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L'Atelier d'écriture de Villejean
12 janvier 2021

Le Véritable gentleman / Maryvonne

Le véritable gentleman m'a invitée au restaurant dans un établissement assez chic mais sans ostentation. La table était joliment dressée avec ce que j'aime, des serviettes en tissu bien épaisses et bien repassées. Il n'a pas parlé de lui, de lui, ni encore de lui. Il ne m'a pas demandé non plus si j'allais à la messe et pour qui allait mon vote en général. Nous avons parlé, comme tout bon Français autour d'une table, de gastronomie puis ensuite de littérature. C'est moi qui posais des questions et j'adore ça. Je crois que chaque fois il a répondu avec sincérité. Dans cette ambiance toute en légèreté, cette douce confiance qui s'installe, cela rend le vin tellement agréable.

 

AEV 2021-14 Maryvonne - gentleman

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12 janvier 2021

La Belle au bois dormant / Maryvonne

AEV 2021-14 Maryvonne - un_ange_cornu

La belle au bois dormant est certainement un conte que le canadien Michel Tremblay a dévoré dans son enfance tellement il s'est formé tout petit à notre littérature.

Dans son ouvrage «Un Ange cornu avec des ailes de tôle» que je vous recommande, il s'étonne que certains événements naturels de la vie ne soient pas mentionnés dans les romans.

Par exemple, dans le roman «Patira», Blanche de Coëtquen au fond de ses oubliettes ne fait jamais caca. Moi je rajoute qu'il en va de même pour tous les héros et héroïnes. Cendrillon devait bien se soulager dans l'âtre, les marâtres pisse-vinaigre devaient bien éclabousser leurs souliers en raison de leurs culottes fendues ? Quasimodo déféquait-il de travers et Esméralda faisait-elle de petites crottes comme sa chèvre ? Riquet à la houppe avait-il une petite quéquette ? Il y a tant d'autres choses que l'on nous cache. La belle au bois dormant, cette feignasse (cent ans à pioncer), a dû se retenir alors que certains se lèvent deux fois la nuit. Moi je vous dis que de temps en temps il y a eu certainement une petite fuite mouillant sa robe de bal.

 

12 janvier 2021

Les Liaisons dangereuses / Maryvonne

Les liaisons dangereuses ce ne sont pas des mauvaises alliances de mots aux sonorités improbables : ce sont des rencontres à risque, des fréquentations qui tournent mal, des amis ou des amants toxiques. C'est une trop grande confiance envers un supérieur, une association, une rencontre dans une soirée arrosée, la fréquentation des quartiers louches, des colonies de vacances, du catéchisme (surtout pour les garçons), le scoutisme, la messe. Ça peut être fortuit mais aussi imprudent. Il y a des inconscients qui cherchent l'inconfort. Quelle idée aussi d'aller s'asseoir nue dans l'église !

AEV 2021-14 Maryvonne - Liaisons

12 janvier 2021

La Séduction / Maryvonne

La séduction peut être élevée au rang des arts pourvu qu'elle soit honnête. Une des recettes c'est de mettre dans une rencontre du frais, du moelleux, de la surprise et de l'humour. C'est un fameux mélange que tout le monde ne maîtrise pas. Le dosage est subtil et le jeu tellement agréable. La séduction n'a pas d'âge et les protagonistes non plus. Elle peut avoir le goût de l'amour, de l'amitié, de la tendresse. Voilà bien là une douce découverte de l'autre, un tressage savant des sentiments. Personnellement j'aime me laisser séduire par un enfant, une personne âgée, un ou une inconnu-e. Une femme, un homme, un ado. Cela provoque chez moi un attachement, un moment tellement doux et lumineux que c'est comme si on m'enfonçait dans le cœur un clou de satin.

AEV 2021-14 Maryvonne - Clou de satin

12 janvier 2021

Le Coeur et la raison / Maryvonne

Le cœur et la raison sont de vieux ennemis. Ces deux galopins guerroient depuis longtemps, arrachant tour à tour la victoire. C'est soit la tempête intérieure qui vous soulève soit la pluie qui s'abat sur la décision. Le cyclone et l'anticyclone combattent sur le front émotionnel. Ciel bleu ou cumulo-nimbus alternent à l'horizon. Quelle voie choisir ? La route fleurie ou le chemin ombragé ? Prenons nous notre envol ou bien décidons-nous de nous couper les ailes ? Deux fées, la Félicité et la Sérénité guettent votre décision pour vous accueillir. Il arrive que les deux fassent bon ménage mais après moult tergiversations il nous arrive aussi de nous tromper. Que nous reste-t-il alors ? Moi je vous le dis il reste la vue basse et le sourire à la con.

AEV 2021-14 Maryvonne - Jocondejpg

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5 janvier 2021

Photos retrouvées sous le pied d'un cheval ou d'un verre à vin / Maryvonne

Le cheval mal cadré 3Ben ça alors ! Par quel hasard as-tu retrouvé mes photos perdues ? Tu vois, la petite fille en sarrau à carreaux, c'est moi. Je tiens le cheval par la longe. Je ne suis pas très fière car je sais que parfois même un gentil cheval peut perdre patience. Je le sais parce que mon père est le maréchal-ferrant.

Des hues et des dias et même des «Mille charretées de wagonnées de bon dieu !» claquaient souvent quand la bête ne se laissait pas faire. J'avais l'ordre de toujours passer loin derrière l'animal.

Je sais tout sur la cérémonie du ferrage.

En premier, pour enlever le vieux fer, mon père prenait son marteau, appelé brochoir, côté fendu, pour arracher les vieilles caboches et enlever le vieux fer qui pouvait alors partir à la ferraille ou comme porte-bonheur pour les superstitieux. Il prenait ensuite les mesures comme chez le cordonnier. Il taillait et limait la corne pour un ongle plus régulier. Pour adapter le fer au mieux, il l'envoyait rougeoyer dans les braises de la forge et le posait chaud sur le sabot dans un festival de fumée à l'odeur de corne brûlée. Venait alors le fixage avec de nouvelles caboches frappées bien en biais avec l'autre bout du brochoir.

Il restait à couper la pointe qui dépassait du sabot, et donner un coup de pinceau enduit d'une sorte de vernis à ongle pour une finition impeccable noire et luisante.

***

Baignade 1 DétailA la baignade à l'étang de Boulet j'y étais aussi, les pieds timides dans la vase et soudain les premières brasses dans l'eau douce. Plus tard c'est le canoë kayak que j'ai inauguré à cet endroit même avec mon cousin Jean-Marie.

***

Maintenant tes inconnu-e-s du café ne le sont pas pour moi. Devant l'affiche «Midi/7 heures, l'heure du Berger» je les reconnais les François, Jean, Clément qui se prenaient pour les papes de la belote. Ma chambre était au-dessus de la salle du café. Avec François ils m'empêchaient de m'endormir en tapant du poing sur la table. Belote et re et dix de der ! Quand ils ne tapaient pas dessous la table trois coups, non pas pour appeler un esprit mais une rentrée d'atout.

Les inconnus du café 01

***

Les inconnus du café 05Au bar c'était plutôt les joueurs de palets, non pas les palets bretons que l'on mange. Ils appelaient ça les pièces qu'ils lançaient sur une planche située à 5,50 mètres. Ceux-là ce n'était pas de la tarte de les servir : ils tiraient sur le nœud de notre tablier pensant être les premiers à faire la blague.

Tous ces clients c'était notre monde ; quand maman faisait des crêpes ou un far il y en avait aussi pour eux. J'en ai entendu, des histoires ! Nous étions sur la route du cimetière ; au retour des enterrements les gens s’engouffraient chez nous, surtout l'hiver, pour un petit café arrosé ou un grog. Parfois la famille offrait des biscuits à la cuiller ou des gaufrettes. C'était une vie de bistrot quoi !

Il manquait juste cette photo de la fille au sarrau :

AEV 2021-13 Maryvonne - Maryvonne

15 décembre 2020

Un coup de rouge / Maryvonne

AEV 2021-12 Maryvonne le-pere-noel-est-deprime-9782370183583_0

Lu dans la presse : « Depuis que j'ai su que le père Noël n'existait pas, je n'ai cessé de l'attendre en bas de la cheminée pour régler mes comptes avec lui ».

Non, moi, depuis ce jour, j'ai été tellement soulagée. Tellement émue de comprendre que c'était ma mère et mes sœurs qui fabriquaient en cachette des vêtements pour mon cher baigneur. Celui-là même que j'avais tant rêvé de promener dans un landau qui n'est jamais venu ni par la cheminée ni par la porte. Alors j'ai compris que Noël et moi ça fait deux. J'ai découvert le mensonge, le chantage à coup de « Si tu es sage » et « Si tu travailles bien à l'école » pour recevoir un cadeau que tu n'avais peut-être pas souhaité.

Comment survivre à Noël quand tu es introvertie et hyper sensible ? Tu dois en plus simuler le contentement. « Allez mon petit, va t'endormir avec tes rêves sous l'oreiller, tu as fait des efforts pour rien. » Je vais te soulager en disant pis que pendre de cette vieille baderne en loques rouges. (Demande-lui donc un glossaire de vieilles expressions pour comprendre la vieille dame qui te cause).

Écoute-moi bien : Noël, c'est, un mois avant, un lavage de cerveau, ou un bourrage de crâne, comme tu veux, un plan de déception annuel, une promesse qui n'engage que celui qui la reçoit, une arme de destruction massive du bonheur que tu pourrais avoir, un passage obligatoire.

2020 : cette année maudite aurait pu être une année sans Noël, non ? Combien de petits virus au pied de sapin ? On ne va pas louper ça quand même ! Tout ça pour fêter l'anniversaire d'un bébé né sur la paille dont la date de naissance est contestée. On risque de faire mourir des vieux qui ne savent même plus ce qu'est Noël puisque quand ils étaient enfants c'était le petit Jésus qui apportait les cadeaux. Enfin par cadeau j'entends l'orange enveloppée dans du papier récupéré de la tablette de chocolat.

En attendant ce foutu Noël, puisque c'est obligatoire comme le pinard chez les bidasses, j'ai fait la course aux cadeaux comme tout le monde. Enfin surtout j'ai acheté ces cartes magiques pleines de sous où tu vas toi-même choisir ton présent. On en a tellement marre de chercher l'idée originale que l'on devient des fainéants du cadeau. Des ramollis de la bonne idée. Parfois on s'excuse presque de la pauvreté de notre imagination.

Je déteste Noël mais toi je t'aime bien alors je t'ai bricolé un cadeau : ce petit texte revanchard. Vivement que l'on boive ensemble un bon coup de rouge ! Noyeux Joël, Soyeux Jimonne et merveilleuse Yvonne, mes trois mères Noëlle de mon enfance !

AEV 2021-12 Maryvonne 3 Mères-noel

8 décembre 2020

Chacun cherche son chat / Maryvonne

Ronald Searle 8 Pour vous

Mais à qui donc est destiné ce gros bouquet de fleurs que le gros chat tient entre ses pattes?

Probablement en premier à tous ces écrivains qui ont tant aimé ce pacha et l’ont mis en scène.

A Chateaubriand qui le voyait descendre l'escalier du château, accompagné d'une jambe de bois. Colette qui leur apprenait à vocaliser. Léautaud qui les promenait dans un landau et tant d'autres, Simenon qui les enfumait, Céline, Prévert, Anny Duperey, Verlaine, Tomi Ungerer et peut-être pour moi aussi qui me dis : « Tiens pourquoi pas une histoire de chat ? C'est tentant d'essayer d'écrire un texte au poil avec des noms qui ronronnent, ça me chatouille le crayon ! ».

Chatouille, justement, c'est le nom de notre dernier chat. Un puits de science compte tenu du fait qu'il écoutait Léna psalmodier ses leçons à voix haute. Il était très réceptif à l'histoire du Moyen Âge. Ces histoires de chapitre de chanoine ça lui faisait friser les moustaches. Il aimait moins les guerres sauf celles avec les tranchées qui pullulaient de rats. Miam! Miam !

Tout le monde a une histoire de chat à raconter.

Je plonge alors ma patte dans mon sac à vérité pour vous narrer cette histoire incroyable. Il ne s'appelait ni Channel, ni Chagall, ni Shalimar, ni Chat botté, même pas Charivari mais tout simplement Bouba. Un chat avec une adresse bien ronflante :

"Rue Pierre François Varin de La Brunelière (Député du tiers état)".

Bouba fut blessé, probablement au cours d'une rixe avec un congénère qui n'avait pas les mêmes idées politiques que lui. De son propre chef il se dirigea au radar chez le vétérinaire avenue Patton. La vue un peu trouble il avait lu sur la plaque "Avenue Papatton" à tâtons.

L'homme médecin connaissait l'animal (peut-être pour l'avoir vacciné) ; il lui prodigua les soins nécessaires et le ramena chez ses maîtres. Rue Pierre François de la Brunelière Député du tiers état Rennais.

Le vétérinaire fort courtois vit bien que ce chat était venu seul à la consultation et qu'il n'était pas solvable. Il ne prit donc pas ses honoraires.

Et puis il y a l'histoire de cette photo qui n'est pas un montage et qui se suffit à elle même. Ah ! Ah ! Merci Chatouille !

AEV 2021-11 Maryvonne - le Chat( a encore frappé

Bien que très fourni ce bouquet ne sera jamais assez gros pour tous ceux qui adorent les chats comme Ronald Searle qui les croque dans des situations originales. L'intention était chaleureuse et nous en sommes charmés, Monsieur le minou, merci pour les fleurs !

1 décembre 2020

Anne et Maryvonne / Maryvonne

«Pleure, pleure Maryvonne
Ton ami je te l'ai pris ;
Ça n'a étonné personne,
Le village en a bien ri. 

Comme il n'était pas malin
N'en suis pas du tout chagrin !
V'là que dans « Petit Bonhomme »
Mon mari devient ton homme.

 «Le mari de Maryvonne était mon amant.»

Décidément !
De nouveau c'est un échec !
Tu as du mal avec mes mecs !

Je pourrais t'en vouloir
De peindre ma vie en noir :
Du cidre j'ai bu toute la bouteille
Je n'sais plus comment j'm'appelle.

AEV 2021-10 Maryvonne 20201203_144410 (réduite)Anne, ce qui me fait chagrin
C'est la nouvelle d'un matin
Quelque chose de bien moche
Qui dit qu't'as fait ta valoche.

Fini notre contentieux
Tu chanteras depuis les cieux.
Nous avons été si proches
Autour des chansons pour mioches
Fabuleuses Fabulettes
Et chansons pour les minettes.

Pour beaucoup de féministes
Tu nous as ouvert des pistes.

Fini le bal des champignons
A l'école qui porte ton nom !



C'est dans un tout petit bourg

Tout près du fameux Combourg ;
A Dingé où je suis née
On ne t'a pas oubliée.

La vieille école aux murs tout gris
Lecture, écriture elle m'a appris ;
C'est de l'histoire ancienne
Mais voilà, juste la mienne.

La nouvelle école est moderne.
Plus colorée moins terne,
Claire et pleine de fenêtres
Et s'appelle « Anne Sylvestre ».

AEV 2021-10 Maryvonne Ecole Anne Sylvestre (réduite)

AEV 2021-10 Maryvonne Inauguration Ecole Anne Sylvestre

24 novembre 2020

A surréaliste, surréaliste et demi ! / Maryvonne

Appia 04

Comme le paquebot dans sa bouteille de verre, comme Blanche-Neige dans son cercueil transparent, nous sommes tout à fait coupés du monde.

Nous attendons tous la liberté. Moi, ce n'est pas pareil, je sais qu'un jour mon prince viendra me délivrer de ce confinement. On a la chance que l'on mérite et j'ai été sage et obéissante. Il faut aussi savoir lire entre les lignes d'un discours. Je suis l'élue.

J'ai reçu un signe très fort : Prince Emmanuel de sa voix a annoncé l'ouverture des restaurants le 20 janvier, juste le jour de mon anniversaire. Si ce n'est pas un signe fort, ça ! Combien ? Ça ne se demande pas à une princesse mais il est vrai que je cumule quelques piges, quelques berges ou plus joliment dit quelques printemps, ce qui est un exploit en plein hiver.

Je suis comme la dame de Francis Cabrel du chiffre de Haute-Savoie. Si je vous donne cet indice d'immatriculation de voiture c'est que je suis pour l'auto-dérision à fond les pédales.

Quand même, je suis née après la guerre, je n'ai donc pas connu le couvre-feu ni l'autorisation de circuler, c'est une grande première et en cadeau je vais bientôt connaître la libération. Nous danserons dans les rues des rondes endiablées comme sur les documents d'époque en noir et blanc.

Nous nous remettrons en marche derrière mon prince qui m'aura enlevée sur son cheval de bataille, le libéralisme économique.

Avec le masque, il n'a pas pu me réveiller d'un baiser même si ça lui brûlait les lèvres. Par contre il m'a promis le retour des grands jours. Je sais, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

Quand il a voulu revenir me chercher avec son carrosse doré on lui a interdit à cause des postillons qui se tenaient aux quatre coins et du cocher qui crachait par terre. Voilà pourquoi mon prince n'est pas venu et je sais que vous êtes déçu·e·s.

Autre déception : Maurice m'avait promis de pousser le bouchon de la bouteille pour libérer le paquebot. Comme c'était un paquebot à vapeur il n'était pas « covid-compatible ». Il faudra continuer à le regarder derrière la vitre et à se demander comment il est entré là. J'ai bien quelques ficelles pour la réponse. Si vous donnez votre langue au chat derrière le masque je ne pourrai pas le savoir sauf si vous avez un masque transparent.

Appia 16 Extrême jonctionAprès ces promesses et ces lendemains qui déchantent, dépitée, j'ai pris le voile. Je suis devenue « Sœur Corona de l'enfant déçu ». J'attends le dé-confinement à la gare de la nef centrale, à la cathédrale du trou perdu. Dans le silence ouaté j'attends un ange entre la lumière et l'ombre et je médite. Peut-être que là, dans mon train-train quotidien je vais voir où va le temps qui passe et je saurai si le monde sera bientôt remis sur les rails.

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