023

Devinette 3 de 4 / Anne-Françoise

AEV 2324-07 Anne-Françoise 3 bis

Est-ce un défaut anatomique ? Une jambe plus courte que l’autre ? Une scoliose ? La tête trop lourde ?

Est-ce un problème psychologique ? Une difficulté à regarder la vie bien en face ? Une volonté d’amadouer ? La confession d’un penchant inavouable ?

La dame ne repose pas bien sur ses fondations. On lui a pourtant pris des tas de clichés. Mais peut-être faut-il faire davantage d’examens encore ?

Elle a fait un tour en Italie avant de s’y établir, un pis-aller peut-être ?

Mais peut-être qu’il faut lui laisser ce charme.

La dame s’incline sans doute respectueusement devant ceux qui l’admirent ?


Qu'est-ce que c'est ? Réponse (cliquez ici, maintenez enfoncé et tirez la souris vers la droite) : La Tour de Pise

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7 novembre 2023

Devinette 4 de 4 / Anne-Françoise

AEV 2324-07 Anne-Françoise 4

J’ai fait un drôle de sport ce matin quand j’ai découvert mon pare-brise gelé. J’étais pas bien heureuse mais ça m’a réchauffée ! Dire que d’autres font ça sur le sol, avec un balai pour jouer à la pétanque avec des espèces de cocottes en fonte ! Je ne comprends pas qu’on puisse leur décerner une médaille aux JO. Moi, je n’ai reçu aucun prix après avoir gratté mon pare-brise !


Qu'est-ce que c'est ? Réponse (cliquez ici, maintenez enfoncé et tirez la souris vers la droite) : Le curling

17 octobre 2023

Lou et Charles-Henri / Anne-Françoise

Lou

Lou partait au travail dès 7 h 30 du matin. Elle attendait le dernier moment pour se lever, attachait ses cheveux, enfilait une salopette, avalait son petit déjeuner debout et quittait son HLM. Elle rentrait en toute fin d’après-midi, ouvrait les persiennes et se tenait à la fenêtre d’où elle regardait les enfants jouer sur le parking. Elle se reposait là chaque soir de sa dure journée de travail après avoir retiré sa salopette maculée de peinture et enfilé une salopette propre. Elle aimait ce moment où les habitants se rencontraient et se parlaient dehors ou à leurs fenêtres.

Portrait de DiegoJacques-Henri avait des origines bourgeoises qu’il assumait mal… tout en profitant bien de ses avantages. Il préférait qu’on l’appelle Diego mais personne ne l’appelait ainsi ! Il habitait chez ses parents une maison moderne sur pilotis qui tournait avec le soleil. Ce pavillon de 1000 m2 avait une piscine au sous-sol et toute la domotique dernier cri. Un immense portail avec vidéo et reconnaissance faciale était le passage obligé pour avoir un lien avec l’extérieur. Peu de gens entraient donc chez Jacques-Henri qui avait peu d’amis. Son père était PDG d’un grand groupe financier. Il ne parlait que profits, exonération d’impôts, sociétés écran et paradis fiscaux. Sa mère tuait son ennui en faisant refaire la décoration de sa maison. Elle faisait changer ici un sol, là une tapisserie, là encore réaménager le salon au gré des saisons, des tendances ou de ses envies.

C’est ainsi que Jacques-Henri avait un jour croisé Lou. Elle marchait derrière un peintre qui portait un escabeau et avait elle-même de gros seaux de peinture au bout de chaque bras. D’autres suivaient et se dirigeaient vers la chambre d’amis du rez-de-chaussée. Celle qui comprenait une salle de bains, un dressing et un espace sport. Jacques-Henri fut intrigué par cette fille. Ne fait-elle pas un métier réservé aux hommes ? Est-ce son mari qu’elle suit ou qu’elle précède ? N’aurait-il pas dû lui proposer de porter les seaux ? A quel moment pourrait-il lui parler ? Une fille comme elle pourrait-elle l’aimer ? Car lui était déjà amoureux. Le soir, il entrait dans la chambre d’amis. Il soupesait les pots de peinture, caressait les pinceaux et rouleaux, respirait cet air qu’elle avait peut-être elle aussi respiré, posait ses mains sur les murs qu’elle avait peut-être repeints. Il décida de la suivre pour savoir où elle habitait. Il regarderait le portail, lirait le ou les noms inscrits sur la boîte aux lettres. Il irait avec son appareil photo pour garder trace de tous les détails qui pourraient lui échapper lors de sa visite.

Lou remarqua le curieux manège du jeune homme qui passait et repassait devant la chambre d’amis. Pendant un après-midi entier, il prit des photos dans le jardin, photos de la maison et surtout de cette pièce où elle travaillait. Un soir, Lou vit qu’il entrait dans sa voiture de sport rouge au moment où elle et les autres peintres rejoignaient leurs fourgons. Elle vit dans le rétroviseur qu’il les suivait. La voiture rouge fit une pause à une centaine de mètres de l’entreprise. Elle s’aperçut que le jeune homme de bonne famille prenait le même train de banlieue qu’elle, avec des lunettes noires. Elle rentra chez elle sans plus prêter attention à lui.

Le lendemain, en ouvrant ses persiennes comme d’habitude en rentrant, elle vit le jeune homme qui se cachait derrière un muret. Le jour suivant, elle monta chez sa voisine du dessus d’où elle put l’observer, posté au même endroit que la veille, l’objectif de son appareil photo dirigé vers sa fenêtre à l’étage du dessous. Il attendit là longtemps.

Roméo_et_Juliette

Le surlendemain, elle alla le trouver. Il fut pour le moins décontenancé quand il la vit s’approcher de lui. Il lui déclara son amour. Elle en fut d’abord amusée. Elle fut aussi étonnée par ses mots, ses sentiments, sa manière de s’exprimer, comme au théâtre ! Oui, elle fut surprise… et touchée. Elle lui dit : « Écoute mec, j’suis pas love et on n’est pas du même monde tous les deux. Mais si ça t’amuse, pour ce soir, j’suis OK pour être ta Juliette sur mon balcon. Toi, tu s’ras Roméo qui me prends en photo. J’posterai ça sur Instagram, ça m’fra plein de vues ! »


C’est ainsi que débuta une fabuleuse d’histoire d’amour entre Jacques-Henri et Lou.

3 octobre 2023

L'Ane et l'hirondelle / Anne-Françoise

Cet âne aimait l’automne.
Cet âne aimait prendre la plume.
Et surtout, cet âne aimait l’hirondelle.

Cette hirondelle aimait l’automne.
Cette hirondelle aimait prendre soin de ses plumes.
Et surtout, cette hirondelle n’était pas amoureuse de cet âne.

C’était évidemment un drame immense pour l’âne…

Il lui avait proposé de faire un tour en deudeuche. Elle avait refusé.

Il lui avait proposé de prendre un pot et de faire sauter le bouchon. Elle avait refusé. 

Il lui avait proposé d’aller voir un match de tennis ou de basket. Elle avait refusé. 

Il était allé voir son amie Maya qui était aussi une amie de l’hirondelle. Il espérait qu’elle vole à son secours en parlant de lui et de son amour. Ça n’avait pas marché.

De sa plus belle plume d’âne pas analphabète, il lui avait écrit de tendres poèmes, de jolies histoires, d’émouvantes déclarations d’amour. Elle l’avait soigneusement ignoré, snobé, méprisé. Il était blessé. C’était un âne anéanti.

Chaque automne, les hirondelles se réunissaient sur les fils électriques en vue de leur grand voyage vers les pays chauds. Elles arrivaient peu à peu. Lorsqu’elles étaient suffisamment nombreuses, elles figuraient comme des notes sur une portée. Le vent soufflait alors une douce mélodie qui leur donnait le signal du départ.

Cette année-là, notre hirondelle arriva sur le fil dès le 1er septobre. Les jours et les semaines passèrent… Le 96 septobre, elle était toujours toute seule. L’écureuil s’était enfermé avec ses noisettes, le hérisson s’était blotti dans un amas de feuilles, l’escargot avait trouvé une pierre et s’était recroquevillé dans sa coquille, Maya l’abeille ne quittait plus sa ruche.

Seul l’âne sortait encore dehors. Il aidait la maraîchère à transporter ses citrouilles, allait de la forêt au bûcher pour emmener du bois ou des fagots, accompagnait les enfants sur le chemin de l’école…

Et chaque jour, il voyait l’hirondelle, seule sur son fil, sans aucune mélodie à venir… Un matin, il sortit son poste de radio. Il tenta plusieurs stations mais l’hirondelle ne s’envola pas. Il était inquiet pour elle. Il savait que les grands froids allaient arriver et qu’elle n’y survivrait pas.

Un matin, il la trouva inanimée sur le sol, les ailes gelées. Il la recueillit chez lui. Il fit un grand feu pour la réchauffer. Il lui donna des miettes de pain et tout ce qu’il put trouver. Elle était bien faible mais réussit à survivre ces quelques semaines. Pendant ce temps, il prit des cours de pilotage à l’aérodrome.

Il rédigea, de sa plus belle plume, une lettre au Père Noël. Ce dernier en fut si touché qu’il lui accorda le cadeau qu’il avait demandé. C’était un avion splendide. C’est ainsi que le 25 décembre, l’âne emmena l’hirondelle à bord de son avion vers le sud. Là-bas, elle retrouva toutes ses amies et se refit une santé. Quand le printemps arriva, elle accepta de rentrer en avion avec l’âne. Ils se parlèrent beaucoup au-dessus des terres, des mers et des montagnes. Dans l’infini du ciel, l’hirondelle déposa sur la joue de l’âne un magnifique bécot. Ce beau bec fut le prélude de la plus belle histoire d’amour qu’on n’ait jamais vue entre un âne et une hirondelle.

 

12 septembre 2023

Steven (Le Matos) / Anne-Françoise

AEV 2324-01 Anne F

Dimanche, ce sera la fête des confitures à La Chapelle des Fougeretz. Monique y est responsable du stand crêpes. Elle fait ses achats. Steven, son mari, l’accompagne, ce qui n’arrive pratiquement jamais tellement il a horreur des courses. Il pousse nonchalamment le caddie. Tout à coup, il s’arrête au milieu du rayon et se frappe le front. Étincelle !

- Les allumettes ! Oh, là là, j’allais oublier ! Heureusement qu’tout d’un coup j’pense aux allumettes ! Ouille, j’aurais été bien mal sans les allumettes ! Le con ! Va t’en vérifier les gaz sans les allumettes ! Passque faut qu’je voie tout l’matos. Monique, elle s’occupe des œufs, de la farine, du lait, de l’huile, des poêles, de l’alu, du Sopalin, des serviettes, des gants, des ramequins pour l’huile, des nappes en papier, des éponges… Et moi, j’allais oublier les allumettes, le con ! C’est que les gaz pour faire les crêpes, faut qu’j’les allume tous, voir si ça marche, si c’est OK pour les bouteilles, les feux… Bon, les tuyaux, j’les ai déjà changés c’t’hiver. Faut être aux normes… Bon où c’est qu’c’est qu’y z’ont mis les allumettes ? C’est pas possible, j’les trouve pas ! Sont pas dans l’rayon d’la lessive, pas avec les sacs poubelle, pas du côté du dentifrice. Aargh ! Où c’est qu’elles sont les allumettes ? C’est sûr que Monique va encore m’engueuler si j’fais pas mon boulot ! Fichues allumettes ! A moins qu’j’achète un briquet ? C’est quand même mieux, les allumettes !  

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12 septembre 2023

Christel (Le Pèse-personne) / Anne-Françoise

- Faut qu’j’achète une balance. J’ai trop mangé c’t’été. Oh ben non, les apéros, les barbeucs, les gâteaux, les glaces, les restos, les bouffes et les repas de ceci et de cela… Et comme c’est les vacances, ça dure en longueur, ben on occupe le temps et j’bouffe, qu’est ce que je m’en suis mis ! J’ai pris au moins je sais pas combien de kilos. Dramatique ! J’le sens bien, ça m’serre à la ceinture, aux cuisses, partout ! Non, faut qu’j’achète une balance, une balance qui marche. C’est sûr que ça va être dur quand j’vais monter d’ssus mais faut p’t’êt ça pour que ça fasse électrochoc pour arrêter d’bouffer. Bon, où c’est qu’c’est l’rayon des balances ? »

Christel s’adresse à un vendeur :

- S’il vous plaît, c’est où les balances ?

- Au rayon cuisine, madame.

Elle fait demi-tour avec son caddie et s’arrête.

- Mais dans quoi j’pense ! Il a cru que j’voulais une balance de cuisine !

Elle refait demi-tour et se retrouve dans l’allée centrale. Un homme l’aborde :

- Madame, z’avez pas vu les allumettes ?

- Ben non, et vous, z’avez pas vu les pèse-personne ?

- Ben non.

- C’est pas possible ! Y z’ont dû cacher les pèse-personne derrière les allumettes !

- Ou les allumettes derrière les pèse-personne ?

- Ou les pèse-personne derrière les allumettes derrière les barils de lessive ?

- Ben on n’est pas sortis de l’auberge ! 

AEV 2324-01 Anne-F - Pèse-personne

12 septembre 2023

Michel (Kinder) / Anne-Françoise

- De mon temps, y’avait pas d’Kinder. Pas de barre chocolatée Kinder, pas d’œufs Kinder, pas d’bonbons Kinder, pas d’gâteaux Kinder, pas d’Kinder ! J’sais pas si les gosses d’aujourd’hui y z’y gagnent avec les Kinder passque c’était quand même quelque chose que la tartine beurrée avec 2 carrés de chocolat dessus ! Et quand c’était Mémère qui nous donnait not’ goûter, elle nous mettait pas les carrés, non, elle râpait le chocolat avec son couteau ! Ah ! Les pauv’ gosses d’aujourd’hui, y z’ont pas cette chance-là ! Kinder ? Il est où le progrès là-dedans ?

AEV 2324-01 Anne-F - Tartine contre Kinder

12 septembre 2023

Adeline Duval (Mon p'tit chat) / Anne-Françoise

AEV 2324-01 Anne-F - Ryan Gosling aux yeux de chat

J’ai un p’tit chat. Il est beau ! Sublime ! Magnifique ! Extraordinaire ! J’pensais pas qu’on pouvait aimer son chat autant qu’ça. Je l’ai appelé Ryan Gosling.

Passque j’adooooore Ryan Gosling mais je pourrai jamais le lui dire, ni le voir, ni le toucher, ni l’embrasser, rien. Alors comme maintenant, Ryan Gosling c’est mon p’tit chat, ben j’peux lui donner un peu de lait, le cajoler, le prendre dans mes bras, le caresser. Alors que l’autre, à part dans mes rêves, c’est compliqué. Et je ne sais même pas qui a les yeux les plus beaux : mon chat Ryan Gosling ou mon idole Ryan Gosling ? Si j’ai un enfant un jour, il aura un prénom composé, il s’appellera Ryan-Gosling, Ryan-Gosling Duval.

Quand même, avoir un p’tit chat, c’est très bien mais avoir un p’tit chat qui s’appelle Ryan Gosling, c’est quand même le comble du bonheur !

Bon, c’est où le rayon des croquettes pour chat ? 

7 février 2023

L’Elfe et la sardine / Anne-Françoise

 

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Elfe 2

Il y avait une immense forêt.

Dans cette forêt, une futaie de hêtres.

Dans cette futaie, un ruisseau.

Au bord du ruisseau, une taupinière.

Sur la taupinière, un champignon.

C’était là le magnifique palais de l’elfe Gontran 1er.

Un beau jour d’été, il décida de découvrir ce qu’il y avait au-delà de la forêt. Il fit appel à un pigeon voyagiste. Gontran 1er embarqua donc sur les ailes de l’oiseau. Le décollage s’effectua sur un petit pont qui franchissait le ruisseau.

Après quelques heures de vol, le pigeon atterrit sur un rocher d’une petite île au milieu de l’océan. C’était une toute petite île qui ne figurait sur aucune carte vu qu’elle n’avait pas encore été découverte. C’était une île déserte.

Gontran 1er commença par se reposer sur la plage, profitant du soleil qu’il ne goûtait que rarement sous son champignon. Il sortit ensuite sa pelle, son râteau et son seau pour se bâtir un palais : il n’avait malheureusement repéré aucune taupinière ni aucun champignon où il pourrait loger. Le soir, pour se délasser, il alla se baigner. Il apprécia la chaleur de l’eau : celle de son ruisseau était plus fraîche mais meilleure au goût lorsqu’il voulut s’en abreuver. Il nagea la brasse, le crawl et le papillon.

Il fit la planche et ressentit alors de drôles de mouvements dans l’eau. Il y avait là une sardine, aux hanches qui ondulaient langoureusement. Elle avait de longs cils noirs (elle lui apprit plus tard qu’elle avait un mascara waterproof qui était top). Ce fut un coup de foudre pour Gontran 1er. Elle s’appelait Aline. Ils parlèrent longtemps ensemble. Il la regardait avec des yeux de merlan frit, il était séduit par ses yeux de biche.

De retour sur la plage, il traça dans le sable un cœur transpercé d’une flèche. Il y inscrivit les initiales de leurs deux prénoms : Gontran Aline.

AEV 2223-19 Anne-Françoise - Aline 2

Il chercha au fond de son sac et sortit son xylophone rose. Il interpréta un adagio joué piano puis « la Truite » de Schubert qui firent bondir de bonheur le cœur d’Aline. Elle l’invita à finir la soirée avec lui : « Je connais une petite boîte très bien. On y retrouvera toutes mes copines. On risque d’y être un peu serrés mais le patron est aux petits oignons pour nous… ». Gontran 1er et Aline dansèrent toute la nuit. Gontran voulut aller plus loin mais Aline lui dit « Arrête, arrête ! ». Ils passèrent une semaine formidable. Aline lui fit découvrir les beautés de l’île et de l’océan. Gontran 1er, qui rêvait de lui passer la bague au doigt, lui offrit un collier de nacre et coquillages qu’il fabriqua lors des nuits d’insomnie où elle se refusait à lui.

Ils se quittèrent, sans serments ni promesses. Lui avait le mal du pays ; elle voulait rester dans l’océan. Le pigeon voyagiste vint le récupérer. Il retrouva son champignon et ses amis de la forêt.

De temps en temps, il se rappelle Aline, ce bel amour de vacances. Quand il a le cœur trop lourd, il trace sur le sable de la berge du ruisseau son doux visage qui lui souriait et il crie « Aline ! » pour qu’elle revienne.

Mais Aline n’est jamais revenue.

31 janvier 2023

Bain de Lune / Anne-Françoise

AEV 2223-18 Anne-Françoise - Bain de lune

L’année passée, le 22 mars au soir, il m’est arrivé quelque chose d’extrêmement singulier.

Devinez de quel jour il s’agissait le 22 mars 2022 ? C’était un mardi. Et devinez où j’étais ce mardi 22 mars 2022 de 18 h 30 à 20 h 30 ? A l’atelier d’écriture !

Je trouve extrêmement singulier qu’un animateur d’atelier d’écriture se demande ce qu’il a donné comme consigne dix mois avant alors que lui-même consigne ses consignes sur son blog… Bref !

J’avais écrit ce soir-là un texte avec une farandole de situations irrationnelles avec de drôles d’hurluberlus. Je suis donc rentrée chez moi ensuite. J’ai dû prendre mon repas, passer un ou deux coups de fil et me préparer à aller me coucher.

J’ai ouvert la porte de ma chambre. Eh ben surprise : y’avait plus de chambre ! La porte s’ouvrait sur l’extérieur ! Oh ben zut alors ! Où qu’c’est qu’il est mon lit ? Et mon polochon ? Et ma couette ? Comment que j’vais faire pour dormir ?

J’ai cherché un peu dehors pour voir si ma chambre ne s’était pas déplacée un peu plus loin mais je ne l’ai pas retrouvée. Je me suis demandé si ce n’était pas un coup des habitants de mes rêves qui n’auraient plus voulu de moi comme colocataire. J’ai questionné l’ogre, le vampire, le nomade, les princesses, les crapauds, les vers de terre, les sept nains, le tapis volant et l’élixir de la lampe magique. Ils m’ont assuré qu’ils ne m’avaient pas subtilisé ma chambre et, que de leur côté, ils trouvaient ça pas mal d’être dehors.

Je me suis résignée. Comme il faisait nuit, je me suis dit que j’irais à la recherche de ma chambre le lendemain, quand le jour serait levé. Je suis allée prendre un fauteuil dans mon garage qui, lui, se trouvait toujours à l’endroit habituel et je me suis allongée. J’ai râlé : c’était pas confortable, j’avais pas mon polochon, j’aurais sûrement un torticolis le lendemain ; j’avais pas ma couette : j’aurais un rhume ; je pouvais pas lire vu qu’il n’y avait plus de livre sur ma table de chevet et que c’était une nuit d’encre. J’ai rangé mon fauteuil dans le garage.

AEV 2223-18 Anne-Françoise - Baignoire de Snoopy

Quand je suis ressortie, une pleine lune brillait et éclairait une magnifique baignoire opaline avec des pieds en forme d’œufs dorés. Ce sont les lapins qui ont été étonnés, et moi encore plus qui n’avais jamais vu de lapins dans mon jardin, des lapins réunis en colloque autour de la baignoire et regrettant qu’il n’y ait pas de carottes à l’intérieur ! Moi, ça m’arrangeait plutôt qu’elle soit vide et j’y suis donc entrée. La lune a alors envoyé un rayon avec une eau parfumée à l’illusion avec une mousse qui a débordé et dans laquelle les lapins ont nagé et joué à saute-mouton tandis que les étoiles faisaient des galipettes dans le ciel. Je me suis rappelé que j’avais écrit quelques heures plus tôt à l’atelier d’écriture : « La nuit, je dors sur mon balcon : ça s’appelle des bains de lune ». Vous avouerez que c’est extrêmement singulier au vu de l’aventure que j’étais en train de vivre dans ma baignoire. Les lapins riaient aux éclats et poussaient des « Youpi ! Youpi ! » en plongeant dans la mousse qui donnait un spectacle enneigé et flottant au jardin.

J’ai passé une nuit magnifique, une belle nuit à la belle étoile, une nuit dont je n’ai pas vu la fin.

Le matin a été plus difficile : je me suis retrouvée dans ma chambre, dans mon lit, la tête posée sur mon oreiller et avec ma couette qui me recouvrait. Le radio-réveil m’envoyait de sombres informations du monde où il était question de baston, de manifestations et de baratin chez les zoulous : un flot de méchant galimatias qui me ramenait cruellement à une drôle de réalité !

Ma chambre n’a plus jamais disparu. Je n’ai plus jamais revu les lapins. J’ai semé des graines de carottes qui n’ont jamais voulu pousser. Mais j’ai retenu la leçon de cette nuit-là : j’écris toujours n’importe quoi à l’atelier d’écriture !

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