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L'Atelier d'écriture de Villejean
12 mai 2020

Retour à Petit-Fort-Philippe / Marie-Thé

Lorsque Félix a parlé de sortir la caravane pour aller «faire le plein d’iode au bord de la mer», Marie a sauté de joie. Elle se voyait déjà sur la Côte d’Azur.

Les deux mois de confinement passés au 4e étage de leur appartement de Maurepas à Rennes ont été longs et ennuyeux. Félix avait des sautes d’humeur, buvait de la bière vautré dans le fauteuil et ne sortait même pas une heure pour promener Pompon. Quant à Marie elle a passé beaucoup de temps à cuisiner et à regarder la télé et maintenant elle a 5 kilos en trop.

Petit Fort Philippe 22 12

Marie propose de descendre à Saint-Tropez où elle rêve de rencontrer André Dussolier mais Félix veut aller chez les Ch’tis revoir Petit-Fort-Philippe où, quand il était jeune, il a fait un camp de Scouts.

Marie trouve que le Nord, c’est froid, il pleut et les gens ne parlent pas comme nous. Félix a pris sa décision. C’est là… ou nulle part ailleurs ! « Macho !» murmure-t-elle entre ses dents.

De bon matin, le lendemain, la caravane chargée, les voilà sur la route. Tennis blancs, bermuda et tee-shirt bien propres, polaire sur le siège arrière. Marie a prévu les cassettes de Renaud et Christophe pour elle et de Pierre Perret pour Félix qui trouve que c’est un grand poète.

Quand en fin d’après-midi ils arrivent sur le terrain de camping municipal, ils n’ont pas de mal à trouver une place. Le soleil brille et ils ont hâte de voir la mer.

Sacs sur le dos, main dans la main, Pompon au bout de la laisse, ils s’en vont à la plage. Marée basse ! Qu’importe, ils enfilent les maillots. La mer est loin, très loin. Un quart d’heure plus tard ils ont de l’eau jusqu’aux genoux. Seul Pompon peut nager. Marie est un peu énervée mais elle essaye de rester cool.

Demain ils visiteront les environs.

***

Vers 10 heures ils sont prêts. La pluie se met à tomber. Pas grave, ils ont des cirés. Ils vont aller au phare de Gravelines.

La mer est haute. Un rayon de soleil blanc perce la brume. Les vagues s’écrasent avec fracas laissant sur le sable une écume blanche qui vole dans tous les sens. Marie et Félix avancent contre le vent et se serrent l’un contre l’autre en riant, Pompon aboie, effrayé par le vacarme.

Petit Fort Philippe Inédits 30

Petit Fort Philippe 22 02Le phare de Gravelines domine la mer. Ils vont monter toutes les marches. "Je vais perdre au moins 1 kg" se dit Marie. Félix se souvient qu’il les a grimpées en courant trente ans auparavant.

Déçus, ils constatent que le phare ne sera ouvert au public que dans un mois. Ils flânent dans le bourg et dégustent du Maroilles. C’est bon mais ils n’aiment pas beaucoup l’odeur.

"L’après-midi, repos au lit !" dit Félix en serrant Marie dans ses bras.

Le soir Félix joue aux boules avec des Ch’tis sur le terrain de camping. Ils boivent des apéros pendant que Marie prépare le repas. Félix revient complètement ivre. Il se couche directement et ronfle bruyamment toute la nuit.

Marie, furieuse, décide de plier bagage dès le lendemain. Ils iront voir la petite chapelle des marins qu’elle a vue sur un dépliant et après ils décamperont.

Sur la route ils se sont réconciliés et s’arrêtent en Normandie pour terminer les vacances. Revenus à l’appartement chacun reprend sa routine. Marie rêve de Saint-Trop’ pendant que Félix projette un retour à Petit-Fort-Philippe pour revoir ses nouveaux copains.

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12 mai 2020

De Rimbaine à Verlaud. 7, « Aa » dit-il car il connaissait les deux langues !

M. Arthur Rimbaine
Explorateur de voies intraveineuses
et de traditions orales ou à mettre dans les annales
8, quai Arthur Rimbaud
08000 Charleville-Mézières

                                                                    Monsieur Paul Verlaud
                                                                    Société de géographie des Maladives et du Miraginaire
                                                                    73, rue Sonneleur
                                                                    62812 Vent-Mauvais

                                                     Petit-Fort-Philippe le 12 mai 2020

C’est effectivement un concept très intéressant et le tout récent confinement de mars à mai 2020 nous l’a prouvé contre notre gré : ce sont les lieux les plus connus de nous qui sont les plus surprenants, les plus porteurs d’inattendu.

Je pense ainsi à toutes ces dames qui ont profité de ce temps libéré pour faire du rangement chez elles et se sont effarées du nombre de paires de chaussures qui encombraient leurs placards.

Petit Fort Philippe 22 03

Aujourd’hui, fort heureusement, ce temps d’enfermement est terminé et j’ai pu reprendre mon travail d’exploration des traditions orales à mettre dans les annales. Je l’ai repris à zéro ou presque, en tout cas au tout début du dictionnaire puisque mon expédition de ce jour, à ta demande de confiné à jambe de bois, m’a amené pas très loin de chez toi, à Petit Fort-Philippe dans le département du Nord. C’est ici que ce fleuve côtier en deux lettres très connu des cruciverbistes et des verbicrucistes, voire de ceux qui font des mots croisés, vient se jeter dans la mer. (In appelle cha eune imbouchur’ ou un estuaire).

Le fleuve est canalisé et se termine par un long chenal qui sépare Petit-Fort-Philippe à sa droite de Grand-Fort-Philippe à sa gauche. C’est un peu comme Buda et Pest à Budapest mais attention ça n’a rien à voir avec Buca et Rest à Bucarest en Roumanie : Buca est en Turquie et Rest n’existe pas !

Petit Fort Philippe Google images 20 bis Salomé

Si Petit-Fort-Philippe fait partie de la ville de Gravelines, Grand-Fort-Philippe est indépendante. Aussitôt débarqué du train à Gravelines j’ai pris l’autobus de Monsieur Salomé (Man mère ! Qoô qu’ch’est que ch’bahut-là ? Y date eud Mathusalème ?) et je me suis mis en quête de l’hôtel Beaurivage tenu par M. et Mme G. Babilaere. Il ne paie pas de mine mais est très correct, accueil chaleureux avec accent ch’ti garanti :

- Allez, Biloute, monte eul valise à ch’t’homme dins l'champe numéro vintte !.

Après m’être installé sommairement, je suis ressorti. Avant de jouer les arpenteurs d’inattendu j’ai pris un café dans un estaminet nommé « Au retour du Transvaal ». (Ah ben dis donc ma loute, c’h’est pas dé l’chirloute qu’in sert ichi ! Y faudrot un bon g’nièv’ pour faire passer ch’tortosa là !). Mon Dieu qu’il était fort ! J’ai commencé par faire le tour de la grand’ place. Elle ressemble un peu à celle de Charleville-Mézières, la place ducale de Charlestown, à ceci près qu’elle n’est pas traversée en son milieu par deux routes perpendiculaires (comme à Carvin, par exemple). Par contre les autocars de Monsieur Salomé ont un petit dépôt ici où ils proposent des excursions vers Dunkerque, Bray-Dunes et même La Panne, de l’autre côté de la frontière belge. C’est gonflé ! Peu de temps après les affaires de Metoo faire le coup de La Panne à toutes les dames d’un bus, il faut oser. Ce Salomé a peut-être des accointances avec le producteur harceleur ? Comment s’appelait-il déjà ? Richard Strauss-Kahn ?

Petit Fort Philippe Inédits 42Je me suis promené ensuite le long du chenal jusqu’au phare blanc et noir que son motif décoratif en spirale fait ressembler à un sucre d’orge de fête foraine (In dit eun’ ducasse, par ichi, Isidore !). Elle commence par devenir énervante cette petite voix intérieure qui m’interrompt tout le temps ! J’ai continué jusqu’au bout de la jetée. Ce n’est pas le sillon de Talberg mais presque. On est peut-être, au bout, au point le plus septentrional de la France ? Qui sait ?

J’ai rebroussé chemin et j’ai tourné à gauche devant les cabines de bain. J’ai longé la plage, suis passé devant le sémaphore, la chapelle des marins, ai poussé jusqu’au camping puis suis revenu par le même chemin. Comme on était proches de midi j’ai décidé de me poser pour déjeuner au restaurant de l’hôtel.

Petit Fort Philippe Inédits 05On m’a proposé de déguster des welsches, un plat typique du Nord (du pays de Galles ?) à base de fromage de Cheddar fondu dans de la bière et gratiné au four avec un œuf miroir par-dessus une de ces tartines de jambon dont Arthur Rimbaud a chanté les mérites dans son poème « Au cabaret vert, cinq heures du soir ». Délicieux mais copieux car on m’a servi avec cela frites et salade. Comme boisson, il n’y avait pas d’autre choix que la bière Motte-Cordonnier. Cordonnier, ça m’a fait penser à « Comme des lyres je tirais les élastiques de mes souliers blessés un pied contre mon cœur ».

Petit Fort Philippe Inédits 37

Petit Fort Philippe Inédits 44

Et puis après le café – mon Dieu qu’il était fort aussi ! – je suis allé paresser au pied du sémaphore pour attendre mon rendez-vous de quinze heures. Mon Dieu qu’est-ce que c’est bon de pouvoir à nouveau poser son cul sur le sable. Qui aurait pu imaginer que nous pourrions être assez stupides un jour pour obéir à ces encravatés guindés, xyloglottes de naissance et paralytiques du bulbe, menés par des toubibs aveuglés par la peur de sauter dans le Covid, signer des autorisations de déplacement dérogatoires et accepter d’être enfermés dans un kilomètre carré sans air, sans verdure, sans jase et sans excentricité, les mêmes nous demandant de retourner ensuite, du jour au lendemain, nous confiner-fourrer dans le métro, le train et les bureaux pour relancer l’économie ?

Petit Fort Philippe Inédits 41Je me suis calmé en regardant jouer les mômes et les ados qui n’en ont jamais rien eu à secouer de cette pandémie puis je me suis rendu au Café du Phare.

- C’est bien ici, l’atelier d’écriture de Mimi Crincrin et Justin Chicon ?

- Oui, vous êtes le premier ; je vous sers un demi de bière Carlier et vous allez vous asseoir à la table longue au centre. Les autres ne vont pas tarder à arriver !

Petit Fort Philippe Inédits 04

O tempora o mores ! O Crête de punk de Desireless ! Quel fabuleux voillage-voïache ce fut ! Les participant·e·s étaient empli·e·s de joie de se retrouver après un conconfinement bien trop long à leur gré.

J’aurais peut-être été perdu-noyé parmi ces patoisants folkloriques qui se réunissent ici chaque mardi pour traduire en picard ou en rouchi – c’est le patois du Nord que l’on appelle ainsi – des chansons célèbres écrites à l’origine dans le plus pur des français. Heureusement l’ambiance bon enfant, la bière Carlier , les rires et surtout la petite voix qui m’accompagne depuis le début de mon séjour m’ont aidé à rédiger l’exercice qui m’était demandé : adapter-traduire-trahir « Les gens du Nord » d’Enrico Macias. Je te montrerai cela demain. Je ne suis pas mécontent de mon travail de parolier ! Mais le « Ti Gravelines, té m’as pris dins tes bras » de Mimi Crincrin était irrésistible.

J’étais un peu « torché » quand j’ai quitté mes hôtes mais j’avais bien rigolé. Sur la lancée, dans la chambre 20 de l’hôtel Beaurivage, je t’ai écrit ce pré-rapport en forme de lettre à l’ancienne.

Ce soir ce sera Petit-Fort-Philippe by night. Demain matin je visiterai le musée du dessin et de l’estampe originale de Gravelines et dans l’après-midi je retournerai à Lille puis prendrai le bus pour aller chez toi à Vent-mauvais.

Je suis vraiment très, très heureux à l’idée de vous revoir, toi et ta jambe de bois, après cette séparation de tant d’années !

Bien plus qu’amicalement

P.S. Si tu as des tuyaux sur la petite voix intérieure, je suis preneur. Tu crois qu’ils auraient osé mettre un comprimé de Gougueule-transleïte dans la bière ? Ou sinon, au "Retour du Transvaal", qu’est-ce qu’ils auraient mis dans le café ? (Mais quo qu’ch’est qu’t’as mis dins l’café ?) La même chose que dans la chanson d’Antoine ? Un truc qui donne des élucubrations ?

12 mai 2020

Rapport de filature du Nord / Anne J.

Cher monsieur

Il y a déjà deux semaines que vous avez confié à mon cabinet la mission de surveiller votre épouse lors de ses vacances à Petit Fort Philippe où celle-ci s’est rendue pour la troisième année consécutive. Vous vous étonniez de son obstination à se rendre dans cette station balnéaire peu connue et peu fréquentée et m’avez fait part de votre suspicion à son égard.

Petit Fort Philippe Inédits 12

J’ai donc effectué cette mission avec tout le soin que vous attendiez de moi. Madame votre épouse a longuement arpenté la plage du chenal lors du premier jour et y a pris un coup de soleil sur le nez qui lui laissera des traces car elle avait omis de prendre son ombrelle. Le dimanche suivant elle s’est rendue à l’église pour la messe du dimanche et s’est brûlé le bras avec la cire de son cierge. Lors de sa promenade pour visiter la chapelle des marins elle s’est foulé la cheville gauche ; il faut dire qu’elle a fait la balade avec des bottines à talons. Le jour où elle s’est rendue sur la jetée il faisait grand soleil et un vent à décorner les bœufs ; elle s’est donc levée le lendemain avec une conjonctivite qui l’a empêchée de faire la promenade en mer qu’elle avait prévue, ce qui était audacieux car elle souffre du mal de mer.

Elle a donc dû prendre rendez-vous chez le vieux médecin de la rue de l’Eglise qui lui a prescrit le nécessaire à prendre chez le pharmacien. Ce sont les seuls hommes qu’elle a rencontrés à ma connaissance jusqu’à aujourd’hui.

Petit Fort Philippe Google images 06

Mais depuis elle passe ses journées sur le banc devant la mer, près de ce vieux marin que vous voyez sur la photo ci-dessous, et elle se livre avec lui à d’interminables parties d’échecs qu’elle perd toujours.

gravelines-la-gainee-par-georges-maronier-herve-tavernier-calais


Sans doute le goût pour ce jeu et un certain masochisme à ramasser des raclées expliquent son attirance pour Petit-Fort-Philippe.

Je puis en tout cas vous rassurer totalement sur sa moralité.

Veuillez agréer, monsieur et bla et bla…

Nestor LE GARLANTEZEC,  détective privé

12 mai 2020

Kiflip à Petit-Fort-Philippe ! / Raymonde

Le célèbre rappeur Kiflip 
Va tourner un clip 
À Petit - Fort - Philippe !

C'est quoi cette cité balnéaire
Où on n'voit l'Angleterre
Que par temps clair ?
Et pis est-ce qu'y a la mer ?

Nick ta m... !
L' eau est gelée !
Mets ton col roulé !
Les gonzesses
Vont pas avoir chaud aux fesses !
Prends ton K-way
Ou ton ciré !

AEV 1920-30 Ratymonde Petit Fort Philippe

Pis quoi encore ?
On va avoir l'air de pécores !

Le vent souffle fort
Même au moins d'août !
Y' a pas de doute,
F
rère, t'es sur la Mer du Nord,
C'est pas la Côte d'azur,
Ça c'est sûr !

Ici, ils parlent bizarre,
Y m'appellent « Biloute » ou « Min tchiot pouchin » ;
J'y comprinds rin
In est dans l' brun !

Mais finalement on est bien
Les gens chont chympas
Y te jugent pas
Toujours eul sourire
Cha fait plaisir !
J' veux pus rintrer à Paris
J' veux rechter ichi !
J'ai pris l' accent ch'ti
À Paris, y vont rin comprinde à ce que j' dis ! 

6 mai 2020

Consigne d'écriture 1920-29 du 5 mai 2020 : La Croix et la manière

La Croix... et la manière !

 

Le supplément hebdomadaire du journal "La Croix" propose depuis la fin de l'année dernière un atelier d'écriture à ses lecteurs. Il est demandé, à partir de la contemplation d'une photographie, d'écrire un texte de cinq lignes dont l'incipit est imposé.

Ici sont recueillis les ateliers du début de l'année 2020. L'incipit figure sous la photo. Par contre nous ne mettrons pas de contrainte de longueur. Vous pouvez donc écrire un texte long ou plusieurs textes courts.

Ite missa est !

N.B. Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.

 Atelier La Croix 04-24 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 05-01 visuelarticle6-768x508

 Tu, tu es sûre que…

 Une telle équipe…

 Atelier La Croix 04-03 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 04-10 visuelarticle6-768x508

 Devant ce ciel…

 Dans cette foule…

 Atelier La Croix 04-17 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 03-13 visuelarticle6-768x508

 Comme Lui…

 Tendant la main…

 Atelier La Croix 03-27 visuelarticle6-768x508

 

Atelier La Croix 03-20

 Le jour d’après…

 Méticuleusement, nous…

 Atelier La Croix 02-07 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 02-14 visuelarticle6-768x508

 Elle a hésité…

 Hein…

 Atelier La Croix 02-21 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 02-28 visuelarticle6-768x508

 C’est l’heure…

 Il était bien tôt…

 Atelier La Croix 03-06 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 01-17 visuelarticle6-768x508

 Au premier plan…

 Après ça…

 Atelier La Croix 01-24 visuelarticle6-768x508

 Atelier La Croix 01-31 visuelarticle6-768x508

 C’est décidé…

 C’est exaspérant…

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5 mai 2020

Manifestations avec parapluies / Anne J.

Atelier La Croix hors série atelier 03

De gros nuages gris sombre et de lointains grondements dominent la ville. Quelques gouttes de pluie s'écrasent sur l'asphalte brûlant et s’évaporent. On entend au loin les hurlements des sirènes de police et dans le cortège les slogans scandés par les porte-voix emplissent l’air. Quand les manifestants reprennent leur souffle, on entend le grondement sourd de la foule. L’air sent le pneu brûlé et les gaz lacrymogènes. 

Et puis là, au coin de la rue, un attroupement. On ne voit rien d'autres que des parapluies noirs ouverts, des jambes nues et des baskets bleues.

La foule se fend en deux de part et d'autre pour passer de chaque côté du groupe des parapluies.

Je tentai de m'approcher en poussant les corps et en frôlant les épaules. Je voulais voir.

Au milieu de l’attroupement et au centre du groupe de parapluies, une petite fille en robe de coton jaune est accroupie sur ses talons. Elle contemple une petite fourmi qui transporte une brindille dorée en direction de la touffe d'herbe du caniveau.

 N’est-ce pas la chose la plus importante du moment ?

5 mai 2020

Isis et Osiris / Anne J.

Atelier La Croix 12

- Arrête de bouger, Isis, je n'arrive à rien !

Osiris chiffonna la feuille de papier sur laquelle il venait d'écrire et la jeta dans la poubelle.

- Tiens bien l'oiseau, relève un peu le nez, déplace tes mains vers l'avant du bec. Voilà, parfait ne bouge plus !

- Si tu crois que c'est facile, il n'est pas très coopératif, l'animal, et même avec des gants , il pourrait bien me bouffer les doigts !

- Je sais mais le profil est parfait, ça va faire un super sujet pour mon cours de dessin sur l'art égyptien. Avec un dessin aussi beau, je vais avoir une bonne note et je deviendrai un grand déchiffreur de hiéroglyphes. C'est mon rêve depuis que je suis devenu Osiris. Tu vas être gravée dans la pierre et on viendra encore t’admirer dans des milliers d’années, c’est le premier prix du concours !

- Mouais, ben j’aimerais mieux qu’on ne gagne pas… !

5 mai 2020

Fin de confinement etc. - Anne J.

Fin de confinement au Parlement européen 

Atelier La Croix hors série atelier 01

 Les élus portaient des combinaisons de protection bleues avec des étoiles, enfilées par dessus leurs habits ordinaires. Pour les protéger, on leur avait fourni des cagoules bleues qui enveloppaient toute la tête. En vue de leur désinfection  on avait vaporisé de la mousse blanche sur eux.

Mais un Anglais pro-Brexit s’était bien amusé : il avait remplacé la mousse blanche désinfectante du pulvérisateur par de la barbe à papa. Un vrai délice qui explique que ces austères et sérieux personnages posent pour la traditionnelle photo de reprise avec cette mine réjouie.


Les écheveaux jaunes

Atelier La Croix hors série atelier 02

Elle comptait les écheveaux jaunes et calculait dans sa tête combien de pulls elle allait pouvoir tricoter. De quoi réchauffer des dizaines d'enfants quand viendrait l'hiver. 

Mais le vent se mit à souffler, à souffler de plus en plus fort, emportant les écheveaux prisonniers du fil. Les longues traînées jaunes y remplacèrent les bandes de stratus effilochés. Quand est arrivée la pluie, la couleur s'est mêlée à celle du ciel pour produire un merveilleux ciel vert et c'est ainsi qu'apparurent, loin du pôle Nord, les aurores boréales.

Le Pangolin malin

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C’est l'heure de ma vengeance ! 

Depuis des milliers d'années, vous, les humains, me marchez sur la tête et me tuez pour mes écailles. Vous m'écrasez d'un coup de talon rageur, à cause de mon aspect et grâce à ma petite taille. 

Pourtant je vis loin de vous, dans les forêts, je mange des insectes que j'attrape avec ma longue langue collante et je ne sors que la nuit. Rien à voir avec la vie d'humains qui s'agitent en plein jour et mangent des pizzas dans des villes bruyantes et surpeuplées.

 Ma vengeance se répand sur la planète et va tous vous exterminer. Elle sont belles votre savante technologie, vos inventions polluantes et votre mainmise sur la nature !

Mon arme est invisible, juste un petit rien, que je transporte, inoffensif pour moi et qui vous mettra tous à terre. Et ce n'est pas les masques dérisoires que portent ces deux femmes au coin de la rue qui vont les protéger. Elles vont diminuer, devenir de plus en plus petites, presque invisibles et s'éteindre à bout de souffle.

Bien fait !                                              

Signé : le pangolin malin

 

Hein ? C'est moi, ça ?! 

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L’eau de ma rivière est devenue si sombre avec toute la pollution que l’usine y déverse que ça fait des semaines que je n’ai pas vu mon reflet. Une chance qu’il y ait eu ce bateau abandonné par les hommes au bout du débarcadère. Un petit effort et me voilà face à face avec le miroir que la dernière belle a laissé tomber de sa poche lors d’un baiser fougueux avec le beau mâle qui la promenait sous le soleil. 

Surprise  totale !  Et désastre ! Vous avez vu ma tête ? 

Après 55 jours de confinement, j’aurais bien besoin d’une coupe de cheveux !

5 mai 2020

C'est décidé ! / Madame C.

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C’est décidé ! 

Depuis qu’à Copenhague, l’Office du tourisme a eu la géniale idée de faire de «La petite sirène» un spectacle vivant, qui s’y colle ?  C’est moi !

Mais c’est décidé : j’arrête !  Je rends le trident et la queue de poisson ! Je n’ai pas vraiment le look petite sirène, c’est sûr, mais j’ai l’endurance, la résistance à l’eau froide et les belles blondes qui veulent se mettre le derrière dans l’eau  glacée, même à Copenhague, ça ne court pas les rues ! Je balance la perruque et les  faux seins à la mer !

D’ailleurs, j’ai trouvé un rôle plus viril dans une eau plus chaude : je serai Poséidon à Myconos, cet été !

5 mai 2020

Une belle équipe / Eliane

Atelier La Croix 05-01 visuelarticle6-768x508

Une telle équipe ne risquait pas de passer inaperçue.

Il s'agissait, je crois, d'un concours de photographies de fratries.

Je ne sais qui a eu l'idée de fixer sur la pellicule cette rangée de jeunes chiens.
La consigne était respectée puisqu'ils étaient tous issus de la même mère et donc frères et sœurs.

La maman se reposait à l'ombre pendant que le photographe et le dresseur déployaient des trésors de patience et de persévérance pour maintenir alignée cette bande de jeunes fous.

Imaginez le travail que cela avait demandé. Faire entrer huit paires de pattes avant dans des bottes de couleurs différentes. Ce qui avait exigé qu'ils soient déjà en place et immobiles. Cela avait déjà exigé de gros efforts. Puis quand cela avait été obtenu, obtenir qu'ils ne bougent plus pendant qu'on leur octroyait une magnifique barbe blanche et des lunettes de soleil. Ce qui exigeait de capter leur attention par quelques mimiques, contorsions et promesse de friandises.

La récompense était là. L'effet était saisissant.
Le photographe s'empressa. Clic,une première vue. Puis une deuxième et une troisième pour assurer.Puis on enlevait les déguisement, donnait les friandises et on lâchait les fauves qui n'attendaient que cela et qui avaient bien mérité quelques instants de liberté.

Pour la petite histoire, cette photo a remporté le premier prix.

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