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L'Atelier d'écriture de Villejean
2 juin 2020

Ne pas oublier / Raymonde

Liste de la vieille dame du dixième étage à son aide-ménagère : Ne pas oublier

AEV 1920-33 Raymonde Vador

- Ne pas oublier de racheter du papier toilette
En grande quantité ;

Ne pas oublier de racheter spaghettis et coquillettes
Par paquets ;

Eh ! Francine !
Ne pas oublier la farine
Pour faire de la bonne cuisine !

- Mais pourquoi tout ça ?
Vous en avez déjà tout un stock ?

- J’ai oublié,
Je crois que je débloque !

Ah ! Si, il va y avoir une nouvelle vague !
Nou-ou-ou-velle vague
Comme disait la chanson
Et vogue la galère ! 

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2 juin 2020

Il y a / Raymonde

Il y a des éléphants en Alaska !

Il y a des phoques au Kenya !

Il y a des tigres en Antarctique !

Il y a des pingouins en Centrafrique !

Il y a des ours polaires en Bretagne !

AEV 1920-33 Raymonde ours polaire

Il y a des girafes dans la montagne !

Il y a des oiseaux au fond de l'océan !

Il y a des poissons au firmament !

Mais que s'est-il passé 
Pour que tout soit si chamboulé ?

La terre a mal tourné
Et tout s'est mélangé !

2 juin 2020

Pensées de Petite taupe qui a élu domicile au fond de notre jardin / Raymonde

Petite taupe aime l’obscurité.
Petite taupe n’aime pas les journées ensoleillées.
Petite taupe aime creuser des galeries.

Petite taupe n’aimerait pas habiter Paris :
Le métro a pris toute la place,
Que voulez-vous qu’elle fasse ?

Petite taupe aime se dissimuler.
Petite taupe n’aime pas se montrer :
Un gros monstre botté
L’attend avec son trident
Pour la faire trépasser.

Petite taupe était là avant,
C’est son territoire !
Qu’il aille se faire voir !

Elle est rusée,
Elle ne va pas se faire attraper.

Il n’a pas fini d’être contrarié !

AEV 1920-33 Raymonde taupe

2 juin 2020

Liste de peurs / Raymonde

La mamie du dixième étage a peur

Du vide ;

D'avoir le ventre vide ;

D'avoir la tête vide
Et de finir livide.

Et du COVID ?

Même pas peur !

AEV 1920-33 Raymonde - mamie-luger-benoit-philippon

2 juin 2020

Liste des petits riens qui me font plaisir / Raymonde

- Un joli petit galet trouvé sur la plage 

- Un signe de ma voisine âgée

- Une carte postale dans la boite aux lettres

- Un dessin d'enfant

- Une fleur toute écrabouillée offerte par un enfant qui dit : " C'est pour toi "

- Un carré de chocolat avec mon café

- Un moment passé à rêvasser

- Un film avec Bernard Blier



- Une lecture qui m'emporte

- Une promenade improvisée

- Un Martini

- Un Campari...

AEV 1920-33 Raymonde campari

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2 juin 2020

Je ne voudrais pas mourir... / Raymonde

Je ne voudrais pas mourir avant qu'on ait inventé

- La machine à remonter le temps pour voir la bobine de ma mère quand elle m'a vue pour la première fois ;

- La même machine pour voir la bobine de mon frère jumeau quand il m'a vue la première fois à l'air libre ;

- L'antidote de la mémoire qui flanche ;

- La poudre de perlimpinpin pour avoir l'illusion que je me soigne.
Je souffre de quoi déjà ? Je ne me souviens plus très bien ! 

- Une baguette magique pour teindre les cheveux de Trump en noir corbeau et ceux de Kim Jong Un en blond platine et les envoyer en orbite dans l'espace.

- L'application "CON VID" : chaque fois que tu croises un con dans le secteur tu as une alerte (impossible, ton téléphone va imploser en quelques minutes !!!)

- La poudre d'escampette pour pouvoir la prendre avant que la folie du monde ne me rattrape !

AEV 1920-33 Raymonde poudre d'escampette

26 mai 2020

La Poupée décapitée / Raymonde

Fin des années 50, au cœur de la Bourgogne, à 5 kilomètres de Chardonnay (ça vous dit quelque chose ?)  :

" Au pied d'une vigne nous naquîmes un jour
D'une mère digne de tout notre amour "

Des faux jumeaux, mon frère type méditerranéen comme ma mère et moi type " nordique " comme mon père.

Même si, à cette époque, les enfants jouissaient d'une grande liberté, les garçons avaient des jeux de garçons et les filles des poupées, des dinettes.

Nous étions relativement pauvres, habillés comme des perroquets avec des pulls tricotés, détricotés, retricotés avec des laines de toutes les couleurs ; 100/100 locavores et scolarisés à six ans, pas d'école maternelle au village.

Donc, jusqu'à six ans, la campagne environnante était notre immense terrain de jeux, parfois interdits :
- faire du feu
- fumer des branchettes d’arbustes qui dégageaient une odeur âcre et nous faisaient tousser
- goûter à tout ce qui était mangeable (comestible, moins sûr !)
- faire vivre des expériences inédites et insolites au souffre-douleur du groupe.

Il ne fallait pas se faire " choper " sinon c'était la punition ! Coups de houssine sur les mollets, vite oubliés, et prêts à tenter d'autres expériences. Ma mère avait le coup de houssine facile et le premier qui lui tombait sous la main prenait pour les deux. Comme je courais moins vite que mon frère ... J'avais alors un sentiment d'injustice.

Ma copine Nono pouvait tout faire sans jamais rien risquer. Que je l'enviais! Elle pouvait prendre les poussins dans son lit, n'était pas obligée de finir son assiette de haricots verts et avait une télévision. Un indescriptible désordre régnait chez eux, j'adorais !

Chaque Noël, nous avions un jouet chacun et, un noël en particulier, j'ai eu une poupée qui fermait les yeux quand on la secouait un peu, le mécanisme était assez aléatoire !
J'y tenais beaucoup. Ma grand-mère lui avait confectionné des vêtements ; j'en prenais grand soin.

Mon frère avait eu une panoplie d'indien, les westerns étaient à la mode. Et avec toute la bande de garçons du village, ils se sont improvisés chasseurs de tête. Ils ont décapité nos poupées et accroché les têtes sur les piquets de la clôture.

Vision d'horreur ! J'étais effarée, sidérée ! Quelle violence ! Quel manque de cœur !
Et ce qui m'a le plus marquée : pas de punition !

Ma mère a remis tant bien que mal la tête de ma poupée en place. Elle a ensuite dodeliné du chef les yeux mi-clos pendant de nombreuses années .Elle a fini à la déchetterie il y a peu de temps.

AEV 1920-32 Raymonde Plonk

26 mai 2020

La Cave / Raymonde

Nous avions notre souffre-douleur, Jojo, petit dodu qui avait un épi sur le devant de la tête et que nous avions surnommé Riquet-à-la-houppe. 

Il tombait beaucoup plus souvent que la moyenne dans les orties, allez savoir pourquoi !

J'avais décidé de lui cacher son cartable, aucune raison rationnelle, aucun compte à régler, juste un défi ! Je lui subtilisai sur le chemin du retour de l'école, quand nous nous arrêtâmes pour jouer. Et je le jetai par le premier soupirail de cave venu, chez Gégène.
Ni vu, ni connu ! 

Fin des jeux. Chacun reprend son cartable et, mystère, il en manque un ! Je cherche activement comme tout le monde. Le cartable reste introuvable !
Le coupable doit se dénoncer sinon ! Sinon quoi ?  Les garnements sont les premiers suspectés mais pas les filles ! Une fille ne ferait pas ça ! Et moins encore moi. Pensez donc, une petite fille si sage qui travaille bien à l'école, même pas un soupçon de soupçon !

Le comble est que Jojo a pris un sacré savon par ses parents :

- Tu pourrais faire attention à tes affaires !
- Tu crois qu'on a les moyens de... !
- T’as rien dans le ciboulot !

J'avais à la fois un peu honte et un sentiment de fierté de mobiliser quasi tout le village à la recherche de ce cartable. Je n'ai pas menti : on ne m' a rien demandé ! Le cartable a été retrouvé bien longtemps après quand Gégène a fait un peu de rangement dans sa cave. L'affaire n'a toujours pas été élucidée ! Cold case ! Je compte sur votre discrétion.

Je croise chaque été Jojo quand nous allons en vacances dans mon village natal.

AEV 1920-32 Raymonde B Plonk Bottetrain

19 mai 2020

Le Diagnostic de l'ostéopote / Raymonde

Cher ami, toi qui es " ostéopote" quel est ton avis ?
Depuis que le printemps est là, j'ai comme un pré dans le cerveau.
Dès l'aurore, j'entends tintinnabuler les clochettes d'un troupeau broutant dans ma tête.

Ma chère amie,

AEV 1920-31 Raymonde - Amélie N

Vous m'aviez contacté l'autre jour, dès potron-minet, pour me faire part de votre effarement quand en vous regardant dans le miroir, vous trouviez que vous ressembliez à une loutre mouillée aux yeux globuleux.

Certes vous n'êtes point une beauté fatale, Marie-Chantal ! Vous faites partie de cette lignée qui, au fil du temps, à force de mariages consanguins, est un peu " dégénérée". Je dis " vous " en pensant large, toute votre famille proche et moins proche. Enfin ce que j'en connais !

 Vous m'aviez également appelé, toute affolée, un soir entre chien et loup pour me dire que vous aviez le sentiment d' être habitée par un être étrange qui affirme que 1 et 1 font 11 et non pas 2 et que vous étiez d' origine belge.

 Prenez-vous bien votre traitement pour vos troubles de la personnalité ? Les clochettes du troupeau qui tintinnabulent dans votre tête sont vos neurones qui se désintègrent. Ding ! Ding ! Dong ! Au rythme où ça va, vous serez décérébrée dans peu de temps.

 Pensez à régler mes honoraires par virement dès que possible, avant que vous soyez interdit bancaire. Et dites à votre mari Charles-Hubert qu'il doit augmenter son traitement contre les hallucinations, lui aussi a cru voir une loutre dans votre salle de bain.

Bien à vous. 

19 mai 2020

La Fleur qui parle / Raymonde

Sur l'étal d'un fleuriste, une fleur lui avait souri.
Croyant avoir rêvé, elle revint sur ses pas pour s'en assurer. À son grand étonnement elle entendit :

- Bonjour, Fleur de Tonnerre ! Tu caches bien ton jeu, l'empoisonneuse, tu viens chercher de la belladone, de la ciguë ou du pavot ? Qui veux-tu éliminer de ta vie ? Remarque, parfois, il y a des tronches qui ne me reviennent pas, les hypocrites qui achètent des fleurs pour se faire pardonner leur goujaterie ou leur infidélité, les radins qui veulent le moins cher, les snobs qui donnent le nom latin des fleurs et des plantes. Peu trouvent grâce à mes yeux. Seul le petit enfant qui vient acheter une fleur à sa maman avec ses petites pièces dans la main ou ce jeune homme pour sa mamie qui est à l'hôpital. Et on en entend des histoires vraies ou fausses, va savoir !

- Mais je ne m'appelle pas Hélène, mon prénom est Marguerite !

- Marguerite, fleur sauvage que l'on effeuille pour savoir si c'est à la folie ou pas du tout !

AEV 1920-31 Raymonde - Bégonia

- Eh ! Pas si vite ! Vous ne savez rien de moi, Mr Bégonia ! Je puis vous envoyer sur les roses !

- Voyez-vous ça ! Ne vous méprenez pas, je ne vous conte point fleurette, je voulais simplement que vous vous intéressiez à moi. En ce moment, il n'y en a que pour les orchidées !

- Pouvez - vous m'assurer que vous n'allez pas déprimer si j'oublie de vous arroser ? Que vous n'allez pas vous dessécher si j'omets de vous mettre à l'ombre lorsque le soleil est au zénith? Saurez-vous rester seul quand je partirai en vacances ?

- Je puis vous l'assurer, je suis peu exigeant, j'ai seulement besoin d'attention et de compagnie.

Et c'est ainsi que Bégonia enchanta la vie de Marguerite pendant de longues années.

Puis Marguerite s'en est allée, Bégonia l' a accompagnée, il refleurit chaque année.

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