Bon il faut que le fric rentre dans les caisses mais sans que les riches participent alors faisons travailler plus longtemps ceux qui ont un boulot et rendons les riches encore plus riches !
Bon, les français n'en veulent pas de ta réforme mais tu t'obstines alors ils sont dans la rue et tu sors le 49.3.
Bon le pays est sens dessus dessous mais tu t'obstines encore alors comment sortir de cette impasse et reprendre la main ?
Fichtre ! Notre affable animateur nous propose une drôle d'affaire : raconter une journée ordinaire. Je vais devoir réunir mon staff, soit un chat effarouché et moi-même pour en délibérer, à moins que je n'ouvre mon coffre pour y consulter mon Gaffiot entre deux bouffées de ma bouffarde préférée ! Non c'est du bluff, je n'ai jamais fumé !
Serait-ce faire preuve de suffisance que de suggérer qu'aucune journée n'est ordinaire ? Ce n'est pas que je vive ma vie à donf ou que je fasse beaucoup d'affaires mais j'aime a penser qu'aucune journée n'est ordinaire puisque chaque jour qui passe ne reviendra pas.
Hier, par exemple, quand je me suis levée, mon estomac criait famine. On pourrait dire que je me suis levée affamée ; alors j’ai sorti de mon buffet quelques tranches de pain que j'ai tartinées de confiture de fraise, parce que c'est meilleur que la paraffine. Comme j'avais aussi soif, j'ai bu non pas du ratafia mais du thé tout simplement ! Ordinaire sans doute !
Il était presque l'heure d'aller travailler des contes à l'atelier de la Maison de quartier. En passant dans le couloir j'ai vu une affiche : il y avait du théâtre ce soir, une troupe locale bien nommée les éServelés. Je kiffe, je piaffe, je frétille et je m'engouffre dans cette opportunité.
En attendant il me faut encore travailler mon piano et affronter ma nouvelle partition, avec ou sans effroi. Je file m'asseoir sur mon tabouret sans moufter et j 'offre une aubade à Felix, le chat qui se lamente : « C’est quoi, ce raffut ?! ».
Pour souffler un peu, je lui propose une séance de brossage car il a le poil touffu mais il faut faire gaffe car il a la griffe leste, le fieffé loufiat !
***
La pièce de théâtre était très drôle et on a beaucoup ri : une histoire de retrouvailles de vieux de 50 ans, anciens amis de lycée qui se sont perdus de vue et vont à un anniversaire avec son lot de surprises, de bluff, de bonne bouffe. L’un d'eux est devenu gay et a un look effémine, l'autre est un ecclésiastique heureusement pas trop effarouché ni perturbé par les effluves des compagnes, le troisième a une tenue d'officier qui fait se pâmer les filles et suffoquer les pouffes. Il y a aussi une fille dont tous les copains présents pourraient être le père !
C'est sans me rebiffer que j'ai rejoint mon lit vers 23 h 30, l’heure a sonné au beffroi. Pour sombrer, pas besoin de tafia !
Une journée extraordinaire comme toutes mes journées, ffalsambleu !
A monsieur le grand forestier et créateur du monde
Ce matin là, les arbres, chose inhabituelle, se taisaient. Ils étaient encore sous le choc de la condamnation du grand pommier d'or, cet arbre magnifique qui trônait au milieu du jardin d’Eden.
Est ce vraiment juste de condamner le pommier à ne porter désormais que des pommes ordinaires, celles dont on fait les tartes et les compotes, lui qui depuis la nuit de temps portait de splendides pommes en or ?
L'avocat avait pourtant bien plaidé tromperie et manœuvres de bas étage.
En vain, il avait passé des nuits blanches sur le dossier pour des prunes !
Etait-il donc responsable, coupable ou bien complice, ce pauvre pommier, de la désobéissance et de la tentative de coup d'état d’Adam pour prendre la place de Dieu ?
Que nenni !
C'était bien Adam le coupable, une bonne poire ce gars là , un peu naïf quand même !
Et la fourbe Eve Ne doit elle pas être aussi condamnée ?
Personne ne regrettera le serpent condamné pour le reste de sa vie à ramper sur le ventre.
Le maître du jardin convoqua une commission et fit venir les meilleurs de chaque congrégation, les franciscains, les jésuites, les oratoriens, les assomptionnistes et même des dominicains.
Il les invita autour de la table ; on discuta, on débattit, on sortit enfin le 49.3, Deux dominicains à table votèrent pour la grève On gracia le pommier Et Dieu reprit du melon.
Si le monde n'est que muraille cette muraille a des lézardes et la vie est une drôle de pagaille dans une humanité trop bavarde
J'ai monté pas à pas l'escalier de ma vie et ses marches inégales
Aujourd hui je redescends petit à petit
Après le sommet de la jeunesse vient le temps où l'on perd l'équilibre au moindre souffle de vent
J'aimais m’asseoir dans le vieil escalier de bois j'admirais la spirale du colimaçon sur l'escalier de pierre je contemplais le jardin et sur l’échelle du grenier comme un chat je matais le monde des matous
Devant moi le mur ses fissures ses fêlures ses brisures ses échancrures ses ruptures ses embouchures autant de prises pour me hisser à la hune de ma vie dans le vent de mes soupirs au grand mât de mes désirs vers l'inconnu de mon plaisir
Quand l'escalier se fait trop raide quand les vieux os craquent ou que l'envie de voyage s'amenuise il nous reste les mots les siens et ceux des autres les contes et les histoires et la poésie de Bobin mais Christian ne viendra pas ce soir il rêve
C'est un photographe très matinal qui a pris cette photo dans sa balade de l'avant jour. Il avait laissé son épouse à l’hôtel pour errer tranquille dans les rues de Venise et nous avons un peu bavardé sur le pont du Rialto.
Moi, c'est Antonio et je traverse subrepticement la place St Marc. Je rentre d'une virée nocturne et d'une belle nuit d'amour avec Roxane, la belle chatte persane du palais des Conti. Celui qui est assis au centre de la place c'est Roméo, le matou des Borgia, beau gosse, mais sans la classe d'un vrai chat de Venise. Je rentre dare-dare, ma maîtresse va s'inquiéter et ameuter tous les voisins du quartier. Pas question de lambiner, j'entends le tic tac de l'horloge de San Giorgio Majore qui rythme toute la vie de Venise. Il y a des années-lumière que je ne suis pas rentré aussi tard !
Le photographe matinal m'a demandé si j'étais parent avec un certain prêtre roux bien connu à son époque et encore célèbre aujourd’hui. Je lui ai demandé comment il le savait : il m'a dit m'avoir entendu pousser la chansonnette sous le balcon de ma belle amoureuse et a prétendu que cela avait un air de déjà-vu. C'est plutôt un air de déjà entendu, je pense ?
A vous, je peux bien le dire mais ne le répétez pas surtout : j'ai hérité de mon ancêtre Antonio 1er le pouvoir de miauler de façon synchrone avec les accords du violon. C'est cela le secret des sublimes concertos du musicien de Venise, un chat noir, amoureux d'une belle, et j'en suis très fier
***
Antonio s'éclipsa subrepticement de son pas souple de félin, le soleil qui se levait derrière les nuages agrandissait son ombre. Au coin du palais, juste avant de franchir la chatière, il aperçut le chapeau de Mattéo, l'amant de sa maîtresse. Le gondolier avait mis son bateau au sec pour l'hivernage et avait sans doute occupé toute la nuit la place laissée libre sur le lit qui d'habitude était le sien . En silence, il se glissa dans la chambre d’où provenaient les sons du violon. Vivaldi bien sûr ! Plus que parfait comme tempo !
Quand j'arriverai à la porte de Saint-Pierre, et après avoir réussi l'examen d'entrée, je serai accueillie par le maître chanteur du chœur des anges, du moins je l'espère. Et ce sévère personnage à la baguette tranchante, me dira :
- Bon, avec la voix que tu as et ton peu de mémoire musicale, je ne te vois pas dans le chœur des anges chanteurs, peut être auras tu plus de chance dans le choeur des anges musiciens ?
- Ah oui , j'adorerais !
- Mais avec quel instrument ?
Et c'est là que je me demanderai ce que j'ai fait avec la pratique de la musique et des instruments de musique dans ma longue vie. Je crois que mon premier instrument était un harmonica sans dièse gagné dans une kermesse et dont je tirais des sons stridents en soufflant et en inspirant à fond.
Je n'ai pas fait partie des cohortes d'enfant qui ont appris le solfège sur une flûte à bec, souvent bon marché et donc fausse, en classe de 6ème, cette pratique ayant à tout jamais dégoûte 90 % des enfants de pratiquer les instruments à vent : ça bavait, ça faisait un son moche et ce n'était le choix de personne.
Un peu plus tard, j'ai acheté ma première guitare, c'était l'époque Joan Baez, Bob Dylan et autre Graeme Allwright et avoir une guitare dans un groupe vous assurait un statut et une place : tout le monde savait les dix premières mesures de « Jeux interdits » et la « Ballade de Sacco et Vanzetti ».
Ca donnait une contenance de tenir une guitare et d'y gratter quelques arpèges.
Je n'avais pas de voix, pas d'audace et pas beaucoup de répertoire et donc je me suis essayée ensuite quelques années à la guitare classique ; ce fut un peu mieux et je m'en sortais assez bien pour présenter quelques morceaux connus mais ca n’avait pas vraiment le même coté convivial que de faire chanter les autres.
Et c'est là que j'ai découvert que je n'avais aucune mémoire musicale et que contrairement à bien d'autres il me fallait absolument la partition écrite.
Bien des années plus tard, je suis allée en voyage à Prague, à une époque où il fallait, avant de repasser la frontière, avoir dépensé l'argent que l'on avait changé à l'arrivée : il était interdit de sortir la monnaie du pays et s'il en restait on devait en faire cadeau aux douaniers. Pas question ! Pour écouler mon argent, j'ai donc acheté un violon, sur un coup de tête et parce que j’adore le son de cet instrument.
En rentrant j'ai pris des cours de violon avec trois professeurs successifs qui avaient d'ailleurs des exigences différentes : çà a été difficile car le violon c’est longtemps ingrat. En violon folk on joue le plus souvent sans partition et très vite et en violon classique, c'est beau quand tu es violon solo, ce qui était tout à fait hors de ma portée, sinon il faut jouer avec d'autres, ce que je regrette de ne pas avoir fait, ou presque pas . J’aurais aimé je crois jouer dans un ensemble parce que c'est beau des violons qui jouent ensemble
- Je vois , a fait le maître des anges , vous aimeriez intégrer le groupe des anges violonistes ?
- Euh ? Vous croyez ?
J'ai donc fait 10 ou 15 ans de violon sans faire vraiment de progrès mais avec un certain plaisir jusqu'à ce que je tombe sur une petite annonce du journal « Le Trégor » un matin de juillet : « Stage de piano, une semaine pour découvrir en cinq matinées comment jouer du piano et se faire plaisir rapidement ; aucune connaissance préalable requise, ouvert à tous ».
J'aime ce genre de défis et je suis donc allée passer cinq matinées chez Danièle. J'ai beaucoup aimé ça et je me suis inscrite pour un cours hebdomadaire afin d'apprendre le piano. C'est bien plus facile que le violon, beaucoup plus gratifiant et j'arrive un peu à jouer sans partition. Je continue à m'amuser beaucoup avec mon nouveau professeur à une seule condition : qu'on ne me demande pas de jouer devant un public ! J'ai passé l'age des auditions en robe de velours devant un public captif et je n'ai jamais eu celui de la demoiselle qui joue devant des vieilles dames buvant du thé ou du brandy avec un charmant jeune homme qui tourne les pages !
- On fait quoi dans le choeur des anges musiciens ?
- On chante pour la gloire de Dieu.
- Et Il vous écoute ?
- Sans doute pas car Il a bien d'autres choses à faire ! Alors le poste vous intéresse ?
- Au piano ? On peut chanter « Les copains d'abord » ou « Halleluiah de Leonard Cohen ? C'est un de mes morceaux préférés ou seulement « Les Anges dans nos campagnes » ?
- Faut voir !
- Et tout compte fait, j'essayerais bien la clarinette aussi ! C'est possible ? J'aurai l'éternité pour apprendre et ca, ça me va !