Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
27 septembre 2022

Hubert-Antoine / Anne-Françoise

Hubert-Antoine vivait heureux. Il habitait un petit quartier sympathique de l’Ouest de Rennes. Il était nudiste, comme la plupart des propriétaires du lieu. Il n’y avait guère qu’une ou deux demoiselles avec des robes rouges à pois noirs, un ou deux autres avec des tenues rayées jaunes et noires et un Apollon qui se distinguaient. Hubert-Antoine était nu comme un ver. En fait, Hubert-Antoine était un ver, de terre.

Il y avait aussi Huguette, qui était toujours habillée. Autrefois, elle avait pris soin de son jardin, semant, binant, taillant. Mais elle était maintenant trop vieille et ne se déplaçait plus que difficilement avec sa canne. Hubert-Antoine avait pris le relais, cultivant le petit potager d’Huguette, labourant ici et là. Il faisait quelques escapades dans les jardins avoisinants, dégustant chez celui-ci une fraise, chez celui-là un bout de carotte et une belle feuille de salade chez cet autre. Il lézardait ensuite un peu au soleil avant d’aller se coucher dans sa maison en terre. C’était la belle vie !

L’automne arriva. De grosses pluies délugèrent sur le petit jardin. Huguette sortit de chez elle pendant une accalmie. Elle chuta sur le sol rendu glissant. Huguette, qui n’était ni casse-cou ni casse-pied, ô comble de l’ironie, se cassa le col du fémur droit, le col du fémur gauche, le col de l’humérus droit, le col de l’humérus gauche, le col de l’utérus droit, le col de l’utérus gauche, le col du Tourmalet, le col chic et la binette. Bref, elle cassa sa pipe. Elle rendit l’âme dans un dernier soupir où Hubert-Antoine perçut un faible « Je me casse !», soupir que le vent violent de ce jour-là emporta funestement… Hubert-Antoine en fut très triste mais n’eut pas trop le loisir d’y penser, occupé qu’il était à écoper le sous-sol de son logis qui était inondé. Huguette fut mise en terre, ce qui fit plaisir à Hubert-Antoine, dans un autre jardin où il y avait trop de cailloux de l’avis des copropriétaires de son potager qui lui rendirent régulièrement visite.

Dixit O 05

Un jour, un homme vint arracher toutes les mauvaises herbes chez Huguette. Sans ménagement aucun, il s’attaqua à la terre, il sortit son arme et bêcha avec ardeur. Il ne vit pas Hubert-Antoine qui se trouvait là et le coupa en deux ! Il y avait maintenant Hubert d’un côté et Antoine de l’autre. Ils pansèrent leurs plaies, prenant soin de leur ex-copropriétaire de corps. L’homme planta plus tard salades, radis, courgette, fraises, carottes et autres légumes encore. Hubert et Antoine n’eurent plus à voyager aussi loin pour se nourrir, ce qui tombait bien vu que leurs capacités de déplacement avaient été considérablement réduites depuis l’accident.

Dans l’espace resté libre entre les petits pois et les framboises, Hubert aida Antoine à se reconstruire une petite maison puis ce fut Antoine qui aida Hubert à faire de même juste en face.

Hubert et Antoine apprirent à se découvrir, à composer avec leurs caractères différents, à se respecter, à s’apprécier. Le week-end, un invitait chez lui, le week-end suivant, c’était chez l’autre.

Ils vécurent heureux, ne se marièrent pas et n’eurent pas d’enfants.

Publicité
Publicité
17 mai 2022

Dix départements / Anne-Françoise

Il pleuvait à Morlaix (29). Le ciel était aussi gris que le pont.

Je suis restée coincée dans les bouchons à Valence (07) sur l’A7 dans une voiture sans clim' un samedi de juillet. Vive les vacances !

A côté de Montargis (45), je suis allée sur la déchèterie des émaux de Briare.

Je me souviens du château de Montdidier (ou de ses ruines) (81) en haut d’une colline.

A Saint Omer (62), il cuisinait et était en train de mettre du fromage dans une casserole de bière chaude. Il m’a demandé si ça me convenait pour le repas. J’ai refusé très poliment en exprimant intérieurement un « Beurkkkkkkk ». [Cette spécialité du Nord de la France s’appelle des « welshs »]

J’ai habité un petit studio (et ce n’est pas un euphémisme) à Paris 5ème entre La Sorbonne, le Panthéon et Notre Dame.

Je me souviens des tas de betteraves à sucre dans d’immenses tristes champs entre Soissons et Laon (02).

J’ai pris un pot à la Taverne de l’Ours à Troyes (10). Je n’ai pas mangé d’andouillette.

J’ai marché sur les écritures de la place des Ecritures à Figeac (46)

J’ai eu un coup de cœur pour l’alliance du vert sombre du Tarn et celui profond de la végétation avec les maisons de briques et tuiles rouges à Albi (81).

2122-29 Anne-Françoise figeac_226042

17 mai 2022

Retrouvailles ? / Anne-Françoise

krapov_au_violon

Mais si ! Je me souviens de lui ! Je me souviens de tout : comment j’étais habillée ce jour-là (et même les jolis sous-vêtements que j’avais choisis), un mauvais air de violon qui s’échappait d’une fenêtre curieusement ouverte et l’envie de ne pas être sérieuse puisque c’était le jour de mes 17 ans.

J’avais joué avec lui sur la plage de Bray-Dunes lorsque nous étions enfants. Je m’étais questionnée en le voyant allongé sur un banc à Saint-Malo : son admiration pour Rimbaud l’aurait donc poussé à mener la même vie que lui ? Mon cœur s’était serré…

A La Rochelle, avec un petit groupe de copains, nous avions choisi le camping le moins cher (nous étions jeunes et avions peu d’argent). Nous n’avions pas été bercés par le doux clapotis des vagues mais par les bruits infernaux des poids lourds déchargeant leurs cargaisons dans la zone commerciale !

Et je le retrouvais là, en rade… Il ne m’a pas vue. Tonnerre de tonnerre dans mon cœur ! Que fallait-il faire ? J’étais tétanisée. Je montais des scénarios impossibles où le hasard viendrait provoquer notre rencontre. Je me voyais marchande de galettes, infirmière qui le soignerais pour ses pieds plats, éditrice de manuscrits pour diffuser sa remarquable écriture, violoniste, vendeuse de nougats de Montélimar et de bergamotes de Nancy…

Mais le hasard dormait encore dans la brume ce jour-là. Le crachin cracha mon chagrin.

Je ne l’ai jamais revu.

J’habite toujours Brest, dans un pré vert. Je m’appelle Barbara. 

22 février 2022

G comme Gondolier / Anne-Françoise

tn9802

Il y a très longtemps, dans la nuit de la nuit des temps, un gondolier est venu à Rennes.
Il a imploré le ciel et adressé une supplique secrète à la nuit rose et violette.
Les poissons de la Vilaine, les jolis poissons roses, verts et dorés sont venus orner sa robe à crinoline.

Mais pendant la soirée, le gondolier a décidé qu’il ne tiendrait pas sa promesse faite à la nuit céleste, il ne relâcherait pas les poissons.

Le toit de l’hôtel de ville a rougi de colère : si l’on pêche ainsi, que restera t’il aux Rennais pour se nourrir et pour rêver en regardant les poissons de la Vilaine sauter hors de l’eau pour y replonger aux beaux soirs d’été ?

« Rame, rame, gondolier, va t’en ! » ont dit les habitants. « Nous ne voulons plus écouter ton chant. Tu as capturé tous les poissons verts, roses et dorés de la Vilaine, il n’en reste plus, notre cœur pleure dans la rue. »

Gondolier à l’habit éclatant et chamarré a baissé les yeux.
Il a vu à ses pieds des milliers de visages malheureux.
Il a vu sur sa robe tous les poissons tourner, cherchant à s’échapper.
Il y en avait beaucoup, il voulait les garder, il est parti, loin, attristé, pour oublier…
Longtemps, la lune lui a parlé…

Il a relâché ses prisonniers dans les rivières, les fleuves, les lacs et les mers.
Les poissons volants ont ensuite tous rejoint l’océan.
Ils ont fait la connaissance des tortues, des hippocampes, des dauphins et de plein d’autres animaux marins…

Oui, l’âme en peine, gondolier a quitté Rennes.
L’âme toute chagrine, il a retiré sa crinoline.

Il a délaissé jaune, rose, rouge, vert et s’est vêtu d’une marinière.
Il est allé sous d’autres cieux chanter pour les amoureux.
En passant sous le pont des Soupirs, il soupire
En pensant aux beaux poissons qui nageaient dans la prison de sa robe à crinoline, à l’eau rouge sanguine.

A Rennes, les beaux poissons, on ne les voit plus. Ils ne sont jamais revenus. La Vilaine ne sourit plus.

5 janvier 2022

Simone et Séraphin

40 05

Samedi, c’est la fin de la semaine ! Super, super, super !

Simone est une sage secrétaire sténo-dactylo pendant la semaine. Ce samedi, elle fait les sacs en sifflotant : shorts, sandales, lunettes de soleil, sudokus et scrabble dans l’un ; sardines en boîte, saucisson, salami, salade et Saint-Nectaire pour faire des sandwichs dans un autre, savon, shampooing, serviette et sèche-cheveux dans un troisième. De son côté, Séraphin a laissé sa salopette sale de serrurier (et ses soucis !), souhaitant souffler pendant ce séjour en Saône et Loire.

En voiture, Simone ! Ils ont quitté la Sarthe sous la pluie ce matin sans stress, après une bonne nuit de sommeil. Il était 7 h 66 mn et soixante-sept secondes. Ils sont dans un doux songe en écoutant une sonate de Schumann.

Après quelques heures de route dans le silence, Séraphin stationne après un bois de sapins. Plus loin, un scout fait de l’auto stop. Ils sortent de la voiture sous le soleil et s’étirent. Séraphin souffle et s’allonge dans l’herbe. Il se laisse submerger par la nature sauvage. Il sent le parfum de la sauge, de la sarriette et du serpolet. Simone cueille des soucis, sursaute quand une salamandre se glisse entre ses cuisses et qu’une sauterelle s’ébroue dans sa chevelure avant de sauter sur les cèpes.

Séraphin est séduisant, Simone est splendide ! Elle regarde sérieusement Séraphin, il la trouve si sexy… Un sentiment de sérénité et de sensualité les saisit et les submerge… C’est sublime !

Ils vont s’allonger sous un saule pleureur. Ils se susurrent des mots sucrés. Ils savourent, en retirant leurs strings, un moment d’amour qui n’est pas que spirituel ! On entend des soupirs de satisfaction, des sons surprenants. Soudain, un sanglier surgit et stoppe la scène. Ils se séparent, surpris de cette envie saugrenue, un peu sonnés.

Aujourd’hui, Séraphin a soixante-dix-sept ans et Simone soixante-seize. Ils se souviennent en souriant de cet instant sur une nationale 7 bien sympathique ! 

Publicité
Publicité
1 janvier 2022

Voeux pour 2022 / Anne-Françoise

Avec cette fin de 2021, morose,
On a besoin de mots roses
Pour se réconforter
Et aborder la nouvelle année…

Pour 2022, je vous souhaite des mots

Pas de mots de tête ni de mots de dents, non,
Des mots, doux de préférence,
Des petits mots, surtout pas des gros (à laisser dans les bouches dégoût),
Des mots en lettres minuscules :

Le petit « et » pour vous relier à d’autres et profiter ainsi de mots croisés

Le petit « ou » pour vous ouvrir des possibles et vous donner le choix de ce vers quoi vous voulez aller, des mots fléchés…

Le mot avec la seule lettre majuscule M pour aimer et être aimé (et pas seulement de lettre aimé…)

Des mots magiques qui vous ouvrent vers l’ailleurs, l’aventure, l’imagination, les histoires…

Des mots dans de belles lettres à votre adresse

Des mots à danser, à rire, à chanter, des mots-coquillages à récolter sur la page

Des mots à coucher sur le papier

Des mots à faire chahuter dans les histoires, supercalifragilisticexpidélilicieux !

Des mots à réveiller quand le silence dort

Des mots choisis, avec délicatesse…

Des mots et merveilles
Vents et marées…

La plage a pris sa plume et se joint à moi
Pour vous souhaiter une bonne année…

Voeux Anne-Françoise

25 décembre 2020

Voeux pour 2021 / Anne-Françoise

AEV 2021-12bis Anne-F - Voeux 1

AEV 2021-12bis Anne-F - Voeux 2

AEV 2021-12bis Anne-F - Voeux 3

3 novembre 2020

Mon oncle / Anne-Françoise

Hulot et son jacquot 02 C la Maison de mon oncle partie gaucheMon oncle habite un beau quartier où vivent aussi de belles voitures joliment colorées et bruyantes. Il y a souvent des embouteillages tintamarresques quand le caviste du quartier débouche ses bouteilles de cidre bouché.

Il a un solex qui s’appelle Alex et qui exerce quotidiennement les réflexes de mon oncle. Avec lui, il va partout même au bout de ses rêves les plus fous… Ils ont déjà voyagé en Gastéropodie du sud, au Crapaugreyou oriental et vers les îles de l’archipel d’Olombomopépé. Que c’était beau !

Il a ses quartiers dans un bel immeuble de plusieurs étages, sans ascenseur, avec des escaliers qui ne font pas mal aux pieds surtout depuis qu’il a décidé de les monter avec son solex. Il n’oublie jamais de l’encourager : « Allez, Alex, allez, monte-moi ces trois volées de marches ! En haut, je t’offre à boire un café au lait, tu ne l’auras pas volé, olé ! ».

Au pied de chez lui, il y a Lulu, un gentil lampadaire qui aime faire la causette avec Annabelle la belle poubelle et avec tous les toutous tatoués du quartier qui viennent près de lui se soulager quand ils en ressentent le besoin… C’est beau, l’amitié !

Mon oncle vit seul, sans ma tante qu’il n’a jamais croisée à la croisée des chemins vu qu’il habite en ville et ne prend jamais de vacances 1. Ce qui explique qu’aucune tente ne le tente. Il préfère l’hôtel mais n’aime pas celui près de chez lui, mal fréquenté par des banquiers qui ont l’air de voleurs (à moins que ce ne soit l’inverse).

Mon oncle n’est pas très causant, sauf avec Alex, Lulu et Annabelle. Souvent, aux réflexions qu’on lui fait, il ne pipe mot et fume sa pipe ou joue Rameau au pipeau. Le pipeau, c’est plus pratique que le piano pour jouer de la musique sur un solex. Mon oncle est résolument pratique.

AEV 2021-06 Anne-Françoise Hulot et son solex

Mon oncle remplit chaque jour son attestation dérogatoire de déplacement (ou attestation de déplacement dérogatoire ou déplacement d’attestation dérogatoire ou dérogation d’attestement de déplaçatoire), ah, que c’est compliqué ! Mon oncle est pratique mais a tendance à inverser les choses. Le docteur a dit qu’il était dysalexique  2 , du coup, c’est Alex qui fait les papiers : il ne pédale pas dans la semoule quand il faut avoir le permis de sortir, Alex. A cette occasion, je précise qu’il n’y a pas besoin de permis pour conduire un solex. Curieusement, mon oncle ne se trompe pas de sens pour s’assoir sur son solex (sauf une fois où il a pris un sens interdit !).

Mon oncle fait sa lessive tous les lundis. En plus du pipeau, il joue du tambour de sa machine à laver. C’est assez bruyant mais le résultat est satisfaisant (ou l’inverse). Mon oncle est un musicien pratique. Mon oncle n’a pas de sèche-linge. Il préfère faire comme l’archiduchesse, celle qui avait beaucoup de chaussettes. Il met son linge à sécher à l’air. Mon oncle a l’air d’être écologique dans ses pratiques.

Hulot et son jacquot 02 D la Maison de mon oncle partie droite de la page 1

Mon oncle a suspendu son fil à linge au-dessus de la rue. Le lundi, il suspend ses chaussettes et des parapluies pour éviter que les passants goûtent les chaussettes qui gouttent (le jus de chaussettes de mon oncle persiste au lavage). L’ennui, c’est que mon oncle suspend les parapluies à l’envers… Le mardi, c’est pour le reste de son linge. Le mercredi, il met des lampions qui s’allument la nuit venue et qu’il enlève le jeudi. Le vendredi, il accroche des banderoles des commerçants du quartier qui font leurs réclames : « Pieds de cochons aux goûts tout mignons chez votre boucher préféré », « Des babas aux prix les plus bas à la pâtisserie Dupain », banderoles qu’il retire après le marché du samedi. Le dimanche, il accroche des cloches, clochettes, grelots qui tintent au moindre coup de vent et donnent un air de fête à la rue qui accueille un concert de klaxons le reste de la semaine…

C’est ce même fil à linge qui lui permet d’effectuer sa sortie quotidienne. Pas besoin d’utiliser 3 ou 4 étages plus bas le passage pour piétons pour se rendre au parc des Buttes de Froidmont. Avant de traverser avec Alex, il vérifie juste en regardant bien à droite puis à gauche (ou l’inverse) qu’il n’y ait ni avion ni hélico à passer et, tel un funambule fumant du pipeau sur son fil à linge, file vers les hauteurs du parc dans un petit nuage de fumée s’échappant du tuyau d’Alex tout heureux de s’échapper…
 

Hulot et son jacquot 02 E la Maison de mon oncle partie droite de la page 2

1 Ses magnifiques voyages étaient des voyages professionnels : voyages d’étude onirique pour lui et, pour ce qui concerne Alex, voyages pour l’essence ciel.

2 Un comble pour lui qui est si pratique et plein de bon sens !

13 octobre 2020

L'Atelier d'écriture de Villejean / Anne-Françoise

Mes bien chers scribouilleurs, mes bien chères scribouilleuses de Villejean, de Rennes, de France et de Navarre et d’au-delà,

Je prends la parole devant vous ce soir pour vous inviter à nous rejoindre, nous, les scribouilleurs et scribouilleuses de la salle Mandoline de la Maison de Quartier de Villejean tous les mardis soir de 18 h 30 à 20 h 30.

Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire tout de suite : parce que c’est que du bonheur ! C’est clair !
Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire : parce que j’adore, c’est clair !
Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire : parce que c’est clair… 

Jean-Paul the Boss

Bon, je vais vous expliquer comment ça se passe. D’abord, Jean-Paul, notre chef d’orchestre, nous donne le la : la consigne qui parfois génère des soupirs ou un concert de protestations voire une monstrueuse cacophonie entre ceux qui demandent des explications sur cette consigne, ceux qui estiment qu’elle est trop contraignante et ceux qui pensent qu’elle ne l’est pas assez ! Et Jean-Paul doit donner de la voix pour qu’il n’y ait pas de couac. L’animation bat donc son plein un petit temps, pour la forme, puisque chacun joue ensuite sa partition, silencieusement ou presque, avec son crayon, pour une totale improvisation.

Après environ une heure, Jean-Paul siffle la fin de la création. On passe alors au temps où chacun lit son texte. Et là, scribouilleurs, scribouilleuses, c’est énorme ! J’adore, c’est clair ! C’est juste énorme ! A partir d’une même consigne, on aboutit à des textes très différents.

Parfois, c’est frais, c’est adorable. C’est un quotidien revisité tout en poésie. On savoure, on écoute, on se délecte…

Parfois, c’est décalé, complètement décalé ! Du coup, on sourit. Ce peut être surréaliste et même plus. J’ai envie de demander à mes co-scribouilleurs et co-scribouilleuses de la salle Mandoline comment ils ont pu penser à ça. La fantaisie bat son plein. J’adore !

AEV 2021-05 200929 285 010

D’autres fois encore des textes jouent sur la corde sensible, souvent délicatement, discrètement. C’est l’ADN qui est là, pianissimo, les émotions qui reprennent la main.

D’autres fois, c’est un son de cloches plus revendicatif, une critique sociale, une grogne liée à des événements ou à nos politiques, jeunes loups ou pas, qui nous jouent du pipeau ! Du coup, le rire est plus moqueur.

D’autres fois, j’hallucine ! C’est du grand n’importe quoi ! c’est énorme : jeux de mots, idées folles, situations improbables, tout y passe et même plus, c’est clair ! De quoi placer les scribouilleurs, scribouilleuses de ces textes sous haute surveillance tellement c’est déjanté. Et là, c’est clair, franche rigolade !

Et vers 20 h 30, Jean-Paul siffle la fin de la récréation. Faut-il avoir peur de l’atelier d’écriture de la MQV ? Non ! C’est clair. C’est l’atelier incontournable pour tout scribouilleur, scribouilleuse qui se respecte ou pas. Tout à fait. C’est clair.

Anne-Françoise (2)Après le temps de lecture, il n’y a pas de critique : il ne s’agit pas d’un atelier de travail pour améliorer son écriture en revoyant sa copie. Le but est d’abord de s’amuser, non de viser des progrès dans la rédaction pour un projet particulier. C’est un atelier où on ne risque jamais de fausses notes.
Et comme vous le savez sûrement, tellement les rires dans la salle Mandoline doivent résonner dans les couloirs de la MQV, dans Rennes et bien au-delà, il y a une joyeuse ambiance, les scribouilleurs-scribouilleuses s’entendant comme des larrons en foire. C’est ce qui me donne l’occasion de dire « Merci infiniment » à tous pour ces bons moments.

Alors, scribouilleurs, scribouilleuses de Rennes, de France, de Navarre et au-delà, j’ai envie de dire « Rejoignez-nous »… quand le gngngngnminus aura disparu, pour qu’on puisse dépasser la jauge de 8 !

 

N.B. La jauge est effectivement limitée à huit personnes ces temps-ci à cause du gngngngnminus. 
N.B. Les photomontages sont de Maryvonne. 

6 octobre 2020

L'Alezan / Anne-Françoise

AEV 2021-04 Anne-Françoise - AlezanSur l’azur se détache le pur-sang alezan du sultan

Azur et alezan
Une palette poète
Des couleurs qui se complètent
L’alliance parfaite
Le sable et la mer
L’ambre et le lapis-lazuli
La merveilleuse alchimie

L’alezan se cabre et se cambre
Albatros et gazelle
Derviche et djinn
Folles voltes et arabes arabesques
Puis sans bruit
Dans le désert
Il s’enfuit
Faisant voler le sable
Tandis que tombe la nuit

Dans mon mazagran bleu
Ma cuillère galope, tourne et tourne, envoûtée
Dans les volutes chaudes de mon café
Elle crée et recrée le spectacle et son étrangeté.

Je m’appelle Shéhérazade.

AEV 2021-04 Anne-FRançoise - Shéhérazade

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité