La recette d’Antonia / Josiane
Ne laissons pas le confinement nous courir sur le haricot, faisons preuve d’imagination dans nos cuisines à l’heure où les placards ne contiennent plus que des denrées de première nécessité ou oubliées ! De quoi tenir le coup pour une durée indéterminée.
Merci à ma famille niçoise qui, dans ce domaine, ne l’a jamais dans le baba grâce au testament culinaire de Mémé Tonia comme on la nommait alors qu’elle portait le joli prénom d’Antonia.
Petite parenthèse pour dire mon incompréhension devant cette manie de donner des diminutifs aux prénoms longs alors qu’il n’est pas rare de rallonger les plus courts.
Mémé Tonia donc était seule pour élever trois garçons et pour les nourrir elle s’était mise au service de châtelains qui aimaient la bonne chère et surveillaient de près la fortune familiale. Les restes devaient être accommodés aux petits oignons pour faire honneur à la table.
Antonia était inventive et faisait le régal de la tablée « nobliaude ».
D’elle, je tiens maintes recettes qui lui permettaient de ne pas trop manger de vache enragée malgré les maigres gages que lui octroyait le château pour ses bons et loyaux services.
La recette que je vais vous confier n’est pas faite de restes, mais elle est simple, délicieuse et peu onéreuse et elle revenait souvent sur la table de Tonia et de ses trois garçons.
Il s’agit de la socca, cette galette à base de farine de pois chiches que l’on mange avec les doigts, poivrée, salée, enveloppée dans un papier, tout en déambulant dans les rues du vieux Nice ou assis à une table, serrés comme des sardines, entourés de pigeons affamés tout en taillant une bavette avec les convives partageant la table au placement libre.
La plupart d’entre vous doivent connaître, vous les globe-trotters d’avant, avant la fin des haricots, avant le covid19, avant le confinement, avant que les carottes soient cuites.
Pour ceux qui ne connaitraient pas il faut, pour 4 gourmands :
250 gr de farine de pois chiches
5 cuillères à soupe d’huile d’olive
2 pincées de sel fin
50 cl d’eau froide
La farine de pois chiches, je l’ai dénichée au fond de mon placard, bien contente de la déconfiner en ce moment où on pédale un peu dans la choucroute pour concocter des menus sans aller trop souvent au ravitaillement.
Alors, mélangez la farine de pois-chiches avec l’huile et le sel, puis ajouter progressivement l’eau au fouet. On obtient une pâte qui doit reposer de trente à quarante-cinq minutes.
Là-bas, elle est cuite dans une grande poêle, au four à bois que l’on voit de la rue. Pour moi, c’est dans la poêle, une minute trente de chaque côté. Poivre et sel à volonté et je déguste avec les doigts, accompagnée (la chance !) d’une belle salade du jardin.
Merci à mémé Tonia, merveilleuse mamie au grand coeur de nous avoir laissé cette recette simple comme elle l’était elle-même. Recette qui m’a permis ce soir d’utiliser les restes du placard.
Attention à cause du poivre et du sel de ne pas l’arroser trop copieusement si vous ne voulez pas finir beurrés comme des petits Lu.
Quoique... Vous n’avez pas à sortir !