Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Atelier d'écriture de Villejean
31 mars 2020

J'ai une poussière dans l'oeil ! / Maryvonne

En ces temps troublés, des grandes plumes, scientifiques, écrivains, cinéastes, chanteurs, s'expriment avec talent pour nous faire partager leur ressenti face à la crise sanitaire. Et moi pauvre plumette de niveau encrier d'école primaire quel récit puis-je vous proposer sur mon confinement ? Je regarde dans ma maison mes objets qui vont confiner avec moi et que vous dire ? Il y a bien mon lit qui me tend les bras, mais pas de ça, ma vieille, il faut lutter debout. Des tas de livres que j'avais boudés me font de l’œil. Dans ma véranda une lirette* commencée il y a un an et abandonnée cherche à retisser des liens avec moi. Je viens de laisser de côté un tapis de gym quand je me suis aperçue que je n'arrivais plus à faire la chandelle ni les roulades arrières !

AEV 1920-24 Maryvonne 9782092509937-475x500-1Il me faut de l'air, de l'aventure, Je fais fi de ma plumette et pars avec mon plumeau et plus si affinité : éponges, chiffons, vieille brosse à dent, détergent. Embarquement immédiat pour un voyage au fond de mes placards. Première escale dans ma cuisine, haut lieu stratégique du confinement. Ce que j'aime dans les voyages ce sont les rencontres : je viens de croiser mon vieux moule à baba au rhum qui m'est tombé dans les bras, ça me donne des idées. Cachés derrière le moule à gaufres, deux «covid-19» morts. Ah non, plutôt des toutes petites araignées. Araignée du matin chagrin ! Ce n'est pas de bon augure.

Dans le premier tiroir j'ai rencontré de plein fouet un couteau sournois qui m'a percuté le doigt. C'est le majeur gauche : comme les dégâts sont mineurs, nous avons fait un constat à l'amiable et après les soins d'usag, désinfection, pansement, gant de protection, j'ai pu reprendre ma route. Beaucoup de dénivelés avec les montées et descentes de l'escabeau pour atteindre le fond des plus hauts sites.

Les poignées que je croyais propres sont crasseuses dessous et là je croise le souvenir de mon père qui disait : « Ce sont souvent les plus coquettes qui n'ont pas les dessous propres ». Je ne sais pas d'où il tenait cette théorie mais ma mémoire fait de curieuses associations.

Armée jusqu’aux dents de ma vielle brosse à chicots je m’aperçois que mes charnières ont une hygiène dentaire qui laisse à désirer, l'ennemi est partout et retarde ma progression.

A genoux devant mes tiroirs les plus bas je revois les pénitentes qui traversaient ainsi la place devant Notre-Dame de Fatima au Portugal. Elles venaient implorer la sainte de leur accorder une grossesse. Qu'est-ce que je demanderais bien à la sainte ? 

AEV 1920-24 Maryvonne - ND de Fatima

- Je vous en prie, ne me faites pas mourir du coronavirus, ce serait idiot de ne pas profiter un peu de ma cuisine propre.

Plus haut je retrouve un paquet oublié, une préparation pour faire un cake au caramel.


Ce sera parfait pour le quatre-heures avec tous les sachets de thé divers et variés que je viens de redécouvrir. Ce sera parfait. Ce n'est pas très raisonnable, ce n'est pas comme ça que je vais pouvoir refaire la chandelle, tant pis ! Me voilà arrivée à mon étagère de recettes de cuisine et je suis en extase devant le monde entier. Des recettes qui font voyager, il y a même le cahier de recettes de maman et de belle-maman. Non, non, il ne faut pas prendre cette route, c'est « Voyage interdit dans les souvenirs ». Déjà, j'ai mis juste un doigt de pied au-delà de la frontière et c'est douloureux. Je pense aussi à la maman de mon amie Anne qui souffre isolée dans son EHPAD.


- Mais tu as la joue mouillée ?


- Non ! Avec tout ce remue-ménage j'ai juste une poussière dans l’œil !

Publicité
Publicité
Commentaires
L'Atelier d'écriture de Villejean
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité