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L'Atelier d'écriture de Villejean
7 décembre 2021

Reconversion / Maryvonne

210722 Nikon 072 recadrée

Sans doute aurez-vous du mal à me croire mais cet homme-là qui déambule habillé dans sa simplicité a porté, dans un autre temps, un costume prestigieux.

Si aujourd'hui il préfère sa vieille veste d'ouvrier ou des vieux gilets, s’il se couvre le chef de sa casquette plate, si sa canne vient soulager sa marche chancelante et si enfin il préfère les promenades solitaires c'est depuis quelques temps le nouvel habit de sa deuxième vie.

Dans sa jeunesse flamboyante, au dessus de son joli minois, il arborait fièrement le casoar. Sanglé dans son uniforme, sabre au côté, imbu de sa personne il avait belle allure. Le verbe haut et une certaine morgue il était le parfait Saint-Cyrien sorti de l'école de Coëtquidan.

Avec son unité il avait battu le pavé sur les Champs Élysées un certain 14 juillet. Reçu ensuite dans les jardins de l’Élysée il avait approché le président et s'en était trouvé flatté.

Il avait appris en théorie l'art de la guerre. Sur le papier la partition semblait belle mais la pratique c'était une autre chanson. Très vite il déchanta. Accroché à sa gorge comme une angine le dégoût de la lutte guerrière lui donnait la nausée.

C'est alors qu'il attendit avec impatience que le dateur de l'état major vint encrer sa feuille de libération.

Il retourna chez ses parents sur la côte bretonne et là dans les paysages de son enfance il mit sa rigueur militaire au service de la poésie.

Sur le chemin qui borde la baie
J'aime le soir qui tombe sur la paix
Mes pas lents et solitaires
N'ont plus rien de militaires.


Je vois, vous avez du mal à juxtaposer le soldat de plomb raide et coloré à cet homme débonnaire, simple promeneur avec son chien.

C'est que nous sommes plusieurs au cours de notre vie. Telle prostituée, si elle le peut, deviendra une femme discrète et effacée. Tel prêtre, sûr de sa foi, trahira l'église pour l'amour charnel. Un égoïste se mettra au service des autres quand un altruiste fermera sa porte. Edgar Faure a dit un jour une phrase empruntée à Camille Desmoulins : «  Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent » .

Le vent de l'âge qui nous pousse à renoncer à un idéal premier pour une action plus adaptée, nourrie de notre expérience, de notre vécu et d'une sensibilité nouvelle.

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