Eulalie ou l'Art de flatter les bizarreries. 8 / Anne-Françoise
Eulalie avait fait de longues études, surtout pratiques, qu'elle avait achevées par une thèse sur les vieilles filles acariâtres. Elle avait un fabuleux sujet d'étude en la personne de Léonie.
Cette dernière était fort soucieuse de sa santé. Elle observait précisément ses moindres mots, analysant ses symptômes, en recherchant les causes et les moyens de guérir. Elle méprisait tous ceux qui n'avaient pas sa science et son expertise en médicaments et, de fait, avait fort peu de compagnie. Elle appréciait donc les visites dominicales d’Eulalie, elle-même célibataire endurcie qui avait la patience de l'écouter, le don de la rassurer sur son avenir et la capacité à la distraire.
Eulalie avait beaucoup de qualités mais pas celle d'être ponctuelle. Léonie s'impatientait douloureusement au fur et à mesure que la vieille horloge égrenait les minutes et sonnait les heures des longs dimanches qui s'assombrissaient.