Comme chaque année je vais garder la maison de ma fille près de St Malo pendant ses vacances et celles de mon gendre.
J'arrive avec mon gros sac de voyage à roulettes, plus quelques autres sacs. Heureusement ma petite fille est là, c'est elle qui monte mes bagages à l'étage. Je n'aurais pas pu le faire seule. Une douleur à la hanche m'empêche de me mouvoir comme je veux, elle sera ma compagne durant tout l'été et même au-delà.
Ma petite fille disparaît tous les soirs vers 18h30 en me disant :
- Au revoir, Mamie, passe une bonne soirée, je reviens demain matin.
Au bout de trois soirs je m'en amuse :
- Mais enfin, c'est un garçon que tu vas retrouver tous les soirs ! Pourquoi tout ce mystère ? Parce que c'est un membre de la Mafia ? A moins que ce ne soit un espion envoyé de la CIA ?
Elle garde son sérieux et répond :
- Oui j'ai quelqu'un mais il ne faut pas le dire à Papa, ça n'irait pas du tout... mais Maman le sait, elle l'a même déjà vu.
J'aurai l'occasion de rencontrer ce garçon à quelques reprises durant mon séjour.
Il y a quelques animaux dont il faut s'occuper : une petite chienne bouledogue, deux chats et quatre poules. Je serai briefée sur la façon de gérer tout ce petit monde par ma fille, ma petite-fille et même par la voisine amie qui vient nourrir les volatiles et nettoyer leur enclos. Ouf, je n'aurai pas ça à faire !
Pourquoi gérer les animaux ? Eh bien il faut éviter que les chats ne se croisent, ils se battent jusqu'au sang. Il ne faut pas non plus mettre en présence la chienne et les poules, elle les course, suscitant de grands piaillements affolés aussitôt répondus par toutes les poules des poulaillers environnants dans un tintamarre à peine supportable.
Il faut aussi éviter de laisser la chienne seule dans le rez-de-chaussée pendant notre absence, même si ce n'est que pour monter prendre sa douche. Alors elle a son petit coin aménagé sous l'escalier et on pose une barrière devant. Donc ne pas la laisser sans surveillance sous peine de voir tout ce qu'elle trouve déchiqueté, stylos, revues, mouchoirs et bien sûr chaussures, chaussons.
Alors je m'organise. Le matin avant d'enfin m'attabler devant mon petit déjeuner je libère la chienne de sa prison et je la sors dans le petit jardin de derrière, le chat de ma petite fille qui a dormi dans le garage en profite pour sortir aussi.
Pendant ce temps je remplis les gamelles pour le chat, initialement chat de la maison, j'ouvre les volets et je fais rentrer ce dernier qui a dormi dehors et qui se rue pour se restaurer. Parfois j'ai droit à un câlin autour de mes jambes.
Je fais rentrer la chienne et je la remets derrière sa barrière. Ainsi le chat qui la craint pourra monter sans encombre, je le laisse dormir sur mon lit pendant la journée.
Ouf ! Enfin je peux me préparer un thé et des tartines.
Dans la matinée commence alors ma journée de gardienne de zoo. Je sors la chienne dans le petit jardin de derrière la maison pendant que les poules sont encore dans l'enclos. On reste un moment, la chienne pousse des sprints pendant que je mobilise ma hanche en faisant des allers et retours. Une fois la chienne rentrée je libère les poules pour qu'elles aient plus d'espace où évoluer. Je ne m'en occuperai plus sauf si j'ai des épluchures à leur donner. Elles seront rentrées et nourries le soir par la voisine.
Dans la journée, je m'occupe comme je peux, je lis, je cuisine les courgettes cueillies dans le tout petit potager, je fais des mots croisés. Je ne peux aller marcher sur la digue comme les autres années : ma hanche refuse tout net d'assurer la marche que nécessitent la distance où se garer et une promenade.
Dans l'après-midi je sors à nouveau la chienne, devant cette fois, sur la pelouse toute en longueur. Elle a davantage d'espace et court à perdre haleine. Mais là aussi il y a un problème : la voisine a deux très gros chiens qui, dès qu'ils sentent que notre chienne est dehors, viennent aboyer au-dessus du mur de séparation.
Stimulée, la chienne court alors le long de ce mur en aboyant à son tour et saute le plus haut possible. Je ne peux la laisser faire : s'ils se battent elle ne fait pas le poids. Alors je la maîtrise pour qu'elle reste de l'autre côté et que cessent les aboiements. Pas très simple. J'en profite pour marcher. Et le chat de la maison pour sortir et pour venir se faire câliner. Il est un peu jaloux.
On rentre, je mets la grille devant la porte-fenêtre que j'ouvre plus ou moins suivant la météo. Globalement il ne fait pas très beau et assez frais. La chienne et moi sortirons encore une fois.
A l'intérieur la chienne m'énerve, elle aboie sur tout ce qui bouge, un chat, une voiture, je finis par l'enfermer sous l'escalier.
En début de soirée je nourris la chienne et le chat de ma petite fille qui en profite pour me faire un gros câlin.
Cet emploi du temps est répétitif, je finis par m'ennuyer et quand enfin ma fille revient je constate que je n'ai jamais été aussi contente de rentrer chez moi.