- Bon, je m’en vais découvrir le monde ! dit Ulysse. Mon île, j’en ai fait le tour pendant des jours et des jours, je veux des aventures, gagner des batailles, devenir célèbre pour des siècles et des siècles. Ithaque et ses petites histoires aussi farfelues les unes que les autres, j’en ai assez !
- Mais moi, Ulysse, qu’est-ce que je deviens ? C’est toujours toi qui te balades ! Je n’ai plus envie de tricoter, de tisser, ni de faire la cuisine. Tu ne t’occupes jamais de Télémaque. Je suis levée toutes les nuits pour les biberons. Nous pourrions partir tous les trois. J’aimerais voir Vierzon, Hambourg, Venise, Paris, et pourquoi pas un détour par Vezoul pour voir ma mère ? Les femmes ne sont plus des bobonnes qu’on laisse à la maison !
- Alors ça, c’est la meilleure ! T’es devenue féministe ? Pauvre Pénélope, tu es née quelques siècles trop tôt ! Ton destin c’est de tisser la nuit en m’attendant et de gérer le château dans la journée. Attention à toi, pas question de céder à tous les freluquets qui ne manqueront pas de t’enjôler en mon absence. Moi, je n’irai pas voir ta mère mais ta soeur, elle est plus séduisante. Puis je partirais pour Troie. Je clamerai : Oyez ! Oyez ! Les Troyens ! Je vous apporte un cadeau. Un cheval gigantesque rentrera sur la place principale. Cachés à l’intérieur, mes guerriers et moi sortirons tous ensemble pour conquérir la ville.
Et puis, si j’arrive à résister aux sirènes, je reviendrai à Ithaque pour retrouver mon royaume et te retrouver toi ma Pénélope.
Furieuse, elle claque la porte et monte dans sa chambre en traitant Ulysse de macho.
Bon c'est une dame russe ou ukrainienne qui s'appelle Ferratovski et qui promène son bébé sur le port d’Odessa.
Mais c'est déjà le souk là-bas en ce début de 20e siècle et il paraît qu'il y a un soulèvement à bord d'un des bateaux.
Alors le tzar a envoyé la troupe qui tire dans le tas de badauds un peu comme de nos jours on fait à Sainte-Soline pour des histoires de flotte là aussi.
Et malheureusement la pauvre Madame Ferratovski se prend une balle en pleine poitrine, s'écroule en haut des marches et elle lâche le landau du petit Ivan - devenu adulte celui-ci fera le récit en chanson de cet événement – qui dévale sous les yeux ébahis d'un nommé Eisenstein les escaliers qui le mènent au pied de la passerelle du cuirassé Potemkine.
Bon alors voilà ! Dans cette famille anglaise des années 1910 les choses n'iraient pas si mal que ça vu que le père travaille à la banque locale, que les deux enfants sont mignons, que ces gens-là ont les moyens d'avoir femme de chambre, cuisinière et nurse pour s'occuper des tâches ménagères et des mômes.
Mais la femme du banquier s'est mis en tête d'adhérer à une espèce de mouvement Dièse m’itou de l'époque et depuis ce jour-là elle passe sa vie à manifester pour obtenir l'égalité salariale entre les hommes et les femmes et même - on rigole bien ! - le droit de vote pour les femmes.
Alors comme la dernière nurse a rendu son tablier on voit débarquer du ciel, carrément, une espèce de nana foldingue au bout d'un parapluie ; elle obtient le poste de gouvernante et fait faire aux deux gamins un tas de bêtises innommables comme danser avec des pingouins, faire les acrobates avec des ramoneurs sur les toits de Londres, galoper sur des chevaux de manège et même provoquer une espèce de crise de 1929 ou des subprimes de 2008 à la banque du père qui, du coup, se fait virer.
Et ce tissu d'hurluberluteries filmées a tellement plu à mes enfants que j'ai dû le voir 26 ou 27 fois, Mary Poppins !
Bon, c’est l'histoire d'un type qui, pareil au commandant à bonnet rouge qui danse le calypso, se couche tôt et, malheureusement pour ses puces, n'arrive pas à trouver le sommeil et donc se tourne et se retourne dans son lit et ce phénomène de non-endormissement dure depuis très longtemps.
Mais le type qui est né sous le signe du cancer ne manque pas d'imagination.
Alors il décide de changer de vie et au lieu de se coller au pieu à huit heures il devient noctambule, se fait inviter chez des aristos de sa connaissance, fréquente des salons bourgeois dans lesquels tout le monde s'extasie devant la musique de Wagner et les tableaux impressionnistes qui représentent les boucles de la Seine, les côtes du Rhône et les paysages verts du Rhin
Et quand il rentre chez lui il consigne dans des récits interminables tout ce qu'il a vu et entendu dans ces soirées ineptes et ses récits de concierge à moustache ont tellement de succès auprès des planqués de la Première Guerre mondiale qu'il obtient même le prix Goncourt et que depuis sa réputation de littérateur confine à la panthéonisation alors que, tout le monde le sait, ce n'est vraiment pas sorcier d'écrire des longues phrases dans lesquelles on se perd car la langue française regorge d'adjectifs précieux, de vocables choisis, de formules alambiquées et même de très gros mots comme « ennuyeux » ou « chiant » ou « nul » mais je me garderai bien pour ma part de les employer à destination de Marcel Proust vu que je suis très content de m'en servir comme tête de turc récurrente.
Bon, c'est un type qui se promène sur une grande avenue à Paris et qui rencontre une fille pas mal avec laquelle il engage la conversation, ayant dans l'idée d'obtenir son 06 et plus si affinités.
Mais la fille ne lui file pas son 06 vu qu'on est dans les années 1970 et que le téléphone portable, le métavers, Tinder, Meetic et Youtube n'existent pas encore.
Alors comme c'est quand même une période plutôt cool avec ambiance musicale Flower Power, Beatles, Rolling Stones, festival de Woodstock et tout ça elle emmène le gars écouter des potes à elle qui jouent de la gratte dans une cave des Champs-Élysées.
Et on se demande bien ce qu’il pouvait fumer à l'époque, Joe Dassin, parce que pour écouter de la vraie bonne musique dans des caves, je suis désolé, mais c'était à Saint-Germain-des-Prés qu'il fallait aller, même s'il n'y avait plus d'après là-bas et pas encore d’after.
Bon, c'est l'histoire d'un petit bonhomme qui porte un prénom ridicule et un nom de légume pas très bien orthographié et en plus de ça, histoire de mettre toutes les chances de son côté, il est belge !
Mais comme il a des petites cellules grises qui travaillent bien il a vite fait de s'acheter un chapeau melon et de se laisser pousser une petite moustache élégante en vue de se fondre dans le milieu ambiant, à savoir l'Angleterre de juste avant et juste après la deuxième guerre mondiale.
Alors comme il est détective on vient lui soumettre des cas criminels invraisemblables comme des cadavres qu'on retrouve dans la bibliothèque du voisin d'en face, des meurtres qui ont lieu dans un train parti de A à 8 h 47 et qui roule à la vitesse de 90 km heure à la rencontre d'une micheline partie de B à 9 h 12, qui ne fait que du 75 à l'heure et il faut calculer à quel endroit du passé la victime à justifié le fait d'avoir été transpercée de 12 coups de couteau et j'oublie le cas le plus compliqué de tous, le mien, car je me suis tellement emberlificoté dans mon délire que j'ai oublié ce que je disais dans le début de ma phrase - à la relecture, c’est bon je peux m’arrêter là et mettre un point.
Et au bout du compte (conte ?) l'autre mystère non résolu est quand même bien celui de la vie affective et sexuelle de ce personnage d'Hercule Poirot que sa génitrice, Dame Agatha Christie, aurait quand même pu acoquiner avec l'autre esseulée de Miss Marple dans un éventuel « Partouze sur le Nil » ou un affriolant « La Médaille d’or du kamasûtra ».
(1) Fatal comme au 17e siècle, « Ma sœur du fil fatal eût armé votre main » c’est-à-dire voulu par les dieux et scellé par le destin et non pas cet autre sens du mot, comme dans ce vers de Mallarmé « J’aimerais être à qui le destin réserve vos secrets. »
Et voilà, en même temps on a répondu aux consignes du devoir de Monsieur le Goût qui s’adaptent fort bien à la pâtisserie, heureusement, vu qu’on n’a rien compris au tableau du jour ;-)
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10 avril 2023 H comme Hockney
Bon, c’est une expo qu’on aurait pu aller voir à Bruxelles, où elle était avant de voyager vers Aix.
Mais pour un tas de mauvaises raisons, ça ne s’était pas fait.
Bon, la porte du jardin était ouverte à la visite et l’Adrienne est entrée pour admirer les arbres, l’arrière de l’hôtel de Gallifet et le mur peint.
Mais elle n’y était pas seule, un homme en chemise blanche, assis sur une chaise de métal, l’a apostrophée d’un « Vous comprenez ce que ce mot veut dire? »
Alors elle lui a dit oui, bien sûr, ça vient d’εἰρήνη, la paix.
Et après avoir répondu à encore trois ou quatre autres questions (C’est la première fois que vous venez à Aix? Vous êtes musicienne? D’où vous venez? Vous restez encore quelques jours?) elle a jugé bon de lui souhaiter une agréable journée et de s’en aller ;-)
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12 avril 2023 J comme Jean-Philippe
Bon, l’accordéon, on connaît, avec Yvette Horner et André Verchuren, ça faisait sourire.
Mais Jean-Philippe Rameau à l’accordéon, l’annonce surprend.
Alors on écoute attentivement.
Et ça fait sourire aussi parce qu’on se souvient tout à coup que c’était l’instrument préféré de l’arrière-grand-père, qu’on aimait tellement.
Samedi dernier, au Théâtre du Jeu de Paume, à Aix, le jeune homme de la vidéo, Théo Ould, a joué ces deux morceaux.
Fichtre ! Notre affable animateur nous propose une drôle d'affaire : raconter une journée ordinaire. Je vais devoir réunir mon staff, soit un chat effarouché et moi-même pour en délibérer, à moins que je n'ouvre mon coffre pour y consulter mon Gaffiot entre deux bouffées de ma bouffarde préférée ! Non c'est du bluff, je n'ai jamais fumé !
Serait-ce faire preuve de suffisance que de suggérer qu'aucune journée n'est ordinaire ? Ce n'est pas que je vive ma vie à donf ou que je fasse beaucoup d'affaires mais j'aime a penser qu'aucune journée n'est ordinaire puisque chaque jour qui passe ne reviendra pas.
Hier, par exemple, quand je me suis levée, mon estomac criait famine. On pourrait dire que je me suis levée affamée ; alors j’ai sorti de mon buffet quelques tranches de pain que j'ai tartinées de confiture de fraise, parce que c'est meilleur que la paraffine. Comme j'avais aussi soif, j'ai bu non pas du ratafia mais du thé tout simplement ! Ordinaire sans doute !
Il était presque l'heure d'aller travailler des contes à l'atelier de la Maison de quartier. En passant dans le couloir j'ai vu une affiche : il y avait du théâtre ce soir, une troupe locale bien nommée les éServelés. Je kiffe, je piaffe, je frétille et je m'engouffre dans cette opportunité.
En attendant il me faut encore travailler mon piano et affronter ma nouvelle partition, avec ou sans effroi. Je file m'asseoir sur mon tabouret sans moufter et j 'offre une aubade à Felix, le chat qui se lamente : « C’est quoi, ce raffut ?! ».
Pour souffler un peu, je lui propose une séance de brossage car il a le poil touffu mais il faut faire gaffe car il a la griffe leste, le fieffé loufiat !
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La pièce de théâtre était très drôle et on a beaucoup ri : une histoire de retrouvailles de vieux de 50 ans, anciens amis de lycée qui se sont perdus de vue et vont à un anniversaire avec son lot de surprises, de bluff, de bonne bouffe. L’un d'eux est devenu gay et a un look effémine, l'autre est un ecclésiastique heureusement pas trop effarouché ni perturbé par les effluves des compagnes, le troisième a une tenue d'officier qui fait se pâmer les filles et suffoquer les pouffes. Il y a aussi une fille dont tous les copains présents pourraient être le père !
C'est sans me rebiffer que j'ai rejoint mon lit vers 23 h 30, l’heure a sonné au beffroi. Pour sombrer, pas besoin de tafia !
Une journée extraordinaire comme toutes mes journées, ffalsambleu !